La chambre régionale des comptes d’Occitanie, dans le cadre de la formation inter
-
juridictions Cour des comptes et chambres régionales des comptes, portant sur les « politiques en
faveur du tourisme »,
a examiné l’exercice de cette compétence par l’ex
-région du Languedoc-
Roussillon, entre 2010 et 2015, et depuis 2016 par la région Occitanie qui a succédé à celle de Midi-
Pyrénées et du Languedoc-Roussillon.
Avec sa façade méditerranéenne de 250 km, ses massifs montagneux, sa diversification
paysagère, ses huit sites classés au patrimoine de l
’
humanité de l
’
Unesco et ses parcs préservés,
la région Occitanie dispose d
’
atouts touristiques indéniables. Le potentiel d
’
accueil touristique du
territoire, qui s
’
est fortement développé depuis les années soixante, est de premier ordre, avec 3,2
millions de lits touristiques en 2016, dont 811 000 lits marchands, l
’
offre principale provenant des
résidences secondaires. L
’
impact économique du tourisme est significatif avec des retombées
estimées à 10 % du produit intérieur brut régional. Il représente une source importante et très
concentrée de revenus pour les collectivités territoriales. Pour autant, la faiblesse de la fréquentation
étrangère et la forte saisonnalité constituent des éléments de fragilité pouvant traduire un potentiel
insuffisamment exploité.
L
’
évolution de la législation positionne le conseil régional comme chef de file du
développement touristique et comme un acteur central du développement de la filière touristique.
Après avoir élaboré sa stratégie régionale en 2011, le conseil régional de Languedoc-Roussillon a
réorganisé le schéma de gouvernance en transférant des compétences centrales auparavant
confiées au comité régional du tourisme, à la SAEM Sud de France Développement et à sa propre
direction du tourisme. Selon la chambre, ce schéma ne respecte pas le cadre légal ni les orientations
stratégiques régionales. Elle recommande au conseil régional de réaliser une évaluation de sa
stratégie mise en œuvre entre 2011 et 2016
, dans la mesure où les résultats obtenus ne sont pas à
la mesure des enjeux.
En matière de formation, si l
’
ancienne région Languedoc-Roussillon a défini une
stratégie spécifique au tourisme à compter de 2011 et développé des moyens pour la mettre en
œuvre, elle n’
a pas pour autant obtenu des résultats tangibles, en particulier pour la formation des
travailleurs saisonniers. La chambre recommande de prolonger son action par la signature d
’
un
contrat d
’
objectif et de moyens spécifique au tourisme.
S’agissant de
la promotion de la destination touristique, le conseil régional a fait le pari
de la promotion d
’
une marque couplée avec celle des produits du territoire. Toutefois, les synergies
attendues ne se sont pas concrétisées en termes de fréquentation touristique ou d
’
ouverture à
l
’
international, et l
’
objectif visant à accroître la durée de la saison touristique n
’
a pas été atteint à ce
jour.
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Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
RECOMMANDATIONS
1.
Mettre en œuvre les préconisations suggérées dans les analyses et enquêtes sur le
secteur touristique en vue de l’élargissement de la clientèle touristique.
Non mise en œuvre.
2.
Revoir le schéma de gouvernance régionale pour le rendre cohérent avec le cadre
légal.
Non mise en œuvre.
3.
Identifier les enjeux sociaux-économiques, notamment en matière de vulnérabilité
des très petites entreprises, pour adapter la stratégie régionale et les disp
ositifs d’intervention.
Partiellement mise en œuvre.
4.
Définir et intégrer des indicateurs d’évaluation dans la nouvelle stratégie à mettre
en œuvre à la suite de la fusion des régions pour mesurer l’efficacité des actions
menées.
Partiellement mise en œuvre.
5.
Envisager la signature d’un contrat d’objectifs et de moyens en faveur du tourisme
pour favoriser les conditions d’emploi et de recrutement des salariés concernés par le secteur du
tourisme.
Non mise en œuvre.
Les recommandations et rappels au respect des lois et règlements formulés ci-dessus
ne sont fondés que sur une partie des observations émises par la chambre. Les destinataires du
présent rapport sont donc invités à tenir compte des recommandations, mais aussi de l
’
ensemble
des observations détaillées par ailleurs dans le corps du rapport et dans sa synthèse.
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d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Aux termes de l
’
article L. 211-3 du code des juridictions financières « Par ses contrôles,
la chambre régionale des comptes contrôle les comptes et procède à un examen de la gestion. Elle
vérifie sur pièces et sur place la régularité des recettes et dépenses décrites dans les comptabilités
des organismes relevant de sa compétence. Elle s
’
assure de l
’
emploi régulier des crédits, fonds et
valeurs. L
’
examen de la gestion porte sur la régularité des actes de gestion, sur l
’
économie des
moyens mis en œuvre et sur l’
évaluation des résultats atteints par rapport aux objectifs fixés par
l
’
assemblée délibérante ou par l
’
organe délibérant. L
’
opportunité de ces objectifs ne peut faire l
’
objet
d
’
observations ».
Le contrôle des comptes et de la gestion de la région Occitanie a été ouvert le 21 avril
2016 par lettre du président adressée à Mme Carole Delga, ordonnateur en fonction. Des courriers
ont également été adressés le 21 avril 2016 M. Damien Alary, ancien ordonnateur du conseil
régional de Languedoc-Roussillon et à M. Martin Malvy, ancien ordonnateur du conseil régional de
Midi-Pyrénées.
En application de l
’
article L. 243-1 du code des juridictions financières, les entretiens de
fin de contrôle ont eu lieu séparément les 21, 23 et 25 novembre 2016.
Lors de sa séance du 2 décembre 2016, la chambre a arrêté des observations
provisoires qui ont été transmises à Mme Carole Delga. MM. Damien Alary et Martin Malvy, en
qualité d
’
ordonnateurs précédents, en ont également été destinataires pour la partie afférente à leur
gestion. Des extraits les concernant ont été adressés à des tiers.
Après avoir examiné les réponses reçues et entendu les personnes qui avaient sollicité
une audition, la chambre, dans sa séance du 20 mars 2017, a arrêté les observations définitives
présentées ci-après.
Ce présent rapport porte sur
le seul périmètre de l’ancienne région Languedoc
-
Roussillon, à l’exception des chapitres 1 et 6 qui concernent le périmètre de la région Occitanie.
1.
PANORAMA
DU
TOURISME
EN
OCCITANIE :
UN
REEL
POTENTIEL
INSUFFISAMMENT EXPLOITE
1.1.
La situation de la France dans un marché international dynamique : les
chiffres clés au niveau national
1
Au niveau mondial, le tourisme constitue une activité économique en forte croissance.
Le nombre total de touristes a augmenté de plus de 20 % entre 2010 et 2014, et de 4,4 % entre
2014 et 2015 (les arrivées touristiques sont passées de 0,940
Md€ en 2010 à 1,133
Md€ en 2014
et à 1,184
Md€ en 2015). L’
Europe concentre 54,5 % des flux touristiques en 2015, avec un taux de
croissance annuel de 4,7 %.
En 2015, comme en 2010, la France serait la première destination mondiale avec 84,5
millions d
’
arrivées de touristes internationaux (contre 77,6 millions en 2010, soit une progression de
8,9 %).
1
Source : direction générale des entreprises - Mémentos du tourisme (éditions 2015 et 2011) et chiffres clés 2015.
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ROD2 - Région Occitanie
Toutefois, la France ne se positionne qu
’
au 3
ème
rang (derrière les États-Unis et
l
’
Espagne) en matière de recettes générées. Le poids de la consommation touristique des visiteurs
étrangers représente 2,4 % du PIB
2
en 2014, en augmentation de 12,5 % sur cinq ans. On estime à
plus de 2 millions les emplois directs et indirects liés au tourisme.
Le dynamisme de l
’
activité touristique en France est confronté à plusieurs limites :
-
la France n
’
a cessé de perdre des parts de marché durant ces deux dernières
décennies, en raison de la montée en puissance des pays émergents, et de la concurrence de
l
’
Espagne et de l
’
Italie ;
-
les résultats sont décevants en termes de recettes et placent la France derrière des
destinations concurrentes qui accueillent pourtant un nombre plus faible de touristes ;
-
le secteur du tourisme ne représente que 8 % des emplois en France contre 12 % en
Italie ou en Espagne ;
-
l
’
activité touristique en France est très concentrée sur Paris et quelques grandes
destinations de province (le mont Saint-Michel, la vallée de la Loire, la Côte d
’
Azur) et reste fortement
saisonnière pour la plupart des destinations.
Dans ce contexte, le plan stratégique « Destination 2010-2020 » et le plan « marketing
2010/2015 » d
’
Atout France, agence nationale dédiée à la promotion touristique, ont pour objectifs
de positionner la France comme
leader
européen du tourisme en termes de recettes, tout en
conservant la première position en termes de destination touristique.
tableau 1 : La projection du nombre de touristes internationaux en 2030
Source : clôture des assises du tourisme, 19 juin 2014, p.2/18
3
1.2.
La région Occitanie
4
: ses caractéristiques
Avec sa façade méditerranéenne de 250 km, ses massifs montagneux, sa diversification
paysagère, ses huit sites classés au patrimoine de l
’
humanité de l
’
Unesco et ses parcs préservés,
la région Occitanie dispose d
’
atouts touristiques indéniables. Elle possède par ailleurs les quatre
environnements touristiques porteurs (littoral, rural, montagneux et urbain), sous un climat très
ensoleillé, et dispose d
’
un panel d
’
activités diversifiées (balnéaires, nautiques, sports de glisse,
golfs, musées, gastronomie, casinos, festivals, détente, etc.). La région bénéficie également d
’
une
concentration importante de stations thermales : l
’
Occitanie est la première des régions françaises
pour le thermalisme, avec 11,4 millions de nuitées en hébergement marchand (soit le cinquième des
nuitées en Occitanie) et
690
M€
de dépenses des curistes et de leurs familles. Enfin, avec 28 ports
maritimes et 33 000 places, la région ne manque pas d
’
atouts en matière d
’
activité de plaisance
5
.
Le développement du potentiel touristique
n’est pas très ancien
. Sur la façade maritime,
il
est historiquement lié au lancement et à la mise en œuvre de la «
mission Racine » qui a permis
2
PIB 2015 = 2
181,1 Md€
; poids de la consommation touristique en France = 7,4 %.
3
Hypothèse si la France réussi à capter 5 % de la croissance mondiale.
4
Sources : statistiques INSEE 2016.
5
Port-Camargue, avec ses 5 000 anneaux, est le plus grand port de
plaisance d’Europe.
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ROD2 - Région Occitanie
la réalisation d
’
aménagements structurants entre 1963 et 1983. Durant les décennies qui ont suivi,
le nombre de séjours et d
’
équipements s
’
est développé de manière considérable.
L
’
impact économique du tourisme est significatif et représenterait 10 % du PIB de la
nouvelle grande région, selon des données transmises par le conseil régional
6
. Pour autant, certains
indicateurs révèlent des éléments de fragilité laissant penser à un potentiel encore insuffisamment
exploité. Si le tourisme est une compétence partagée
avec d’autres niveaux de
collectivités
territoriales, son poids économique confère à la région un rôle de tête de réseau.
Les données sur la fréquentation touristique présentées durant l
’
instruction par la région
sont apparues de façon générale incomplètes et incohérentes d
’
un exercice à
l’
autre. La chambre a
privilégié les données fournies par l
’
INSEE, qui autorisent des comparaisons inter-régionales sur
une continuité de périmètre.
1.2.1.
Une forte capacité d
’
hébergement, mais une fréquentation en stagnation
1.2.1.1.
Une capacité d
’
hébergement importante en volume mais peu diversifiée
La région Occitanie dispose d
’
une offre d
’
hébergement importante, mais assez peu
diversifiée. Les capacités d
’
hébergement sont très majoritairement constituées de résidences
secondaires (3/4 de l
’
offre globale). Ce ratio, légèrement supérieur à la moyenne nationale (72 %
de l
’
offre d
’
hébergement touristique est constituée de résidences secondaires en France
métropolitaine), correspond à la volonté initiale de favoriser un développement touristique tourné
vers les classes moyennes. La proportion de résidences secondaires place la région Occitanie en
troisième position après les régions de Corse et de PACA
7
.
La région Occitanie dispose d
’
une offre
d’hébergement marchand
d
’
un peu plus de
811 000 de lits, ce qui la place également au 3
ème
rang des régions françaises (derrière les régions
Nouvelle-Aquitaine et PACA).
tableau 2 : L
’
offre d
’
hébergement marchand en Occitanie au 1
er
janvier 2016
L
’
hôtellerie de plein air est majoritaire. Elle représente 61 % de l
’
ensemble des offres
dans le secteur marchand (contre 51 % en moyenne en France), ce qui place la région Occitanie au
6
Source INSEE ;
le PIB régional s’élève à 152,5 Md€ (données 2013 agrégées), soit 7,2
% du PIB français - une proportion constante
depuis 2009.
7
Sur le territoire de l’ex
-Languedoc-Roussillon, les résidences secondaires sont constituées pour plus du tiers de logements de moins
de 35 m² en immeubles collectifs situés sur le littoral, le parc construit dans les années 70 et 80 ne correspondant plus aux attentes
des clientèles qui ont évolué vers davantage de confort et d’espace. Source
:
Réponse de l’ordonnateur au questionnaire II.7
- RAPAC
DRT 2012.
Établissements
Capacité touristique
(en nombre de lits)
Structure de l'offre
régionale (en %)
Structure de l'offre
nationale (en %)
Campings
1 489
490 860
60,5
51,0
Hôtels de tourisme
2 076
129 650
16,0
24,3
Résidences de tourisme
360
104 120
12,8
12,8
Villages de vacances
196
44 870
5,5
4,7
Auberges de jeunesse
32
2 980
0,4
0,6
Total hébergements collectifs
4 153
772 480
95,3
93,5
Meublés classés de tourisme( 2015)
6 680
29 190
3,6
5,3
Chambres d'hôtes (2015)
4 640
9 280
1,1
1,2
Total hébergements marchands
15 473
810 950
100,0
100,0
Enquête de fréquentation touristique dans l'hôtellerie (EPH) dans l'hôtellerie de plein air (EFHPA) et dans les autres hébergements collectifs touristiques (EFAHCT)
Sources : Insee en partenariat avec la DGE, les partenaires territoriaux, Fédération Nationale des Gîtes de France, Clévacances, Fleurs de soleil, Accueil paysan
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ROD2 - Région Occitanie
2
ème
rang national pour l
’
hôtellerie de plein air. La région dispose principalement de campings 3 et 4
étoiles bien équipés, de haut de gamme, et également de quelques campings 5 étoiles (1
er
rang
national).
La capacité hôtelière est, quant à elle, concentrée sur les aires urbaines ou sur les sites
remarquables. Les agglomérations de Lourdes
8
, Toulouse, Montpellier et Carcassonne regroupent
la majorité de l
’
offre. Les hôtels sont majoritairement classés en 2 ou 3 étoiles (2/3 de l
’
offre globale).
La région n
’
a qu
’
une faible proportion d
’
hôtels de luxe (4 et 5 étoiles), essentiellement en station
balnéaire (7 % de l
’
hébergement hôtelier, contre 11 % à l
’
échelle nationale). La capacité hôtelière
place la région Occitanie loin derrière les régions Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.
En matière d
’
hébergements classés de tourisme (non hôteliers), la région dispose de la
3
ème
capacité en France métropolitaine, loin derrière les régions Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.
Selon l
’
ordonnateur, la région encourage la montée en gamme de l
’
offre hôtelière en mettant
notamment en avant des avances remboursables aux entreprises du secteur et un travail mené via
la démarche « Qualité Sud de France » sur la qualification des hébergements. Quant à la chambre,
elle relève la faiblesse des interventions de la région pour soutenir les entreprises du secteur et le
peu d
’
impact de la démarche « Qualité Sud de France » (cf. § 3).
graphique 1 : La capacité touristique régionale au 1
er
janvier 2016 (milliers de lits)
Au total, l
’
offre d
’
hébergement touristique,
bien qu’
importante en volume, souffre de deux
faiblesses :
-
elle reste peu diversifiée : les résidences secondaires constituent une part importante
du total, et l
’
offre marchande réside majoritairement dans l
’
hôtellerie de plein air (cf.
infra
) ;
-
elle est très concentrée sur le littoral et sur les deux aires métropolitaines de Toulouse
et de Montpellier ; les communes de Lourdes et de Carcassonne disposent également d
’
une offre
importante.
8
17
% de l’offre hôtelière.
Enquête de fréquentation touristique dans l'hôtellerie (EPH) dans l'hôtellerie de plein air (EFHPA) et dans les autres hébergements collectifs touristiques (EFAHCT)
Sources : Insee en partenariat avec la DGE, les partenaires territoriaux, Fédération Nationale des Gîtes de France, Clévacances, Fleurs de soleil, Accueil paysan
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ROD2 - Région Occitanie
1.2.1.2.
Une faible progression des nuitées dans les hébergements marchands depuis
2010
En 2015, la fréquentation des hébergements collectifs en France métropolitaine s
’
élève
à 406,4 millions de nuitées
9
, en progression de 3,9 % depuis 2010.
Sur l
’
ensemble du territoire de la région, le nombre total des nuitées en hébergement
marchand s
’
élève à un peu plus de 51 millions. Sur la période 2010-2015, le nombre total de nuitées
n
’
a connu qu
’
une très faible progression de 1,5 %. En tendance, la dynamique des nuitées sur le
périmètre de la nouvelle grande région est donc nettement plus faible que sur l
’
ensemble du territoire
français.
La croissance du nombre de nuitées en Occitanie résulte uniquement du dynamisme de
l
’
hébergement en camping (+ 6,1 % sur la période 2010-2015).
A contrario
, le nombre de nuitées
dans l
’
hôtellerie et autres hébergements touristiques diminue.
tableau 3 : Comparaison de l
’
évolution des hébergements marchands 2010/2015 Occitanie et panel
d
’
autres régions
Source : CRC d
’
après les statistiques de l
’
INSEE
*AHCT
10
chiffres de 2011 et 2015
1.2.2.
Un taux d
’
occupation des hébergements insuffisant
Le taux d
’
occupation des hébergements marchands de la région reste faible. En 2015,
le taux d
’
occupation annuel moyen
s’est élevé
à 38,9 %. Il s
’
est dégradé sur la période 2010-2015,
excepté pour les campings. Ce faible taux est le reflet
d’une saisonnalité très marquée, les
taux de
fréquentation
n’étant
satisfaisants que lors de la haute saison touristique.
Le taux moyen d
’
occupation au niveau national est peu significatif, en raison du poids
de la région Ile-de-France, qui a une fréquentation homogène sur l
’
ensemble de l
’
année, alors que
9
Source INSEE, enquête nationale tableaux 2015.
10
AHCT :
les autres hébergements collectifs de tourisme, définis par l’INSEE comme des établissements commerciaux d’hébergement
classé faisant l’objet d’une exploitation permanente ou saisonnière.
LRMP
2010
2015 Evolution
2010
2015 Evolution
hotels
9 095 983
8 858 188
-2,6%
16 310 459
15 700 203
-3,7%
campings
3 422 058
3 740 207
9,3%
22 369 401
23 732 217
6,1%
AHCT*
2 112 991
2 589 528
22,6%
11 747 185
11 739 825
-0,1%
total
14 631 032
15 187 922
3,8%
50 429 055
51 174 261
1,5%
PACA
hotels
10 323 126
10 994 676
6,5%
21 251 250
22 160 236
4,3%
campings
2 043 609
2 347 921
14,9%
13 646 723
15 126 359
10,8%
AHCT*
3 528 933
3 760 882
6,6%
19 316 986
17 278 586
-10,6%
total
15 895 667
17 103 479
7,6%
54 214 960
54 565 181
0,6%
Aquitaine, Limousin-Poitou-Charentes
hotels
8 515 546
9 311 310
9,3%
14 501 901
15 446 923
6,5%
campings
3 419 128
3 895 228
13,9%
21 313 061
23 629 901
10,9%
AHCT*
1 933 830
2 357 992
21,9%
10 216 751
9 971 277
-2,4%
total
13 868 504
15 564 530
12,2%
46 031 714
49 048 101
6,6%
France métropolitaine
hotels
106 951 681
112 692 239
5,4%
195 740 717
202 087 461
3,2%
campings
19 200 524
21 690 923
13,0%
103 833 966
112 875 630
8,7%
AHCT*
18 998 053
21 895 088
15,2%
91 692 806
91 404 131
-0,3%
total
145 150 259
156 278 250
7,7%
391 267 489
406 367 221
3,9%
Arrivées
Nuitées
10/82
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: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
dans les régions touristiques du sud et de l
’
ouest de la France, la fréquentation est concentrée sur
une partie de l
’
année. Dans ces conditions, la chambre a privilégié les comparaisons avec des
régions semblables (PACA, Nouvelle Aquitaine).
La comparaison avec les principales régions françaises apparaît défavorable à la région
Occitanie qui affiche les plus faibles taux d
’
occupation pour les hôtels et autres hébergements
touristiques des 13 régions métropolitaines. Elle ne se situe qu
’
à la 6
ème
place pour le taux
d
’
occupation des campings. À titre d
’
exemple, la région PACA affiche un taux moyen d
’
occupation
de ses hébergements marchands de 46,2 % en 2015.
La faiblesse du taux d
’
occupation moyen apparaît liée à une surcapacité régionale, en
particulier dans le domaine de l
’
hôtellerie, et à une offre d
’
hébergement dont le rapport qualité-prix
est médiocre par comparaison avec celle des autres grandes régions touristiques.
tableau 4 : L
’
évolution du taux d
’
occupation des hébergements touristiques marchands
Source
:
CRC d
’
après les statistiques de l
’
INSEE
Dans ses réponses, l
’
ordonnateur a indiqué que la région Occitanie avait étendu à
l
’
ensemble de son nouveau périmètre un dispositif initié par le conseil régional de Midi-Pyrénées
d
’
aide à la mise aux normes de l
’
hôtellerie familiale et rurale.
Palmares France métro.
LRMP
2010
2015 Evolution
2010
2015 Evolution 2010 2015
Evolution
hotels
20 012 773
19 831 404
-0,9%
51,1%
51,1%
0%
12
13
-1
campings
18 795 987
19 205 297
2,2%
35,5%
35,9%
1,3%
5
6
-1
AHCT*
37 716 594
39 576 472
4,9%
30,8%
29,7%
-3,6%
11
13
-2
total
76 527 364
78 613 173
2,7%
39,1%
38,9%
-0,6%
IDF
hotels
54 430 490
54 993 478
1,0%
73,1%
72,6%
-0,7%
1
1
-
campings
1 225 903
1 158 352
-5,5%
35,9%
39,7%
10,6%
4
3
1
AHCT*
18 764 647
20 131 265
7,3%
42,7%
44,1%
3,3%
4
2
2
total
74 421 040
76 283 095
2,5%
50,5%
52,1%
3,1%
PACA
hotels
22 373 257
23 284 936
4,1%
57,3%
58,4%
1,9%
3
2
1
campings
10 809 093
11 012 240
1,9%
42,3%
44,9%
6,2%
2
1
1
AHCT*
53 832 334
48 768 590
-9,4%
35,9%
35,4%
-1,3%
7
8
-1
total
87 014 684
83 065 766
-4,5%
45,2%
46,2%
2,4%
Aquitaine, Limousin-Poitou-Charentes
hotels
17 490 284
18 348 969
4,9%
51,3%
53,8%
4,9%
11
9
2
campings
19 683 582
20 109 740
2,2%
30,3%
32,9%
8,5%
8
7
1
AHCT*
32 888 095
30 667 150
-6,8%
30,3%
30,1%
-0,6%
12
12
-
total
70 061 961
69 125 859
-1,3%
37,3%
38,9%
4,4%
Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine
hotels
15 005 252
15 740 529
4,9%
54,3%
54,9%
1,1%
6
5
1
campings
3 474 435
3 468 412
-0,2%
27,0%
28,6%
6,1%
11
12
-1
AHCT*
7 228 352
8 267 919
14,4%
39,4%
42,2%
7,1%
5
5
-
total
25 708 039
27 476 860
6,9%
40,2%
41,9%
4,2%
Nord-Pas de Calais-Picardie
hotels
9 647 331
10 510 805
9,0%
56,7%
57,6%
1,6%
4
4
-
campings
2 282 292
2 402 466
5,3%
29,4%
29,9%
1,6%
9
8
1
AHCT*
5 097 292
5 383 211
5,6%
44,2%
42,1%
-4,8%
3
4
-1
total
17 026 915
18 296 482
7,5%
43,4%
43,2%
-0,6%
Corse
hotels
2 740 799
2 757 853
0,6%
60,1%
57,9%
-3,7%
2
3
-1
campings
2 796 056
3 274 754
17,1%
46,1%
41,5%
-10,0%
1
2
-1
AHCT*
6 753 673
7 109 223
5,3%
36,2%
37,4%
3,2%
6
6
-
total
12 290 528
13 141 830
6,9%
47,4%
45,6%
-3,9%
Nombre de places
Taux d'occupation
Taux occupation
11/82
Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
1.2.3.
Une clientèle étrangère peu présente
En France en 2015, la part de fréquentation des hébergements collectifs par la clientèle
étrangère est de 31,9 %, en léger recul de 0,3 % par rapport à 2010. Depuis fin 2015, la part de la
fréquentation étrangère dans les hébergements collectifs se serait fortement réduite, en raison des
inquiétudes liées à la menace terroriste.
Dans la région Occitanie, la part de la fréquentation étrangère est plus faible que celle
relevée dans les grandes régions touristiques comparables. Les nationalités étrangères
représentent 23,9 % des nuitées réalisées sur le territoire régional
11
.
Entre 2010 et 2015, la proportion d
’
étrangers dans les hébergements marchands s
’
est
légèrement dégradée (de 25,2 % à 23,9 %). Cette attractivité en baisse atténue l
’
impact économique
de l
’
activité touristique, la clientèle étrangère étant en moyenne plus dépensière que la clientèle
française : au niveau national le tiers de la consommation touristique provient de visiteurs étrangers,
soit 51,9
Md€ sur un total de 158,3
Md€ en 2014
12
.
tableau 5 : L
’
évolution de la clientèle étrangère dans les hébergements marchands 2010/2015
Source : CRC d
’
après les statistiques de l
’
INSEE
*AHCT
10
chiffres de 2011 et 2015
La région Occitanie, comparée avec les principales régions touristiques, se classe en
7
ème
position s’agissant de
la proportion d
’
étrangers dans les hôtels de tourisme. Pour ce qui est des
campings, la région est en 10
ème
position. Sur l
’
ensemble des nuitées des étrangers dans les hôtels
et les campings, la région se place au 10
ème
rang avec un taux de 27 %, bien loin de la région Ile-
de-France qui affiche un taux de 57 %, de la région PACA avec un taux de 40 %, ou encore des
régions Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et Bourgogne-Franche-Comté avec 36 %.
La proportion de la clientèle étrangère est modeste dans les hébergements marchands,
sur le territoire de la région Occitanie, et relativement plus faible que dans les autres régions
touristiques.
La fréquentation de la clientèle étrangère dans les hébergements non traditionnels
(chambres d
’
hôte, locations auprès de particuliers), telle qu
’
elle ressort d
’
estimations réalisées à
partir de sondages fournis par la région
13
, est cependant plus dynamique et limite l
’
érosion constatée
dans les hébergements marchands traditionnels.
11
Source INSEE.
12
Source : DGE chiffres clés du tourisme.
13
Enquête EVE, éditée par la DGE, à partir des sondages réalisés par SDT SOFRES.
2015
Totales
francaises
étrangères
francaises %
étrangères %
Totales
francaises
étrangères
francaises % étrangères %
hotels
8 858 188
6 892 444
1 965 744
77,8%
22,2%
15 700 203
11 696 079
4 004 124
74,5%
25,5%
campings
3 740 207
2 771 322
968 885
74,1%
25,9%
23 732 217
17 190 677
6 541 540
72,4%
27,6%
AHCT
2 589 528
2 264 359
325 168
87,4%
12,6%
11 739 825
10 032 907
1 706 919
85,5%
14,5%
total
15 187 922
11 928 125
3 259 797
78,5%
21,5%
51 172 246
38 919 663
12 252 583
76,1%
23,9%
2010
Totales
francaises
étrangères
francaises %
étrangères %
Totales
francaises
étrangères
francaises % étrangères %
hotels
9 095 983
7 014 891
2 081 092
77,1%
22,9%
16 310 459
11 840 259
4 470 199
72,6%
27,4%
campings
3 422 058
2 448 759
973 299
71,6%
28,4%
22 369 401
15 898 306
6 471 096
71,1%
28,9%
AHCT*
2 112 991
1 802 184
310 807
85,3%
14,7%
11 747 185
9 963 917
1 783 268
84,8%
15,2%
total
14 631 032
11 265 834
3 365 198
77,0%
23,0%
50 427 045
37 702 482
12 724 563
74,8%
25,2%
Arrivées
Arrivées
Nuitées
Nuitées
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Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
tableau 6 : Palmarès fréquentation touristique étrangère en 2015, hôtels et campings
Source : INSEE
La faiblesse de la fréquentation étrangère confirme les caractéristiques du tourisme
régional : un tourisme de classe moyenne, très majoritairement français. Le déficit régional en
matière d
’
hébergements de luxe, notamment pour les stations balnéaires, rend la région peu
attractive pour la clientèle internationale.
Les trois principaux pays d
’
origine des touristes étrangers en Occitanie sont les Pays-
Bas, l
’
Allemagne et la Belgique
14
. L
’
importance relative de la clientèle néerlandaise (plus nombreuse
qu
’
en moyenne nationale) s
’
explique par l
’
offre en hôtellerie de plein air.
A contrario
, la clientèle
anglaise
15
, qui privilégie davantage l
’
hôtellerie classique, est moins présente sur le territoire régional
que sur l
’
ensemble du territoire français.
La chambre constate donc que la part de la clientèle étrangère reste faible au sein de la
région Occitanie. Cette faiblesse a été relevée également par le conseil économique, social et
environnemental. Dans son avis du 26 janvier 2011 sur le schéma régional de développement
touristique, ce conseil notait, pour
l’ancienne
région Languedoc-Roussillon, que « 75 % des nuitées
sont françaises ».
Paradoxalement, dans le contexte marqué par la menace terroriste, cette fragilité a
permis une forme de résilience du tourisme régional. Alors que les hébergements touristiques en
France ont subi, depuis novembre 2015, une baisse sensible de la fréquentation étrangère, la
prépondérance de la clientèle française a limité les effets de la conjoncture internationale sur
l
’
activité touristique régionale.
Selon la chambre, la faible fréquentation étrangère n
’
a pas réellement orienté les
politiques publiques en matière de développement du tourisme. Des actions volontaristes auraient
pu être engagées pour capter davantage cette clientèle internationale et accroître ainsi les
retombées économiques du tourisme sur le territoire régional. La faible proportion de touristes
étrangers met en évidence le déficit d
’
attractivité de l
’
offre proposée par la région Occitanie. Or, les
perspectives de croissance de l
’
activité touristique de l
’
Occitanie résident partiellement dans sa
capacité à capter davantage de clientèle étrangère.
14
Selon les données
d’Occitanie.
15
Comme d’ailleurs les clientèles nord
-américaines et asiatiques.
2015
% résidents
étrangers
Palmares
% résidents
étrangers
Palmares
% résidents
étrangers
Palmares
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine
33%
3
55%
2
36%
3
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
16%
11
27%
11
23%
11
Auvergne-Rhône-Alpes
25%
8
36%
9
29%
9
Bourgogne-Franche-Comté
30%
4
52%
3
36%
4
Bretagne
16%
12
25%
12
21%
12
Centre-Val de Loire
23%
10
47%
4
29%
7
Corse
26%
5
38%
8
33%
5
Île-de-France
57%
1
72%
1
57%
1
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
26%
7
28%
10
27%
10
Nord-Pas-de-Calais-Picardie
26%
6
46%
5
29%
8
Normandie
24%
9
41%
6
29%
6
Pays de la Loire
11%
13
19%
13
16%
13
Provence-Alpes-Côte d'Azur
41%
2
39%
7
40%
2
France de province
26%
31%
29%
France métropolitaine
37%
32%
35%
Hôtels de tourisme
Campings (mai à sept)
Total fréquentation
13/82
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d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Selon l
’
ordonnateur, la région s
’
efforce, par ses actions de promotion à l
’
international,
de promouvoir la destination auprès d
’
une clientèle étrangère. Toutefois, les actions de promotion
qui relèvent de la SAEM Sud de France Développement n
’
ont pas eu d
’
impact significatif jusqu
’
à
présent sur l
’
évolution de la fréquentation de la clientèle étrangère (cf.
infra
). L
’
ordonnateur
mentionne également que le problème du déficit régional en matière d
’
hébergement de luxe sera
étudié dans le cadre de l
’
élaboration du futur SRDTL.
1.2.4.
Une clientèle touristique peu diversifiée et saisonnière
L
’
objectif initial de la mission Racine de développer un tourisme tourné vers les classes
moyennes, a favorisé l
’
achat par cette clientèle de résidences secondaires. L
’
ordonnateur a rappelé,
dans sa réponse, que l
’
objectif initial de la mission Racine était moins de développer un tourisme
populaire que de capter la clientèle touristique française pour éviter qu
’
elle n
’
aille sur le littoral de
l
’
Espagne.
Plusieurs études ont été sollicitées par le comité régional du tourisme du Languedoc-
Roussillon à la SOFRES TNT entre 2010 et 2012. Les conclusions confirment cette typologie de
touristes, âgés entre 35 et 64 ans, dont 30 % sont inactifs et sans enfant, séjournant dans la famille
ou chez des amis, en hébergement non marchand.
L
’
étude de 2011, en confirmant la concentration estivale de l
’
activité touristique,
encourageait les pistes de réflexion suivantes :
- la promotion
de la diversité des destinations touristiques, notamment montagneuse l
’
été ;
de l
’
attractivité de la région tout au long de l
’
année, par de courts séjours ;
des hébergements familiaux ;
des activités annexes ;
- le développement des activités pour les enfants et les jeunes ;
- la diversification de la communication (par internet) afin qu
’
elle s
’
adapte à une nouvelle
clientèle.
En 2012, pour renforcer l
’
attractivité touristique de la région, les recommandations de
cet institut préconisaient les leviers suivants :
- promouvoir des évènements culturels ou sportifs durant les périodes touristiques afin
d
’
allonger les séjours des clients fidèles ;
- renforcer la communication tout au long de l
’
année sur les facilités qu
’
offre la météo
pour la pratique des activités ;
- proposer des forfaits réduits pour les activités culturelles.
Au vu de l
’
évolution touristique de 2010 à 2015, les politiques publiques conduites par
les deux anciennes régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées apparaissent faiblement
efficientes. Le conseil régional, malgré les demandes de la chambre, n
’
a pas été en mesure de
fournir les suites données aux préconisations suggérées dans les différentes enquêtes qu
’
il a
financées, notamment pour l
’
ancienne région Languedoc-Roussillon.
14/82
Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Recommandation
1.
Mettre en œuvre les préconisations suggérées dans les analyses et enquêtes
sur le secteur touristique
en vue de l’élargissement de
la clientèle touristique.
Non mise en
œuvre.
1.3.
Des ressources financières importantes, mais très concentrées pour les
collectivités locales
Généralités
La loi a retenu des ressources (dotations et bonifications de dotation)
16
pour aider les
collectivités à faire face aux enjeux de promotion touristique et au surdimensionnement des
équipements locaux lié aux pics de fréquentation.
Par ailleurs, comparées aux autres communes, les communes touristiques présentent
une très forte proportion de résidences secondaires (jusqu
’
à 85 %, pour une moyenne nationale de
4,5 % pour les communes non touristiques
17
) qui génèrent une fiscalité locale ménage
supplémentaire.
Enfin, l
’
activité des entreprises touristiques fait bénéficier à ces mêmes collectivités de
la fiscalité supplémentaire.
Au total, les collectivités territoriales sont susceptibles de percevoir plusieurs types de
ressources directement liés au tourisme :
- la taxe de séjour ;
- la taxe sur les casinos ;
- la taxe sur les remontées mécaniques ;
- la redevance ski de fond ;
- la dotation globale de fonctionnement (DGF) bonifiée
18
;
- la taxe d
’
habitation (TH) liée aux résidences secondaires ;
- la taxe sur le foncier bâti (TFB) liée aux résidences secondaires ;
- la contribution économique territoriale (composée de la CFE et de la CVAE) liée aux
entreprises du secteur touristique.
L’impact des résidences secondaires
La base de données de l
’
INSEE permet d
’
identifier la part des résidences secondaires
dans l
’
ensemble des logements recensés sur chaque commune.
16
Le surdimensionnement des équipements lié aux
pics de fréquentation implique des dépenses d’investissements supérieures de 60
%
à celles des communes non touristiques
–
source question orale sans débat précité.
17
À Leucate, Le Barcarès notamment.
18
Sources : question parlementaire orale sans débat n° 1168 et réponse publiée au JO du 9 décembre 2015 et liste des communes
classées, soit 197
M€
x (205 communes classées Occitanie / 872 communes françaises) = 46,3
M€
. 73 communes sont en Languedoc-
Roussillon.
15/82
Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Le territoire de la région Occitanie accueille près de 524 000 résidences secondaires,
soit 15,5 % du nombre total de logements estimé à 3,3 millions. Le tableau 7 montre l
’
importance
des ressources des collectivités locales liées à cette situation.
tableau 7 : Les ressources financières des collectivités liées au tourisme en 2014
Les ressources globales des collectivités liées au tourisme sont évaluées à 834
M€
pour
2014. Les taxes (TH et TFB) prélevées sur les résidences secondaires constituent une part
prépondérante de cette ressource globale (plus de 70 % du total), ce qui souligne l
’
intérêt que revêt,
pour la région, la rénovation et la mise aux normes de ce patrimoine immobilier.
Cette ressource globale, loin de se répartir uniformément sur l
’
ensemble du territoire de
la région, se concentre sur certaines collectivités. Ainsi, certains territoires perçoivent des montants
cumulés de ressources liées au tourisme particulièrement importants. Le territoire de l
’
Hérault
concentre ainsi 29,6 % des recettes (247
M€
) contre seulement 1,4 % (12
M€
) pour le territoire du
Tarn et Garonne (cf. tableau 8).
en €
LR
MP
total
taxe de séjour
19 977 338
8 746 331
28 723 669
taxe sur les casinos
16 770 680
9 387 594
26 158 274
taxe sur les remontées
mécaniques
0
2 915 441
2 915 441
redevance ski de fond
160 635
377 699
538 334
DGF bonifiée*
16 491 972
29 821 101
46 313 073
TH liée aux résidences
secondaires
206 881 685
85 880 685
292 762 370
TFB liée aux résidences
secondaires
228 681 918
72 529 199
301 211 118
TFB liée aux entreprises
touristiques
32 269 844
25 436 590
57 706 434
CFE liée aux entreprises
touristiques
23 347 231
17 945 948
41 293 179
CVAE liée aux entreprises
touristiques
20 850 271
16 170 962
37 021 232
Total
565 431 575
269 211 549
834 643 124
source : DGFIP et logiciel ANAFI
* estimation fondée sur l'enveloppe nationale et le nombre
relatif de communes classées
16/82
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: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
tableau 8 : Estimation de la répartition des montants cumulés de ressources par territoire en 2014
La répartition des résidences secondaires, et de manière plus limitée celle des
entreprises touristiques, n
’
est pas homogène sur le territoire.
Si le nombre total de résidences se répartit à part égale entre le Languedoc-Roussillon
et Midi-Pyrénées (1,6 million pour chacune), le nombre de résidences secondaires est deux fois plus
important en Languedoc-Roussillon qu
’
en Midi-Pyrénées (353 000 contre 171 000
19
).
Le tableau 9 montre la forte concentration de résidences secondaires sur une dizaine de
communes.
19
Le nombre de lits marchands en Occitanie est de 380
700. L’essentiel des lits touristiques se situe donc dans le secteur non marchand.
territoire
départemental
total (en M€)
9
16,9
11
83,0
12
30,4
30
87,4
31
98,5
32
15,9
34
247,5
46
22,0
48
14,4
65
51,7
66
132,0
81
21,3
82
12,6
total
834,6
source : DGFIP et logiciel ANAFI
17/82
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ROD2 - Région Occitanie
tableau 9 : Liste des communes concentrant le plus grand nombre de résidences secondaires
Ainsi, la répartition des principales ressources locales liées au tourisme converge et se
cumule pour dessiner une carte très segmentée de l
’
espace touristique régional selon une
catégorisation par ailleurs utilisée par l
’
INSEE : littoral, urbain, montagne et rural.
carte 1 : Répartition du produit de la taxe d
’
habitation liée aux résidences secondaires
Source : données DGIFP
–
mise en carte avec Google Fusion Tables
Région
Dpt
Commune
Nb résidences
secondaires
Ratio
LR
34
Agde
32 065
70,44%
LR
30
Le Grau-du-Roi
19 011
80,43%
LR
34
La Grande-Motte
14 999
73,71%
LR
11
Leucate
13 498
85,46%
LR
66
Le Barcarès
13 481
85,93%
LR
66
Saint-Cyprien
10 633
66,99%
LR
11
Gruissan
9 808
80,31%
LR
66
Argelès-sur-Mer
9 195
62,51%
LR
66
Canet-en-Roussillon
8 503
55,73%
LR
11
Fleury
7 633
80,03%
LR
34
Valras-Plage
6 654
73,40%
LR
34
Sète
6 176
20,07%
LR
34
Marseillan
6 014
61,34%
MP
31
Toulouse
5 939
2,21%
LR
11
Narbonne
5 403
16,12%
LR
34
Montpellier
4 838
3,13%
MP
65
Cauterets
4 673
89,04%
MP
65
Saint-Lary-Soulan
4 561
89,24%
LR
11
Port-la-Nouvelle
4 457
59,69%
LR
66
Font-Romeu-Odeillo-Via
4 424
82,06%
Source : INSEE
18/82
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d’Occitanie
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: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Ainsi que le relève l
’
ordonnateur dans sa réponse, le conseil régional ne bénéficie
toutefois pas directement de cette fiscalité touristique.
2.
LA
GOUVERNANCE
ET
LA
STRATEGIE
DANS
L’ANCIENNE
REGI
ON
LANGUEDOC-ROUSSILLON
Avertissement
: les chapitres 2 à 5 du présent rapport concernent le seul périmètre de
l’ancienne région Languedoc
-Roussillon.
2.1.
Rappels législatifs et règlementaires : la répartition des compétences entre les
catégories de collectivités, et le rôle central du conseil régional
L
’
activité économique que constitue le tourisme donne lieu à des interventions publiques
impliquant l
’
État et les différents niveaux de collectivités territoriales, dont les compétences
respectives sont définies par le code du tourisme et le code général des collectivités territoriales.
De manière synthétique, les domaines de compétences de l
’
État et des autres niveaux
de collectivités territoriales sont les suivants :
- l
’
État a pour compétence la réglementation et l
’
agrément des équipements, organismes
et activités touristiques, la promotion du tourisme français sur les marchés extérieurs et au sein des
organisations internationales compétentes ; il lui appartient également de favoriser la coordination
des initiatives publiques et privées dans le domaine du tourisme et d
’
apporter son concours aux
actions de développement touristique des collectivités territoriales ;
- les régions définissent les objectifs à moyen et long termes du développement
touristique régional et assument plusieurs missions détaillées
infra
;
- les départements peuvent établir un schéma d
’
aménagement qui prend en compte les
orientations définies par le schéma régional et instituer un comité départemental du tourisme ;
- le
bloc
communal
(communes
ou
établissements
publics
de
coopération
intercommunale) peut créer un office de tourisme chargé des missions d
’
accueil et de promotion
touristique local.
Si l
’État est responsable de la mise en œuvre de la politique nationale du tourisme, les
collectivités territoriales sont ainsi associées, chacune d
’
entre elles bénéficiant d
’
une compétence
tourisme sur son ressort territorial.
L
’
évolution de la législation positionne toutefois le conseil régional comme chef de file
dans le domaine du développement économique. Si les compétences demeurent partagées entre
les collectivités en matière de tourisme, la loi confie à la région un rôle institutionnel majeur et central
dans l
’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, et ce selon quatre axes
20
:
- la planification, en définissant les objectifs à moyen terme du développement
touristique régional au sein du schéma régional de développement du tourisme et des loisirs
(SRDTL) ;
- la coordination des actions, dans le respect des objectifs définis et en s
’
appuyant sur
des conventions avec les collectivités territoriales concernées ;
20
Articles L. 131-1 à L. 131-10 du code du tourisme.
19/82
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ROD2 - Région Occitanie
- l
’
information, qu
’
elle assure par le recueil, le traitement et la diffusion des données
relatives à l
’
activité touristique dans la région, en lien avec les observatoires régionaux du tourisme ;
- la promotion et l
’
information touristique, pour lesquelles elle coordonne les initiatives
publiques et privées dans la région.
2.2.
Une gouvernance faisant appel à trois acteurs : le conseil régional, le comité
régional du tourisme et la SAEM Sud de France Développement
2.2.1.
Le conseil régional, pilote de la politique touristique
Deux schémas régionaux de développement d
u tourisme ont été mis en œuvre sur la
période par le conseil régional de Languedoc-Roussillon. Le premier (2006-2010), adopté par
délibération du 9 juin 2006 :
- confie le pilotage de la promotion touristique, fédérant l
’
offre autour du concept « Sud
de France », au conseil régional et au comité régional du tourisme (CRT) ;
- développe les actions de formation et d
’
animation en direction des professionnels ;
- oriente les investissements publics et privés liés au tourisme autour du dispositif des
« pôles touristiques ».
Le second schéma (2011-2016) a été adopté par délibération du 28 janvier 2011.
Toutefois, par une seconde délibération du 1
er
septembre 2011, le conseil régional a procédé à une
réorganisation des organismes, institutions et moyens afin de « réaffirmer le rôle prioritaire de la
région dans la politique touristique ».
Ainsi, le conseil régional a :
- créé une direction du tourisme à laquelle a été rattaché l
’
observatoire du tourisme
(mission précédemment affectée au CRT) ;
- rattaché à Sud de France Export, qui en a fait la proposition officielle, la démarche
Qualité Sud de France, les missions de promotion et de communication touristiques ainsi que les
systèmes d
’
information ;
- confié au CRT la mission de coordonner les actions de promotion de la destination
menées par Sud de France Développement et les partenaires régionaux (comités départementaux,
Pays, offices de tourisme, etc.) et d
’
assurer le secrétariat général d
’
un comité consultatif du tourisme,
calqué sur l
’
assemblée générale de l
’
association.
2.2.1.1.
Un renforcement du statut de la direction du tourisme
L
’
organisation de la direction du tourisme des services de l
’
ancienne région Languedoc-
Roussillon a évolué depuis 2010, sous l
’
impulsion de l
’
ordonnateur : de simple statut de service
« tourisme et promotion » de la direction de l
’
économie rurale, littorale et touristique, elle est devenue
une direction du tourisme en 2011. Au 1
er
septembre, l
’
observatoire, précédemment rattaché au
CRT, l
’
a rejoint.
Entre 2011 et 2016, cette direction s
’
est renforcée et structurée. Deux services la
composent, l
’
un sur l
’
ingénierie et l
’
investissement touristique, service d
’
origine de la direction, et
l
’
autre sur les partenariats et filières touristiques, dont l
’
observatoire. Elle comprend 15 agents, dont
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la moitié a le statut de cadre. Son budget évolue également de près de 50 % entre 2010 et 2015 (cf.
2.3.2.1.1).
En juin 2016, après la fusion des deux régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées,
la réorganisation générale des services rattache désormais cette direction à la direction générale
intitulée « dynamiques territoires, attractivité et solidarités », et non plus à la direction générale en
charge du développement économique et l
’
économie rurale, littorale et touristique.
La chambre relève le renforcement de la direction du tourisme du conseil régional de
Languedoc-Roussillon sur la période. Elle relève également que celle-ci n
’
est désormais plus
rattachée à la direction générale en charge du développement économique, alors même que le
tourisme en constitue une filière d
’
importance pour le territoire.
Dans sa réponse, l
’
ordonnateur souligne que le volet développement économique du
tourisme restera un axe prioritaire du nouveau schéma régional de développement économique,
mais considère que le positionnement de la direction au sein de l
’
aménagement du territoire
constitue un choix politique fort.
Dans ce cadre, il s
’
engage à monter graduellement en puissance en matière d
’
évaluation
des retombées économiques du tourisme.
2.2.1.2.
L
’
observatoire régional du tourisme
Créée en août 1987 en même temps que le comité régional du tourisme, la mission
d
’
observation a été transférée à la direction du tourisme en octobre 2011. Elle a pour missions de :
réaliser des diagnostics et des études sur les perspectives de développement pour les
filières touristiques, comme par exemple : étude sur le développement du nautisme et de la
plaisance, analyse par filière des profils, de la satisfaction des dépenses des clientèles touristiques ;
démarche Top en Tourisme (étude des besoins des entreprises du secteur touristique) ;
mettre en place des indicateurs d
’
évaluation des politiques publiques ;
améliorer la réactivité et la transversalité avec des données instantanément disponibles
au service des élus et des autres directions de la région ;
rester au service de la promotion touristique (veille touristique, analyse des marchés et
des nouvelles tendances) ;
améliorer la maîtrise de la communication sur l
’
activité touristique.
La direction du tourisme a réalisé et contractualisé plusieurs types d
’
enquêtes et de
dispositifs. Les principales thématiques traitées sont :
l
’
offre et la fréquentation touristique dans les hébergements marchands ;
les flux touristiques totaux et le périmètre neige dans les Pyrénées-Orientales ;
les profils, la satisfaction et les dépenses de la clientèle touristique
21
;
les enquêtes de conjoncture estivale ;
l
’
enquête de satisfaction Qualité Sud de France ;
21
Partenaire TNT SOFRES ; thèmes abordés : hébergement, restauration, activités culturelles, activités sportives et de loisirs,
animations, transports, accessibilité, rapport qualité/prix...
21/82
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ROD2 - Région Occitanie
les dispositifs partenariaux sur les emplois dans les activités liées au tourisme et sur la
consommation touristique ;
les fréquentations récurrentes (thermalisme, sites touristiques).
D
’
après l
’
ordonnateur les acteurs publics et privés (agences départementales,
fédérations professionnelles, comité régional, chambres de commerce et d
’
industrie, offices de
tourisme et plus de 50 partenaires) sont largement associés dans la réalisation de ces enquêtes.
Certaines ne portent toutefois que sur le ressenti des professionnels, sans chiffrage particulier.
La direction du tourisme du conseil régional collabore avec l
’
INSEE pour des enquêtes
sur les hébergements marchands, et sur des analyses concernant les emplois dans les activités
liées au tourisme, et jusqu
’
en 2013 pour l
’
étude de l
’
évolution du chiffre d
’
affaires dans les activités
caractéristiques du tourisme. Néanmoins, la région ne dispose plus d
’
éléments d
’
évaluation de
l
’
activité des entreprises : il serait utile qu
’
elle puisse conventionner de nouveau avec l
’
INSEE, ou à
défaut, avec d
’
autres acteurs (Banque de France), pour recueillir ces données.
En tant que chef de file de l
’
action économique, le tourisme représentant 10 % du PIB
régional, et acteur central en matière de développement touristique, la région a la capacité d
’
être
l
’
acteur qui impulse la politique publique de développement du tourisme et de développer une
stratégie en la matière.
2.2.2.
Un comité régional du tourisme aux compétences résiduelles
Conformément à la règlementation, pour exercer la compétence tourisme, le conseil
régional s
’
appuie sur un comité régional du tourisme, dont la collectivité a défini le statut associatif
par délibération du 24 juillet 1987. Le législateur confie au comité régional :
des compétences obligatoires :
en matière de coordination des actions de promotion de la région en France et sur
les marchés étrangers
22
;
sur la mise en œuvre de tout ou partie de la politique tourisme de la région,
notamment dans le domaine des études, de la planification, de l
’
aménagement et de l
’
équipement
des aides aux hébergements, des assistances techniques à la commercialisation ainsi que de la
formation professionnelle ;
des compétences optionnelles que la région peut lui déléguer, telles que l
’
élaboration
du schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL).
Le SRDTL, adopté le 28 janvier 2011 par le conseil régional, prévoit expressément
d
’
attribuer au CRT les missions énumérées
supra
.
Cependant, après l
’
adoption d
’
une nouvelle délibération par le conseil régional le
1
er
septembre 2011, une modification des statuts de l
’
association a transféré les missions
d
’
observation et de promotion de la destination « Sud de France » du CRT respectivement vers le
conseil régional et la SAEM Sud de France Développement. En 2014, une nouvelle modification
statutaire a positionné le CRT sur des missions de concertation, avec la création du comité
consultatif du tourisme (CCT) qui réunit les départements, les offices de tourisme et les pays
d
’
accueil touristique.
22
Articles L. 131-5 et L. 131-8 du code du tourisme.
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ROD2 - Région Occitanie
Selon la chambre, le CRT du Languedoc-Roussillon n
’
exerce pas les principales
missions énoncées par le code du tourisme dans ses articles L. 131-5 et suivants. L
’
absence de
concertation au sein même du CRT a circonscrit ce dernier à des compétences résiduelles, qui ne
lui permettent pas d
’
assumer
le rôle central de coordination et de mise en œuvre de la politique
touristique qui lui est reconnu par la loi et mentionné dans le SRDTL. La fragilité et la faible
consistance des missions confiées au CRT du Languedoc-Roussillon ont limité son positionnement
et ses actions, faisant de lui un acteur isolé.
L
’
ordonnateur, dans sa réponse,
ne partage pas l’appréciation de la chambre
. Il
considère que le CRT du Languedoc-Roussillon intervient sur des axes majeurs pour le
développement du tourisme régional tant en matière de coordination, de formation et de
professionnalisation du réseau des acteurs du tourisme, que sur l
’
organisation de la promotion des
destinations infrarégionales. La complémentarité des missions entre le CRT du Languedoc-
Roussillon et la SAEM Sud de France Développement a montré selon lui son efficacité. Il ajoute que
ce schéma de gouvernance est en totale conformité avec le code du tourisme. Il mentionne toutefois,
sans fixer de calendrier, que dans le cadre de la fusion des ex-régions, le système de gouvernance
de la politique tourisme sera remis à plat.
La position exprimée par l’ordonnateur n’est pas partagée par les responsables
départementaux du tourisme.
Le président du comité départemental du tourisme de l
’
Hérault, dans sa réponse, précise
que le transfert des missions du CRT s
’
est effectué sans véritable consultation préalable de ses
membres. Il relève de plus que la réorganisation de la gouvernance autour de la SAEM pose deux
problèmes de fond. Premièrement, il mentionne que celle-ci ne fédère ni statutairement ni
fonctionnellement les institutions touristiques. Ensuite il constate que la SAEM Sud de France
Développement ne porte pas en soi une marque de destination touristique, et demande que celle-ci
soit explicitement repositionnée en dehors de ce champ. Enfin, il fait état de la prise de position des
comités départementaux et offices de tourisme du territoire en faveur d
’
un CRT « de plein exercice
et conforme au code du tourisme ».
La chambre relève par conséquent que son analyse est partagée par de nombreux
acteurs intervenant en matière de tourisme, ce qui laisse supposer
a minima
que la politique
régionale a été mal comprise.
2.2.3.
La SAEM Sud de France Développement
La réorganisation de la gouvernance de la politique du tourisme en région Languedoc-
Roussillon a fait l
’
objet d
’
un rapport daté du 1
er
septembre 2011. En sus de ses activités liées à
l
’
internationalisation des produits « Sud de France »,
la SAEM s’est vu confiée
, à sa demande, la
promotion de la destination touristique « Sud de France » en France et à l
’
international
(communication, relations presse, système d
’
information touristique régionale et démarche qualité),
notamment avec l
’
appui des maisons de la région à l
’
international, au nombre de quatre au 1
er
janvier
2016 : Casablanca, Londres, New-York, et Shangaï.
Ce transfert, piloté par le conseil régional, relève d
’
un « pari » fondé sur les effets de
synergie attendus entre la commercialisation de produits du territoire et la promotion de la
destination touristique. Cette structuration de la gouvernance a eu pour corollaire une réduction
drastique du périmètre d
’
intervention du CRT.
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Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
2.2.4.
Une réorganisation contraire au SRDTL et surtout aux textes règlementaires
En premier lieu, cette reconfiguration de la gouvernance régionale est contradictoire
avec la stratégie définie dans le SRDTL adopté le 28 janvier 2011
23
, qui indique explicitement qu
’
en
matière de promotion touristique :
- « Le CRT
(…)
a pour mission fondamentale, comme prévu dans la loi du 3 janvier 1987
qui fixe le cadre juridique des CRT, d
’
assurer la promotion de la destination Sud de France auprès
des touristes du monde entier. »
24
;
- « Il appartient au CRT de créer cet effet d
’
entraînement puis cette symbiose, soit en
favorisant l
’
adhésion des entreprises touristiques individuellement, soit par le biais de clubs ou de
contrats de filières élaborés par la région ».
Le conseil économique et social régional
25
, dans son avis sur le SRDTL
26
, relève que
« la nouvelle image de la destination "Sud de France" doit caractériser le territoire régional :
authenticité, modernité, provocation. Il appartient donc au CRT de créer cet effet d
’
entraînement en
rassemblant un maximum d
’
acteurs touristiques autour de la marque Sud de France ».
Ensuite, la promotion touristique de la région en France et à l
’
étranger est, comme
indiqué précédemment, une compétence qui doit nécessairement être exercée par le CRT : elle
n
’
est ni facultative, ni optionnelle
27
.
À compter de 2011, les statuts du CRT Languedoc-Roussillon mentionnent qu
’
il a pour
mission « d
’
assurer les actions de promotion touristique en France et à l
’
étranger », alors que ceux
de 2014 précisent « qu
’
il peut se voir confier » cette compétence.
Cette rédaction est contraire aux transferts d
’
activités intervenus en 2011. Elle est
surtout ambiguë, car elle laisse penser que le CRT du Languedoc-Roussillon exerce ou pilote cette
mission. Or, cette compétence est formellement exercée par la SAEM Sud de France
Développement.
Ainsi, lors de deux assemblées générales du CRT, les présidentes déléguées ont
précisé que « les activités historiques et classiques de promotion et de communication ont été
officiellement transférées à Sud de France Développement »
28
et « (...) qu
’
il est certes pertinent
d
’
avoir confié la promotion de la destination Sud de France à Sud de France Développement, forte
de ses succès commerciaux remarquables à l
’
exportation des vins et des produits régionaux »
29
.
Les dispositions législatives, qui imposent que le CRT exerce la compétence relative à
la promotion touristique de la région en France et à l
’
étranger, ne sont donc pas respectées, la
mention statutaire n
’
étant pas respectée dans les faits. Comme le souligne le chapitre 3 de ce
rapport, la SAEM exerce concrètement cette compétence depuis 2011.
Pour autant, aucune analyse technique ou juridique motivant cette nouvelle structuration
n
’
a été produite par l
’
ordonnateur.
23
Source : conseil régional - Réponse au questionnaire I.7.
24
SRDTL, p.20/44.
25
Comité économique, social et environnemental régional.
26
Avis du 26 janvier 2011, adopté à l’unanimité (p
.2).
27
Articles L. 131-5 et L. 131-8 du code du tourisme.
28
Procès-verbal
de l’a
ssemblée générale du 5 novembre 2013.
29
Procès-verbal
de l’a
ssemblée générale du 5 février 2015.
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Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
Selon la chambre :
- la réorganisation de la gouvernance est contraire aux orientations initiales définies
dans le SRDTL ;
- le conseil régional, dans sa mission de coordination des acteurs en charge de la
politique touristique, a impulsé et validé la mise en place d
’
un nouveau schéma de gouvernance en
décalage avec les textes, ce qui conduit à la fragilisation du positionnement du CRT.
Recommandation
2.
Revoir le schéma de gouvernance régionale pour le rendre cohérent avec le
cadre légal.
Non mise en œuvre.
2.3.
Une stratégie régionale incomplète
2.3.1.
Des objectifs insuffisamment précis
2.3.1.1.
L’insuffisance des objectifs
chiffrés
L
’
adoption du SRDTL 2010-2014, par délibération du conseil régional du 28 janvier 2011,
a donné lieu aux appréciations suivantes :
- la direction régionale du tourisme souligne que « le tourisme régional vit sur ses acquis
et en grande partie sur des aménagements réalisés entre 1963 et 1983 (mission Racine) »
30
;
- le CESER relève que « les efforts menés par tous les acteurs publics et privés sont
encore trop dispersés et donnent aux touristes une image de confusion. C
’
est pourquoi la région
animera un conseil stratégique du tourisme dans lequel seront invités les principaux syndicats
professionnels, le CESER, les départements, l
’
État, le CRT, pour définir des priorités communes et
coordonner les efforts des différents partenaires »
31
;
- l
’
assemblée délibérante, lors de l
’
adoption du SRDTL, précise qu
’
« il est du devoir de
la région, chef de file du développement économique, d
’
analyser la situation, les forces et les
faiblesses de cette filière qui représente 15 % du PIB de cette région et de montrer le chemin en
définissant une politique forte, lisible et mobilisatrice ».
L
’
ordonnateur a précisé que la stratégie touristique régionale 2010-2014 a été fixée sur
la base de plusieurs documents :
- un rapport intitulé
Repenser le tourisme en Languedoc-Roussillon
32
qui établissait
simultanément un diagnostic du SRDTL 2006-2010 et des préconisations pour celui de 2010-2014 ;
- le PACTE régional, programme régional d
’
appui à la création et la transmission
d
’
entreprises
33
, lui-même basé sur le schéma régional d
’
aménagement et de développement durable
du territoire (SRADDT) adopté le 25 septembre 2009 et sur la stratégie économique régionale de
valorisation et d
’
intégration des ressources (SERVIR) définie dans le schéma régional de
développement économique et de l
’
emploi (SRDE).
Selon la chambre, l
’
ordonnateur disposait de nombreux schémas, stratégies et
diagnostics formalisés, lui permettant d
’
établir des constats, mais également de définir les objectifs
à moyen terme du développement touristique régional, conformément à sa mission en matière de
30
Réponse de l’ordonnateur au questionnaire n
° 1 -
2.7 Rapport d’activité 2010 de la direction du tourisme, p.3/11
.
31
Avis du 26 janvier
2011, adopté à l’unanimité (p
.4)
–
aucun PV de ce conseil stratégique n’a été transmis.
32
Réponse de l’ordonnateur au questionnaire
- I.7.
33
Réponse de l’ordonnateur au questionnaire
- 1.7.
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Chambre régionale des comptes
d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
planification
34
. Pour autant, le SRDTL ne pose pas d
’
objectifs chiffrés permettant de fixer
quantitativement ou qualitativement les ambitions régionales en la matière.
Dans sa réponse, l
’
ordonnateur met en avant la montée en gamme des hébergements
marchands comme objectif principal du SRDTL 2010-
2015, mis en œuvre grâce au développement
du label « Qualité Sud de France ». Il considère que les indicateurs qui y sont associés, dont la
labellisation de près de 1 200 entreprises, et le niveau de satisfaction des professionnels
accompagnés relevés lors d
’
une enquête, en démontrent les succès.
Le président du CDT de l
’
Hérault relève quant à lui que le rattachement de ce label
« Qualité Tourisme » à la marque Sud de France est porteur d
’
ambiguïté. Il souligne le souhait
d
’
acteurs du territoire d
’
y mettre un terme.
2.3.1.2.
L
’
absence de bilan formalisé et l
’
utilisation d
’
indicateurs très institutionnels
Le schéma régional adopté par délibération du 9 juin 2006 souligne l
’
importance de
l
’
économie touristique et les difficultés du secteur marqué par la stagnation ou le recul de la
fréquentation, sa concentration géographique, sa saisonnalité, et les risques d
’
inadaptation aux
évolutions de pratiques touristiques.
Pour autant, l
’
élaboration par l
’
ancienne région Languedoc-Roussillon d
’
un plan de
formation spécifique et le développement des moyens consacrés à cette politique ne sont intervenus
que tardivement.
Selon l
’
ordonnateur,
la mise en œuvre du SRDTL (20
10-2015) n
’
a fait l
’
objet d
’
aucun
bilan, ni à mi-parcours, ni à son terme. Seule une évaluation « au fil de l
’
eau »
35
a été réalisée au
sein du comité consultatif du tourisme, et par les rapports d
’
activité et le contrôle des organismes
associés, le comité s
’
appuyant sur « un suivi régulier de l
’
activité dans le cadre du dialogue de
gestion annuel »
36
. Il indique effectuer un suivi de la politique régionale à travers plusieurs
indicateurs : nombre de dossiers instruits et votés, nombre d
’
entreprises labellisées Sud de France,
analyse du panier moyen et de la structure de l
’
offre touristique.
Aucun rapport d
’
audit de la SAEM Sud de France Développement n
’
a été produit ni
réalisé alors que la région subventionne cet organisme à hauteur de 14
M€
par an environ.
Le conseil régional souligne les complexités juridiques induites par la loi NOTRé et
précise « qu
’
une évaluation ex-LR serait rapidement inutilisable dans le cadre de la grande
région »
37
. Cet argument n
’
apparaît pas recevable puisque la loi NOTRé a été envisagée en 2014,
soit un an avant le terme du SRDTL 2010-2015 voté en janvier 2011.
L
’
examen des documents mentionnés comme « documents source » du suivi de
l
’
évaluation de la politique touristique met en exergue son caractère très institutionnel :
- le suivi de la réalisation des objectifs de la politique régionale demeure centré sur le
nombre de dossiers financés, d
’
organismes labellisés, et les montants financiers qui y sont
consacrés ;
- les dossiers sont dépourvus d
’
indicateurs sociétaux (économie, emploi), d
’
analyse
d
’
impact des dispositifs (sur la fréquentation touristique, les taux de tension sur le marché de
34
Article L. 131-1 du code du tourisme.
35
Réponse directe de l’ord
onnateur au questionnaire - II.4.
36
Réponse questionnaire n° 1 - Point 2.4.
37
Réponse 1
er
questionnaire - Point 2.4.
26/82
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d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
l
’
emploi), et présentent des faiblesses sur la mise en perspective les résultats annuels et calendriers
de mise en œuvre des objectifs qui sont
rarement rappelés.
Une réorientation récente et partielle de ce suivi peut toutefois être relevée dans les
conventions annuelles de financement de la SAEM Sud de France Développement, qui intègrent
depuis 2015 une partie évaluation, et comprennent des éléments sur l
’
évolution du chiffre d
’
affaires,
de l
’
emploi, des flux d
’
export des entreprises. Toutefois, ces indicateurs ne concernent pas les
entreprises du secteur touristique mais les autres filières (viticulture, agroalimentaire, multisectoriel).
Dès lors, et faute d
’
avoir précisément définis les objectifs et les résultats attendus, ces
documents ne permettent pas d
’
identifier la pertinence de la gouvernance et l
’
efficacité des
dispositifs mis en place dans le cadre de la stratégie régionale.
Or, la collectivité disposait de plusieurs types de données (emploi, activité des
entreprises et robustesse du tissu économique du territoire), qui lui auraient permis d
’
évaluer l
’
impact
des politiques publiques touristiques. Mais ces données n
’
ont été mobilisées que partiellement. Leur
analyse ne paraît pas avoir eu d
’
influence sur la conduite des politiques (cf. § 2.3.3).
Dans sa réponse, l
’
ordonnateur s
’
engage à procéder à ces analyses en 2017.
2.3.2.
Les moyens consacrés à la mise en œuvre de la stratégie
2.3.2.1.
Les moyens financiers consacrés à la politique du tourisme par le conseil
régional et les autres collectivités
2.3.2.1.1.
L
’
évolution de l
’
effort financier du conseil régional
Dans sa délibération du 28 janvier 2011, le conseil régional rappelle sa volonté de
développer une politique touristique transversale et ambitieuse : « Afin d
’
atteindre ces objectifs, je
vous propose de confirmer l
’
engagement pris par la majorité régionale "Tous pour le Languedoc-
Roussillon" et de voter un budget de 30
M€
, donc de doubler celui inscrit au BP 2010 ».
Depuis 2010, la politique régionale du tourisme se décline en trois stratégies régionales,
les dépenses étant ventilées entre chacune d
’
entre elles :
- la structuration des investissements touristiques ;
- la formation-animation du tourisme ;
- la promotion de la destination et l
’
observation du tourisme.
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d’Occitanie
Rapport d’observations définitives
: Région Occitanie (31)
ROD2 - Région Occitanie
tableau 10 : L
’
évolution du budget de la direction tourisme sur la période 2010-2015
Source : conseil régional
Les autorisations de programmes et autorisations d
’
engagements votées en 2015
s
’
élèvent à 27,4
M€
. Sur la période, elles représentent un montant cumulé de 165,1
M€
, pour une
réalisation de 142,5
M€
(86 %).
Les crédits de paiements s
’
élèvent à 21,4
M€
en 2015. Sur la période, ils évoluent de
manière irrégulière entre un plancher de 14,7
M€
et un plafond de 23,6
M€
, pour un montant cumulé
voté de 123,6
M€
. En réalisé, les crédits utilisés s
’
élèvent à 118,9
M€
(96 %) soit 19,8
M€
en
moyenne annuelle, ce qui conduit à relativiser les effets d
’
affichage budgétaire concernant le
développement de la politique en faveur du tourisme
38
.
2.3.2.1.2.
L
’
effort financier des autres collectivités est également important, mais éclaté
La présentation des comptes par fonction
39
des collectivités territoriales permet, sous
réserve de leur fiabilité, de procéder à une évaluation des dépenses des collectivités territoriales en
faveur du tourisme.
Au périmètre du territoire de la région Occitanie, l
’
effort financier global des collectivités
territoriales en 2014 en faveur du tourisme s
’
élève à 111
M€
en fonctionnement et à 43,6
M€
en
investissement
40
(cf. tableau 11).
38
Une étude transversale a été réalisée en 2013, sur la période 2011-
2012, consolidant les crédits du tourisme et les crédits d’autres
directions impactant le tourisme. La robustesse de la méthodologie retenue pour cette consolidation est toutefois incertaine.
39
Fonction 95 « aide au tourisme » pour les 3 050 communes de plus de 3 500 habitants et groupement à fiscalité propre, et au sein de
la fonction 9 « développement économique » pour les conseils départementaux et régionaux.
40
Hors syndicats mixtes, offices de tourisme et autres budgets.
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Rapport d’observations définitives
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ROD2 - Région Occitanie
tableau 11 : Présentation fonctionnelle des dépenses des collectivités en faveur du tourisme
L
’
effort financier en matière de fonctionnement comme d
’
investissement est réparti sur
l
’
ensemble des strates de collectivités. Le poids relatif du bloc communal dans cet effort financier
est particulièrement important sur le territoire du Languedoc-Roussillon (53 % des dépenses
globales de fonctionnement et 33 % de l
’
investissement).
Le conseil régional de Languedoc-Roussillon représente quant à lui 19,3 % des
dépenses globales de fonctionnement et 35,5 % des dépenses globales d
’
investissement sur la
fonction tourisme.
2.3.2.2.
L
’
intercommunalité touristique
Les communes ou les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à
vocation touristique peuvent instituer par délibération une taxe de séjour, due par les résidents
occasionnels, sur les nuitées réalisées dans les hébergements touristiques (palaces, hôtels,
résidence de tourisme, meublés de tourisme, villages de vacances, chambres d
’
hôtes,
hébergements de plein air, aire de camping-cars, ports de plaisance).
En 2014, sur le territoire de la région Languedoc-Roussillon, 20
M€
de recettes ont été
inscrites au titre de la taxe de séjour, par les communes, EPCI, départements et organismes (offices
de tourisme, syndicats mixte, campings et hôtels publics).
Ces recettes se répartissent sur près de 210 collectivités et organismes. Toutefois, les
20 plus importantes (> 374
k€) représentent 14,7
M€
(73 %) du total. Cela traduit à la fois
l
’
émiettement du prélèvement de la taxe de séjour et la concentration des produits sur quelques
collectivités et organismes métropolitains ou du littoral (concentrant eux-mêmes les capacités
d
’
hébergements marchands). Les 42 EPCI n
’
inscrivent que 2,6
M€
soit 13 % du montant total, ce
qui illustre le poids limité de l
’
intercommunalité touristique.
Ces constats sont identiques à l
’
échelle du territoire de la nouvelle région Occitanie : en
2014, 28,7
M€
de recettes ont été inscrits au titre de la taxe de séjour, se répartissant sur près de
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528 collectivités et organismes. Les 133 intercommunalités n
’
inscrivent que seulement 6,7
M€
soit
23,3 % du montant total. Le poids de l
’
intercommunalité est donc plus marqué sur le territoire midi
pyrénéen.
La carte
41
ci-dessous met en évidence les retards de l
’
intercommunalité touristique de
territoires côtiers
42
.
carte 2 : Carte de l
’
intercommunalité touristique d
’
après la taxe de séjour en 2014
Source : CRC - Anafi, d
’
après les comptes de gestion - mise en carte avec CartoDB
Certaines
configurations
spécifiques
traduisent
également
les
retards
de
l
’
intercommunalité touristique :
- une quarantaine d
’
intercommunalités d
’
Occitanie n
’
ont pas voté de taxe de séjour,
malgré la présence de capacités d
’
hébergements marchands sur leur territoire ;
- certaines communes disposent d
’
importantes capacités d
’
accueil et sont membres
d
’
une même intercommunalité, mais ne mutualisent pas les recettes de la taxe de séjour.
Les ressources des collectivités territoriales du territoire sont importantes et concentrées
sur certaines d
’
entre-elles. Pour autant, le conseil régional de Languedoc-Roussillon n
’
a pas pris en
compte cette répartition de ressources
(dispersion et concentration) dans la mise en œuvre de sa
politique touristique notamment au travers de l
’
adaptation de ses dispositifs d
’
intervention.
Le conseil régional de Languedoc-Roussillon n
’
a prévu aucune incitation spécifique à la
structuration intercommunale de l
’
exercice de la compétence touristique. Les contrats de territoire
qui l
’
engagent autour de projets locaux de développement sont ainsi ouverts à l
’
ensemble des
maîtrises d
’
ouvrages publiques (communes inclues) et sont financés sur la base d
’
un taux maximum
unique.
41
Précisions méthodologiques : la carte des intercommunalités disposant déjà de la compétence en m
atière de tourisme n’existe pas,
pour autant ANAFI permet de la reconstituer via les inscriptions de recettes de taxe de séjour (c/7362) en géo localisant les communes-
membres des EPCI concernés.
42
Et
a contrario
les progrès de l’intercommunalité touristiq
ue de départements (Tarn et Garonne, Lot) de la nouvelle région Occitanie.
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ROD2 - Région Occitanie
Le conseil régional
d’
Occitanie rappelle qu
’
il n
’
a pas compétence en matière de
développement ou d
’
organisation de l
’
intercommunalité. Il poursuit ainsi : « ce sont les services de
l
’
État qui ont travaillé avec les collectivités locales pour la structuration de l
’
intercommunalité y
compris dans le domaine du tourisme ». Enfin il relève que la politique régionale a encouragé des
destinations qui dépassaient le cadre des intercommunalités (grands sites, PNR).
Pour autant, la législation retient le conseil régional comme chef de file dans le domaine
du développement économique, et si les compétences demeurent partagées entre les collectivités
dans la filière spécifique que constitue le tourisme, elle lui confie un rôle institutionnel majeur et
central dans l
’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques en la matière
43
.
Désormais, le conseil régional peut se référer à la loi NOTRé pour renforcer la
coordination des acteurs publics du tourisme et assumer pleinement son rôle central. En effet, le
législateur a prévu le transfert de la compétence tourisme aux intercommunalités au 1
er
janvier 2017,
avec des dérogations (article 68)
44
.
La chambre relève les retards de l
’
intercommunalité touristique sur le territoire et
constate l
’
absence d
’
incitation spécifique du conseil régional dans ses dispositifs d
’
intervention
touristiques. Elle constate que ces éléments ne favorisent pas une réduction de l
’
éparpillement des
interventions des collectivités territoriales du territoire en la matière, ce qui nuit à l
’
efficience de la
dépense publique.
2.3.2.3.
Des partenariats publics réduits
2.3.2.3.1.
Une stratégie qui se distingue de celle de l
’
opérateur national Atout France
En matière de stratégie et notamment de ciblage des clientèles touristiques ou de
marchés émetteurs à développer prioritairement, la chambre constate l
’
absence de lien direct entre
la stratégie du conseil régional et celle développée par l
’
opérateur national Atout France, et son
ministère de tutelle.
L
’
ordonnateur se limite à préciser que ces liens, indirects, sont assurés par la SAEM Sud
de France Développement, opérateur régional.
Pour autant, l
’
opérateur régional n
’
est pas en charge de la définition de la stratégie de
développement touristique.
2.3.2.3.2.
L
’
insuffisance des relations avec les offices et comités départementaux du
tourisme
L
’
exercice de la compétence partagée « tourisme » est caractérisé par son éclatement
entre une multiplicité de collectivités locales. Celles-ci ont recours pour l
’
exercice de la compétence
à des offices de tourisme et des comités départementaux du tourisme.
Aux termes de l
’
article L. 133-3 du code de tourisme, l
’
office de tourisme assure l
’
accueil
et l
’
information des touristes ainsi que la promotion touristique de sa collectivité en coordination avec
le comité départemental et le comité régional du tourisme. Il peut être chargé, par l