COMMUNIQUÉ DE PRESSE 
Le 1
er
avril 2015 
ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES 
RADIO FRANCE : 
LES RAISONS D’UNE CR
ISE, 
LES PISTES D’UNE RÉF
ORME 
La Cour des comptes rend public, le 1
er
avril 2015, un rapport consacré à Radio France, société 
anonyme détenue à 100 
% par l’État
et dont le 
chiffre d’affaires
–
641 
M€ en 2013
–
provient à 90 % 
du produit de la contribution à l’audiovisuel public,
c’est
-à-dire de la redevance. 
Entre 2006 et 2013, Radio France a maintenu sa part d’audience 
autour de 25 %. 
La qualité de ses programmes fait l’objet d’une appréciation positive. Leur contenu culturel, 
comme le professionnalisme de ses programmes d’information, ne sont pas contestés.
Le rapport de la Cour porte sur les conditions dans lesquelles Radio France me
t en œuvre 
ses missions, particulièrement sur le plan financier. Il examine 
l’usage des fonds publics 
mis à la disposition de l’entreprise, la qualité de sa gestion, ainsi que ses capacités d’évolution.
Ce rapport, qui procède principalement du contrôle 
de l’entreprise sur les exercices 2004 à 2013
, 
s’appuie également sur des 
comparaisons avec des radios de service public étrangères 
qui se sont profondément transformées ces dernières années (BBC en Grande-Bretagne, 
DR au Danemark et RTBF en Belgique). 
Au terme de ses investigations
, la Cour constate que l’entreprise 
est 
aujourd’hui c
onfrontée 
à une situation financière critique, 
alors qu’elle 
doit faire face à des défis importants. 
Ces circonstances imposent à Radio France de 
mettre en œuvre une strat
égie globale 
de changement, afin de rénover en profondeur ses activités et ses modes de gestion. 
Une entreprise en état de crise financière 
De 2006 à 2013, la croissance régulière de la dotation publique versée à Radio France, au demeurant 
deux fois 
supérieure à celle des dépenses du budget général de l’
État, 
n’a pas été assortie d’
objectifs de 
réforme 
assignés à l’entreprise
. 
À partir de 2012, c
ompte tenu de la rigidité de ses coûts de fonctionnement, Radio France n’a pas été en 
mesure d’absorber la 
baisse de sa dotation imposée par 
l’État
. En conséquence, son 
chiffre d’affaires
(+4,5 %) a progressé moins vite, entre 2010 et 2013, que ses charges 
d’exploita
tion (+7,7 %). 
Longtemps facilitée 
par les versements de l’
État au titre du chantier de réhabilitation de la Maison de la 
radio, alors que celui-ci prenait du retard, la situation de trésorerie se dégrade désormais et ses 
perspectives sont préoccupantes. 
Radio France devra en tout état de cause réaliser un effort très significatif 
d’économies structurelles
, 
impliquant 
d’import
antes mesures de réorganisation
, d’autant qu’elle peut 
difficilement escompter une 
augmentation sensible de ses produits et 
que le recours à l’emprunt ne constitue qu’un 
expédient, à 
défaut de réformes profondes. 
 
Des activités au développement insuffisamment piloté
Depuis dix ans, les antennes de Radio France connaissent un développement peu ordonné et 
dispendieux. Leurs budgets ont augmenté de 27,5 %, sans recherche de coordination des activités ni de 
mutualisation des moyens. 
Malgré des débuts prometteurs 
et en dépit d’audiences encourageantes en termes d’écoute différée 
(podcasts)
, Radio France n’a pas achevé sa 
mue numérique. Si une forte impulsion a été donnée dans 
ce domaine en 2011, d
e lourds investissements et l’intégration du numérique dans la définition des 
métiers restent à réaliser. 
Enfin, les quatre formations musicales, qui représentent 40 
M€ de coûts d
irects et 2 
M€ de recettes, 
nécessitent de voir leur place repensée au sein de Radio France. Avec l
’inauguration
, en novembre 2014, 
du nouvel auditorium, la coexistence de deux orchestres symphoniques (Orchestre national de France et 
Orchestre philharmonique de Radio France) pose question. 
Une gestion peu rigoureuse 
La gestion de Radio France souffre de défaillances qui ne sont pas acceptables pour une entreprise de 
cette taille et doivent donc être corrigées. 
Le conseil d’administration n’est pas 
suffisamment appelé à délibérer sur les enjeux stratégiques de 
Radio France et n’approuve qu’une 
infime partie des marchés. 
Les procédures budgétaires et financières sont insuffisamment cadrées et tendent à reconduire les 
dépenses antérieures. La politique 
des achats, chaotique, a fait l’objet d’une refonte qui doit être 
poursuivie, notamment pour structurer, centraliser et mutualiser les achats. Les procédures de contrôle 
interne doivent être améliorées, et l
es recommandations de l’audit interne 
davantage prises en compte. 
Un modèle social, source de rigidités 
Avec 4 909 ETP en 2013, Radio France dispose 
d’effectifs 
importants. De 2000 à 2011, pendant que les 
effectifs de la fonction publique (État et établissements publics administratifs) diminuaient de 9,3 %, ceux 
de Radio France augmentaient de 14,3 %. Il en est de même pour la masse salariale, qui a crû de 18,8 % 
entre 2006 et 2013, soit 
deux fois plus que les dépenses du budget général de l’État
. Le recours à 
l’intermittence, qui augmente à 
nouveau depuis 2009, a représenté 700 ETP et près de 12 % de la masse 
salariale en 2013. 
Les conditions de travail (congés payés, travail de nuit et du dimanche, heures supplémentaires) 
bénéficient d’un régime favorable. S’y ajoutent 
29 régimes de primes, ainsi que des mécanismes 
automatiques de progression de carrière assorti
s de garanties d’
augmentations minimales de salaire. 
Ce modèle social complexe est source de grandes rigidités. La gestion des ressources humaines doit 
être profondément modernisée pour accompagner les mutations de l’entreprise. Une nouvelle définition 
des métiers permettra de s’adapter aux évolutions technologiques.
Enfin, Radio France se caractérise par un dialogue social intense, difficile voire conflictuel. Avec huit 
comités d’établissement et un comité central d’entreprise ou siègent six syndicats représentatifs,
ce sont 
388 personnes 
–
soit environ 8 % des effectifs 
–
qui bénéficient du régime des salariés protégés. 
Le chantier de réhabilitation, miroir des défaillances de 
l’entreprise
Opération de réhabilitation hors norme en site occupé, le chantier de la Maison de la radio, mal maîtrisé, 
a été 
pour l’entreprise une occa
sion manquée de se réinventer. 
Faute d’une 
bonne appréhension de la 
 
complexité des travaux, les défaillances de la programmation initiale ont été la cause de nombreux 
dysfonctionnements. 
Radio France ne s’est pas dotée
, pour conduire ce projet, 
d’une équipe, d’une organisation et de 
procédures adaptées. Le chantier a pris du retard et ses coûts ont dérivé. 
L’
étendue de cette dérive, qui 
fragilise aujourd’hui les comptes de l’entreprise,
n’est pas encore 
précisément connue, même s
’il ressort 
de la dernière estimation communiquée à la 
Cour (avril 2014) que l’on s’achemine vers 
un doublement du 
coût : alors que 
l’opération 
a été engagée en 2004 
sur la base d’un coût global prévisionnel de 262 M€ 
courants, cette dernière estimation prévoit un coût final 
à l’achèvement de 575 M€ courants.
Une refondation nécessaire 
Confrontée à une situation financière en dégradation rapide, Radio France doit réviser en profondeur ses 
modes de fonctionnement. L’entreprise gagnerait à s’inspirer des expériences menées par les radios 
publiques étrangères pour engager un processus de mutation qui devrait porter en priorité sur trois 
domaines : 
le décloisonnement des antennes ; 
la mutualisation dans le domaine de l’information et la création d’une rédaction unique
; 
la réorganisation des modes de production. 
Le prochain contrat 
d’objectifs et de moyens à conclure entre l’État et Radio France pour la période 2015
-
2019 doit être établi sur le fondement d’un projet qui dessine un avenir durable pour l’entreprise
. 
Orientations et recommandations 
La Cour formule 18 recommandations, visant notamment à : 
o
statuer sur l’avenir du Mouv’, avant la signature du prochain contrat d’objectifs et de moyens
; 
o
fusionner les deux orchestres symphoniques de Radio France, établir une direction commune 
à France Musique et à la direction de la musique ; 
o
renforcer le 
rôle du conseil d’administration dans la gouvernance de Radio France ;
o
poursuivre la remise en 
ordre en matière d’achats
; 
o
prendre en compte une définition des métiers qui comporte les compétences et les qualifications 
liées à l’évolution des 
technologies numériques ; 
o
étudier toutes les options possibles pour la fin du chantier de la Maison de la radio et leur impact 
financier, 
avant la signature du prochain contrat d’objectifs et de moyens
; 
o
fusionner les rédactions de France Inter, France Info et France Culture ; 
o
réformer les modes 
d’organisation de la
production ; 
o
réviser le cahier des charges de Radio France, qui ne correspond plus aux pratiques 
de l’entreprise, en faisant notamment évoluer les relations que Radio France entretient 
avec 
les autres entreprises de l’audiovisuel public
. 
Lire le rapport 
CONTACTS PRESSE : 
Ted Marx
Directeur de la communication 
T 
01 42 98 55 62 
tmarx@ccomptes.fr 
Denis Gettliffe
Responsable des relations presse 
T 
01 42 98 55 77 
dgettliffe@ccomptes.fr 
@Courdescomptes