500, avenue des États du Languedoc
CS 70755
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RAPPORT D’OBSERVATIONS
DÉFINITIVES
ET SES RÉPONSES
CRÉDIT MUNICIPAL DE TOULOUSE
(Haute-Garonne)
Exercices 2015 et suivants
TABLE DES MATIÈRES
1.
PRÉSENTATION
.............................................................................................................
8
Les
missions d’un crédit municipal
...........................................................................
8
Les caractéristiques de celui de Toulouse
.................................................................
9
1.2.1.
Une activité bancaire limitée
.........................................................................
9
1.2.2.
Des revenus locatifs importants
...................................................................
11
2.
ORGANISATION ET PROCÉDURES DE CONTRÔLE
..........................................
12
Le conseil d’orientation et de surveillance
..............................................................
12
La direction
..............................................................................................................
13
Les services
..............................................................................................................
14
L’agent comptable
...................................................................................................
16
La tenue de la caisse
................................................................................................
17
Les régies
.................................................................................................................
18
La conservation des fonds et les assurances
............................................................
19
Les moyens informatiques
.......................................................................................
19
2.8.1.
L’urbanisation du système d’information
....................................................
19
2.8.2.
Le logiciel de traitement des prêts sur gages
...............................................
21
Les dispositifs de contrôle interne
...........................................................................
22
2.9.1.
La formalisation satisfaisante des procédures
..............................................
22
2.9.2.
Des diligences de contrôle à renforcer
.........................................................
23
Les procédures de lutte contre le blanchiment
........................................................
24
3.
MISSION DE PRÊT SUR GAGE
.................................................................................
26
Le rôle social de la caisse
........................................................................................
26
3.1.1.
L’adaptation au besoin du territoire
.............................................................
26
3.1.2.
L’activité de l’agence de Montauban
...........................................................
29
3.1.3.
Le montant unitaire de prêt
..........................................................................
31
3.1.4.
La politique en matière de taux
....................................................................
33
Les objets gagés
.......................................................................................................
36
La procédure des prêts sur gages
.............................................................................
37
3.3.1.
L’information délivrée au public
.................................................................
37
3.3.2.
L’évaluation et l’engagement
......................................................................
38
3.3.3.
La prolongation et le renouvellement
..........................................................
41
3.3.4.
La vente aux enchères
..................................................................................
43
4.
MICROCRÉDIT ET ÉPARGNE SOLIDAIRE
...........................................................
48
L’activité de microcrédit
..........................................................................................
48
Les produits d’épargne solidaire
..............................................................................
49
4.2.1.
Les livrets d’épargne
....................................................................................
49
4.2.2.
Les comptes à terme
.....................................................................................
49
5.
FIABILITÉ DES COMPTES
.........................................................................................
51
La régularisation de l’affectation des
bonis
prescrits
..............................................
51
Les défauts de fiabilité restant à traiter
....................................................................
51
5.2.1.
L’inscription des emprunts
..........................................................................
51
5.2.2.
Le respect de l’annualité budgétaire
............................................................
52
6.
SITUATION FINANCIÈRE
..........................................................................................
53
Analyse du résultat de la caisse
...............................................................................
53
6.1.1.
Un produit net bancaire en baisse de 4,6 %
.................................................
55
6.1.2.
Une chute de 81
% du résultat d’exploitation
..............................................
57
6.1.3.
Le résultat net et son affectation
..................................................................
60
Analyse bilancielle
...................................................................................................
61
6.2.1.
Le fonds de roulement
.................................................................................
61
6.2.2.
Le besoin en fonds de roulement
.................................................................
62
6.2.3.
La trésorerie
.................................................................................................
63
ANNEXES
...............................................................................................................................
65
GLOSSAIRE
...........................................................................................................................
72
SYNTHÈSE
La chambre régionale des comptes Occitanie a contrôlé la gestion du crédit municipal de
Toulouse pour les exercices 2015 et suivants. Le statut de cet organisme est hybride :
c’est à la
fois un établissement public communal à vocation sociale et un établissement de crédit. Sa mission
première est de combattre l
’
usure par l
’
octroi de prêts sur gages, sur lequel il dispose d
’
un
monopole, en contrepartie du dépôt de biens
qui font l’objet d’une expertise
.
Le crédit municipal pratique une politique de taux avantageuse pour les prêts de faibles
montants. La localisation de l
’
offre de prêts sur gages à Toulouse et, depuis février 2018, à
Montauban, paraît judicieuse au regard du taux de pauvreté de ces communes. Pour autant, de
nombreux territoires, notamment au sud de l
’
aire urbaine, ne bénéficient pas des services de la
caisse alors qu
’
ils abritent également des populations précaires. L
’
activité de l
’
agence de
Montauban monte lentement en charge, avec un encours de prêts sur gages qui pourrait atteindre
440 000
€
en 2019. Sauf à ce
que l’encours de 1
M€
, concernant les habitants du Tarn-et-Garonne,
soit effectivement transféré du siège vers l’agence, l’objectif fixé à 2
M€
pour Montauban reste
éloigné.
Consécutivement à la capitalisation des bénéfices et à une pratique très prudentielle de
constitution de provisions, le crédit municipal dispose de fonds propres suffisants pour financer
les prêts sur gages, dont l
’
encours s
’
élève à 16,2
M€
. Sa trésorerie est toutefois en forte diminution
sur la période, passant de 4,1
M€
en 2015 à 1,7
M€
en 2018, en lien avec les choix opérés sur son
activité. D’
une part, le non-renouvellement des comptes à terme, lié à la forte baisse par la caisse
des intérêts perçus, a fortement augmenté son besoin en fonds de roulement ;
d’
autre part, la baisse
régulière des taux de prêts sur gages
et l’augmentation de 19,4
% de la masse salariale de
l’établissement
entre 2015 et 2018 ont dégradé de près de 25 % par an ses résultats,
s’établissant
à 93 000
€
fin 2018.
La
chambre souligne qu’il apparti
ent à la caisse de maîtriser ses charges d
’
exploitation,
notamment au regard de la nécessité de développer son offre auprès des personnes fragilisées qui
n
’
ont pas encore recours à ses services.
L’offre de prêts sur gage stagne aujourd’hui
:
l’encours a
pe
u progressé et le nombre d’opérations traitées a fléchi entre 2015 et 2018.
Si les procédures internes sont formalisées et satisfont les exigences en matière de lutte
contre le blanchissement, une meilleure connaissance de la situation professionnelle des engagistes
et de l
’
origine des objets gagés permettrait de sécuriser davantage les contrats.
L’
organisation de
l
’établissement est
également perfectible : elle doit être revue pour assurer la stricte séparation de
l
’
ordonnateur et du comptable.
Le contrôle du marché de commissaire-priseur judiciaire attribué en 2017 a montré que
l’établissement n’a pas respecté l’égalité de traitement des candidats. Quant à l’évaluation des
biens à Montauban, elle est effectuée directement par les agents et non par un commissaire-priseur,
en contradiction avec la réglementation.
La chambre observe enfin que de nombreux contrats sont engagés depuis plus de six mois
sans avoir été prolongés, dépassant la durée prévue dans le guide des procédures.
RECOMMANDATIONS
Réorganiser les services afin d’assurer la stricte séparation entre les fonctions
d’ordonnateur et de comptable public.
Non mise en œuvre.
Affecter spécifiquement un personnel aux fonctions de caissier.
Non mise en œuvre.
Faire évoluer le logiciel de traitement des prêts sur gages afin d’intégrer les
dispositions règlementaires, en particulier le plafond des opérations en espèces.
Mise en œuvre en
cours.
Mettre en place en 2020 un marché de prisée pour les deux sites de Toulouse et
Montauban, en respectant l’égalité des candidats devant la commande publique.
Non mise en
œuvr
e.
Respecter la durée maximale des contrats de prêt sur gage prévue par la
règlementation.
Totalement mise en œuvre.
Voter les prévisions budgétaires durant l’exercice comptable auquel e
lles se
rapportent, conformément au principe d’annualité budgétaire.
Mise en œuvre en cours.
Les recommandations et rappels au respect des lois et règlements formulés ci-dessus ne
sont fondés que sur une partie des observations émises par la chambre. Les destinataires du présent
rapport sont donc invités à tenir compte des recommandations, mais aussi de l’ensemble des
observations détaillées par ailleurs dans le corps du rapport et dans sa synthèse.
Au stade du rapport d’observations définitives, le
degré de mise en œuvre de chaque
recommandation est coté en application du guide de la Cour des comptes d’octobre 2017
:
Non mise en œuvre
:
pour les recommandations n’ayant donné lieu à aucune mise en œuvre
;
pour les recommandations ayant donné lieu à u
ne mise en œuvre très incomplète après plusieurs
suivis ;
quand l’administration concernée s’en tient à prendre acte de la recommandation
formulée.
Mise en œuvre en cours
:
pour les processus de réflexion ou les mises en œuvre engagées.
Mise en œuvre incom
plète :
quand la mise en œuvre n’a concerné qu’une seule partie de la
recommandation ;
pour les recommandations pour lesquelles la mise en œuvre en cours n’a pas
abouti dans le temps à une mise en œuvre totale.
Totalement mise en œuvre
: pour les recommand
ations pour lesquelles la mise en œuvre en
cours a abouti à une mise en œuvre complète
;
lorsque la mise en œuvre incomplète a abouti à
une mise en œuvre totale.
Devenue sans objet : pour les recommandations devenues obsolètes ou pour lesquelles le suivi
s
’avère inopérant.
Refus de mise en œuvre
: pour les recommandations pour lesquelles un refus délibéré de mise
en œuvre est exprimé
.
INTRODUCTION
Aux termes de l’article L.
211-3 du code des juridictions financières « Par ses contrôles,
la chambre régionale des comptes contrôle les comptes et procède à un examen de la gestion. Elle
vérifie sur pièces et sur place la régularité des recettes et dépenses décrites dans les comptabilités
des organismes relevant de sa compétence. Elle s’assure de l’emploi
régulier des crédits, fonds et
valeurs. L’examen de la gestion porte sur la régularité des actes de gestion, sur l’économie des
moyens mis en œuvre et sur l’évaluation des résultats atteints par rapport aux objectifs fixés par
l’assemblée délibérante ou par l’organe délibérant. L’opportunité de ces objectifs ne peut faire
l’objet d’observations
».
Le contrôle des comptes et de la gestion du crédit municipal de Toulouse a été ouvert le
11 janvier 2019 par lettre du président de la première section adressée à M. Franck Paindessous,
ordonnateur en fonctions.
En application de l’article L.
243-
1 du code des juridictions financières, l’entretien de fin
de contrôle a eu lieu le 1
er
avril 2019.
Lors de sa séance du 19 avril 2019, la chambre a arrêté des observations provisoires qui
ont été transmises à M. Franck Paindessous. Des extraits les concernant ont été adressés à des tiers.
Après avoir examiné les réponses reçues, la chambre, dans sa séance du 5 décembre 2019,
a arrêté les observations définitives présentées ci-après.
Le précédent contrôle, publié en 2014 et portant sur la période 2007-2013, mettait en
exergue la vocation sociale assumée avec efficacité par le crédit municipal et une situation
financière favorablement orientée, due en partie aux revenus locatifs et aux
bonis
non réclamés.
Le rapport d
’
observations définitives formulait deux recommandations :
1.
Concernant les régies :
d’
une part, créer une régie de recettes en désignant comme
mandataires les agents de guichet, d
’
autre part, actualiser l
’
acte constitutif de la régie d
’
avances
afin d
’
autoriser le paiement de frais de déplacement.
2.
Prévoir une délibération annuelle du conseil d
’
orientation et de surveillance sur
l
’
affectation des
bonis
prescrits au compte 1052 «
Bonis
capitalisés », conformément aux textes
applicables.
En réponse aux observations provisoires de la chambre, le directeur a procédé à
l
’
actualisation de l
’
acte constitutif de la régie d
’
avance. S
’
agissant de la régie de recettes, il a
indiqué qu
’
une réflexion était en cours, et
que sa mise en œuvre nécessiterait
des réorganisations
dans les services.
Les actions mises en œuvre suite à ce contrôle sont analysées dans les parties dédiées
(cf. § 2.6 concernant les régies).
1.
PRÉSENTATION
Les missions d’un crédit municipal
Il existe en France 18 crédits municipaux, dont celui de Toulouse, et plus de 35 agences et
permanences, dont la nouvelle agence de Montauban, rattachée au siège toulousain. Leur
implantation est répartie sur le territoire métropolitain, avec une concentration dans le nord-est et
le sud-est.
Par décret du 24 octobre 1918, les Monts de piété ont pris la dénomination de caisses de
crédit municipal. Ce sont des établissements publics administratifs, dont la mission première est
de combattre l’usure par l’octroi de prêts sur gages
1
, sur lequel ils disposent d’un monopole, en
contrepartie du dépôt de biens qui ont été préalablement expertisés.
Les caisses sont également autorisées à avoir des activités bancaires. Elles peuvent recevoir
des fonds de personnes physiques ou morales et leur mettre à disposition des moyens de paiement.
Ces activités, ainsi que les prêts sur gages, sont soumises à la règlementation bancaire générale.
Ces établissements disposent d’un statut hybride
: la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 a
intégré les crédits municipaux dans le système bancaire et leur confère le statut
d’établissement de
crédit, tandis que la loi n° 83-663 du 22 juillet
1983 les a dotés du statut d’établissements
communaux de crédit et d’aide sociale
2
. Deux décrets, n
o
1402 et 1404 du 19 décembre 2008, ont
précisé leurs missions et organisation. L’ensem
ble de ces textes est codifié aux articles L. 514-1
et suivants du code monétaire et financier (CMF). Les caisses exercent leur activité après avoir
reçu l’agrément de la banque centrale européenne. Leurs comptes sont certifiés par un commissaire
aux comptes.
1
Leur devise est
semper usuram oppugno
(je combats toujours l’usure).
2
Statut confirmé par la loi du 15 juin 1992.
Au titre de la comptabilité publique, les caisses sont soumises au plan comptable des
caisses de crédit municipal, défini par la DGFiP
dans l’instruction
n° 206 CM du 25 août 1980. En
l’absence de dispositions budgétaires dans cette instruction, les c
aisses sont conduites à travailler
par assimilation en tant qu’établissement public local, c’est
-à-dire à décliner les règles de
l’instruction M14, applicable aux communes et aux établissements publics communaux et
intercommunaux à caractère administratif, et les principes du code général des collectivités
territoriales (annualité, équilibre, vote par chapitre notamment).
Concernant les ratios bancaires prudentiels, elles sont soumises aux dispositions du
règlement de l’autorité des normes comptables
n° 2014-07 du 26 novembre 2014 relatif aux
comptes des entreprises du secteur bancaire. Elles doivent notamment suivre, dans le cadre de la
surveillance nationale et européenne, le montant des placements, le niveau de marge, le produit
net bancaire et le coût du risque de crédit.
Les champs et modalités de leur contrôle, dont la gestion des risques, sont prévus par
l’arrêté du 3
novembre 2014 relatif au contrôle interne des entreprises du secteur bancaire
soumises au contrôle de l’autorité de contrôle
prudentiel et de résolution.
Leur statut d’établissement bancaire place les crédits municipaux en position
concurrentielle entre eux et avec les banques. I
ls ne disposent pas d’un ressort territorial défini par
la loi et un crédit municipal peut étendre l
ibrement son réseau d’agences, y compris en proximité
d’un autre crédit municipal
3
, voire racheter l’activité d’une autre caisse
4
.
Les caractéristiques de celui de Toulouse
1.2.1.
Une activité bancaire limitée
1.2.1.1.
Le choix de privilégier les prêts sur gages
Le crédit municipal de Toulouse a fêté ses 150 ans en 2017. Il reste un établissement de
taille moyenne, avec 11 062 clients au 31 décembre 2018, détenant 29 548 contrats actifs. Les
établissements de Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux ont une taille nettement plus importante
(cf. annexe 1). Toulouse est la quatrième aire urbaine, après Paris, Lyon et Marseille, et devant
Bordeaux.
Sur la période contrôlée, la grande majorité des produits de la caisse
provient de l’activité
de prêt sur gage : les intérêts et droits sur gage représentaient, en 2018, près de 70 % des produits
d’exploitation
5
. L’encours de prêts est constitué à hauteur de 98
% par des prêts sur gages, soit
16,2
M€
(cf. annexe 2).
Si les prêts accordés dans le cadre des microcrédits ont fortement progressé entre 2015 et
2018, ils ne représentaient que 2 % des prêts accordés par la caisse. Au 31 décembre 2018,
l’encours total des prêts s’élevait à 16,6
M€
6
, en hausse de 0,6
M€
par rapport au bilan de clôture
de 2015.
3
Par exemple, présence d
’
une agence du crédit municipal de Toulon à Nice.
4
Par exemple, le rachat annoncé en décembre 2018 du crédit municipal de Roubaix par celui de Bordeaux.
5
Selon la nomenclature publique (87 % du produit net bancaire selon la nomenclature des établissements de crédits).
6
Encours de prêts sur gages et microcrédits à l’actif net
2018 en comptes 51 (hors comptes à terme et livrets d’épargne solidaire,
inscrits au passif en compte 50, dont l’encours représente 4,76
M€).
Parallèlement, le crédit municipal assure une mission marginale de mandataire, pour les
clients qui souhaiteraient obtenir des produits différents.
Par référence aux articles L. 519-1 et suivants du CMF sur
l’intermédiation bancaire et par
convention de partenariat du 1
er
février 2016, il présente à ses clients la gamme de prêts personnels
proposée par le crédit municipal d’Avignon. Le crédit municipal de Toulouse recueille les
informations des clients et les transmet à la caisse d’Avignon, cette dernière restera li
bre
d’accorder ou non le prêt. Il s’agit de prêts de trésorerie ou de restructuration, d’une durée de 12 à
144 mois et pour un montant maximum de 75 000
€
.
Cette activité de promotion du crédit municipal de Toulouse lui fournit un revenu qui reste
marginal : sa rémunération est fixée entre 1,1 % et 2 % du capital prêté, selon la complétude du
dossier. C’est ainsi que le crédit municipal a perçu 1
282
€
de commissions sur les prêts personnels
en 2018. Cette activité, qui peut être réalisée à distance, est centralisée à la nouvelle agence de
Montauban, ouverte en février 2018.
Contrairement à d’autres crédits municipaux, la caisse de Toulouse ne propose pas de prêts
et produits bancaires classiques. Le
conseil d’orientation et de surveillance
a décidé en 1992,
comme le permet la loi n° 92-518 du 15 juin 1992, de céder ses activités bancaires à la Caisse
d’épargne et
de prévoyance de Midi-Pyrénées et de se recentrer sur sa vocation sociale. Il a été un
des premiers à le faire. Environ la moitié des crédits municipaux propose
encore aujourd’hui des
services bancaires
Ainsi, le crédit municipal de Toulouse
n’émet ni ne gère aucun moyen de paiement au titre
de son activité. Il assure une activité bancaire limitée aux microcrédits et produits d’épargne
solidaire.
L’ordonnateur répond qu’une offre spécifique et à coût réduit, destinée aux personnes en
situation de fragilité financière ou d’interdiction d’émettre des chèques, existe déjà pour toutes les
banques. Il évoque également d’autres outils à destination de
ces publics tel que le compte Nickel.
Une proposition de moyens de paiement par le crédit municipal de Toulouse à destination des
publics fragilisés ne lui apparaît pas opportune, eu égard aux offres préexistantes et aux coûts
importants que cela engendrer
ait pour l’établissement
Même si le réseau bancaire classique offre des produits adaptés, la chambre observe que la
stratégie actuelle du crédit municipal limite l’offre à caractère social
, vocation première de la
caisse, et écarte donc une partie de la population concernée. La démocratisation du crédit vers des
clients « parfois fragiles »
relève des missions premières d’un crédit municipal.
S’il est vrai que la caisse a été amenée à diversifier ses services, notamment dans un champ
concurrentiel, l’acti
vité de prêt sur gage stagne durant la période sous contrôle, et baisse même en
nombre d’opérations, celle des comptes à terme a été quasiment arrêtée et les micro
-crédits
représentent un volume négligeable.
1.2.1.2.
Les activités annexes
En complément de son ac
tivité principale de prêts sur gages, l’établissement a mis en place
en 2009 un service de conseil économique personnel. Il a évolué en 2017 vers une prestation
dénommée « point conseil budget ». Ce service, labellisé par le gouvernement, est un
accompagnement technique gratuit pour aider les bénéficiaires à acquérir les apprentissages
nécessaires à la gestion du budget familial
7
et à constituer si besoin un dossier de surendettement.
Assuré par des bénévoles, il a connu une forte progression en 2017 (+ 15,71 %), avec 221
consultations.
Par ailleurs, le crédit municipal de Toulouse est partenaire de l’association C
las violette
depuis 2012, qui produit une monnaie locale complémentaire dans l’ag
glomération toulousaine, le
sol-violette, et développe un réseau de prestataires et commerçants adhérents. Le crédit municipal
de Toulouse fait partie des partenaires bancaires qui assurent le change des euros en sols, à raison
d’environ 1
000
€
par mois
8
.
Le crédit municipal prend en dépôt les euros, correspondant au nantissement des
sols-violette
9
, sur le livret d’épargne ouvert au nom de l’association. Cette démarche permet
d’intégrer les réseaux et salons afférents aux monnaies alternatives et à l’économie sociale et
solidaire.
La caisse assure également la gard
e d’objets, l’expertise de biens et la garantie de métaux
précieux. Elle propose à ceux qui le souhaitent de vendre un bijou, un objet d’art ou de décoration
dans sa salle des ventes. Elle organise, en outre, une vente annuelle de vins.
1.2.2.
Des revenus locatifs importants
La caisse est propriétaire de son siège en centre-ville de Toulouse et procède à la mise en
location d’une partie de l’immeuble. En vertu de diverses conventions
10
, le crédit municipal
héberge des services communaux sur plusieurs étages et leur met à disposition des réserves,
moyennant un loyer annuel global de 220 500
€
hors charges. La caisse perçoit également d’autres
revenus locatifs
11
, à hauteur de 22 150
€
en 2018.
Ces recettes représentent près de 10 %
des produits d’exploitation et permettent au crédit
municipal de Toulouse
d’assurer un
équilibre financier sans avoir recours au seul levier des taux
du prêt sur gage.
_______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_______________________
Comme les autres caisses, le crédit municipal de Toulouse a un statut hybride, à la fois
établissement public communal et établissement de crédit.
Son activité, concentrée pour l’essentiel sur les prêts sur gages, n’inclut pas de services
bancaires classiques, alors même que sa mission sociale pourrait justifier une offre aux populations
en situation de précarité bancaire.
7
Classement, prévisions budgétaires, tenue des comptes, maîtrise de la consommation.
8
Source
: bilan 2015 de l’
association Clas violette.
9
L
’
émission et l
’
utilisation des monnaies locales complémentaires font l
’
objet de l
’
article 16 de la loi n° 2014-856 consacrée à
l
’
économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014, codifié aux articles L. 311-5 et suivants du CMF. La réglementation qui
s
’
applique aux monnaies locales complémentaires est celle qui régit les titres spéciaux de paiement (titres-restaurant, chèques
cadeaux, chèques vacances…).
Le sol a vocation à circuler : s
’
il n
’
a pas été dépensé au bout d
’
un trimestre, il est déprécié (fonte
de 2 %).
10
Trois baux avec la commune de Toulouse : bail signé le 22 janvier 2001, modifié en 2005 et 2009 ; bail signé le 18 avril 2003,
amendé en 2011 ; bail signé le 1
er
juillet 2004, amendé en 2009.
11
Loyers versés par la société Orange pour un site de téléphonie et location de la salle d
’
exposition ou de celle des ventes aux
commissaires-priseurs.
Les prêts sur gages sont financés en partie par des revenus locatifs substantiels, qui
permettent au crédit municipal de piloter son équilibre sans avoir uniquement recours au levier des
taux.
2.
ORGANISATION ET PROCÉDURES DE CONTRÔLE
Le conseil d’orientation et de surveillance
L’article L.
514-
2 du CMF précise que le conseil d’orientation et de surveillance est
composé du maire de la commune siège de la caisse, président de droit et, en nombre égal, de
membres élus au sein de l’établissement par le conseil municipal et de membres nommés par le
maire en raison de leurs compétences dans le domaine financier ou bancaire. Leur mandat est de
trois ans, renouvelable.
Le conseil d’orientation et de surveillance a été renouvelé en 2017 et comprend sept
membres : le maire de Toulouse, président, trois conseillers municipaux et trois personnalités
nommées
issues respectivement d’un réseau d’entreprises pour
l’insertion, de l’aéronautique et
des services fiscaux.
Il se réunit au moins une fois par trimestre, conformément à la réglementation.
Il a des pouvoirs étendus, puisqu’il est chargé d’approuver les orientations en matière de
conditions générales des prêts et des autres services offerts par la caisse à sa clientèle. Il détermine
ainsi la durée des prêts, qui ne peut excéder deux ans, y compris leur prolongation.
Le conseil d’orientation et de surveillance doit définir les règles d’organisation de la caisse.
Il est chargé d’adopter le guide des procédures qui régit la répartition des missions et les procédures
de contrôle interne assurant la sécurité des opérations, ce
qu’il a fait.
Le budget annuel de la caisse, le compte financier, ainsi que le rapport annuel doivent,
après leur adoption par le conseil d’orientation et de surveillance, être transmis pour information
au conseil municipal. Le crédit municipal de Toulouse remplit ces obligations réglementaires.
Le conseil d’orientation et de surveillance doit do
nner son autorisation préalable à toute
décision d’ouverture ou de fermeture de succursales ou de bureaux auxiliaires, ce qu’il a fait pour
l’agence de Montauban.
La rémunération des appréciateurs est fixée
par le conseil d’orientation et de surveillance
selon un droit proportionnel. Elle ne peut excéder 0,50 % du montant des prêts qui ont été consentis
ou renouvelés sur la base de l’appréciation des biens remis en gage
12
. Un droit proportionnel sur
le produit des ventes est également perçu par le commissaire-
priseur, ainsi que l’établissement,
qui est fixé dans les mêmes formes. Ces droits sur adjudications sont supportés par l’acheteur.
Par délibération du 10
décembre 2018, le conseil d’orientation et de surveillance
a voté les
droits sur adjudication. Le taux a été porté à 15,40 % au 1
er
janvier 2019 : 6,90 % au profit de la
caisse et 8,50 %
13
revenant à l’étude du commissaire
-
priseur. La rémunération de l’appréciateur
indexée sur le montant des prêts est quant à elle fixée à 0,50 %, le maximum légal.
12
Art. D. 514-5 du CMF.
13
Soit 7,08 % HT pour le commissaire-priseur.
La règlementation prévoit que l
e conseil d’orientation et de surveillance exerce
le contrôle
permanent de la gestion de l’établissement
assurée par le directeur. Il doit veiller au respect des
réglementations générales de la profession bancaire et des dispositions législatives et
réglementaires applicables aux caisses de crédit municipal. À cette fin, il opère les vérifications et
contrôles qu’il juge opportuns et se fait communiquer les documents qu’il estime utiles à
l’accomplissement de sa mission.
Le con
seil d’orientation et de surveillance est associé aux différents contrôles opérés sur la
gestion du crédit municipal de Toulouse. Il examine et approuve par délibérations les rapports
suivants : audits du commissaire aux comptes, contrôles périodiques thématiques du cabinet
prestataire et contrôles internes permanents de niveau 1 et 2 (cf. § 2.9.1). Il approuve également le
plan de contrôle, et il est informé de tout engagement autorisant un prêt sur gage supérieur à
25 000
€
.
En conclusion, le conseil d’orientation et de surveillance du crédit municipal de Toulouse
met en œuvre ses attributions réglementaires de manière satisfaisante.
La direction
Les caisses sont administrées par un directeur, placé sous le contrôle du conseil
d’orientation et de surveillance, conformément à l’article L.
514-2 du CMF.
Le directeur est nommé par le maire de la commune où la caisse a son siège, après avis du
conseil d’orientation et de surveillance. Les agents de la caisse sont placés sous l’autorité du
directeur, qui est responsable de la bonne marche des services. Il a la qualité d’ordonnateur et est
chargé de présenter au conseil d’orientation et de surveillance les documents retraçant l’activité
de la structure. Il est, par ailleurs, chargé de la désignation du commissaire-priseur, pour une durée
de trois ans renouvelables, après avis du conseil d’orientation et de surveillance et de la chambre
de discipline des commissaires-priseurs judiciaires.
À Toulo
use, ces dispositions sont effectivement appliquées. Le directeur bénéficie d’un
logement et d’un véhicule de fonction
14
. Par ailleurs, il réunit un comité de direction une fois par
semaine, au cours duquel chaque responsable de service expose les événement
s propres à l’activité
dont il est en charge.
Le guide des procédures prévoit l’obligation de signature, par le directeur, de tous les
contrats de prêts supérieurs à 10 000
€. L’examen des cinq contrats supérieurs à ce seuil, qui
concernent deux clients,
fait apparaître qu’ils portent la signature du directeur ou du responsable
des prêts sur gages, dûment habilité. Néanmoins, ce visa n’est pas systématiquement daté
, ni
identifié par l’apposition d’un tampon ou du titre du signataire.
Le directeur intervient également pour les contrats de prêts bénéficiant aux agents du crédit
municipal. Il est précisé dans le règlement intérieur, qu
’
« un agent souhaitant obtenir un prêt sur
gage devra soumettre sa demande au chef du service des prêts sur gages. Le directeur visera le
contrat
». Or, il apparaît que des agents du crédit municipal ont bénéficié de prêts sur gages ou de
ventes requises sur la période 2015-2018. Après vérification des quatre contrats concernés, deux
sont effectivement visés par le responsable des services opérationnels, qui possède la délégation
14
Ces avantages en nature sont intégrés dans la base de déclaration à l
’Urssaf et dans le revenu net imposable
.
générale de signature du directeur. Un contrat n’est pas visé, mais le dossier personnel de l’agent
comprend une autorisation nominative pour ce prêt. Le dernier contrat ne fait l’objet ni d’un visa
ni de
l’autorisation au dossier.
Dans sa réponse, l’ordonnateur indique avoir modifié le manuel des procédures
pour les
contrats supérieurs à 10 000
€
, en exigeant que la date et le tampon soient également apposés. Un
rappel au responsable des prêts sur gages a été fait afin que les contrats accordés aux agents soient
systématiquement visés par la direction. Deux notes de service rappellent ces obligations.
L’ordonnateur devra veiller au strict respect
de l’apposition des visas requis.
Les services
Au total, le crédit municipal de Toulouse emploie 21 personnes en 2018 (20,4 équivalents
temps plein
–
ETP) contre 20 agents en 2015 (19,5 ETP).
S
es services sont organisés en deux directions, l’une en charge des fonctions supports et
finances solidaires
, l’autre des prêts sur gages. Deux services transversaux sont placés auprès du
directeur :
l’audit interne et l’informatique.
Les agents sont soumis aux dispositions des décrets n° 85-1250 du 26 novembre 1985 et
n° 88-145 du 15 février 1988. Tous ont le statut de fonctionnaire territorial titulaire, sauf quatre
agents contractuels :
le responsable informatique, le responsable d’agence de Montauban et deux
agents affectés aux prêts sur gages. Le nombre d’agents contractuels est ainsi passé d'un à quatre
entre 2015 et 2018.
La loi n° 83-634 du 13 juillet 1983, portant droits et obligations des fonctionnaires, dispose
dans son article 4 que « le fonctionnaire est, vis-à-
vis de l’administration, dans une situation
statutaire et réglementaire ». Il en ressort que les emplois publics doivent être pourvus par des
fonctionnaires titulaires.
Hors les cas de remplacement temporaire ou accroissement ponctuel d’activité, l’article 3.3
de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, portant dispositions statutaires relatives à la fonction
publique territoriale, précise qu’un agent contractuel peut être recruté lorsqu’il n’existe pas de
cadre d’emplois de fonctionnaires pour assurer les fonctions recherchées. Cette possibilité
concerne les emplois de catégories A, B ou C. En outre, pour un emploi de catégorie A, le
recrutement contractuel est également possible si les fonctions ou les besoins du service le
justifient et si aucun fonctionnaire n’a pu être recruté. Le recrutement s’effectue en contrat à durée
déterminée de trois ans maximum, renouvelables par reconduction expresse, dans la limite de six
ans. Au-
delà, le contrat ne peut être renouvelé qu’à durée indéterminée.
Le Conseil d
’État, dans son avis M.S. du 25
septembre
2013, rappelle qu’
« il résulte de ces
dispositions q
ue le législateur a entendu que les emplois civils permanents de l’État, des
collectivités territoriales et de leurs établissements publics à caractère administratif soient en
principe occupés par des fonctionnaires et qu’il n’a permis le recrutement d’age
nts contractuels
qu’à titre dérogatoire et subsidiaire, dans les cas particuliers énumérés par la loi […]
».
Or, plusieurs postes occupés par des contractuels au crédit municipal de Toulouse
correspondent à des compétences pouvant être assurées par le rec
rutement d’agent
s titulaires.
Ainsi, le poste de catégorie C, confié à un contractuel en novembre 2018 et qualifié de
chargé de clientèle, consiste principalement à recevoir, orienter et renseigner le public, enregistrer
les informations concernant l’empr
unteur, assurer la réception, le stockage et la restitution des
objets et faire signer le contrat conformément à l’évaluation de l’appréciateur. Ces tâches
correspondent aux compétences principales d’un agent d’accueil, adaptées en fonction du service
d’af
fectation.
D’ailleurs, plusieurs
autres agents du crédit municipal remplissant des fonctions
analogues sont des fonctionnaires titulaires.
Il en est de même pour le poste de catégorie B, pourvu par contrat en juillet 2017, qualifié
d’adjoint au responsable d’agence de Montauban
. Il consiste principalement à assurer les
opérations de guichet relatives aux prêts sur gages, accueillir et renseigner le public, gérer la caisse
en tant que régisseur suppléant, traiter les prolongations de contrats et paiements par
correspondance, gérer les stocks et veiller à la propreté de l’agence. Un rédacteur titulaire dispose
des compétences requises.
L’ordonnateur répond, sans le justifier, que les candidatures de fonctionnaires n’auraient
pas été en adéquation avec les fonctions proposées.
Concernant le poste de responsable d’agence de Montauban, le contrat signé en juin 2017
précise qu’il est
«
indispensable que l’agent ait des connaissances approfondies dans le domaine
des prêts sur gages et soit capable d’effectuer d
es expertises, notamment de bijoux ». La fiche de
poste prévoit les missions principales suivantes :
mettre en œuvre la stratégie de la direction, gérer
les relations avec les partenaires, animer, organiser et contrôler l’activité de l’agence, accueillir l
e
public et réaliser les opérations de guichet, tenir la régie. Il s’agit ici d’un poste de responsable,
chargé de l’encadrement d’un seul agent, qui pourrait être pourvu par un titulaire. D’ailleurs
, les
cadres du site de Toulouse sont des fonctionnaires titulaires.
Tant que les missions bancaires ne sont pas prépondérantes au sein de la caisse de
Toulouse, nécessitant, pour certains agents, des connaissances spécifiques sur les placements et le
marché interbancaire, le recrutement d’agents territoriaux t
itulaires peut répondre au besoin.
Le répertoire des métiers du Centre national de la fonction publique territoriale prévoit ces
différentes missions au sein des métiers accessibles par concours de la filière administrative ou
technique, comme les métiers
de chargé d’accueil, de responsable ou d’
assistant de direction.
En outre, la mobilité est relativement faible au crédit municipal, permettant la capitalisation
des connaissances professionnelles au sein des équipes
15
. Par ailleurs, la mission spécifique
d’évaluation des objets mis en gage ne peut être confiée qu’à un commissaire
-priseur
(cf. § 3.3.2.1).
La chambre demande donc au crédit municipal de pourvoir ses postes dans le respect des
conditions réglementaires prévues par le statut de la fonction publique.
L
’ordonnateur
souligne, dans sa réponse,
l’élargis
sement du recours au contrat que permet
la nouvelle loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019.
Or, la loi du 6 août
2019 n’était pas applicable au
moments des recrutements précités
16
. De
surcroît, les cas de recrutements contractuels demeurent, sauf pour les petites collectivités,
15
Au crédit municipal de Toulouse, l’ancienneté moyenne des cadres dépasse
21 années.
16
Loi n° 2019-828, dont les dispositions entrent en vigueur le 1
er
janvier 2020, sous réserve de la publication des décrets
d’application.
limitativement énumérés par la loi :
absence de cadre d’emploi, besoins du service ou nature des
fonctions sous réserve qu'aucun titulaire n'ait pu être recruté, travail à mi-temps. Ces nouvelles
dispositions ne modifient pas l’observation de la chambre
qui reste d’actualité
.
L’agent comptable
Le crédit municipal de Toulouse est un établissement public soumis aux règles de la
comptabilité publique, notamment le décret n° 2012-1246 du 7 décembre 2012. Le principe de la
séparation entre l’ordonnateur et le comptable
est applicable.
Le comptable public, intégré dans les effectifs de l’établissement, est chargé, sous sa
responsabilité propre, de la perception des recettes et du règlement des paiements. Aucun autre
agent n’est habilité à procéder à des enregistrements relevant de la responsabilité du comptable.
Ce poste est actuellement occupé par le responsable des finances qui cumule donc les deux
fonctions.
Si les mobilités internes entre agents du crédit municipal sont permises, y compris entre les
postes relevant de l’ordonnateur et ceux relevant du poste comptable, il convient
en revanche de
veiller à la stricte séparation
entre les fonctions d’
ordonnateur et celles de comptable public.
Le décret n° 57-438 du 28 mars 1957 fixant le statut des agents comptables des caisses de
crédit municipal rappelle, en effet, dans son article 1
er
que l’agent comptable d’un crédit municipal
est soumis à toutes les dispositions législatives et règlementaires qui régissent les comptables
publics. Ses articles 9 et 21 précisent que ces fonctions sont « incompatibles avec toute autre
fonction dans l’ét
ablissement », sauf cumul exceptionnel, par décision du directeur sur avis
conforme du conseil d’orientation et de surveillance, avec la garde du magasin, les gages corporels
et la tenue de l’inventaire.
L’ordonnateur invoque le décret
n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion
budgétaire et comptable publique, qui prévoit, dans son article 188, une procédure dérogatoire
pour les organismes visés aux 4° à 6° de l’article 1
er
: «
L’agent comptable peut exercer, à la
demande de l’autorité exécutive
de l’organisme, des fonctions de chef des services financiers. Il
peut effectuer à ce titre, par dérogation à l’article 9 et dans les limites fixées par arrêté du ministre
chargé du budget, des tâches relevant de l’ordonnateur
».
Son arrêté d’application,
du
10 janvier 2014, définit les conditions dans lesquelles les agents comptables des personnes morales
visées aux 4° à 6° de l’article 1
er
du décret du 7 novembre 2012
17
peuvent exercer des fonctions
de chef des services financiers. Il énumère les missions
pouvant être confiées à l’agent comptable
et exige l’établissement d’une convention avec l’ordonnateur.
Cette convention a été signée et a conduit à retirer à la comptable la délégation générale de
l’ordonnateur.
La chambre observe, toutefois, que le c
rédit municipal n’est pas au nombre des organismes
visés aux 4° et 6° de l’article 1
er
du décret de 2012. En particulier, l’arrêté du 1
er
juillet 2013 fixant
17
Art 1
er
: « Les dispositions du titre 1
er
du présent décret sont applicables aux administrations publiques au sens du règlement
(CE) du 25 juin 1996 visé ci-
dessus, mentionnées aux 1° à 5° suivants ainsi qu’aux personnes morale
s mentionnées au 6° :
1°
L’État
; 2°
Les collectivités territoriales (…)
; 3°
Les établissements publics de santé (…)
; 4° Les autres personnes morales
de droit public, dont la liste est établie par arrêté conjoint du ministre chargé de l’économie et d
u ministre chargé du budget ;
5° Après avis conforme du ministre chargé du budget et lorsque leurs statuts le prévoient, les personnes morales de droit privé ;
6° Les personnes morales de droit public ne relevant pas de la catégorie des administrations publiques, sauf si leurs statuts en
disposent autrement.
la liste des personnes morales de droit public relevant des administrations publiques mentionnées
au 4° ne comprend pas les caisses de crédit municipal. Celles-ci ne relèvent pas davantage du 6°
de l’article 1
er
« les personnes morales de droit public ne relevant pas de la catégorie des
administrations publiques », mais du 1° « les collectivités territoriales, leurs établissements
publics »
. En effet, l’article L.
514-1 du CMF érige les caisses de crédit municipal en
«
établissements publics communaux de crédit et d’aide sociale
».
Le régime dérogatoire, prévu par
l’article 188 du décret de 2012 et
par
l’arrêté d
u
10 janvier 2014,
ne concerne donc pas les caisses de crédit municipal. L’incompatibilité entre les
fonctions d’ordonnateur et de comptable public s’applique
donc à la caisse, conformément au
principe « celui qui ordonne ne paie pas ».
La d
ouble responsabilité confiée aujourd’hui à la comptable ne saurait garantir son
indépendance en tant que comptable public pour contrôler, encaisser, décaisser, suspendre ou
rejeter les titres et mandats émis par l’ordonnateur. Si les missions d’agent comptable n’occupent
pas un agent à temps plein, elles pourraient être mutualisées avec un autre établissement ou
regroupées avec les fonctions de régisseur, ces dernières étant une émanation du comptable public.
La chambre recommande par conséquent à la dire
ction de l’établissement de réorganiser
les services pour
assurer la stricte séparation entre les fonctions d’ordonnateur et celles de
comptable public
, ce à quoi l’ordonnateur s’est engagé
.
En l’absence de pièce justifiant le
changement d’organisation opé
ré, la recommandation doit être considérée comme non mise en
œuvre.
Recommandation
Réorganiser
les services afin d’assurer la stricte séparation entre les fonctions
d’ordonnateur et de comptable public
.
Non
mise en œuvre
.
La tenue de la caisse
L’arrêté
du 3 novembre 2014 relatif au contrôle interne des établissements de crédit, valant
transposition de la directive 2013/36/UE et remplaçant le règlement n° 97-02 du 21 février 1997,
prévoit dans son article 14 que : «
L’organisation […]
est conçue de manière à assurer une stricte
indépendance entre, d’une part, les unités chargées de l’engagement des opérations et, d’autre part,
les unités chargées de leur validation, notamment comptable, de leur règlement ainsi que du suivi
des diligences liées aux missions de la fonction de gestion des risques. Cette indépendance est
assurée par un rattachement hiérarchique différent de ces unités jusqu’à un niveau suffisamment
élevé ou par une organisation qui garantit une séparation claire des fonctio
ns […]
».
Les agents toulousains affectés à la réception initiale des engagistes et à l’appréciation des
objets ne réalisent pas d’opérations d’espèces. En revanche, la chambre constate que les agents
chargés de l’établissement et de la signature des cont
rats de prêt par le client, procèdent, pour les
contrats qu’ils ont créés, aux décaissements des sommes correspondantes. De la sorte, les chargés
de clientèle sont également agents de caisse.
Le guide interne des procédures précise que ces chargés de clientèle ont en charge un
guichet d’engagement et qu’ils saisissent les données du client, contrôlent les justificatifs
d’identité et de domicile
, avant de décaisser les fonds prêtés. De même, pour les dégagements
d’objets
, le chargé de clientèle procède
à l’encaissement des sommes dues par le client et lui remet
un reçu de dégagement. Il tient un monnayeur, qu’il dépose au coffre après arrêté de sa caisse.
Le crédit municipal de Toulouse
n’est donc pas équipé d’une caisse dédiée à cette seule
fonction. C
ette organisation est contraire à la règlementation bancaire et comptable. Elle n’est pas
de nature à assurer une couverture maximale des risques de fraude, notamment de détournement
de fonds.
Suite aux échanges avec la chambre, la caisse a mis en place des contrats pré-signés. Cette
nouvelle méthode de signature du chef de service des prêts sur gages ne répond pas à l’exigence
de stricte indépendance entre les unités d’engagement et les unités de caisse. Sous l’égide de
l’ancienne procédure, les co
ntrats étaient déjà signés par le chef de service ou le directeur. Cette
pré-signature ne constitue pas une garantie.
La chambre recommande ainsi
au crédit municipal d’identifier u
n personnel spécifique qui
soit dédié aux fonctions de caissier.
L
’ordonnateur
c
raint un alourdissement des procédures mais il s’agit, en l’espèce,
de mettre
en œuvre une obligation légale d’indépendance des fonctions d’engagement et de règlement,
dictée
par la nécessité de limiter les risques. Il précise alors que des possibilités sont envisageables dans
le cadre de la future organisation liée au changement d’applicatif de prêt sur gages
. La mise en
place du nouveau système
d’information n’est pas
, cependant, encore effective.
Recommandation
Affecter spécifiquement un personnel aux fonctions de caissier.
Non mise en
œuvre
.
Les régies
Lors de son précédent contrôle en 2014, la chambre de Midi-Pyrénées avait recommandé
à l’établissement, d’une part, de créer une régie de recettes en désignant comme mandataires les
agents de guichets
, d’autre part, d’actualiser l’acte constitutif de la régie d’avances afin d’autoriser
le paiement des frais de déplacement.
En effet, l’établissement avait créé une régie d’avances pour
les menues dépenses, mais il n’ex
istait aucune régie de recettes alors que les agents présents au
guichet encaissent et décaissent quotidiennement des montants importants
18
.
Le
directeur a procédé à l’actualisation de l’acte constitutif de la régie d’avances. S’agissant
de la régie de recettes, il a indiqué
qu’une réflexion
était en cours ;
sa mise en œuvre nécessitan
t
des réorganisations dans les services au sein de l’établissement.
Par arrêté n° 2014-34 du 2 avril 2014, le directeur a, en effet,
modifié l’arrêté de régie
d’avances
n° 2011-92 du 1
er
décembre
2011, afin d’y
inclure notamment l’avance et le paiement
des frais de mission et de stage. Ce nouvel arrêté comprend les éléments recommandés et est
conforme à l’article R.
1617-11 du code général des collectivités territoriales, ainsi qu
’à l’annexe
8 de l’arrêté du
19 décembre 2005 du ministre chargé du budget
19
.
Suite au précédent rapport de la chambre,
le conseil d’orientation et de surveillance a
décidé, par délibération du 9 décembre 2014, que le crédit municipal de Toulouse mettrait en place
une régie au service des finances solidaires et une régie au service des prêts sur gages, ce qui a été
18
Montants moyens en 2013 : respectivement de 40 000
€ et 23
000
€.
19
Paru au JORF n° 297 du 22 décembre 2005.
fait. Par arrêté n° 2015-22 du 25 mai
2015, le directeur a institué une régie d’avances et de recettes
au service des finances solidaires à compter du 1
er
juin 2015, permett
ant d’encaisser les recettes et
de
payer les dépenses relatives aux livrets d’épargne solidaire, comptes à terme et microcrédits.
Le directeur a nommé la régisseuse titulaire et sa suppléante par arrêté n° 2015-23 du même jour
20
.
Une régie d’avances et de
recettes a également été instituée au service des prêts sur gages
à compter du 1
er
octobre 2015, par arrêté du directeur n° 2015-38 du 24 septembre 2015. Cette
régie permet l’encaissement des recettes relatives aux intérêts et capital des prêts, aux ventes
aux
enchères et aux frais divers facturés aux clients (pénalités, duplicata et autres frais annexes). La
régie permet également le paiement des dépenses d’engagement (déblocage du capital prêté ou
renouvellement), de versement de
bonis
, de remboursements de trop perçus et de frais bancaires.
Par arrêté n° 2015-39, le directeur a nommé la régisseuse titulaire et son suppléant
21
.
Les agents des caisses ont également été nommés mandataires de la régie. Les opérations
de caisse sont réalisées sous le contrôle journalier et la responsabilité de la régisseuse.
L’agence de Montauban
est aussi concernée. Par arrêté n° 2018-2 du 16 janvier 2018, le
directeur a procédé à la création d’une régie d’avances et de recettes au service des prêts sur gages.
Le directeur a nommé le régisseur titulaire et sa suppléante par arrêté n° 2018-3 du même jour.
L’agence a également été dotée d’une sous régie de menues dépenses, par arrêté
n° 2018-9.
La création de ces régies, qui
font l’objet de contrôles réguliers
22
, constitue un progrès dans
l’organisation de l’établissement.
La conservation des fonds et les assurances
Lors de son précédent contrôle, la chambre avait constaté que huit personnes avaient un
accès direct au coffre-fort général de la caisse. Afin de sécu
riser l’org
anisation, elle invitait
l’établissement à mettre en place des coffres tampons dédiés à chaque activité
: microcrédit et
épargne solidaire, pièces des guichets.
Ils ont bien été mis en place, conformément à la note de service n° 5-2014 du
25 juillet 201
4, avec des droits d’accès nominatifs. Seul le régisseur du prêt sur gage et son
suppléant ont accès à la réserve de numéraires du prêt sur gage. Les habilitations du personnel
pour tous les franchissements sécurisés sont retracées, notamment les accès aux archives, salle
informatique et entrées de l’établissement.
Les moyens informatiques
2.8.1.
L’urbanisation du système d’information
Le crédit municipal de Toulouse utilise une dizaine de logiciels pour gérer ses activités.
20
Modifié par l’
arrêté n° 2015-36 du 21 septembre
2015, concernant le montant de l’indemn
ité de responsabilité (1 050
€ au lieu
de 1 020
€), puis par l’
arrêté n° 2016-16 du 9 avril 2016 modifiant le mandataire suppléant.
21
Modifié par arrêté n° 2018-46 concernant la mandataire suppléante.
22
Régie des finances solidaires contrôlée en juillet 2015, juillet 2016, juillet 2017. Régie des prêts sur gages contrôlée en décembre
2015, juillet 2016, mars 2017.
L’outil informatique de gestion de
s prêts sur gages et des ventes aux enchères est
« CCM 2000 », déployé sur AS-
400. Il s’agit d’une application ancienne, développée en interne
par certains crédits municipaux. Aucun prestataire externe n’intervient sur ce logiciel.
Cet outil peu intégré ne propose pas la gestion directe de plusieurs fonctions, comme le gel
des avoirs. Pour fiabiliser le contrôle du gel des avoirs, un rapprochement automatisé est donc
nécessaire entre la liste de gels
23
et la base clients des prêts. D’après l’ordonnateur, un
e solution
d’intégration est envisagée.
Les caisses de l’établissement sont gérées, quant à elles, sous l’application Teller, qui ne
fonctionne plus avec les dernières versions de Windows. Son remplacement par un nouvel outil
est aussi envisagé.
Les
microcrédits sont gérés sous Access, ce qui présente plusieurs inconvénients. D’une
part, le logiciel présente des limites d’exploitation
:
la vision globale par client n’est pas aisée en
raison de l’obligation de recréer un dossier séparé à chaque souscription de produit. D’autre part,
il présente des risques en termes de sécurité :
la suppression d’un échéancier n’est pas bloquée, ce
qui oblige à une restauration de données, et aucun contrat de maintenance n’est prévu.
Le système d’information du
crédit municipal de Toulouse apparaît donc limité dans ses
fonctionnalités, faiblement évolutif, composé de plusieurs applications non interfacées et parfois
obsolètes. L
’établissement
devra poursuivre sa démarche de
modernisation et d’intégration
du
système d’in
formation.
Par ailleurs, en tant qu’établissement de crédit, le
crédit municipal de Toulouse est soumis
à la mise en œuvre d’un contrôle interne de son système d’information, conformément à l’arrêté
du 3 novembre 2014 de
l’autorité de contrôle prudentiel
et de résolution. Le dernier audit, effectué
en juillet 2018 par un cabinet extérieur, constatait les bonnes pratiques en termes de pare-feux,
incidents et sauvegardes.
Cependant, il relevait
plusieurs difficultés, notamment en matières d’accès des util
isateurs,
ainsi qu’une connexion des postes mobiles insuffisamment sécurisée. Certains de ces problèmes
avaient déjà été pointés en 2016. Il soulignait également que les exigences posées par le règlement
européen sur la protection des données n° 2016-679 n
’étaient
pas encore appliquées : désignation
d’un délégué à la protection des données en coopération avec la CNIL
24
, cartographie des données
personnelles des clients, formation du personnel à la protection des données, rédaction des
procédures garantissant
les droits d’accès des personnes.
Le crédit municipal a mené depuis des actions correctives : le délégué à la protection des
données a été nommé par arrêté n° 2018-23 du 2 juillet 2018, le guide interne des procédures
reprend sa fiche de poste. Le registre des traitements de données personnelles a été établi. Les
données personnelles sont désormais stockées dans des armoires fermant à clé.
Les contrats de l’établissement portent les mentions obligatoires en matière de droit d’accès
et de protection des
données et cet élément figure également sur le site internet. À ce jour, il n’y a
jamais eu de demande sur ce thème. La procédure applicable est celle de la réclamation, prévue
par le guide interne.
23
Liste fournie par la DRFiP. Art. 47 de l’arrêté de l’a
utorité de contrôle prudentiel et de résolution du 3 novembre 2014 : nécessité
de dispose
r d’un dispositif de détection de toute opération au bénéficie d’une personne faisant l’objet d’une mesure de gel des
fonds.
24
Commission nationale de l’informatique et des libertés.
Il reste à sensibiliser et à
former l’ensemble des employés à la protection des données
personnelles des clients.
2.8.2.
Le logiciel de traitement des prêts sur gages
Le logiciel permet de prendre en compte deux sources différentes de règlement, comme la
réglementation l’autorise. Cette
fonction, dite de paiement éclaté, se traduit par un code
« Indéfini »
dans l’application. Elle ne permet pas de suivre la répartition entre les différents
moyens de paiement et donc de vérifier le respect du plafond réglementaire de 3 000
€
pour les
paiements en liquide, conformément au décret n° 2016-1985 du 30 décembre 2016
25
.
L’audit de 2016 sur les prêts sur gages avait pointé cette impossibilité technique, ce défaut
d’information contrevenant aux dispositions en matière de lutte contre le blanchiment
.
18 % des contrats dégagés en 2017 et en 2018, soit près de 4 300 nantissements pour 2 100
clients, ont été enregistrés comptablement avec ce code. La somme totale s’élève à 3,3
M€
.
Le crédit municipal a mis en place un contrôle interne : par requête sur tous les paiements
indéfinis supérieurs à 3 000
€, le responsable de l’audit interne vérifie la répartition entre les
espèces et les autres moyens de paiement. Cependant,
il s’agit d’un contrôle
a posteriori
et manuel.
U
ne fenêtre d’alerte s’affiche
toutefois lors des saisies au guichet.
C’est ainsi qu’en septembre 2017, un client a dégagé quatre contrats en réglant 4
312
€
en
espèces et 680
€
par carte bancaire. D’après le fichier des mouvements de caisse, cette opération
a été rendue possible par un versement concomitant de
bonis
de 3 350
€
à une cliente qui
l’accompagnait. La caisse semble avoir compensé le
boni
par le dégagement d’une parti
e des
contrats du client, croisant ainsi des mouvements entre deux personnes possédant une adresse et
un patronyme différents. Ces mouvements ne peuvent être considérés comme des virements et
demeurent effectués en espèces, au-delà des plafonds légaux par client et par jour.
L
ors de l’évolution du logiciel,
le crédit municipal devra veiller à détailler les modes de
paiement et à bloquer
a priori
les versements d’espèces au
-delà de la limite réglementaire.
Dans sa réponse aux observations provisoires de la
chambre, l’ordonnateur précise avoir
modifié la procédure afin d’interdire ce type de compensation. Concernant le gel des avoirs, la
qualité des emprunteurs n’est pas appréciée immédiatement, mais toujours par lot en fin de
journée. Selon l’ordonnateur, c
ette difficulté devrait être résolue avec la mise en place du nouvel
applicatif des prêts sur gage.
Recommandation
Faire évoluer le logiciel de traitement des prêts sur gages afin d’intégrer les
dispositions règlementaires, en particulier le plafond des opérations en espèces.
Mise en
œuvre en cours
.
25
Plafond codifié aux articles L. 112-6 al II bis et D. 112-3 al II du CMF II bis : « Le paiement des opérations afférentes au prêt
sur gage peut être effectué en espèces ou au moyen de monnaie électronique, dans la limite d
’
un montant fixé par décret
[3 000
€]
». Plafond rappelé par le guide interne des procédures du crédit municipal de Toulouse : « Toutes les opérations en
espèces par contrat sont limitées à 3 000 euros par client et par jour (cf. arrêté n° 2016-1985 du 30/12/2016) ».
Les dispositifs de contrôle interne
2.9.1.
La formalisation satisfaisante des procédures
Le dispositif de contrôle interne permanent est organisé en deux niveaux :
le niveau 1 : un plan de contrôle interne est décliné par service. Il est revu annuellement et
validé par le conseil d’orientation et de surveillance. Il précise, pour chaque responsable de
service, les contrôles à effectuer sur l’année, le descriptif et la fréquence du contrôle,
l’échantillon contrôlé.
Un compte-rendu des anomalies détectées et de leur suivi est présenté au
conseil d’orientation et de surveillance
;
le niveau 2 :
un plan de contrôle général, également annuel et validé par le conseil d’orientation
et de surveillance, est appliqué par le s
ervice de l’audit interne. Ce dernier contrôle des points
sensibles, comme les comptes de classe 4 de l’agence comptable ou les réclamations de la
clientèle des finances solidaires. Concernant les prêts sur gages, le contrôle concerne les
dossiers au-delà de 8 000
€
: notamment les ventes requises, les engagements et dégagements
réglés en espèce, le capital ou les
bonis
cumulés par client
26
, chaque fois que ce seuil est atteint.
Les anomalies et leur suivi sont également recensés.
L’auditeur interne est directement rattaché au directeur et n’effectue aucune opération
afférente aux prêts sur gages ou produits d’épargne solidaire.
Ces contrôles sont réalisés au regard d’un double référentiel
: la règlementation,
notamment l’arrêté du 3
novembre 2014 relatif au contrôle interne des établissements de crédit, et
le guide des procédures.
Ce dispositif interne est complété et contrôlé par des audits réalisés par des cabinets
extérieurs, dans le cadre d’un groupement de commandes avec d’autres crédits municipaux.
Ces
audits périodiques peuvent concerne
r le système d’information (
cf. § 2.8.1), les ressources
humaines, la commande publique ou les activités métiers de l’établissement
: prêts sur gages et
finances solidaires.
Ces contrôles permettent de relever les la
cunes affectant les processus de l’établissement,
notamment les prêts sur gages. Ainsi, les corrections nécessaires les plus fréquemment identifiées
concernent des manques ponctuels dans les pièces à scanner pour les dossiers des clients, des
anomalies de pointage du courrier arrivé ou parti, des statistiques à corriger au regard de la base
de données, des contagions des dossiers à enregistrer pour un même client à créance douteuse.
Les risques afférents aux équilibres financiers sont également suivis. Conformément à
l’article 98 de l’arrêté du 3
novembre 2014, la délibération n° 2018-10 du 3 avril 2018 prévoit que
le seuil au-delà duquel un risque opérationnel est significatif, fixé au plus bas à 0,3 % des fonds
propres de l’établissement ou 5
% du résulta
t brut d’exploitation, s’établit à 11
426
€
. Chaque chef
de service du crédit municipal de Toulouse atteste annuellement ne pas avoir identifié un tel risque.
En cas d’identification, le directeur est informé et doit le signaler au conseil d’orientation et
de
surveillance et à l’autorité de contrôle prudentiel.
Le crédit municipal de Toulouse produit une cartographie des risques, comprenant une
cotation de fréquence et d’impact. Elle retrace les risques bruts, les contrôles de niveau 1 et 2 qui
26
Au 31/12/2017, 20 clients ont un encours supérieur à 8
k€, pour un montant total de 276
k€,
soit 1,82 % de l
’
encours total. Le
principal client détient un capital de 30
k€
.
sont effectués
27
par l’établissement ou
par un prestataire, ainsi que les risques nets qui subsistent.
Les principaux risques nets avec impact financier sont clairement identifiés
28
.
Un rapport annuel de contrôle interne est établi chaque année et validé en conseil
d’orientation et de surveillance, en application des articles 258 et suivants de l’arrêté de 2014.
2.9.2.
Des diligences de contrôle à renforcer
Si les procédures sont formalisées et les risques suivis par l’établissement, certaines
diligences pourraient utilement compléter les contrôles du crédit municipal.
Le niveau de signature est adapté au montant du contrat : le prêt est ainsi signé par le
directeur du crédit municipal à partir de 10 000
€, avec une information du conseil d’orientation
et de surveillance à partir de 25 000
€
. Les vérifications conduites par la chambre montrent que les
contrats supérieurs à 10 000
€
ont bien été visés par le directeur. Aucun contrat sur la période ne
dépasse unitairement le dernier seuil ;
le plus important s’élevant à 22
000
€
.
Par ailleurs, le directeur peut, chaque fois qu’il l’estime utile, demander que lui soit remis
tout document de nature à justifier les droits dont la personne peut se prévaloir sur les biens à
gager, en particulier le mandat que pourrait lui avoir confié le propriétaire, ainsi que tout
renseignement concernant l’origine de ces biens
29
.
Cette prérogative est assurée d’abord par le responsable des services de prêts sur gages,
pour tout dossier supérieur à 8 000
€
, conformément au guide interne des procédures. Le crédit
municipal a élaboré des requêtes informatiques permettant d’identifier mensuellement les
différentes opérations au-delà de ce seuil. Des contrôles trimestriels portent également sur les
paiements de
bonis
, les clients concernés par le ge
l des avoirs ou les paiements provenant d’une
banque étrangère.
Le client peut alors être reçu et une
fiche d’information clientèle
est établie pour les dossiers
supérieurs à 8 000
€, dont l’objectif est de rassembler des données complémentaires à celles d’un
dossier classique. Cependant, la situation professionnelle est déclarée de façon très générale : actif,
retraité, demandeur d’emploi, bénéficiaire d’allocations, inactif ou autre. L’orig
ine des objets et la
destination des fonds doivent être indiqués.
L’avis d’impôt sur le revenu est alors demandé. Pour
le reste, il s’agit de données purement déclaratives, les justificatifs ne sont pas systématiquement
fournis.
À titre d’illustration, un gage important qui concernerait une personne exerçant une activi
té
en lien avec des personnes âgées, du type auxiliaire de vie, doit requérir une vigilance particulière
des crédits municipaux. Cependant, la profession du client n’est pas demandée par la caisse
de
Toulouse. Aucune justification du métier, ni attestation
sur l’honneur n’est requise et rien n’est
prévu au guide des procédures, ni enregistré dans la base informatique. Alors que le logiciel permet
d’indiquer la profession de l’engagiste, ce champ n’est jamais renseigné par la caisse. La
profession est pourtant
un élément du faisceau d’indices permettant de déterminer l’existence d’un
risque.
27
Comme le prévoit l’article 102 de l’arrêté de l’a
utorité de contrôle prudentiel et de résolution du 3 novembre 2014.
28
À titre d’exemples
: surévaluation du bien remis en gage par le client (contrôle interne de niveau 2), vol ou détérioration d
’
objets
mis en garde, accidents de personnels (assurés)
, sécurité du système d’information et des données.
29
Art. D. 514-1 du CMF.
Au-
delà de la profession de l’engagiste, l’origine du bien peut constituer un élément
déterminant pour sécuriser le contrat, notamment dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon.
En cas de dépôt de maroquinerie ou montre, une facture ou certificat est sollicité. La caisse
reconnaît qu’il s’agit d’une vérification fréquente mais pas d’une exigence formelle. Le guide
interne prévoit l’obligation de fournir une facture
seulement pour le matériel hi-fi et
informatique
30
.
La chambre demande au crédit municipal de renforcer l
es mesures d’instruction
31
, ce qui
faciliterait l’identification des opérations suspectes et leur signalement aux autorités compétentes.
L’ordonnateur répond qu’il s’agit d’apprécier
à sa juste mesure les enjeux en terme de
blanchiment au regard de l’activité du crédit
municipal de Toulouse et du montant très faible du
prêt moyen. Il précise que des seuils ont été fixés pour collecter les données sur les dossiers des
clients à enjeux afin de ne pas alourdir les procédures.
La chambre observe que les dossiers à enjeux ne mentionnent pas la profession du client et
ne comprennent pas systématiquement une facture ou autre preuve d’origine du b
ien. Les
procédures restent très perfectibles.
Les procédures de lutte contre le blanchiment
Le crédit municipal de Toulouse, comme tous les organismes financiers visés à l’article
L. 561-2 du CMF, a une obligation de vigilance sur ses clients ou sur les bénéficiaires effectifs des
opérations, dès l’entrée en relation d’affaires. Il doit désigner
nominativement auprès de Tracfin
et de l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution, les dirigeants ou employés qui sont chargés
d’assurer respectivement les fonctions de
« déclarant » et de « correspondant ».
Ces deux fonctions sont assurées, dans le cas présent,
par le responsable de l’audit interne
et des interventions techniques. Sa mission principale consiste alors à déclarer les opérations
portant sur des sommes dont la caisse sait ou soupçonne qu’elles proviennent d’une infraction
passible d’une peine de prison supérieure à un an ou d’une fraude fiscale, ou qu’elles sont liées au
financement du terrorisme
32
. La seconde mission consiste à répondre aux demandes de Tracfin et
de
l’autorité de contrôle prudentiel et d’assurer la diffusion au person
nel des informations, avis ou
recommandations à caractère général qui en émanent
33
.
Pour ce faire, des obligations de vigilance s’imposent aux organismes financiers à l’égard
de leur clientèle
34
. L’établissement est tenu d’identifier le client, recueillir t
outes les informations
pertinentes relatives à l’opération, puis assurer un suivi de la cohérence entre les opérations et la
connaissance actualisée des clients, adaptée au niveau de risque identifié.
30
Manuel 2019 p.45.
31
La commission bancaire a condamné la caisse de Paris à une sanction pécuniaire de 100 000
€
en juillet 2006, rappelant que
les
sommes délivrées dans le cadre d’un prêt sur gage ont pour fondement le bien remis en garantie,
«
de sorte que l’origine du bien
remis en gage conditionne celle de la somme prêtée ». Elle a également indiqué que « les dispositions du code monétaire et
financier
doivent ainsi être appliquées de façon à faire obstacle à ce qu’une opération de prêt sur gage permette la dissimulation
de l’origine des biens remis et
le blanchiment des sommes qui en sont issues au moyen du prêt »
31
.
32
Art. L. 561-15 et R. 561-23 du CMF.
33
Art. R. 561-24 du CMF.
34
Art. L. 561-5 et suivants et R. 561-1 et suivants du CMF.
Le crédit municipal de Toulouse a effectué peu de déclarations sur la période sous
contrôle : cinq cas seulement ont été signalés depuis 2015, portant majoritairement sur des
versements importants et répétés en liquide.
L’unique
déclaration de 2018 concerne un client venu dégager de nombreux contrats de
prêts sur gages grâce à des paiements en espèces, veillant à ne pas dépasser le seuil des 3 000
€
applicable, pour un montant total de plus de 20 000
€
. Ce mode de fonctionnement alimente des
soupçons sur la provenance des fonds. Une des deux déclarations de 2017 porte, quant à elle, sur
une succession de ventes requises demandées par
un client pour des biens de valeur issus d’un
héritage, permettant de soupçonner une fraude fiscale.
Les signalements en matière de lutte contre le blanchiment pourraient être alimentés par la
mise en œuvre de vérifications complémentaires, notamment en ce qui concerne l’origine des biens
(cf. § 2.9.2).
L’ordonnateur répond que
les procédures mises en place de
demande d’informations
systématiques sur l’origine des biens et la connaissance approfondie du client
sont fixées à partir
d
’un
seuil de 8 000
€
, que ce seuil a été retenu
en cohérence avec les cabinets d’audits
extérieurs
et le commissaire aux comptes pour cibler les opérations à enjeux, que le montant moyen des prêts
est faible à Toulouse de 521
€
.
Il
s’agit d’intensifier les éléments demandés pour les dossiers à enjeu
x, et non pour
l’ensemble des prêts. Cela permettrait de lutter plus efficacement cont
re le blanchiment. La
chambre rappelle que l’
autorité de contrôle prudentiel et de résolution a condamné la caisse de
Toulon à 150 000
€
en 2011, au motif que «
l’établissement a enfreint plusieurs dispositions
essentielles en matière de lutte contre le bl
anchiment et a fait preuve d’une vigilance insuffi
sante
dans la mise en œuvre de s
es obligations, dont un établissement ne saurait être exonéré en raison
de sa petite taille ou des contraintes résultant de son statut d’établissement public administratif
».
_______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_______________________
L’organisation du crédit municipal
reste
perfectible. Si le conseil d’orientation et de
surveillance met en œuvre ses attributions réglementaires de manière satisfaisante, le directeur doit
être vigilant à apposer systématiquement sa signature lorsqu’elle est requise, notamment pour les
prêts importants et les contrats bénéficiant aux agents de la caisse.
Des agents contractuels sont recrutés sans nécessité sur des postes pouvant être pourvus
par des agents de la fonction publique territoriale.
Les fonctions de responsable des finances de l’ord
onnateur et de comptable public sont
assurées par le même agent, contrevenant au principe de séparation de l’ordonnateur et du
comptable. La chambre recommande de réorganiser les services afin de garantir cette
indépendance.
Alors que la réglementation bancaire exige une stricte séparation entre les unités
d’engagement des contrats et les unités de règlement, des agents chargés de la production et de la
signature des prêts par le client procèdent aux décaissements des sommes correspondantes. La
chambre rec
ommande au crédit municipal d’identifier un personnel qui soit
spécifiquement dédié
aux fonctions de caissier.
Si les procédures de contrôle interne, si les procédures sont formalisées et les risques suivis
par l’établissement, certaines diligences pourra
ient utilement compléter les contrôles opérés sur
les dossiers à enjeux. La vérification de la profession des clients et la justification
de l’origine des
biens permettraient d’identifier des situations à risque, justifiant un signalement aux autorités de
lutte contre le blanchiment.
3.
MISSION DE PRÊT SUR GAGE
Le rôle social de la caisse
Compte tenu de son statut d’établissement communal de crédit et d’aide sociale, le crédit
municipal a vocation à exercer une activité orientée vers les populations fragilisées, présentant des
difficultés d’accès au crédit.
3.1.1.
L’adaptation au besoin du territoire
Les toulousains sont les bénéficiaires principaux des services de la caisse. Sur la période
2015-2018, la moitié de la clientèle réside à Toulouse et 74,5 % réside dans son unité urbaine
35
.
Cette dernière concentre d’ailleurs 71
% de la population du département. Plus de 80 % de
l’activité conce
rne ainsi les habitants de la Haute-Garonne, tandis que 16 % des clients sont issus
des autres dépa
rtements d’Occitanie (cf.
annexe 3).
Le secteur géographique de Montauban
a été identifié comme porteur, s’agissant en
particulier de l’appréciation d’objets et des échanges d’informations et de documents. Le crédit
municipal a donc décidé
d’y
proposer une offre plus complète
qu’une permanence mensuelle
,
incluant les prêts sur gages, afin de répondre notamment à la concurrence que le crédit municipal
de Bordeaux exerce sur le nord-
toulousain, via son agence d’Agen
.
L’
activité de prêts sur gages
n’est
, en effet, pas territorialisée.
L’absence d’emploi, et plus globalement le faible niveau de revenu, constituent des facteurs
déterminants pour la sollicitation d
’un prêt sur gage. En considérant que les personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté sont les plus enclines à recourir à ces prêts, l’implantation des lieux
d’accueil à Toulouse et à Montauban apparaît judicieuse au regard des taux de pauvreté de ces
deux villes (respectivement 19,4 % et 19,6 %).
De surcroît, comme l’indique le directeur dans sa réponse,
la situation du siège de la caisse
en centre-ville de Toulouse peut être un frein pour venir déposer un objet, une partie des clients
préférant réaliser l’opération directement à Montauban
pour des objets volumineux nécessitant un
transport en véhicule.
35
Selon l’Insee, l
a notion d
’
unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d
’
habitants. On appelle unité urbaine une
commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux
constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.
tableau 1 : Lien entre clientèle et pauvreté sur la période 2015-2018
Nombre de
clients
Taux de
pauvreté
Taux de recours des adultes
sous le seuil de pauvreté
Taux de recours
des adultes
Haute-Garonne
16 320
13,0 %
11,9 %
1,5 %
dont Toulouse
9 844
19,4 %
13,0 %
2,5 %
dont autres communes de
l’unité
urbaine de Toulouse
4 743
8,4 %
15,4 %
1,3 %
dont autres communes du
département
1 733
10,9 %
5,4 %
0,6 %
Tarn-et-Garonne
916
17,2 %
2,7 %
0,5 %
dont Montauban
378
19,6 %
4,1 %
0,8 %
Tarn
1 017
15,7 %
2,1 %
0,3 %
Autres départements
d’Occitanie
1 254
17,4 %
2,6 %
0,4 %
Autres régions de France
métropolitaine
542
14,6 %
0,0 %
0,0 %
Étranger et Outre-mer
37
Ensemble
20 086
Source :
CRC Occitanie d’après Insee et crédit municipal de Toulouse
- extractions informatiques
Sur la période 2015-2018, plus de 16 300 clients résidant en Haute-Garonne ont effectué
ou renouvelé un prêt sur gage, soit 1,5 % de la population adulte. La clientèle potentielle des
adultes du département vivant en-dessous du seuil de pauvreté atteint 11,9 %.
Le taux de recours au crédit municipal ne dépend pas uniquement de la précarité des
intéressés, il varie également en fonction de la distance à parcourir pour
s’y rendre.
C’est ainsi que
de nombreux territoires au nord et au sud de l’aire urbaine
ont peu ou pas recours au service de
prêt sur gage du crédit municipal de Toulouse alors que leur taux de pauvreté dépasse 12 %.
carte 1 : Origine géographique des clients et taux de pauvreté 2015-2018
(aires urbaines de Toulouse et de Montauban)
Source :
CRC Occitanie d’après Insee (EPCI antérieurs à 2017) et crédit municipal de Toulouse
- extractions informatiques
36
Sur la période, 10 222 clients proviennent des communes de Toulouse et Montauban. 16 847 clients habitent dans les aires urbaines de
ces deux villes, soit 84 % de la clientèle entre 2015 et 2018.
Le
taux de recours s’élève à 13
% des adultes précaires de Toulouse et à plus de 15 % pour
les communes proches de l’agglomération. À l’inverse, il chute à 5,4
% des personnes précaires
pour les autres communes de la Haute-
Garonne. Cet écart, proche de 1 à 3, met en exergue l’utilité
de développer une offre de proximité.
Le crédit municipal de Toulouse fait partie des caisses possèda
nt le moins d’agences
37
et
n’eff
ectuant pas de permanence de proximité. Les établissements qui multiplient les lieux
d’accueil sont ceux
développant une activité bancaire, en particulier les prêts personnels.
36
Les disques représentent le nombre de clients de chaque commune. Ils sont coloriés en fonction du taux de pauvreté de la
commune alors que le taux de pauvreté de l
’
intercommunalité est traduit dans la coloration du fonds de carte.
37
Les agences sont considérées ici comme le
s établissements secondaires dotés d’un numéro Siret.
graphique 1 :
Nombre d’établissements des créd
its municipaux au 31 décembre 2018
Source :
CRC Occitanie d’après répertoire Sirene
- Insee
La dimension géographique de l’offre est importante, la mission de prêt sur gage
nécessitant un lien physique pour le dépôt
38
, contrairement aux activités bancaires classiques. Or,
une agence permet, contrairement à une permanence, de recevoir les objets mis en gage. La
nouvelle agence de Montauban a, effectivement, pour objectif de répondre à ce besoin, au moins
dans le nord du territoire.
Selon l’ordonnateur l’implantation d’une agence au sud de l’aire urbaine, même si le taux
de pauvreté indique des besoins, n’atteindrait pas les volumes nécessaires aux équilibres
financiers. La chambre fait observer
que les intercommunalités les plus méridionales de l’aire
urbaine Toulousaine regroupent un bassin de plus de 100 000 habitants.
3.1.2.
L’activité de l’agence de Montauban
L’ouverture de l’agence à Montauban a eu lieu le 20
février 2018. Elle a été dûment
autorisée par le
conseil d’orientation et de surveillance
du 15 juin 2016.
Rattachée au siège toulousain, elle ne bénéficie pas d’une autonomie juridique ni
financière.
L’agence compte deux agents
: le responsable et son adjointe. Le responsable est sous
l’autorité hiérarchique du directeur du crédit municipal de Toulouse
.
Des études comparatives ont été menées avec les agences de Caen et d’Arles concernant le
fonctionnement, le nombre d’agents à recruter, la sécurité et les aménagements à réaliser.
L’encours prévisionnel était estimé pour Montauban, en avril 2015, à 2
M€
à terme, ce qui devrait
permettre de couvrir les charges :
coût d’investissement estimé à 100
000
€
et de fonctionnement
38
Même si le crédit municipal de Toulouse a développé ses services sur internet (création d’un compte client, consultation et
renouvellement de son contrat, etc.).
0
2
4
6
8
10
12
Boulogne
Dijon
Marseille
Nancy
Paris
Roubaix
Strasbourg
Lille
Reims
Rouen
Toulouse
Bordeaux
Nice
Avignon
Nantes
Nîmes
Lyon
Toulon
à 50 000
€
annuels. Le volume des prêts sur gages accordés par le crédit municipal de Toulouse
sur le département du Tarn-et-Garonne et les départements limitrophes était alors de 1
M€
.
Les coûts prévisionnels ont été révisés en 2016 : 428 000
€
d’investissements, dont
115 000
€
d’achats, et 145
000
€
annuels de fonctionnement, dont 65 000
€
de frais de personnel.
Le local a été acheté en novembre 2016, au prix de 104 150
€. L’agence a fait l’objet d’un
marché de travaux comprenant 8 lots
39
attribués les 26 et 27 juin 2017, en deçà du seuil de
5,2
M€
HT alors applicable aux procédures formalisées de travaux
40
. Un second marché a été
attribué le 27 juin 2017 pour les équipements de sécurité
41
, sous le seuil des 90 000
€
HT afférent
aux procédures adaptées. Le coût effectif de l’opération, hors frais de fonctionnement, s’élève à
491 000
€
, soit un dépassement de 15 %
de l’enveloppe prév
isionnelle corrigée, lié aux travaux et
achats de matériel.
Sur la période du 20 février
2018, date d’ouverture, au 31
décembre
2018, l’agence de
Montauban a conclu 1 054 prêts sur gages auprès de 385 clients (cf. annexe 4). En moyenne sur
l’année, l’agence a reçu un peu plus de 3 clients de prêts sur gages par jour d’ouverture, contre 72
pour le siège.
Durant cette première année de montée en charge, le volume des prêts a atteint 341 000
€
à l’agence, générant près de 16
500
€
d’intérêts. En appliquant
les moyennes journalières aux
251
jours ouvrés, l’agence devrait accorder
a minima
441 000
€
de prêts en 2019, générant environ
21 300
€
d’intérêts.
tableau 2 :
Prêts accordés par l’agence de Montauban en 2018 et estimation pour l’année 2019
Nombre de prêts
Montant des prêts
Intérêts
Prêts inférieurs à 51
€
155
4 933
€
49
€
Prêts de 51
€
à 200
€
384
48 915
€
1 663
€
Prêts de 201
€
à 5 999
€
514
280 085
€
14 564
€
Prêts supérieurs à 5 999
€
1
7 000
€
196
€
Ensemble
1 054
340 933
€
16 473
€
Moyenne par jours ouvrés
5,43
1 757
€
85
€
Estimation 2019
1 400
441 000
€
21 300
€
Source :
CRC Occitanie d’après le
crédit municipal de Toulouse - exploitations informatiques
Malgré cette offre de proximité, le tiers des clients résidant dans le Tarn-et-
Garonne n’est
pas allé dans l’agence de Montauban mais à Toulouse. Cette proportion s’élève encore à 31
%
pour les habitants de l’aire urbaine de Montauban.
39
Démolition-
gros œuvre, menuiserie al
uminium, autres menuiseries, plâtrerie, électricité, plomberie, sols, peintures.
40
Seuil porté à 5,548
M€
HT depuis le 1
er
janvier 2018, pour deux ans.
41
Système anti-
intrusion, chambre forte, contrôle d’accès et incendie.
tableau 3 : Origine géographique des clients de Montauban entre le 20 février et le 31 décembre 2018
Lieux d’accueil
Montauban
Toulouse
Les deux
Ensemble
Nbre
Part
Nbre
Part
Nbre
Part
Nbre
Part
Tarn-et-Garonne
287 59 %
158
33 %
39
8 %
484 100 %
dont aire urbaine de Montauban
189 62 %
96
31 %
21
7 %
306 100 %
dont Montauban
146 65 %
62
27 %
18
8 %
226 100 %
Haute-Garonne
15
0 %
6 975 100 %
1
0 %
6 991 100 %
dont Toulouse
0
0 %
4 356 100 %
1
0 %
4 357 100 %
Autres communes
39
4 %
979
96 %
4
0 %
1 022 100 %
Ensemble
341
4 %
8 112
95 %
44
1 %
8 497 100 %
Source :
CRC Occitanie d’après le crédit municipal de Toulouse
- exploitations informatiques
Lecture :
l’agence de Montauban a dispensé ses services de prêt sur gage à 385 clients en 2018, dont 44 se sont
également rendus au siège de Toulouse depuis l’ouverture de l’agence.
Parmi les 385 clients de l’agence de Montauban, 250 n’avaient pas signé de prêts à
Toulouse durant les trois années précédentes et correspondent à une nouvelle clientèle. Les
135 autres clients de Montauban, soit 35 %
, bénéficient quant à eux d’un lieu d’accueil plus
proche.
La création de l’agence
répond par conséquent, en partie, au souhait de développer
l’activité de la caisse et de rendre un service de proximité aux résidents du Tarn
-et-Garonne.
L’
objectif de générer 2
M€
d’encours à Montauban nécessitera le captage d’une nouvelle clientèle
dans le bassin de l’agence.
Le travail de communication doit être renforcé auprès des habitants fragiles de ce
territoire
42
. Le crédit municipal mise aussi sur le transfert des contrats de la population
tarn-et-garonnaise de Toulouse vers Mont
auban, pour se rapprocher de l’objectif
. Ce volume
avoisine les 1
M€
.
Le
transfert desdits contrats impose un dégagement de l’objet sur Toulouse et un nouvel
engagement sur Montauban, et donc une avance financière difficile pour des populations précaires,
ce qui explique la lenteur des transferts. Le directeur indique, dans sa réponse, avoir mis en place
une procédure pour accélérer le transfert des objets concernés, sans nouvelle charge financière
pour le client.
3.1.3.
Le montant unitaire de prêt
C
onformément à l’article
D. 514-8 du CMF, pour les biens en platine, en or ou en argent,
le prêt ne peut excéder les quatre cinquièmes de leur valeur estimée selon le poids. Pour les autres
biens, ce montant ne peut excéder les deux tiers de la valeur de leur estimation.
Fin 2018, le crédit municipal de Toulo
use pouvait prêter jusqu’à
16
€
du gramme pour les
bijoux en or à 18 carats (750 millièmes), contre 13
€
début 2015. Ce montant atteignait 17,5
€
par
gramme pour les avances des ventes requises : la vente étant sûre et intervenant dans un délai en
principe cadré, les risques sont diminués. Ces barèmes, fixés par arrêté du directeur, peuvent être
diminués en fonction de l’état du bijou, de la présence ou non de poinçons ou de pierres
42
À titre d’illustration, certain
es caisses dispensent des informations en EHPAD.
importantes. De même, le prêt peut être plus conséquent pour un bijou en pr
ovenance d’un grand
joaillier.
Ce barème peut être actualisé en fonction du prix de l’or.
Lors des périodes de progression
des cours, il s’agit de proposer des conditions suffisamment avantageuses afin de ne pas détourner
la clientèle, notamment pour les
ventes requises, vers d’autres opérateurs. En période de baisse des
cours, le montant des prêts, établi en fonction du prix du gramme d’or, ne doit pas être trop élevé
pour ne pas générer des
malis
importants lors des ventes.
Le crédit municipal justifie une partie de sa politique de constitution de provisions par les
fluctuations du cours de l’or, notamment les inscriptions au fonds pour risques bancaires généraux
(cf. § 6.1).
Le prix du lingot d’or a fortement augmenté entre 2006 et 2012, pour atteind
re son prix
plafond de 43 150
€
. Il a alors subi une correction les deux années suivantes pour redescendre à
29 500
€
fin 2014, prix plancher de la période récente. Depuis, en dépit de fluctuations de faible
amplitude, la tendance est à une hausse modérée : + 0,43 % en moyenne par mois entre octobre
2014 et février 2019. Début 2019, le prix du lingot s’élève à près de 37
000
€
(cf. annexe 5).
Le prix du gramme d’or a ainsi varié, sur la période 2015 à 2018, entre 23,53
€
au plus bas
et 28,95
€
au plus haut. Cette évolution a conduit la caisse à modifier à plusieurs reprises le
montant prêté par gramme. Ainsi, pour une même quantité d’or déposée, le prêt accordé en 2019
est d’environ un quart plus important que celui qui aurait été obtenu début
2015. En revanche, les
avances pour les ventes requises sont inférieures de 12,5 %
à celles de 2015. D’après
l’ordonnateur, les baisses ont été effectuées à la demande du commissaire
-priseur qui ne souhaitait
pas prendre un risque de
malis
sur les ventes requises.
graphique 2 :
Montant accordé en fonction du prix du gramme d’or 18 carats (en
€
)
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal et London Bullion Market Association
Si les crédits municipaux n’affichent pas le prêt au gramme d’or pratiqué sur leur site
internet, la
comparaison de rachat d’or par des opérateurs privés
43
pour des bijoux de 18 carats
fournit, en mars 2019, une fourchette entre 20,6 et 23,75
€
le gramme. Il convient toutefois de
nuancer ces différences apparemment élevées par le fait que, outre le contingentement
43
Site Comparateur Or.
10
12
14
16
18
20
22
24
26
28
30
Prêts sur gages
Avances sur ventes requises
Prix du gramme d'or 18 carats
règlementaire du montant des prêts, les clients des crédits municipaux peuvent, d’une part, dégager
leurs objets, d’autre part, récup
érer les
bonis
éventuels en cas de vente.
Concernant les ventes requises, la baisse des avances selon le poids en or peut encourager
la fuite d’une partie de la clientèle vers d’autres caisses ou opérateu
rs. Les mouvements de clientèle
entre crédits munic
ipaux ne font pas l’objet d’un suivi. Cependant, en moyenne, le crédit municipal
de Toulouse réalisait 128 ventes requises par mois lorsque l’avance au gramme d’or s’élevait à
20
€
. Ce nombre a chuté à 106 ventes
pour les quatre derniers mois de 2018 où l’
avance été fixée
à 17,5
€
.
Compte tenu de la hausse des cours de l’or début 2019, le conseil d’orientation et de
surveillance de la caisse pourrait envisager avec le commissaire-priseur une revalorisation des
avances consenties par gramme d’or pour les v
entes requises.
L’ordonnateur indique, dans sa
réponse, vouloir solliciter le commissaire-priseur à cet effet. La chambre en prend note.
3.1.4.
La politique en matière de taux
Le barème des taux d’intérêt est mis à jour régulièrement. Depuis le
1
er
janvier 2019, la
caisse dispose de cinq tranches de prêt sur gage, dont les taux d’intérêt pratiqués diffèrent. Le tarif
applicable en 2019 traduit une légère baisse de taux sur la tranche de prêts de 201
€
à 5 999
€
.
Cette tranche a ainsi bénéficié d’une baisse de d
eux points depuis 2015.
tableau 4 : Taux annuels effectifs globaux
44
pratiqués au crédit municipal de Toulouse
Date d’entrée en vigueur du barème
06-janv-15
01-avr-15
01-juil-15
01-oct-15
05-janv-16
01-juil-16
01-janv-17
01-oct-17
01-janv-19
Prêts inférieurs à 51
€
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
2,01 %
Prêts de 51
€
à 200
€
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
6,92 %
Prêts de 201
€
à 5 999
€
11,94 %
11,30 %
11,30 %
11,30 %
10,67 %
10,67 %
10,67 %
10,67 %
9,91 %
Prêts supérieurs à 5 999
€
8,78 %
8,78 %
8,41 %
7,54 %
7,54 %
6,92 %
6,30 %
5,68 %
5,68 %
Prêts supérieurs à 50 000
€
4,45 %
4,45 %
Source : arrêtés du crédit municipal de Toulouse
Celle des prêts supérieurs à 6 000
€
a bénéficié, quant à elle, d’une baisse de plus de trois
points et même de plus de quatre points avec la création de la tranche supérieure à 50 000
€
. Sur
la période, la principale réduction concerne les prêts de tranche élevée. Le graphique 3 illustre les
variations en pourcentage.
Les taux sur les autres tranches sont restés stables, étant précisé que pour les prêts inférieurs
à 51
€
le crédit municipal ne perçoit aucun intérêt sur le capital, mais seulement des frais de garde
et
d’assurance de 1
%, soit un TAEG de 2,01 %.
44
TAEG (taux annuel effectif global, comprenant les frais de garde et d’assurance semestriels).
graphique 3 : Évolution du TAEG des prêts sur gages
Source : crédit municipal de Toulouse
Ces baisses de taux pour les prêts les plus importants bénéficient principalement à une
population moins fragile souhaitant gager des objets de grande valeur. Elles correspondent peu à
la vocation sociale de la caisse.
Il ne s’agit pas cependant d’une démarche volontaire du crédit
municipal mais d’une obligation réglemen
taire de rester en-
deçà du taux d’usure de ces prêts.
Cette
tranche connaît un seuil de l’usure particulièrement bas.
Le volume des prêts de faible montant a tendance à diminuer : les engagements de prêts
inférieurs à 51
€
ont baissé de 15 % entre 2015 et 2018, ceux des prêts compris entre 51
€
et 200
€
ont fléchi de 8,6 % entre 2015 et 2018.
tableau 5 :
Évolution du nombre d’engagements et de renouvellements entre 2015 et 2018
2015
2016
2017
2018
Évolution
2015-2018
Part en 2018
Prêts inférieurs à 51
€
1 702
1 512
1 402
1 447
-15,0 %
6,3 %
Prêts de 51
€
à 200
€
6 373
6 173
5 655
5 822
-8,6 %
25,4 %
Prêts de 201
€
à 5 999
€
15 748
16 002
15 021
15 632
-0,7 %
68,2 %
Prêts supérieurs à 5 999
€
10
11
9
14
40,0 %
0,1 %
Ensemble
23 833
23 698
22 087
22 915
-3,9 %
100,0 %
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- extraction informatique des données
La proportion des prêts de faible montant est marginale au regard de l’activité globale de
prêt sur
gage, puisqu’ils ne représentent que 6,3
% des 29 548 contrats actifs fin 2018. Le nombre
de prêts compris entre 201
€
et 5 999
€
a stagné sur la période alors que l’activité globale avait
tendance à diminuer. Ils représentent 72,3 % du nombre de contrats
actifs et forment l’essentiel de
l’encours, soit 93
% fin 2018.
-10%
-9%
-8%
-7%
-6%
-5%
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
Prêts inférieurs à 51 €
Prêts de 51 € à 200
€
Prêts de 201 € à 5999 €
Prêts supérieurs à 5999 € Prêts supérieurs à 50000€
2015
2016
2017
2018
2019
tableau 6 :
Répartition du nombre de contrats et de l’encours par tranches de prêts au 31/12/2018
Montant des prêts
Nombre de
contrats
Soit en %
Encours
en
€
Soit
en %
Montant moyen
par contrat en
€
De 0 à 50
€
896
3,0 %
29 275
0,2 %
33
De 51 à 200
€
7 271
24,6 %
957 013
6,1 %
132
De 201 à 5 999
€
21 373
72,3 %
14 616 292
93,1 %
684
Supérieur à 5 999
€
8
0,0 %
94 446
0,6 %
11 806
Total
29 548
100,0 %
15 697 027
100,0 %
531
Source :
CRC d’après le crédit municipal de Toulouse
- encours net des dotations aux provisions - extraction informatique
Chaque trimestre, la Banque de France collecte, auprès d’un large échantillon
d’établissements de crédit, les taux
effectifs moyens pratiqués pour 11 catégories de prêts. Ces
taux, augmentés d’un tiers, permettent d’établir le taux maximum autorisé
45
pour chaque catégorie.
Les taux d’usure pour la catégorie des
« crédits à la consommation des particuliers » ont ainsi
varié, en amplitude, de 21,21 % à 19,92 % sur la période pour les prêts inférieurs à 3 000
€
et de
14,37 % à 12,49 % pour les prêts de 3 000
€
à 6 000
€
. Pour les prêts supérieurs à 6 000
€
, le taux
d’usure a varié de 9,21
% à 5,89 %.
Avec sa pratique de taux, le crédit municipal de Toulouse garantit effectivement ses
emprunteurs contre l’usure.
graphique 4 :
TAEG du crédit municipal et taux de l’usure (en
%)
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse et Banque de France
Les taux d’intérêt pratiqués à Toulouse apparaissent relativement bas au regard de
ceux
pratiqués dans d’autres caisses, notamment pour les prêts de faible valeur.
45
Selon l
’
article L. 314-6 du code de la consommation : « Constitue un prêt usuraire tout prêt conventionnel consenti à un taux
effectif global qui excède, au moment où il est consenti, de plus du tiers, le taux effectif moyen pratiqué au cours du trimestre
précédent par les établissements de crédit et les sociétés de financement pour des opérations de même nature comportant des
risques analogues ». L
’
article L. 314-50 du même code en fait une infraction pénale : « Le fait de consentir à autrui un prêt
usuraire ou d
’
apporter à quelque titre et de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, son concours à l
’
obtention
ou à l
’
octroi d
’
un prêt usuraire ou d
’
un prêt qui deviendrait usuraire au sens de l
’
article L. 314-6 du fait de son concours est puni
d
’
un emprisonnement de deux ans et d
’
une amende de 300 000 euros ».
5
7
9
11
13
15
17
19
21
23
T1
2015
T2
2015
T3
2015
T4
2015
T1
2016
T2
2016
T3
2016
T4
2016
T1
2017
T2
2017
T3
2017
T4
2017
T1
2018
T2
2018
T3
2018
T4
2018
T1
2019
Taux de l'usure des prêts à la consommation inférieurs à 3 000
€
Taux de l'usure des prêts à la consommation inférieurs de 3 000 à 6 000
€
TAEG pour les prêts sur gages du crédit municipal de Toulouse compris entre 201 et 6 000
€
Taux de l'usure des prêts à la consommation supérieurs à 6 000
€
TAEG pour les prêts sur gages du crédit municipal de Toulouse supérieurs à 6 000
€
graphique 5 : Taux pratiqués au 1
er
janvier 2019 dans les crédits municipaux
Source : Crédits municipaux
* Les frais supplémentaires sont supérieurs à la moyenne de ceux pratiqués dans les autres caisses ce qui permet des taux réduits
La politique menée par le crédit municipal de Toulouse dans ce domaine apparaît cohérente
avec son rôle social.
Les objets gagés
Sur son site internet, le crédit municipal fournit la typologie des objets pouvant être gagés :
bijoux, argenterie, objets
d’art, petits meubles, instruments de musique, horlogerie, jouets anciens,
objets griffés, matériel photographique et informatique notamment. Les bijoux concentrent plus
de 98,2 % des dépôts sur la période 2015-
2018, les autres objets étant pour l’essentie
l de la
vaisselle (cf. annexe 6).
Plus de 200 300 objets ont été déposés en gage au crédit municipal de Toulouse sur ces
quatre années. Ils ont engendré plus de 92 500 contrats, soit une moyenne de deux objets par
contrat. Ce ratio varie de 1 à 26, le cré
dit municipal laissant la possibilité d’établir plusieurs
contrats sans frais fixe supplémentaire.
Le montant moyen estimé des dépôts atteint 800
€
par contrat, avec cependant une forte
variation : de 7,5
€
à 30 000
€
.
L’ensemble des biens déposés a été estimé à 71,6
M€
, générant un
montant de prêts de 46,6
M€
sur la période 2015-2018, soit environ 65 % de la valeur des dépôts.
Contrairement à la période de sortie de crise analysée lors du précédent contrôle, l’entrée
de nouveaux contrats a tendance à baisser : 22 901 contrats ont été ouverts ou renouvelés en 2018,
contre 23 823 en 2015. Au 31 décembre 2018, le crédit municipal de Toulouse présente un stock
de 29 548 contrats de prêt sur gage, pour un total de 11 062 clients.
La procédure des prêts sur gages
Les personnes intéressées se rendent au crédit municipal pour déposer leurs objets, les faire
expertiser et bénéficier du prêt en conséquence.
Une partie des diligences peut être réalisée à distance : sur le site internet du crédit
municipal, les clients peuvent notamment créer un compte, consulter la situation de leurs contrats
de prêt sur gage et payer leurs prolongations.
Le processus de traitement des prêts sur gages est décrit, comme les autres activités du
crédit municipal, dans le guide interne des procédures, mis à jour annuellement et soumis à la
validation du conseil d’orientation et de surveillance. Ce document est prévu par la
réglementation
46
.
La procédure doit également faire l’objet d’une informa
tion publique.
3.3.1.
L’information délivrée au public
L’article D.
514-8-
1 du CMF prévoit, qu’en application de l’article L.
312-3 du code de la
consommation, les caisses doivent communiquer 15 informations à leurs clients, notamment les
conditions d’apprécia
tion, engagement, renouvellement, dégagement et vente (cf. annexe 7).
Les caisses sont tenues de procéder à l’affichage de ces informations de manière claire,
précise, visible et lisible, sur le lieu de réception de la clientèle. Elles peuvent également informer
les consommateurs par le biais d’autres moyens de communication, notamment des fiches,
plaquettes ou dépliants, dès lors que l’information est claire, précise et lisible.
Le crédit municipal de Toulouse remplit ses obligations. Il procède, en différents endroits,
à l’affichage des conditions tarifaires à jour, qui incluent les différents types de crédits proposés,
la durée du contrat, les TAEG, les limitations réglementaires au montant du crédit ou les modalités
d’indemnisation. Il affiche égaleme
nt les informations afférentes à la typologie de biens pouvant
être mis en gage, aux modalités de leur évaluation, aux conditions de renouvellement ou
prolongation du contrat et aux modalités de dégagement.
46
Art. 254 d
e l’arrêté de l’a
utorité de contrôle prudentiel et de résolution du 3 novembre 2014.
3.3.2.
L’évaluation et l’engagement
3.3.2.1.
La qualité
d’appréciateur
Après avoir fait face à plusieurs consultations infructueuses pour la prestation d’estimation,
le crédit municipal de Toulouse avait recruté, en 2005, un appréciateur salarié. Cette organisation
ne respectait pas le CMF, qui prévoit, en son article D. 514-
2, que l’appréciation des objets remis
en gage par les emprunteurs est faite par des commissaires-priseurs judiciaires.
Les évaluations de biens sont désormais réalisées par le salarié d’un commissaire
-priseur,
dans le cadre d’un marché. C
elui-
ci est présent à demeure auprès de l’accueil du
crédit municipal
de Toulouse et est le seul habilité à effectuer des appréciations. Les agents du siège toulousain
n’ont pas la qualité d’appréciateur.
En revanche, aucun commissaire-
priseur n’officie à l’agence de Montauban, où les agents
font office d’
appréciateurs
. Le responsable d’agence a été
recruté
avec l’exigence d’une
expérience en matière d’expertise de bijoux, alors qu’il n’a pas la qualité de commissaire
-priseur.
Cette situation n’est pas ju
ridiquement satisfaisante, eu égard à la règlementation rappelée
ci-dessus. La fiche de poste de son
adjointe prévoit également la mission d’appréciation.
La chambre rappelle
au crédit municipal qu’il
doit avoir recours à un commissaire-priseur
judiciaire pour l’évaluation de
tous les objets mis en gage.
Le directeur a répondu que
l’agence de Montauban sera intégrée dans le marché public de
commissaire-
priseur à l’occasion de son renouvellement en 2020
, mais a précisé
que l’application
de cette réglementation est difficile. La probabilité est donc
faible d’obtenir une offre de
commissaire-priseur pour des appréciations en agence.
3.3.2.2.
Le marché de prisée
Le choix du commissaire-priseur a été effectué en 2014, lorsque le crédit municipal a
décidé de lancer un nouvel appel d’offres, incluant la
reprise du salarié de la caisse et regroupant
en un seul lot,
l’estimation et la vente. Les prestations de prisée, de renouvellement et de vente aux
enchères ont ainsi été attribuées à une étude toulousaine en juin 2014, pour trois ans. Puis, ce
marché a été renouvelé en avril 2017.
Ces deux contrats ont été conclus suivant le régime des marchés à procédure adaptée de
fournitures et services, conformément à la réglementation
47
.
Pour les marchés à procédure adaptée inférieurs à 90 000
€
HT
48
, l’acheteur public a le
choix des supports pour assurer la publicité de ses marchés. La publication a été effectuée dans
« La Gazette du Midi »
et sur le profil d’acheteur du crédit mun
icipal
49
.
47
Le code des marchés de 2006, applicable au premier contrat, prévoyait que tous les services non cités à son article 29 pouvaient
être passés selon une procédure adaptée, quel que soit leur montant. L
’
ordonnance du 23 juillet 2015 et le décret n° 2016-360 du
25 mars 2016, régissant le second marché, permettent également le recours à une procédure adaptée : le service d
’
organisation
de ventes aux enchères n
’
étant pas cité par l
’
article 23 du décret, qui recense les services soumis à une procédure de droit
commun.
48
La rémunération du commissaire-priseur se compose de droits de prisée et d
’
honoraires, qui représentent respectivement
58 000
€ et 30
000
€
en moyenne par an.
49
Marchésonline.com
Concernant la reprise de l’assesseur interne du crédit municipal de Toulouse, les deux
candidats s’y étaient engagés en 2014. L’article L.
1224-3-1 du code du travail prévoit, en effet,
que lorsque l’activité d’une personne morale de droit public
employant des agents non titulaires
de droit public est reprise par une personne morale de droit privé, cette personne morale propose
à ces agents un contrat régi par le code du travail.
Nonobstant cette reprise, les modalités de choix des offres apparaissent contestables.
Deux offres concurrentes émanant de deux commissaires-priseurs toulousains ont été
déposées pour le marché qui a couru de 2014 à 2017. L’offre
retenue proposait un pourcentage de
rémunération plus avantageux pour le crédit municipal
50
. Cependant, le
candidat retenu n’avait
suivi aucune formation en gemmologie, ni ses assesseurs. Il a pourtant obtenu la note de 5/6 pour
le
critère
n° 2
« qualité,
expérience
et
références
en
gemmo
logie
de
l’étude
du
commissaire-priseur » ; un simple engagement à suivre une formation semble avoir suffi.
Le candidat non retenu, ayant suivi des formations en gemmologie de niveaux 1 et 2 en
2004, 2009 et 2013, a obtenu 6/6 sur ce critère. La collaboratrice de ce candidat disposait
également d’une expertise en la matière. Pourtant, ce candidat ne bénéficie que d’un point d’écart
sur ce critère n° 2 et une note identique a été attribuée aux deux candidats sur le critère n° 1
« moyens mis
en œuvre
: préparation des ventes, compétences des assesseurs remplaçants
…
»,
soit 4/6.
Les deux premiers critères étaient pondérés à 30 %, alors que les critères de prix (n° 3) et
de la lettre de motivation «
compte tenu des objectifs sociaux propres à l’établissement
» (n° 4)
étaient pondérés chacun à 20 %.
L’
écart de notation globale des offres est finalement très faible :
43 points pour l’étude
attributaire contre 40 pour l’étude écartée. Si l’étude attributaire avait obtenu une note plus en
phase avec son absence de connaissance en gemmologie, elle n’aurait pas obtenu ce
marché qui a
couru jusque 2017.
Cette entorse à la logique de notation et à l’adéquation des candidats aux critères
d’attribution peut être analysée comme l’octroi d’un avantage au candidat retenu, contraire au
principe d’égalité rappelé à l’article 1
er
de l’ordonnance du 23
juillet 2015 : « Les marchés publics
soumis à la présente ordonnance respectent les principes de liberté d’accès à la commande
publique, d’égalité de traitement des candidats et de transparence des procédures. Ces principes
permettent d’assurer l’efficacité de la commande publique et la bonne utilisation des deniers
publics ».
En 2017, le titulaire du marché a rappelé par courrier à la caisse, peu avant le
renouvellement du marché, son souhait de voir ses tarifs augmenter en raison des charges pesant
sur son étude. Il précisait également que sa collaboratrice avait suivi une première formation en
gemmologie permettant « un survol des lots présentés à la vente ».
Le commissaire-priseur, attrait à la contradiction par la chambre, confirme avoir suivi des
formations complémentaires en gemmologie et souligne les difficultés à rentabiliser sa
participation aux missions du crédit municipal, sans détailler pour autant les charges et
rémunérations afférentes.
50
5,5 % HT, contre 6,5 %
HT proposés par l’offre concurrente.
Lors du renouvellement
, seul le titulaire de l’ancien marché a soumissionné, et
son offre
était en hausse de 36 % par rapport au prix du marché précédent pour la part de rémunération
indexée sur l’adjudication
: 7,50 % HT contre 5,50 % HT. Après négociation
51
, le candidat a revu
son offre et
l’acte d’engagement a été signé au taux de rémunération de 7,08
% HT, soit
8,50 % TTC, rémunération approuvée
par le conseil d’orientation et de surveillance. La hausse
effective de rémunération est donc de 29 %. Par ailleurs, la rémunération indexée sur le montant
des prêts est déjà au maximum légal
52
, soit 0,50 %.
Cette forte augmentation de la rémunération rattrape l’effort qu’il a
vait consenti en 2014,
alors même qu’il avait été manifestement sur
-noté.
Compte tenu de cette situation peu satisfaisante, le renouvellement du marché en 2020
dev
ra être l’occasion non seulement d’ajuster le
périmètre en e
nglobant l’agence de Montauban
mais aussi de procéder à une publicité suffisante vers les études de la Haute-Garonne et du
Tarn-et-Garonne et de garantir une stricte égalité des soumissionnaires.
L’ordonnateur s’engage,
dans sa réponse, à renouveler le marché conformément aux règles applicables.
Recommandation
Mettre en place en 2020 un marché de prisée pour les deux sites de Toulouse et
Monta
uban, en respectant l’égalité des candidats devant la commande publique
.
Non mise
en
œuvre
.
3.3.2.3.
Le contrat d’engagement
Après l’évaluation, l’engagement correspond à la conclusion du contrat de prêt sur gage.
La personne majeure souhaitant déposer un objet en gage signe un contrat, après avoir justifié son
identité et son domicile.
L’année 2018 totalise 22
915 engagements ou renouvellements, pour un montant total de
11,9
M€. L’activité connaît un tassement par rapport à 2015, qui comptait 23
833 nouveaux
contrats, avec néanmoins un volume financier supérieur (11,6
M€
en 2015).
L’acte formalisant l’accord de l’emprunteur e
t de la caisse sur le prêt doit indiquer de
manière claire et lisible les informations exhaustives présentées
à l’article D.
514-9 du CMF,
notamment l’identification du bien, les caractéristiques du prêt, le taux annuel effectif global,
l’absence de droit de rétractation
(cf. annexe 8).
Les contrats de prêt
toulousains rappellent l’exhaustivité de ces informatio
ns
réglementaires.
L’acte formalisé au crédit municipal de Toulouse est nominatif, l’établissement n’utilise
plus de bon au porteur depuis 2012, sécurisant ainsi les opérations.
La carte nationale d’identité et un justificatif de domicile sont demandés p
ar les services
du crédit municipal, conformément à l’article D.
514-1 du CMF, et scannés. Ces pièces ne sont
pas annexées aux contrats mais conservées dans un répertoire.
51
Procès-verbal
de la commission d’appels d’offres du 3 mai 2017.
52
Art. D. 514-5 du CMF.
Le contrôle des dossiers
clients ayant fait l’objet d’un cumul de prêts important,
supérieur
à 50 000
€, ou d’un cumul de
bonis
élevé, supérieur à 10 000
€
, depuis le 1
er
janvier 2015, confirme
la présence des pièces justificatives requises.
Pour le
contrôle périodique imposé par l’arrêté de l’autorité de contrôle prudentiel et de
résolution du 3 novembre 2014, le crédit municipal a commandé, fin 2018, un audit des prêts sur
gages délivrés par l’agence de Montauban
, qui a, notamment, relevé que les pièces justificatives
collectées ne sont ni classées par client et ni toujours conformes à la règlementation. Même si
l’audit a porté sur un petit échantillon
53
, le crédit municipal doit continuer à sensibiliser ses agents
à la vérification des pièces fournies par les emprunteurs.
La signature du contrat est accompagnée du versement du capital au client, ce dernier étant
alors engagé pour six mois, sauf dégagement de sa part.
3.3.3.
La prolongation et le renouvellement
En 2018, 29 126 contrats de prêt sur gage ont été prolongés et 7 583 ont été renouvelés,
soit des volumes comparables aux années précédentes.
D’après le guide interne des procédures,
« les prêts sont accordés pour une durée initiale
de six mois, reconductible après versement des intérêts et des droits ».
À l’issue des six mois, un contrat peut faire l’objet d’une prolongation, mo
yennant le
paiement des intérêts. Or, 1 965 contrats en stock au 31 décembre 2018 sont engagés depuis plus
de six mois sans avoir été prolongés. Dix d’entre eux, pour un encours de 2
815
€, font l’objet
d’une opposition de police, ce qui justifie leur main
tien dans les encours. Les 1 955 autres contrats
représentent un encours de près de 0,713
M€
.
tableau 7 : Prêts engagés* depuis plus de 6 mois sans prolongation au 31 décembre 2018
Contrats
Encours de prêts
Prêts inférieurs à 51
€
403
12 825
€
Prêts de 51
€
à 200
€
608
71 960
€
Prêts de 201
€
à 5 999
€
943
621 670
€
Prêts supérieurs à 5 999
€
1
7 000
€
Total général
1 955
713 455
€
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
-exploitations
informatiques
* Hors oppositions de police
La caisse veille à éviter la vente en cas de non-remboursement par le client par différentes
diligences et notamment des relances ou un délai exceptionnel accordé à l’engagiste. Cela peut
allonger la durée du contrat en attendan
t une solution pour le solder. En outre, un retard s’accumule
à chaque fin d’année en raison du calendrier des ventes
:
aucune vente n’étant programmée durant
les mois de juillet à septembre et les réquisitions devant être soldées, la résorption du retard prend
plusieurs mois. Ainsi, les contrats sélectionnés pour les ventes présentent une dernière date
d’opération qui peut
être ancienne de 9 à 12 mois.
Pour autant, parmi ces contrats, 373 dossiers dépassent 12 mois et peuvent même atteindre
une durée de 24 mois. Ils totalisent près de 100 000
€
d’encours.
53
Un justificatif de domicile non conforme, sur six dossiers vérifiés
.
La caisse devra veiller, à défaut de demande de prolongation des contrats, à mettre en vente
les biens correspondants dans des délais plus courts.
Concernant les dossiers prolongés, 16 811 contrats sont en cours au 31 décembre 2018. Un
contrat peut être prolongé plusieurs fois, dans la limite de la durée totale prévue par l’article
D. 514- 7 du CMF : «
Le conseil d’orientation et de surveillance détermine la durée des prêts.
Celle-ci ne peut excéder deux ans, y incluant la prolongation des prêts ». En dehors des trois
contrats prolongés faisant l’objet d’une opposition de police, 2
786 contrats ont une date
d’engagement antérieure à deux ans, dépassant ainsi la durée maximale prévue par la
réglementation. Leur encours totalise plus de 1,4
M€
.
Les dossiers peuvent également être renouvelés. Contrairement à la prolongation, le
renouvellement s’analyse comme une opération de dégagement et d’engagement simultanée.
Chaque renouvellement implique une ré-estima
tion des objets gagés et la conclusion d’un nouveau
contrat d’une durée de six mois. Parmi les 4
657 contrats renouvelés, ne faisant pas l’objet d’une
opposition de police, trois excédaient la durée réglementaire de deux ans pour un encours de 610
€
au 31 décembre 2018.
Au total, 2 789 contrats excèdent la durée maximale de deux ans. Parmi eux, 360 dossiers
ont une ancienneté de plus de 30 mois, soit 6 mois au-delà de la durée légale, et totalisent près de
170 000
€
.
graphique 6 : Nombre et encours des contrats* de plus de deux ans
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- exploitations informatiques
* Hors oppositions de police
Le crédit municipal précise que « nos clients ne respectent pas les dat
es d’
échéances de
façon précise. Si un paiement intervient un peu avant les 2 ans il donnera lieu à une prolongation.
S
’il y a du retard à l’échéance suivante, nous serons au
-
delà de 30 mois dans l’attente du
renouvellement ».
La chambre recommande au crédit municipal de respecter la durée légale des contrats de
prêt sur gage. La caisse ne saurait accepter des prolongations de six mois sollicitées après le
18
ème
mo
is d’
application du contrat. Elle doit soit le prolonger
pour la durée permettant d’atteindre
deux ans, soit effectuer son renouvellement.
658
567
405
368
218
213
94
83
51
53
31
32
10
5
1
0 €
50 000 €
100 000 €
150 000 €
200 000 €
250 000 €
300 000 €
350 000 €
400 000 €
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
40
Ancienneté en mois
S’agissant de la non prolongation des contrats ayant dépassé 6 mois, l’ordonnateur indique
dans sa réponse qu’il va solliciter le commissaire
-priseur pour augmenter le nombre de ventes aux
enchères. Concernant la durée légale de 24 mois, prolongations incluses, il précise que le client
n’est plus autorisé, depuis septembre 2019, à effectuer une prolongation après le 18
ème
mois. Seul
un renouvellement du contrat est désormais possible. Une modification informatique a également
été opérée afin de se mettre en conformité avec la réglementation.
Recommandation
Respecter la durée maximale des contrats de prêt sur gage prévue par la
règlementation.
T
otalement mise en œuvre
.
3.3.4.
La vente aux enchères
Les contrats de prêt s’achèvent toujours par un dégagement ou une vente. Près de 90
% des
objets déposés au crédit municipal de Toulouse sont récupérés par leurs propriétaires et ne font
donc pas l’objet d’une vente.
L’engagiste peut, à
tout moment, demander le dégagement des objets gagés après
règlement du capital, des intérêts et les différents frais applicables. Pour les biens engagés entre
2015 et 2018, le délai moyen entre le nantissement et le dégagement est de huit mois.
À l’inverse, les biens qui n’ont pas été dégagés ou renouvelés sont vendus aux enchères
publiques par le commissaire-
priseur pour le compte de l’établissement. Environ 24 sessions de
ventes aux enchères sont organisées chaque année. Le directeur établit le rôle des biens remis en
gage à vendre. Ce rôle est rendu exécutoire par une ordonnance du président du tribunal de grande
instance.
L’activité des ventes aux enchères totalise 3
767 ventes en 2018, dans la moyenne de la
période
54
. Le montant des adjudications s’
élève à 1,4
M€
annuels.
L’acheteur règle son achat au commissaire
-priseur. Ce règlement comprend les droits sur
adjudications et les éventuelles taxes forfaitaires.
À l’issue des ventes, le crédit municipal émet mensuellement un titre à l’encontre du
commissaire-priseur
55
. Ce titre regroupe les prêts ou avances accordés au vendeur, les intérêts
jusqu’au 7
ème
mois, les frais de garantie, les taxes forfaitaires et les éventuels
bonis
. Si le montant
de l’adjudication ne couvre pas l’ensemble de ces éléments, le déficit est bien mis à la charge du
commissaire-
priseur, conformément à cette procédure. Pour les biens appréciés par l’agence de
Montauban, le titre émis à l’encontre du commis
saire-priseur est minoré du
mali
éventuel.
3.3.4.1.
La qualité de l’évaluation
La qualité de l’appréciation peut s’évaluer en comparant les montants estimés avec les
montants des adjudications. Parmi les 92 533 contrats établis entre 2015 et 2018, 10 910 ont donné
lieu à une vente, soit 12 %. Un peu plus de la moitié de ces ventes était requise par les clients.
54
3 763 ventes en moyenne par an entre 2015 et 2018.
55
Crédit du compte 707001 « Droits sur adjudications ».
Sauf évolution majeure des cours de l’or entre l’évaluation du bien et la vente aux enchères
éventuelle, la cession d’un objet n’a pas vocation à géné
rer de
boni
ou de
mali
significatif.
Globalement, les biens vendus étaient estimés à 6,12
M€
alors qu’ils ont été adjugés à
6,76
M€
, soit une différence de 0,64
M€, à mettre notamment en regard avec l’évolution à la
hausse du prix de l’or (
cf. § 3.1.3). En outre, compte tenu de la prise en charge des
malis
par le
commissaire-
priseur, l’appréciateur peut avoir tendance à sous
-estimer la valeur des objets. Dans
73 %
des cas, les écarts avec les estimations n’excèdent pas 100
€
.
Cependant, quatre ventes ont été fortement sous-évaluées, de plus de 20 000
€
chacune. Il
s’agit chaque fois de ventes requises de lots importants de bouteilles de vin. L’adjudication dépasse
souvent le double de l’appréciation.
tableau 8 : Principaux écart
s entre l’adjudication et l’estimation
Objet
Date
d’engagement
Estimation
Avances ou
prêts
Vente
requise
Date de
vente
Adjudication
Écart
Lot de 597 bouteilles de vin
18/12/2017
33 000
€
22 000
€
Oui
18/04/2018
72 430
€
39 430
€
Magnums ( 945 bouteilles)
20/01/2017
27 000
€
18 000
€
Oui
19/04/2017
59 058
€
32 058
€
Lot de 378 bouteilles
22/06/2018
24 000
€
16 000
€
Oui
28/09/2018
52 541
€
28 541
€
689 bouteilles de vin
13/06/2017
27 000
€
18 000
€
Oui
16/09/2017
48 175
€
21 175
€
Bague or diamant
26/05/2016
4 650
€
3 100
€
Non
15/11/2017
16 600
€
11 950
€
Bague or diamant
11/09/2015
7 500
€
5 000
€
Oui
16/12/2015
18 500
€
11 000
€
Tableau Thomas DEGEORGE
19/11/2015
7 500
€
5 000
€
Non
15/02/2017
5 000
€
-2 500
€
Lot de bijoux
28/03/2018
9 750
€
6 500
€
Oui
17/10/2018
6 450
€
-3 300
€
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- exploitations informatiques
À l’inverse, la plus forte surestimation concerne un lot de cinq bijoux (bagues, collier et
montre) qui a été adjugé à 6 450
€
alors qu’il était estimé à 9
750
€
. Au total, 954 ventes ont ainsi
fait l’objet d’un
mali
entre 2015 et 2018, pour un montant total de 34 744
€
. En 2018, les déficits
ont atteint 11 232
€
, dont 9 158
€
à la charge du commissaire-priseur
56
.
En garantie de cette responsabilité, les commissaires-priseurs doivent soit verser à la caisse
des cautionnements, soit obtenir un engagement de caution d’une société d’assurance, de
financement ou d’un organisme professionnel. Le monta
nt minimum de la garantie est fixé par le
conseil d’orientation et de surveillance.
En cas de
mali
, le crédit municipal enregistre souvent une moins-value égale aux intérêts
non perçus à partir du 7
ème
mois, augmentés des pénalités éventuelles pour paiement tardif des
intérêts (2 % du capital prêté). Cette moins-
value s’élève à plus de 6
300
€
pour la période sous
revue.
Si l’estimation des biens est, dans la grande majorité des cas, proche de leur prix de vente,
le crédit municipal devra veiller, lors du renouvellement du marché de prisée, à l’amélioration de
l’appréciation
de certains dépôts, notamment les lots de vin.
56
À l
’
agence de Montauban, 29 contrats ont généré des
malis
depuis son ouverture en février 2018 pour un total de 474
€
qui sera
à la charge du crédit municipal de Toulouse en l
’
absence d
’
un appréciateur judiciaire. Il s
’
agissait chaque fois de ventes requises.
3.3.4.2.
L’impact social pour les contrats de faible valeur
Les prêts inférieurs ou égaux à 50
€
engagés ou renouvelés au cours de la période sous
revue, à savoir 6 063 contrats, ont donné lieu à une vente dans 32 % des cas. Elles ont généré plus
de 51 500
€
de
bonis
, soit 26
€
en moyenne par vente, tandis que la caisse
n’a perçu aucun intérêt
proportionnel.
Pour 4 % de ces ventes, les engagistes ont perçu 100
€
ou plus de
bonis
, soit au moins deux
fois le montant prêté.
Pour neuf contrats, le
boni
est supérieur à 300
€
, soit plus de six fois le montant du prêt
initial. Parmi eux, deux ont généré des
bonis
de plus de 900
€
.
tableau 9 :
Boni
de plus de 300
€
pour des prêts inférieurs à 50
€
Objets
Type
Estimation
Prêts ou
avances
Vente
Droit
fixe
Boni
Plats en métal argenté
Vente requise
15,00
€
10
€
340
€
0,10
€
329,90
€
Violon +2 archets +boite
Vente requise
75,00
€
50
€
390
€
0,50
€
339,50
€
École romantique "Portrait"
Vente requise
60,00
€
40
€
400
€
0,40
€
359,60
€
Huile sur toile "Les pêcheurs"
Vente requise
60,00
€
40
€
455
€
0,40
€
414,60
€
Paire de vases en opaline
Vente requise
45,00
€
30
€
445
€
0,30
€
414,70
€
Huile sur toile André DEYMON
Prêt sur gage
60,00
€
40
€
490
€
0,40
€
449,60
€
Guitare 19e accidentée
Prêt sur gage
37,50
€
25
€
510
€
0,25
€
484,75
€
Vase en grès émaillé
Vente requise
30,00
€
20
€
925
€
0,20
€
904,80
€
Collier perles de culture
Vente requise
75,00
€
50
€
1 500
€
0,50
€
1 449,50
€
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- exploitations informatiques
Des
bonis
importants sur des prêts de faible valeur peuvent être révélateurs d’un
manquement dans la mission sociale de la caisse. En effet, ils privent des personnes dans le besoin
de ressources, durant la durée du contrat, en raison d’une forte sous
-estimation des objets nantis.
Le crédit municipal devrait demander au commissaire-priseur de veiller à ne pas minorer
les prêts ou avances consentis pour les biens les plus modestes.
3.3.4.3.
Les
bonis
non réclamés et indemnités
En cas de
boni
, le porteur du contrat dispose d’un délai de deux ans pour le récupérer. À
défaut, le
boni
non réclamé est acquis à la caisse. Cela a été le cas pour 6 % des
bonis
des prêts
engagés depuis 2015, générant un gain de 20 564
€
pour le crédit municipal. Dans la plupart des
cas, les
bonis
non réclamés sont d’un montant assez limité. Les trois quarts d’entre eux sont
inférieurs à 78
€
.
La caisse assure des diligences
57
de relance ou recherche des clients pour limiter les
bonis
non réclamés. Pour autant, certains atteignent des sommes non négligeables pour des personnes
en situation de fragilité économique : 10 % de ces
bonis
non réclamés dépassent 160
€
et le plus
important atteint 1 763
€
.
La chambre demande au crédit municipal de
mettre en œuvre tous les moyens pour restituer
les
bonis
à leurs ayant-droits.
57
Notamment par lettre, conformément à l’article D.
514-
21 du CMF, et par l’envoi de SMS.
Par ailleurs, si l’objet, durant sa conservation par le crédit municipal, a été endommagé ou
perdu, l’établissement engage sa responsabilité
dans les conditions définies par les articles
D. 514-12 et D. 514-
13 du CMF et doit verser à l’emprunteur une indemnité égale à l’estimation
du bien, majorée de 25 %
. L’audit des prêts sur gages délivrés à l’agence de Montauban a relevé
dans un cas que le calcul de
l’indemnité forfaitaire
ne respectait pas cette majoration. Cette erreur
a fait depuis
l’objet d’une régularisation et un rappel de la procédure a été effectué.
3.3.4.4.
Les réquisitions de vente
Les engagistes peuvent, dès la signature du contrat de prêt, demander que leur bien soit
vendu. Les ventes requises par les clients supposent la formalisation d
’
un contrat de prêt et le
paiement de trois mois d
’
intérêts à la caisse, et sont consenties au même taux qu
’
un prêt sur gage
classique.
L
’
examen des contrats engagés ou renouvelés sur la période sous revue fait apparaître
6 047 demandes de ventes formulées par les engagistes. Le crédit municipal verse une somme dès
le jour du dépôt, qui permet d
’
anticiper le produit de la vente. Après un délai légal de trois mois,
la caisse présentera l
’
objet à l
’
une des ventes aux enchères et reversera au client la différence entre
l
’
adjudication et le montant de l
’
avance majorée des frais.
Au 31 décembre 2018, 91 % de ces biens avaient fait l
’
objet d
’
une vente, les autres étant
engagés depuis moins de trois mois
58
.
Près de 93 % des adjudications ont été supérieures aux avances consenties augmentées des
frais et de l
’
éventuelle taxe forfaitaire sur les objets précieux
59
. Elles ont généré un
boni
de 1,4
M€
,
soit 279
€
en moyenne par vente requise.
Sur la période, près de 400 ventes requises se sont soldées par un
mali
pour un montant
global de 12 726
€
, dont 12 244
€
à la charge de l
’appréciateur,
commissaire-priseur ou crédit
municipal pour Montauban.
Il apparaît que certains engagistes recourent aux services de la caisse dans le seul but
d
’
obtenir, à moindre coût, une vente aux enchères de leurs biens, les ventes organisées par la caisse
n
’
étant soumises qu
’
à
un droit d’adjudication réduit
: 14,4 % à la charge de l
’
acheteur en 2018. De
surcroît, la caisse a décidé de ne prélever aucun droit de mise en vente
à l’encontre des vendeurs,
souvent fragilisés, à l
’
exception d
’
éventuels frais de garantie dès lors qu
’
au moins un objet a
bénéficié de l
’
apposition d
’
un poinçon.
En comparaison, une personne désirant vendre, hors caisse, des biens aux enchères doit
supporter des frais de mise en vente, variables et négociables suivant les commissaires-priseurs,
qui représentent généralement entre 15 et 25 % du prix de l
’
adjudication. La vente est également
soumise aux droits d
’
adjudication à la charge de l
’
acheteur : 14,4 % pour les ventes judiciaires et
environ 10 à 20 % pour les ventes volontaires, ces frais supplémentaires ayant naturellement une
incidence en termes d
’
enchères.
C
’
est ainsi que 31 ventes requises ont concerné des biens estimés à plus de 5 000
€
. Au
final, ces objets ont été vendus pour 448 519
€
, générant une recette de 430 913
€
pour les clients.
58
Sauf rétractation exceptionnelle du client.
59
6,5 % des ventes supérieures à 5 000
€.
En particulier, un engagiste a signé quatre contrats pour des lots de vins estimés à 111 000
€
qui
lui ont finalement rapporté 229 850
€
. Un autre client a requis une
vente d’un lingot, estimé à
24 000
€
, qui lui a généré un gain de 28 630
€
.
Il n
’
appartient pas au crédit municipal de refuser une vente sollicitée par un client.
Cependant, la chambre observe que les grandes ventes de vins sont proposées par la caisse comme
un service particulier, faisant l
’
objet d
’
une communication dédiée, et entrent directement en
concurrence avec les ventes aux enchères privées. Le directeur considère, dans sa réponse, les
ventes de vins réalisées une fois par an, comme une opération de communication destinée à mieux
faire connaitre, et à moindre coût,
l’établissement et les différents services qu’il propose
. La
chambre suggère
au crédit municipal d’appliquer des droits de mise en vente différenciés selon la
valeur estimée des biens, ciblant ainsi les engagistes non vulnérables et préservant sa vocation
sociale.
3.3.4.5.
Le délai réglementaire de trois mois pour les ventes
L’art
icle D. 514-15 du CMF dispose
qu’
» après un délai de trois mois à partir du jour du
dépôt de son bien remis en gage, tout déposant peut solliciter, aux périodes de ventes fixées par le
règlement intérieur de l’établissement, la vente de ce bien, avant même
le terme fixé sur sa
reconnaissance ».
Parmi les objets engagés sur la période 2015 à 2018, le crédit municipal a respecté les
dispositions réglementaires qui prohibent les ventes dans un délai de trois mois après
l’engagement
.
_______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_______________________
La localisation de l’offre de prêt sur gage à Toulouse et Montauban paraît judicieuse au
regard du taux de pauvreté de ces communes.
L’activité de l’agence de Montauban monte
de
surcroît en charge.
Pour autant, de nombreux territoires, notamment au sud de l’aire urbaine, ne
bénéficient pas des services de la caisse alors qu’ils abritent
également des populations précaires.
Concernant les taux pratiqués, le crédit municipal de Toulouse se situe au niveau national
dans une fourchette basse et garantit efficacement ses emprunteurs contre l’usure. Il remplit sa
mission sociale.
L’appréciation des objets déposés est assurée par un commissaire
-priseur dans le cadre
d’un marché, sauf à l’agence de Montauban où les agents de la caisse assurent cette mission, en
contradiction avec la réglementation. À l’occasion de l’attribution de ce
marché, la caisse n’a pas
respecté l’égalité de traitement des candidats.
De nombreux contrats sont engagés depuis plus de six mois sans avoir été prolongés,
dépassant parfois largement la durée prévue au guide des procédures. Parmi les prêts prolongés,
un nombre important a dépassé la durée légale de deux ans. La caisse a mis en œuvre la
recommandation de la chambre visant à respecter désormais ce délai légal.
4.
MICROCRÉDIT ET ÉPARGNE SOLIDAIRE
L’activité de microcrédit
Les prêts octroyés dans le cadr
e de l’activité de microcrédit, pour des montants de 300
€
à
3 000
€
, présentent une durée de 6 à 36 mois, à un taux effectif global de 3,04 %. Leur encours
2018 représente 0,370
M€
60
et regroupe 287 clients, contre 161 en 2015. Le montant moyen du
prêt est de 2 374
€
en 2018, relativement stable depuis 2015. 88 % des clients résident à Toulouse
et 9,5 % dans les autres villes de Haute-Garonne.
Le crédit municipal a mis en place en mars 2018 une convention de partenariat avec le
conseil départemental du Tarn-et-Garonne, qui reprend les mêmes engagements. Aucune
démarche similaire n’existe avec le département de la Haute
-Garonne, sur le territoire duquel est
situé le crédit municipal et qui constitue le principal intervenant d’Occitanie dans l’aide sociale.
Pourtant, le public fragilisé haut-garonnais pourrait utilement bénéficier du même type de
partenariat.
Ces prêts bénéficient par ailleurs du cautionnement solidaire du fonds de cohésion sociale,
via une convention entre le crédit municipal et la caisse des dépôts, gestionnaire du fonds, à hauteur
de 50 % des impayés plafonnés. Le crédit municipal de Toulouse et la ville de Toulouse
interviennent en complément, respectivement pour 35 % et 15 %, par convention du 6 juin 2008,
reconduite tous les trois ans.
Par une autre convention du même jour entre le crédit municipal de Toulouse et la
commune de Toulouse, les intérêts imputables aux toulousains sont pris en charge par la commune,
ramenant ainsi le taux à 0 %.
Le guide interne des procédures prévoit que les justificatifs de revenus et de charges sont
systématiquement demandés et archivés dans le dossier du client
61
. Ces documents sont collectés
par la structure sociale accompagnante.
En outre, le contenu des contrats de microcrédit respecte l’exhaustivité d
es informations
réglementaires prévues par l’article R.
312-10 du code de la consommation, notamment le délai
de mise à disposition des fonds de 14 jours, le droit de l’emprunteur de recevoir un relevé sous la
forme de tableau d’amortissement et l’adresse de l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution.
Les opérations de vérification concernant l’épargne solidaire et le microcrédit sont
sécurisées.
Lors du précédent contrôle de la chambre, il avait été relevé que la description des
processus de vérification gagnerait à être précisée dans le guide des procédures.
C’est désormais
le cas. Le guide des procédures précise bien
les conditions d’éligibilité, les caractéristiques des
prêts, leurs modalités de réalisation et de remboursement, les outils et conventions afférents, les
procédures de recouvrement et les instances de suivi. Cette formalisation n’appelle pas de nouvelle
observation de la part de la chambre.
60
Encours net des provisions (18
k€).
61
Notamment carte nationale d’identité, livret de famille, relevés de comptes, carte vitale, fiches de paie, contrat de travail
, avis
d’imposition, RIB, quittance de loyer et factures d’énergie.
Les produits d’épargne solidaire
Afin de faire face à l
’
augmenta
tion des cours de l’or et
de financer son activité de prêt sur
gage et de microcrédit, le crédit municipal propose depuis 2011 aux épargnants des livrets
solidaires, et depuis 2012 des comptes à terme.
Ces produits permettent d’assurer une partie des
besoins de trésorerie de la caisse. En effet, à
l’inverse des prêts sur gages et microcrédits, ces
produits visent plutôt des clients disposant de fonds personnels, parfois importants.
À ce jour, plusieurs crédits municipaux proposent de tels produits, notamment les caisses
de Paris, Toulouse, Nantes ou Bordeaux, qui ont été précurseurs sur ce champ d’activité.
Le capital déposé sur des produits d’épargne solidaire provient à 55
%
d’habitants de
Toulouse et 23 % du reste de la Haute-Garonne. 8 % proviennent des autres départements
d’Occitanie
62
.
4.2.1.
Les livrets d
’
épargne
Les livrets d
’
épargne solidaires peuvent être ouverts par toute personne physique majeure
résidant fiscalement en France ou par tout organisme sans but lucratif. Le capital déposé est affecté
aux actions sociales du crédit municipal : microcrédits et prêts sur gages.
L’
épargnant a aussi la
possibilité de reverser une partie ou la totalité de ses intérêts à une association partenaire dans le
domaine du handicap ou de la pauvreté, avec déduction fiscale.
Le livret d
’
épargne solidaire est rémunéré à 0,50 % brut par an. Ce taux a baissé sur toute
la période
alors qu’il était
de 2 % début 2015. Les dépôts sur les livrets d
’
épargne solidaires sont
relativement stables et représentent 3,33
M€
fin 2018, pour 124 clients particuliers et quatre
associations.
Les pièces sont identiques à celles demandées pour les comptes à terme. Dans son
précédent rapport, la chambre signalait la nécessité d’actualiser les procédures de justification de
la provenance des fonds pour tous versements aboutissant à un montant de 100 000
€
sur une
période de 12 mois consécutifs.
La procédure de collecte des informations sur la provenance des fonds a été modifiée
courant 2014, Le manuel actuel des procédures précise que les pièces sont scannées et que ce scan
est conservé dans le dossier dématérialisé du client. Il indique bien la nécessité de fournir les actes
notariés de succession ou de vente ou relevés de comptes pour tout dépôt, initial ou en cumul sur
un an, supérieur ou égal à 80 000
€. L’examen d’un échantillon de dix dossiers de livrets d’épargne
et dix dossiers de comptes à terme, présentant les montants les plus importants, a permis de
constater la présence des pièces requises.
4.2.2.
Les comptes à terme
Le crédit municipal propose, depuis 2012, des comptes à terme (CAT) aux personnes
physiques majeures ou personnes morales sans but lucratif. Ce sont des comptes de dépôt de fonds,
bloqués et à durée déterminée
63
. Ils sont tacitement reconductibles et rémunérés. Les CAT de 12
62
Chiffres issus du rapport de contrôle interne 2017.
63
Recommandation de l’autorité de contrôle prudentiel sur la commercialisation des comptes à terme n°
2012-R-02 du
12 octobre 2012 et décisions de caractère général n
os
69-02 et 03 du 8 mai 1969 du Conseil national du crédit.
mois sont rémunérés à 0,60 % et ceux de 24 mois à 0,70 % brut par an. Les contrats de 36 mois ne
sont plus proposés depuis 2017.
L
’
ouverture des comptes à terme
entraîne l’ouverture simultanée d’un livret d’épargne
solidaire, vide. Il obéit aux mêmes règles que ces livrets.
À l’échéance du CAT, sauf ordre
contraire du souscripteur, le capital et les intérêts sont réinvestis pour une même durée, au nouveau
taux en
vigueur. En cas d’ordre contraire, les fonds sont déposés sur le livret, pour y rester ou être
virés vers un compte extérieur à la demande du client.
L
’
encours des comptes à terme a connu une baisse très significative en 2017, soit - 2,5
M€
,
passant de 2,94
M€
à 0,425
M€
pour les clients particuliers. Cette chute de l’encours
provient
directement de
l’arrivée
à échéance des contrats mais aussi du faible renouvellement du stock.
En effet, le crédit municipal fait varier les taux une à trois fois par an, afin de piloter le
stock des CAT. Les taux sur 12 mois ont varié de 1,10 % à 2,60 % en 2014-2015, puis 0,60 % en
2017. Les taux sur 24 mois ont varié de 1,20 % à 2,90 % en 2014-2015, puis 0,70 % en 2017. En
conséquence, les titulaires n’ont pas souhaité re
nouveler leurs contrats et peu de nouveaux clients
se sont manifestés. La caisse précise qu’elle a voulu éviter de gonfler sa trésorerie.
Une pratique
de taux inadaptée pour des comptes à terme conduirait, selon sa réponse, à un afflux de clients et
donc à une collecte de fonds qui ne correspondrait pas avec un coût de financement élevé. Il lui
est apparu beaucoup plus pertinent, ponctuellement, de solliciter un autre crédit municipal (à un
taux faible) pour un meilleur pilotage et une trésorerie adaptée à la situation financière de
l’établissement.
C’est ainsi qu’elle a conventionné en 2017 avec le crédit municipal d’Avignon, dans le
cadre des échanges financiers entre les caisses, pour bénéficier de 1
M€
de la part de ce dernier,
remboursables
in fine
. Pour la caisse de Toulouse, ce contrat est plus avantageux que les CAT des
particuliers : elle ne doit, en effet, verser que 1 %
d’intérêts pendant trois ans.
Le crédit municipal de Toulouse a ainsi comptabilisé 1,4
M€
à son encours de comptes à
terme fin 2018, dont seulement 0,425
M€
d’encours au profit des particuliers. Le nombre de
contrats est ainsi passé de 105 en 2015 à 13 en 2018.
Ce
contrat avec la caisse d’Avignon est constitutif d’un emprunt et non d’un compte à
terme. Sur ce point, l’enregistrement comptable effectué par le crédit municipal n’est pas co
nforme
à la règlementation (cf. § 5.2.1
). L’encours réel des comptes à terme se limite à 0,425
M€
.
_______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_______________________
Le crédit municipal a amélioré la gestion de ses microcrédits et livrets d
’
épargne solidaire.
Il a quasiment supprimé son activité de comptes à terme, via une forte baisse des intérêts
versés. L
’
établissement a préféré alimenter sa trésorerie par un em
prunt auprès d’une autre
caisse.
5.
FIABILITÉ DES COMPTES
La régularisation de l
’affectation des
bonis
prescrits
La chambre avait recommandé, lors de son précédent contrôle, de prévoir une délibération
annuelle du conseil d’orientation et de surveillance sur l’affectation des
bonis
prescrits. Celle-ci
devan
t s’effectuer au compte 1052
«
Bonis
capitalisés », conformément aux textes applicables.
Les conditions d’utilisation des
bonis
résultant de la vente des objets mis en gage sont
précisées à l’article D.
514-21 du CMF : «
Lorsqu’à l’expiration d’un délai de trois mois après la
liquidation du produit des ventes les emprunteurs n’ont pas demandé le remboursement des
bonis
qui leur reviennent, l’établissement avise les intéressés, par lettre affranchie adressée dans le
respect des règles de confidentialité, de ces
bonis
, lorsqu’ils sont égau
x ou supérieurs à 15 euros
[…].
Les sommes provenant des
bonis
sont conservées en dépôt jusqu’à la réclamation des ayants
droit ou, à défaut de réclamation, pendant un délai de deux ans, à compter de la vente. À
l’expiration de ce délai, ces sommes sont définitivement acquises à l’établissement sauf dérogation
exceptionnelle accordée par le conseil d’orientation et de surveillance.
»
Pendant le délai de deux ans à compter de la vente, les
bonis
figurent au crédit du compte
415 «
Bonis
à régler »
. À l’expiration de ce délai de prescription, ces sommes sont définitivement
acquises à l’établissement. Selon les dispositions de l’article R.
514-34 du CMF, les
bonis
prescrits
doivent être inscrits à la section de dotation. Plus précisément, compte tenu des indications
formulées dans
l’instruction
n° 206 CM du 25 août 1980, ces
bonis
non réclamés doivent être
inscrits au compte 1052 «
Bonis
capitalisés ».
Or, l’établissement intégrait les
bonis
prescrits au calcul de son résultat
64
. Ce schéma
comptable retenu par la caisse faussait le résultat et conduisait indirectement à faire figurer les
bonis
en augmentation du « report à nouveau », sans distinction particulière. Ce procédé privait le
conseil
d’orientation et de surveillance de l’information sur les
bonis
prescrits.
Toutefois, depuis une délibération
du 9 décembre 2014, le conseil d’orientation et de
surveillance a validé le principe de l’inscription des
bonis
prescrits en compte de bilan 1052. Les
grands livres comptables traduisent effectivement leur capitalisation à compter de 2015, faisant
porter le montant total des
bonis
capitalisés à 1,7
M€
au 31 décembre 2018.
Les défauts de fiabilité restant à traiter
Nonobstant la certification d
es comptes par un commissaire aux comptes et l’intervention
régulière d’un cabinet d’audit, des irrégularités subsistent en matière de fiabilité budgétaire et
comptable.
5.2.1.
L’inscription des emprunts
La nomenclature des caisses de crédit municipal prévoit
que l’imputation budgétaire et
comptable des emprunts à long terme diffère selon l’objet de l’emprunt
: les emprunts destinés à
financer les investissements sont imputés au compte 16, alors que les emprunts réalisés pour
financer les opérations de prêts sont imputés à une subdivision du compte 50 « Financement des
64
Inscription erronée au crédit du compte de produits 700200.
opérations de prêts ». Le cadre comptable de la nomenclature prévoit en effet un compte 500
« Emprunts auprès des organismes publics financiers ».
Le capital reçu de la part du crédit municipal d’Avignon, en vertu du contrat passé en 2017,
a été enregistré par le crédit municipal de Toulouse en compte 506 comme un dépôt sur compte à
terme.
Pourtant, ce contrat est qualifié de prêt et validé comme tel par la délibération du conseil
d’orientation et de surveillance de Toulouse du 15
juin 2017, et contrairement aux comptes à
terme, il n’est pas tacitement reconductible et ne répond pas aux conditions de taux et de durée
décidées par la caisse de Toulouse en 2017.
Cet emprunt est destiné au financement des prêts sur gages, il doit être imputé en compte
500 et non en compte 506 dédié aux comptes à terme, rendant ainsi visible dans les comptes la
dette du crédit municipal de Toulouse.
Même si cette correction d’inscription est neutre pour le besoin en fonds de roulement et
la trésorerie de l’établissement, la chambre demande à la caisse de comptabiliser
cet emprunt
conformément à la réglementation.
L’ordonnateur a indiqué, dans sa répon
se, que la rectification
de l’écriture comptable a été opérée.
5.2.2.
Le respect de l’annualité budgétaire
Le crédit municipal de Toulouse a voté une décision modificative n° 3 au budget 2017, le
3 avril
2018, afin d’abonder des dépenses fiscales
: 40 456
€
d’
impôts sur les bénéfices et 2 000
€
d’autres taxes. Cette décision modificative a été prise au
-
delà de l’exercice comptable, journée
complémentaire incluse
65
.
La caisse a procédé de la même manière chaque année.
Le principe comptable d’annualité budgétaire implique que le budget est voté pour l’année
civile et qu’il peut être modifié pendant l’exercice. Les décisions modificatives ajustent les
prévisions en cours d’année. La
nomenclature comptable du 25 août 1980 ne prévoit pas de
dérogation au principe de l
’
annualité au profit des crédits municipaux, ni le CMF.
La caisse précise que « les dépenses fiscales (impôt sur les sociétés) sont déterminées par
le résultat. Le résultat n
’
est définitif qu
’
après validation par les commissaires aux comptes,
lesquels n
’
interviennent dans l
’
établissement qu
’
après la clôture des comptes et au mieux au mois
de février. La décision modificative concernant les dépenses fiscales ne peut donc intervenir que
lors du 1
er
conseil d’organisation et de surveillance
qui suit la clôture de l
’
exercice ».
Le budget et les décisions modificatives, s’ils doivent respecter le principe de sincérité,
demeurent des actes prévisionnels. C’est au compte administratif que la caisse doit traduire les
dépenses effectives, au besoin par la procéd
ure de rattachement à l’exercice auquel elles se
rapportent.
65
La nomenclature applicable aux caisses prévoit la possibilité d’une journée complémentaire durant le mois de janvier pour les
seuls crédits de fonctionnement.
La chambre recommande au crédit municipal de voter ses prévisions budgétaires avant le
31
décembre de l’exercice au titre duquel elles interviennent, conformément au principe
d’annualité budgéta
ire.
L’ordonnateur s’engage, dans sa réponse, à voter désormais l
es décisions modificatives
lors de l’exercice concerné.
La chambre en prend acte.
Recommandation
Voter les prévisions budgétaires durant l’exercice comptable auquel elles se
rapportent, c
onformément au principe d’annualité budgétaire
.
M
ise en œuvre en cours
.
_______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_______________________
Au vu des prescriptions de la nomenclature applicable aux caisses, les comptes du crédit
municipal apparaissent globalement fiables.
6.
SITUATION FINANCIÈRE
Le niveau d’activité des crédits municipaux en matière de prêt sur gage est corrélé à la
situation économique et sociale d’un bassin de population.
Du fait de la crise économique et de l’a
ugmentat
ion des cours de l’or, l’encours de prêts
avait fortement progressé depuis 2008. La situation financière de la caisse a bénéficié de cet
accroissement de l’activité monopolistique de prêt sur gage, même si l’évolution s’est fortement
ralentie depuis.
L’encours s’est élevé à
16,2
M€
en 2018. Le résultat de la caisse est piloté en fonction des
taux appliqués et des revenus immobiliers, qui s’élèvent à 0,235
M€
par an en moyenne. Les
revenus locatifs permettent d’ajuster les taux à un niveau relativement fai
ble par rapport aux autres
crédits municipaux.
Quant aux
produits d’épargne solidaire
, ils présentent un encours de dépôts marginal de
3,7
M€
en 2018.
Analyse du résultat de la caisse
Sur la période 2015 à 2018, le résultat de l’exercice a chuté de
24,8 % par an en moyenne,
pour s’établir à 92
922
€
en 2018. Une synthèse des comptes de résultat figure en annexe 9.
Cette diminution résulte principalement de la baisse de 2,7 % par an des recettes et plus
particulièrement des intérêts et droits sur gages, qui fléchissent de 3,1 % par an.
tableau 10 :
Évolution des recettes et des dépenses de la section d’exploitation
En
€
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Variation
moyenne
2015-2018
Dépenses
2 563 557
4 679 127
2 464 934
2 476 378
-3,4 %
-0,7 %
dont dotation au fonds pour
risques bancaires généraux
2 197 029
Recettes
2 948 772
5 050 968
2 612 529
2 569 300
-12,9 %
-2,7 %
dont reprise des provisions
non utilisées
2 197 029
Résultat de l’exercice
*
385 215
371 841
147 595
92 922
-75,9 %
-24,8 %
Source : Crédit municipal de Toulouse
*En 2015, les pertes (29 880
€
) et les profits (2 759
€
), comptabilisés en comptes de classe 8, ont été respectivement affectés aux
dépenses et aux recettes (comptabilisés les années suivantes en classe 6 et 7 par le crédit municipal).
Le pic exceptionnel des dépenses et des recettes en 2016 s’explique par la reprise de la
provision « propre assureur » enregistrée,
suite à l’agression de l’agent de la caisse
en 1996, pour
5,4 MF (0,823
M€
). La provision initiale avait été réévaluée plusieurs fois, en concertation avec
le cabinet d’audit,
pour atteindre 2,5
M€
, afin de
tenir compte de l’état de santé de l’agent, en
particulier du risque du besoin d’assistance permanente par une tierce personne.
L’agent est décédé en 2016, la provision a
donc été reprise et le
conseil d’orientation et de
surveillance a décidé sa réaffectation pour 2,2
M€
au profit du fonds pour risques bancaires
généraux. Cette affectation porte alors la provision de ce fonds à 3,03
M€
au bilan, sans qu’un
risque nouveau n’ait
pourtant
été identifié, le risque de fluctuation des cours de l’or n’étant pa
s
plus important qu’en 2015.
La directive n° 86/635/CEE du 8 décembre 1986 prévoit, dans son article 38, que ce fonds
pour risques bancaires «
comprend les montants que l’établissement de crédit décide d’affecter à
la couverture de tels risques, lorsque
des raisons de prudence l’imposent eu égard aux risques
particuliers inhérents aux opérations bancaires »
. Dans son rapport d’activité 2016, le crédit
municipal ne justifie d’aucun risque particulier qui permettrait d’expliquer cette importante
provision. Même si le rapport du commissaire aux comptes précise, dans des termes généraux, que
« les contraintes réglementaires en termes de solvabilité sont toujours plus contraignantes, cette
dotation semble en adéquation avec les enjeux réglementaires et économiques », les ratios
financiers du crédit municipal sont satisfaisants et le marché de l’or n’a pas marqué de soubresauts.
La chambre observe que la reprise de la provision « propre assureur » aurait pu être inscrite
en résultat et figurer en excédent capitalisé.
Dans sa réponse, l’ordonnateur estime que cette affectation était conforme à la
rég
lementation et qu’il relève du conseil d’orientation et de surveillance de décider ce qu’il
convient de faire du résultat (excédents capitalisés, réserves, report à nouveau...).
Le
crédit municipal a triplé sa provision alors qu’aucun évènement n’est venu alourdir les
risques par rapport aux exercices précédents. Selon la chambre, une gestion des risques
performante doit retracer comptablement l’évolution de leur gr
avité ou probabilité. A défaut, il
s’agit davantage d’une thésaurisation ou d’une optimisation fiscale.
6.1.1.
Un produit net bancaire en baisse de 4,6 %
Selon le référentiel bancaire, les soldes intermédiaires de gestion sont établis dans un
document de synthèse, dégageant un résultat identique à celui figurant dans la comptabilité
administrative.
Le produit net bancaire mesure la rentabilité bancaire brute de la caisse. Cet indicateur,
comparable à la valeur ajoutée dans une entreprise, rend compte de l
’
activité première de
l
’
établissement et détermine sa marge brute. Il a baissé de 4,6 % entre 2015 et 2018.
tableau 11 : Résultat financier suivant la nomenclature bancaire
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Intérêts et produits assimilés
2 000 838
1 930 139
1 826 036
1 779 712
-11,1 %
dont prêts sur gages
1 953 642
1 883 386
1 793 362
1 766 888
-9,6 %
dont microcrédits
4 188
3 731
10 503
5 380
28,5 %
- Intérêts et charges assimilés
0
0
5
000
5 000
+ Droits sur adjudication
150 563
158 844
182 908
133 332
-11,4 %
+ Autres produits d’exploitation bancaire *
323 449
296 862
303 520
326 965
1,1 %
dont locations diverses
233 763
232 240
234 847
242 671
3,8 %
-
Autres charges d’exploitation bancaire
193 390
132 351
128 581
57 567
-70,2 %
= PRODUIT NET BANCAIRE
2 281 460
2 253 495
2 178 883
2 177 442
-4,6 %
Source : Crédit municipal de Toulouse
*Retraitements :
CICE reconstitué en produit en 2016 plutôt qu’en atténuation de charge (21
994
€
), inclusion des charges c/ 66 dans « Autres
charges d’exploitation bancaire
»
en 2016 plutôt qu’en
« Autres frais divers de gestion » (768
€
), déduction des dépenses imprévues dans
« Autres frais divers » en 2015 (5 404
€
).
Cette évolution est liée à
l’activité du prêt sur gage, quant à son volume et surtout
à son
coût. L
’
encours
66
des prêts sur gages a peu progressé, de 2,9 % entre 2015 et 2018,
comparativement à la période de sortie de crise analysée lors du précédent contrôle. Le nombre
d
’
opérations traitées par la caisse a fléchi : 22 901 contrats ont été ouverts ou renouvelés en 2018,
contre 23 823 en 2015.
La réduction du produit net bancaire s’explique principalement par la
baisse régulière des
taux d’intérêt pratiqués par le crédit municipal sur les prêts sur gages (
cf. § 3.1.4).
Pour les contrats engagés ou renouvelés entre 2015 et 2018, l
’
impact de la baisse des taux
peut être évalué à près de 222 800
€
. Cette réduction de recettes se concentre presque
exclusivement sur les contrats d
’
un montant de 201
€
à 5 999
€
, qui sont largement les plus
répandus.
66
Il s’agit ici de l’encours net des dotations aux provisions.
tableau 12 : Impact de la modification des taux des prêts sur gages sur les intérêts des contrats engagés
ou renouvelés entre 2015 et 2018
Nombre
de
contrats
Montant
cumulé des
contrats
Montant
moyen
des
contrats
TEG
semestriel
moyen
effectif
TEG
semestriel
moyen
avant
modification
Intérêts
effectifs
Intérêts
sans
modification
des taux*
Impact de la
modification
de taux
Prêts inférieurs à 51
€
6 063
199 953
€
33
€
1,00 %
1,00 %
2 000
€
2 000
€
0
€
Prêts de 51
€
à 200
€
24 023
3 079 983
€
128
€
3,40 %
3,40 %
104 719
€
104 719
€
0
€
Prêts de 201
€
à 5 999
€
62 403 42 749 487
€
685
€
5,29 %
5,80 % 2 262 206
€
2 479 470
€
-217 265
€
Prêts supérieurs à 5 999
€
44
559 842
€
12 724
€
3,32 %
4,30 %
18 562
€
24 073
€
-5 512
€
Ensemble
92 533 46 589 264
€
503
€
5,12 %
5,60 % 2 387 486
€
2 610 262
€
-222 776
€
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse –
extraction informatique
*
Intérêts qu’aurait perçu le crédit municipal avec les taux en vigueur au 1
er
janvier 2015.
Les intérêts et droits de prêts sur gages diminuent ainsi de près de 10 %, passant de 1,95
M€
en 2015 à 1,77
M€
en 2018. Les droits sur adjudications ont baissé de 11,4 %
pour s’établir à
133 000
€
en 2018.
Le
s autres produits d’exploitation bancaire ont, quant à eux, progressé de 1,1
% entre 2015
et 2018, grâce notamment à la location de bureaux à la commune de Toulouse. Les loyers perçus
augmentent de 3,8 % sur la période.
Le crédit municipal bénéficie également, pour la sixième année, du crédit d’impôt pour la
compétitivité et
l’emploi. Il s’élève à 26
000
€
fin 2018. Enfin, le produit des poses de poinçons et
des gardes d’objets sont en progression depuis 2015, de
8,8 %, mais demeurent à un niveau
marginal.
Les autres charges d’exploitation bancaire, qui concernent essentielle
ment la rémunération
de l’épargne solidaire, chutent de plus de 70
% sur la période, en lien avec la diminution du capital
déposé et avec
l’inflexion des taux d’intérêt.
tableau 13 : Coût de l
’
épargne solidaire
Comptes
Libellé
2015
2016
2017
2018
506000 Comptes à terme (CAT) capital
3 179 882
€
2 939 844
€
1 435 959
€
1 425 000
€
506100 CAT dettes rattachées
136 062
€
198 039
€
8 658
€
8 201
€
50701 livret épargne solidaire
3 407 064
€
3 217 936
€
3 570 982
€
3 320 303
€
50790 livret dettes rattachées
39 948
€
37 838
€
6 705
€
5 034
€
total
capital (1)
6 762 957
€
6 393 658
€
5 022 304
€
4 758 537
€
671 intérêts sur CAT
97 450
€
83 089
€
67 183
€
12 640
€
672 intérêts sur livrets
44 706
€
26 465
€
21 303
€
17 600
€
total
intérêts (2)
142 157
€
109 554
€
88 485
€
30 240
€
Ratio
Taux d’intérêt apparent (2)/(1)
2,1 %
1,7 %
1,8 %
0,6 %
Source : crédit municipal de Toulouse - balances des comptes
La diminution du coût de l’épargne solidaire est la conséquence du non
-renouvellement
des comptes à terme en 2017, suite à la baisse de rémunération décidée par le crédit municipal
(cf. § 4.2.2).
Cette baisse des charges d’épargne solidaire, accompagnée d
e la progression des loyers
perçus, compense en partie la diminution des produits de prêts sur gages. Le produit net bancaire
diminue ainsi deux fois moins vite que les intérêts perçus sur les prêts sur gages
67
.
Grâce à ses revenus locatifs et à son emprunt, le crédit municipal parvient à réduire les
intérêts pratiqués sur les prêts sur gages, dans une proportion double de la baisse de son produit
net bancaire.
Cette stratégie bénéficie directement aux emprunteurs, au détriment néanmoins des
personnes intéressées par un compte à terme.
Ce pilotage modifie les équilibres au sein du produit net bancaire : la part des prêts sur
gages et des droits sur adjudication a perdu près de cinq points entre 2015 et 2018.
tableau 14 : Évolution des produits des prêts sur gages corporels ainsi que des droits sur adjudications
en
k€
2015
2016
2017
2018
Évolution
2015-208
Prêts sur gages
1 954
1 883
1 793
1 767
-9,6 %
Droits sur adjudications
151
159
183
133
-11,4 %
Produit net bancaire
2 281
2 253
2 179
2 177
-4,6 %
Part des prêts sur gages et des adjudications dans le produit net
bancaire
92,2 % 90,6 % 90,7 % 87,3 %
- 4,9 points
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- comptes financiers
6.1.2.
Une chute de 81 %
du résultat d’exploitation
Le résultat brut d’exploitation correspond au produit net bancaire diminué des charges de
structure et des dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations. C’est l’indicateur
de référence de l’activité bancaire proprement dite.
tableau 15 :
Résultat brut d’exploitation (nomenclature bancaire)
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
PRODUIT NET BANCAIRE
2 281 460 2 253 495 2 178 883 2 177 442
-4,6 %
- C
harges générales d’exploitation
*
1 481 094
-689 229 1 671 390 1 797 937
21,4 %
dont frais de personnel
999 696 1 018 594 1 097 313 1 193 365
19,4 %
- Dotations aux amortissements et provisions sur
immobilisations
265 222
261 402
278 956
280 533
5,8 %
= RESULTAT BRUT D’EXPLOITATION
535 144
2 681 321
228 537
98 972
-81,5 %
Source :
CRC Occitanie d’après crédit
municipal de Toulouse - comptes financiers
*Retraitements :
CICE reconstitué en produit en 2016 plutôt qu’en atténuation de charge (21
994
€
), inclusion des charges c/ 66
dans « Autres charges
d’exploitation bancaire
»
en 2016 plutôt qu’en
« Autres frais divers de gestion » (768
€
), déduction des
dépenses imprévues dans « Autres frais divers » en 2015 (5
404
€
).
En nomenclature bancaire, les charges générales d’exploitation sont présentées
nettes des
reprises de provisions.
C’est pourquoi la reprise de provisions non utilisées pour 2,2
M€
en 2016
68
conduit à faire apparaître des charges générales d’exploitation négatives cette année
-là.
67
Les dotations et reprises de provisions pour créances douteuses impactent peu les produits de prêts sur gages (le différentiel entre
dotations et reprises représente seulement 2
k€ à 17
k€ selon les an
nées).
68
Réaffectés en dotation aux provisions au profit du fonds pour risques bancaires généraux (FRBG).
Le crédit municipal n’a pas constitué de provisions su
r immobilisations durant la période.
En revanche, les dotations aux amortissements progressent, passant de 265 000
€
à 280 500
€
.
Surtout, les charges générales d’exploitation augmentent de 21,4
%, soit 6,7 % en moyenne
annuelle, en lien direct avec la hausse importante des frais de personnel. Ces derniers croissent de
19,4 %
et représentent les deux tiers des charges d’exploitation.
La nomenclature bancaire inclut, dans les frais de personnel, les taxes afférentes ainsi que
les dotations et reprises de provisions sur compte épargne-temps. En considérant uniquement la
masse salariale, telle qu’elle apparaît dans la comptabilité publique, la progression est de 17,6
%
sur la période, soit 5,5 % en moyenne annuelle (cf. annexe 9).
La mise en place du régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de
l’expertise et de l’engagement professionnel (RIFSEEP), par délibérations de 2016 et
de 2017,
reprend les volumes précédemment versés
aux agents. L’augmentation de la masse salariale
s’explique, outre le GVT
69
, par deux facteurs principaux :
l
’ouverture de l’agence de Montauban début 2018
:
l’agence regroupe un attaché et un
rédacteur, respectivement recrutés en juin et septembre 2017 et envoyés en formation avant
l’ouverture. Ces recrutements ont impacté l’année 2017 à hauteur de 24
500
€
et l’année 2018
à hauteur de 42 400
€
en année pleine ;
l
e remplacement puis le retour d’un agent titulaire en disponibilité
:
l’utilisation du service
de
remplacement du centre de gestion a engendré un surplus net de dépenses de 9 000
€
en 2016,
puis de 14 000
€
nets en 2017 suite à la titularisation du contractuel. Le retour dans les effectifs
de l’agent en disponibilité en 2018 a été compensé par la ba
isse des recours au service de
remplacement.
Au total, l’effectif a augmenté de 3 agents, pour atteindre 21 fin 2018. En outre, le taux
d’encadrement a augmenté
: le crédit municipal de Toulouse compte 6 cadres A depuis 2017, au
lieu de 5 précédemment.
P
ar ailleurs, la politique d’avancement pratiquée par l’établissement est assez favorable
:
la délibération afférente du 9 décembre 2014 pose des conditions internes
70
complémentaires au
statut qui sont peu susceptibles de freiner les progressions de carrière, et surtout un taux
d’avancement maximum, soit 100
%
pour l’ensemble des agents.
En conséquence, le résultat brut d’exploitation chute fortement. Il s’élève à 98
972
€
en
2018, contre 550 977
€
en 2015.
Le crédit municipal de Toulouse doit veiller à freiner la progression de sa masse salariale.
Entre 2015 et 2018, la variation moyenne s’élève à +
54 500
€
.
Le tableau 16
détaille les frais de personnel et les charges d’exploitation hors reprises de
provisions.
69
Glissement vieillesse-technicité : variation de la masse salariale liée aux évolutions de situation des agents à effectif constant
(notamment les
avancements d’échelon ou grade, promotions par concours ou au choix).
70
Notamment la nécessité d’une évaluation sur un an, un délai de trois ans entre deux avancements de grade, l’âge et l’absentéi
sme.
tableau 16 :
Évolution des charges générales d’exploitation (nomenclature bancaire)
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Cumul
Part dans
le cumul
Traitements et charges de personnel
931 033
949 363
1 012 524
1 094 499
17,6 %
3 987 420
62 %
+ Impôts et taxes liés au personnel
81 671
80 400
87 041
97 575
19,5 %
346 687
5 %
- Remboursement du risque statutaire
22 746
7 280
15 693
0
-100,0 %
45 718
1 %
+ Provision CET
12 284
4 287
16 627
2 925
-76,2 %
36 123
1 %
- Reprises provisions CET
2 546
8 178
3 186
1 634
-35,8 %
15 543
0 %
= Frais de personnel
999 696
1 018 594
1 097 313
1 193 365
19,4 %
4 308 969
67 %
Achats
19 608
9 558
18 637
19 707
0,5 %
67 510
1 %
+ Autres impôts et taxes
21 774
22 363
22 672
23 206
6,6 %
90 015
1 %
+ Droits de prisée
58 149
58 001
57 100
58 000
-0,3 %
231 250
4 %
+ Honoraires et prestations propre assureur
81 938
89 519
0
0
-100,0 %
171 457
3 %
+ Assurances
101 780
61 718
98 360
101 825
0,0 %
363 683
6 %
+ Autres travaux fournitures et services
extérieurs
210 358
245 981
270 194
290 408
38,1 %
1 016 942
16 %
+ Transports et déplacements
5 229
1 499
2 801
3 535
-32,4 %
13 064
0 %
+ Dégagements gratuits
2 401
1 837
1 449
5 109
112,8 %
10 795
0 %
+ Autres frais divers de gestion
69 633
90 323
102 864
102 782
47,6 %
365 602
6 %
- Reprise provision propre assureur
89 472
91 593
0
0
-100,0 %
181 066
3 %
= Autres charges d’exploitation
481 397
489 206
574 077
604 572
25,6 %
2 149 252
33 %
Charges d’exploitation hors reprises
provisions non utilisées
1 481 094
1 507 800
1 671 390
1 797 937
21,4 %
6 458 221
100 %
- Reprises provisions non utilisées
0
2 197 029
0
0
2 197 029
Charges générales d’exploitation
1 481 094
-689 229
1 671 390
1 797 937
21,4 %
4 261 192
Source :
CRC d’après balance des comptes du crédit municipal de Toulouse
Les charges générales d’exploitation sont comparées au produit net bancaire, formant ainsi
le coefficient net d’exploitation
. Celui-ci se rapproche de son maximum, en raison de la baisse des
produits de prêts sur gages et de la progression des charges d’exploitation sur la période,
notamment des frais de personnel.
tableau 17 :
Évolution du coefficient net d’exploitation sur la période 201
5 à 2018
2015
2016
2017
2018
Charges générales d’exploitation*
1 481 094
1 507 800
1 671 390
1 797 937
+ Dotations aux amortissements et provisions sur
immobilisations
265 222
261 402
278 956
280 533
= Total des charges de structure (A)
1 746 316
1 769 203
1 950 346
2 078 470
Produit net bancaire (B)
2 281 460
2 253 495
2 178 883
2 177 442
Coefficient net d’exploitation (A/B)
76,5 %
78,5 %
89,5 %
95,5 %
Source :
CRC Occitanie d’après balance des comptes
* Hors reprise de provisions non utilisées en 2015
Les charges de structure consomment, dans le cas présent, une part de plus en plus
importante du produit net bancaire, en augmentation de 19 points sur la période.
Si le faible périmètre de l’activité bancaire du crédit municipal de Toulouse
permet
d’admettre un ratio plu
s important que celui des caisses ayant une activité bancaire concurrentielle
développée, le crédit municipal de Toulouse doit néanmoins veiller à la maîtrise des charges
d’exploitation.
Dans sa réponse, l’ordonnateur précise
qu’à l’occasion de départs de collaborateurs,
l’effectif serait revenu à 19 agents au second semestre 2019, soit 18,4 ETP.
6.1.3.
Le résultat net et son affectation
Le résultat courant avant impôt est égal au résultat brut d’exploitation augmenté du coût
du risque
71
. Les volumes étant faibles, le résultat courant avant impôt suit la tendance du résultat
brut d’exploitation et baisse de 81
% entre 2015 et 2018.
Après prise en compte des produits et charges exceptionnels
72
, des dotations et reprises de
provisions
et de l’impôt sur les sociétés, apparaît le résultat net, identique à celui figurant dans la
comptabilité publique (cf. annexe 9
). Il s’élève à 92
922
€
fin 2018, en baisse de 76 % depuis 2015.
tableau 18 :
Résultat net de l’exercice (nomenclature bancaire)
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
RESULTAT BRUT D’EXPLOITATION
535 144
2 681 321
228 537
98 972
-81,5 %
+ Coût du risque
15 833
8 692
1 552
4 790
-69,7 %
= RESULTAT COURANT AVANT IMPOTS
550 977
2 690 013
230 089
103 762
-81,2 %
+ Résultat exceptionnel
-5 309
25 768
-3 583
20 570
-487,4 %
- Impôt sur les bénéfices
160 452
146 911
78 911
31 410
-80,4 %
+ Dotations / Reprises de FRBG et provisions
règlementées
0
-2 197 029
0
0
= RESULTAT NET
DE L’EXERCICE
385 215
371 841
147 595
92 922
-75,9 %
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse –
balances des comptes
Le fonds pour risques bancaires généraux a été alimenté suite à la reprise de dotations
précitée. Les dotations du crédit municipal au titre du fonds représentent 3,03
M€
au bilan fin
2018.
Depuis le 1
er
janvier
1988, les crédits municipaux sont soumis à l’impôt sur les sociétés
73
.
L’impôt acquitté par la caisse est passé d’environ 160
000
€
en 2015 à 31 000
€
en 2018. En
examinant les comptes des autres crédits municipaux, il est apparu que certaines caisses avait
réduit leur contribution, en raison de leur éligibilité au taux réduit applicable aux petites et
moyennes entreprises
74
. Le crédit municipal de Toulouse a ainsi obtenu un rescrit auprès de la
direction régionale des finances publiques et le remboursement en 2018 du trop-perçu sur les trois
années précédentes.
Les bénéfices ne sont pas attribués, comme cela est permis, au profit du centre communal
d’action so
ciale, mais systématiquement capitalisés au sein de la caisse. Cela permet de réduire les
71
Le coût du risque varie en fonction des dotations et reprises de provisions pour dépréciation des créances sur la clientèle des
prêts sur gages et microcrédits,
en cas de créances douteuses ou gages frappés d’oppositions de police
.
72
Les principaux montants, en 2016 et 2018, concernent respectivement un rem
boursement du fonds de garantie et d’impôt sur les
sociétés (rescrit fiscal) et n’appellent pas d’observation.
73
Article 29 de la loi de finances pour 1988.
74
Art. 219. I. b. du code général des impôt : « Par exception au deuxième alinéa du présent I et au premier alinéa du a, pour les
redevables ayant réalisé un chiffre d
’
affaires de moins de 7 630 000
€
au cours de l
’
exercice ou de la période d
’
imposition,
ramené s
’
il y a lieu à douze mois, le taux de l
’
impôt applicable au bénéfice imposable est fixé, dans la limite de 38 120
€
de
bénéfice imposable par période de douze mois, à 25 % pour les exercices ouverts en 2001 et à 15 % pour les exercices ouverts à
compter du 1
er
janvier 2002 ».
coûts de refinancement de l’activité. L’excédent capitalisé à la clôture 2018 représente ainsi
7,9
M€
.
tableau 19 : Affectation du résultat de 2014 à 2018 sur les exercices 2015 à 2019
2015
2016
2017
2018
2019
Résultat de l’exercice N
-1
104 656
385 215
371 841
147 595
92 922
Excédents capitalisés de N-1
7 379 552
7 385 247
7 385 247
7 757 087
7 904 682
Excédents capitalisés en N
7 484 209
7 385 247
7 757 087
7 904 682
7 997 604
Excédents de N-
1 affectés à l’investissement
0
385 215
0
0
0
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- rapports annuels
L
’
excédent de l
’
exercice 2015 a été affecté à l
’
investissement en 2016. Cependant, cette
réserve n
’
a pas encore été utilisée et figure toujours au bilan.
Hormis l’acquisition des locaux de l’agence de Montauban, pour un montant de 104
150
€
début 2018, les investissements
sont faibles par nature et n’appellent pas d’observation, en dehors
de celles formulées sur l’agence de Montauban.
Les excédents capitalisés constituent la ressource la plus importante du haut de bilan, au
sein des capitaux propres, permettant de dégager un important fonds de roulement.
Analyse bilancielle
6.2.1.
Le fonds de roulement
Le fonds de roulement permet de dégager le solde du haut de bilan : les capitaux
permanents (excédents capitalisés, réserves et emprunts notamment) doivent couvrir les
immobilisations (principalement les bâtiments et matériel).
Les excédents capitalisés étant importants, le crédit municipal n’a pas eu recours à
l’emprunt pour
ses investissements
75
sur la période et ne supporte pas de dette en fonds de
roulement. Ce dernier a augmenté de 0,48
M€
sur la période (+ 3,6 %), essentiellement du fait de
la progression du stock de dotations aux amortissements (+ 0,6
M€
), des excédents capitalisés
(+ 0,5
M€
) et des
bonis
prescrits (+ 0,13
M€
).
75
Mais 1
M€ de dette a été contracté en 2017 pour financer les prêts s
ur gages.
tableau 20 : Évolution du fonds de roulement
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
PASSIF
Dotation initiale
30 947
30 947
30 947
30 947
0,0 %
+ Excédents capitalisés
7 385 247
7 385 247
7 757 087
7 904 682
7,0 %
+ Excédents affectés à l’investissement
385 215
385 215
385 215
+ Bonis prescrits
1 534 617
1 578 388
1 625 129
1 669 115
8,8 %
+ Réserve libre
1 348 527
1 348 527
1 348 527
1 348 527
0,0 %
+ Plus-values à long terme
421 903
421 903
421 903
421 903
0,0 %
+ Résultat de l’exercice
385 215
371 841
147 595
92 922
-75,9 %
+ Provisions
3 175 537
3 080 054
3 093 494
3 094 786
-2,5 %
ACTIF
- Immobilisations brutes
4 442 319
4 691 130
5 000 980
5 280 043
18,9 %
+ Amortissements
3 315 475
3 508 402
3 737 788
3 963 814
19,6 %
= FONDS DE ROULEMENT (A-B)
13 155 149
13 419 394
13 546 705
13 631 868
3,6 %
Source :
CRC Occitanie d’après le c
rédit municipal de Toulouse - comptes financiers
Les immobilisations étant faibles par nature, le fonds de roulement est très important ce
qui permet à la caisse de faire face à ses besoins de financement nés de l
’
exploitation.
Le besoin en fonds de roulement de
l’
activité de prêt sur gage est ainsi majoritairement
financé par les capitaux propres, au premier rang desquels les excédents capitalisés par la caisse
et les importants montants inscrits en provisions.
6.2.2.
Le besoin en fonds de roulement
Le besoin en fonds de roulement permet de dégager le solde du bas de bilan : il compare
l
’
actif circulant (stocks et créances) au passif temporaire (dettes). Il résulte des décalages entre les
décaissements et encaissements li
és à l’activité de la structure et
permet de mesurer si elle est
exposée à un risque de liquidité à court terme.
Un besoin en fonds de roulement positif est une charge, qui grève la trésorerie. Il
s’élève
ici à 11,9
M€
, en hausse de près de 3
M€
sur la période.
L’actif a
augmenté de 5,8 %, principalement en raison des prêts sur gages, et représente
17
M€
fin 2018. Le passif a diminué de 28 % et totalise 5
M€
, essentiellement en raison du non
ren
ouvellement des comptes à terme en 2017, partiellement compensé par l’emprunt
de 1
M€
auprès de la caisse d
’
Avignon.
Les comptes à terme et les livrets d’épargne solidaire constituent des dépôts de fonds,
enregistrés au passif du bilan
76
. En face, figuren
t à l’actif les prêts versés
: prêts sur gages et
microcrédits
77
. Le crédit municipal pilote son encours de comptes à terme en tant qu’instruments
de financement des prêts sur gages, en complément des capitaux propres du haut de bilan.
76
Comptabilisés en comptes 50 « Financement des opérations de prêts ».
77
Comptabilisés en comptes 51 « Prêts versés ».
tableau 21 : Évolution du besoin en fonds de roulement
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Créances (Actif)
16 051 065 16 594 138 16 457 078 16 981 880
5,8 %
Fournisseurs
9 758
46 824
4 660
13 514
38,5 %
Impôts et taxes
66 293
149 118
173 055
139 898
111,0 %
Produits divers à recevoir
1 086
278 064
290 092
249 290
22854,9 %
Prêts sur gages corporels et microcrédits
15 973928
16 120132
15 989271
16 579178
3,8 %
- Dettes (Passif)
7 022 726
6 739 925
5 297 875
5 058 137
-28,0 %
Fournisseurs
11 998
69 534
56 613
69 693
480,9 %
Impôts et taxes
30 113
31 137
13 318
14 282
-52,6 %
Bonis à régler
215 361
243 109
203 880
212 456
-1,3 %
Produits à imputer
2 297
2 487
1 760
3 169
38,0 %
Comptes à terme
3 315 945
3 137 883
444 618
433 201
-56,8 %
Financement des opérations de prêts*
1 000 000
1 000 000
/
Livrets d’épargne solidaire
3 447 012
3 255 775
3 577 687
3 325 337
-3,5 %
= Besoin en fonds de roulement global
9 028 339
9 854 213
11 159 203
11 923 743
32,1 %
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal
de Toulouse - balances des comptes
* Retraitement : 1
M€
prêté par le crédit municipal d’Avignon en 2017 comptabilisé en compte 500 et non 506 (CAT).
Les comptes à terme et livrets d’épargne solidaire totalisent 3,7
M€
, contre 16,6
M€
pour
les prêts sur gages et microcrédits. L’encours total de placements permet ainsi de financer 22
%
de l’encours de prêts. En 2015, cette proportion était de 40
%.
6.2.3.
La trésorerie
Le fonds de roulement permet de faire face au besoin en fonds de roulement et de dégager
la trésorerie. En ôtant de la trésorerie les prêts sur gages et les microcrédits, les disponibilités
réelles sont constituées des comptes détenus
par l’établissement
dans les autres crédits municipaux
et les banques, ainsi que des fonds de caisses et avances aux régisseurs.
Les disponibilités réelles ont fortement diminué passant de 4,1
M€
à 1,7
M€
, en raison de
la hausse du besoin en fonds de roulement.
tableau 22 : Évolution des disponibilités au 31 décembre
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Fonds de roulement
13 155 147
13 419 393
13 546 705
13 631 867
3,6 %
- Besoin en fonds de roulement
9 028 339
9 854 213
11 159 203
11 923 743
32,1 %
= Trésorerie
4 126 808
3 565 180
2 387 502
1 708 124
-58,6 %
dont dépôts dans les autres crédits
municipaux
2 311 905
1 765 248
1 181 817
539 788
-76,7 %
dont dépôts dans les banques
commerciales
1 489 807
1 553 652
920 121
794 371
-46,7 %
dont
caisses
et
avances
aux
régisseurs
325 096
246 280
285 564
373 966
15,0 %
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- balances des comptes
Les variations de trésorerie analysées en fin d’années peuvent masquer sa situation
courante. Il convient d’examiner son évolution infra
-annuelle.
graphique 7 : Évolution de la trésorerie par mois (en
€
)
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse
- grands livres
Même si les placements sont essentiellement effectués sur des produits rémunérés, les revenus tirés sont peu importants, environ
13 400
€
en moyenne par an, vu les taux de marché.
Examinée en variation mensuelle, des soubresauts apparaissent mais la chute se confirme :
la trésorerie a quasiment été divisée par 2,5 sur la période.
______________________________CONCLUSION__________________________________
Sur la période 2015-2018, le produit net bancaire a fléchi en raison de la baisse régulière
des taux d’intérêt pratiqués par le crédit municipal sur les prêts sur gages. Cette bais
se est
partiellement compensée par ses revenus locatifs. Le résultat brut d’exploitation a chuté,
principalement en raison de la hausse importante des frais de personnel, en lien avec l’ouverture
de la nouvelle agence. Le taux d’encadrement et la politique
d’avancement très favorable aux
agents ont participé à cette hausse.
En conséquence, le coefficient net d’exploitation
se rapproche du maximum : les charges
de structure consomment une part de plus en plus importante du produit bancaire, passant de
76,5 % en 2015 à 95,5 %
en 2018. Si le faible périmètre de l’activité bancaire à Toulouse permet
d’admettre un ratio plus élevé que pour d’autres caisses, le crédit municipal doit
sérieusement
veiller à la maîtrise de ses charges d’
exploitation, qui augmentent de plus de 20 % en trois ans.
Les instruments de pilotage, notamment les taux d’intérêt, permettent d’avoir une action
directe sur ces ratios financiers.
Sa situation bilancielle est saine : les excédents capitalisés sur les exercices précédents et
les importantes provisions inscrites permettent à la caisse de disposer de confortables capitaux
propres. Néanmoins, les choix de pilotage de l’activité évoqués ci
-dessus augmentent fortement
son besoin en fonds de roulement et consomment sa trésorerie.
Le crédit municipal de Toulouse remplit sa vocation sociale.
***
0
500 000
1 000 000
1 500 000
2 000 000
2 500 000
3 000 000
3 500 000
4 000 000
4 500 000
5 000 000
5 500 000
janv.-15
mars-15
mai-15
juil.-15
sept.-15
nov.-15
janv.-16
mars-16
mai-16
juil.-16
sept.-16
nov.-16
janv.-17
mars-17
mai-17
juil.-17
sept.-17
nov.-17
janv.-18
mars-18
mai-18
juil.-18
sept.-18
nov.-18
Comptes rémunérés
Comptes courants
Caisses et avances
Total
ANNEXES
annexe 1 : Données 2017 des crédits municipaux installés dans les aires urbaines les plus peuplées
.......................................................................................................................................................
66
annexe 2
: Répartition de l’encours du crédit municipal de Toulouse en fin d’exercice
(en
M€)
.........................................................................................................................................
66
annexe 3 : Origine géographique des clients entre 2015 et 2018
.............................................
67
annexe 4
: Activité de l’agence de Montauban par jours d’ouverture en 2018
.....................
67
annexe 5
: Évolution du prix du lingot d’or (en
€)
...................................................................
68
annexe 6 : Objets déposés en gage entre 2015 et 2018
.............................................................
68
annexe 7 : Informations obligatoires à afficher
........................................................................
69
annexe 8 : Informations obligatoires dans le contrat
...............................................................
70
annexe 9 : Comptes de résultat suivant la comptabilité publique
..........................................
71
annexe 1 : Données 2017 des crédits municipaux installés dans les aires urbaines les plus peuplées
Encours de prêt sur
gage en montant
(en
M€
)
Produit net
bancaire
(en
M€
)
Coefficient
d’exploitation*
Nombre
de
salariés
Paris
121,0
24,1
94,37 %
134,0
Lyon
41,9
5,9
77,35 %
59,6
Marseille
37,2
5,7
64,41 %
46,0
Toulouse
14,7
2,2
89,51 %
19,5
Bordeaux
37,6
10,4
78,71 %
102,0
Source : Conférence permanente des crédits municipaux
* Le coefficient d’exploitation est égal au rapport entre les charges d’exploitation et le produit net bancaire
.
annexe 2 :
Répartition de l’encours du crédit municipal de Toulouse en fin d’exercice (en
M€
)
Source :
CRC Occitanie d’après les comptes financiers du crédit municipal de Toulouse
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
2015
2016
2017
2018
Prêts sur gages corporels nets
Micro-crédits nets
annexe 3 : Origine géographique des clients entre 2015 et 2018
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse –
Extractions informatiques
annexe 4 :
Activité de l’agence de Montauban par jours d’ouverture en 2018
Source :
CRC Occitanie d’après le crédit municipal de Toulouse –
Exploitations informatiques
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Étranger et DOM-TOM
Autres régions métropolitaines
Autres départements d'Occitanie
Autres communes du Tarn et Garonne
Montauban
Tarn
Autres communes de la Haute-Garonne
Autres communes de l'unité urbaine de Toulouse
Toulouse
Clients
Prêts
Montant prêté
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Clients
Contrats
annexe 5 :
Évolution du prix du lingot d’or (en
€
)
Source :
CRC Occitanie d’après London Bullion Market Association.
annexe 6 : Objets déposés en gage entre 2015 et 2018
Source :
CRC Occitanie d’après crédit municipal de Toulouse –
Extractions informatiques
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
45 000
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
Divers
Piéces
Montres
Sautoirs
Médailles
Broches
Vaisselle
Croix
Bijoux divers
Vis d'oreilles
Chaines
Boucles d'oreilles
Pendentifs
Colliers
Bracelets
Bagues
Bijoux
Autres objets
annexe 7 : Informations obligatoires à afficher
(Art. L. 312-3 du code de la consommation)
1° L’identité et l’adresse géographique du prêteur
;
2° Le type de crédit ;
3° La typologie des biens pouvant être mis en gage ;
4° Les modalités d’évaluation de la valeur appréciable du bien par les appréciateurs
;
5° Le montant total du crédit et les conditions de mise à disposition des fonds ;
6° La durée du contrat de crédit et les conditions de renouvellement ainsi que, le cas échéant, les
modalités de prolongation du contrat ;
7° Les taux débiteurs conventionnels pratiqués ;
8° Le taux annuel effectif global et le montant total dû par l’emprunteur, à partir d’un exemple
représentatif ;
9° Les limitations réglementaires au montant du crédit qui peut être accordé conformément à
l’article D. 514
-8
78
;
10° La sûreté que constitue le gage ;
11° Les conditions et modalités selon lesquelles l’emprunteur peut dégager ses objets avant le
terme du prêt ;
12° La remise par le prêteur d’une reconnaissance de dépôt de l’objet engagé
;
13° Les modalités d’indemnisation
de l’emprunteur en cas de perte, pour quelque cause que ce
soit, par le prêteur de tout ou partie de l’objet ainsi que les modalités d’abandon ou de reprise de
l’objet remis en gage par l’emprunteur en cas de détérioration de l’objet remis en gage,
conformément aux articles D. 514-12 et D. 514-13 du CMF ;
14° Les modalités et conditions de la mise aux enchères publiques de l’objet remis en gage
;
15° L’absence de droit de rétractation.
78
Le montant des prêts, lorsqu
’
ils sont garantis par des biens en platine, en or ou en argent, ne peut excéder les quatre cinquièmes
de cette valeur, estimée selon leur poids. Pour les autres biens, ce montant ne peut excéder les deux tiers de la valeur de leur
estimation.
annexe 8 : Informations obligatoires dans le contrat
(Art. D. 514-9 du CMF)
1° L’identité et l’adresse géographique des parties contractantes
;
2° La date de l’acte et la signature de l’emprunteur
;
3° L’identification du bien mis en gage et sa valeur appréciable,
estimée par les appréciateurs ;
4° La description des caractéristiques du prêt, dont :
a) Le type de crédit ;
b) Le montant total du prêt et les conditions de mise à disposition des fonds ;
c) La durée du prêt et les conditions de prolongation et de renouvellement du prêt.
5° Les informations relatives au coût du prêt, soit :
a) Le taux débiteur conventionnel ;
b) Le cas échéant, les autres frais liés à l’exécution du contrat de crédit et les conditions dans
lesquelles ces frais peuvent être modifiés ;
c) Le taux annuel effectif global ;
d) Le montant total dû par l’emprunteur
;
e) Les frais consécutifs à l’inexécution du contrat
.
6° La mention selon laquelle le prêteur doit remettre à l’emprunteur une reconnaissance de dépôt
de l’objet engagé
;
7° Les
informations relatives à l’exécution du contrat, dont
:
a) Les modalités de remboursement du prêt ;
b) Les conditions et modalités selon lesquelles l’emprunteur peut dégager ses objets avant le
terme du prêt ;
c) Les modalités et conditions de la mise aux
enchères publiques de l’objet remis en gage et, en
cas de boni, les modalités de son versement ;
d) Les modalités d’indemnisation de l’emprunteur, d’abandon ou de reprise de l’objet remis en
gage en cas de perte, pour quelque cause que ce soit, par le prê
teur de tout ou partie de l’objet
ou de détérioration de cet objet ;
e) Les mentions selon lesquelles en cas de perte de la reconnaissance de dépôt d’un objet en
gage, l’emprunteur doit en informer immédiatement la caisse et former opposition ainsi que, le
cas échéant, les frais liés à l’opposition
;
f) En cas de perte de la reconnaissance du dépôt, les modalités de la restitution de l’objet en
gage et le montant des frais qui y sont liés.
8° Les informations relatives au traitement des litiges, dont la procédure de la médiation
mentionnée à l’article L. 316
-
1 du CMF et ses modalités d’accès
;
9° L’absence de droit de rétractation
;
10° Le droit de s’opposer sans frais à l’utilisation des données personnelles à des fins de
prospection ainsi que les modalités
d’exercice de ce droit
;
11° L’adresse de l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution et de l’autorité administrative
chargée de la concurrence et de la consommation.
annexe 9 : Comptes de résultat suivant la comptabilité publique
Compte
Section d’exploitation
2015
2016
2017
2018
Variation
2015-2018
Variation
annuelle
moyenne
Dépenses
2 563 558
4 679 127
2 464 934
2 476 378
-3,4 %
-1,1 %
60
Achats
19 608
9 558
18 637
19 707
0,5 %
0,2 %
61
Frais de personnel
931 033
949 363
1 012 524
1 094 499
17,6 %
5,5 %
62
Impôts et taxes
103 445
102 764
109 712
120 781
16,8 %
5,3 %
63
Travaux et services
extérieurs (assurances,
honoraires…)*
482 106
477 582
425 654
450 233
-6,6 %
-2,3 %
64
Transports et déplacement
5 229
1 499
2 801
3 535
-32,4 %
-12,2 %
65
Opérations sociales
2 401
1 837
1 449
5 109
112,8 %
28,6 %
66
Frais divers de gestion
76 737
78 495
112 899
120 005
56,4 %
16,1 %
67
Frais financiers
167 551
131 583
130 133
54 100
-67,7 %
-31,4 %
68
Dotations aux provisions et
aux amortissements
614 997
2 779 535
572 213
577 000
-6,2 %
-2,1 %
69
Impôt société
160 452
146 911
78 911
31 410
-80,4 %
-41,9 %
Recettes
2 948 773
5 050 968
2 612 529
2 569 300
-12,9 %
-4,5 %
70
Produits des opérations de
prêts
2 116 683
2 037 192
1 973 202
1 926 265
-9,0 %
-3,1 %
73
Charges récupérées *
100 610
58 594
70 386
68 941
-31,5 %
-11,8 %
76
Produits accessoires
245 680
245 547
248 827
258 024
5,0 %
1,6 %
77
Produits financiers
62 840
84 072
23 724
38 388
-38,9 %
-15,1 %
78
Reprises de provisions
422 960
2 625 562
296 392
277 682
-34,3 %
-13,1 %
CAF brute (Produits-
charges, hors
amortissements et
provisions)
577 252
525 814
423 417
392 239
-32,1 %
-12,1 %
Résultats de l’exercice
385 215
371 841
147 595
92 922
-75,9 %
-37,8 %
Source :
CRC d’après la balance des comptes
*y compris les pertes et les profits comptabilisés en compte de classe 8 en 2015
GLOSSAIRE
AS-400
Serveur informatique d’IBM
CAF
Capacité d’auto
-financement
CAT
Compte à terme
CICE
Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi
CLAS Violette
Comité local d’a
grément Sol-Violette
CMF
Code monétaire et financier
CNIL
Commission nationale de l’informatique et des liberté
CRC
Chambre régionale des comptes
DGFiP
Direction générale des finances publiques
DRFiP
Direction régionale des finances publiques
ETP
Équivalent temps plein
FRBG
Fonds pour risques bancaires généraux
JORF
Journal officiel de la République française
GVT
Glissement vieillesse-technicité
HT
Hors taxe
Insee
Institut national de la statistique et des études économiques
RIFSEEP
Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement
professionnel
MF
Millions de francs
Sirene
Système national d’identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements
Siret
code Insee permettant l'identification d'un établissement ou d'une entreprise française
TAEG
Taux annuel effectif global
TEG
Taux effectif global
TTC
Toutes taxes comprises
TRACFIN
Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins
URSSAF
Union de recouvrement de cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales
Réponses aux observations définitives
en
application de l’article L.
243-5 du code des juridictions financières
Deux réponses enregistrées :
-
Réponse du 26 février 2020 de M. Franck Paindessous, directeur du crédit municipal de
Toulouse ;
-
Réponse du 2 mars 2020 de M. Jean-Luc Moudenc,
président du conseil d’orientation et de
surveillance du crédit municipal de Toulouse.
Article L. 243-5 du code des juridictions financières :
«
Les destinataires du rapport d’observations disposent d’un délai d’un mois pour adresser au
greffe de la chambre régionale des comptes une réponse écrite. Dès lors qu’elles ont été adressées
dans le délai précité, ces réponses sont jointes au rapport. Elles engagent la seule responsabilité de
leurs auteurs ».
Les publications de la chambre régionale des comptes
Occitanie
sont disponibles sur le site :
Chambre régionale des comptes Occitanie
500, avenue des États du Languedoc
CS 70755
34064 MONTPELLIER CEDEX 2
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@crcoccitanie