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ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES
LA SANTÉ DANS LES
OUTRE-MER
Une responsabilité de la République
Rapport public thématique
Synthèse
Juin 2014
g
AVERTISSEMENT
C
ette synthèse est destinée à faciliter la lecture et l’uti-
lisation du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations, des organismes et
des collectivités figurent à la suite du rapport.
SOMMAIRE
3
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Introduction
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5
1
Une situation sanitaire marquée par des difficultés persistantes
7
2
Des systèmes de santé à la peine
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
11
3
L’absence de stratégie publique
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
Recommandations
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
Source : Cour des comptes
INTRODUCTION
5
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
L
a Cour présente la première vision d’ensemble sur la santé dans les départe-
ments et collectivités d’outre-mer : risques sanitaires et état de santé des
2,7 millions d’habitants d’outre-mer, organisation de l’offre de soins, coûts et
gestion, stratégies.
Les constats, inédits, ont été effectués sur place avec le concours des chambres
régionales et territoriales des comptes. Ils font apparaître un état des lieux
préoccupant : une situation sanitaire marquée par des difficultés persistantes
(I), des systèmes de santé à la peine (II), une absence de stratégie publique (III).
7
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
1
Une situation sanitaire
marquée par des difficultés
persistantes
Une situation contrastée mais
bien meilleure que celle des
pays avoisinants
Les outre-mer français sont dans une
situation sanitaire incomparablement
meilleure que beaucoup des pays qui
les entourent. Ils sont engagés globa-
lement dans un mouvement de rattra-
page avec la métropole, mais de
manière très contrastée. Certains,
notamment La Réunion et les Antilles,
sont dans une dynamique de conver-
gence avec celle-ci, alors que d’autres,
notamment la Guyane et Mayotte,
confrontés à des problématiques par-
ticulièrement lourdes d’immigration
clandestine, connaissent encore des
retards importants.
L’ampleur des contrastes entre outre-
mer et en leur sein est illustrée par les
cartes
ci-après,
relatives
à
la
Martinique, la Guadeloupe, la Guyane
et La Réunion, qui synthétisent par
canton l’importance relative de la
mortalité et des pathologies chro-
niques.
8
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Une situation sanitaire marquée par
des difficultés persistantes
Cette évolution positive résulte d’un
effort financier important, mais mal
connu. Les seules dépenses des sys-
tèmes de protection sociale sont esti-
mées par les juridictions financières à
6,6 Md€, avec par habitant des varia-
tions de 1 à 4 selon les territoires, sans
corrélation avec la variation des indi-
cateurs sanitaires.
Des difficultés persistantes
Au-delà de ces forts contrastes, se
constatent cependant dans les diffé-
rents outre-mer des difficultés sani-
taires persistantes de même ordre. Ils
cumulent en effet des risques spéci-
fiques importants et des enjeux plus
généraux liés à l’évolution des modes
de vie dans des contextes socio-éco-
nomiques souvent dégradés.
__________________
(1) Carte établie pour cette enquête par la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé
(FNORS). En termes de disparités sanitaires, les cantons en bleu ont les meilleurs niveaux, mesurés par la fai-
blesse de la mortalité et le flux des nouvelles admissions en affection de longue durée (ALD) tandis que les
cantons en rouge présentent les situations les plus défavorables. Les cantons en violet correspondent à des
taux de mortalité inférieurs à l’ensemble, des nouvelles admissions en affections plus élevées, moins de mala-
dies de l’appareil respiratoire. Les cantons en jaune se caractérisent par une mortalité, des maladies infec-
tieuses et parasitaires plus importantes, tandis que les cancers sont moins importants (mais les habitants sont
plus jeunes).
Source : FNORS
Carte n° 1 : mortalité et nouvelles admissions en affections de longue durée, 2012
(1)
Une situation sanitaire marquée par
des difficultés persistantes
9
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
La mortalité infantile, indicateur prin-
cipal de l’état de santé d’une popula-
tion et de l’efficacité de son système
de santé, a eu tendance à augmenter
dans certains outre-mer. L’objectif de
réduction de moitié des écarts avec la
métropole de la mortalité maternelle
et infantile, fixé en 2009 par les pou-
voirs publics, n’a pas été atteint.
Tableau n° 1 : mortalité infantile
Pour 1 000 naissances
2000
2012
Guadeloupe
7,8
9,9
Martinique
6,6
8,0
Guyane
12,5
9,2
La Réunion
5,7
8,5
Mayotte
nd
16,1
Nouvelle-Calédonie
4,6
4,1
Polynésie française
6,9
7,5
Wallis et Futuna
nd
5,6
Métropole
4,4
3,3
Source : Cour des comptes
Une situation sanitaire marquée par
des difficultés persistantes
10
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Les maladies transmissibles sont très
présentes. Aux Antilles-Guyane, les
taux d’incidence du virus du SIDA
(VIH) sont importants. Les épidémies
provoquées par des agents infectieux
transmis par des moustiques sont fré-
quentes : à la Réunion, l’épidémie de
chikungunya de 2005-2006 a atteint
38 % de population ; récemment se
sont développées des épidémies de
zika en Polynésie française et de chi-
kungunya aux Antilles.
Des pathologies rares, telles que la
leptospirose ou le rhumatisme articu-
laire aigu, sont courantes dans une
partie des outre-mer. La tuberculose
et les hépatites demeurent récur-
rentes en Guyane et à Mayotte. La
lèpre reste à éradiquer.
La progression des maladies chro-
niques est importante et continue. Le
diabète, l’hypertension artérielle, les
maladies cardio-vasculaires et l’insuf-
fisance rénale chronique terminale
connaissent une fréquence accrue.
S’y ajoutent des risques environne-
mentaux spécifiques, parfois tardive-
ment pris en compte malgré leur l’im-
pact sanitaire considérable comme le
chlordécone aux Antilles.
Des données plus complètes, récentes
et homogènes, sont indispensables
pour mieux apprécier l’état de santé
des populations, connaître beaucoup
plus précisément les dépenses de
santé et leur évolution et documenter
plus
précisément
l’ampleur
des
efforts à réaliser dans chaque terri-
toire.
11
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
2
Des systèmes de santé à la peine
Une prévention insuffisante
Malgré des progrès observés notam-
ment dans le domaine des vaccina-
tions, les actions de prévention n’ont
pas toujours bénéficié d’une priorité
qui permettrait de réduire les sur-
coûts et les pertes de chances. La pro-
tection maternelle et infantile remplit
inégalement ses missions. Les disposi-
tifs de santé scolaire et universitaire
sont souvent insuffisants. L’effort de
l’assurance maladie est inégal et sans
rapport avec les déterminants de
santé : la dépense moyenne annuelle
par habitant est de l’ordre de 8 € en
Guadeloupe, de 7 € en Martinique, et
3 € en Guyane et à La Réunion. Pour
le cancer colorectal, les enveloppes
varient de 40 centimes par an et par
habitant en Guyane et à La Réunion, à
1,29 € en Martinique. Pour le dépis-
tage du cancer du sein, l’écart est du
simple au double entre la Guyane et la
Martinique.
Des soins ambulatoires inégale-
ment accessibles
Comme en métropole, la médecine
ambulatoire est caractérisée dans les
outre-mer par des inégalités de répar-
tition géographique. Toutefois, l’isole-
ment et l’insularité constituent des
facteurs
aggravants.
De
forts
contrastes
apparaissent
entre
quelques régions « sur-dotées » et des
« déserts médicaux ». Ainsi, alors que
certaines zones bénéficient de densi-
tés en généralistes supérieures à la
moyenne d’outre-mer, voire nationale
(notamment à la Réunion), d’autres
bassins de vie (en Guyane notam-
ment) se caractérisent par des densi-
tés médicales faibles, compromettant
l’accès aux soins.
Cette situation peut avoir pour effet
d’exposer certaines populations, et
souvent celles qui sont les plus dému-
nies, à de réelles pertes de chance.
Dans certains territoires ultramarins,
les pénuries de professionnels libé-
raux sont d’ores et déjà marquées et
provoquent
une
saturation
des
urgences
hospitalières
pour
des
consultations relevant normalement
de la médecine de ville.
L’hôpital : un rôle central, une
gestion à améliorer
C’est en définitive sur le secteur hospi-
talier que repose l’armature du sys-
tème de soins. Mais ce rôle central
peut conduire à une préférence coû-
teuse pour de relativement grands
ensembles hospitaliers, miroirs de cer-
tains CHU métropolitains, qui concen-
trent les investissements, fréquem-
Des systèmes de santé à la peine
12
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
ment très mal maîtrisés comme le
montrent les nombreuses opérations
analysées dans le rapport par les juri-
dictions financières. Outre cet « hospi-
talocentrisme » coûteux, les établisse-
ments de santé sont fréquemment
confrontés dans les outre-mer à des
difficultés graves et récurrentes de
gestion, très rarement sanctionnées.
Le secteur hospitalier outre-mer fonc-
tionne comme un « amortisseur
social » avec pour conséquence des
recrutements de personnels non
médicaux en sureffectif, sous la pres-
sion
syndicale
ou
politique.
En
revanche, les équipes médicales se
caractérisent par une grande instabi-
lité. Les fréquentes vacances de
postes sont en tout état de cause un
lourd handicap pour la continuité des
soins et des équipes. Elles obligent à
des recrutements temporaires oné-
reux. À l’hôpital de Mayotte, jusqu’à
500 médecins exercent chaque
année, alors qu’ils ne sont que 190
présents en moyenne. Ce sont pour
moitié des remplaçants venus de
métropole avec des contrats infé-
rieurs à six mois, voire parfois limités à
un mois.
Ces difficultés se traduisent par des
déficits élevés et un besoin récurrent
d’assistance financière : 43 % des
417 M€ d’aides exceptionnelles de tré-
sorerie allouées en 2012 aux établis-
sements de santé, France entière, ont
été versés à ceux des DOM, soit
quelque douze fois plus que leur part
dans l’ensemble de l’activité hospita-
lière nationale.
Les performances médicales des éta-
blissements sont, tout comme la qua-
lité de leur gestion, à des niveaux
extrêmement variables, y compris
d'un service à l'autre au sein d'un
même
établissement,
comme
en
témoignent les appréciations de la
Haute Autorité de santé, les taux éle-
vés de maladies nosocomiales ou les
manquements en matière de radio-
protection. L’accès à des soins com-
plets en cancérologie ou en matière
de greffes rénales est réduit. Dans cer-
tains secteurs, comme la psychiatrie,
l’offre de soins est insuffisante par
rapport aux besoins. Les alternatives à
l’hospitalisation et la télémédecine,
pourtant particulièrement bien adap-
tée aux enjeux, ne se développent que
lentement et inégalement.
L’insularité et l’absence de certaines
spécialités outre-mer suscitent un
nombre élevé d’évacuations sani-
taires,
généralement
par
voie
aérienne. L’organisation en est sou-
vent complexe et les coûts élevés.
Les défis sanitaires des outre-mer doi-
vent obliger tous les acteurs des sys-
tèmes de santé à se mobiliser pour un
meilleur usage des moyens considéra-
bles dont ils sont comptables, en
termes d’accessibilité, de qualité et de
sécurité des soins, dans le cadre d’une
stratégie d’ensemble qu’il appartient
aux pouvoirs publics de construire
pour réduire les écarts constatés.
13
3
La nécessité d’une stratégie
publique
L’État trop souvent en retrait
La grande diversité des systèmes ins-
titutionnels et des acteurs politiques,
administratifs et sociaux de la santé
outre-mer n’a pas été palliée par une
stratégie d’ensemble. Un manque de
vision globale et de dynamisme inter-
ministériel a laissé l’Etat trop souvent
en retrait. Un plan « santé outre mer »
a bien été établi en 2009, mais il a
souffert d’une faible impulsion straté-
gique, d’un défaut le plus souvent
d’objectifs précis, d’un manque de
programmation financière associée et
d’une absence de dispositif d’évalua-
tion.
Quatre situations difficiles :
Mayotte,
la
Guyane,
Saint-
Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-
Futuna
Mayotte, confrontée à une croissance
démographique explosive du fait de
l’arrivée en continu de comoriens en
situation irrégulière, connaît des pro-
blématiques sanitaires très lourdes.
Son système de soins souffre de l’ab-
sence d’équilibre entre soins de pre-
mier recours et prise en charge par
l’hôpital, surchargé. Ce sont les dis-
pensaires de ce dernier qui doivent
assurer les prises en charge ambula-
toires : la médecine libérale peine à se
développer, car son modèle écono-
mique ne correspond pas à la popula-
tion, très démunie. Dans ce contexte,
la problématique d’une éventuelle
évolution de la protection sociale
dans le sens d’une harmonisation avec
la métropole suppose une évaluation
très attentive de son impact.
Le système de santé d’une partie de la
Guyane est saturé, comme celui de
Mayotte, par une population en situa-
tion irrégulière et dont l’état de santé
est souvent médiocre.
À Wallis et Futuna, où la dépense cou-
rante de santé par habitant est la plus
basse de France, une agence de santé
assure l’intégralité de l’offre de soins,
en l’absence de médecine libérale,
avec des moyens médiocres alors
même que c’est le territoire où l’état
de santé de la population est le plus
dégradé.
L’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon
dispose en revanche pour ses 6 312
habitants d’un système de soins très
complet, comportant en particulier un
centre hospitalier récent, occupé seu-
lement à moitié, mais les évacuations
sanitaires vers le Canada y restent très
nombreuses.
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
15
CONCLUSION
Une stratégie adaptée de santé publique pour les outre-mer constitue un enjeu
majeur. Trois grandes orientations conduisent aux recommandations formulées
à cet effet : mieux connaître, mieux coordonner, agir plus efficacement avec une
stratégie d’ensemble et pluriannuelle permettant de réduire les écarts les plus
graves en termes d’égalité des chances.
Mieux connaître.
Les données sanitaires, socio-économiques et financières
nécessaires pour mieux allouer les ressources sont souvent incomplètes, irrégu-
lières, voire inexistantes. Remédier à ces lacunes est la première condition d’une
action efficace de correction des situations les plus alarmantes. L’établissement
d’un schéma directeur des données de santé pour les outre-mer doit constituer
une priorité pour le ministère des affaires sociales et de la santé. Le ministère
des outre-mer peut y contribuer en proposant aux gouvernements de Nouvelle
Calédonie et de la Polynésie française de s’y associer. Dans le même souci des
comptes de la santé devraient être produits annuellement pour chaque outre-
mer.
Mieux coordonner.
Le paysage institutionnel de l’outre-mer a été profondément
transformé par les transferts de compétence aux collectivités du Pacifique dont
les gouvernements ont désormais la responsabilité en matière de santé. La créa-
tion des agences régionales de santé a changé la donne dans les départements
d’outre-mer en permettant un pilotage sanitaire plus fin grâce à une profession-
nalisation des équipes et à une meilleure connaissance des déterminants de
santé.
Cependant, le ministère des affaires sociales et de la santé est loin d’avoir tiré
toutes les conséquences et tous les bénéfices de cette transformation. Les direc-
tions d’administration centrale et les agences sanitaires concernées n’ont pas
encore toutes un référent en charge des questions ultramarines et dans des
conditions garantissant une coordination efficace de la veille, de la programma-
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
16
tion et des arbitrages nécessaires. De son côté, le ministère des outre-mer dis-
pose d’une structure d’animation légère qui ne peut agir efficacement que si
elle peut contribuer au pilotage de l’action publique, nécessairement interminis-
tériel.
Agir plus efficacement.
La stratégie de santé dans les outre-mer devrait changer
résolument car il n’a pas toujours été tiré le meilleur parti des financements
importants apportés au fil des dernières décennies.
La situation appelle des redéploiements de moyens budgétaires de l’assurance
maladie. En dehors de rééquilibrages internes entre soins et prévention et entre
secteur hospitalier et secteur ambulatoire, des redéploiements ne sauraient non
plus être exclus entre la métropole et les outre-mer, afin de ne pas aggraver des
retards persistants.
Seul un programme pluriannuel solidement construit, reposant sur une straté-
gie d’action publique profondément renouvelée, tirant les conséquences des
évolutions institutionnelles, tenant compte de l’extrême diversité des situations
sanitaires territoire par territoire et remédiant aux profondes insuffisances et
inégalités observées au cours des dernières décennies, permettra de répondre à
l’enjeu que constitue outre-mer l’égalité des droits à la santé dans la
République.
La stratégie nationale de santé définie en 2013 et la loi de santé publique qui la
déclinera devraient fournir l’opportunité de définir un tel programme de santé
publique pour les outre-mer à partir d’une consolidation des constats établis
territoire par territoire, autour d’objectifs réalistes, selon un calendrier plurian-
nuel précis, assorti des indicateurs de moyens et de résultats indispensables et
accompagné d’un dispositif de pilotage et d’évaluation rigoureusement orga-
nisé.
CONCLUSION
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
17
RECOMMANDATIONS
La Cour formule les recommanda-
tions suivantes :
Faire établir par les ministères des
affaires sociales, de la santé et de
l’outre-mer un tableau de bord régu-
lièrement actualisé pour mesurer les
écarts et engager les actions correc-
trices, en mettant en place :
• un schéma directeur de la collecte
et de l’exploitation des données de
santé des outre-mer ;
• une base de données sur la dépense
de santé dans les outre-mer, avec le
concours des dispositifs d’assurance
maladie et de tous autres finan-
ceurs ;
proposer à cet effet aux gouver-
nements de Nouvelle-Calédonie et
de Polynésie française et à leurs
caisses locales de protection sociale
des conventions d’association pour
alimenter ce tableau de bord par-
tagé ;
charger les agences régionales et
territoriales de santé de rééquilibrer
les financements au profit d’un pro-
gramme de prévention spécifique, et
accompagner les efforts des gouver-
nements
du
Pacifique
en
ce
domaine ;
développer outre-mer dans des
délais rapides les protocoles de coo-
pération entre professionnels de
santé, nouveaux ou par extension de
protocoles métropolitains, s’agissant
notamment des infirmiers, des sages-
femmes et des orthoptistes ;
développer outre-mer les disposi-
tifs règlementaires (contrats d’enga-
gement de service public, postes de
praticien territorial de santé) desti-
nés à pallier les disparités territo-
riales d’installation des médecins et
veiller à l’application active des
mécanismes conventionnels de régu-
lation visant à résorber les inégalités
de densité des professionnels libé-
raux de santé (médecins, dentistes,
infirmiers,
masseurs-kinésithéra-
peutes) ;
recentrer l’hôpital sur les patholo-
gies les plus lourdes, en développant
les prises en charge médicales et
médico-sociales alternatives à l’hos-
pitalisation, en renforçant la perma-
nence des soins de ville et en amélio-
rant le pilotage des urgences hospi-
talières ;
rendre plus efficiente la gestion
hospitalière en veillant attentive-
ment au recrutement d’équipes de
direction expérimentées, en renfor-
çant les équipes médicales, notam-
ment par la mobilité outre-mer de
praticiens
hospitaliers
avec
une
garantie de réaffectation au retour
en métropole et par l’affectation de
chefs de clinique-assistants des hôpi-
taux, et en mettant fin aux sureffec-
tifs constatés ;
rendre obligatoire outre-mer l’in-
tervention de l’agence nationale
d’appui à la performance des établis-
sements de santé dès la phase de
conception des projets de construc-
tion ;
RECOMMANDATIONS
envisager d’instaurer une obliga-
tion de service public outre-mer rela-
tive aux conditions d’évacuation sani-
taire et d’acheminement aérien des
médicaments ;
décliner dans un programme de
santé publique pour les outre-mer la
stratégie nationale de santé et la
future loi de santé publique, autour
d’un nombre limité de grandes priori-
tés, sur la base d’un calendrier réa-
liste et d’une programmation budgé-
taire pluriannuelle, et proposer, dans
le respect de leurs compétences, aux
gouvernements de la Polynésie fran-
çaise et de la Nouvelle-Calédonie de
s’y associer ;
décliner ce programme dans un
volet « outre-mer » intégré aux
contrats d’objectifs et de perfor-
mance des agences sanitaires natio-
nales ;
créer un réseau interministériel
composé d’un chargé de mission
référent « outre-mer » dans chaque
direction et agence sanitaire concer-
née ;
apurer sans délai le règlement des
dettes accumulées par l’agence de
santé de Wallis- et-Futuna ;
évaluer l’impact financier de la
mise en œuvre de l’ordonnance du
31 mai 2012 et les conditions dans
lesquelles l’harmonisation progres-
sive du système mahorais d’assu-
rance-maladie avec les autres dépar-
tements français pourrait être réali-
sée.
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des comptes
18