Sort by *
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le 5 octobre 2016
ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES
L’ACCÈS DES JEUNES À L’EMPLOI
Construire des parcours, adapter les aides
La structure du marché du travail en France pénalise tout particulièrement les jeunes.
Leur durée
d’accès à un emploi stable s’est allongée ; ils sont plus confrontés à la précarité dans l’emploi
et au temps partiel subi ; leur taux de pauvreté est élevé. Depuis plusieurs décennies,
de très nombreuses aides, mises en oeuvre par des opérateurs multiples, ont été déployées
pour corriger cette situation. Ce système d’aides publiques présente un coût élevé (10,5 Md€
en 2015) et croissant, mais les résultats obtenus du point de vue de l’accès à un emploi durable
ne sont à la mesure ni des objectifs affichés, ni des moyens mobilisés.
Les juridictions financières préconisent de concentrer davantage les aides publiques
sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi et de privilégier les réponses rapides et les dispositifs
intensifs. Leur rapport comprend sept cahiers territoriaux : Est-Ensemble, Le Creusot – Montceau-
Les-Mines, Limoux, Saint-Étienne, Seine-Eure / Haute-Normandie, Thiers et Toulouse.
Des jeunes confrontés à des difficultés croissantes d’accès à l’emploi
L’accès des jeunes à l’emploi connaît une détérioration tant quantitative que qualitative. Ceux-ci sont
confrontés à des difficultés croissantes qui se traduisent par un taux élevé de chômage, une inadéquation
entre la qualification acquise et l’emploi obtenu, souvent précaire.
Ces difficultés sont plus aigües, dans
des proportions très importantes, pour les jeunes dépourvus de qualification reconnue, issus de
l’immigration ou résidant dans les territoires urbains et ruraux les plus défavorisés.
Le caractère dual du marché du travail désavantage les entrants par rapport aux actifs installés dans
l’emploi. L’insuffisance de la formation initiale, son inadéquation aux besoins de l’appareil productif et
l’absence de contact préalable avec le monde de l’entreprise expliquent aussi cette situation.
Une priorité marquée, des résultats décevants
Trois leviers sont utilisés pour répondre aux difficultés d’accès des jeunes à l’emploi : l’aide directe à
l’emploi, l’accompagnement et la formation. Mais ils le sont, conjointement ou séparément, selon des
modalités très diverses dans les nombreux dispositifs proposés aux jeunes au niveau national, régional et
local, auxquels se sont ajoutés récemment les emplois d’avenir et la Garantie jeunes.
En termes d’accès à l’emploi, les solutions les plus intensives et courtes – Garantie jeunes et dispositifs
de la deuxième chance – s’avèrent relativement plus efficaces que l’accompagnement de longue durée
par Pôle emploi ou les missions locales.
L’insertion des bénéficiaires des contrats aidés dans le secteur
marchand est bien meilleure que dans le secteur non marchand. Or moins d’un tiers des crédits
d’accompagnement sont aujourd’hui orientés vers les modalités les plus intensives et les plus efficaces
du point de vue de l’accès à un emploi durable.
Des aides insuffisamment adaptées aux besoins des jeunes et des employeurs
De nouveaux dispositifs plus ambitieux, mais aussi plus coûteux, ont été créés ; l’accompagnement des
jeunes a été intensifié. De façon générale, les pouvoirs publics ont cherché à accroître l’accès des jeunes
à la formation, déterminant fondamental de l’accès à l’emploi, mais également à multiplier les contacts
avec le monde du travail.
En dépit de ces évolutions, trois critiques principales demeurent à l’encontre de ces dispositifs :
la sélectivité des publics est insuffisante pour l’accompagnement et, à un moindre degré, pour les
contrats aidés ;
l’intensité de l’accompagnement des jeunes est insuffisante et le suivi des jeunes y est peu
effectif ;
le contenu en formation est globalement limité.
La Cour préconise d’accorder une moindre priorité aux contrats aidés, qui engendrent des effets
d’aubaine dans les secteurs privé comme public, et de recourir davantage aux formes classiques
d’alternance.
Une organisation plus cohérente pour une meilleure performance
La gestion des aides publiques en faveur de l’accès des jeunes à l’emploi fait apparaître d’importantes
faiblesses. Les dispositifs nationaux sont, bien souvent, développés sans tenir compte des besoins réels
des jeunes, ni de l’expérience de dispositifs antérieurs. Les dispositifs sont devenus trop nombreux. Les
différents acteurs territoriaux doivent s’unir et les démarches de concertation être renforcées, le bassin
d’emploi constituant l’échelon de proximité le plus opérationnel. Le suivi des jeunes est insuffisant, de
même que la prise en compte des résultats dans la définition des dispositifs et l’allocation des moyens.
Enfin, les opérateurs ne sont pas soumis à une régulation de leurs financements en fonction des résultats
de l’accompagnement qu’ils mettent en oeuvre et des caractéristiques de leurs publics.
Recommandations
La Cour formule 12 recommandations visant notamment à :
réduire la durée des contrats aidés, en particulier des emplois d’avenir ;
faciliter la transition des contrats aidés vers des formations ;
redéployer progressivement les crédits budgétaires des contrats aidés du secteur non marchand
vers les dispositifs d’accompagnement les plus intensifs, comme la Garantie jeunes ou les
dispositifs de deuxième chance, ainsi que vers les formations en alternance.
Lire le rapport
CONTACTS PRESSE :
Ted Marx
Directeur de la communication
T
01 42 98 55 62
tmarx@ccomptes.fr
Denis Gettliffe
Responsable des relations presse
T
01 42 98 55 77
dgettliffe@ccomptes.fr
@Courdescomptes
ccomptes