LES SOUTIENS À LA 
PRODUCTION 
CINÉMATOGRAPHIQUE 
ET AUDIOVISUELLE : 
DES CHANGEMENTS 
NÉCESSAIRES 
Rapport public thématique 
Avril 2014 
 
Cour des comptes 
Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
13 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr
 
Sommaire 
DÉLIBÉRÉ 
........................................................................................
9
INTRODUCTION 
...........................................................................
11
CHAPITRE I - UN SYSTÈME DE SOUTIEN EN EXPANSION 
CONTINUE 
......................................................................................
17
I 
- Des aides directes en forte augmentation 
...........................................
19
A - Les aides du CNC 
.................................................................................
21
B - Les dépenses fiscales 
..........................................................................
27
C - Les aides locales 
..................................................................................
40
D - Les garanties bancaires de l’IFCIC 
.......................................................
43
II 
- Des soutiens indirects d’une complexité croissante 
............................
46
A - Les obligations pesant sur les diffuseurs 
............................................
47
B - Un régime de plus en plus complexe 
..................................................
53
C - Les diffuseurs, principaux financeurs de la production 
cinématographique et audiovisuelle 
........................................................
55
CHAPITRE II - LE SOUTIEN À LA PRODUCTION 
CINÉMATOGRAPHIQUE : UN MODÈLE ORIGINAL SOUS 
TENSION 
.........................................................................................
61
I 
- Les atouts de la mutualisation des coûts 
.............................................
62
A - Le financement des œuvres en contrepartie d’un intéressement à leur 
exploitation 
..............................................................................................
62
B - Une intervention publique destinée à compléter et à sécuriser les 
préfinancements 
......................................................................................
66
C - Des résultats incontestables 
...............................................................
71
II 
- Un modèle fragilisé 
.............................................................................
74
A - L’inflation des coûts 
............................................................................
75
B - Une tension croissante entre le volume de production et les 
perspectives d'exposition 
.........................................................................
79
C - La dégradation de la rentabilité des SOFICA et de la distribution 
......
84
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4 
COUR DES COMPTES
III 
- Les pistes d’adaptation du soutien 
....................................................
86
A - Différencier les enjeux de financement 
..............................................
86
B - Adapter les aides publiques 
................................................................
88
C - Conforter le rôle d’expertise économique du CNC 
.............................
92
CHAPITRE III - LE SOUTIEN À LA PRODUCTION 
AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS RAPPORT 
AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
.............................................
97
I 
- La priorité donnée à la production indépendante 
................................
98
A - Une politique publique née avec la libéralisation de l’audiovisuel 
....
99
B - Des conséquences profondes sur le modèle de soutien public 
........
100
II 
- Un environnement changeant, un soutien important 
.......................
102
A - Un paysage audiovisuel en pleine reconfiguration 
...........................
102
B - Des contributions cumulées d’un montant inégalé en Europe
.........
104
C - Une importance cruciale dans le plan de financement des 
programmes 
...........................................................................................
108
III 
- Une efficacité économique incertaine 
.............................................
109
A - L’échec de la structuration économique de la filière 
........................
109
B - Un risque de dévoiement 
..................................................................
112
C - La fiction française : une baisse de la performance, des évolutions en 
cours 
.......................................................................................................
116
IV 
- Une réorientation nécessaire 
..........................................................
119
A - Un meilleur ciblage des obligations d’investissement 
......................
119
B - Un meilleur équilibre à trouver entre producteurs et diffuseurs 
.....
124
C - Un enjeu d’orientation et de niveau des aides publiques 
................
128
CHAPITRE IV - LES DÉFIS DE LA NUMÉRISATION DANS 
UN MARCHÉ MONDIALISÉ 
.....................................................
135
I 
- Le défi de la concurrence internationale 
............................................
136
A - L’attractivité du territoire pour les productions internationales et 
nationales : des instruments à mieux coordonner
.................................
137
B - La compétitivité à l'exportation : des atouts à consolider 
................
146 
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SOMMAIRE 
5 
II 
- Une transition numérique source d’opportunités plus que de 
menaces 
.................................................................................................
158
A - Une économie traditionnelle ébranlée dans ses fondements par la 
transition en cours 
.................................................................................
158
B - Des réponses encore insuffisantes 
...................................................
170
CONCLUSION GÉNÉRALE 
........................................................
187
RÉCAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS 
...................
193
ANNEXES 
.....................................................................................
197
RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES 
CONCERNÉS 
................................................................................
233
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Les rapports publics de la Cour des comptes 
- élaboration et publication - 
La Cour publie, chaque année, un rapport public annuel et des 
rapports publics thématiques. 
Le présent rapport est un rapport public thématique. 
Les rapports publics de la Cour s’appuient sur les contrôles et les 
enquêtes conduits par la Cour des comptes ou les chambres régionales des 
comptes et, pour certains, - ce qui a été le cas pour la présente enquête - 
conjointement entre la Cour et les chambres régionales ou entre les chambres. 
En tant que de besoin, il est fait appel au concours d’experts extérieurs, et des 
consultations et des auditions sont organisées pour bénéficier d’éclairages 
larges et variés. 
Au sein de la Cour, ces travaux et leurs suites, notamment la 
préparation des projets de texte destinés à un rapport public, sont réalisés par 
l’une des sept chambres que comprend la Cour ou par une formation 
associant plusieurs chambres. 
Trois principes fondamentaux gouvernent l’organisation et l’activité 
de la Cour des comptes, ainsi que des chambres régionales des comptes, et 
donc aussi bien l’exécution de leurs contrôles et enquêtes que l’élaboration 
des rapports publics : l’indépendance, la contradiction et la collégialité. 
L
’indépendance
institutionnelle 
des 
juridictions 
financières 
et 
statutaire de leurs membres garantit que les contrôles effectués et les 
conclusions tirées le sont en toute liberté d’appréciation. 
La 
contradiction
implique 
que 
toutes 
les 
constatations 
et 
appréciations ressortant d’un contrôle ou d’une enquête, de même que toutes 
les 
observations 
et 
recommandations 
formulées 
ensuite, 
sont 
systématiquement soumises aux responsables des administrations ou 
organismes concernés ; elles ne peuvent être rendues définitives qu’après 
prise en compte des réponses reçues et, s’il y a lieu, après audition des 
responsables concernés. 
La publication d’un rapport public est nécessairement précédée par la 
communication du projet de texte que la Cour se propose de publier aux 
ministres et aux responsables des organismes concernés, ainsi qu’aux autres 
personnes morales ou physiques directement intéressées. Dans le rapport 
publié, leurs réponses accompagnent toujours le texte de la Cour. 
La 
collégialité
intervient pour conclure les principales étapes des 
procédures de contrôle et de publication. 
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8 
COUR DES COMPTES
Tout contrôle ou enquête est confié à un ou plusieurs rapporteurs. 
Leur rapport d’instruction, comme leurs projets ultérieurs d’observations et 
de recommandations, provisoires et définitives, sont examinés et délibérés de 
façon collégiale, par une chambre ou une autre formation comprenant au 
moins trois magistrats, dont l’un assure le rôle de contre-rapporteur, chargé 
notamment de veiller à la qualité des contrôles. Il en va de même pour les 
projets de rapport public. 
Le contenu des projets de rapport public est défini, et leur élaboration 
est suivie, par le comité du rapport public et des programmes, constitué du 
premier président, du procureur général et des présidents de chambre de la 
Cour, dont l’un exerce la fonction de rapporteur général. 
Enfin, les projets de rapport public sont soumis, pour adoption, à la 
chambre du conseil où siègent en formation plénière ou ordinaire, sous la 
présidence du premier président et en présence du procureur général, les 
présidents de chambre de la Cour, les conseillers maîtres et les conseillers 
maîtres en service extraordinaire. 
Ne prennent pas part aux délibérations des formations collégiales, 
quelles qu’elles soient, les magistrats tenus de s’abstenir en raison des 
fonctions qu’ils exercent ou ont exercées, ou pour tout autre motif 
déontologique. 
* 
Les rapports publics de la Cour des comptes sont accessibles en ligne 
sur le site internet de la Cour des comptes et des chambres régionales et 
territoriales des comptes : 
www.ccomptes.fr
. Ils sont diffusés par 
La 
Documentation Française
. 
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Délibéré 
La Cour des comptes, délibérant en chambre du conseil réunie en 
formation ordinaire, a adopté le présent rapport intitulé 
Les soutiens à la 
production cinématographique et audiovisuelle : des changements 
nécessaires
.
Le rapport a été arrêté au vu du projet communiqué au préalable 
aux administrations et aux organismes concernés et des réponses 
adressées en retour à la Cour. 
Les réponses sont publiées à la suite du rapport. Elles engagent la 
seule responsabilité de leurs auteurs. 
Ont participé au délibéré : M. Migaud, Premier président, 
Mme Froment-Meurice, MM. Durrleman, Levy, Lefas, Briet, Mme Ratte, 
M. Vachia, M. Paul, présidents de chambre, MM. Picq, Babusiaux, Bayle, 
présidents de chambre maintenus en activité, MM. Rémond, Duchadeuil, 
Pannier, Andréani, Mme Morell, M. Perrot, Mme Ulmann, MM. Bertucci, 
Tournier, Diricq, Mme Trupin, MM. Ravier, Vialla, Ory-Lavollée, 
Arnaud d’Andilly, Mousson, Guéroult, Viola, Rousselot, Laboureix, 
Mme Esparre, MM. Geoffroy, Mourier des Gayets, Mme Fontaine, 
MM. Écalle, Bouvard, Mme Soussia, MM. Basset, Fulachier, conseillers 
maîtres, MM. Blairon, Jouanneau, Sarrazin, conseillers maîtres en service 
extraordinaire. 
Ont été entendus : 
-
en sa présentation, M. Lefas, président de la chambre chargée des 
travaux sur lesquels le rapport est fondé et de la préparation du 
projet de rapport ; 
-
en son rapport, M. Paul, rapporteur général, rapporteur du projet 
devant la chambre du conseil, assisté de M. Tournier, conseiller 
maître, M. Herbin, conseiller référendaire, Mmes Sorbe et 
Lucidi, auditrices, rapporteurs devant la chambre chargée de le 
préparer, et de M. Andréani, conseiller maître, contre-rapporteur 
devant cette même chambre ; 
-
en ses conclusions, sans avoir pris part au délibéré, M. Johanet, 
procureur général. Il était accompagné de M. Miller. 
M. Jérôme Filippini, secrétaire général, assurait le secrétariat de la 
chambre du conseil. 
Fait à la Cour, le 25 mars 2014 
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10 
COUR DES COMPTES
Le projet de rapport soumis à la chambre du conseil a été préparé, 
puis délibéré le 25 novembre 2013, par la troisième chambre, présidée par 
M. Lefas, président de chambre, et composée de MM. Pichon, Bayle, 
présidents de chambre maintenus en activité, Frangialli, Gautier, 
Braunstein, Phéline, Barbé, Tournier, Frentz, Saudubray, Glimet, 
Mme Dardayrol, conseillers maîtres et Blairon, Marland, conseillers 
maîtres en service extraordinaire, ainsi que, en tant que rapporteurs, 
M. Herbin, conseiller référendaire, Mme Sorbe, auditrice, rapporteur de 
synthèse, Mme Lucidi, auditrice, et, en tant que contre-rapporteur, 
M. Andréani, conseiller maître. 
Le projet de rapport a été examiné et approuvé, le 7 janvier 2014, 
par le comité du rapport public et des programmes de la Cour des 
comptes, composé de MM. Migaud, Premier président, Bertrand, 
rapporteur général du comité, Mme Froment-Meurice, MM. Durrleman, 
Levy, Lefas, Briet, Mme Ratte et M. Vachia, présidents de chambre, et 
M. Johanet, procureur général, entendu en ses avis. 
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Introduction 
Pays de naissance du cinéma, la France occupe dans ce secteur une 
place reconnue. Elle reste aujourd'hui l’État membre de l'Union 
européenne qui produit le plus de films (270 en 2013), et la diffusion de 
ces films se maintient à un niveau plus élevé que partout ailleurs en 
Europe, avec une part de marché en salles supérieure à 30 %. Dans le 
monde, les films français ont pu réunir, au cours de l’année 
exceptionnelle qu’a été 2012, 140 millions de spectateurs dans les salles 
étrangères et 82 millions en France. En matière audiovisuelle, la France a 
produit près de 5 200 heures de programmes patrimoniaux
1
en 2012. 
Les investissements dans la production cinématographique ou 
audiovisuelle patrimoniale représentent, en 2012, respectivement 1,3 Md€ 
et 1,4 Md€. Les emplois dans la production de films ont été évalués à près 
de 35 000 par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) 
en 2009
2
, et près de 49 000 emplois ont été déclarés par les entreprises 
productrices 
de 
fiction 
audiovisuelle 
en 
2010. 
La 
production 
cinématographique alimente les 5 502 salles du territoire, dont les recettes 
atteignent 1,3 Md€ en 2012. Le poids économique du secteur est donc 
important
3
. 
Qu’elle appartienne au genre du cinéma ou de l’audiovisuel, la 
production d’images animées relève d’une économie de projets : une idée 
s’incarne dans un synopsis ou un scénario qui doit trouver, grâce à un 
producteur, des investisseurs prêts à en financer la réalisation. L’oeuvre 
est ensuite proposée au public, via les distributeurs, diffuseurs et 
exploitants. En fonction de son succès, les recettes assurent, en principe, 
directement ou indirectement, l’amortissement des frais engagés par les 
différents acteurs de la filière. 
1
Les programmes patrimoniaux, également appelés « programmes de stock », 
correspondent principalement aux oeuvres de fiction, aux documentaires et 
programmes d’animation. Ils conservent, après leur première diffusion, une valeur 
patrimoniale, à la différence des programmes de flux comme les émissions de plateau, 
les informations, les jeux, la météo, les retransmissions sportives et la plupart des 
magazines (cf. article 27-3° de la loi du 30 septembre 1986). 
2
L’emploi dans les films cinématographiques
, étude réalisée conjointement par le 
CNC et le groupe Audiens à partir de 518 films d’initiative française de fiction 
cinématographique agréés entre 2006 et 2009. 
3
L’inspection générale des finances et l’inspection générale des affaires culturelles 
estiment la valeur ajoutée du secteur du cinéma et de l’audiovisuel respectivement à 
3,6 Md€ et 5,2 Md€ en 2011 (IGF-IGAC, 
L’apport de la culture à l’économie en 
France, 
décembre 2013). 
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12 
COUR DES COMPTES
Compte tenu de la taille du marché national et des freins à 
l’exportation qu’opposent les barrières linguistiques et les spécificités 
culturelles nationales, les recettes générées par les oeuvres d’origine 
française ne suffisent généralement pas, à elles seules, à garantir que 
puissent être rentabilisés les coûts importants attachés à la production de 
films de cinéma, et, dans une moindre mesure, à celle des contenus 
audiovisuels. 
La France a instauré par étapes, depuis la fin des années 1940, un 
dispositif unique de soutien à la production cinématographique, étendu 
dans les années 1980 à la production audiovisuelle. Ce dispositif 
comprend des aides budgétaires appuyées sur un mécanisme de taxes 
affectées, des aides des collectivités territoriales et des dépenses fiscales 
qui ont considérablement augmenté au cours des dix dernières années. Il 
est complété par un encadrement juridique de certaines dépenses et 
recettes, publiques ou privées, tant dans leur montant ou leur orientation 
(obligations d’investissement des diffuseurs) que dans leur temporalité 
(chronologie des médias). 
La justification de cette économie administrée est la protection des 
acteurs économiques et la régulation de leurs relations, avec pour 
objectifs finaux la diversité de la production et la défense de la création 
française et européenne sur le marché national et mondial. C’est cet 
ensemble qui forme la politique publique de soutien à la production 
cinématographique et audiovisuelle. 
Si de tels systèmes d’aide ont été mis en place dans de nombreux 
autres pays européens, ils n’y ont ni la même ampleur, ni la même 
diversité d’instruments utilisés, ni le même coût : la France concentre en 
effet les deux tiers des aides au cinéma et à l’audiovisuel dispensées par 
l’ensemble des États membres de l’Union européenne. En outre, le 
volume de ces aides s’est fortement accru : de 2002 à 2012, leur 
augmentation a atteint 88 %, soit quatre fois la hausse du budget de l’État 
sur la même période. 
Par ailleurs, l'évolution rapide des technologies numériques et des 
pratiques de consommation affaiblit les sources de financement du 
système et soumet les acteurs à de fortes tensions. Pour maintenir et 
développer la présence de la France sur le marché mondial, la politique de 
soutien doit faire la preuve de capacités d'adaptation accrues. 
Dans ce contexte particulièrement mouvant, le présent rapport 
s’attache à apprécier si les objectifs fixés à la politique publique sont 
atteints, si les résultats obtenus au cours des dix dernières années sont à la 
mesure de l’augmentation des moyens engagés et si les mécanismes de 
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INTRODUCTION 
13 
soutien sont adaptés aux défis de la numérisation dans un marché 
mondialisé. 
Les objectifs de la politique de soutien 
Les objectifs de la politique de soutien conduite par le CNC figurent à 
l’article L. 111-2 du code du cinéma et de l’image animée. Ils sont ainsi 
précisés dans son document stratégique de performance
4
: 
- « assurer une présence forte des oeuvres cinématographiques et 
audiovisuelles françaises et européennes, sur notre territoire et à l’étranger, et 
pour cela apporter un soutien à caractère économique à l’ensemble des 
acteurs des filières concernées » ; 
- « contribuer à la diversité et au renouvellement de la création et de la 
diffusion ». 
Par ailleurs, l’action « Industries culturelles » du programme 334 - 
Livre et industries culturelles
(au sein de la mission 
Médias, livre et 
industries culturelles)
, attribue à l’intervention publique un rôle pour 
« assurer la diversité et le renouvellement de la création, ainsi que sa 
diffusion auprès des publics les plus larges ».
5
Les objectifs assignés aux chaînes de l’audiovisuel public en matière 
de production sont, pour leur part, détaillés dans leurs contrats d’objectifs et 
de moyens et, concernant France Télévisions, dans son cahier des charges. 
France Télévisions s’engage ainsi à contribuer à « la diversité de la 
production cinématographique », à soutenir « un cinéma d'initiative française 
et européenne fort, pluriel et indépendant », et à développer « une action 
ambitieuse en matière de fiction audiovisuelle », favorisant notamment « le 
renouvellement des écritures, des formats et des thèmes ».
6
Or ces résultats sont ambivalents : 
-
les succès d’estime et d’audience remportés par le cinéma 
français (
The Artist
, 
Intouchables
, 
La Vie d’Adèle
, etc.) sont 
4
Au titre de l’article L. 114-2 du code du cinéma et de l’image animée, le CNC établit 
chaque année un document stratégique de performance, adressé au Parlement en 
même temps que le projet de loi de finances, qui « rend compte du rendement et de 
l’emploi prévisionnels des taxes et prélèvements et autres produits qu’il perçoit ou qui 
lui sont affectés en application des dispositions du présent livre.
». 
5
Le projet annuel de performances pour 2014 précise que « l’intervention publique ne 
vise naturellement pas à se substituer aux acteurs privés, vecteurs naturels de la 
création et garants de son financement, mais à assurer certains équilibres, notamment 
en termes de diversité et d’accès à l’offre, que les règles économiques du marché 
n’assurent pas à elles seules ». 
6
Décret n° 2009-796 du 23 juin 2009 fixant le cahier des charges de la société 
nationale de programme France Télévisions. 
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14 
COUR DES COMPTES
incontestables, mais le modèle de financement, pris dans son 
ensemble, présente des risques d’essoufflement ; 
-
malgré d’indéniables réussites, la production audiovisuelle 
affiche un bilan médiocre, sans commune mesure avec les 
investissements qui lui sont consacrés. 
La Cour a déjà eu l’occasion d’aborder ce domaine de l’action 
publique à travers son contrôle de France Télévisions
7
et des filiales de 
production cinématographique des chaînes de l'audiovisuel public, ses 
travaux sur les comptes et la gestion du CNC
8
, son contrôle de l’institut 
de financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) et les 
notes d’analyse de l’exécution du budget de l’État de la mission Médias 
et industries culturelles
9
, qui sont publiées en même temps que le rapport 
sur les résultats et la gestion budgétaire
10
. 
La présente enquête sur la politique de soutien à la production 
cinématographique et audiovisuelle va au-delà de la synthèse de ces 
rapports. Conduite auprès des différentes administrations concernées et 
s’appuyant 
sur 
des 
consultations 
de 
nombreux 
organismes 
et 
personnalités (cf. annexe n° 17), elle vise un double objectif : 
-
informer le citoyen sur l’ensemble des instruments publics 
mobilisés en vue de soutenir la production cinématographique 
et audiovisuelle qu’il contribue à financer, en tant que 
contribuable ou en tant que consommateur, les ressources 
consacrées à cette politique étant majoritairement constituées 
d’impôts affectés
11
; 
-
analyser l’impact de cette politique publique au regard de ses 
objectifs, dans un contexte marqué par des mutations 
économiques et technologiques profondes, rapides et continues. 
7
Cour des comptes, 
Rapport publique thématique
: 
France Télévisions et la nouvelle 
télévision publique
. La Documentation française, octobre 2009, 230 p., disponible sur 
www.ccomptes.fr 
8
Cour des comptes, 
La gestion et le financement du Centre national du cinéma et de 
l’image animée (CNC).
Exercices 2007 à 2011, 
communication à
la commission des 
finances du Sénat. La Documentation française, août 2012, 166 p., disponible sur 
www.ccomptes.fr 
9
Référence du rapport sur les résultats et gestion budgétaire de l’État (RRGB) 2013. 
10
Cour des comptes, 
Rapport sur les résultats et la gestion budgétaire de l’État, 
exercice 2012
, La Documentation française, mai 2013, 272 p, disponible sur 
www.ccomptes.fr 
11
Une taxe affectée se distingue d’une redevance notamment par le fait que la taxe 
n’appelle pas de contrepartie directe de la part du service public (cf. Conseil des 
prélèvements obligatoires, 
La fiscalité affectée : constats, enjeux et réformes
, Conseil 
des prélèvements obligatoires. p. 22. La Documentation française, juillet 2013, 
206 
p., disponible sur 
www.ccomptes.fr
). 
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INTRODUCTION 
15 
Le présent rapport rend ainsi compte des résultats indéniables 
obtenus par la politique de soutien à l'image animée mise en oeuvre au 
cours de la dernière décennie. Il souligne aussi les risques majeurs 
auxquels cette politique publique est aujourd'hui confrontée, car 
l’économie numérique sans frontière oblige à définir un nouveau 
consensus entre les professionnels et les pouvoirs publics, et à proposer 
une offre renouvelée de contenus sur le marché français et à l’exportation. 
Cette analyse est déclinée en quatre chapitres : 
-
la présentation et les évolutions de la politique de soutien au 
cours de la dernière décennie (chapitre I) ; 
-
le soutien à la production cinématographique (chapitre II) et à 
la production audiovisuelle (chapitre III) ; 
-
les défis de la numérisation dans un marché mondialisé 
(chapitre IV). 
Le rapport évoque enfin, en conclusion, les conditions à remplir 
pour rendre plus efficace et mieux adaptée, la politique française du 
soutien à l’image animée. 
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Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
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Chapitre I 
Un système de soutien en expansion 
continue 
Par l’ampleur des aides directes, la diversité des soutiens indirects, 
l’étendue et la précision du cadre réglementaire, le système de soutien 
français en faveur du cinéma et de l’audiovisuel est unique en Europe. 
Ces soutiens sont actuellement de plusieurs types : 
-
les aides directes (601 M€ en 2012) qui regroupent les aides à 
la production versées par le CNC (355 M€) et les collectivités 
territoriales (47 M€), les dépenses fiscales (145 M€) et les 
contributions du CNC au fonds de garantie géré par l’institut de 
financement du cinéma et des industries culturelles (54 M€ en 
montant cumulé), auxquelles s’ajoutent les aides européennes 
(programmes Eurimages et MEDIA) ; 
-
les investissements obligatoires (1,16 Md€ au total) imposés 
réglementairement aux chaînes publiques (531 M€) et privées 
(626 M€) ; 
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18 
COUR DES COMPTES
-
d’autres modalités de soutien plus indirectes, constituées de 
dispositifs fiscaux tels que l’amortissement dérogatoire dont 
bénéficient les sociétés de production et de distribution
12
ou du 
recours aux avantages fiscaux de droit commun accordés pour 
favoriser l’investissement dans les petites et moyennes 
entreprises. 
Par ailleurs, le régime social paritaire des intermittents du 
spectacle, sur lequel la Cour a déjà eu l’occasion de se prononcer à 
plusieurs reprises
13
, peut bénéficier indirectement à la production 
cinématographique et audiovisuelle. 
Le régime des intermittents du spectacle 
Le régime des intermittents du spectacle ne constitue pas un dispositif 
de soutien direct à la production. Les caractéristiques de ce régime 
dérogatoire résultent d’accords interprofessionnels. L’intermittence peut 
néanmoins 
contribuer 
indirectement 
au 
soutien 
à 
la 
production 
cinématographique et audiovisuelle, lorsque certains employeurs reportent 
abusivement sur l’Unedic une partie des frais fixes de rémunération de leurs 
salariés. 
Le secteur de la production cinématographique et audiovisuelle 
représente à fin mars 2013, d’après Pôle emploi, 51 % de la masse salariale 
versée par les employeurs des intermittents du spectacle et près de 40 % du 
volume des heures de travail déclarées. 
12
Ces sociétés peuvent amortir leur investissement dans un film au prorata des 
recettes tirées de ce film. Au-delà, elles peuvent pratiquer un amortissement 
dérogatoire si l’amortissement économique ainsi calculé est inférieur à un taux de 
dépréciation fixé par la documentation fiscale de base. Cet avantage permet d’amortir 
un film en 22 mois, le film pouvant être amorti à hauteur de 80 % la première année. 
Dès lors qu’il conduit à amortir un investissement de façon accélérée, il peut 
s’analyser comme une subvention remboursable versée sous la forme d’un moindre 
impôt sur les sociétés à payer. Il était évalué à 7 M€ en LFI pour 2007. 
13
La Cour s’est prononcée en dernier lieu à ce sujet dans le référé n° 67793 du 
19 septembre 2013, « Le régime d’indemnisation du chômage à l’issue des emplois 
précaires ». 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
19 
Graphique n° 1 : les différents mécanismes qui contribuent à soutenir 
la production cinématographique et audiovisuelle en 2012 
Source : Cour des comptes. 
La dépense publique à laquelle correspond l’ensemble des aides 
directes a crû fortement au cours de la dernière décennie (+ 88 %), cette 
croissance excédant très largement la norme d’évolution de la dépense 
publique. En outre, la multiplication des dispositifs, facteur de complexité 
réglementaire, ne s’est pas accompagnée d’une évaluation de leurs effets 
ni de l’analyse de leurs redondances éventuelles. 
I 
- 
Des aides directes en forte augmentation 
Les 
aides 
directes 
à 
la 
production 
cinématographique 
et 
audiovisuelle empruntent quatre canaux principaux : 
-
les subventions directes ou les avances remboursables
14
versées 
par le CNC sont passées de 291 M€ en 2002 à 355 M€ en 2012. 
Elles sont majoritairement financées par des taxes affectées au 
CNC, hors budget général de l’État (cf. annexe n° 4) ; 
-
les aides de nature fiscale n’ont cessé de croître. La création de 
trois crédits d'impôt entre 2004 et 2009 et le renchérissement du 
coût 
des 
sociétés 
de 
financement 
de 
l’industrie 
cinématographique et de l’audiovisuel (SOFICA) ont fait passer 
la dépense fiscale de 18,6 M€ en 2002 à 145 M€ en 2012 (soit 
+ 680 %). À ces avantages fiscaux bénéficiant directement aux 
sociétés de production cinématographiques et audiovisuelles 
s’ajoutent des dispositifs fiscaux de droit commun (notamment 
ceux conçus pour favoriser l’investissement dans les PME) 
susceptibles d’être utilisés pour financer la production ainsi que 
14
Étant rarement remboursées en cas de succès, les avances remboursables peuvent 
être de ce fait assimilées à des aides directes. 
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20 
COUR DES COMPTES
le taux réduit de TVA octroyé à Canal + et Numéricable 
(cf. 
infra
) ; 
-
les aides des collectivités territoriales qui ont progressé de 
7 M€ en 2002 à 47 M€ en 2012 (soit + 571 %) ; 
-
le fonds de garantie géré par l’institut de financement du 
cinéma et des industries culturelles (IFCIC), doté sur crédits 
publics, qui permet d’offrir aux entreprises du secteur des 
garanties sur les différents types de prêts bancaires. Ce fonds 
fait l’objet d’abondements annuels
15
dont le total cumulé 
s’élevait à 54 M€ en 2012 (41 M€ pour la production 
cinématographique et 13 M€ pour la production audiovisuelle), 
soit une hausse de 50 M€ sur la période. 
Graphique n° 2 : la progression des aides directes à la production 
cinématographique et audiovisuelle entre 2002 et 2012 
(en M€ courants)
Source : Cour des comptes (cf. méthodologie en annexe n° 3). Le recours aux 
dispositifs fiscaux de droit commun pour l’investissement dans les PME, ne 
pouvant être chiffré, ne figure pas sur ce graphique.
Si l'on s'en tient aux seules aides directes (dépenses du CNC pour 
la production, aides territoriales et dispositifs fiscaux, hors fonds de 
garantie de l’IFCIC), l'augmentation au cours de la dernière décennie est 
quatre fois supérieure à celle des dépenses de l'État (respectivement 
+ 88 % et + 20 %). Ramenée en euros constants, elle reste forte (+ 45 % 
en 10 ans). Parallèlement, les recettes du CNC, c’est-à-dire de l’ensemble 
15
Le CNC a cessé d’abonder le fonds de garantie en numéraire en 2013 et 2014. 
291
19
4
7
320
355
145
54
47
601
0
100
200
300
400
500
600
700
CNC
Dépense
fiscale
Fonds de
garantie
Aides
locales
Total des
aides
publiques
2002
2012
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
21 
des taxes qui lui sont affectées et qui, tout en dérogeant au principe 
d’universalité budgétaire, n’en relèvent pas moins du régime des 
impositions de toute nature, ont augmenté de 70 % entre 2002 et 2012, 
passant de 440 à 749 M€. 
Graphique n° 3 : aides directes à la production cinématographique et 
audiovisuelle et taxes affectées au CNC, de 2002 à 2012 (en M€) 
Source : Cour des comptes. 
A - Les aides du CNC 
1 - 
Une large palette d’outils 
Établissement 
public 
administratif 
créé 
par 
la 
loi 
du 
25 octobre 1946, le centre national du cinéma et de l'image animée 
(CNC) est à la fois l'animateur et le principal concepteur de la politique 
de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle : en 
application de l’article L. 111-2 du code du cinéma et de l’image animée, 
il joue un double rôle de direction d’administration centrale et 
d’opérateur. 
Dans son document stratégique de performance élaboré dans le 
cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2014, l’action du 
CNC s’articule autour de neuf objectifs : « favoriser le succès du cinéma 
français en France et à l’étranger, contribuer à la diversité de la création 
cinématographique, contribuer à la diffusion du cinéma sur l’ensemble du 
territoire, 
contribuer 
à 
consolider 
l’industrie 
des 
programmes 
audiovisuels, contribuer à enrichir l’offre de programmes et soutenir 
l’innovation audiovisuelle, améliorer la performance de la gestion des 
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22 
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soutiens mis en oeuvre, renforcer l’attractivité du territoire national pour 
les tournages, favoriser la diversité de l’offre et l’exposition de la création 
française en vidéo et sur les nouveaux supports de la distribution, vidéo à 
la demande, internet fixe et mobile, et favoriser la transition rapide et 
homogène vers la numérisation des salles de cinéma ». 
Ainsi, le CNC, d’une part, est chargé de la réglementation du 
secteur du cinéma et des autres arts et industries de l’image animée et 
d’une mission d’observation des activités et professions de ce secteur. 
D’autre part, il attribue des aides financières en faveur notamment de la 
création, de la production, de la distribution, de la diffusion et de la 
promotion des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles et des 
oeuvres multimédia. Il aide aussi la création et la modernisation des salles 
de cinéma, et finance des écoles de formation, des festivals et des 
dispositifs d’éducation à l’image. 
Préalablement à l’allocation d’une aide, les investissements des 
producteurs, puis la diffusion des oeuvres (films ou programmes 
audiovisuels) font l’objet d’une procédure d’agrément (dans le domaine 
cinématographique) ou d’autorisation (dans le domaine audiovisuel) par 
le CNC, qui consiste à vérifier que les conditions techniques et 
financières nécessaires à la qualification d’oeuvre d’initiative française ou 
d’oeuvre européenne sont remplies. 
Les aides versées couvrent l’ensemble des étapes, de la production 
d’une oeuvre à sa distribution et à son exploitation. À chacun de ces 
stades correspondent deux types de dispositifs : des aides automatiques et 
des aides sélectives. L’ensemble des aides se répartit approximativement 
à parité entre le soutien automatique et le soutien sélectif. 
Le soutien automatique vise à consolider le tissu industriel 
existant. Il repose sur le principe de la constitution de droits de tirage au 
profit de producteurs, distributeurs, exploitants et éditeurs vidéo, à due 
concurrence 
des 
recettes 
dégagées 
par 
l’exploitation 
d’oeuvres 
cinématographiques ou audiovisuelles. Sur cette base, les entreprises 
bénéficiaires peuvent mobiliser les droits constitués en vue de financer 
leur activité future. En 2012, l’ensemble des soutiens versés à ce titre 
s’élève à 312,3 M€. 
Les soutiens sélectifs, quant à eux, ont pour principale vocation de 
favoriser la diversité des oeuvres et le renouvellement des talents. La 
procédure d’octroi de ces aides repose sur la sélection de projets jugés 
porteurs par une commission de professionnels, comme c’est le cas par 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
23 
exemple pour l’avance sur recettes
16
. Tous secteurs confondus, ces 
dispositifs sélectifs représentent un montant total de 299,6 M€ en 2012. 
S’ils concernent l’ensemble des filières de l’image animée 
(production, 
distribution, 
exploitation, 
édition 
vidéo, 
industries 
techniques, multimédia et jeu vidéo), les soutiens du CNC demeurent 
principalement orientés 
vers l’activité de production : en 2012, 355 M€ 
étaient 
directement 
affectés 
aux 
secteurs 
de 
la 
production 
cinématographique et audiovisuelle, soit près de 60 % des dépenses de 
soutien de l’établissement
17
. 
Graphique n° 4 : répartition sectorielle des principaux soutiens 
versés par le CNC, de 2002 à 2012, en M€ 
Source : Cour des comptes d’après données CNC. Ce graphique n’inclut pas 
les dispositifs de soutien transversaux (plan numérique, soutien à la 
promotion du cinéma, éducation à l’image, patrimoine, etc.). 
Parmi les soutiens à la production versés en 2012, 64 % étaient 
consacrés à la production audiovisuelle et 25 % à la production 
cinématographique, les 11 % restants correspondant à des aides 
transversales. 
16
Son règlement intérieur prévoit ainsi que « la commission du soutien sélectif à la 
production est composée d’un président, de trois vice-présidents, de 25 membres 
titulaires et de membres suppléants. » Elle est formée de trois collèges. 
17
En réalité, la part des soutiens attribuée à la production est supérieure, plusieurs des 
interventions du CNC présentant un caractère transversal et bénéficiant en partie à la 
production (aides aux associations notamment, à l’image des subventions versées au 
festival de Cannes). L’ensemble des soutiens du CNC est retracé en annexe n° 5. 
0
50
100
150
200
250
300
2002 2004 2006 2008 2010 2012
production
audiovisuelle
production
cinématographique
exploitation
cinématographique
distribution
cinématographique
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24 
COUR DES COMPTES
La croissance soutenue du volume des aides allouées par le CNC 
s’est accompagnée d’une extension continue de la palette des dispositifs 
qu’il met en oeuvre. Relevée par la Cour lors de son dernier contrôle
18
, 
cette double évolution résulte de la progression très dynamique des 
recettes recouvrées par le CNC au titre de la perception des taxes 
affectées dont il est le destinataire. Elle traduit un pilotage des dispositifs 
d’aide par la recette, échappant aux normes de dépenses du budget 
général de l’État. 
2 - 
La croissance des taxes affectées au CNC 
Le CNC est financé à plus de 95 % par des taxes affectées, dont le 
principe 
général 
est 
demeuré 
inchangé 
depuis 
la 
création 
de 
l'établissement : taxer les acteurs économiques qui retirent un bénéfice de 
la diffusion des contenus cinématographiques et audiovisuels, et recueillir 
le produit de ces taxes pour financer l’ensemble de la filière
19
. Au nom de 
ce principe ont successivement été imposés la billetterie des salles de 
cinéma (taxe spéciale additionnelle, à hauteur de 10,7 % sur le prix 
acquitté par le spectateur), les chaînes de télévision puis les distributeurs 
de services de télévision (taxe sur les services de télévision, éditeurs et 
distributeurs), ainsi que les sociétés vendant ou louant des contenus 
audiovisuels sous forme de vidéogrammes (taxes vidéos). 
L’augmentation récente des recettes du CNC correspond à l’entrée 
en vigueur, en 2008, de la taxe sur les distributeurs de services de 
télévision (TSTd). Passant de 94 M€ en 2008 à 279 M€ en 2012, le 
produit de cette taxe explique, en grande partie, l’augmentation du niveau 
général des taxes affectées au CNC, celles-ci ayant progressé de 512 M€ 
en 2007 à 749 M€ en 2012 (+ 46 %). 
18
Cour des comptes, 
La gestion et le financement du Centre national du cinéma et de 
l’image animée (CNC). Exercices 2007 à 2011
, communication à la commission des 
finances du Sénat. La Documentation française, août 2012, 166 p., disponible sur 
www.ccomptes.fr
. 
19
Cf. annexe n° 4. Le CNC est, par ailleurs, affectataire de la taxe sur les bénéfices 
tirés de la production et de la diffusion de films à caractère violent ou pornographique, 
ainsi que du produit des sanctions pécuniaires infligées par le CSA. 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
25 
Graphique n° 5 : évolution du produit des taxes affectées au 
CNC entre 2002 et 2014, en M€ 
Source : Cour des comptes, d'après CNC. Les données 2013 et 2014 sont 
prévisionnelles. 
Étendant aux distributeurs de services de télévision le principe de 
taxation des secteurs aval, la TSTd frappe trois catégories d’acteurs : 
-
les chaînes de télévision auto-distribuées
20
(Canal +, auparavant 
assujettie à la seule taxe sur les éditeurs de services de 
télévision) ; 
-
les services de diffusion par câble, satellite et télévision 
numérique terrestre ; 
-
les fournisseurs d’accès à internet (FAI) et opérateurs de 
téléphonie mobile. 
La taxe est calculée en appliquant un taux progressif (compris 
entre 0,5 % et 4,5 %), à l’assiette taxable, constituée du chiffre d’affaires 
des abonnements souscrits auprès des sociétés concernées. En pratique, la 
TSTd marque l’extension du régime des taxes affectées du CNC au 
secteur du numérique : en 2010, les opérateurs de communications 
électroniques représentaient près des deux tiers du produit de la TSTd. 
Cette taxe frappe donc désormais une activité économique dont le lien 
avec le secteur cinématographique et audiovisuel est de moins en moins 
20
Ces chaînes, aujourd’hui constituées par Canal + et Numéricable, acquièrent des 
droits sur le marché primaire pour la diffusion d’oeuvres, comme les autres chaînes, 
mais commercialisent également leurs services, sous forme de bouquets de chaînes 
acquis auprès d'éditeurs sur le marché de gros, directement auprès de leurs abonnés. 
442
749
-
100
200
300
400
500
600
700
800
900
TSA
Taxe vidéo
TST éditeurs
TST distributeurs
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26 
COUR DES COMPTES
exclusif, comparé à la taxation des salles de cinéma ou des chaînes de 
télévision. 
En modifiant leur offre commerciale, ces opérateurs ont fait baisser 
leur impôt depuis 2011. 
Le transfert de la perception des taxes affectées au CNC (TSA au 
1
er
janvier 2007, TST au 1
er
janvier 2010), auparavant assurée par la 
direction générale des finances publiques, et, en parallèle, la clôture du 
compte-mission
21
, le 1
er
janvier 2009, ont eu pour effet d’accroître 
significativement l’autonomie financière du CNC. 
En réaction au fort dynamisme des ressources du CNC, le 
législateur a opéré, depuis 2011, plusieurs prélèvements sur le produit des 
taxes affectées au profit du budget général de l’État. 
La loi de finances pour 2011 a institué un prélèvement 
exceptionnel de 20 M€ sur les recettes du CNC
22
, tandis que la loi de 
finances pour 2012 a créé un mécanisme d’écrêtement des taxes affectées 
aux opérateurs
23
, se traduisant dans le cas du CNC par un reversement de 
50 M€ au budget général de l’État. La loi de finances pour 2013 a institué 
un prélèvement exceptionnel de 150 M€ sur le fonds de roulement de 
l’établissement
24
. Enfin, la loi de finances pour 2014 prévoit un nouveau 
prélèvement de 90 M€. 
Le dynamisme des ressources du CNC a, par ailleurs, conduit le 
ministère de la culture et de la communication à faire supporter par 
l’établissement des dépenses précédemment imputées sur ses propres 
crédits budgétaires. Entre 2006 et 2012, le ministère a ainsi transféré au 
CNC un ensemble de dépenses qui se décomposent en 17 M€ de dépenses 
ponctuelles (prise en charge par le CNC d’engagements ponctuels non 
payés par le ministère) et 46,9 M€ de dépenses annuelles récurrentes. 
Au total, les prélèvements sur le fonds de roulement du CNC et les 
débudgétisations du ministère de la culture et de la communication se 
sont élevés à 284 M€ depuis 2006. 
21
Les recettes du CNC ont transité, jusqu’en 2006, par un compte d’affectation 
spéciale, puis par un compte-mission. 
La mission hors budget général Cinéma, 
audiovisuel et expression radiophonique locale
ayant été supprimée en 2009, les 
charges 
et 
produits 
des 
anciens 
programmes 
711 - 
Soutien 
aux 
industries 
cinématographiques
et 712 - 
Soutien aux industries audiovisuelles
sont depuis lors 
imputés directement sur le budget du CNC. 
22
Article 35 de la loi n° 2010-1657 du 29 décembre 2010 de finances pour 2011. 
23
Article 46 de la loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012. 
24
Article 41 de la loi n° 2012-1509 du 29 décembre 2012 de finances pour 2013. 
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27 
Comme l’a relevé la Cour lors de son dernier contrôle, la logique 
d’écrêtement au cas par cas n’est pas une modalité satisfaisante de 
régulation budgétaire au regard de la nécessité de programmer les 
dépenses publiques dans un cadre pluriannuel. Seul un contrat de 
performance entre le CNC et l’État, fondé sur une évaluation des besoins 
du secteur et une mesure de l’efficacité de la politique de soutien, pourrait 
permettre un pilotage concerté du financement de l’opérateur. 
Principales recommandations de la Cour concernant le financement 
du CNC
25
- élaborer une méthode d’analyse de l’efficacité et de l’efficience des 
dispositifs d’aide mis en oeuvre au regard, d’une part, des soutiens déjà 
existants et, d’autre part, des objectifs fixés au CNC par ses tutelles et par le 
Parlement ; 
- en liaison avec le ministère de la culture et de la communication, établir 
une trajectoire pluriannuelle de dépenses ; 
- faire évoluer la structure de financement de l’établissement. À cet effet, 
trois scénarios sont envisageables : 
1 - la fixation d’un plafond de dépenses pluriannuel commandant la 
détermination du barème des taxes affectées ; 
2 - le recours à des écrêtements ciblés, scénario moins satisfaisant qui 
a cependant été retenu ; 
3 - la budgétisation d’une partie de l’actuelle TST « distributeurs », 
sous la forme d’un compte d’affectation spéciale. 
B - Les dépenses fiscales 
En raison du risque qui s’attache aux perspectives de recettes 
issues de l’exploitation des films et des programmes audiovisuels, le 
secteur de la production cinématographique et audiovisuelle est 
structurellement peu attractif pour la plupart des investissements privés. 
Des dispositifs fiscaux nouveaux ont été utilisés depuis les années 1980 
pour faciliter les investissements dans la production : d’abord les 
SOFICA dans les années 80, puis une combinaison de mesures fiscales de 
droit commun en faveur des PME et de crédits d’impôt spécifiques 
constamment renforcés au cours des dernières années. 
25
Cour des comptes
, La gestion et le financement du Centre national du cinéma et de 
l’image animée (CNC). Exercices 2007 à 2011, 
communication à la commission des 
finances du Sénat
. 
La Documentation française, août 2012, 166 p., disponible sur 
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28 
COUR DES COMPTES
1 - 
Les SOFICA 
Créées en 1985
26
, les sociétés de financement de l’industrie 
cinématographique et de l’audiovisuel (SOFICA) sont des sociétés 
anonymes qui collectent, auprès des entreprises et des particuliers, des 
fonds 
destinés 
au 
financement 
d’oeuvres 
cinématographiques 
et 
audiovisuelles agréées par le CNC. Elles ont pour objectif de soutenir la 
production française indépendante et d’encourager le renouvellement de 
la création et des talents. 
Les souscriptions au capital des SOFICA réalisées par les 
entreprises ouvrent droit à un amortissement exceptionnel (égal à 50 % 
des sommes souscrites) qui a pour effet de réduire leur impôt sur les 
sociétés. 
Consistant initialement en une déduction de 25 % des souscriptions 
sur le revenu net global, l'avantage fiscal en faveur des particuliers a été 
progressivement ramené à une réduction d'impôt sur le revenu, 
correspondant à 30 % des sommes souscrites, dans la limite de 18 000 € 
et de 25 % du revenu net global, sous réserve de la conservation des parts 
détenues dans la SOFICA pendant au moins cinq ans. 
Depuis 2009, le volume et l'orientation des investissements sont 
encadrés de manière rigoureuse. La régulation intervient en effet à 
plusieurs niveaux : 
-
au niveau de la collecte de fonds privés : depuis sa création, la 
dépense fiscale est reconduite tous les trois ans, et la création des 
SOFICA (pour une durée de dix ans) est soumise à une procédure 
d’agrément par la DGFiP. Chaque année, les pouvoirs publics sont 
ainsi en mesure de déterminer l'enveloppe d'investissement 
souhaitée, le nombre de SOFICA, généralement compris entre 10 et 
12, et par voie de conséquence, la répartition de l’enveloppe entre 
elles ; 
-
au niveau des investissements réalisés par les SOFICA : une charte, 
mise en place dès 2005 par le CNC, puis adaptée annuellement en 
fonction des objectifs fixés, précise avant chaque collecte annuelle 
les engagements de gestion auxquels doit souscrire chacune d’entre 
elles. Qu'elles prennent la forme d’une souscription au capital des 
sociétés de production ou, plus fréquemment, de versements en 
numéraire dans le cadre de contrats d'association à la production, 
les sommes investies par les SOFICA sont orientées vers certaines 
catégories d’oeuvres (premiers et deuxièmes films, films dont le 
26
Article 40 de la loi n° 86-695 du 11 juillet 1985. 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
29 
budget est inférieur à 8 M€, etc.). Les SOFICA doivent également 
s’engager à réaliser, pour une part au moins égale à 50 %, des 
investissements non adossés, c’est-à-dire sans accord préalable avec 
le producteur, sur le prix de rachat à terme de l’investissement 
réalisé
27
. Cette limitation bénéficie le plus souvent à la production 
indépendante. Ces engagements sont individualisés par SOFICA et 
validés par la direction générale des finances publiques (DGFiP) au 
moment de l’octroi de l’agrément
28
; 
-
au niveau de l'avantage fiscal accordé aux particuliers : celui-ci est 
porté à 36 % lorsque le souscripteur investit dans une SOFICA qui 
s'engage à réaliser au moins 10 % de ses investissements sous 
forme de souscription en capital dans les sociétés de production, ce 
qui permet de financer la phase de développement des projets. 
Au cours des dix dernières années, les SOFICA ont permis de 
collecter entre 35 M€ et 66 M€ par an. Le dispositif a été essentiellement 
utilisé par les particuliers, les rares entreprises ayant souscrit des parts de 
SOFICA se trouvant être, dans la majorité des cas, les fondatrices 
desdites SOFICA (certaines d'entre elles ayant par ailleurs leur activité 
principale dans le secteur cinématographique ou audiovisuel). Alors que, 
jusqu'en 2011
29
, l'intégralité de l'enveloppe autorisée des SOFICA était 
placée quelques jours après l'ouverture de la campagne, plusieurs 
semaines ont été nécessaires en 2012 et n'ont, en outre, pas permis de 
placer l’intégralité des sommes initialement destinées aux SOFICA (sur 
une enveloppe globale de 63,07 M€, 1,5 M€ n'ont pas pu être placés). 
27
Jusqu’en 2010, l’adossement total permettait de garantir le rachat à prix fixe de 
l’ensemble des parts de la SOFICA à son échéance. 
28
À titre d'exemple, en 2012, les principales conditions de l’agrément de la société 
CINEMAGE 7, pour une enveloppe de 9 M€, étaient les suivantes : 65 % au moins de 
films présentant un budget inférieur à 8 M€ ; 50 % au moins de premiers ou 
deuxièmes 
films ; 
20 % 
au 
plus 
d’investissements 
adossés 
et 
100 % 
des 
investissements non adossés à réaliser auprès de producteurs indépendants. 
29
À l'exception notable de la collecte 2008 en raison des effets de la crise financière. 
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30 
COUR DES COMPTES
Tableau n° 1 : évolution du nombre et du montant des souscriptions 
aux SOFICA entre 2002 et 2013 
Année 
de 
collecte 
Nombre 
de 
SOFICA 
agréées 
Montant 
collecté 
(M€) 
Nombre total 
de 
souscriptions 
dont 
souscriptions 
de personnes 
morales 
Montant 
moyen d’une 
souscription 
(€) 
dont 
souscription 
moyenne des 
personnes 
morales (€) 
2002 
6 
35,2 
3 324 
18 
10 706 
15 858 
2003 
9 
41,0 
3 648 
21 
11 372 
5 778 
2004 
10 
46,0 
4 226 
19 
11 083 
4 719 
2005 
15 
51,5 
5 086 
21 
10 370 
16 028 
2006 
13 
65,7 
6 565 
19 
10 114 
4 958 
2007 
14 
63,1 
7 327 
20 
8 715 
4 075 
2008 
12 
61,1 
7 463 
13 
8 208 
7 143 
2009 
11 
63,1 
7 716 
16 
8 419 
3 483 
2010 
10 
63,1 
7 157 
14 
9 028 
2 367 
2011 
12 
63,1 
7 442 
14 
8 575 
4 310 
2012 
11 
61,5 
7 459 
13 
8 250 
2 815 
2013 
10 
59 
7 109 
9 
8 295 
14 311 
Source : Cour des comptes d'après données CNC. 
En contrepartie de leur apport, les SOFICA obtiennent auprès des 
producteurs un droit à rémunération sur des couloirs de recettes, 
correspondant au remboursement de leur apport initial auquel s’ajoute la 
plupart du temps un bonus proportionnel au succès du film. L'attractivité 
du dispositif résulte donc non seulement de l'avantage fiscal directement 
accordé aux souscripteurs, mais aussi de l'éventualité de la distribution de 
dividendes, liés aux recettes d’exploitation des films dans lesquels la 
SOFICA a investi. 
La part relative des SOFICA dans le financement des films 
d'initiative française reste faible : en 2012, les SOFICA ne représentaient 
en moyenne que 4 % de leurs plans de financement. Ces investissements 
n’en sont pas moins cruciaux pour les producteurs. D'une part, ils sont 
orientés vers les catégories d’oeuvres qui sont principalement touchées par 
le 
risque 
du 
sous-financement
30
. 
D'autre 
part, 
ils 
représentent 
chronologiquement l'un des premiers soutiens financiers effectivement 
versés aux producteurs, leur permettant d’assurer ainsi leur trésorerie. 
30
S'agissant de la production audiovisuelle, les investissements des SOFICA se 
concentrent sur les programmes d'animation (83 % en 2011), genre dont les coûts de 
production sont élevés et la gestation généralement plus longue, mais qui présente 
également les meilleures perspectives de recettes au-delà du premier cycle 
d'exploitation (première série de deux à trois diffusions à la télévision). 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
31 
Graphique n° 6 : évolution des sommes collectées par les SOFICA et 
du coût de la dépense fiscale associée pour l'impôt sur le revenu (IR), 
depuis 2002 (en M€) 
Source : Cour des comptes, d'après données CNC ; les données 2012 sont 
prévisionnelles ; le coût de la dépense fiscale relative à l'impôt sur les 
sociétés est considéré comme négligeable.
Dans l’ensemble, les évolutions récentes ont permis d’atteindre un 
point d’équilibre puisque l’évolution à la hausse du montant collecté a été 
limitée (à 63 M€ depuis 2007), ce qui a eu pour effet de stabiliser le coût 
de la dépense fiscale associée aux SOFICA au-dessous de 30 M€. 
Ainsi, les réformes apportées au dispositif des SOFICA ont permis 
de conserver une maîtrise des modalités de mobilisation et d’orientation 
des investissements privés, tout en maintenant son attractivité : 
-
la réforme opérée en 2009 a renforcé la prise de risque dans les 
sociétés de production indépendantes ; 
-
le maintien de la possibilité de recourir à la technique de 
l’adossement, partiel et orienté vers la production indépendante, 
a permis de sécuriser pour une part, les perspectives de 
recettes ; 
-
les deux dernières réductions de l’avantage fiscal ayant affecté 
l’essentiel des autres avantages fiscaux de même type, il n’en 
est pas résulté une dégradation de la position relative des 
SOFICA par rapport aux autres possibilités de défiscalisation ; 
35
62
19
27
0
10
20
30
40
50
60
70
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Sommes collectées
Coût du dispositif (réduction d'IR)
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32 
COUR DES COMPTES
-
les banques continuent de faire de l’investissement dans une 
SOFICA un produit d’appel ou de relation clients, de fait 
réservé à un nombre limité d'investisseurs (près de 6 000 
chaque année)
31
. 
2 - 
Le recours à des dispositifs fiscaux de droit commun 
Bien qu’elles ne soient pas spécifiquement réservées au secteur 
cinématographique et audiovisuel, deux dépenses fiscales visant à 
encourager l'investissement des particuliers dans le capital des petites et 
moyennes entreprises (PME) au travers d’une réduction de l’impôt de 
solidarité sur la fortune (article 885-0-V bis du CGI)
32
ou d’une réduction 
d’impôt sur le revenu (article 199 terdecies-0 A du CGI)
33
sont 
couramment utilisées dans le financement d’oeuvres cinématographiques 
ou audiovisuelles. Elles permettent à des particuliers de souscrire au 
capital de PME qui interviennent dans la production ou la distribution 
d’un film et de bénéficier : 
-
des gains dégagés par les éventuelles recettes d'exploitation des 
oeuvres financées ; 
-
des réductions d'impôt sur le revenu (18 % du montant de la 
souscription) ou de l'impôt de solidarité sur la fortune (50 % du 
montant de la souscription). 
Les PME qui utilisent ces deux dispositifs fiscaux investissent dans 
la production et la distribution de nouveaux films et viennent ainsi 
compléter le plan de financement du producteur ou du distributeur. Si 
certaines sociétés sont des structures 
ad hoc 
créées en vue de la 
production ou de la distribution d’un seul film, d'autres minimisent le 
risque commercial en investissant dans un portefeuille de films qui 
présentent des perspectives de recettes moins aléatoires que la moyenne 
des films français (films produits par des circuits intégrés, films à budgets 
élevés, etc.). Il arrive également que ces PME soient directement créées 
par des producteurs ou des distributeurs, qui se servent de ces sociétés 
31
Le caractère sélectif du système tient, en particulier, à un montant minimum de 
parts à souscrire. La plupart des SOFICA proposent des valeurs nominales comprises 
entre 1 000 € et 2 000 € par part. L'investissement moyen est de 8 600 € entre 2001 et 
2011. Selon le CNC et la DGFiP, les souscripteurs ont, pour l'essentiel, un profil de 
chef d'entreprise ou de retraité dont le revenu fiscal de référence moyen s’élevait à 
161 000 € en 2011, et la collecte est marquée par un phénomène d'abonnement. 
32
Article 16 de la loi n° 2007-1223 du 21 août 2007 en faveur du travail, de l’emploi 
et du pouvoir d’achat (couramment appelé « dispositif TEPA » ou « ISF-PME »). 
33
Créé par l’article 26 V de la loi n° 94-126 du 11 février 1994, couramment appelé 
« dispositif Madelin » (ou « Dutreil » car la loi n° 2003-721 du 1
er
août 2003 pour 
l'initiative économique a complété les dispositions précédemment adoptées). 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
33 
comme fonds d’investissement. Enfin, certaines sociétés investissent dans 
l’acquisition de droits d'exploitation et de distribution de films de 
catalogue (déjà produits et financés) auprès des producteurs étrangers et 
revendent les différents droits audiovisuels ainsi acquis aux éditeurs 
vidéo, internet et télévisuels français. Cette organisation se rencontre 
notamment dans le financement de films qui se rattachent à une catégorie 
particulière 
(« films 
de 
genre » : 
policier, 
thrillers
, 
fantastique, 
documentaires, etc.) et dans le domaine audiovisuel
34
. 
Ces deux dispositifs présentent plusieurs caractéristiques qui les 
rendent plus attractifs que les SOFICA : 
-
le plafonnement de l'investissement, porté à 50 000 € pour la 
réduction d’impôt sur le revenu et à 45 000 € pour la réduction 
d’impôt de solidarité sur la fortune est supérieur à celui des 
SOFICA (18 000 €) ; 
-
le mécanisme de l'adossement n'y est pas limité. À l’image du 
dispositif fiscal en vigueur en Belgique appelé 
tax shelter
(cf. annexe 13), les investisseurs peuvent ne conserver que pour 
une durée moyenne (cinq ans) les droits détenus dans les films 
avant 
que 
ceux-ci 
ne 
soient 
rachetés 
par 
le 
groupe 
d'adossement
35
. 
Cependant, tant en termes de maîtrise des finances publiques que 
d’efficacité des investissements, ces deux dépenses fiscales ne présentent 
pas les mêmes garanties que les SOFICA : 
-
leur enveloppe n’étant pas normée, le coût de la dépense fiscale 
n’est ni clairement identifiable, ni maîtrisé
36
. Le CNC comme 
l’administration 
fiscale 
ne 
disposent 
d’aucune 
vision 
d’ensemble 
sur 
les 
montants 
en 
jeu 
ou 
les 
sociétés 
bénéficiaires ; 
-
en l’absence de système d’agrément, il n’existe aucun contrôle 
sur 
la 
destination 
des 
fonds 
défiscalisés. 
Ainsi, 
les 
34
Déjà propriétaire des droits francophones de la saison 1 de la série 
Les Borgia
, la 
PME Les Borgia a, par exemple, procédé à une augmentation de capital en recourant 
au dispositif de réduction d’impôt sur le revenu afin d’acquérir 50 % des droits 
francophones et américains de la saison 2 de cette même série. 
35
Dans le cas des 
Borgia
, les souscripteurs s’engagent à céder la totalité des actions 
qu’ils détiennent au terme d’une période de cinq ans pour un prix de 140 € par action, 
déduction faite des dividendes déjà perçus à la date de la cession, sans que le prix 
puisse être inférieur à leur valeur nominale de 100 €. 
36
En 2012, le dispositif de réduction d’impôt sur la fortune (ISF) a bénéficié à 81 090 
ménages, pour une dépense fiscale de 170 M€. (130 M€ prévus en 2013) Le dispositif 
de réduction d’impôt sur le revenu (IR), quant à lui, a bénéficié en 2012 à 41 300 
ménages, pour une dépense fiscale de 318 M€ (460 M€ prévus en 2013). 
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34 
COUR DES COMPTES
investissements ne sont pas orientés prioritairement vers les 
productions en besoin de financement, mais poursuivent un seul 
objectif de rentabilité financière, en limitant au maximum la 
prise de risque ; 
-
bien que ces dispositifs soient jugés non « pas redondants, mais 
complémentaires » avec les SOFICA par le CNC, la Cour a pu 
constater, en contrôlant le plan de financement de dix films 
ayant recours à ces dispositifs, que sept d’entre eux étaient 
également bénéficiaires d’un financement de SOFICA. 
L’absence de visibilité sur le niveau de la dépense fiscale, le risque 
d’un effet d’aubaine pour des productions déjà soutenues, par ailleurs, et 
l’existence d’un mécanisme de réduction d’impôt spécifiquement conçu 
afin de drainer l’épargne privée vers les films les plus fragiles au travers 
des SOFICA justifieraient d’exclure, comme c’est déjà le cas de certains 
secteurs (production photovoltaïque, activités financières, gestion de 
patrimoine mobilier, activités liées à la détention de métaux précieux, 
oeuvres d’art, etc.), les sociétés de production cinématographique et 
audiovisuelle
37
du bénéfice de ces deux dispositifs fiscaux de droit 
commun. Si la Cour souscrit totalement à la nécessité d’accroître la part 
des fonds privés dans le financement des oeuvres cinématographiques et 
audiovisuelles, cette augmentation ne saurait se faire au prix de 
l’accroissement concomitant d’une dépense fiscale non maîtrisée. 
3 - 
Les crédits d'impôt 
Entre 2004 et 2009, trois crédits d’impôt ont été instaurés en vue 
d’encourager la réalisation sur le territoire français des travaux de 
production et de postproduction des oeuvres cinématographiques et 
audiovisuelles : les crédits d’impôt cinéma et audiovisuel et le crédit 
d’impôt international. 
a)
Les crédits d’impôt cinéma et audiovisuel 
Le crédit d’impôt sur un pourcentage des dépenses éligibles de 
production d’oeuvres cinématographiques, dit crédit d’impôt cinéma 
(CIC), créé par la loi de finances pour 2004
38
, et celui au titre des 
dépenses de production audiovisuelle, dit crédit d’impôt audiovisuel 
37
Les sociétés de distribution, ne bénéficiant pas du dispositif des SOFICA, 
pourraient continuer à bénéficier de ces deux dépenses fiscales. 
38
Article 88 la loi de finances pour 2004, codifié aux articles 220 sexies, 220F et 
223 0 du code général des impôts. 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
35 
(CIA), voté un an plus tard
39
, partagent l’objectif de renforcer l'attractivité 
du territoire national auprès des producteurs français. Ils ont des 
caractéristiques communes et visent le même type de redevables : ne 
peuvent en bénéficier que les entreprises assumant les fonctions de 
producteur délégué, assujetties à l'impôt sur les sociétés et respectant la 
législation sociale
40
. 
Le bénéfice du crédit d'impôt ne peut être sollicité par une société 
de production
41
qu'au titre d'un film ou d'un programme audiovisuel 
déterminé, répondant à des conditions particulières : l'oeuvre doit avoir été 
agréée ou autorisée par le CNC, être réalisée principalement sur le 
territoire français, intégralement ou principalement en langue française ou 
dans une langue régionale en usage en France, et « contribuer au 
développement de la création cinématographique et audiovisuelle 
française et européenne ainsi qu'à sa diversité ». Les oeuvres doivent 
également répondre à des seuils de durée et de coûts. 
Depuis sa création, le CIC bénéficie chaque année à près des deux 
tiers des films d'initiative française
42
et près de 60 % des sociétés ayant 
produit l'un des films agréés dans l'année. À l'exception des films dont le 
coût est inférieur à 1 M€ ou supérieur à 15 M€, peu concernés par le 
crédit d'impôt, l'octroi de l'avantage fiscal est réparti de manière 
relativement homogène entre les films, quel que soit leur budget. La part 
des films bénéficiaires du crédit d'impôt est néanmoins plus importante 
pour les films à budget moyen (71 % des films en bénéficient) et les films 
dont le coût est compris entre 7 M€ et 15 M€ (78 %) que pour les films 
présentant un budget moins élevé. 
Le CIA connaît une progression plus dynamique, moins en valeur 
qu’en nombre de programmes concernés (192 en 2005, 337 en 2013) et 
de sociétés bénéficiaires de l'avantage fiscal (68 en 2005, 190 en 2012). 
Si les programmes documentaires et de fiction concentrent la majorité des 
331 crédits d'impôt accordés en 2012, la probabilité d'obtenir ce soutien 
est nettement plus forte pour les programmes d'animation et de fiction 
39
Article 48 de la loi n° 2004-1485 du 30 décembre 2004 de finances rectificative 
pour 2004, codifié aux mêmes articles que le crédit d’impôt cinéma. 
40
Cette dernière condition vise notamment à exclure du bénéfice des crédits d'impôt 
les sociétés de production qui recourent de manière abusive à l'emploi intermittent. 
41
Pour une même oeuvre, les sociétés bénéficiaires du crédit d'impôt ne peuvent être 
plus de deux. Dans le cas de deux sociétés co-déléguées, le montant du crédit d’impôt 
est réparti entre elles proportionnellement aux dépenses de production éligibles 
directement prises en charge par chacune d’elles. 
42
Par « bénéficiaires », on entend ici les films ayant fait l’objet d’une demande 
d’agrément provisoire au crédit d’impôt cinéma. 
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36 
COUR DES COMPTES
que pour les documentaires, la localisation de ces derniers étant plus 
dépendante du sujet traité. 
Le CIA et le CIC accordés aux producteurs s'élèvent à 20 % du 
montant total des dépenses éligibles exposées au cours de l’exercice au 
titre duquel le crédit d’impôt est calculé. Les dépenses à prendre en 
compte sont majoritairement constituées des coûts salariaux
43
et des 
dépenses liées au recours aux industries techniques et autres prestataires 
de la création cinématographique et audiovisuelle. En 2012, les dépenses 
éligibles ont été étendues aux rémunérations des artistes de complément 
(les 
figurants), 
aux 
dépenses 
de 
transport, 
de 
restauration 
et 
d'hébergement des équipes artistiques et aux dépenses relatives à 
l’acquisition de droits d’exploitation d’images d’archives pour les 
documentaires
44
. 
La société de production peut imputer le crédit d’impôt sur l’impôt 
sur les sociétés dû au titre de l’exercice et, le cas échéant, obtenir le 
remboursement de l’excédent de crédit d’impôt non imputable. Ces 
crédits d’impôt, du fait de l’automaticité de leurs critères d’application, 
permettent aux producteurs d’anticiper le montant à recevoir dès la phase 
de planification. 
L'avantage fiscal susceptible d'être accordé au titre du CIC et du 
CIA fait cependant l'objet de deux plafonnements spécifiques : 
-
un plafonnement des dépenses éligibles – pour le CIC comme 
pour le CIA, elles ne peuvent représenter plus de 80 % du 
budget de production et, en cas de coproduction internationale, 
plus de 80 % de la part française ; 
-
un plafonnement du montant du crédit d’impôt – d’abord fixé à 
500 000 € pour une oeuvre cinématographique de fiction et à 
750 000 € pour un film d’animation, le montant maximum du 
CIC a été relevé à 1 M€. La loi de finances rectificative pour 
2012 a porté ce plafond à 4 M€. Le plafond du CIA, quant à lui, 
s’exprime en euros par minute et diffère selon les genres 
éligibles : il atteignait 1 150 €/min pour la fiction et le 
documentaire et 1 200 €/min pour l’animation. La loi de 
finances rectificative pour 2012 a porté ces plafonds, 
respectivement, à 1 250 €/min et à 1 300 €/min et a relevé 
significativement le plafond de l'avantage fiscal pour les 
43
L’éligibilité des salaires, rémunérations et charges sociales des auteurs, artistes 
interprètes et personnel de la réalisation et la production est subordonnée à des 
conditions de résidence et de nationalité des bénéficiaires. 
44
Loi du 29 décembre 2012 de finances rectificative pour 2012 (art. 33). 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
37 
programmes audiovisuels de fiction produits dans le cadre 
d'une coproduction internationale (5 000 €/min)
45
. 
Au même titre que l'ensemble des aides publiques, les crédits 
d’impôt 
obtenus 
pour 
la 
production 
d’une 
même 
oeuvre 
cinématographique ou audiovisuelle ne peuvent avoir pour effet de porter 
à plus de 50 % du budget de production le montant total des aides 
publiques accordées
46
. 
Les vérifications effectuées sur pièces par la Cour, à propos des 
contrôles opérés par le CNC ou l’administration fiscale sur le CIC et le 
CIA, ont montré que la distinction entre subventions publiques non 
remboursables (exclues du montant des dépenses éligibles au CIC et au 
CIA) et subventions publiques remboursables (qui sont au contraire 
incluses) était sujette à caution. En effet, aucun suivi n’est effectué sur le 
remboursement effectif des subventions publiques auquel les sociétés de 
production se sont engagées (avances sur recettes, aides régionales). Au 
vu de cette absence de contrôle et du faible taux de remboursement 
constaté
47
, la question de l’exclusion de l’ensemble des subventions 
publiques (y compris lorsqu’elles sont remboursables) de la base de 
calcul du CIC et du CIA doit être posée. 
b)
Le crédit d'impôt international 
L'objectif du crédit d'impôt international (CII), créé en 2009, est 
d’attirer en France la production de films et de programmes audiovisuels 
étrangers par l'intermédiaire d'un producteur exécutif français. Liée par un 
contrat avec l’entreprise de production dont le siège est situé hors de 
France, l’entreprise de production exécutive est chargée, d’une part, de 
réunir les moyens techniques et artistiques pour la réalisation de l’oeuvre 
concernée, d’autre part, d’assurer la gestion des opérations matérielles de 
fabrication de cette oeuvre et de veiller à leur bonne exécution. Le 
producteur exécutif effectue ces opérations en contrepartie d’une 
rémunération versée par le producteur étranger qui, ayant pris l’initiative 
de la réalisation de l’oeuvre, en conserve la maîtrise et en assume la 
responsabilité. 
45
Subordonnée à l'autorisation de la Commission européenne, cette disposition 
concernerait uniquement les programmes de fiction dont le coût de production 
dépasse 35 000 €/ min, couvert au moins à 30 % par des financements étrangers. 
46
Ce seuil est porté à 60 % pour les oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles 
difficiles et à petit budget, définies par décret. 
47
Le taux de remboursement moyen de l’avance sur recettes était par exemple de 
5,1 % sur la période 2001-2010. 
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38 
COUR DES COMPTES
Le CII, qui s'adresse aux seules entreprises de production 
exécutive établies en France, assujetties à l'impôt sur les sociétés et 
respectant la législation sociale, vise ainsi à renforcer la compétitivité des 
producteurs exécutifs français sur le marché mondial. Dans cette 
perspective, les producteurs exécutifs ne peuvent solliciter l'octroi du CII 
qu'au titre d'une oeuvre déterminée
48
dont le producteur est établi hors de 
France et qui n'a fait l'objet d'aucune aide financière du CNC. 
Le dispositif est explicitement orienté vers les oeuvres présentant 
un budget significatif. Ainsi, seules les oeuvres pour lesquelles le montant 
des dépenses éligibles est supérieur ou égal à 1 M€ peuvent bénéficier du 
crédit d’impôt. Les oeuvres de fiction doivent également faire l’objet d’au 
moins cinq jours de tournage en France. Enfin, l’octroi du crédit d’impôt 
est subordonné à une condition tenant au propos des oeuvres, qui doivent 
« comporter, dans leur contenu dramatique, des éléments rattachés à la 
culture, au patrimoine ou au territoire français ». Le respect de cette 
condition est vérifié au moyen d'un barème de points dont le contenu est 
fixé par décret. 
Calculé en appliquant un taux de 20 % aux dépenses éligibles
49
, le 
crédit d'impôt obtenu est doublement plafonné. Comme pour le CIC et le 
CIA (cf. supra), les dépenses éligibles ne peuvent représenter plus de 
80 % du budget de production. En outre, le montant total du crédit 
d’impôt octroyé pour une oeuvre ne peut excéder 4 M€, plafond que la loi 
de finances rectificative pour 2012 a relevé à 10 M€ en 2013. 
4 - 
Une dépense fiscale en croissance rapide 
Évalué à 80 M€ en 2006, le coût pour l’État des crédits d’impôt 
dévolus à la production cinématographique et audiovisuelle a crû 
rapidement en raison de la montée en puissance du CIC et du CIA 
(+ 50 % entre 2006 et 2009), puis la création du CII en 2009, portant leur 
coût total à près de 120 M€ en 2012. Les SOFICA, pour leur part, ont peu 
contribué à cette croissance de la dépense fiscale. 
Avec les SOFICA et hors mécanismes fiscaux de droit commun, la 
dépense fiscale totale s’établit à 145 M€ en 2012, contre 19,7 M€ en 
2004. 
48
Seules les oeuvres de fiction et d'animation sont éligibles. 
49
Une extension des dépenses éligibles de 20 % à 30 % du budget pour les films au 
budget inférieur à 4 M€ a été instaurée par la loi de finances pour 2014. 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
39 
Tableau n° 2 : évolution du coût des crédits d'impôt en faveur de la 
production cinématographique et audiovisuelle, depuis 2004 (en M€) 
2004 
2005 
2006 
2007 
2008 
2009 
2010 
2011 
2012 
2013*
2014*
CIC 
création
30 
40 
50 
60 
60 
51 
57 
58 
54 
70 
CIA 
- 
création
40 
40 
60 
60 
49 
50 
51 
54 
62 
CII 
- 
- 
- 
- 
- 
création
4 
8 
9 
12 
12 
Total 
- 
30 
80 
90 
120 
120 
104 
115 
118 
120 
144 
Dépense 
fiscale, y 
inclus 
SOFICA
19,7 
52,1 
104,8
121,1
145,9
146,5 
134,3
145,3
145,1
140 
164 
Source : Projets de loi de finances 2006 à 2014, évaluation des voies et moyens 
(tome 2) ; * les chiffres pour 2013 et 2014 sont prévisionnels. Le recours aux 
dispositifs fiscaux de droit commun pour l’investissement dans les PME, ne pouvant 
être chiffré, ne figure pas sur ce graphique. 
Cette tendance haussière pourrait s’accentuer encore dans les 
années qui viennent : les modifications apportées par le législateur en 
2012 (cf. supra) ont en effet renchéri le coût de ces dispositifs. Entre 2012 
et 2014, l’augmentation prévisionnelle s’élève à 21 % pour le CIC, 22 % 
pour le CIA et 33 % pour le CII, le montant prévisionnel des trois crédits 
d’impôt étant estimés à 144 M€ en 2014
50
. 
Le coût complet de ces trois dispositifs, cependant, est 
vraisemblablement inférieur aux évaluations annexées à la loi de 
finances. Les dépenses de production réalisées en France à l'occasion de 
la production des oeuvres ayant bénéficié des crédits d'impôt donnent lieu, 
en effet, à des consommations intermédiaires (dépenses d'hébergement, 
de restauration, de transport, emploi local, etc.) et des recettes fiscales 
associées (notamment la taxe sur la valeur ajoutée, l'imposition des 
revenus et des bénéfices, les charges sociales) qui diminuent le coût direct 
des crédits d'impôt. Ces recettes induites, difficiles à mesurer, ne 
remettent toutefois pas en cause l’accroissement global de la dépense 
fiscale sur la période. 
50
Les 
modifications 
apportées 
aux 
trois 
crédits 
d’impôt 
par 
la 
loi 
du 
29 décembre 2012 de finances rectificative pour 2012 (extension des dépenses 
éligibles et relèvement des plafonds) ont été autorisées par la Commission européenne 
par décision du 2 juillet 2013 jusqu’au 31 décembre 2013, puis par une nouvelle 
décision du 28 octobre 2013 jusqu’au 31 décembre 2014. Les autorités françaises 
devront notifier à la Commission européenne toute prolongation du régime actuel au-
delà de la date du 31 décembre 2014. 
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40 
COUR DES COMPTES
C - Les aides locales 
L'intervention des collectivités territoriales dans les secteurs 
cinématographiques et audiovisuels remonte au milieu des années 1980
51
. 
Ce sont principalement les régions, mais aussi des départements (Alpes-
Maritimes, Charente, Pyrénées-Atlantiques) et quelques communes 
(Paris, Strasbourg), qui ont progressivement développé des fonds de 
soutien, d’abord pour financer la production cinématographique, avant 
d’en ouvrir l’accès à la production audiovisuelle. 
Dès la fin des années 1980, l'État, par l'intermédiaire des directions 
régionales des affaires culturelles (DRAC) et du CNC, a abondé ces fonds 
régionaux dans le cadre de conventions spécifiques. Depuis 2004, des 
conventions pluriannuelles tripartites entre l’État, le CNC et les conseils 
régionaux ont été conclues afin d’inscrire ce partenariat dans la durée et 
d'en rendre les modalités d'application homogènes. Ces conventions, qui 
peuvent 
associer 
d’autres 
niveaux 
de 
collectivités 
territoriales 
(départements, groupements de communes, communes), se déclinent en 
avenants financiers annuels qui définissent les engagements de chacun. 
Les conventions sont structurées en trois parties : le soutien à la 
production et l'accueil des tournages
52
, la diffusion culturelle et 
l'éducation artistique, enfin l'exploitation cinématographique, avec un 
volet relatif à la numérisation des salles. Pour ce qui est de la première 
partie de ces conventions, la mesure dite du « 1 euro du CNC pour 
2 euros de la région », mise en place en 2001, prévoit que le CNC 
abonde, par des crédits issus du compte de soutien, les aides à la 
production accordées par les collectivités territoriales aux projets de longs 
métrages, de courts métrages et de programmes audiovisuels
53
. Le CNC 
réserve ce dispositif aux oeuvres qu’il a précédemment agréées et limite 
son intervention à 2 M€ par an et par convention. 
51
Les premiers fonds d'aides ont été créés en 1985 (Aquitaine) et en 1986 (Midi-
Pyrénées). 
52
La première partie des conventions s'étend parfois au-delà du seul champ de la 
production et prévoit l'attribution d'aides à l'écriture, au développement et à la 
postproduction. 
53
Ce dispositif ne concerne que les aides à la production. Les dotations des 
collectivités territoriales et du CNC pour les aides à l'écriture et au développement 
sont librement déterminées par les deux cocontractants. 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
41 
Graphique n° 7 : dépenses engagées par l'État et les collectivités 
territoriales en faveur du cinéma et de l'audiovisuel dans le cadre 
conventionnel, depuis 2001 (en M€) 
Source : Cour des comptes, d'après données CNC et CICLIC (agence 
régionale du Centre pour le livre, l'image et la culture numérique). 
La décennie écoulée est marquée par la très forte augmentation des 
dépenses de l'État via le CNC et, plus encore, de celles des collectivités 
territoriales au titre de ces conventions. Les dépenses consolidées de 
l'État et des collectivités territoriales ont ainsi progressé de 15,58 M€ en 
2001 à 112,81 M€ en 2012, soit une multiplication par sept du volume 
des aides accordées au niveau local. 
Les objectifs poursuivis par les collectivités territoriales dans le 
cadre des conventions conclues avec le CNC ont progressivement évolué. 
Si la formation de nouveaux talents et des nouveaux publics (politique 
d'éducation à l'image) occupe toujours une place stratégique de ce 
partenariat, sa dimension économique s’est récemment renforcée : 
l'entretien du parc des salles de cinéma, l'encouragement de l'emploi 
régional et la localisation des tournages occupent une part de plus en plus 
importante dans les conventions. 
Tandis que l'accueil des tournages 
stricto sensu
ne représente 
qu'une part minime des dispositifs, les aides attribuées à l'écriture et au 
développement ainsi qu'à la production (près de 49 % des 112,8 M€ 
dépensés 
dans 
le 
cadre 
des 
conventions) 
impliquent 
pour 
les 
bénéficiaires, dans la quasi-totalité des cas, un engagement minimum de 
localisation des dépenses de pré-production et de production. 
3
27
12
85
0
20
40
60
80
100
120
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
CNC et DRAC
collectivités territoriales
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42 
COUR DES COMPTES
Graphique n° 8 : ventilation des dépenses engagées en 2012 dans le 
cadre de la politique conventionnelle du CNC et des collectivités 
territoriales 
Source : Cour des comptes d'après CNC. 
De fait, comme le notait en 2012 la commission nationale du Film 
France, « pour la majorité des régions, l'essentiel de l'activité [de 
tournage] est drainé par les aides accordées aux films. » Les tournages 
ayant eu lieu en France en 2012 sans avoir bénéficié d'aides des 
collectivités territoriales se sont concentrés sur l'Île-de-France, en 
Provence-Alpes-Côte d’Azur et, dans une moindre mesure, en Aquitaine, 
Languedoc-Roussillon, Pays de la Loire et Basse-Normandie
54
. 
La prise en compte de la dimension économique de l'aide apportée 
par les collectivités territoriales à la production conduit dans certains cas 
celles-ci à revendiquer une part des recettes d'exploitation des films et des 
programmes audiovisuels qu'elles cofinancent (cf. annexe n° 6). 
Accompagnant les initiatives isolées de quelques régions, la 
politique conventionnelle du CNC aura progressivement permis, au cours 
des deux dernières décennies, de structurer au niveau national une 
54
La commission Film France note que la région Basse-Normandie a réussi en 2012 
« la performance d'attirer 100 % de son activité de tournage de longs-métrages sans 
subvention ». 
écriture-
développement
3%
production de 
long-métrage
24%
production de 
court-métrage
6%
production 
audiovisuelle
19%
accueil des 
tournages
3%
éducation 
artistique et 
diffusion 
culturelle
33%
aide aux 
salles de 
cinéma
11%
aide aux 
nouveaux 
médias
1%
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
43 
politique de soutien cohérente et homogène, conduite en partenariat avec 
l'ensemble des collectivités territoriales. 
Sans remettre en cause cette construction, l’utilité de la subvention 
systématique apportée, sur fonds publics, à la politique publique menée 
au niveau local n’apparaît pas évidente. Une intervention plus 
différenciée du CNC en faveur des collectivités territoriales permettrait de 
mieux valoriser les avantages comparatifs des régions (comme la 
présence de sites naturels favorisant la localisation des tournages, 
d'industries techniques, d'écoles de formation spécialisées, de festivals 
thématiques, de partenariats historiques avec des pays frontaliers, etc.). 
Certaines régions se démarquent d’ores et déjà par une spécialisation de 
leurs investissements (l’écriture pour la région Rhône-Alpes, le court-
métrage pour la région Centre, etc.). 
Le cadre conventionnel liant le CNC aux collectivités territoriales 
demeure à cet égard marqué par une certaine rigidité : 
-
les sommes accordées pour chaque dispositif d'aides par le 
CNC ne sont pas fongibles ; 
-
la conclusion d'une convention avec le CNC et le bénéfice du 
dispositif « un euro pour deux » supposent nécessairement, 
pour la région concernée, le développement d’actions sur les 
trois parties de la convention : le soutien à la production et 
l'accueil des tournages
55
, la diffusion culturelle et l'éducation 
artistique, enfin l'exploitation cinématographique. 
La pertinence de la règle du « 1 euro pour 2 », et plus 
particulièrement le principe de son automaticité, devrait être examinés à 
la lumière des enjeux qui touchent aujourd’hui à la territorialisation de la 
production. Dans ce contexte, une concentration des investissements 
consolidés de l’État et des collectivités territoriales sur les avantages 
comparatifs des régions et sur leurs projets les plus innovants paraîtrait 
mieux appropriée. 
D - Les garanties bancaires de l’IFCIC 
Créé en 1983 à l’initiative du ministère de la culture, l’Institut pour 
le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) est une 
société anonyme dont l’État possède directement 18,9 % du capital et 
indirectement 49,2 % au travers des organismes qu’il contrôle. Doté du 
statut d’établissement de crédit depuis décembre 1996, l’IFCIC a pour 
55
En réalité, la première partie des conventions s'étend parfois au-delà du seul champ 
de la production et prévoit l'attribution d'aides à l'écriture, au développement (pré-
production) et à la postproduction. 
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44 
COUR DES COMPTES
mission de garantir les prêts consentis aux entreprises ou organismes des 
secteurs 
du 
cinéma, 
de 
l’audiovisuel, 
de 
la 
culture 
et 
de 
la 
communication. En cas de défaillance de l’emprunteur, la perte finale est 
ainsi partagée entre l’établissement de crédit et l’IFCIC en fonction du 
niveau de garantie que celui-ci a consenti. 
Tableau n° 3 : évolution de l’encours des crédits garantis par le 
fonds du CNC entre 2008 et 2011 (en M€) 
2008 
2009 
2010 
2011 
2008-
2011 
encours des crédits 
512,9 
551,5 
708,6 
767,0 
+ 50 % 
nouveaux crédits (garantis dans 
l'année) 
305,0 
372,8 
527,7 
477,6 
encours des garanties 
256,4 
284,4 
340,2 
359,3 
+ 40 % 
nouvelles garanties (accordées 
et utilisées durant l'exercice) 
157,1 
195,1 
247,2 
234,3 
Source : Cour des comptes. 
Si 
ses 
activités 
couvrent 
plusieurs 
champs
56
, 
le 
secteur 
cinématographique et audiovisuel constitue sans conteste son principal 
domaine d’intervention. Géré par l’IFCIC, le fonds de garantie du CNC 
est un fonds public qui représente 94 % des engagements de l’IFCIC, soit 
un encours de garanties de 359 M€ en 2011, couvrant une valeur de 
crédits de 767 M€. 
L’encours des crédits garantis par le CNC a connu une progression 
dynamique entre 2008 et 2011 (+ 50 %), un peu inférieure (+ 40 %) à 
celle du volume des garanties sur la même période. 
Disposant de 63,8 M€ en 2011, le fonds de garantie du CNC est 
divisé en cinq sous-fonds (production cinématographique, production 
audiovisuelle, exploitation – nommé « Ciné Caution » –, industries 
techniques et jeu vidéo) qui permettent de garantir un large éventail de 
crédits bancaires. La répartition du fonds entre ceux-ci est décidée chaque 
année lors de la demande de dotation au CNC, sur la base des 
anticipations de demandes de garanties prévisibles. 
À l’exception de l’année 2010, au cours de laquelle le fonds Ciné 
Caution a connu un abondement en prévision de la numérisation des 
salles de cinéma, la répartition est relativement stable dans le temps. 
56
Livre, musique, spectacle vivant, arts plastiques, photographie, théâtre, danse, 
presse, théâtre, privé, création de mode, galeries d’art. 
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45 
Tableau n° 4 : évolution du montant des sous-fonds et du fonds de 
garantie CNC entre 2008 et 2012 (en millions d’euros) 
2008
2009
2010
2011
2012
2008-
2012 
production – cinéma 
27,9 
26,7 
27,5 
33,0 
40,8 
46,2 %
production –audiovisuel 
8,5 
8,0 
9,3 
11,2 
12,9 
51,8 %
exploitation - cinéma (Ciné Caution)
8,1 
8,3 
12,7 
12,9 
11,2 
38,3 %
industries techniques 
5,2 
5,7 
5,6 
6,5 
6,5 
25,0 %
jeu vidéo 
- 
- 
- 
0,3 
0,3 
- 
Total 
49,7 
48,6 
55,1 
63,8 
71,1 
44,3 %
Source : IFCIC (rapports d’activité). 
Les sous-fonds production cinématographique (56,9 % du fonds 
CNC en 2012) et audiovisuelle (18,0 % du fonds CNC) garantissent des 
lignes de crédit à court terme correspondant à toutes les étapes de la 
création d’un projet cinématographique ou audiovisuel. Sont éligibles les 
crédits de développement (de l’acquisition des droits à la décision de mise 
en production), les crédits de préparation (de la décision au début du 
tournage), les crédits de fabrication (la trésorerie du tournage), les crédits 
à l’exportation, les crédits de distribution et les crédits de trésorerie. 
En raison de la très forte spécialisation du système bancaire en 
matière 
cinématographique 
et 
audiovisuelle, 
deux 
établissements 
bancaires, COFICINE et COFILOISIRS, représentent à eux seuls 99 % 
des apports de crédits à garantir au titre des deux sous-fonds cinéma et 
audiovisuel. En 2011, l’IFCIC a ainsi garanti 78 % des crédits distribués 
par COFILOISIRS et 64 % de ceux de COFICINE. 
Le sous-fonds exploitation, Ciné Caution (15,6 % du fonds CNC), 
garantit les crédits à moyen et long terme et les crédits-bail des 
exploitants ou associations d’exploitants indépendants de salles de 
cinéma. Les crédits garantis portent sur tous les projets : création, 
acquisition, transmission, modernisation, aménagements, renouvellement 
et modernisation de matériels d’exploitation. L’origine des dossiers est 
très diverse et émane principalement d’établissements de crédit non 
spécialisés dans l’économie du cinéma qui agissent pour le compte 
d’exploitants indépendants, répartis sur l’ensemble du territoire. Les 
interventions de l’IFCIC concernent essentiellement des cinémas offrant 
moins de sept écrans, situés très majoritairement hors de la région 
parisienne. 
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46 
COUR DES COMPTES
Quel que soit le sous-fonds considéré, les garanties accordées par 
l’IFCIC se caractérisent par au moins trois traits communs : 
-
les taux de garantie sont fixes, bien que les logiques 
économiques de chaque secteur soient différentes. Si les 
barèmes changent en fonction de l’étape d’un projet (le taux de 
garantie de la phase de développement, plus risquée, davantage 
centrée sur la création et plus éloignée des contreparties 
commerciales, est nettement supérieur aux autres), la politique 
de couverture est 
in fine
peu modulable ; 
-
les garanties accordées par l’IFCIC sont soumises à de faibles 
taux de sélectivité. À titre d’exemple, pour le sous-fonds 
production cinématographique, les taux de rejet sont très 
faibles : 4,9 % en 2010, 2,7 % en 2011. Ils sont légèrement plus 
élevés pour le sous-fonds audiovisuel : 5,0 % en 2010, 7,2 % en 
2011. En l’absence de critères de sélection fondés sur des 
orientations préalablement définies ou sur le contenu artistique 
des projets, il n’y a pas d’autres motifs de rejet que la mauvaise 
qualité du plan de financement. Or, il n’est pas dans l’intérêt 
des établissements financiers travaillant avec l’IFCIC, en 
nombre fort limité, de présenter de tels plans ; 
-
afin de respecter le principe d’individualisation des garanties, 
l’examen des dossiers se fait projet par projet et non par 
emprunteur. 
En 2012, la part des encours de crédits consacrée à la production 
cinématographique et audiovisuelle représente 76,5 % des encours. 
L’encours des crédits du fonds production cinématographique garantis 
par l’IFCIC a augmenté de 60 % au cours des quatre années précédentes. 
Toutefois, cette progression ne correspond pas à une croissance régulière 
de la production annuelle de risques, celle-ci ayant connu des à-coups 
importants. 
II 
- 
Des soutiens indirects d’une complexité 
croissante 
Au cours des années 1980, l'ouverture progressive à la concurrence 
du secteur audiovisuel a donné naissance, en France, à un dispositif 
original de soutien à la production, prenant la forme d'obligations 
d'investissement et de quotas de diffusion s'imposant aux chaînes de 
télévision, en contrepartie de l'octroi à titre gratuit des licences 
d'exploitation des fréquences hertziennes appartenant à l'État. 
Cour des comptes 
Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
47 
Graphique n° 9 : les investissements obligatoires des chaînes en 2002 
et 2012 (en M€) 
Source : Cour des comptes. 
Si elles ne relèvent pas de la catégorie des aides publiques
57
, les 
dispositions réglementaires qui imposent ces obligations d’investissement 
constituent néanmoins l’un des instruments de la politique publique de 
soutien à la production, d’autant plus qu’une partie de ces dépenses 
obligatoires provient de chaînes de l’audiovisuel public (531 M€ en 
2012), au premier rang desquelles France Télévisions, ces chaînes étant 
majoritairement financées par la fiscalité et des dotations budgétaires. En 
outre, une partie des investissements des chaînes privées (en particulier 
Canal +) est conçue comme une contrepartie à un régime fiscal plus 
favorable que le droit commun. Les investissements obligatoires des 
chaînes de télévision ont représenté 1,2 Md€ en 2012. 
A - Les obligations pesant sur les diffuseurs 
Les premières mesures de soutien à la filière cinématographique 
ont été introduites par la loi sur l’audiovisuel du 29 juillet 1982 : celles-ci 
visaient à ne pas compromettre l’exploitation des films en salles et à 
garantir la contribution financière des chaînes de télévision au 
développement de la production cinématographique. Ces dispositions ont 
été complétées par la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de 
communication, qui a généralisé les obligations d'investissement et les 
quotas de diffusion s'imposant aux diffuseurs, tandis qu’elle élargissait 
ces mesures à la production audiovisuelle. Un tel cadre a été par la suite 
57
En vertu d’une pratique constante de la Commission européenne comme de la 
jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (
UTECA
, 5 mars 2009). 
388
464
531
626
0
100
200
300
400
500
600
700
Investissements obligatoires des
chaînes publiques
Investissements obligatoires des
chaînes privées
2002
2012
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48 
COUR DES COMPTES
étendu, sous la forme d’une obligation minimale, à l’ensemble des pays 
européens, par l’intermédiaire d’une directive communautaire s’inspirant 
du dispositif français : la directive « télévisions sans frontières
58
», révisée 
en 2010. 
Traduisant tout autant les craintes du législateur à l'égard d'un 
média alors considéré comme concurrent du cinéma que la volonté 
d'associer les groupes audiovisuels à la politique de soutien à l'image, le 
système des obligations repose encore aujourd'hui sur deux piliers : 
l'orientation de la programmation des chaînes par l'intermédiaire des 
quotas de diffusion, et l'orientation de leurs dépenses par des obligations 
d'investissement. 
Ces deux dispositifs poursuivent deux objectifs complémentaires : 
la consolidation de l’industrie de la production, grâce à l’apport financier 
massif et régulier des diffuseurs, et la diversité de l’offre de films et de 
programmes audiovisuels. 
1 - 
Les quotas de diffusion 
Afin d’éviter que la diffusion des films à la télévision ne nuise à 
l'audience des salles de cinéma, le législateur a interdit la programmation 
d’oeuvres cinématographiques à la télévision aux jours et heures où la 
fréquentation en salles est la plus forte. Plus de trente ans après son 
adoption, ce dispositif reste en vigueur et la plupart des chaînes de 
télévision hertziennes en clair ne peuvent, par exemple, diffuser de films 
le mercredi, ni le vendredi soir, le samedi et le dimanche avant 20h30
59
. 
De la même façon, la quantité de films diffusés annuellement par les 
chaînes reste plafonnée (192 films pour les chaînes hertziennes en clair, 
auxquels peuvent s’ajouter jusqu’à 52 films classés art et essai)
60
. 
Par ailleurs, la loi du 30 septembre 1986 a posé le principe d'un 
encadrement réglementaire de la programmation des chaînes de 
télévision, publiques et privées, sous la forme de quotas de diffusion 
exprimés en proportion du temps annuellement consacré à la diffusion 
d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles. La loi a fixé le niveau de 
ces quotas à 60 % de la programmation pour les oeuvres européennes et à 
40 % pour les oeuvres d’expression originale française. 
58
Directive n° 89/552/CEE du 3 octobre 1989, articles 4 et 5 puis directive 
2010/13/UE du Parlement et du Conseil du 10 mars 2010. 
59
Des dérogations peuvent être accordées pour les films d'art et essai après 22h30 les 
mercredis, vendredis et samedis. 
60
Articles 8 à 12 du décret n° 90-66 du 17 janvier 1990. Les chaînes à péage et la 
chaîne Arte bénéficient à cet égard de régimes plus favorables. 
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49 
Le groupe audiovisuel public France Télévisions, lié par un cahier 
des charges spécifique, doit pour sa part diffuser au moins 70 % d'oeuvres 
audiovisuelles d'origine européenne, dont 50 % d'oeuvres d'expression 
originale française. Cette obligation doit être respectée entre 18 heures et 
23 heures, ainsi que le mercredi, le samedi et le dimanche entre 14 heures 
et 18 heures. Enfin, afin de favoriser la production inédite, les services 
gratuits dont le chiffre d’affaires est supérieur à 350 M€, c’est-à-dire les 
principales chaînes historiques (TF1, France Télévisions et M6), sont 
tenus de diffuser, en première partie de soirée, 120 heures d’oeuvres 
audiovisuelles européennes ou d’expression originale française inédites. 
2 - 
Les obligations d'investissement dans la production 
En dépit des nombreuses modifications qui y ont été apportées, le 
principe des obligations d'investissement est demeuré constant depuis la 
fin des années 1980 : chaque année, les chaînes de télévision doivent 
investir dans la production d'oeuvres européennes et d’expression 
originale française des sommes déterminées en proportion de leur chiffre 
d’affaires net de l’exercice précédent. Une part très majoritaire de ces 
investissements doit revenir à la production indépendante. 
Tout au long des années qui ont suivi, le principe des obligations 
d'investissement s'est progressivement décliné en un enchevêtrement 
complexe de textes ne présentant pas la même portée normative : 
-
les décrets adoptés en 1990
61
, dits décrets « Tasca », ont fixé le 
montant des obligations s'imposant aux diffuseurs, précisé la 
notion de production indépendante et déterminé la répartition 
des 
droits 
issus 
de 
l'exploitation 
des 
oeuvres 
et 
des 
programmes ; depuis 2010, l'actualisation des dispositions 
contenues dans les décrets « Tasca » résulte de l'extension 
réglementaire de négociations professionnelles ; 
-
les conventions liant chaque diffuseur au conseil supérieur de 
l'audiovisuel (CSA) précisent et déclinent les dispositions 
contenues dans les décrets en déterminant notamment le niveau 
d'investissement 
par 
catégorie 
d'oeuvre, 
le 
niveau 
de 
mutualisation des obligations au sein des chaînes d'un même 
groupe et 
la 
possibilité 
de 
report 
des 
investissements 
obligatoires sur plusieurs exercices ; 
-
les 
négociations 
bilatérales 
ou 
multilatérales 
entre 
les 
producteurs 
audiovisuels 
et 
cinématographiques 
et 
les 
diffuseurs peuvent enfin se traduire par des engagements de la 
61
Décrets n° 90-66 et 90-67 du 17 janvier 1990. 
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50 
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part 
de 
certains 
diffuseurs, 
dont 
la 
formalisation 
est 
indépendante des conventions passées avec le CSA et de 
l’application des décrets « Tasca ». 
En matière cinématographique, la contribution financière des 
chaînes de télévision peut prendre la forme, soit d'achats ou de préachats 
de droits de diffusion, soit d'investissements dans la production de films 
par l'intermédiaire d'une filiale de la chaîne de télévision, la filiale 
concernée devenant alors coproductrice du film financé. Depuis 2010, 
cette contribution s'élève à 3,2 % du chiffre d'affaires, avec un sous-quota 
de 2,5 % d'investissement dans les oeuvres d'expression originale 
française qui s’applique à la plupart des chaînes (cf. annexe 7). 
Les obligations d'investissement en matière de production 
audiovisuelle visent plus spécifiquement les programmes audiovisuels 
présentant une dimension patrimoniale. En règle générale, les chaînes de 
télévision généralistes hertziennes ont le choix entre deux modèles 
d'investissement : soit une obligation globale d'investissement de 12,5 % 
du 
chiffre 
d'affaires 
dans 
la 
production 
audiovisuelle 
d'oeuvres 
patrimoniales, soit un apport de 15 % du chiffre d'affaires dans la 
production audiovisuelle, avec un sous-quota en faveur des oeuvres 
patrimoniales de 10,5 %
62
. 
Loin 
d'être 
monolithique, 
le 
régime 
des 
obligations 
d'investissement se traduit au contraire par une grande variété de 
situations, conduisant à une modulation du niveau des investissements en 
fonction des spécificités des diffuseurs. 
Les chaînes de la télévision numérique terrestre ont ainsi bénéficié 
de la possibilité d’étaler jusqu’en 2015 l’augmentation de leur niveau 
d’obligations. Les éditeurs de services de cinéma de première diffusion
63
sont soumis à un traitement particulier : leurs obligations d'investissement 
prennent la forme d'obligations d'achat de droits limitées aux oeuvres 
patrimoniales, le taux des obligations étant réduit lorsque la chaîne est, 
comme dans le cas de Canal +, son propre distributeur. 
62
Les chaînes non hertziennes (émises par le câble, le satellite et internet) sont 
soumises, quant à elles, à un régime d'obligations légèrement différent : les sommes 
investies dans la production audiovisuelle doivent s'élever à 14 % du chiffre d'affaires 
net de l'exercice précédent, dont 8,5 % consacrés aux oeuvres patrimoniales. 
63
Il s’agit des services qui diffusent annuellement au moins une oeuvre 
cinématographique en première exclusivité télévisuelle (hors paiement à la séance) ou 
plus de dix oeuvres cinématographiques en seconde exclusivité, dans un délai inférieur 
à 36 mois après leur sortie en salles (Canal +, TPS Star jusqu’en 2012). 
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51 
La situation particulière des chaînes publiques a également justifié 
un traitement spécifique de leurs obligations d'investissement. Ainsi, la 
chaîne culturelle Arte, qui n’est pas soumise à la réglementation 
française, s’acquitte néanmoins, en application de son contrat d’objectifs 
et de moyens 2012-2016, d’obligations d’investissement dans la 
production cinématographique et audiovisuelle, définies en valeur 
absolue (au moins 77 M€ en 2012, 78,5 M€ en 2013 et jusqu’à 86 M€ en 
2016). 
Le groupe France Télévisions, quant à lui, est assujetti à un cadre 
encore plus contraignant. En application de son cahier des charges, qui lui 
fixe pour mission d'être « l'un des premiers investisseurs dans la création 
audiovisuelle et cinématographique d'expression originale française », le 
groupe doit à la fois : 
-
consacrer chaque année à des dépenses contribuant au 
développement de la production d'oeuvres audiovisuelles 
européennes ou d'expression originale française un minimum 
de 20 % du chiffre d'affaires net de l'exercice précédent à 
compter de 2012. Le contrat d’objectifs et de moyens 2010-
2015 fixe, en outre, un minimum d’investissement en valeur 
absolue, de 420 M€ à partir de 2012 (ramenés à 400 M€ par 
l’avenant du 22 novembre 2013). Cette contribution doit être 
intégralement affectée à des oeuvres patrimoniales, et bénéficier 
à hauteur de 95 % à la production indépendante (au lieu de 
75 % pour les autres chaînes)
64
; 
-
consacrer 3,5 % de son chiffre d’affaires à des dépenses de 
production cinématographique (au lieu de 3,2 % pour les autres 
chaînes), alors que ses dépenses en coproduction sont limitées à 
45 % des sommes investies. Le contrat d’objectifs et de moyens 
2010-2015 fixe, en outre, un minimum d’investissement, de 
59,3 M€ à partir de 2012 (57 M€ en application de l’avenant 
signé le 22 novembre 2013). 
Plusieurs dispositions à caractère général ont été introduites, en 
matière de financement audiovisuel comme cinématographique, pour 
préserver l'indépendance des producteurs et la diversification des 
financements. Ainsi, les investissements de toutes les chaînes dans la 
production cinématographique doivent être dirigés, dans une proportion 
64
Article 9 du cahier des charges de la société nationale de programmes France 
Télévisions, annexé au décret n° 2009-796 du 23 juin 2009. 
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52 
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au moins égale à 75 %, vers la production indépendante
65
. Les apports en 
coproduction des diffuseurs ne peuvent représenter plus de la moitié des 
sommes investies au titre des obligations d'une chaîne, ni couvrir plus de 
la moitié du coût de l'oeuvre financée. De même, les investissements 
réalisés sous la forme de parts de coproduction ne sont éligibles au titre 
des obligations que si la filiale de production de la chaîne de télévision 
reste minoritaire parmi les producteurs du film. 
3 - 
Un acteur spécifique : le groupe Canal + 
Première chaîne privée à péage française, née le 4 novembre 1984 
dans le contexte de libéralisation du secteur audiovisuel, Canal +
66
a 
introduit en France un modèle économique nouveau fondé sur les 
ressources 
tirées 
des 
abonnements 
de 
ses 
téléspectateurs 
(186 000 abonnés en 1984, 5,5 millions en 2012). De ce modèle 
découlent des exigences fortes en matière de programmation, Canal + 
devant s’efforcer de proposer à ses abonnés des contenus exclusifs à forte 
valeur ajoutée : compétitions sportives, films et séries à succès diffusés en 
première exclusivité. 
Acteur à part dans le paysage audiovisuel français en raison du 
droit, initialement exclusif, de diffuser de façon cryptée les films en 
première exclusivité un an après leur sortie en salles, la chaîne s’est 
engagée à appliquer des règles plus contraignantes que celles auxquelles 
sont soumises les chaînes hertziennes historiques. Elle consacre ainsi 
chaque 
année 
à 
l’acquisition 
de 
droits 
de 
diffusion 
d’oeuvres 
cinématographiques européennes et d’expression originale française 
respectivement au moins 12,5 % et 9,5 % de ses ressources totales
67
. Elle 
s’est aussi engagée à ce que son obligation d’acquisition de droits de 
diffusion d’oeuvres cinématographiques de longue durée d’expression 
65
La définition de la production indépendante comprend un critère lié à la structure 
capitalistique de la société de production (l’éditeur de services ne détient pas, 
directement ou indirectement, plus de 15 % de son capital social ou de ses droits de 
vote, et, inversement) et un critère lié à l’étendue des droits cédés à l’éditeur de 
services (acquisition au maximum de deux diffusions, pour une durée d’exclusivité 
n’excédant pas dix-huit mois ; limitation des mandats de commercialisation de 
l’oeuvre détenus par la chaîne). 
66
Le groupe Canal + est aujourd’hui une filiale à 100 % du groupe Vivendi. 
67
En outre, par accord avec les organisations professionnelles du cinéma, repris dans 
l’avenant à la convention avec le CSA signé le 22 décembre 2000, la chaîne s’est 
engagée à ce que ses obligations d’acquisition de droits de diffusion ne soient pas 
d’un montant inférieur au minimum garanti de 3,61 € par mois et par abonné au titre 
des oeuvres européennes et de 2,73 € par mois et par abonné au titre des oeuvres 
d’expression originale française. 
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53 
originale française bénéficie pour au moins 17 % du total au préachat de 
films dont le devis est inférieur à 4 M€ (« clause de diversité »). 
Canal + occupe donc une place de premier plan dans le 
financement de la production cinématographique : en moyenne, entre 
2001 et 2012, il a investi 140,1 M€ par an dans la production 
cinématographique, soit 49,4 % du total des montants investis par 
l’ensemble des diffuseurs. 
Le groupe a bénéficié depuis l’origine
68
d'un taux réduit (de 7 % en 
1986 à 5,5 % à compter de 1988) de taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Au 
terme des évolutions successives de la législation, Canal + conserve une 
fiscalité favorable par rapport à la majorité des autres opérateurs de 
télévision payante, puisque le régime actuel assujettit à une TVA à taux 
plein les offres qui comportent l’abonnement à la télévision, à internet et 
au téléphone (
triple play)
. La moins-value de recettes fiscales consentie à 
Canal + représente une somme comprise entre 200 et 330 M€ par an 
depuis 2007. 
Depuis le 1
er
janvier 2014, le taux réduit appliqué à Canal + a été 
porté à 10 %, alors que le taux normal a été relevé de 19,6 à 20 %. Le 
manque à gagner pour les finances de l’État, sur la base du chiffre 
d’affaires 2012, est alors estimé à 175 M€ annuels. 
Ce régime favorable, que Canal+ partage avec Numéricable
69
, est 
considéré par les pouvoirs publics comme une contrepartie aux 
obligations d’investissement du groupe 
Canal + dans la production 
cinématographique
70
. 
B - Un régime de plus en plus complexe 
Les révisions des décrets « Tasca » intervenues en 2001 et en 2010 
ainsi que les modifications apportées aux conventions liant les diffuseurs 
au CSA et les changements introduits dans les contrats d'objectifs et de 
moyens des chaînes publiques illustrent la volonté d'adapter fréquemment 
68
En application du 3° du b 
octies
de l’article 279 du code général des impôts, dans sa 
rédaction issue de l’article 17 de la loi n° 85-1403 de finances pour 1986. 
69
Qui propose également un service de télévision dont il est à la fois éditeur et 
distributeur. 
70
Lors de l’examen en commission de l'amendement I-CF 236 à la loi de finances 
pour 2011, M. le rapporteur général a ainsi indiqué que c'est « au nom de l'impératif 
culturel que nous avons renoncé à remettre en cause le taux réduit de TVA sur la 
télévision payante », Mme la ministre de la culture et de la communication soulignant 
en complément que « ce taux réduit a, en effet, pour contrepartie la contribution des 
opérateurs au financement du cinéma français ». 
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54 
COUR DES COMPTES
le régime des obligations à la situation économique des diffuseurs et des 
producteurs. 
À l'origine, les obligations d'investissement dans la production 
cinématographique n'étaient opposables qu'aux services de télévision 
hertzienne diffusant plus de 104 fois des longs-métrages au cours d’une 
année civile, qu’il s’agisse de diffusions ou de rediffusions. En matière 
audiovisuelle, les obligations ne s'imposaient qu’à celles de ces chaînes 
consacrant plus de 20 % de leur temps d’antenne à la diffusion d'oeuvres 
audiovisuelles. 
Les modifications successives des décrets « Tasca » ont permis de 
prendre acte de l'extension progressive du champ des diffuseurs aux 
opérateurs du câble, de la télévision numérique terrestre et aux services 
numériques. 
Parachevant cette évolution, le décret du 12 novembre 2010
71
a 
étendu le périmètre des obligations d'investissement aux services de 
médias audiovisuels à la demande (télévision de rattrapage
72
et services 
payants à l’abonnement ou à l’acte). 
Ces révisions ont également conduit à étendre la nature des 
dépenses éligibles aux obligations d'investissement des chaînes de 
télévision pour y inclure des dépenses d'intérêt général, par exemple les 
dépenses engagées pour la promotion et l'accessibilité des oeuvres à 
destination des personnes aveugles ou malvoyantes. En matière de 
production audiovisuelle, les dépenses éligibles ont été étendues aux 
travaux d'écriture, aux dépenses de formation des auteurs et au 
financement des festivals. En matière de production cinématographique, 
les dépenses éligibles s'étendent, depuis 2010, aux versements à des fonds 
participant à la distribution en salles d'oeuvres agréées. 
Si 
les 
multiples 
révisions 
apportées 
aux 
obligations 
d'investissement ont visé à introduire plus de souplesse dans le dispositif, 
elles ont incontestablement nui à la clarté des objectifs poursuivis et à la 
mesure de leur efficacité : ainsi en est-il de la possibilité de diminuer le 
taux de l'obligation en prenant en compte, sous certaines conditions et 
pour une partie des dépenses seulement, les montants investis dans des 
émissions non patrimoniales, ou de l'affectation d'un coefficient 
multiplicateur à certaines dépenses (travaux d'écriture, audio-description).
71
Décret n° 2010-1379 du 12 novembre 2010. 
72
La télévision de rattrapage correspond à l’ensemble des services permettant de voir 
ou revoir gratuitement des programmes après leur diffusion sur une chaîne de 
télévision, pendant une période déterminée. En 2012, toutes les chaînes nationales 
gratuites proposent ce service. 
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55 
En outre, à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, les 
négociations interprofessionnelles entre les producteurs audiovisuels et 
cinématographiques et les chaînes de télévision ont eu pour effet de 
rendre ce régime encore plus complexe. Certains diffuseurs se sont en 
effet engagés, par voie de convention avec le CSA, sur des objectifs 
intermédiaires qui, s'ils ne figurent pas dans les décrets, n'en sont pas 
moins contraignants pour eux (à titre d'exemple, l'orientation de deux 
tiers des investissements dans la production audiovisuelle vers les 
programmes inédits, pour TF1 et M6). 
C - Les diffuseurs, principaux financeurs de la 
production cinématographique et audiovisuelle 
L’existence d'obligations réglementaires a assuré une relative 
stabilité des investissements dans la production audiovisuelle et 
cinématographique française : exprimées en euros constants, les sommes 
investies par les diffuseurs ont crû au cours des dix dernières années de 
17 % en matière de production cinématographique (passant de 253 à 
296 M€) 
et de 2 % en matière de production audiovisuelle (de 644 à 
657 M€). 
Malgré des inflexions liées aux évolutions du marché publicitaire 
(entraînant parfois une baisse du chiffre d'affaires et donc du volume des 
investissements des chaînes gratuites), le montant des investissements des 
chaînes dans la production s’explique notamment par le maintien à un 
niveau élevé des obligations de France Télévisions
73
et par l'apparition de 
nouveaux diffuseurs qui, à l'instar des chaînes de la TNT, sont 
susceptibles de constituer à l’avenir des relais de financement de la 
production dans le cadre du régime des obligations. 
73
Alimentée par la contribution à l’audiovisuel public (d’un montant total de 2,4 Md€ 
en 2001 et de 3,2 Md€ en 2012). 
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56 
COUR DES COMPTES
Graphique n° 10 : évolution des investissements des diffuseurs dans 
la production cinématographique et la production audiovisuelle entre 
2002 et 2012 (en M€ constants) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC. Inflation : base INSEE.
Malgré la hausse récente (de 24 M€ en 2011 à 37 M€ en 2012, soit 
+ 57 %) des contributions des chaînes payantes du câble et du satellite 
qui, outre Canal +, offrent des services de cinéma (principalement Orange 
cinéma séries et TPS Star), le paysage reste marqué par le poids de 
Canal + qui, avec 186,4 M€ (153 M€ en euros constants), représente à lui 
seul plus de la moitié de l'ensemble des diffuseurs dans le financement de 
la production cinématographique. 
L'augmentation des investissements des chaînes du groupe France 
Télévisions s'est avérée particulièrement dynamique sur la période 
considérée (+ 146 %). Le groupe est ainsi devenu le deuxième diffuseur 
le plus important en matière de financement de la production 
cinématographique française, avec un niveau d'investissement de 50,6 M€ 
en 2012. 
Le financement de la production audiovisuelle par les chaînes de 
télévision offre un paysage plus contrasté. Les investissements de Canal + 
ont connu la progression la plus significative, passant de 14 à 54 M€ entre 
2002 et 2012. Le groupe France Télévisions, dont les apports ont 
augmenté de 35 %, reste le principal financeur du secteur avec 409 M€ en 
2012, soit plus de la moitié des investissements. 
0
200
400
600
800
1 000
1 200
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
production cinématographique
production audiovisuelle
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57 
La décennie est également marquée par l'émergence des nouvelles 
chaînes 
de 
la 
télévision 
numérique 
terrestre 
(TNT), 
dont 
les 
investissements dans la production audiovisuelle ont atteint 26 M€ en 
2012, s'approchant ainsi des 34 M€ investis par les chaînes du câble et du 
satellite hors Canal +. La participation des services en ligne reste minime 
à l'heure actuelle mais est en augmentation rapide. 
Les sommes investies par les chaînes de télévision publiques dans 
la production représentent des volumes financiers conséquents. En raison 
de leur modèle de financement, qui repose en partie sur l’affectation de la 
contribution à l’audiovisuel public (l’ancienne redevance audiovisuelle) 
et sur des dotations budgétaires, les investissements dans la production 
peuvent s’analyser pour partie comme des transferts opérés du 
contribuable vers les entreprises du secteur cinématographique et 
audiovisuel. 
Non assujettie au régime des obligations, Arte a ainsi contribué à 
hauteur de 58,8 M€ au financement de la création en 2012. La chaîne 
étant presque exclusivement financée par la contribution à l’audiovisuel 
public, l’effet de transfert sur le contribuable est quasi total. En ce qui 
concerne France Télévisions, l’application aux sommes investies dans la 
production du ratio correspondant à la part des financements publics dans 
le chiffre d’affaires du groupe conduit à mettre en évidence un effet de 
transfert estimé à 387,7 M€. 
Au total, sur les 1,2 Md€ investis par les chaînes de télévision dans 
la production cinématographique et audiovisuelle en 2012, 447 M€ – soit 
plus du tiers des investissements – sont adossés à des ressources d’origine 
fiscale et peuvent donc être considérés comme un financement public 
indirect. 
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58 
COUR DES COMPTES
__________ 
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
_________ 
Le soutien à la production cinématographique et audiovisuelle est 
constitué d’un large éventail de dispositifs alliant des aides directement 
financées sur fonds publics (soutien du CNC, dépenses fiscales, aides des 
collectivités territoriales) et des soutiens indirects, au travers des 
dépenses obligatoires imposées aux chaînes de télévision (obligations 
d’investissement) et de l’encadrement réglementaire des modalités de 
diffusion des oeuvres (obligations de diffusion, chronologie des médias). 
La dernière décennie a été marquée par un renforcement de la 
dépense publique en faveur du secteur, du fait de l’accroissement des 
taxes affectées au CNC (passées de 440 M€ en 2002 à 750 M€ en 2012, 
en raison notamment de la création d’une nouvelle taxe, la TST 
distributeurs, en 2008). Les soutiens du CNC affectés à la production sont 
ainsi passés de 291 M€ en 2002 à 355 M€ en 2012, soit une augmentation 
de 22 %. Cet accroissement de la dépense budgétaire a été atténué par 
des mesures de prélèvement sur le fonds de roulement du CNC. Dans le 
même temps, le coût de la dépense fiscale a fortement crû : outre le 
renchérissement du coût des SOFICA, la création de trois crédits d’impôt 
entre 2004 et 2009 a porté la dépense fiscale totale à 145 M€ en 2012, 
soit une multiplication par huit en dix ans, à laquelle s’ajoute le recours 
à des dispositifs fiscaux transversaux destinés à favoriser l’investissement 
dans les PME. Par ailleurs, les aides des collectivités territoriales se sont 
élevées à 47 M€ en 2012, soit une multiplication par près de sept sur la 
période. 
Au total, en incluant le fonds de garantie géré par l’IFCIC, les 
aides directes à la production ont atteint 601 M€ en 2012, soit 88 % de 
plus qu’en 2002. 
Alors même que les ressources alimentant cette politique 
(impositions de toute nature, dépense fiscale) font partie intégrante de la 
loi de programmation des finances publiques, cette augmentation des 
aides directes a eu lieu sans évaluation publique et concertée de leur 
efficacité. 
Le soutien direct est par ailleurs complété par les investissements 
obligatoires des diffuseurs publics et privés dans la production (1,2 Md€ 
en 2012). Plus du tiers ont des coûts induits, fiscaux ou budgétaires, pour 
la puissance publique. 
Au-delà des bouleversements qui affectent aujourd’hui ce secteur 
et remettent en cause les mécanismes de financement traditionnels, 
l’analyse de la performance propre à chacune des composantes de cette 
politique 
publique 
est 
donc 
indispensable 
afin 
d’en 
repenser 
l’architecture d’ensemble, d’en maîtriser les coûts, de limiter la 
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UN SYSTEME DE SOUTIEN EN EXPANSION CONTINUE 
59 
redondance de l’intervention publique et de clarifier les responsabilités 
entre les intervenants. 
La Cour formule en conséquence les recommandations suivantes : 
1.
établir, dans le document de performance, sur la base d’une 
évaluation rigoureuse des besoins du secteur et de l’efficacité 
des dispositifs de soutien, une trajectoire pluriannuelle de 
dépenses du CNC et adapter en conséquence le niveau de ses 
recettes ; 
2.
exclure les sociétés de production cinématographique et 
audiovisuelle du bénéfice des dispositifs fiscaux de droit 
commun 
(TEPA, 
Madelin) 
visant 
à 
encourager 
les 
investissements des particuliers dans le capital des PME ; 
3.
ajouter les subventions publiques remboursables à la liste des 
subventions exclues du montant des dépenses éligibles aux 
crédits d’impôt cinéma et audiovisuel ; 
4.
mettre fin à l’abondement automatique des aides des 
collectivités 
territoriales 
par 
le 
CNC 
au 
profit 
d’un 
conventionnement au cas par cas des dispositifs les plus 
innovants. 
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Chapitre II 
Le soutien à la production 
cinématographique : un modèle original 
sous tension 
À la différence du modèle intégré des studios anglo-saxons, la 
production cinématographique française repose sur une logique de 
préfinancement des oeuvres par des tiers. Un projet de film, avant le début 
du tournage, réunit un ensemble de financeurs qui obtiennent en 
contrepartie un intéressement aux recettes ultérieures liées à la 
commercialisation du film
74
. 
Adossé à un mécanisme de soutien public qui redistribue au 
cinéma français une partie des recettes dégagées par l’exploitation des 
oeuvres, quelle que soit leur nationalité, ce système de préfinancement 
s’est 
avéré 
propice 
au 
développement 
d’une 
production 
cinématographique nationale reconnue, qui a rencontré de nombreux 
succès au cours des dernières décennies. Minoritaires, les financements 
publics sont néanmoins essentiels aux montages délicats que comporte le 
74
Ainsi, pour l’exploitation en salles, le producteur confie un mandat d’exploitation à 
un distributeur qui lui verse ou non un minimum garanti. Le distributeur engage des 
frais d'édition (copies, achats d’espaces publicitaires et frais de promotion), 
programme les films dans les salles de cinéma et gère pour le compte du producteur la 
remontée des recettes. 
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62 
COUR DES COMPTES
système de préfinancement, en particulier dans les segments les plus 
vulnérables de la production. 
Ce modèle est néanmoins confronté à des limites qui résultent pour 
partie de son succès. Il provoque en effet une inflation, d’une part, du 
nombre de films sans considération de leurs perspectives d’exposition et 
de diffusion, et, d’autre part, des coûts de production et de distribution 
des films aux budgets les plus importants, ce qui entraîne une dégradation 
des conditions de financement de la production dans son ensemble. 
I 
- 
Les atouts de la mutualisation des coûts 
Visant à permettre aux producteurs de réunir les investissements 
externes nécessaires à la production d’un film, le système de 
préfinancement repose sur un équilibre subtil entre la régulation des 
investissements et l’encadrement du partage de la valeur créée par 
l’exploitation des films. Complétant cet édifice, les aides publiques à la 
production sécurisent le financement des films fragiles et orientent les 
recettes tirées de l’exploitation des oeuvres vers la production de 
nouvelles oeuvres. 
A - Le financement des oeuvres en contrepartie d’un 
intéressement à leur exploitation 
1 - 
Une production portée par des financements d’origines 
diverses 
Dès qu’un projet de film naît, le ou les producteurs qui le portent 
cherchent à en assurer le financement en sollicitant des partenaires 
potentiellement intéressés avant le début du tournage. En contrepartie de 
leur investissement, ceux d’entre eux qui sont des diffuseurs bénéficient 
d’une période de diffusion exclusive de l’oeuvre et, le cas échéant, d'une 
partie de ses recettes d'exploitation préalablement déterminée, cette 
modalité de rémunération valant également pour les autres investisseurs. 
S’élevant à près de 1,1 Md€ en 2012, les investissements ainsi 
réalisés dans la production des films d’initiative française, sont de deux 
ordres : 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
63 
-
des financements d’origine strictement privée (distributeurs, 
éditeurs vidéo, exportateurs), dont le volume dépend des 
perspectives de succès des productions
75
; 
-
des financements encadrés (compte de soutien du CNC, aides 
des collectivités territoriales, contribution des chaînes de 
télévision, SOFICA). 
Entre 2002 et 2012, la contribution des chaînes de télévision à la 
production des films d’initiative française est ainsi passée de 249 M€ à 
341 M€, 
tandis 
que 
les 
financements 
privés 
représentaient 
une 
contribution passant de 388 M€ à 598 M€
(dont 210 M€ des producteurs 
en 2002, et 249 M€ en 2012). Les soutiens publics, pour leur part, 
évoluaient dans le même temps de 87 M€ à 128 M€. 
Graphique n° 11 : évolution des sommes investies dans la production 
des films d'initiative française entre 2002 et 2012 (en M€) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC.
75
S'ils consistent le plus souvent en un apport financier récupérable sur les recettes 
d'exploitation (« minimum garanti ») dans le cadre d'un mandat confié par le 
producteur à celui qui distribuera l’oeuvre, ces préfinancements peuvent également 
prendre la forme d'un intéressement aux recettes d'exploitation, voire d'une cession 
des droits détenus par le producteur à un tiers en contrepartie d'une rémunération 
(modèle de redevance, à l'oeuvre sur le marché de la vidéo physique). 
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Soutiens publics
Financements privés
dont financements des
producteurs
Contribution des
chaînes de télévision
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64 
COUR DES COMPTES
Alors que ces deux catégories d'investissement représentaient 
chacune la moitié du plan de financement des films d'initiative française 
en 2001, les financements d’origine privée ont vu leur part relative 
progresser pour atteindre près de 58 % en 2012. 
Cependant, cette évolution ne résulte pas d'une participation 
moyenne plus importante des producteurs au financement des films - 
celle-ci n'ayant au contraire cessé de baisser, pour ne plus représenter que 
moins de 20 % en 2012 - mais d'une augmentation des minima garantis 
relatifs à la distribution en salle et à la vente internationale. Elle masque 
surtout une réalité très contrastée. Les investissements d’origine privée 
sont majoritaires dans le plan de financement des films dont le budget est 
inférieur à 1 M€ (en raison d’une exposition plus forte des fonds propres 
des producteurs) ou supérieur à 7 M€ (en raison de l’importance des 
mandats et des fonds propres du producteur). En revanche, les 
investissements encadrés restent majoritaires dans les films au budget 
compris entre 1 M€ et 7 M€. 
Dans les faits, l’investissement en fonds propres des producteurs 
dans le financement des films est très hétérogène : en 2012, il atteignait 
61,5 % du budget pour les films d’un montant inférieur à 1 M€, baissait 
fortement dans les tranches comprises entre 1 et 7 M€ (32,4 % pour les 
films de 1 à 4 M€, 24,6 % pour les films de 4 à 7 M€), pour remonter 
légèrement (27,7 %) pour les films de plus de 7 M€. 
La part des aides publiques dans le plan de financement des films 
diminue à mesure que le devis s’accroît : représentant, en 2012, près du 
quart du budget des films au devis inférieur à 1 M€, cette part baisse 
régulièrement jusqu’à un niveau de 3,8 % pour les films dont le devis est 
supérieur à 7 M€. En outre, les devis moyens, caractéristiques de 
productions portées par des sociétés indépendantes disposant de peu de 
fonds propres, voient leur accès au marché bancaire facilité par 
l’intervention 
de 
l’IFCIC, 
dont 
les 
garanties 
concernent 
très 
majoritairement des films aux budgets compris entre 1 M€ et 10 M€. 
Les financements des chaînes de télévision se concentrent à 
l’inverse sur les films les plus chers : quasiment absents des plans de 
financement des films les moins coûteux, ils représentaient, en 2012, près 
d’un quart du budget des films au devis compris entre 1 M€ et 4 M€ et 
plus du tiers des budgets des films au devis supérieur à 4 M€. La même 
tendance caractérise les apports des détenteurs de mandats de 
commercialisation de l’oeuvre (en salle, à la télévision, en vidéo, sur le 
territoire français ou à l’étranger), dont le poids relatif dans le plan de 
financement des films s’accroît à mesure que le devis augmente. 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
65 
Tableau n° 5 : structure de financement des films d’initiative 
française, en 2012 
Montant du devis 
< 1 M€ 
Entre 1 et 
4 M€ 
Entre 4 et 
7 M€ 
> 7 M€
Producteurs 
français 
61,5 % 
32,4 % 
24,6 % 
27,7 %
Aides publiques 
22,8 % 
14,8 % 
6,6 % 
3,8 % 
SOFICA 
0,4 % 
7,4 % 
7,0 % 
2,5 % 
Chaînes de 
télévision 
4,4 % 
26,3 % 
38,0 % 
33,2 %
Mandats 
5,3 % 
8,0 % 
15,5 % 
23,8 %
Apports étrangers
5,7 % 
11,2 % 
8,3 % 
9,1 % 
Source : Cour des comptes d’après données CNC. 
2 - 
Des revenus d'exploitation aléatoires et encadrés dans le temps 
Le partage des recettes d'exploitation des films, qui est la 
contrepartie des financements apportés, fait l’objet d’un encadrement 
réglementaire pour le producteur délégué qui est le seul à bénéficier de 
droit d’un « couloir » de recettes. Pour les autres participants au 
préfinancement, 
les 
conditions 
du 
partage 
des 
recettes 
sont 
contractuelles
76
. Afin de maximiser les perspectives de recettes pour 
chaque partie prenante au cofinancement d’un film, les conditions 
d'exposition de l'oeuvre sont assujetties au respect de la « chronologie des 
médias ». 
Demeuré inchangé dans son principe depuis son adoption à la fin 
des années 1980
77
, cet ensemble de règles vise à délimiter dans le temps 
plusieurs fenêtres d'exploitation successives, liées à un support particulier 
d’exposition (salle de cinéma, télévision, vidéo physique, vidéo 
dématérialisée, notamment), au cours desquelles la commercialisation 
d'un film sera assurée par les sociétés ayant conclu un accord avec les 
ayants-droit. Le séquençage de la diffusion d'un film en plusieurs 
fenêtres, correspondant à un consentement à payer décroissant de la part 
76
Si elles peuvent diverger sur de nombreux points, ces dispositions s'inscrivent 
néanmoins dans un même modèle, qui prévoit la remontée successive des recettes 
d'exploitation après déduction des taxes, des sommes perçues au titre des droits 
d'auteur et des droits voisins, des 
minima
garantis versés par les partenaires au stade 
de la production, des frais engagés par ces partenaires pour assurer la circulation du 
film dans la fenêtre d'exploitation concernée et de la rémunération du producteur. 
77
Le décret du 16 janvier 1987 interdisait notamment la diffusion par voie hertzienne 
terrestre d'oeuvres cinématographiques moins de trois ans après l'obtention du visa 
d'exploitation. 
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66 
COUR DES COMPTES
du consommateur, permet ainsi d'entretenir un effet de nouveauté et de 
rareté, qui ralentit la dépréciation économique de l’oeuvre. Il constitue 
aussi 
une 
contrepartie 
à 
l’engagement 
des 
différents 
segments 
d’exploitation dans le préfinancement des oeuvres. 
Ce dispositif laisse une large part à la négociation entre les 
organisations professionnelles
78
. Pour les autres modes d'exploitation 
(télévision, vidéo à la demande), la loi renvoie aux règles fixées par 
accord professionnel ou, à défaut, aux stipulations contractuelles liant les 
ayants droit aux diffuseurs. 
Régissant la chronologie des médias en vigueur, l’accord 
professionnel du 6 juillet 2009, étendu par l'arrêté du 9 juillet 2009, 
prévoit les conditions, quatre mois après la sortie d'un film en salles, de 
son exploitation successive en vidéo à la demande payante à l'acte et en 
vidéo physique, sur les chaînes de télévision payante, sur les chaînes de 
télévision en clair, en vidéo à la demande par abonnement et en vidéo à la 
demande à titre gratuit (cf. annexe 10). 
Mobilisant un grand nombre de représentants professionnels dont 
les intérêts ne sont pas les mêmes, les conditions dans lesquelles la 
chronologie des médias est négociée rendent ce système relativement 
rigide et difficile à réformer. 
B - Une intervention publique destinée à compléter et à 
sécuriser les préfinancements 
Si des dispositifs complémentaires s’y sont par la suite ajoutés, 
l’intervention du CNC reste centrale, car elle conditionne souvent les 
autres financements en venant confirmer la faisabilité d’un film vis-à-vis 
des partenaires potentiels du tour de table. 
Conçu en 1953, le fonds de développement de l’industrie 
cinématographique, devenu par la suite le compte de soutien à la 
production 
cinématographique, 
s’appuie 
sur 
un 
mécanisme 
de 
financement original. Une partie des recettes d’exploitation de toutes les 
oeuvres diffusées en France, y compris non françaises (c’est-à-dire 
majoritairement des oeuvres américaines), est captée à travers une fiscalité 
affectée au CNC, qui a été progressivement étendue aux différentes 
fenêtres de diffusion : les salles de cinéma (TSA), puis la télévision (TST 
éditeurs), la vidéo (taxe vidéo) et les services de télécommunications 
(TST distributeurs). Les recettes ainsi collectées alimentent le soutien 
78
Seul le délai de diffusion des vidéos physiques est explicitement déterminé par le 
législateur (article L. 231-1 du code du cinéma et de l'image animée). 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
67 
public émanant du CNC et viennent donc étayer l’édifice du 
préfinancement. 
Les deux objectifs des aides du CNC à la production sont la 
consolidation économique du secteur de la production et l’apport 
d’investissements complémentaires aux productions fragiles afin de 
contribuer à la diversité et au renouvellement de la création
79
. 
1 - 
Le soutien automatique à la production 
Dès 
lors 
qu’ils 
remplissent 
les 
conditions 
fixées 
par 
la 
réglementation du CNC, les films de long métrage français ou réalisés en 
coproduction internationale sont générateurs d’un soutien automatique 
afférent à leur exploitation commerciale en salles, à leur diffusion 
télévisuelle et à leur exploitation sous forme de vidéogrammes. Chacun 
de ces modes d’exploitation donne lieu à un « taux de retour » au profit 
du producteur, en fonction des recettes dégagées. En 2012, ce soutien 
représentait 312 M€. 
La part « salles », qui est la plus importante, ouvre droit, pendant 
cinq ans à compter de la date de la première projection publique du film, 
à un soutien proportionnel à la fréquentation et aux recettes constatées. 
Soucieux d’améliorer le caractère redistributif du soutien automatique, le 
CNC a introduit, en 2002, dans le calcul de la part « salles », une 
dégressivité du taux de retour. 
Le soutien automatique comprend aussi une part « antenne », liée à 
la diffusion du film par un service de télévision soumis à la taxe sur les 
services de télévision. Cette part est calculée par application d'un taux aux 
sommes hors taxes versées par les services de télévision en exécution des 
contrats de préachat et d’achat. 
Enfin, les recettes constituées par l’exploitation d’un film sous 
forme de vidéo (vente ou location de DVD) représentent la troisième et 
dernière part du soutien automatique généré au profit du producteur. 
Celle-ci est calculée par application d’un taux au montant du chiffre 
d’affaires déclaré par les entreprises d’édition vidéo. 
Partant du principe que la salle demeure le marché d’entrée de la 
valorisation d’un film, le CNC a, en conséquence, en 2001, réduit les 
parts « antenne » et « vidéo ». 
Cette diminution apparaît contradictoire avec la part toujours plus 
importante prise dernièrement par ces deux modes d’exploitation dans la 
valorisation globale des films. Ainsi en est-il de la forte augmentation des 
79
Document stratégique de performance du CNC, 2014, p. 22. 
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68 
COUR DES COMPTES
ventes et locations de DVD au début de la décennie, relayée à partir de 
2007 par le développement de la vidéo à la demande sur internet, ou de 
l’augmentation tendancielle du prix d’achat de droits de télédiffusion. La 
diminution de l’importance relative de la part « salles » dans les recettes 
d’exploitation d’un film n’a pas été répercutée dans les modalités de 
calcul du soutien automatique. 
Aussi, comme la Cour l’a déjà recommandé
80
, il conviendrait que 
le CNC assure une meilleure corrélation entre, d’une part, le succès 
rencontré par un film en salles, à la télévision et en exploitation vidéo, et, 
d’autre part, le droit au soutien automatique qui en résulte. 
2 - 
Les soutiens sélectifs à la production 
Aide emblématique du CNC créée en 1959, l’avance sur recettes a 
pour objectif de favoriser le renouvellement de la création en 
encourageant la réalisation des premiers films et en soutenant un cinéma 
audacieux au regard des normes du marché. Les aides sont attribuées par 
une commission de professionnels, sur la base du projet d’un film, qui 
peut être une fiction, un documentaire ou une oeuvre d’animation. En 
2012, 78 projets ont ainsi été sélectionnés, parmi 670 candidats, pour un 
montant total de 28,2 M€. 
L’aide est remboursée, jusqu’à 80 % de son montant, par un 
prélèvement sur le soutien automatique résultant de l’exploitation du film. 
Dans les faits, les remboursements sont faibles (sur la période 2001-2010, 
le taux moyen de remboursement était de 5,1 %), car la grande majorité 
des films aidés ne rassemblent pas un public suffisant. 
80
Cour des comptes, 
Contrôle des comptes et de la gestion du Centre national du 
cinéma et de l’image animée (CNC)
. 
Exercices 2001 à 2010,
communication la 
commission des finances du Sénat. La Documentation française, août 2012, 166 p., 
disponible sur 
www.ccomptes.fr
. 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
69 
La limitation à 80 % du remboursement de l’avance n’est pas 
justifiée, au regard des recettes que peuvent dégager certains films à 
succès bénéficiaires de cette aide
81
Par ailleurs, compte tenu du haut niveau de sélectivité de l’aide, les 
garanties procédurales qui entourent les modalités de son attribution 
paraissent insuffisantes. Les membres des commissions sont nommés 
pour une période d’un an, sans que les textes statutaires concernés ne 
mentionnent les conditions de renouvellement éventuel de leur mandat. 
Or entre 2001 et 2010, la moitié des membres nommés chaque année 
étaient déjà présents au moins l’une des années précédentes. La rotation 
des membres est donc seulement partielle, ce qui est d’autant plus gênant 
que 38 réalisateurs ayant été membres de la commission ont perçu au 
moins une avance pendant cette période. 
Le CNC fait valoir l’importance de la relative pérennité de la 
composition de la commission pour permettre à ses membres d’y trouver 
pleinement leur place et leur autorité, la « nécessité de réunir les 
compétences de professionnels actifs », sans qu’il soit « surprenant qu’il 
arrive que leurs projets soient eux-mêmes soutenus ». Il ajoute que « ces 
membres n’ont pas siégé à la session au cours de laquelle leur projet était 
déposé », ce qui ne peut être vérifié à partir des procès-verbaux. Une 
meilleure 
formalisation 
des 
procédures 
d’attribution 
de 
l’avance 
permettrait de garantir l’homogénéité de traitement des candidats et de 
rendre plus rigoureuses les procédures de déport en cas de conflit 
d’intérêt. 
Enfin, si l’on conçoit que le choix d’attribuer l’avance s’exerce à 
partir d’un jugement portant sur la seule qualité cinématographique 
intrinsèque au projet, il est difficile d’admettre que la détermination du 
montant de l’aide ne soit pas davantage assortie d’une prise en compte du 
budget qui sera finalement arrêté, à l’instar de ce que pratique l’agence 
allemande de soutien au cinéma. À cet égard, il paraît surprenant que le 
montant de l’avance accordée soit le plus souvent déterminé une fois pour 
toutes, très en amont, sans être révisé en fonction d’éléments nouveaux 
portés à la connaissance du CNC avant la mise en production du projet. 
81
Par exemple 
Indigènes
(sorti en 2006, produit par Jean Bréhat, avance de 
500 000 €, 3 millions de spectateurs, 2,3 M€ de soutien automatique généré) ou 
Océans
(2009, Jacques Perrin, 450 000 € d’avance sur recettes, 2,9 millions de 
spectateurs, 1,7 M€ de soutien automatique généré). 
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70 
COUR DES COMPTES
Un exemple étranger : le fonctionnement de la 
Vergabekommission 
allemande 
Compte tenu de la relative simplicité du modèle allemand de soutien 
au cinéma et de la modicité des sommes versées, les aides de l’agence 
allemande de soutien au cinéma (FFA) sont accordées par une seule 
commission d’attribution, qui se réunit quatre fois par an. Il existe par ailleurs 
cinq sous-commissions spécialisées (aide à la vidéo, au scénario, à 
l’exportation, notamment). La commission est composée d’un membre 
nommé par le Bundestag, d’un membre nommé par le délégué du 
gouvernement pour la culture et les médias et de dix représentants des 
professionnels, élus pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois. 
La 
Vergabekommission 
ne dissocie pas les critères esthétiques et 
budgétaires au stade de l'octroi de l'aide. Pour l’aide sélective à la production 
cinématographique, le dossier fourni doit ainsi contenir, outre les pièces 
également demandées en France, des informations sur les éventuels achats de 
droits, un calcul des coûts de production selon une grille standardisée et un 
contrat de distribution ou une présentation concrète des projets du demandeur 
sur la distribution de son film et ses espérances en matière de valorisation 
ultérieure. Parmi les critères de décision de la commission, figurent donc les 
perspectives de confrontation réelle de l’oeuvre avec le public, même très en 
amont de la réalisation du projet. 
La commission d’attribution des aides de la FFA joue un rôle incitatif 
vis-à-vis des producteurs pour faire parvenir les projets à un stade de 
maturité, aussi bien concernant le scénario que le plan de financement. Des 
phénomènes d’aller-et-retour sont ainsi très fréquents avant que ne soit 
entérinée la décision définitive d’attribution d’une aide. 
Par ailleurs, une quinzaine de dispositifs sélectifs du CNC ont pour 
vocation de soutenir un aspect particulier de la production : le scénario, la 
conception, les coproductions internationales, la postproduction, etc. 
Outre les garanties procédurales auxquelles l’octroi de ces aides devrait 
être subordonné, leur montant généralement faible et la proximité de 
certains de leurs objectifs invitent à une réflexion sur l’opportunité d’en 
réduire le nombre et de 
procéder à des regroupements dans des 
dispositifs plus génériques. 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
71 
Tableau n° 6 : montant des soutiens sélectifs attribués à la production 
cinématographique en 2012 (en M€) 
Dispositif 
Nombre 
de projets 
aidés 
Montant
Soutien au scénario 
43 
1,1 
Soutien au scénario - Aide à la conception 
50 
0,5 
Aide au développement de projets de films de long 
métrage 
132 
3,6 
Aide à la création cinéma (auteurs, associations) 
17 
1,0 
Aide au court métrage 
152 
7,3 
Avance sur recettes 
78 
28,2 
Aide aux cinémas du monde 
25 
2,8 
Accompagnement de projets / Aide aux cinémas du 
monde (associations) 
5 
0,1 
Aide à la coproduction franco-allemande 
11 
1,5 
Aide à la coproduction franco-canadienne 
1 
0,2 
Aide au développement de la coproduction franco-
italienne (associations) 
1 
0,0 
Aide pour les oeuvres cinématographiques d'outre-
mer 
5 
0,3 
Fonds Image de la diversité 
15 
0,2 
Aide à la musique de films de long métrage 
34 
0,3 
Aide aux nouvelles technologies en production 
61 
5,7 
Total 
630 
52,8 
Source : Cour des comptes d’après CNC. 
C - Des résultats incontestables 
En orientant un investissement annuel de plusieurs centaines de 
millions d’euros dans la production cinématographique, le mécanisme des 
aides publiques et des financements encadrés permet de maintenir un 
important 
volume 
de 
production 
nationale. 
En 
sécurisant 
les 
investissements dans la production, il garantit également la relative 
autonomie des producteurs indépendants vis-à-vis des diffuseurs et des 
groupes cinématographiques intégrés
82
. 
82
Réunissant en leur sein des activités de production, de distribution et d’exploitation, 
quatre groupes français peuvent être qualifiés de groupes intégrés à la date du présent 
rapport : Gaumont, Pathé, MK2 et Europacorp. 
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72 
COUR DES COMPTES
La décennie 2002-2012 se caractérise par l’augmentation régulière 
et marquée de la production cinématographique nationale, qui suit le 
rythme de progression des films agréés par le CNC. Parmi les États 
membres de l’Union européenne, la France est celui qui produit le plus 
grand nombre de films : 207 en 2012 (films d’initiative française
83
), 
tandis que l’Allemagne en produisait 171, le Royaume-Uni 91 et l’Italie 
146. 
Graphique n° 12 : nombre de films français produits, de 1952 à 2012 
Source : Cour des comptes d’après CNC. 
En outre, les dispositifs de soutien entretiennent un renouvellement 
constant de la création cinématographique française : chaque année 
depuis dix ans, entre 50 et 60 % des films d’initiative française sont des 
premiers ou des deuxièmes films. 
Ce renouvellement, largement porté par les distributeurs français, 
est visible à travers la progression des sorties de films français inédits en 
salle, qui explique pour une large part l’augmentation de l’ensemble des 
sorties de films sur le territoire national. À la distribution du cinéma 
américain, massive et concentrée sur quelques titres, essentiellement 
opérée par les filiales françaises des majors américaines, répond en effet 
le dynamisme des nombreux distributeurs indépendants qui assurent la 
prise en charge des films français et européens, et grâce auxquels la salle 
83
Les films d’initiative française présentent un financement intégralement français ou 
reposent sur une coproduction majoritaire française. Ils représentent chaque année 
entre 75 et 85 % des films français agréés, les films restants étant composés de 
coproductions où la part française est minoritaire. Ces données sont issues de 
l’annuaire 2012 de l’Observatoire européen de l’audiovisuel, volume 1. 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
73 
demeure le débouché naturel de la quasi-totalité des films produits en 
France
84
. 
Graphique n° 13 : nombre de films sortis en première exclusivité en 
salle, de 1975 à 2012 
Source : Cour des comptes d’après CNC. 
Avec une part de marché du film national en salles comprise entre 
30 % et 45 % au cours de la période 2002-2012, la France apparaît, sans 
conteste, comme le pays européen qui résiste le mieux à la concurrence 
du cinéma américain, loin devant le Royaume-Uni, l’Allemagne et 
l’Italie. 
84
En moyenne, de 2001 à 2012, 92 % des films produits ont été distribués en salles, la 
majeure partie d’entre eux l’année suivant celle de leur production. 
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74 
COUR DES COMPTES
Graphique n° 14 : recettes guichet des salles et part de marché des 
films nationaux dans l'Union européenne en 2011 
Source : Cour des comptes d'après l'observatoire européen de l'audiovisuel. 
II 
- 
Un modèle fragilisé 
Ayant pour intérêt de répartir les risques financiers sur un grand 
nombre de parties prenantes, le système de préfinancement n’est pas sans 
défaut. Il n’offre aux producteurs que de faibles perspectives de remontée 
de recettes à leur niveau et ne les intéresse pas suffisamment à la 
rentabilité commerciale de leurs films. 
Au 
surplus, 
ce 
modèle 
apparaît 
aujourd’hui 
fragilisé. 
L’augmentation tendancielle des coûts de production et de distribution et 
la saturation croissante des fenêtres d’exposition historiques des films 
rendent, en effet, les perspectives de rentabilisation encore plus aléatoires 
pour les préfinanceurs et les amènent à modifier leurs choix 
d’investissement. Il en résulte une dégradation des conditions de 
financement pour une part importante de la production. 
FR
CZ
IT
FI
UK
DK
SE
DE
NL
PL
ES
BE
GR
AT
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
1 600
0
10
20
30
40
50
en M€
en part de marché
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
75 
A - L’inflation des coûts 
1 - 
L’augmentation des coûts de production 
Entre 2002 et 2012, le coût médian et, plus encore, le coût moyen 
de production des films français ont connu une augmentation légèrement 
supérieure (respectivement, + 23 % et + 26 %) à celle du niveau général 
des prix (+ 17 %
85
). Cette évolution n’est pas propre à la France, une 
tendance similaire pouvant être constatée dans plusieurs autres États 
européens
86
. 
S’agissant des films de fiction
87
, qui représentaient 89 % des coûts 
de production des films français en 2012 (soit 935 M€), l’augmentation 
du coût moyen est imputable en priorité aux dépenses de personnel, aux 
droits artistiques, aux frais de transport, de défraiement et de régie, aux 
frais d’assurances, et, dans une moindre mesure, à la rémunération des 
producteurs. 
L’écart persistant entre le coût médian (3,4 M€) et le coût moyen 
(5,2 M€) des films d’initiative française témoigne de l’effet de 
concentration des dépenses sur les films à budget élevé et du rôle moteur 
de ces films dans les tensions inflationnistes du secteur. De fait, le 
nombre de films présentant un coût définitif supérieur à 7 M€ est passé de 
17 à 24 % des films entre 2003 et 2012. Cette évolution s’est opérée 
principalement au détriment de deux catégories de films de taille 
intermédiaire : ceux dont le budget est compris entre 1 M€ et 2,5 M€ et 
ceux dont le devis est compris entre 4 M€ et 5,5 M€. 
L’évolution à la hausse des coûts de production est alimentée par 
deux pratiques qui nuisent à la transparence des conditions de 
rémunération : les rémunérations en participation et la rémunération des 
artistes-interprètes sous la forme de droits à l’image. 
a)
Les rémunérations en participation 
Les « frais en participation », sur lesquels sont imputés la 
rémunération des « talents » (auteurs, réalisateurs, interprètes) ainsi que la 
rémunération et les frais généraux du producteur, sont présentés dans les 
devis comme des charges et des produits, car ils sont considérés comme 
des sources additionnelles de préfinancement. Dans ces conditions, les 
comptes définitifs de production peuvent ressortir avec un total de 
85
Évolution de l’indice des prix à la consommation hors tabac. 
86
Observatoire européen de l’audiovisuel, annuaire 2012. 
87
CNC, 
Les coûts de production des films en 2012,
mars 2013. 
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76 
COUR DES COMPTES
charges moindre que celui affiché dans les devis prévisionnels, la 
majoration artificielle de ces derniers ayant eu pour effet de gonfler le 
montant des financements obtenus lors du montage du projet. Cette 
pratique, établie en France depuis plusieurs décennies, n’est encadrée par 
aucun texte. 
D’après le CNC, le recours à des frais « mis en participation » 
couvre deux cas de figure très différents : 
-
pour des films bien financés ou à potentiel commercial 
significatif, il sert à lever des financements. À la mise en 
exploitation du film, le salaire et les frais généraux du 
producteur seront effectivement versés car les financements 
réunis seront suffisants ; 
-
mais pour des films difficiles, à petit budget, ces participations 
ne se retrouveront pas dans le coût final. Faute de financements 
suffisants, le producteur sera contraint de rechercher des 
économies de fabrication, et renoncera parfois même à facturer 
un salaire et des frais généraux. Le coût du film aura été corrigé 
à la baisse au regard des financements disponibles. 
La neutralisation de ces postes du devis, quand le comité de 
chiffrage se prononce sur le besoin de financement, est à ce jour 
uniquement pratiquée dans le cas de l’avance sur recettes. Afin d’assurer 
l’équité entre productions et de permettre la négociation 
ex ante
de la 
marge commerciale des producteurs, cette pratique devrait être étendue 
au calcul de toutes les aides du CNC. 
b)
La rémunération des artistes-interprètes 
La rémunération des artistes-interprètes constitue une autre source 
d’augmentation des coûts de production pour les films présentant les 
budgets les plus élevés. 
En première analyse, les rémunérations versées aux artistes-
interprètes des films de fiction ont augmenté, en moyenne, de 24 % 
depuis 2003, portant les dépenses correspondantes à un niveau moyen de 
615 000 € en 2012, au quatrième rang des postes budgétaires des films de 
fiction. Cette évolution moyenne correspond en réalité à deux types de 
situation : les films situés aux deux extrémités de l’échelle des coûts 
(inférieurs à 1 M€ et supérieurs à 15 M€), pour lesquels la part relative 
des dépenses de rémunération des artistes-interprètes a plutôt augmenté, 
et les films situés entre ces deux extrémités, pour lesquels ces dépenses 
sont restées, en proportion, relativement constantes. 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
77 
Les années récentes marquent surtout l’essor de rémunérations 
versées aux artistes-interprètes sous la forme de droits à l’image. 
Le régime du droit à l'image des artistes-interprètes 
Aux termes de l’article L. 7121-8 du code du travail, la rémunération 
due à l'artiste à l'occasion de la vente, de l'exploitation ou de la présentation 
par l’employeur ou par tout autre utilisateur de l'enregistrement de son 
interprétation, n'est pas considérée comme un salaire dès lors que la présence 
physique de l'artiste n'est plus requise et que cette rémunération n'est pas 
fonction du salaire reçu pour la production, l’exécution ou la présentation de 
son interprétation, mais qu’elle dépend du produit de la vente ou de 
l’exploitation dudit enregistrement. 
Si les sommes relevant de cette pratique sont encore relativement 
limitées, le dynamisme de leur augmentation entre 2003 et 2012 n’en est 
pas moins préoccupant (le poste du devis dans lequel ces sommes sont 
retracées, intitulé « droits divers », a progressé de 119 % entre 2003 et 
2012 pour atteindre un total de 8 M€ pour l’ensemble des films de 
fiction). 
Ces droits à l’image ne concernent, en théorie, que les recettes 
enregistrées par l’exploitation des films et ne sont donc susceptibles 
d’être versées aux artistes-interprètes par les producteurs qu’à compter de 
l’exploitation des films. Or, il ressort des investigations de la Cour que 
certains contrats d’artistes-interprètes prévoient, avant même le début du 
tournage, une somme minimale susceptible de leur être attribuée, en 
complément de leur rémunération, sous la forme de droit à l’image. 
Cette pratique conduit à minorer artificiellement le salaire versé en 
vue de réduire les sommes dues au titre des cotisations sociales, tout en 
compensant cette minoration par un complément de rémunération déguisé 
en droit à l’image. En outre, des avances peuvent être consenties en cas 
de préachat du droit de diffusion par les chaînes de télévision, leur 
montant étant alors indexé sur celui de cette source de financement, que 
l’oeuvre soit ou non finalement diffusée. 
Si le principe des rémunérations sous forme de droit à l’image 
découle de dispositions législatives du code de la propriété intellectuelle, 
et ne saurait être remis en cause, la pratique consistant à verser, avant ou 
pendant le tournage, des avances à ce titre sans considération de 
l’exploitation effective de l’oeuvre peut être tenue pour abusive. 
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78 
COUR DES COMPTES
Concentrée sur les films présentant les devis les plus élevés, la 
progression dynamique de certaines natures de dépenses dans les coûts de 
production invite à s’interroger sur l’opportunité de limiter la prise en 
charge de ces coûts par le dispositif d’aides publiques et, plus 
particulièrement, par le soutien automatique, dès lors que cette évolution 
conduit à déséquilibrer la répartition de l’aide au profit de cette catégorie 
de films. 
Interrogé sur cette question, le CNC a indiqué qu’une limitation de 
la prise en charge par le soutien automatique de certaines dépenses de 
production lui semblait, de prime abord, « incompatible avec la 
réglementation communautaire. En effet, celle-ci, pour garantir la 
neutralité de l’effet incitatif de l’aide et notamment éviter que l’aide ne 
soit attribuée ou modulée au regard de certains postes de dépenses 
particuliers, susceptibles d’être fortement territorialisés en France 
(industries techniques, main d’oeuvre), interdit des fléchages directs ou 
indirects de l’aide vers certains types de dépenses ». 
Pour autant, dès lors qu’il est susceptible de s’appliquer à 
l’ensemble des films sollicitant l’agrément et vaudrait donc, de façon 
indifférenciée, pour les producteurs français et les producteurs européens, 
le plafonnement de certaines dépenses dans le calcul du soutien 
automatique ne paraît pas constituer un fléchage de l’aide et mériterait, à 
ce titre, d’être envisagé par le CNC. Une mesure de cette nature existe 
d’ailleurs pour le crédit d’impôt, les cachets des artistes n’étant 
comptabilisés qu’à hauteur du minimum conventionnel. Un tel dispositif 
de maîtrise de la dépense est également en vigueur en Allemagne. 
Le plafonnement des dépenses dans le calcul des aides de la FFA 
Les modalités de calcul du soutien automatique à la production par 
l’agence allemande de soutien au cinéma (FFA) n’intègrent certains postes du 
devis qu’à concurrence d’un plafond, défini en référence au total des coûts de 
production. Ainsi, les frais généraux sont comptabilisés dans la limite de 
7,5 % des coûts de production (pour les devis inférieurs à 2 M€). La 
rémunération du producteur, pour sa part, est plafonnée en valeur absolue 
selon le montant du devis (de 15 000 € pour les devis inférieurs à 300 000 € 
jusqu’à 125 000 € pour les devis supérieurs à 1 M€). 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
79 
3 - 
L’évolution contrastée des coûts de distribution 
Les coûts de distribution représentent en moyenne entre 10 % et 
13 % du coût définitif des films d’initiative française (670 000 € en 2011 
en moyenne par film). Si les sommes investies dans la distribution des 
films français restent sans comparaison par rapport aux dépenses de 
distribution des films américains
88
, elles ont néanmoins connu des 
évolutions sensibles au cours de la dernière décennie. 
En moyenne, sur la période 2004-2011, le coût de distribution par 
film a peu augmenté (+ 4,9 %). Cette relative stagnation masque 
cependant une hausse très marquée des dépenses de matériel publicitaire 
(+ 38,6 %), la progression des dépenses de relations presse (+ 13,3 %) et 
des achats d’espace (+ 7,3 %), qui ont surcompensé, jusqu’à présent, la 
baisse des frais de laboratoire (- 10,4 %) résultant de la transition 
numérique. 
L’augmentation des frais de promotion diffère fortement selon le 
budget de production et le profil des distributeurs. Les majors 
développent des stratégies pluri-médias, recourant fortement à l’affichage 
et au matériel publicitaire au sein des cinémas, tandis que les distributeurs 
indépendants sont souvent cantonnés à la presse, aux relations publiques 
et à internet. Les salles de cinéma ayant rendu payantes, au cours des dix 
dernières années, plusieurs prestations auparavant gratuites (notamment 
la mise à disposition du matériel publicitaire), la forte progression des 
investissements publicitaires dans les salles de cinéma a contracté les 
marges des distributeurs. 
B - Une tension croissante entre le volume de 
production et les perspectives d'exposition 
1 - 
Une fréquentation en salles élevée, mais concentrée sur 
quelques succès 
La France enregistre un niveau exceptionnel de fréquentation en 
salles : 193 millions d’entrées en 2013, soit 2,9 entrées par habitant. De 
tels résultats sont suffisamment remarquables, compte tenu des évolutions 
constatées par ailleurs dans les pays européens, pour devoir être 
soulignés. 
88
Les sommes dépensées à ce titre représentent en moyenne 50 % des coûts de 
production. Cette différence avec les films français se retrouve au moment de leur 
commercialisation en France. Ainsi, l’investissement publicitaire brut pour un film 
français était en moyenne de 580 000 € en 2011, soit le tiers du budget publicitaire 
moyen investi dans un film américain (1,6 M€ en 2011). 
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80 
COUR DES COMPTES
Cependant, la fréquentation en salles est demeurée concentrée, au 
cours de la décennie écoulée, sur un nombre limité de films à succès. 
Alors qu’en 2012 le CNC a agréé 272 films, seule une trentaine (sur les 
500 à 600 sorties en salles annuelles) rassemble près de 50 % des entrées 
en salles chaque année depuis 2001. L’année 2012 constitue de ce point 
de vue une année de très forte concentration, les dix films les plus 
performants ayant rassemblé plus du tiers de la fréquentation annuelle. 
À l’inverse, une part stable, comprise entre 50 et 60 % des films 
français inédits sortis en salles chaque année, réalise moins de 50 000 
entrées en salles. Au cours de la dernière décennie, cette proportion 
apparaît même en légère augmentation, ce qui suggère qu’une part 
croissante de la production française souffre de conditions d’exposition 
de plus en plus dégradées. 
Graphique n° 15 : films français sortis en salle et polarisation des 
entrées, de 2001 à 2010 
Source : données CNC (films français inédits). 
Cette concentration de la fréquentation en salles coïncide avec 
l’évolution de la structure des investissements dans les films d’initiative 
française (cf. annexe n° 9). 
Alors que les films dont le budget est supérieur à 7 M€ 
représentaient, en 2003 comme en 2011, près de la moitié des 
investissements dans la production cinématographique française, leur part 
dans la fréquentation en salles a augmenté de manière significative, 
passant de 43,5 % en 2003 à 67,2 % en 2011. Inversement, les films dont 
le devis est compris entre 4 M€ et 7 M€ ont vu leur poids relatif diminuer 
entre 2003 et 2011, tant en ce qui concerne la part qu’ils occupent dans 
les coûts définitifs de la production cinématographique française (34,0 % 
0
50
100
150
200
250
300
2001
2003
2005
2007
2009
Films français
sortis
Films rassemblant
moins de 50 000
entrées
Films rassemblant
plus d'un million
d'entrées
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
81 
en 2003, 24,9 % en 2011) que leur part dans la fréquentation des films en 
salles (49,7 % en 2003, 24,3 % en 2011). Les films dont le budget est 
inférieur à 4 M€ n’attirent, pour leur part, qu’entre 5 % et 11 % de la 
fréquentation en salles, tandis que les films dont le budget est inférieur à 
1 M€ rencontrent un public encore plus confidentiel (entre 1 % et 4 % de 
la fréquentation des films d’initiative française). 
S’il est vrai que le maintien d’un niveau élevé de part de marché 
du film national est allé de pair avec une augmentation du nombre de 
séances consacrées à des films français (+ 116 % entre 2000 et 2012, 
alors que le nombre de séances consacrées aux films américains est resté 
stable), la fréquentation des films d’initiative française a suivi des 
évolutions singulières. 
Tandis que le nombre de films réunissant plus de 2 millions de 
spectateurs sur le territoire français est resté stable entre 2001 et 2010, le 
nombre correspondant de films d’initiative française a baissé de 20 %. À 
l’inverse, pendant la même période, le nombre de films d’initiative 
française réunissant moins de 50 000 spectateurs a augmenté de 57 %, 
alors qu’il n’augmentait que de 19 % pour l’ensemble des films ayant ce 
niveau de fréquentation. Cette évolution conduit à de fortes tensions sur 
la rotation des films, marquée par un raccourcissement spectaculaire de 
leur durée d’exposition et, par voie de conséquence, de leur 
amortissement en salles. 
Ce seul état de fait ne saurait emporter le constat d’un échec de la 
politique de soutien. Le CNC rappelle à juste titre que le succès d’un film 
ne se mesure pas au seul nombre d’entrées ou de copies distribuées, 
critères réducteurs qui ignorent la coexistence de modèles économiques 
différents au sein du secteur du cinéma. Il existe ainsi des films qui 
enregistrent relativement peu d’entrées (quelques centaines de milliers, 
voire seulement quelques dizaines de milliers) mais qui atteignent 
néanmoins leur équilibre économique compte tenu de leur faible coût de 
production et de distribution
89
. 
En revanche, un tel constat conduit à souligner les risques qui 
pèsent sur la pérennité du dispositif de préfinancement. La stratégie 
d’investissement des parties prenantes repose en effet sur les espérances 
de recettes liées à l’exploitation des films, qui sont fortement déterminées 
par les résultats obtenus en salles. Or la détérioration des conditions 
d’exposition des films français limite fortement leur potentiel de recettes. 
89
Le CNC en cite plusieurs exemples récents : 
Tous au Larzac 
en 2011, sorti sur 64 
copies, 
Les nouveaux chiens de garde
, sorti sur 36 copies, qui a progressivement 
dépassé les 200 000 entrées après 16 semaines d’exploitation, ou 
Nous
princesse de 
Clèves, 
sorti sur 20 copies et totalisant moins de 50 000 spectateurs. 
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82 
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2 - 
La saturation de la fenêtre télévisuelle 
La multiplication du nombre de chaînes diffusées (câble, satellite, 
télévision numérique terrestre) a conduit à une augmentation de l'offre de 
films à la télévision
90
. Cependant, qu’elle soit française ou étrangère, 
l’oeuvre cinématographique a vu progressivement s’étioler son statut de 
produit d'appel sur les chaînes historiques en clair. À ces évolutions 
s’ajoute le développement de modes de consommation délinéarisés
91
. 
Les années 1990 et 2000 ont en effet marqué la fin de la 
suprématie des films de cinéma dans l’audience télévisuelle. En 1986, 
43 films étaient en tête des 50 meilleures audiences de la télévision, 
contre 12 seulement en 1995. Entre 2004 et 2011, l’audience moyenne 
des films français en première partie de soirée est passée, sur les chaînes 
en clair historiques, de 4,6 à 3,8 millions de téléspectateurs. Sept films 
seulement apparaissent dans le palmarès des cent premières audiences de 
2012 à la télévision
92
. 
Cette érosion des audiences est notamment liée à l’explosion de la 
vidéo et au développement d’une offre de films, inédits ou non, sur les 
chaînes payantes, sur le câble et le satellite, et sur les chaînes de la 
télévision numérique terrestre (TNT), ce qui affecte la valeur de produits 
dont l’exposition a perdu de son caractère exclusif. Ainsi, le nombre de 
diffusions de films sur les chaînes privées de la TNT gratuite est passé de 
402 à 1 331 entre 2005 et 2011, ce qui leur a assuré des audiences 
importantes : en 2011, six chaînes de la TNT gratuite réalisent leur 
meilleure audience de l’année avec un film. Parmi ces diffusions, la part 
des films français est passée, entre 2005 et 2011, de 56 à 41 %, et celle 
des films américains de 31 à 40 %. 
Le nombre de films diffusés en première partie de soirée sur les six 
chaînes en clair historiques a globalement baissé jusqu’à représenter en 
2012, sur TF1 et M6, un point bas jamais enregistré depuis les années 
1980. Si cette baisse concerne davantage les rediffusions que les 
premières diffusions, il n’en reste pas moins que le plafond réglementaire 
de 192 films diffusés dans l’année n’est que rarement atteint par les 
chaînes historiques. En outre, les rediffusions sont aussi de plus en plus 
fréquentes : 34 % des films programmés par les chaînes nationales 
90
2 398 oeuvres cinématographiques diffusées en 2011, contre 1 470 en 2001. 
91
Les services linéaires désignent les usages (sur le modèle de la télévision 
hertzienne) qui imposent aux consommateurs de se soumettre à une programmation 
sur laquelle ils ne peuvent agir. Ils s’opposent aux services « délinéarisés », qui 
laissent au consommateur la possibilité de choisir le programme qu’il veut regarder. 
92
Gran Torino, L’Âge de glace 3, Les Bronzés font du ski, La Grande Vadrouille, 
Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Titanic, La Vérité si je mens 2
. 
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SOUS TENSION 
83 
gratuites en 2012 avaient ainsi déjà été diffusés en 2011, alors que cette 
part était de moins de 10 % en 2006
93
. 
Ces phénomènes ont pour corollaire une dégradation des recettes 
associées à la diffusion de films, la publicité et le retour sur 
investissement des parts de coproduction ne permettant plus toujours de 
couvrir le coût d’achat des droits. L’érosion de l’audience entraîne une 
diminution des recettes publicitaires qu’amplifie l’effritement général 
observé ces dernières années de la ressource publicitaire drainée par les 
télévisions. 
Limitant 
par 
ailleurs 
structurellement 
les 
retombées 
financières d’un éventuel succès dans l’exploitation du film, le 
contingentement réglementaire des prises de participation des diffuseurs 
dans la production des oeuvres ne permet pas d’en assurer la 
compensation. 
Les faibles résultats d’audience des films français induisent, pour 
les chaînes en clair, une distorsion croissante entre le volume de leurs 
obligations d’investissement et la valeur de marché que représente pour 
elles le cinéma. Dans ce contexte, le maintien d’une contrainte en 
augmentation continue
94
imposée aux chaînes pour financer un produit 
qui attire de moins en moins les téléspectateurs se traduit par une 
concentration des investissements dans des films dont l’audience à 
l’antenne sera garantie par la présence à l’affiche d’acteurs connus ou par 
des scénarios déjà éprouvés. Conséquence indirecte de cette tendance, un 
nombre croissant de films peine à accéder au financement d’une chaîne 
de télévision : 78 films en 2003, 112 en 2012, ont été produits sans 
bénéficier du financement d’une chaîne. 
L’évolution du nombre de films financés par les chaînes depuis 
1980 en témoigne : alors que TF1 finançait 14 films en 1986, puis jusqu’à 
28 en 2004, elle limitait sa participation à 17 films en 2012, sa 
contribution restant dans le même temps relativement stable en volume 
financier. Sur la même période, la contribution de France Télévisions est 
passée de 32 à 61 films financés par an entre 1986 et 2012 (53 en 2004). 
La concentration des investissements sur les films aux budgets les plus 
importants est principalement le fait des chaînes commerciales : les films 
au budget supérieur à 4 M€ représentent, en 2012, 70 % des films 
financés par les chaînes publiques, et 83 % des films financés par les 
chaînes privées en clair. 
93
En tête des films les plus diffusés à la télévision gratuite depuis 1957, on trouve 
La 
Tulipe Noire
, 
Le Capitan
, 
Ne nous fâchons pas
et 
Le Grand Restaurant 
(CNC-CSA). 
94
Le volume investi par les chaînes dans le cinéma a été multiplié par 8 entre 1984 et 
2011, alors que le volume total de la production française a à peine triplé pendant 
cette période, passant de 400 à 1 130 M €. Cf. Monique Sauvage, Isabelle Veyrat-
Masson, 
Histoire de la télévision française
, février 2012, p. 266, et bilans du CNC. 
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84 
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Ces évolutions affectent la valeur de produits dont la diffusion a 
perdu son caractère exclusif. Dès lors, dans un contexte d’évolution des 
usages qui met à mal la chronologie des médias, le maintien pendant la 
fenêtre d’exclusivité des chaînes de télévision de jours interdits de 
diffusion pour les oeuvres cinématographiques apparaît particulièrement 
daté. Il conduit, en outre, à la programmation le même soir, au même 
horaire, du même type de films sur les chaînes en clair, ce qui contribue à 
exacerber la concurrence, au détriment des résultats d’audience des films 
programmés. Des aménagements ont d’ailleurs déjà été apportés à ce 
régime. France Télévisions a ainsi signé un accord avec les professionnels 
qui, en échange d’une augmentation de la contribution de France 4 à la 
production, a permis à cette chaîne de diffuser des films le mercredi soir. 
Si le maintien d’un plafond d’oeuvres cinématographiques 
diffusées dans l’année se justifie pour préserver le caractère événementiel 
de la diffusion du cinéma à la télévision, les règles actuelles ne se 
justifient plus - sauf éventuellement le samedi soir - et pourraient être 
davantage adaptées aux nouvelles habitudes de consommation de 
programmes. 
C - La dégradation de la rentabilité des SOFICA et de 
la distribution 
1 - 
Les SOFICA 
La dégradation de la rentabilité financière des SOFICA résulte 
notamment de ce phénomène de saturation au stade de la diffusion. la 
saturation de plusieurs fenêtres d’exploitation a en effet contribué à 
dégrader les perspectives de reversement tant des recettes en salle (en 
2011, sur les 93 films financés par des SOFICA et sortis en salles, 74, soit 
79 %, ont provoqué moins de 500 000 entrées, et 28 d’entre eux, soit 
30 % du total, moins de 50 000 entrées) que de celles issues de la 
télévision, alors même que cette fenêtre d'exploitation est la principale 
pourvoyeuse de recettes pour les SOFICA. 
Ce constat révèle une érosion des perspectives d’exploitation des 
oeuvres sur ces différentes fenêtres de diffusion. 
2 - 
La distribution 
Les distributeurs constituent un tissu économique hétérogène, qui 
assure le préfinancement de la majorité des films français et porte une 
part de plus en plus importante du risque dans l’activité de production. 
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85 
Depuis 2001, le nombre de sociétés de distribution recensées a 
augmenté de 77 %, passant de 247 entreprises à 438 entreprises. Cette 
forte croissance est majoritairement imputable aux petites structures 
distribuant entre un et cinq films par an (inédits et de catalogue), qui 
représentent l’essentiel des entreprises de distribution (302 sociétés en 
2011, soit 69 % des entreprises du secteur). 
Cet accroissement rapide du nombre des sociétés dans un secteur 
pourtant risqué doit toutefois être relativisé : 
-
il existe un grand nombre de sociétés « dormantes » ne 
distribuant aucun film inédit dans l’année. De fait, alors que le 
nombre de sociétés croît, la part de sociétés « actives », ayant 
distribué au moins un film inédit dans l’année, diminue. Elle 
s’élève en 2011 à 29,5 %, soit 10 points de moins qu’en 2002 ; 
-
nombreuses sont les entreprises qui ne distribuent qu’un seul 
film inédit par an (43 % des sociétés « actives » en 2011), et 
certaines sociétés, à durée de vie très limitée, sont même 
spécifiquement créées pour assurer la sortie d’un unique film. 
Considérées avec les précautions d’usage
95
, les données statistiques 
de l’INSEE révèlent le caractère déficitaire de l’activité de distribution 
cinématographique en salles. En 2010, le résultat net comptable de 
l’ensemble du secteur de la distribution enregistrait une perte de 
28,9 M€
96
. Par comparaison, l’édition et la distribution vidéo, qui 
réalisent un chiffre d’affaires nettement moins important (782,5 M€, alors 
que le chiffre d’affaires de la distribution en salles était de 2,3 Md€ en 
2011), dégagent un résultat net comptable positif, s’établissant à 24,4 M€. 
Le caractère déficitaire de la distribution des films en salles n’est pas 
propre aux sociétés indépendantes : la société Pathé distribution, par 
exemple, enregistre régulièrement, elle aussi, des résultats nets 
comptables négatifs. 
Eu égard au caractère structurellement déficitaire de la distribution 
en salles, la quasi-totalité des entreprises du secteur a développé des 
95
Si les chiffres de l’INSEE reflètent bien la faible rentabilité de la distribution en 
salles, ceux-ci sont établis à partir de l’activité principale déclarée par les sociétés. Les 
sociétés de distribution exerçant majoritairement plusieurs activités, certaines ne sont 
donc pas incluses dans ces statistiques. Ainsi, la société Gaumont, acteur important de 
la distribution, est enregistrée en tant que société de production. 
96
D’après les données collectées par l’organisation professionnelle des distributeurs 
indépendants réunis (DIRE), la marge réalisée par les distributeurs indépendants au 
titre de l’exploitation en salles est négative en 2010, en 2011 et en 2012. Même en ne 
retenant que les frais de sortie et les minima garantis (neutralisation des frais de 
structure), la marge sur la salle demeure négative pour les exercices 2010 et 2012 : la 
recette brute distributeur ne permet pas de couvrir les frais de distribution. 
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86 
COUR DES COMPTES
activités annexes (exploitation des films de catalogue, édition vidéo, 
vente à l’international, production, exploitation de salles, etc.). 
Par ailleurs, l’augmentation continue de la part des mandats 
d’exploitation dans le financement des films d’initiative française au 
cours de la dernière décennie traduit, au-delà des « à-valoir » consentis 
sur les futures recettes d’exploitation en salles, le développement des 
mandats groupés, destinés à capter les recettes sur plusieurs fenêtres 
d’exploitation. De fait, l’apport des mandats groupés devient largement 
prédominant par rapport à celui des mandats centrés uniquement sur la 
salle, ceux-ci atteignant leur plus bas niveau en 2012 (1,7 %). 
La pratique des mandats groupés s’accompagne souvent d’une 
captation de la recette favorable au distributeur, la « collatéralisation 
croisée », qui consiste à garantir et à compenser les éventuelles pertes 
d’exploitation du film sur un support de distribution par un droit sur les 
gains éventuellement réalisés sur un autre support (par exemple la 
garantie des pertes en salles sur les recettes vidéo futures). Si cette 
pratique répond à une volonté de lisser le risque pris par les distributeurs, 
elle contribue néanmoins, en multipliant les créances opposables, à 
éloigner toujours plus le producteur de l’intéressement aux recettes 
d’exploitation de son film. 
III 
- 
Les pistes d’adaptation du soutien 
Les évolutions qui ont marqué, au cours des dix dernières années, 
le système de préfinancement de la production cinématographique font 
peser un risque sur la soutenabilité économique de ce modèle, ce qui 
justifie de procéder à des infléchissements de la politique de soutien à la 
production. 
A - Différencier les enjeux de financement 
La production cinématographique française se répartit entre 
plusieurs catégories de films dont les problématiques, relativement 
homogènes pour chacune d’elles, répondent à des enjeux spécifiques qu’il 
convient de distinguer. 
Principalement financés par les producteurs et les aides publiques à 
la production, les films dont le budget est inférieur à 1 M€ ont présenté 
une certaine stabilité au cours de la décennie écoulée, tant en proportion 
du nombre de films sortis en salles qu’en termes de coûts de production 
ou de fréquentation en salles (moins de 2 % de la fréquentation des films 
d’initiative française). Compte tenu de l’étroitesse de leurs budgets, les 
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SOUS TENSION 
87 
productions de cette catégorie sont très sensibles au renchérissement de 
coûts qui peuvent affecter leurs postes de charges. Parallèlement, l’essor 
de la diffusion numérique des contenus représente de nouvelles 
perspectives de recettes pour ces films généralement éloignés des grands 
circuits de distribution en salles comme de la télévision. 
Les films dont le devis est compris entre 1 M€ et 4 M€ voient leur 
part dans le nombre de films exposés et dans la fréquentation des films 
d’initiative française sortis en salles (entre 5 % et 11 %) demeurer 
relativement constante depuis 2002. Majoritairement financés par des 
investissements encadrés, ces films sont confrontés à un recul des 
investissements des chaînes de télévision, en dépit des clauses de 
diversité qui s’imposent à certains diffuseurs. S’élevant à 8 % des devis, 
la part de préfinancement assumée par les mandats demeure plus faible 
que pour la moyenne des films d’initiative française. 
Depuis 2002, les films dont le devis est compris entre 4 M€ et 
7 M€ ont diminué en proportion du nombre de films d’initiative française 
exposés en salles et en proportion de la fréquentation en salles de ces 
films. Majoritairement financés par des investissements encadrés, ils se 
caractérisent par la plus faible exposition de fonds propres du producteur 
(moins de 25 % des devis en 2012). 
Confrontés à la concentration des investissements de certaines 
chaînes de télévision vers les films les plus chers et, indirectement, à 
l’effet de seuil induit par les clauses de diversité, les films de cette 
catégorie 
sont 
particulièrement 
touchés, 
par 
ailleurs, 
par 
le 
développement des stratégies pluri-mandats des distributeurs, dont la 
mise en risque est la plus importante sur cette catégorie de films 
intermédiaires. Ne pouvant faire l’économie d’un plan de distribution 
conséquent en raison de leurs coûts de fabrication, ils ne peuvent pas pour 
autant rivaliser avec la politique d’offre saturante qui caractérise les films 
les plus chers. 
Cette évolution se reflète dans la distribution des productions qui 
bénéficient des garanties de l’IFCIC : si les films dont les devis sont 
compris entre 1 M€ et 4 M€ y restent globalement majoritaires, la part 
des films dont le devis est compris entre 5,5 M€ et 15 M€ y est 
croissante
97
. 
97
Entre 2008 et 2011, l’IFCIC a garanti entre 43 % et 55 % des films d’initiative 
française. Les films aux budgets inférieurs à 1 M€ ou supérieurs à 15 M€ ne 
recourent, quant à eux, que marginalement aux garanties de l’IFCIC, les premiers 
étant portés par de petites sociétés faiblement intégrées aux réseaux bancaires et les 
seconds par de grandes sociétés de production capables de mobiliser des fonds 
propres et des concours bancaires non garantis. 
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Les films les plus coûteux, dont le devis dépasse 7 M€, ne sont en 
général pas confrontés à un problème de financement. La majorité des 
investissements dans la production de ces films n’est d’ailleurs pas 
encadrée, et les aides publiques y occupent une place très limitée (moins 
de 4 % des devis en 2012). Captant près des deux tiers de la fréquentation 
en salles en 2012, ces films présentent des perspectives de recettes 
considérées comme suffisantes pour attirer les investissements des 
chaînes de télévision et des mandataires, ces deux catégories de parties 
prenantes représentant, en 2012, près de 60 % des montants cumulés de 
financement sur l’ensemble des devis. 
Cette segmentation des budgets des films doit donc être prise en 
compte dans la réflexion sur l’adaptation de la politique de soutien à la 
production. 
B - Adapter les aides publiques 
Il s’agit à la fois de moduler le soutien et de clarifier les objectifs et 
instruments associés. 
1 - 
Moduler le soutien selon les besoins de chaque production 
Au regard de la segmentation des budgets de production, 
l’intervention 
publique 
gagnerait 
à 
être 
mieux 
modulée 
pour 
accompagner plus efficacement chacune de ces catégories en fonction de 
leurs besoins spécifiques et des enjeux qui y sont associés. 
Plusieurs instruments pourraient être mobilisés pour soutenir les 
films aux budgets les plus modestes (moins de 1 M€), qui pâtissent d’un 
manque d’exposition, et, par voie de conséquence, pour en favoriser la 
diffusion, alternative ou concomitante à la salle, sur un support de vidéo à 
la demande : 
-
réorienter les aides à la production vers l’exploitation 
numérique 
des 
films 
(constitution 
d’une 
part 
« 
vidéo 
numérique » 
du 
soutien 
automatique 
à 
la 
production, 
majoration des aides sélectives, voire conditionnement de 
certaines aides sélectives à l’engagement du producteur de 
diffuser le film sur une plate-forme de vidéo à la demande) ; 
-
inciter les représentants professionnels à introduire des 
dérogations à la chronologie des médias permettant une 
anticipation de la diffusion de ces films sur la fenêtre de vidéo à 
la demande. 
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89 
Les films dont le budget est compris entre 4 et 7 M€, pour leur 
part, ont besoin de garantir le maintien de financements privés. Dès lors, 
deux instruments de la politique de soutien seraient mobilisables : 
-
les aides à la production pourraient comporter, pour cette 
catégorie de films, des clauses de conditionnalité tenant à 
l’exposition des fonds propres des producteurs, afin d’inciter 
aux regroupements de sociétés (niveau minimum de fonds 
propres, bonification des aides à la production en cas 
d’investissements importants du producteur, etc.) ; 
-
les aides à la distribution pourraient être davantage ciblées sur 
la consolidation économique du secteur, afin de favoriser le 
développement de distributeurs présentant une taille critique 
plus importante, susceptibles de préfinancer cette catégorie de 
films désormais fragilisée. 
Pour accompagner cette évolution, les mécanismes de garantie de 
l’IFCIC pourraient viser un effet de levier supérieur. Sans doute les 
adaptations apportées en mars 2013 permettent-elles une meilleure prise 
en compte de la réalité des risques sur garantie. Cependant, le réglage des 
paramètres d’évolution et de gestion du fonds CNC reste très prudent
98
, 
alors que son intervention mériterait d’être plus nettement orientée vers 
des activités plus innovantes ou plus risquées. Plusieurs paramètres de ce 
mécanisme de soutien pourraient ainsi être modifiés (modulation des taux 
de garantie, extension des champs d’intervention). 
Enfin, pour les films les plus coûteux (plus de 7 M€) l’enjeu 
principal concerne l’évolution de leurs coûts de production et de 
distribution et, par voie de conséquence, leur tendance naturelle à capter 
une part croissante des investissements finançant la production 
cinématographique. Dans ce contexte, la politique de soutien pourrait 
utilement être infléchie en vue de contrebalancer cette évolution naturelle. 
Les aides publiques pourraient ainsi être plafonnées pour les dépenses de 
production les plus dynamiques, tandis que la pratique des rémunérations 
en participation devrait progressivement être supprimée au profit de 
rémunérations fixes et préalablement déterminées, de manière à rendre 
plus transparents les coûts de production. 
98
Le taux de sinistre (sinistres payés au cours d’un exercice par rapport aux encours 
de garantie) a été en 2011 de 0,56 % pour le sous-fonds cinéma et de 0,25 % pour le 
sous-fonds audiovisuel, ce qui est par exemple très inférieur aux taux de sinistre des 
fonds de garantie gérés par Oséo (BPI France). 
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2 - 
Mieux différencier les types de soutien 
a)
Le soutien à la production 
Le soutien automatique et le soutien sélectif constituent deux 
modalités d’intervention publique qui visent deux objectifs bien distincts : 
-
le soutien automatique confère une prime aux oeuvres qui 
rencontrent le succès, incitant les producteurs qui en bénéficient 
à réinvestir davantage de fonds dans la production de nouveaux 
films ; 
-
les aides sélectives sont accordées aux sociétés de production 
qui présentent des projets prometteurs, afin de permettre à des 
oeuvres innovantes de voir le jour. 
L’équilibre à trouver entre ces deux formes de soutien dépend 
notamment du diagnostic qui peut être porté sur la situation du secteur 
économique de la production. Au cours des dernières années, tout en 
restant majoritaire, la part du soutien automatique a décru. Pour les aides 
à la production cinématographique, elle est ainsi passée de 65 % à 57 % 
entre 2007 et 2012. 
L’introduction en 2002 d’un coefficient dégressif dans la part 
« salles » du soutien automatique a conduit à minorer l’impact du succès 
en salles sur les droits générés au profit du producteur. En application de 
ce principe, le soutien accordé à un film ayant peu de succès est 
proportionnellement supérieur à celui d’un film à succès. Dès lors que la 
vocation première du soutien automatique est la consolidation du secteur 
de la production, il n’est pas sûr que cette forme de redistribution, 
poussée trop avant, soit le meilleur moyen de répondre à cet objectif. À 
tout le moins, le CNC pourrait s’interroger sur le niveau adéquat de 
dégressivité de ce mécanisme de soutien. 
Pour ce qui est par ailleurs du soutien sélectif, il y a lieu de 
constater que parmi les 83 dispositifs d’intervention du CNC, dix 
représentent près de deux tiers de l’ensemble des volumes financiers. La 
faiblesse unitaire des montants financiers de la plupart des dispositifs 
d’aide sélective doit conduire à remettre en question l’opportunité d’une 
telle ventilation, au regard des coûts de gestion et de l’efficacité des aides 
correspondantes. Le renouvellement de la création cinématographique, 
visé par le soutien sélectif, ne peut, en outre, avoir de sens que si, par 
ailleurs, les conditions sont réunies ou encouragées pour que ces oeuvres 
soient exposées et reconnues. Un arbitrage doit donc être opéré entre le 
niveau de sélectivité des soutiens et les capacités de réception par le 
public des oeuvres produites. 
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SOUS TENSION 
91 
b)
Le soutien à la distribution 
L’importance d’une différenciation plus affirmée des aides est 
également très nette dans le champ de la distribution. Compte tenu des 
difficultés rencontrées aujourd’hui par ce secteur, la question de la 
structuration économique et de l’adaptation des aides publiques qui lui 
sont consacrées par le CNC paraît devoir s’imposer. 
Calculé par application d’un barème de soutien fortement 
dégressif
99
au produit de la TSA sur le prix des places perçue à l’occasion 
de l’exploitation des films en salles,
le soutien automatique généré par les 
films distribués peut être réinvesti sous deux formes : 
-
pour le financement des 
minima 
garantis d’une part ; 
-
pour
la prise en charge de tout ou partie des dépenses de 
distribution, d’autre part. 
Conçue pour encourager
les distributeurs à participer au 
financement de la production cinématographique, l’aide automatique 
permet d’amortir le risque en majorant le soutien sur les niveaux de 
recettes pour lesquels il est le plus élevé. D’un montant de 18 M€ en 
2012, le soutien automatique joue un rôle essentiel dans la structuration 
économique du secteur. 
Les aides sélectives, qui ont pour objectif de contribuer à la 
diversité de l’offre de films en France, apparaissent, quant à elles, très 
dispersées, dans leur montant (à l’exception de l’aide au programme, 
aucune aide ne dispose d’une enveloppe annuelle supérieure à 800 000 €) 
comme dans leur organisation : le maintien de neuf guichets d’aides 
sélectives répartis dans trois collèges différents, dont certains bénéficient 
à moins de dix sociétés par an, pose question. Une rationalisation tendant 
à réduire le nombre de dispositifs mis en oeuvre par le CNC s’impose. 
La confusion entre objectifs relevant respectivement du soutien 
automatique et du soutien sélectif est patente dans le cas de l’aide à la 
structure, qui illustre la difficulté de concilier un mécanisme sélectif avec 
un objectif de structuration économique. Conçue pour soutenir les 
distributeurs qui, en dépit d’une activité régulière de distribution et une 
ligne éditoriale de qualité, présentent une certaine fragilité financière, 
cette aide est faiblement dotée (736 000 € en 2010, ayant bénéficié à 
21 sociétés). 
Un 
meilleur 
encadrement 
de 
cette 
aide 
apparaît 
indispensable : 
99
À la suite de la réforme de mars 2013, à partir de 1,23 M€ de recettes (soit 200 000 
entrées), le taux de soutien passe de 120 % à 25 %. 
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92 
COUR DES COMPTES
-
en termes de durée : une aide à la structure parfois versée 
pendant dix ans à une même entreprise conduit à émettre des 
doutes sur son efficacité financière et comporte un risque de 
distorsion de concurrence ; 
-
en termes de montant : un meilleur ciblage de cette aide est 
souhaitable, dès lors que les modalités d’attribution ne semblent 
pas produire d’effet notable sur les résultats financiers des 
entreprises aidées. 
Plus généralement, les aides sélectives pourraient être recentrées 
vers leur objectif premier de promotion de la diversité culturelle. 
Dans ce contexte, la notion de distributeur indépendant gagnerait à 
être clarifiée. Aujourd’hui, le rapport de la Médiatrice du cinéma, tout 
comme les engagements de programmation que prennent les groupements 
et circuits de salles, ou encore l’aide à la distribution versée par Canal +, 
font en effet référence à la catégorie de distributeurs indépendants, sans 
qu’aucune définition en soit clairement établie. Dès lors, un label 
« distributeur indépendant » pourrait être attribué par le CNC sur la base 
de critères objectifs préalablement déterminés (nature du capital, absence 
de liens commerciaux avec les diffuseurs, activité de distribution 
régulière et pérenne), de sorte que les soutiens publics puissent être 
clairement ciblés sur un objectif préalablement identifié et faire l’objet de 
contrôles, y compris par le Parlement. 
C - Conforter le rôle d’expertise économique du CNC 
L’efficacité du soutien public dépend de sa capacité à identifier 
précisément les besoins auxquels celui-ci répond. Cette démarche 
implique une connaissance approfondie des réalités économiques et 
financières qui sous-tendent l’activité des secteurs du cinéma et de 
l’audiovisuel, afin d’être en mesure d’évaluer de manière précise et 
vérifiable les effets de la politique publique de soutien à la production 
cinématographique. 
Cela vaut, tout d’abord, pour le tissu entrepreneurial. Le nombre 
d’entreprises opérant dans ces secteurs, leur taille et leur profil d’activités 
pourraient être davantage analysés par le CNC, de même que les données 
étrangères correspondantes à partir desquelles pourraient être effectuées 
des études comparatives de performance avec le système français. 
Compte tenu de la complexité croissante de ces secteurs, de la 
multiplication des parties prenantes et de l’enchevêtrement de leurs 
intérêts, une meilleure connaissance de la réalité de leur situation et de 
leur fonctionnement s’impose. La place singulière du CNC, relais 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
93 
privilégié de la puissance publique et organisme reconnu par les 
professionnels, pourrait être davantage développée en ce sens, à la suite 
de l’élaboration par l’établissement de l’étude 
L’économie des films 
français,
rendue publique en janvier 2014. La mise à disposition du 
public des données brutes sur lesquelles se fondent ces analyses 
permettrait de consolider la confiance dans l’établissement et devrait 
constituer pour lui un objectif à moyen terme. 
Aujourd’hui, la collecte d’informations pertinentes que devrait 
permettre la pratique de contrôles 
a posteriori
par le CNC demeure 
encore embryonnaire. Si le protocole d’accord interprofessionnel du 
16 décembre 2010 a institué « une procédure de contrôle aléatoire de 
l’ensemble du coût des oeuvres cinématographiques et des recettes 
qu’elles génèrent » portant chaque année sur dix oeuvres choisies par 
tirage au sort, les audits réalisés sous l’égide du CNC chez les 
producteurs concernés et leurs mandataires n’ont pas encore été publiés à 
ce jour. 
Tout en mettant en oeuvre des procédures permettant de protéger le 
secret des affaires, l’établissement public devrait disposer, au-delà de la 
conduite d’audits ponctuels, d’un accès plus ouvert aux informations 
économiques relatives aux entreprises qu’il soutient, aux conditions 
présidant aux contrats par lesquels elles se lient aux différentes étapes 
d’une oeuvre, ainsi qu’aux résultats de son exploitation et au partage des 
recettes correspondantes. Outre que l’analyse régulière de ces données ne 
peut que favoriser une adaptation au plus juste des dispositifs de soutien 
existants, elle est de nature à conforter la dimension stratégique qui 
incombe à l’établissement.
__________ 
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 
________ 
Le modèle de préfinancement qui caractérise la politique de 
soutien à la production cinématographique a assuré la mobilisation 
d’investissements dans la production des films d’initiative française à 
hauteur de près de 1,1 Md€ en 2012. Si elle a permis au cinéma français 
de connaître de remarquables succès au cours de la décennie écoulée, 
elle présente néanmoins des signes d’essoufflement. 
Tout d’abord, la hausse des coûts des films aux budgets les plus 
élevés, qui n’est pas propre à la France, fragilise les équilibres de la 
chaîne de financement. La responsabilité économique du producteur doit 
être mieux identifiée et valorisée. Dans le même temps, le volume de 
production présente un déséquilibre croissant avec les capacités de 
valorisation économique des films produits. Si, dans son principe, 
l’intervention publique est pleinement justifiée pour favoriser la diversité 
de la création, elle doit s’accompagner d’une préoccupation constante 
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94 
COUR DES COMPTES
pour les perspectives d’exposition des films, et s’efforcer d’endiguer 
l’augmentation des coûts et d’éviter les effets d’aubaine. 
La raréfaction des ressources mobilisables, par ailleurs, est due à 
une transition désormais bel et bien engagée d’une économie matérielle 
dans laquelle la diffusion des contenus cinématographiques suit un 
parcours linéaire, de la salle de cinéma aux marchés étrangers, vers une 
économie immatérielle reposant sur la disponibilité des contenus et la 
variété des modes de consommation. Le financement du système par les 
chaînes de télévision, qui constitue l’une des principales sources de 
préfinancement du cinéma, risque de représenter une contrainte de plus 
en plus forte dans ce contexte, alors que de nouveaux diffuseurs 
concurrents font leur apparition, qui ne contribuent aucunement ou que 
très marginalement à la production cinématographique. 
À terme, l’instauration d’un cadre réglementaire adapté aux 
nouveaux usages et aux modes de diffusion délinéarisés et mondialisés 
(cf. chapitre IV) constitue une perspective souhaitable, qui amènerait les 
nouveaux opérateurs diffusant des images sur internet à financer la 
création. Néanmoins, une telle perspective est encore incertaine. Elle ne 
dispense pas, pour le court terme, d’agir sur les principales menaces qui 
pèsent sur le système de préfinancement : l’augmentation des coûts et la 
dégradation des conditions de financement et d’exposition d’une partie 
de la production. Deux outils existent à cet effet, le soutien automatique 
et le soutien sélectif, qui doivent renouer avec leur vocation propre : 
d’une part la structuration assumée du secteur, d’autre part le 
renouvellement de la création. 
La 
Cour, 
en 
conséquence, 
formule 
les 
recommandations 
suivantes : 
5.
procéder à des regroupements des aides sélectives à la 
production et à la distribution cinématographique et réduire le 
nombre de projets éligibles afin d’augmenter le montant 
unitaire pour chacun des projets retenus
; 
6.
faire bénéficier des activités plus innovantes et plus risquées de 
la situation de suréquilibre du fonds cinéma de l’IFCIC ; 
7.
lier le calcul du montant de soutien automatique accordé au 
niveau des apports en fonds propres du producteur ; 
8.
plafonner la prise en charge par le soutien public des 
rémunérations les plus élevées ; 
9.
neutraliser les rémunérations en participation dans le calcul 
des soutiens publics à la production cinématographique ; 
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LE SOUTIEN A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE : UN MODELE ORIGINAL 
SOUS TENSION 
95 
10.
rendre inéligibles aux soutiens publics les films qui recourent 
au versement anticipé de compléments de rémunération sous 
forme de droit à l’image ; 
11.
assouplir le régime des jours pendant lesquels la diffusion 
d’oeuvres cinématographiques est interdite sur les chaînes de 
télévision. 
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Chapitre III 
Le soutien à la production 
audiovisuelle : des performances sans 
rapport avec les montants investis 
Alors que la production cinématographique relève majoritairement 
d’une économie de l’offre, la production audiovisuelle correspond 
davantage à une économie de commande : si les producteurs sont à 
l’origine des contenus, leurs projets ne peuvent se concrétiser qu’à la 
condition qu’une chaîne de télévision endosse une part, souvent 
majoritaire, du financement et des risques en termes de retombée 
d’audience. 
Ce processus de formation de l'offre et de la demande est marqué 
par la confrontation d’intérêts parfois divergents. Du côté de la demande, 
le programme audiovisuel s'inscrit pour la chaîne de télévision dans une 
stratégie éditoriale visant à se distinguer des chaînes concurrentes et à 
fidéliser son audience par la diffusion de contenus exclusifs et fortement 
identifiants. Du côté de l'offre, les producteurs, qui souhaitent développer 
des projets et les proposer aux éditeurs, demeurent structurellement 
dépendants des chaînes et entretiennent en réalité avec elles des relations 
proches de celles qui lient un fournisseur à son client. 
Dans ce contexte, la politique de soutien à la production 
audiovisuelle, inspirée du modèle mis en oeuvre en matière de production 
cinématographique, a été définie de façon à corriger les défaillances dans 
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98 
COUR DES COMPTES
la formation de l’offre et de la demande, en orientant les investissements 
des diffuseurs vers des contenus de qualité, qualifiés de programmes 
audiovisuels patrimoniaux, commandés à des producteurs indépendants 
des chaînes de télévision. Cette politique s’appuie sur les deux 
instruments essentiels que sont le compte de soutien du CNC et les 
obligations d’investissement des chaînes, celles-ci pesant pour plus de la 
moitié sur le groupe France Télévisions. Elle a permis de mobiliser près 
de 800 M€ d’investissements des chaînes de télévision dans la production 
audiovisuelle en 2012 et des aides publiques (CNC, collectivités locales 
et crédit d’impôt audiovisuel) à hauteur de 332 M€. 
Pour autant, les performances globalement peu satisfaisantes de ce 
secteur d’activité, la détention par la France du record européen du plus 
fort taux d’exposition et d’audience des séries américaines en première 
partie de soirée et les évolutions de consommation des produits 
audiovisuels invitent à un réexamen du soutien public. La rigidité de la 
politique de soutien empêche en effet de tenir suffisamment compte des 
spécificités de la production audiovisuelle : l’emploi des leviers à 
disposition des pouvoirs publics a été orienté vers un soutien quantitatif à 
la production plutôt que vers l’aide à la création et la satisfaction 
d’attentes du public en évolution rapide. 
I 
- 
La priorité donnée à la production 
indépendante 
L’organisation de l’activité de production audiovisuelle peut 
relever de deux modèles : 
-
la production déléguée, correspondant au modèle d’activité qui 
prévaut en France pour le cinéma, suppose que l’entreprise de 
production, indépendante des diffuseurs, prenne l’initiative et la 
responsabilité 
financière, 
technique 
et 
artistique 
de 
la 
réalisation de l’oeuvre, en garantisse la bonne fin, et se 
rémunère sur son exploitation puisqu’elle est alors détentrice de 
sa propriété et des droits qui en découlent ; 
-
la production exécutive consiste pour une entreprise à réunir, à 
l’initiative d’un diffuseur qui la mandate et la rémunère à cette 
fin, les moyens techniques et artistiques pour assumer la 
fabrication d’une oeuvre dont elle ne détient pas la propriété ni 
les droits afférents, ceux-ci appartenant au diffuseur pour le 
compte duquel elle travaille. La rémunération du producteur 
exécutif est donc définie à un niveau fixé préalablement, même 
s’il peut parfois être intéressé aux résultats d’exploitation de 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
99 
l’oeuvre. C’est, au plan international, le modèle dominant de 
réalisation des programmes audiovisuels. 
La réglementation de la production française a privilégié le 
premier modèle, en n’autorisant que marginalement les chaînes de 
télévision à recourir à la production exécutive pour la réalisation de leurs 
programmes et en faisant du producteur le propriétaire ultime des droits 
d’exploitation des oeuvres. 
Pour autant, le système qui en est résulté constitue une variante 
dégradée de la production déléguée, dès lors que la rémunération que les 
producteurs audiovisuels tirent de l’exploitation des oeuvres est 
de facto
nulle ou très faible, tandis que ceux-ci sont maintenus dans une forte 
dépendance économique par rapport aux diffuseurs. Ce modèle, rigide au 
regard des besoins des chaînes, est aujourd’hui source de tensions 
importantes entre les producteurs et les diffuseurs. 
A - Une politique publique née avec la libéralisation de 
l’audiovisuel 
La réglementation et les différents mécanismes de soutien à la 
production audiovisuelle mis en place à la fin des années 1980 ont 
répondu à la nécessité de créer un tissu productif privé appelé à prendre le 
relais de l'appareil public de production audiovisuelle. Alors que prenait 
fin le système de production intégrée de la Société française de 
production (SFP), issu de l’éclatement de l’ORTF, la prise en 
considération de la concurrence internationale croissante et le constat de 
l'incapacité du système français à produire un volume de programmes 
suffisant justifiaient, aux yeux des pouvoirs publics de l’époque, la 
constitution d’entreprises de production diversifiées et indépendantes, à 
même de garantir la diversité culturelle et la circulation des programmes 
au moment où commençaient à se multiplier les chaînes de télévision. 
Cet objectif était au coeur de la loi du 30 septembre 1986, qui a 
prévu que la production dans laquelle les éditeurs de services 
audiovisuels étaient désormais obligés d’investir devait être « en tout ou 
partie indépendante à leur égard ». 
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100 
COUR DES COMPTES
La définition de la production indépendante 
L’indépendance de la production audiovisuelle prévue par les textes 
s’apprécie en fonction des critères suivants : 
- l’indépendance est fonction de la part détenue, directement ou 
indirectement, par l’éditeur de services ou par le ou les actionnaires le 
contrôlant, au capital de l’entreprise qui produit l’oeuvre. Les décrets 
d’application fixent cette part à 15 % ; 
- à ce critère s’appliquant à la société de production s’ajoute celui de 
l’indépendance de l’oeuvre produite. Il est considéré comme rempli lorsque 
l’éditeur de services ne détient pas, directement ou indirectement, une part de 
producteur dans l’oeuvre en question (sauf, depuis novembre 2013, s'il a 
financé une part substantielle de l'oeuvre), et ne prend pas personnellement ou 
ne partage pas solidairement l’initiative et la responsabilité financière, 
technique et artistique de la réalisation de l’oeuvre, ni n’en garantit la bonne 
fin, c’est-à-dire qu’elle n’assume pas le rôle de producteur délégué. 
B - Des conséquences profondes sur le modèle de 
soutien public 
Le développement des chaînes de télévision privées au début des 
années 1980 a conduit les pouvoirs publics à considérer que le jeu de 
l’offre et de la demande entre les nouveaux acteurs – chaînes de 
télévision et producteurs privés – devait être régulé, afin de parer aux 
risques de dérive qu’il contenait en germe : dénaturation des contenus du 
fait 
d'une 
dépendance 
économique 
trop 
forte 
des 
producteurs, 
standardisation des programmes, appauvrissement de la diversité 
culturelle, disparition des programmes de stock au profit des programmes 
de flux, générateurs de plus d'audience. Dans ce contexte, le système 
français de soutien à la production audiovisuelle s'est efforcé d'infléchir le 
comportement économique des chaînes et de limiter leur emprise sur les 
programmes produits. 
En même temps qu’on imposait aux chaînes d’investir dans la 
production indépendante, a été créé en 1986 le compte de soutien aux 
industries de programmes (COSIP), fonds financé par une taxe sur les 
diffuseurs. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
101 
Les objectifs alors assignés au COSIP sont de concourir à 
l’enrichissement de l’offre de programmes en valorisant la production 
patrimoniale, de favoriser l’innovation à la télévision, d’améliorer la 
capacité de proposition des entreprises de production en leur assurant 
l’accès à un financement indépendant des diffuseurs et de renforcer la 
structuration du secteur de la production. Outre ces objectifs explicites, 
les aides du CNC ont également pour fonction de diminuer, pour les 
chaînes, le coût relatif de la production nationale par rapport aux 
programmes acquis sur le marché international. 
Les décrets « Tasca », en janvier 1990, sont venus compléter cet 
édifice en obligeant les chaînes de télévision à orienter une part 
substantielle de leurs investissements vers la production patrimoniale 
indépendante, selon un taux variable en fonction de la nature de la chaîne. 
À la différence d'autres États européens qui, tels le Royaume-Uni 
ou l’Allemagne, ont fait le choix de promouvoir un modèle de production 
audiovisuelle intégrée aux diffuseurs, la France a donc cherché, par sa 
politique de soutien, à conforter la séparation que l’éclatement de l’ORTF 
avait conduit à instituer entre les chaînes de télévision et les producteurs. 
Le dispositif réglementaire et le système d’aide qui y est associé 
visent à mettre les entreprises privées de production en situation d’opérer 
comme des producteurs délégués. À cette fin, ils s’efforcent d’accroître et 
de préserver leur responsabilité artistique et financière, tout en leur 
garantissant des conditions minimales de rémunération. Leur mise en 
oeuvre repose sur un principe de non-discrimination dans le choix des 
productions financées par les diffuseurs. Ce principe est inscrit dans les 
conventions avec le CSA et figure, pour Canal +, dans ses engagements 
vis-à-vis de l’Autorité de la concurrence
100
et, pour France Télévisions, 
dans les obligations de son cahier des charges. 
L'investissement des chaînes de télévision sous forme de 
coproduction a fait l'objet d'un encadrement encore plus strict, visant à 
prémunir les producteurs, au nom de la logique qui sous-tend leur 
indépendance, contre toute concurrence déloyale de la part des chaînes de 
télévision. Cette règle s'est exprimée de manière absolue en matière 
d'investissements audiovisuels depuis 2001, une chaîne de télévision ne 
pouvant détenir, directement ou indirectement, de parts de coproduction 
dans les oeuvres financées au titre des obligations d'investissement dans la 
production indépendante. La puissance de marché dont jouissent les 
grandes chaînes de télévision (88 % des dépenses de production des 
100
Lors du rachat de TPS en 2006 ou, plus récemment, en application des injonctions 
publiées le 23 juillet 2012. 
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102 
COUR DES COMPTES
diffuseurs proviennent de six chaînes
101
) a également été contrebalancée 
par une limitation des droits acquis par celles-ci en contrepartie de leurs 
investissements
102
. 
Les révisions des décrets « Tasca » intervenues en 2001 et en 2010 
ont étendu les droits des producteurs indépendants, en modifiant la durée 
de détention par les chaînes de télévision des droits d'exploitation et en 
imposant que les mandats de commercialisation d'une oeuvre financée par 
une chaîne de télévision fassent l'objet de contrats distincts. 
II 
- 
Un environnement changeant, un soutien 
important 
A - Un paysage audiovisuel en pleine reconfiguration 
La multiplication des chaînes du câble et du satellite à partir des 
années 1990, puis, à partir de 2005, le développement des nouvelles 
chaînes de la TNT gratuite ont profondément modifié le paysage 
audiovisuel français. Alors qu’il n’existait, au début des années 1990, que 
six chaînes gratuites et 16 chaînes payantes, on en compte aujourd’hui 
237 au total (et 154 chaînes locales), dont la plupart sont diffusées sur le 
câble, le satellite, l’ADSL, la fibre optique ou le mobile. En 2012, 62 % 
des foyers sont équipés en TNT, 46 % ont accès à la télévision par 
l’ADSL. 
En conséquence, le poids des chaînes hertziennes historiques a 
fortement diminué au cours des deux dernières décennies : les parts 
d’audience de TF1 et de France 2, dont la somme atteignait 61,1 % en 
1995, n’est plus que de 37,6 % en 2012. Les chaînes de la TNT gratuite 
ont atteint, en sept ans d’existence, 22 % de part d’audience annuelle
103
. 
Les ressources financières drainées par l’ensemble des chaînes de 
télévision sont marquées par une relative stagnation en euros constants. 
101
France 2, France 3, TF1, Arte, Canal +, M6 (données 2012). 
102
Cf. par exemple l’accord du 22 octobre 2008 entre France Télévisions et les 
syndicats de producteurs, qui limite à 48 ou 36 mois la durée des droits détenus sur les 
oeuvres de fiction selon le niveau de contribution de la chaîne à leur financement (plus 
ou moins 50 % du coût de production). 
103
Hors chaînes locales. Données CSA d’après Médiamétrie. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
103 
Graphique n° 16 : recettes des chaînes de télévision de 2001 à 2011, 
en milliards d’euros 
Source : données CNC d’après CNC, DGMIC, IREP et sociétés. Les 
financements publics incluent la part dédiée à la télévision de la contribution 
à l’audiovisuel public, y compris les remboursements des dégrèvements, et la 
dotation budgétaire de l’État. 
Cependant l’augmentation des recettes tirées des abonnements aux 
chaînes payantes et l’augmentation de la contribution à l’audiovisuel 
public ne doivent pas masquer la baisse, en euros constants, des recettes 
publicitaires. En outre, la répartition de ces dernières a connu une forte 
inflexion au profit des chaînes de la TNT : alors que celles-ci 
représentaient 6 % du marché publicitaire brut des chaînes de télévision 
en 2007, elles en constituent 34 % en février 2013
104
. TF1 indique avoir 
vu son chiffre d’affaires publicitaire baisser de 18,3 % entre 2007 et 
2012
105
. 
Pour autant, les chaînes hertziennes historiques concentrent 
toujours 81,5 % des investissements dans la production audiovisuelle 
inédite en 2012. Si les chaînes privées gratuites de la TNT réalisent près 
du quart de l’audience de la télévision (23,1 % en 2011), leurs 
investissements dans la production audiovisuelle aidée par le CNC, 
104
Baromètre du marché publicitaire, CNC, février 2013. 
105
Rapport du Sénat, 
Production audiovisuelle : pour une politique industrielle au 
service de l’exception culturelle
, M. Jean-Pierre Plancade, mai 2013, p. 33. 
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
4 000
2003
2006
2009
2012
Recettes publicitaires
Abonnements
Financements publics
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104 
COUR DES COMPTES
quoiqu’en croissance rapide, ne représentent que 2 % des investissements 
totaux des chaînes
106
. 
Les bouleversements intervenus dans le secteur de l’image au 
cours de la dernière décennie incitent donc à s’interroger sur le devenir 
des obligations d’investissement des chaînes de télévision. En effet, il 
paraît probable que la contribution des chaînes de télévision hertzienne 
historiques ne pourra se maintenir durablement au même niveau, compte 
tenu du décrochage vraisemblablement durable de leurs recettes 
publicitaires et de la dégradation de la valeur de marché des oeuvres 
cinématographiques. 
B - Des contributions cumulées d’un montant inégalé en 
Europe 
Le dispositif de soutien à la production audiovisuelle à travers les 
investissements orientés des chaînes de télévision (près de 800 M€) et les 
aides publiques (260 M€ pour le CNC et 22 M€ pour les collectivités 
territoriales, auquel s’ajoute le coût du dispositif de crédit d'impôt 
accordé aux producteurs, soit 50 M€), est unique en Europe dans son 
principe et dans son volume
107
. 
Les investissements des chaînes de télévision dans la production 
audiovisuelle au titre de leurs obligations ont atteint 797,5 M€ en 2012, 
en hausse de 43 % sur la période 2001-2012. 
106
L’économie de la télévision 2002-2011
et 
La production audiovisuelle aidée en 
2012
, CNC. 
107
Le rapport de l’Observatoire européen de l’audiovisuel consacré en 2004 aux 
Aides publiques aux oeuvres cinématographiques et audiovisuelles en Europe présente 
le dispositif français comme « le plus important programme de soutien à la production 
audiovisuelle en Europe », devançant très largement en montant les rares fonds 
existants (Bavière, Catalogne et Communauté française de Belgique). 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
105 
Tableau n° 7 : évolution des investissements des chaînes de télévision 
dans la production audiovisuelle patrimoniale entre 
2001 et 2012 (en M€ courants) 
2001 
2006 
2012 
2001-2012 
Chaînes hertziennes gratuites 
(hors nouvelles chaînes TNT)
516,2
674,2
650,0
26 %
Chaînes payantes
41,3
70,1
95,1
130 %
dont chaînes thématiques du câble 
et du satellite
27,1
26,3
40,8
50 %
dont Canal+
14,2
43,8
54,3
283 %
Chaînes de la TNT créées après 
2000
-
4,3
31,6
-
Services audiovisuels en ligne
-
-
4,4
-
Chaînes locales
8,0
16,4
-
Total
557,5
756,6
797,5
43 %
Source : Cour des comptes d'après données CNC. La contribution des chaînes LCP et 
Public Sénat (930 000 € en 2012), n’est pas prise en compte. 
La répartition de ces financements révèle un paysage contrasté, 
marqué par l'importance du groupe France Télévisions, principal 
financeur du secteur (avec plus de la moitié des investissements) et dont 
les apports ont augmenté de 35 % en euros constants au cours de la 
période 2001-2012. 
La production audiovisuelle fait également l'objet d'un soutien 
financier significatif du CNC (260 M€ en 2012). Avec un montant 
d’environ 80 M€ par an, les aides consacrées à la fiction ont peu évolué 
en valeur absolue depuis vingt ans (elles atteignaient 79 M€ en 1991), 
tandis que le montant accordé aux autres genres a fortement crû, le 
documentaire devenant en 2011 le premier genre aidé, devant la fiction. 
Regroupées sous l’appellation de compte de soutien aux industries 
de programmes audiovisuels (COSIP)
108
, les aides du CNC prennent trois 
formes différentes : 
-
un soutien automatique (« subvention de réinvestissement »), 
attribué aux entreprises ayant produit des oeuvres agréées par le 
108
Décrets n° 95-110 du 2 février 1995 et n° 98-35 du 14 janvier 1998. 
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106 
COUR DES COMPTES
CNC comme oeuvres de référence diffusées au cours de l’année 
précédente et bénéficiant d'un apport important d'un diffuseur 
français
109
; le montant de l'aide accordée dépend de la durée de 
diffusion du programme et d’un coefficient pondérateur qui 
varie par genre en fonction du montant des dépenses effectuées 
en France ; 
-
un soutien sélectif (« subvention d’investissement »), réservé 
aux sociétés de production ne disposant pas de compte 
automatique, versé sur avis d’une commission composée de 
professionnels ; 
-
des 
avances 
(« subvention 
de 
réinvestissement 
complémentaire »), pour les sociétés disposant d’un compte 
automatique mais dont le montant est insuffisant pour financer 
le réinvestissement dans une nouvelle production ; l’octroi de 
cette aide, après évaluation de la situation financière de 
l’entreprise, est subordonné aux mêmes conditions que le 
soutien automatique, son montant est plafonné en fonction du 
soutien 
préalablement 
accordé, 
et 
les 
avances 
sont 
remboursables à hauteur de 50 % de leur montant. 
Les aides automatiques, qui représentent l’essentiel des aides à la 
production (170 M€ en 2012), ont pour objectif de « consolider 
l’industrie des programmes audiovisuels », selon les termes du document 
de performance du CNC. Les aides sélectives doivent, pour leur part, 
« contribuer à la diversité de l’offre de programmes », sous la forme de 
subventions (85 M€) à de nouveaux entrants dans le secteur de la 
production audiovisuelle. 
Par 
ailleurs, 
anticipant 
les 
nouveaux 
besoins 
susceptibles 
d’émerger de la diffusion des contenus audiovisuels en ligne, le CNC a 
créé, en complément des aides du COSIP, de nouveaux dispositifs de 
soutien spécifiques, destinés à accompagner le renouvellement des 
formats et des genres audiovisuels (formats plus courts, programmes 
trans-médias, création transformative
110
, possibilités d’interaction avec le 
public, etc.) : 
-
l’utilisation du COSIP a été étendue aux travaux d’écriture et 
de développement préalables à la production (8 M€ ont été 
versés à ce titre en 2012 pour 470 projets) ; 
109
La part du diffuseur doit être au moins égale à 25 % de la part française du 
financement, et composée d'une part de numéraire supérieure à 9 000 € de l'heure. 
110
Les oeuvres transformatives, encore mal appréhendées par le droit de la propriété 
intellectuelle, correspondent à une pratique culturelle née des possibilités de 
reproduction, de découpage et de modification offertes par les outils numériques. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
107 
-
deux dispositifs d'aides sélectives ont été créés dans les 
domaines de l’animation et de la fiction, en vue de favoriser la 
fabrication de pilotes pour des projets difficiles ou de 
conception nouvelle (1,2 M€ ont été versés dans ce cadre en 
2012) ; 
-
le compte de soutien automatique a été étendu aux nouveaux 
médias par décret du 1
er
avril 2011 : le « Web COSIP » permet 
de faire bénéficier du soutien automatique les productions 
financées exclusivement par un site ou un éditeur de services 
internet, sans apport d’un diffuseur télévisuel, selon un barème 
similaire à celui du soutien automatique aux programmes 
destinés à la télévision. Les aides versées dans ce cadre 
atteignent 2,2 M€ en 2012 (inclus dans le total indiqué plus 
haut) pour 41 programmes, dont la moitié sont des captations 
ou des recréations de spectacle vivant ; 
-
dans le cadre des nouveaux dispositifs d'aides sélectives 
déployés en faveur des nouveaux médias, le fonds d’aide à 
l’innovation audiovisuelle et le fonds d’aide à la création pour 
les nouveaux médias visent à favoriser la recherche de 
nouvelles écritures et de nouveaux talents pour la création 
d’oeuvres audiovisuelles à caractère innovant. Ils peuvent 
bénéficier aux auteurs ou aux entreprises de production. 
Tableau n° 8 : évolution des aides versées par le CNC à la production 
audiovisuelle entre 2001 et 2012 (en M€) 
2001 
2007 
2010 
2011
2012 
2001/ 
2012 
Aides à la production et au 
développement (COSIP) 
187 
191 
231 
229 
255 
36 % 
Soutien automatique 
123,7 
135,5
162,2
154,2
170,3
38 % 
dont Web COSIP 
- 
- 
- 
1,2 
2,2 
- 
Soutien sélectif et avances 
63,3 
55,5 
68,4 
75,1 
84,7 
34 % 
dont soutien sélectif 
- 
45 
47,1 
52,6 
58,1 
- 
dont avances 
10,5 
21,3 
22,4 
26,6 
- 
Aide aux pilotes de fiction et 
d'animation 
- 
- 
- 
1,1 
1,4 
- 
Aide à l'innovation audiovisuelle 
- 
- 
0,9 
2,7 
3 
- 
Total 
187 
191 
232 
233 
260 
39 % 
Source : Cour des comptes d’après CNC. Ne sont pas prises en compte : l’aide aux 
coproductions franco-canadiennes, l’aide aux vidéomusiques et les aides versées à des 
associations au titre de la promotion des programmes audiovisuels, soit 4,1 M€ en 2012. 
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108 
COUR DES COMPTES
C - Une importance cruciale dans le plan de 
financement des programmes 
À l'exception notable de l'animation, le financement de la 
production audiovisuelle fait intervenir majoritairement les chaînes de 
télévision et le CNC. Le plan de financement des programmes 
audiovisuels de fiction et de documentaire repose ainsi, à plus de 50 %, 
sur les investissements des chaînes de télévision. Ajoutées aux aides du 
CNC, ces sommes - dont la grande majorité est encadrée
111
- représentent 
entre 70 % et 80 % des plans de financement. 
Tableau n° 9 : répartition du financement des programmes 
audiovisuels de fiction, de documentaire et d'animation en 2012 
Fiction 
Documentaire 
Animation 
Producteurs français 
9,0 % 
15,8 % 
20,7 % 
Préventes en France 
0,8 % 
0,1 % 
3,0 % 
Diffuseurs 
70,1 % 
51,5 % 
27,3 % 
SOFICA 
0,1 % 
0,1 % 
1,6 % 
CNC 
10,7 % 
20,1 % 
20,2 % 
Coproductions étrangères 
4,9 % 
3,5 % 
12,8 % 
Ventes et préventes à l'étranger 
9,2 % 
5,5 % 
33,4 % 
Autres 
2,3 % 
8,0 % 
4,0 % 
Source : Cour des comptes d'après données CNC. Les totaux dépassent 100 % car 
sont inclues les ventes à l’étranger, qui ne contribuent pas directement au 
financement de la production. Les oeuvres de captation et recréation de spectacle 
vivant (14 % des heures aidées par le CNC) sont financées en moyenne à 35 % par le 
diffuseur, à 29 % par le CNC et à 26 % par le producteur. 
L'apport 
des 
producteurs 
français 
demeure 
minoritaire, 
particulièrement dans la fiction où il ne dépasse pas 9 % du budget. Les 
apports internationaux, sous forme de coproductions comme de 
préventes, ont baissé dans tous les genres jusqu’en 2009 et occupent, à 
l'exception de l'animation, une place marginale dans le plan de 
financement des programmes. 
111
Seuls les investissements d'Arte, d'un montant de 44 M€ en 2012, ne relèvent pas 
des obligations réglementaires, mais d’un contrat d’objectifs et de moyens. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
109 
III 
- 
Une efficacité économique incertaine 
Alors même qu’en matière audiovisuelle, l’économie générale de 
l’intervention publique vise à promouvoir l’indépendance artistique des 
producteurs vis-à-vis des diffuseurs, le modèle de financement qui 
découle des obligations des chaînes et des aides du CNC entretient, dans 
la 
pratique, 
un 
tissu 
fragmenté 
de 
sociétés 
de 
production, 
économiquement dépendantes des commandes des chaînes. 
La place des diffuseurs dans le financement de la production 
audiovisuelle, croissante au cours des années 2000, invite à s’interroger 
sur la pertinence des choix de politique publique. En effet, malgré une 
aide massive, unique en Europe, la production audiovisuelle n’a pas 
enregistré les succès d’audience, ni les ventes à l’exportation espérées. La 
France détient, par exemple, le record européen du plus fort taux 
d’exposition et d’audience des séries américaines en première partie de 
soirée. Le CNC pourrait donc être invité à recentrer le soutien 
automatique sur l’objectif de structuration de la filière et à orienter les 
aides sélectives moins sur la diversité des créateurs que sur le 
renouvellement de la création. 
A - L’échec de la structuration économique de la filière 
Dès la création du COSIP, la structuration du secteur de la 
production a figuré parmi les objectifs que le CNC devrait poursuivre. 
Réservé aux producteurs ayant déjà produit et diffusé des oeuvres 
audiovisuelles sur des chaînes établies en France, le dispositif de soutien 
automatique, largement majoritaire au sein du COSIP, devait en principe 
contribuer à une consolidation graduelle des sociétés de production. C’est 
d’ailleurs la raison pour laquelle le CNC indique avoir fait le choix, en 
matière audiovisuelle davantage que dans le secteur cinématographique, 
de privilégier le soutien automatique, « plus significatif et structurant 
pour le secteur, plutôt que (…) le soutien sélectif qui favorise la 
multiplication de petites structures de production »
112
. La stratégie 
constamment poursuivie depuis lors vise, par le jeu des critères 
d'éligibilité et de mobilisation des dépenses, à réserver l'accès au soutien 
automatique aux sociétés qui semblent en mesure d’avoir une activité de 
production suffisante et à les inciter à investir rapidement leur droit de 
tirage sur le compte de soutien obtenu dans de nouvelles productions. 
112
Compte rendu du conseil d’administration du 7 avril 2011. 
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110 
COUR DES COMPTES
Près de trente ans après l'adoption de la loi du 30 septembre 1986, 
l'objectif de structuration économique de la production audiovisuelle n'a 
pas été atteint, alors même qu’en raison des besoins croissants induits par 
l'exploitation de l'offre télévisuelle et par la multiplication des nouveaux 
diffuseurs, la hausse du volume d'oeuvres aidées a été spectaculaire (de 
526 heures en 1986 à 5 151 heures en 2012, soit un quasi-décuplement). 
Or, seule l’émergence de producteurs puissants est en mesure de donner 
son véritable sens à la notion de production indépendante, en réduisant la 
dépendance économique dans laquelle se trouvent placées les entreprises 
de production, pour la plupart trop petites, vis-à-vis des quelques groupes 
qui structurent le paysage audiovisuel français. 
Les données du CNC font ainsi état d'une augmentation importante 
du nombre de sociétés de production audiovisuelle de programmes de 
stock, passé de 497 en 1996 à 844 en 2012
113
. 
Graphique n° 17 : évolution du nombre de sociétés de production 
audiovisuelle depuis 2003 
Source : Cour des comptes, d'après Insee (Sirene), CNC et Observatoire de la 
production audiovisuelle et cinématographique en Île-de-France (avril 2013). Les 
données du stock d'entreprises au 01/01/2012 sont
provisoires. 
113
CNC, 
Les entreprises de l'audiovisuel, résultats 1996-2000
et L
a production 
audiovisuelle aidée en 2012
. 
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
111 
Leur nombre réel est sans doute supérieur, l'approche du CNC 
n'identifiant que les sociétés de production « actives », c'est-à-dire celles 
qui ont perçu au moins une aide dans l'année. 
L'observatoire de la production audiovisuelle et cinématographique 
en Île-de-France répertorie quant à lui, sur l'ensemble du territoire, 2 272 
entreprises de production audiovisuelle ayant employé au moins une 
personne au cours de l’année 2012, ce nombre ayant doublé en dix ans 
(1 066 entreprises en 2001). Enfin, les données de l'INSEE, qui incluent 
les sociétés de production de programmes de flux, font état de 4 813 
entreprises en 2012, comme le montre le graphique ci-dessus. 
Si la réalité se situe vraisemblablement entre les données du CNC 
et celles de l'observatoire précité, l'ensemble des analyses disponibles 
illustre néanmoins l'existence d'un secteur industriel de plus en plus 
morcelé, voire atomisé, dans lequel une part importante de sociétés 
n'exerce pas d'activité régulière. Cette atomisation du tissu productif est 
particulièrement significative dans le secteur du documentaire : le nombre 
d’entreprises de production actives y était de 610 en 2012 d’après le CNC 
(contre 491 en 2005), dont 596 producteurs indépendants totalisant près 
de 90 % du volume de documentaires aidés. 
Toutefois, les données relatives au nombre de sociétés ne reflètent 
pas parfaitement le degré de concentration du secteur, en raison du rôle 
joué par les groupes. Le CNC a modifié en conséquence son indicateur de 
performance en 2012, en prenant en compte les liens capitalistiques entre 
les sociétés de production audiovisuelle. Il n’en reste pas moins que, sur 
le marché international de la production et de l'exportation des 
programmes audiovisuels, les groupes français sont loin de figurer parmi 
les premiers, alors même qu'ils bénéficient des volumes d’investissement 
encadrés parmi les plus élevés au monde. Ainsi, le palmarès des quarante 
premières sociétés de production européennes sur la période 2006-2010 
met en évidence la faible présence des entreprises françaises : seules huit 
y figurent, dont la première, Telfrance, apparaît à la neuvième place
114
. 
À titre de comparaison, l'Allemagne, qui recense 300 entreprises 
de production audiovisuelle
115
, figure au quatrième rang de ce classement 
(avec l'entreprise UFA Films), par ailleurs dominé par des sociétés 
britanniques. 
La multiplication du nombre d’entreprises n’empêche pas une 
relative concentration des commandes sur un petit nombre d’entre elles : 
6,3 % des 1 999 sociétés de production audiovisuelles répertoriées en 
114
Observatoire européen de l’audiovisuel – Annuaire 2011 tome 2. 
115
Source : ambassade de France en Allemagne. 
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112 
COUR DES COMPTES
2006 (soit 126 sociétés) réalisaient 62,5 % du chiffre d’affaires du 
secteur, et 8,8 % des entreprises de production audiovisuelles (soit 
63 entreprises) fournissaient, en 2007, 50 % des durées de production
116
. 
Les aides du CNC ont un effet ambivalent sur la structuration 
économique du secteur. Entre 2007 et 2012, la croissance du volume de 
soutien automatique versé aux sociétés de production (+ 26 %) a été plus 
forte que l’augmentation du nombre de sociétés bénéficiaires (+ 17 %). 
Néanmoins, entre 2001 et 2012, la part de soutien automatique notifiée 
aux dix premières sociétés a décru. Il semble donc que le dispositif de 
soutien automatique n’ait guère d’influence sur le renforcement du tissu 
productif, d’autant que, parallèlement, avec ses aides sélectives, le CNC 
encourage l'apparition de nouvelles sociétés. 
B - Un risque de dévoiement 
1 - 
Des obligations de production détournées de leur objet 
Les coûts de production ayant peu évolué au cours des dix 
dernières années
117
, l'augmentation des investissements des chaînes de 
télévision dans la production audiovisuelle traduit principalement une 
progression du volume de production liée à la multiplication des canaux 
de diffusion. Poursuivant une tendance déjà à l’oeuvre au cours de la 
décennie précédente, les documentaires et, dans une moindre mesure, les 
captations de spectacles vivants demeurent les principaux bénéficiaires de 
cette évolution, comme cela ressort du graphique ci-dessous. 
116
Ibid
., citant 
Statistiques d’entreprises des industries culturelles
- Ministère de la 
Culture et de la Communication (DEPS) / (EAE) INSEE / Sessi – décembre 2008. La 
différence de données avec le graphique retraçant ci-dessus le stock de sociétés de 
production audiovisuelle tient à l’utilisation de données au périmètre légèrement 
différent, l’INSEE ayant modifié sa nomenclature d’activités au cours de la période 
(NAF Rév1 de 2001 à 2007, NAF Rév2 ensuite), ce qui ne permet pas, notamment, 
d’obtenir une série homogène concernant les sociétés de postproduction audiovisuelle. 
117
Entre 2002 et 2012, le devis horaire moyen a baissé de 5 % pour les fictions et de 
7 % pour les programmes d'animation et les captations de spectacle vivant, mais 
augmenté de 12 % pour les documentaires et de 20 % pour les magazines. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
113 
Graphique n° 18 : évolution du volume horaire de programmes 
audiovisuels aidés entre 1992 et 2012 (en heures) 
Source : Cour des comptes, d'après données CNC. 
Cette évolution est corroborée par celle des investissements, qui, 
tout en étant importants dans la fiction, passant de 512 à 667 M€ entre 
1992 et 2012, baissent sensiblement en part relative : sur la même 
période, ils sont passés de 68 à 47 % des investissements totaux. 
Liée, pour partie, à l'émergence des nouvelles chaînes de la TNT et 
à leur participation croissante au financement de la production 
audiovisuelle, la forte augmentation des volumes produits dans le 
documentaire et le spectacle vivant résulte de l’arbitrage réalisé par les 
chaînes 
de 
télévision 
privées 
en 
vue 
d'optimiser 
la 
contrainte 
d'investissement qui pèse sur elles. 
Pour autant, les programmes de documentaire et de spectacle 
vivant ne représentent qu'une part mineure des grilles de programmes
118
et 
sont relégués, pour la plupart d'entre eux, à des cases horaires de faible 
audience
119
. La plupart des chaînes françaises partagent une stratégie 
éditoriale reposant, en matière de programmes patrimoniaux, sur une 
offre de fiction majoritairement américaine, dont l'acquisition correspond 
118
En 2011, les documentaires représentaient 11 % de l'offre de programmes des 
chaînes nationales gratuites et 5 % du temps d'écoute des téléspectateurs. 
119
En 2011, moins de 15 % des documentaires produits étaient diffusés en première 
partie de soirée sur les chaînes nationales. Bon nombre de documentaires, diffusés au 
sein de magazines, peuvent cependant être exposés à des horaires plus favorables. 
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
1992
1995
1998
2001
2004
2007
2010
documentaire
magazine
spectacle vivant
animation
fiction
Cour des comptes 
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114 
COUR DES COMPTES
à des investissements qui ne sont, par définition, pas éligibles aux 
obligations réglementaires. Ainsi, les séries américaines représentent 
94 % des fictions diffusées en première partie de soirée sur M6 en 2012, 
61 % sur TF1 et 47 % sur Canal + ; cette part est de 39 % sur France 2. 
2 - 
Le documentaire, un genre de plus en plus soutenu en raison 
d’une définition extensive 
La progression des volumes de documentaires aidés au cours des 
dernières années - près de 2 900 heures produites en 2012, niveau jamais 
égalé - n’est pas en rapport avec leur audience (11,5 % de l’offre de 
programmes des chaînes nationales gratuites en 2012 pour une audience 
de 5,7 %) ni avec leurs perspectives d’exploitation sur d’autres supports 
(le chiffre d’affaires du documentaire en vidéo était de 23 M€ en 2011 
contre 627 M€ pour la fiction et 133 M€ pour l’animation)
120
. 
L’augmentation du volume de documentaires est allée de pair avec 
un élargissement de l’acception du genre qu’ont permis, en dépit des 
précisions apportées pour restreindre leur périmètre, des interprétations 
relativement larges de la définition des oeuvres éligibles au COSIP
121
. 
Cette notion d’intérêt culturel est employée de manière très 
extensive, notamment dans le cas des documentaires de société, souvent 
intégrés à des magazines. En témoigne ainsi le soutien accordé à des 
productions comme 
Appels d’urgence : la beauté sur ordonnance
, 
documentaire commandé en 2006 par TF1 (soutien automatique : 
42 000 € sur un devis de 152 000 €, soit 28 %), 
Tellement vrai – Les 
excès de la chirurgie esthétique
en 2011 sur la chaîne NRJ12 (28 500 € 
d’aide sur un budget de 72 000 €, soit 40 %), 
À chacun son histoire : elles 
vivent seules
diffusé en 2011 sur Direct 8 (22 000 € sur un budget de 
72 000 €, soit 31 %) ou encore 
Parent solo cherche l’amour
, en 2011 sur 
M6 (36 000 € sur un devis de 133 000 €, soit 27 %). 
Or les documentaires de société représentent 58 % du volume total 
des documentaires aidés en 2012
122
et, pour certaines chaînes, une part 
importante de l’offre de documentaires (184 programmes aidés pour la 
chaîne NRJ 12, 472 sur France 2, France 3 et France 5, 116 sur M6). 
120
Cf. 
Le marché du documentaire en 2012
réalisée par le CNC et 
Le marché de la 
vidéo
, CNC, dossier n° 321, mars 2012. 
121
Ce sont des « oeuvres présentant un intérêt particulier d’ordre culturel, social, 
technique, scientifique ou économique, appartenant aux genres de la fiction, de 
l’animation, du documentaire de création, de la recréation ou captation de spectacles 
vivants, du magazine présentant un intérêt culturel et des vidéomusiques ». 
122
En 2012, les documentaires traitant de géographie et de voyages représentaient 
9 % du volume total, les programmes historiques 7 % et le spectacle vivant 5 %. 
Cour des comptes 
Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
115 
Cette évolution se trouve accentuée par l’apparition des nouvelles 
chaînes privées gratuites de la TNT qui se traduit par une forte 
augmentation des documentaires à bas coût : leurs investissements ont 
rapidement progressé pour atteindre, en 2012, 9 % des apports de 
l’ensemble des chaînes, correspondant à 19 % du volume horaire de 
documentaires (0,5 % en 2007). 
À la suite du rapport remis en mars 2012, 
Le documentaire dans 
tous ses états
, le CNC a annoncé en janvier 2014 une réforme du système 
d'aide aux documentaires, qui devrait permettre de « mieux répartir les 
aides en fonction de la valeur artistique », sur la base d’une majoration du 
soutien versé en fonction des efforts de développement réalisés par la 
société de production, du temps de fabrication de l’oeuvre, du temps de 
montage ou de la recherche de financements internationaux. Une telle 
réforme devra conduire à une vigilance accrue sur la définition du 
documentaire de création. 
3 - 
Une rigueur insuffisante des commandes de l’audiovisuel 
public 
Lors de son dernier contrôle de France Télévisions, la Cour a 
montré que « le régime juridique applicable aux achats de programmes 
audiovisuels ne favorise ni la transparence, ni la concurrence, et constitue 
une exception au sein du corpus réglementaire de la commande 
publique ». Elle soulignait aussi que « le dialogue singulier qui s’établit 
entre administrateurs et producteurs, mais aussi en amont entre 
responsables artistiques et producteurs, ne favorise pas la transparence, 
alors que le parcours professionnel de ces différents intervenants les 
conduit souvent à évoluer d’un côté et de l’autre de ces fonctions
123
». 
Depuis lors, plusieurs avancées notables sont intervenues : la 
politique d’audits des comptes de programmes mise en oeuvre
124
a permis 
d’obtenir des renégociations de certains prix de vente, en particulier des 
programmes de flux. L’avenant au contrat d’objectifs et de moyens signé 
en novembre 2013 inclut une disposition relative à la déontologie et à la 
123
Cour des 
comptes, 
Rapport publique thématique : France télévisions et la 
nouvelle télévision publique.
La Documentation française, octobre 2009, 230 p., 
disponible sur 
www.ccomptes.fr
. 
124
Cf. l’accord du 22 octobre 2008 relatif au financement de la production 
audiovisuelle patrimoniale indépendante signé entre France Télévisions et le syndicat 
des producteurs de films d’animation (SPFA), le syndicat des producteurs 
indépendants (SPI) et l’union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Le 
contrat d’objectifs et de moyens d’Arte 2012-2016 prévoit également un contrôle des 
coûts des productions et des audits annuels de 15 % de la production et des achats. 
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116 
COUR DES COMPTES
transparence dans les relations avec les producteurs, afin de garantir la 
rigueur et l’indépendance des choix éditoriaux. 
Il reste cependant à veiller à la formalisation rigoureuse des 
procédures d’achat concernant les programmes de stock, afin que soient 
garanties la traçabilité des processus décisionnels et la transparence des 
choix. De même, il importe que soit étendu à ces programmes l’usage de 
la banque de données des coûts mise en place pour les programmes de 
flux, afin que les chaînes du groupe disposent de tous les éléments de 
comparaison nécessaires lorsqu’elles négocient avec un producteur. 
Les commandes de France Télévisions sont adressées à un nombre 
de sociétés de production bien supérieur à celui que l’on peut observer 
pour les autres chaînes hertziennes historiques : en 2012, 130 sociétés ont 
concouru à produire de la fiction pour France Télévisions, alors que TF1 
travaille dans ce domaine avec 20 producteurs par an, dont 16 sociétés 
indépendantes, et M6 avec 8 producteurs, dont 5 indépendants. Cette 
politique ne figure pas parmi les objectifs du contrat d’objectifs et de 
moyens ou du cahier des charges
125
. 
Le morcellement de ces investissements paraît difficilement 
justifiable car il ne peut qu’aller à l’encontre de la constitution 
d’entreprises puissantes que la tutelle devrait inciter l’audiovisuel public à 
encourager. 
C - La fiction française : une baisse de la performance, 
des évolutions en cours 
Avec un coût de production de 667,4 M€ en 2012, la fiction, qui ne 
représente que 15 % du volume de production, concentre à elle seule près 
de la moitié des investissements dans la production audiovisuelle. 
1 - 
Un secteur peu performant 
Après plusieurs décennies de succès, la deuxième partie des années 
2000 a été globalement marquée par une dégradation continue des 
résultats d’audience et d’exportation des fictions françaises, au détriment 
des programmes étrangers, notamment américains. Depuis 2010, l’offre 
de fiction étrangère, majoritairement américaine, est plus abondante que 
l’offre de fiction française en première partie de soirée sur les chaînes 
nationales historiques. La fiction américaine de 52 minutes, qui comptait 
125
Cet objectif existait dans le précédent contrat d’objectifs et de moyens. Son cahier 
des charges impose désormais seulement à France Télévisions « d’assurer la diversité 
des investissements de la société dans la production audiovisuelle ». 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
117 
en 2005 pour 7 % des cent meilleures audiences de l’année sur les chaînes 
françaises, en représentait 90 % en 2010. L’augmentation du nombre de 
soirées 
de 
fiction 
étrangère 
est 
d’ailleurs 
moins 
imputable 
à 
l’augmentation de la fiction américaine qu’à celle de la fiction 
européenne non française et de la fiction d’autres nationalités, 
essentiellement canadienne
126
. Cette situation distingue la France de ses 
voisins européens : alors que les fictions nationales constituent les dix 
meilleures audiences de l’année au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie 
ou en Espagne, les fictions françaises sont, de manière récurrente, 
minoritaires parmi les dix meilleures audiences de fiction en France
127
. 
Graphique n° 19 : nombre de fictions françaises et étrangères parmi 
les 50 meilleures audiences de l’année, de 1998 à 2012 
Source : données CNC d’après Médiamétrie (ensemble de la journée, 4 ans et plus).
Les faibles performances de la fiction française concernent 
principalement la programmation grand public de journée et de première 
partie de soirée, certaines formes d’écriture et de contenus (en particulier 
le modèle des héros récurrents des chaînes historiques) ayant connu des 
échecs flagrants. Alors que les fictions de 52 minutes, prépondérantes 
parmi les oeuvres importées, constituent 93 des cent meilleures audiences 
de fiction en première partie de soirée en 2012, la production française est 
restée longtemps marquée par le poids relatif important, quoiqu’en baisse, 
des fictions de 90 minutes (44 % du volume horaire en 2002, 24 % en 
2012). 
Au-delà des effets liés à l’évolution de ces formats, le volume de 
fiction française produite reste particulièrement faible : il était de 
924 heures en 1990 et n’atteint que 768 heures en 2012. 
126
CNC, 
La diffusion de la fiction à la télévision en 2011
. 
127
Lettre n° 274 du CSA, septembre 2013. 
0
10
20
30
40
50
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
Fiction étrangère
Fiction française
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118 
COUR DES COMPTES
2 - 
Des évolutions en cours 
La situation de la production audiovisuelle française de fiction 
n’apparaît 
pas 
pour 
autant 
compromise. 
Marquée 
par 
un 
fort 
renouvellement générationnel, celle-ci dispose aujourd’hui de nombreux 
atouts : écoles de formation, qualité des industries techniques, chaînes de 
télévision ayant engagé une démarche volontariste de soutien à la fiction 
de qualité. Les bons résultats rencontrés depuis quelques années par les 
séries de format court en avant-soirée
128
et la fiction de première partie de 
soirée
129
illustrent d’ailleurs les perspectives de croissance que présente 
un tel secteur sur le marché national et à l’exportation. Dans ce contexte, 
l’amélioration récente des résultats à l’exportation de la fiction française 
(ventes et coproductions) est encourageante
130
. 
Accompagnant cette évolution, le CNC a modifié, en 2012, les 
coefficients de soutien à la production de fiction, sans opérer de réel 
revirement puisqu’il s’est agi de « favoriser le renouvellement et 
l’installation des séries sans pénaliser la production des unitaires ». Cette 
réforme augmente le niveau de l’aide dans la phase de démarrage pour la 
production de séries et instaure une dégressivité des aides au-delà d’un 
certain volume produit. Elle introduit enfin une bonification spécifique 
pour les premiers épisodes de séries de 45 à 52 minutes sur au moins six 
épisodes. Compte tenu des délais de mise en production de ces 
programmes, il est encore difficile d’en tirer un bilan. On remarque 
cependant un léger infléchissement dans les formats : en 2012, la fiction 
de 52 minutes devient le premier format de fiction avec 26,7 % des 
heures aidées
131
. 
Largement documentée, la faiblesse de la fiction française aux 
stades de l’écriture et du développement a conduit à modifier les 
obligations d’investissement des chaînes pour y remédier. Les dépenses 
en écriture et développement peuvent, explicitement depuis 2001, être 
comptabilisées au titre de ces obligations. En outre, un système de 
bonification pour les dépenses d’écriture n’ayant pas débouché sur une 
production a été institué. Des objectifs chiffrés en la matière figurent 
128
Scènes de ménage, Soda, Fais pas ci, fais pas ça, etc.
129
Les Revenants, Ainsi soient-ils, Engrenages, Un village français, etc.
130
L’exportation des programmes audiovisuels français à l’étranger en 2012
, 
CNC/TVFI, septembre 2013. 
131
Devant le 26 minutes (26,3 %), le 90 minutes (24,2 %) et le format court (22,8 %). 
La production audiovisuelle aidée en 2012
, CNC. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
119 
désormais dans les contrats d’objectifs et de moyens de France 
Télévisions et d’Arte
132
. 
Une réforme du soutien du CNC à la production de fiction a par 
ailleurs été engagée en 2012, dans le but de favoriser l’investissement sur 
les étapes préliminaires à la mise en production. Elle vise à élargir les 
possibilités d’emploi du soutien automatique à ce titre. Cette incitation a 
eu un effet visible, mais limité : le montant total des aides au 
développement d’oeuvres audiovisuelles a atteint 8 M€ en 2012, contre 
6 M€ en moyenne par an entre 2003 et 2012, ce qui reste faible. 
IV 
- 
Une réorientation nécessaire 
La promotion d’une offre de contenus audiovisuels créatifs et 
variés ainsi que d’un appareil productif national aux performances 
accrues pourrait être plus directement visée par le soutien public. À cet 
effet, le régime des obligations des chaînes devrait constituer pour ces 
dernières un cadre mieux ciblé, plus incitatif, et davantage orienté vers la 
meilleure exploitation des programmes dans leur diversité. Les soutiens 
apportés par le CNC, pour leur part, pourraient être plus nettement 
orientés vers les buts qui sont en principe déjà les leurs : la consolidation 
du secteur et l’aide au renouvellement de la création. 
A - Un meilleur ciblage des obligations d’investissement 
1 - 
Le recentrage sur la production d’oeuvres audiovisuelles 
patrimoniales 
Conçues pour garantir un niveau de production audiovisuelle 
nationale élevé et permettre la naissance de structures productives 
indépendantes et compétitives, les obligations d’investissement des 
chaînes de télévision ont dupliqué, dans le secteur audiovisuel, un 
dispositif d’abord imaginé pour le cinéma. Ce faisant, le régime des 
obligations a permis, pendant près de trente ans, d'alimenter la 
programmation télévisuelle en programmes variés d'intérêt culturel, pour 
l'essentiel en langue originale française. 
132
Une charte du développement a été adoptée par France Télévisions le 
4 juillet 2011. Le contrat d’objectifs et de moyens prévoit que la part des dépenses de 
production consacrée à l’écriture et au développement est supérieure à 2 % à partir de 
2011, puis chaque année supérieure à l’année précédente. Celui d’Arte prévoit une 
proportion de 3,8 % en 2013 (4 % en 2016). 
Cour des comptes 
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120 
COUR DES COMPTES
Comme on a pu le voir, ce régime manque aujourd'hui une partie 
de ses objectifs : il contribue à entretenir un tissu industriel fragmenté 
limitant, dans les faits, l’indépendance des producteurs que le législateur 
souhaitait promouvoir. En outre, l’ouverture du paysage audiovisuel à de 
nouvelles chaînes, dont l’économie est plus fragile, a eu pour effet 
d'orienter leurs investissements encadrés vers les genres les moins 
coûteux. 
Sous réserve d’une adaptation du niveau de contribution des 
éditeurs de services, une réduction du régime des obligations aux seules 
oeuvres patrimoniales, pour l’ensemble des diffuseurs, accompagnée d’un 
resserrement de la définition de ces oeuvres, paraît de nature à viser plus 
directement l’objectif de production et de diffusion de contenus français 
et européens qui conservent, après leur première diffusion, une valeur 
économique et culturelle significative. 
Afin de prévenir et de limiter les dérives et d’assurer la diversité 
des genres produits, la Cour recommande donc de limiter les obligations 
en matière de production audiovisuelle qui sont imposées aux diffuseurs 
au seul registre des oeuvres patrimoniales
133
, en adaptant en conséquence 
le niveau de contribution de ceux-ci. Elle recommande aussi de parvenir, 
en concertation entre le CNC et le CSA, à une définition plus sélective du 
documentaire susceptible d’être défini comme une oeuvre audiovisuelle et 
donc soutenu et comptabilisé au titre des obligations
134
. 
2 - 
L’introduction de souplesse dans les bases de calcul 
Pour 
autant, 
la 
réduction 
du 
régime 
des 
obligations 
d’investissement aux seules oeuvres audiovisuelles patrimoniales ne doit 
pas faire obstacle à la nécessaire conciliation de l’intérêt économique des 
chaînes avec leur contribution à la création audiovisuelle. Une souplesse 
accrue dans le choix de la période de référence et de la base de calcul de 
ces obligations permettrait aux éditeurs d’arbitrer entre différentes 
modalités de contrainte, et d’adapter leur mise en oeuvre à leurs modèles 
économiques et à leurs choix éditoriaux. 
La possibilité a été ouverte, lors des négociations qui ont conduit à 
la révision des décrets « Tasca » en 2010, de comptabiliser les obligations 
d’investissement dans la production audiovisuelle au niveau des groupes 
133
Ce n’est pas le cas pour toutes les chaînes, la chaîne M6 ayant notamment la 
possibilité de faire comptabiliser au titre de ses obligations d’investissement des 
programmes de flux. 
134
Décret n° 90-66 du 17 janvier 1990, 3° de l’article 27 de la loi du 30 septembre 
1986 et décret n° 95-110 du 2 février 1995. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
121 
audiovisuels plutôt que de les calculer à l’échelle de chaque chaîne
135
. Il 
est sans doute possible de comptabiliser également au niveau du groupe 
les obligations en matière cinématographique, au besoin en généralisant 
les clauses de diversité pour limiter les phénomènes de concentration sur 
quelques oeuvres aux budgets très élevés. 
Le calcul des obligations d’investissement sur le chiffre d’affaires 
de l’année en cours, plutôt que sur le chiffre d’affaires de l’exercice 
précédent, est jugé techniquement faisable par le CSA, et permettrait 
d’adapter plus finement ces obligations aux évolutions du cycle 
économique, qui se traduisent notamment dans les recettes publicitaires. 
Les possibilités, déjà ouvertes aujourd’hui, de report d’une fraction des 
obligations d’un exercice sur l’autre offriraient la possibilité de s’en 
acquitter avec la souplesse nécessaire. 
Concernant l’audiovisuel public, compte tenu de la complexité des 
calculs de l’assiette, et pour sécuriser le maintien d’un investissement 
élevé dans un contexte d’incertitude sur ses recettes à la suite de la 
suppression de la publicité après 20 heures, le choix a été fait d’inscrire 
une obligation en valeur absolue dans le contrat d’objectifs et de moyens 
de France Télévisions. Cette décision a été entérinée en 2009 par une 
disposition législative
136
. En vertu de l’avenant signé en novembre 2013, 
le montant de ces obligations s’établira désormais à 400 M€ pour la 
création audiovisuelle et à 57 M€ pour le cinéma, sans qu’il soit certain 
que cette évolution corresponde à la réalité économique dans un contexte 
de réduction des ressources de la télévision publique. De même, Arte 
s’est vu assigner dans son contrat d’objectifs et de moyens des objectifs 
chiffrés en valeur absolue pour l’ensemble de son engagement dans la 
production audiovisuelle, cinématographique et multimédia européenne 
(78,5 M€ en 2013, 86 M€ en 2016). 
135
La lettre de mission adressée par le Président de la République à la ministre de la 
culture et de la communication le 1
er
août 2007 prévoyait en effet « une remise à plat 
des dispositions législatives et réglementaires qui s’appliquent au secteur de 
l’audiovisuel », dont l’objectif devait être de « supprimer les incohérences croissantes 
de la législation actuelle et de permettre l’émergence de groupes de communication 
audiovisuelle français de premier plan, capables de structurer une industrie française 
puissante des contenus et d’affronter les nouveaux défis liés à la multiplication des 
canaux de distribution ». 
136
Article 28 de la loi n° 2009-258 du 5 mars 2009. 
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122 
COUR DES COMPTES
La Cour a déjà eu l’occasion de souligner
137
que « le financement 
de la production est moins le reflet d’une stratégie industrielle du groupe 
que d’un mode de régulation du secteur de la production audiovisuelle par 
l’État à travers ses entreprises publiques. Ces exigences particulières 
ajoutent aux objectifs de service public assignés à France Télévisions des 
obligations de moyens, qui répondent aux enjeux économiques d’un 
secteur distinct et souvent contradictoires avec les intérêts du 
groupe ». 
Le risque de l’application de cette obligation de moyens est en 
effet la déconnexion entre ces investissements imposés et les besoins 
effectifs des chaînes du service public. Sans être une solution idéale, la 
règle de la proportionnalité qui vaut pour les diffuseurs privés est plus 
opérante 
que 
la 
révision 
ponctuelle, 
par 
avenant, 
du 
montant 
contractuellement fixé. 
En tout état de cause, il n’apparaît pas souhaitable de conserver, de 
façon pérenne, la définition d’obligations d’investissement en valeur 
absolue. Les obligations des chaînes du service public gagneraient au 
contraire à être définies seulement en proportion de leur chiffre d’affaires, 
afin de garantir une évolution du montant de ces engagements qui soit 
conforme à leurs besoins de programmation et indexée sur la capacité des 
diffuseurs publics à les honorer. 
3 - 
Un cadre juridique à simplifier 
Plus généralement, le cadre juridique des obligations gagnerait à 
être simplifié. La révision en 2010 des décrets de 1990 modifiés en 2001 
a été précédée d’une large concertation avec les professionnels du secteur 
de l’audiovisuel
138
. Bien que la transposition réglementaire d’accords 
professionnels permette sans doute de rendre compte au plus près de 
l’évolution des attentes de chacune des parties prenantes, elle comporte 
aussi l’inconvénient d’aboutir à une réglementation extrêmement 
complexe, qui entérine une disparité de situations entre les différents 
types d’éditeurs et l’équilibre des forces en présence lors de la 
négociation des textes. 
Cette complexité ne cesse de s’accroître, par l’effet de plusieurs 
facteurs : 
-
chaque chaîne fait valoir lors de la négociation les contraintes 
liées à sa programmation spécifique et sollicite donc un 
137
Cour des comptes, 
Rapport public thématique : France Télévisions et la nouvelle 
télévision publique
. La Documentation française, octobre 2009, 230 p., disponible sur 
www.ccomptes.fr 
138
Décrets n° 2010-416 du 27 avril 2010 et n° 2010-747 du 2 juillet 2010. 
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LE SOUTIEN À LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE : DES PERFORMANCES SANS 
RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
123 
traitement particulier – cette différenciation ayant abouti, dans 
le décret du 2 juillet 2010, à faire figurer des dispositions qui ne 
sont applicables qu’à un seul diffuseur
139
; 
-
le paysage de la diffusion se renouvelle du fait de l’arrivée 
d’autres chaînes, répondant à des typologies inédites et dont les 
décrets ne peuvent anticiper les modalités d’assujettissement 
aux obligations ; 
-
les opérateurs nouveaux, qui n’étaient pas représentés par les 
organisations professionnelles parties aux accords précédents, 
ne peuvent être assujettis à ce régime sans une nouvelle 
négociation
140
. 
Ainsi que le regrette le CSA, la liste des dépenses prises en compte 
au titre de l’obligation d’investissement, outre qu’elle diffère selon la 
nature des diffuseurs (services en clair, services payants de cinéma et 
autres services payants), est désormais très hétérogène à l’intérieur de 
chacune de ces catégories
141
. En outre, à mesure que la réglementation se 
modifie, les assiettes de calcul des obligations d’investissement 
concernant 
la 
production 
cinématographique 
et 
la 
production 
audiovisuelle ne sont plus harmonisées. Pour le seul calcul des 
obligations d’investissement dans la production audiovisuelle, les décrets 
permettent par exemple aux éditeurs de déduire de leur chiffre d’affaires 
net ou de leurs ressources totales nettes certaines recettes de promotion 
(« échanges marchandises »). À l’inverse, les recettes issues de la 
télévision de rattrapage sont prises en compte dans l’assiette de la 
contribution à la production audiovisuelle depuis 2010, mais pas dans 
celle de la contribution à la production cinématographique, alors même 
qu’une offre cinématographique, certes encore peu développée, existe sur 
ce canal de diffusion. L’accumulation des strates de réglementation peut 
également conduire à créer des zones de discontinuité dans leur 
application
142
. 
Alors que les décrets pris pour son application ont, ainsi que la loi 
de 1986 le rappelle, pour seul objet de fixer « les principes généraux 
139
L’article 26 du décret n° 2010-74, qui distingue les services diffusant chaque année 
plus ou moins 150 heures de captation ou de recréation de spectacles vivants aux 
heures de grande écoute, détermine ainsi les situations respectives de Paris Première 
et de TF6. 
140
À titre d’exemple, aucun régime de contribution spécifique n’est prévu dans le cas 
où naîtrait une chaîne musicale en TNT payante. 
141
Deux années d’application de la réglementation de 2010 relative à la contribution 
des éditeurs de services de télévision au développement de la production 
audiovisuelle
, janvier 2013. 
142
Ainsi, aucune disposition en faveur de la production inédite n’est applicable à un 
éditeur de services en clair dont le chiffre d’affaires se situerait entre 300 et 350 M€. 
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124 
COUR DES COMPTES
définissant 
les 
obligations », 
leur 
niveau 
de 
détail 
s’est 
donc 
considérablement accru à mesure des révisions successives. Il n’est donc 
pas étonnant d’y trouver des dispositions qui ne sont pas du niveau 
réglementaire mais qui mériteraient seulement de figurer dans les 
conventions des chaînes avec le CSA. 
Le degré de complexité atteint est tel que, lors de l’examen des 
textes en 2010, le Conseil d’État a adressé une note au Gouvernement 
pour faire part de sa crainte de voir cette complexité, qui soulève de 
graves questions « d'effectivité et d'adaptation au monde très évolutif de 
la communication audiovisuelle », nuire à l'intelligibilité du texte, rendre 
plus difficile son application et son contrôle et faire obstacle à 
l’évaluation précise de la performance de ses différentes prescriptions, 
tout en fragilisant la sécurité juridique et en faisant peser un risque sur le 
principe d'égalité devant le régime des obligations
143
. 
Il y a lieu de se demander si les objectifs poursuivis justifient une 
telle complexité. Dès lors, la prochaine révision de la réglementation 
pourrait être saisie comme une occasion de distinguer plus nettement, 
parmi les obligations des éditeurs de contenus, ce qui relève 
respectivement de la loi (le principe des obligations), du décret en Conseil 
d'État (leur niveau), de la convention passée avec l'autorité de régulation 
(la déclinaison de ces obligations pour chaque chaîne) et de l'accord entre 
professionnels (les travaux préparatoires à l’adoption des textes). 
Au-delà de ces aménagements de court terme, une réflexion doit 
être menée sur l’avenir des obligations assignées aux diffuseurs dans le 
cadre d’une économie numérique mondialisée (cf. chapitre IV). 
B - Un meilleur équilibre à trouver entre producteurs et 
diffuseurs 
1 - 
L’explicitation de la marge des producteurs 
Le modèle de financement de la production audiovisuelle pousse 
aujourd’hui les producteurs à se rémunérer au stade de la production, via 
la marge qu’ils en retirent, plutôt que par l’exploitation de l’oeuvre. Les 
clauses d’audience, permettant une rémunération du producteur en 
fonction de la popularité du programme, sont rares en matière de 
programmes de stock et demeurent peu incitatives. La revente sur un 
second marché, après la première phase de diffusion exclusive, est 
faiblement 
rémunératrice. 
Les 
producteurs 
audiovisuels, 
qui 
ne 
remplissent généralement pas la ligne « marge producteur » dans les 
143
N° 383.906, séance du mercredi 26 mai 2010. 
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RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
125 
informations communiquées au CNC, se rémunèrent donc sur les 
dépenses prévisionnelles des programmes, figurant dans les postes « frais 
généraux » et « imprévus » des devis. 
L’absence de normalisation des devis accentue le manque de 
transparence en la matière, qui n’est pas encore résolu par les démarches 
ponctuelles de définition de normes et d’audits 
a posteriori
diligentés par 
certaines chaînes. Alors que l’accord du 16 décembre 2010 relatif à la 
transparence dans la filière cinématographique, étendu à toute entreprise 
de production cinématographique par l’arrêté du 7 février 2011, a permis 
de préciser les notions qui président à la définition des coûts, des recettes 
et des modalités d’amortissement des oeuvres, chaque chaîne négocie en 
matière audiovisuelle son propre contrat-type avec les syndicats de 
producteurs. Il reste donc encore à concevoir un référentiel professionnel 
commun. 
2 - 
L’enjeu de l’exploitation des oeuvres 
L’explosion des modes de diffusion confère aux droits attachés à 
l’exploitation des oeuvres le caractère d’une ressource rare dont le 
contrôle et la valorisation deviennent un enjeu central pour les acteurs du 
système. Les chaînes ont donc pour objectif la constitution de catalogues 
et la maîtrise des droits, via l’acquisition et l’exploitation dans la durée de 
programmes identifiants. 
À cet effet, les diffuseurs revendiquent une évolution du droit qui 
leur permettrait de disposer d’une plus grande maîtrise des oeuvres 
audiovisuelles financées, que ce soit en termes de supports de diffusion, 
de nombre de diffusions ou de possibilité de valorisation des oeuvres à 
l’exportation, alors que le régime actuel a pour effet de concentrer les 
droits dans les mains des producteurs. La chaîne Arte estime ainsi que, 
« à l’heure où la rareté ne réside plus dans les moyens de diffusion, mais 
dans les moyens de production, la réglementation pesant sur les chaînes 
privées (relative aux liens capitalistiques avec les sociétés de production 
et aux parts de coproduction qui peuvent être détenues) n’est plus 
forcément adaptée
144
»
. 
Les producteurs ne sont pas de cet avis. Ils soulignent que le 
transfert d’une part plus importante de droits de diffusion aux groupes 
audiovisuels comporte un risque en matière de circulation des oeuvres, car 
elle peut amener ceux-ci à geler les droits d’oeuvres qu’ils ont contribué à 
financer et qu’ils craignent de voir diffusées sur une chaîne concurrente. 
144
Audition du 11 janvier 2013 devant la mission conduite par M. Pierre Lescure sur 
l’exception culturelle à l’ère du numérique. 
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126 
COUR DES COMPTES
Le président de France Télévisions a d’ailleurs reconnu que, « dans une 
situation concurrentielle exacerbée, les diffuseurs seront amenés à freiner 
la circulation des oeuvres dans lesquelles des sommes considérables ont 
été investies, et qui constituent pour nombre d’entre elles une marque 
identitaire
145
». 
Les producteurs s’inquiètent donc de voir les groupes 
audiovisuels concentrer leurs investissements dans quelques oeuvres 
susceptibles de rassembler un maximum de spectateurs, tout en limitant 
leur circulation par une appropriation croissante des mandats de diffusion. 
Le droit existant est néanmoins susceptible d'apporter des garanties 
suffisantes à la circulation des oeuvres, à condition d'être pleinement 
appliqué : pour accroître la fluidité de la circulation des droits sur les 
oeuvres, notamment entre éditeurs historiques et éditeurs de la TNT, les 
dispositions réglementaires confient aux accords professionnels la 
responsabilité de déterminer l’étendue des droits cédés par les 
producteurs aux diffuseurs, par genre d’oeuvres audiovisuelles. 
Aujourd’hui, les limitations du délai d’exploitation des oeuvres et 
du nombre de diffusions autorisées permettent en principe aux sociétés de 
production de proposer leurs oeuvres sur le second marché et de maîtriser 
le degré d’exposition des oeuvres et donc la préservation de leur 
attractivité. Une clause de libération anticipée des droits a été introduite 
dans les obligations de certains diffuseurs, afin d’équilibrer les 
revendications d’exclusivité de la diffusion et de rapidité de circulation 
des programmes. N’étant pas coproducteur de l’oeuvre, l’éditeur n’a de 
maîtrise sur le destin ultérieur de l’oeuvre qu’à travers la clause de 
premier refus
146
. 
Si elle est devenue plus fluide au sein des groupes de chaînes, la 
circulation des oeuvres sur le marché secondaire au-delà de la première 
phase 
d’exclusivité 
reste 
cependant 
très 
limitée 
entre 
groupes 
audiovisuels, et les chaînes non adossées à un diffuseur hertzien 
historique 
rencontrent 
des 
difficultés 
d'accès 
aux 
oeuvres
147
. 
En 
conformité avec les dispositions du code de la propriété intellectuelle
148
, 
le décret du 1
er
avril 2011 a d’ailleurs introduit une obligation, pour les 
145
Lettre à la ministre de la culture et de la communication du 13 décembre 2007. 
146
En vertu de l’accord signé le 22 octobre 2008 avec les syndicats de producteurs, 
France Télévisions dispose par exemple, à l'issue de sa période de droits, d'un droit de 
premier et de dernier refus sur le rachat de droits de diffusion sur les fictions qu'elle a 
commanditées et pour lesquelles son apport est supérieur à 50 % du budget. 
147
Contribution à la réflexion sur la circulation des oeuvres audiovisuelles
, CSA, 
juillet 2010. 
148
Article L. 132-27 du code de la propriété intellectuelle : « Le producteur est tenu 
d'assurer à l'oeuvre audiovisuelle une exploitation conforme aux usages de la 
profession ». 
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127 
entreprises de production, « d'assurer une exploitation durable de l'oeuvre 
en cohérence avec sa vocation patrimoniale ». La définition plus précise 
de cette obligation reste à établir par les organisations professionnelles. 
L'ouverture de la négociation, prévue par la loi
149
, devrait donc être 
engagée dans les meilleurs délais. 
3 - 
Le choix du modèle de production 
Dans ce contexte, la possibilité récemment ouverte
150
pour les 
chaînes de détenir des parts de coproduction, y compris sur leurs 
investissements dans la production indépendante, en contrepartie d’une 
limitation de la détention de certains mandats par leurs filiales de 
distribution, pourrait permettre de parvenir à un équilibre entre la volonté 
des chaînes de s’approprier certaines séries constitutives de leur marque 
et l’objectif de circulation des programmes sur différents supports de 
diffusion. 
Le rapport rendu le 17 décembre 2013 par M. Laurent Vallet à la 
ministre de la culture et de la communication trace les grandes lignes de 
ce nouvel équilibre. Dans le respect des principes énoncés par l’Autorité 
de la concurrence
151
, et sous l’égide du ministère de la culture et de la 
communication et du CSA, il appartient désormais à la négociation 
professionnelle de déterminer la nature et la durée des droits de diffusion 
détenus par les éditeurs en fonction de leur niveau de contribution 
financière, les critères de définition de l’oeuvre indépendante ainsi que 
l’éventuelle participation des chaînes, en tant que coproducteurs, au coût 
de la recherche et développement qui incombe aujourd’hui entièrement 
aux producteurs indépendants. 
Ces évolutions devraient permettre de distinguer plus clairement 
des notions trop souvent confondues, telles que l’indépendance artistique 
des producteurs vis-à-vis des diffuseurs, l’indépendance capitalistique des 
sociétés de producteurs par rapport aux groupes audiovisuels, et 
l’indépendance des oeuvres, définie en fonction de la détention ou non de 
parts de coproduction par les chaînes de télévision. 
149
Loi n° 2009-669 du 12 juin 2009 : « Les organisations représentatives des 
producteurs, les organisations professionnelles d'auteurs et les sociétés de perception 
et de répartition des droits […] peuvent établir conjointement un recueil des usages de 
la profession. » Cf. le rapport de Pierre Lescure, 
Contribution aux politiques 
culturelles à l’ère numérique
, 2013, p. 69. 
150
Loi du 15 novembre 2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public. 
151
Décisions n° 99-D-85 du 22 décembre 1999 (TF1) et 12-DCC-101 du 
2 juillet 2012 (Vivendi et Groupe Canal Plus). 
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128 
COUR DES COMPTES
Plus largement, les réflexions sur ce sujet ne peuvent être 
dissociées de la problématique plus générale du modèle économique de 
production audiovisuelle. 
Le modèle qui prévaut aujourd’hui cumule en effet à la fois les 
inconvénients de la production déléguée (incertitude du producteur sur sa 
rémunération, absence d’association de la chaîne de télévision à 
l’exploitation de l’oeuvre)
152
et ceux de la production exécutive 
(dépendance économique du producteur vis-à-vis des chaînes, faible 
incitation des diffuseurs à l’innovation). Or cette ambiguïté freine le 
développement d’une production audiovisuelle qui bénéficierait d’une 
marge commerciale claire en échange d’une cession de droits, tout autant 
que le développement d’un modèle de production audiovisuelle 
volontairement risquée, financée à son coût de revient par la chaîne mais 
pour laquelle le producteur serait détenteur des droits secondaires et ferait 
le choix de se rémunérer grâce aux recettes d’exploitation ultérieures. Les 
discussions interprofessionnelles à engager ne devraient donc pas 
s’interdire d’évoquer le choix de modèle plus large de production 
audiovisuelle. 
C - Un enjeu d’orientation et de niveau des aides 
publiques 
La politique de soutien aux oeuvres audiovisuelles s’appuie sur un 
ensemble d’aides dont l’accès est très ouvert et qui favorise la création de 
nouvelles entreprises. Sans remettre en cause le principe d’aides versées 
sous une forme automatique ou sélective, une réorientation n’en paraît 
pas moins nécessaire pour atteindre plus efficacement les objectifs de 
cette politique. Celle-ci passe notamment par un resserrement des 
conditions d’octroi de ces aides et par une adaptation des programmes à 
la demande française et internationale. 
152
La réglementation a ouvert en 2010 la possibilité d’un droit à recettes pour 
l’éditeur, même en l’absence de détention de part de producteur. Compte tenu des 
délais de mise en production et d’exploitation des oeuvres, l’impact de la mesure ne 
peut être encore pleinement apprécié, mais celle-ci risque de rester lettre morte si les 
relations entre éditeurs et producteurs concernant les comptes de gestion des 
programmes financés ne gagnent pas en transparence.
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RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
129 
1 - 
Une efficacité limitée des aides, simple accompagnement des 
commandes des chaînes 
Le CNC considère que le producteur doit pouvoir s’appuyer sur les 
aides à la production audiovisuelle pour « conserver une capacité de 
proposition et de lancement des projets » et garantir « une liberté 
éditoriale forte dans ses discussions avec les diffuseurs, au bénéfice de la 
création et de son renouvellement ». 
Ce dispositif de soutien soulève néanmoins deux questions au 
regard de son efficacité : 
-
dans la mesure où il ne représente, en particulier dans la fiction, 
qu’une faible fraction du financement des oeuvres, il emporte 
un effet potentiel d’aubaine pour des oeuvres qui peuvent déjà 
structurellement compter sur l’apport d’un diffuseur ; 
-
dès lors qu’il s’inscrit dans une politique contrainte de 
commande 
des 
chaînes 
liée 
à 
leurs 
obligations 
d’investissement, il risque finalement de s’apparenter à une 
subvention venant en atténuation de la charge qui pèse sur 
celles-ci, sans emporter d’effets notables sur la structuration et 
la compétitivité du secteur de la production. 
Dans les faits, les aides octroyées par le CNC suivent, voire 
accentuent, la structure de commande des diffuseurs, et bénéficient 
indifféremment à tout producteur obtenant un nombre suffisant de 
commandes. Le risque existe donc que l’effet des aides automatiques soit 
neutre. 
2 - 
Favoriser la consolidation du secteur 
Le soutien automatique à la production audiovisuelle, dans sa 
version actuelle, a manqué son objectif de consolidation du secteur de la 
production audiovisuelle. Une évolution de ses conditions d’éligibilité et 
de versement pourrait permettre de viser plus directement cet objectif. 
Afin de pouvoir inverser la tendance à l’émiettement du secteur de 
la production audiovisuelle, il pourrait être recommandé de conditionner 
les aides automatiques, au moment de la génération du soutien, à l’apport 
d’une part plus importante par le producteur et non plus seulement à 
l’apport minimal d’un diffuseur. Ce type de condition serait de nature à 
faciliter la concentration des acteurs. Un apport minimal de 20 % du 
devis, voire davantage selon les genres, pourrait être opportunément 
envisagé (dans le secteur de l’animation, l’apport des producteurs est de 
21 % en moyenne en 2012). Pour renforcer les contraintes d’accès au 
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130 
COUR DES COMPTES
soutien automatique, il pourrait également être envisagé de relever le 
seuil d’ouverture d’un compte automatique
153
. 
3 - 
Prendre en compte les résultats obtenus et la dimension 
internationale dans l’octroi des aides 
À la différence des mécanismes de soutien développés en matière 
cinématographique, les aides aux oeuvres audiovisuelles sont calculées 
sans considération de l’audience obtenue lors de leur diffusion, le 
principe d’un passage à l’écran permettant à lui seul de rendre une oeuvre 
éligible dès lors qu’elle remplit les critères de contenu et de financement 
évoqués plus haut. 
Pour justifier cette absence de prise en compte de l’audience dans 
le calcul du soutien versé, le CNC invoque plusieurs raisons, qui tiennent 
à des questions de principe et de faisabilité technique. Il souligne surtout 
que « l’ensemble de l’économie de la diffusion télévisuelle est 
spontanément orienté vers la performance d’audience » et que « le rôle 
des pouvoirs publics n’est pas d’accentuer cette tendance mais de la 
rendre compatible avec une offre de qualité proposée au public ». Le CSA 
partage ces objections, rappelant que « l’audience n’est pas à elle seule un 
gage d’intérêt culturel du programme ». 
Plusieurs pistes pourraient cependant être explorées pour influer 
sur les stratégies de programmation des diffuseurs, en combinant 
clairement les objectifs de qualité et de diffusion aussi large que 
possible : 
-
un critère lié au succès d’audience par rapport à la part 
d’audience moyenne constatée au même horaire pourrait être 
introduit ; il viendrait s’ajouter, sous forme de bonus, aux droits 
générés en fonction des modalités de calcul actuelles. Il est vrai 
qu’il n’existe pas encore de mesure d’audience universelle pour 
la télévision : une vingtaine de chaînes seulement sur plus de 
200 qui diffusent des oeuvres éligibles aux aides du CNC 
disposent de données d’audience fiables par programme, 
émises par une société privée. Les nouveaux outils développés 
153
Aujourd’hui, un producteur peut obtenir l’ouverture d’un compte automatique si le 
soutien auquel il peut prétendre, calculé en fonction de la nature et de la durée de ses 
oeuvres déjà diffusées, atteint au moins l’un des seuils suivants : 168 000 € (fiction), 
50 000 € (documentaire ou spectacle vivant), 31 000 € (animation). 
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RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
131 
depuis quelques années pourraient cependant permettre, à 
terme, de surmonter cet obstacle
154
; 
-
les résultats obtenus dans le cadre d’un baromètre de 
satisfaction des téléspectateurs, sur le modèle de l’étude 
QualiTv réalisée par France Télévisions, pourraient s’intégrer 
au baromètre de perception de la qualité des programmes 
développé par le CSA depuis janvier 2013. La mesure de la 
satisfaction des téléspectateurs à un niveau aussi fin et exhaustif 
que l’ensemble des oeuvres éligibles aux aides du CNC 
(5 151 heures de programmes en 2012) présente cependant le 
risque d’être particulièrement lourde et coûteuse à mettre en 
place ; 
-
une bonification du soutien pourrait être introduite à chaque 
diffusion supplémentaire d’un programme, témoignant d’une 
estimation positive par la chaîne de l’audience à attendre de la 
rediffusion, cette option paraissant techniquement plus facile à 
mettre en oeuvre. 
S’agissant de cette dernière proposition, le CSA considère qu’elle 
devrait « s’accompagner d’une condition tenant à l’horaire de rediffusion 
car les éditeurs, notamment les chaînes récentes de la TNT, procèdent 
spontanément aux rediffusions de leurs programmes. » Le CNC estime 
qu’il ne s’agirait que d’une mesure « très indirecte » du succès. 
Il n’en est pas moins souhaitable que la sanction du public 
intervienne dans le processus d’attribution du soutien à la production 
audiovisuelle. Une bonification en fonction des rediffusions aux heures 
de grande écoute et des ventes de droits en France ou à l’étranger pourrait 
ainsi récompenser le succès de certaines productions. 
4 - 
Cibler les aides sélectives sur le renouvellement des formes de 
création 
La créativité, en matière culturelle, est souvent le fait de petites 
structures, il n’en reste pas moins que les aides sélectives à la production 
audiovisuelle ont entretenu un tissu d’entreprises particulièrement 
fragmenté. 
154
L’entreprise Médiamétrie produit des rapports quotidiens sur les chaînes de la 
TNT. La mesure d’audience de la télévision auprès des personnes recevant une offre 
de chaînes via le câble, le satellite et l’ADSL (Mediamat’Thématik), ne couvrait en 
2012 que 58 % de la population française. Les chaînes locales ou diffusées sur 
internet font encore l’objet de peu d’études, même si le CNC a mis en place, depuis 
2010, deux nouveaux baromètres mensuels sur l’offre et l’usage de la télévision de 
rattrapage. 
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132 
COUR DES COMPTES
Une partie des aides sélectives correspond certes à des avances 
accordées sur le soutien automatique à des sociétés en croissance. De 
même, une partie des soutiens sélectifs répond à des besoins identifiés, en 
particulier l’émergence de nouvelles formes d’écriture et de création 
(aides aux pilotes, aide à la création numérique, fonds d’aide à 
l’innovation audiovisuelle). L’essentiel de ces soutiens contribue 
cependant à la création de nouvelles sociétés de production, sans qu’il 
soit démontré qu’elles constituent un gage de diversité supérieur à une 
structure de marché plus consolidée. Il est frappant de constater à cet 
égard que la phase de développement des programmes, identifiée comme 
cruciale, ne soit que si faiblement soutenue comparativement à la 
production
155
, laquelle intervient pourtant à un stade où un diffuseur est 
déjà engagé, souvent de manière significative, dans le financement du 
programme. 
Plus largement, une réflexion doit être conduite sur le rôle dévolu 
aux aides sélectives du CNC, compte tenu du déplacement de la demande 
vers de nouveaux supports et de la nécessité d’anticiper les évolutions des 
formes de création sur les nouveaux médias. Les dispositifs qui leur sont 
consacrés (10,8 M€) ne représentent actuellement qu’un faible volume 
financier par rapport à l’ensemble des moyens alloués par le CNC au 
développement et à la production de programmes commandés par les 
médias traditionnels. 
Dans cette perspective le bilan de l’application du soutien 
automatique « Web COSIP » (2,2 M€ en 2012) et des différents 
dispositifs créés ces dernières années pour soutenir la création sur les 
nouveaux médias (aide sélective aux nouveaux médias, dispositif d’aide à 
la création artistique multimédia, RIAM, notamment) et dont le budget 
n’est pas entièrement consommé, pourrait être élargi à l’ensemble des 
aides sélectives à la production audiovisuelle. 
155
Les soutiens du CNC consacrés à la phase d’écriture et de développement en 
matière audiovisuelle représentent environ 8 M€, soit à peine 5 % des aides versées. 
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RAPPORT AVEC LES MONTANTS INVESTIS 
133 
L’objectif recherché devrait être de réduire le nombre des 
mécanismes d’aide sélective, d’en redéployer une partie vers ces 
nouveaux dispositifs, et d’en simplifier les critères d’éligibilité. Une 
majoration du soutien automatique attribué au titre du « Web COSIP » 
pourrait également contribuer à dynamiser l’offre française en la matière, 
par exemple par l’intermédiaire d’une valorisation des projets destinés à 
plusieurs supports de diffusion
156
, ce qui pourrait inciter à prendre en 
considération, dès la production, les possibilités d’innovation des 
contenus et de leurs modalités de diffusion. 
__________ 
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 
________ 
Le dispositif de soutien à la production audiovisuelle, conçu en 
France sur le modèle des aides attribuées en matière cinématographique, 
est sans équivalent en Europe. Il donne une place centrale à la 
production indépendante, confortée par les obligations d’investissement 
des chaînes de télévision et les aides apportées par le CNC. 
Pour autant, les résultats atteints sont loin d’être satisfaisants, tant 
en matière d’audience ou d’exportation des oeuvres audiovisuelles 
françaises dans toute leur diversité que de structuration du secteur de la 
production. Faute d’encourager davantage l’émergence d’un modèle de 
production plus favorable à la création et à la prise de risque, ce système 
de soutien reste, pour l’essentiel, orienté vers l’accompagnement des 
commandes des chaînes de télévision, sans considération de la réception 
des oeuvres par le public ni de la dimension internationale de la 
production audiovisuelle. 
Malgré des signes récents de redressement, la fiction française de 
la dernière décennie est un échec en termes d’audience, d’exportation et 
même de volume produit (768 heures en 2012 contre 924 heures en 
1990). Alors que la France dispense l’aide la plus élevée d’Europe à la 
production audiovisuelle, les fictions américaines occupent sur ses 
grandes chaînes nationales en clair une place plus importante qu’ailleurs 
en Europe et y remportent les succès d’audience les plus marqués. 
Dès lors, une révision profonde de ce cadre apparaît souhaitable, 
afin d’orienter plus clairement les obligations auxquelles sont assujettis 
les éditeurs de contenus sur la production d’oeuvres audiovisuelles de 
156
Un tel critère pourrait s’inspirer du « programme convergent » mis en oeuvre par le 
Fonds des Médias du Canada, qui soutient des oeuvres à condition qu’elles soient 
produites sur au moins deux plates-formes dont la télévision, l’autre pouvant être un 
jeu vidéo, une application mobile, etc. ; 160 projets ont été soutenus en 2010-2011 à 
ce titre, pour un volume de production de 19,4 M€ (source : ambassade de France au 
Canada). 
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134 
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qualité, tout en permettant une exploitation plus transparente de ces 
oeuvres. Les commandes de France Télévisions doivent être définies à la 
fois en fonction d’un objectif de consolidation du secteur et des besoins 
en programmes de l’audiovisuel public. Les aides du CNC, pour leur 
part, devraient être davantage ciblées sur la structuration du secteur et la 
constitution de sociétés fortes à l’échelle internationale, d’une part, sur le 
soutien à l’écriture et au développement et aux nouvelles formes de 
création, d’autre part. 
En conséquence la Cour formule les recommandations suivantes : 
12.
procéder à un resserrement des critères de qualification du 
documentaire susceptible d’être aidé et comptabilisé au titre 
des obligations des chaînes ; 
13.
définir le montant des obligations d’investissement des chaînes 
du service public uniquement en proportion de leur chiffre 
d’affaires ; 
14.
élaborer, par la voie d'un accord interprofessionnel, un devis-
type 
de 
la 
production 
d’oeuvres 
audiovisuelles, 
faisant 
apparaître la rémunération du producteur ; 
15.
relever le seuil d’accès au soutien automatique à la production 
audiovisuelle ; 
16.
prendre en compte les résultats obtenus par les programmes 
aidés dans l’octroi du soutien automatique du CNC, à travers 
une bonification liée par exemple aux ventes en France et à 
l'étranger, à la qualité des programmes et au succès de leur 
audience ; 
17.
consacrer une part plus importante des aides sélectives du 
CNC à la phase d’écriture et de développement des 
programmes et aux nouvelles formes de création. 
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Chapitre IV 
Les défis de la numérisation dans un 
marché mondialisé 
Bien qu’ancienne, la mondialisation des échanges dans le domaine 
du cinéma et de l'audiovisuel s’est très fortement intensifiée au cours de 
la dernière décennie. D'après l'Organisation mondiale du commerce 
(OMC), les dix premières économies en matière de « services 
audiovisuels
157
» ont exporté 12,8 Md€ et importé 17,3 Md€ en 2011, des 
volumes en augmentation constante. 
Entre 2008 et 2011, le solde de la balance commerciale de la 
France dans le domaine des services audiovisuels, qui était auparavant 
déficitaire (-703 M€ en 2008), s'est presque rééquilibré en 2011 (- 45 M€, 
grâce à un volume d’exportation de 1,4 Md€ qui compense quasiment les 
importations, qui s’élèvent à 1,5 Md€) alors qu'il est demeuré nettement 
déficitaire pour la plupart des autres pays européens, à l’image de 
l'Allemagne (- 1,4 Md€ en 2011). Le Royaume-Uni fait exception 
(+ 1,1 Md€ en 2011)
158
. Cette situation traduit des résultats contrastés 
157
Les services audiovisuels au sens de l’OMC recouvrent les services et commissions 
ayant trait à la production de films cinématographiques, d’émissions de radio et de 
télévision et d’enregistrements musicaux. 
158
Notamment sous l’effet des exportations de programmes de la BBC et de films 
tournés sur le sol britannique par des studios américains. 
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136 
COUR DES COMPTES
selon qu’il s’agit du cinéma ou des programmes audiovisuels, qui ne sont 
pas distingués dans les données de l’OMC
159
. 
Les exportations de produits audiovisuels français répondent à un 
double enjeu : d’une part, elles contribuent à l’activité économique du fait 
de leur impact sur la balance commerciale et sur l’emploi (notamment 
dans 
les 
industries 
techniques), 
tout 
en 
représentant 
pour 
les 
professionnels une source complémentaire de financement ; d’autre part, 
elles participent de la capacité de rayonnement de la France et sont, pour 
elle, un vecteur essentiel de son influence internationale. 
Le développement récent et très rapide du numérique transforme la 
donne du marché international du cinéma et de l’audiovisuel, en même 
temps qu’il bouleverse, en amont, l’économie de la production. En effet, 
l’importance économique croissante du secteur de l’image, devenu de 
plus en plus concurrentiel, et le développement de pratiques de 
consommation nouvelles sur internet, pour partie illégales, mettent à mal 
le modèle de financement du secteur. 
Si ces nouvelles modalités de diffusion et de consommation sont 
sans doute moins aujourd’hui des substituts que des compléments aux 
usages traditionnels, le système français de soutien à la production est 
néanmoins contraint de s’adapter rapidement pour réussir sa transition 
vers un modèle économique qui intègre ces évolutions et dont les 
contours ne sont pas encore stabilisés. 
I 
- 
Le défi de la concurrence internationale 
En raison de son histoire, du volume de ses productions et de la 
richesse de ses pratiques culturelles, la France est depuis longtemps 
confrontée, sur le marché mondial comme sur son propre territoire, à la 
puissance de l’industrie américaine de l’image. La concurrence s’est 
diversifiée au cours de la dernière décennie avec l’émergence de 
nouvelles puissances cinématographiques, en Asie notamment, et la 
compétition à laquelle se livrent les pays européens pour attirer sur leur 
territoire des activités de production d’images. 
Dans ce contexte, la politique de soutien à l'image poursuit deux 
objectifs : l'attractivité du territoire national et la promotion de la diversité 
culturelle dans le monde. 
159
Cf. 
(Ressources / Statistiques / Bases de données). 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
137 
A - L’attractivité du territoire pour les productions 
internationales et nationales : des instruments à mieux 
coordonner 
Les résultats obtenus ces dernières années attestent que la France 
constitue un territoire recherché pour la production cinématographique 
étrangère. En revanche, il est plus difficile d’apprécier l’effet des 
dispositifs de soutien existants vis-à-vis des risques de délocalisation des 
tournages à l’étranger des productions françaises. 
1 - 
Des atouts incontestables pour attirer les productions 
internationales 
Avec la diversité de ses paysages, la richesse de son patrimoine 
historique, la qualité de ses industries techniques ainsi que le savoir-faire 
des professionnels du secteur et des organes administratifs concernés, la 
France dispose d’atouts significatifs pour attirer les productions 
cinématographiques et audiovisuelles étrangères. 
La décennie écoulée a été marquée par une forte augmentation des 
coproductions associant les producteurs français et étrangers, celles-ci 
ayant atteint, en 2012, un niveau encore jamais égalé : 129 films ont été 
produits en partenariat avec 37 pays différents, dont beaucoup sont 
européens. Durant cette période, les investissements français dans les 
coproductions sont passés de 265 M€ en 2002 à 400 M€ en 2012 et les 
investissements étrangers de 182 M€ en 2002 à 317 M€ en 2012. 
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138 
COUR DES COMPTES
Graphique n° 20 : évolution du nombre de films agréés en France 
depuis 1992 
Source : Cour des comptes d'après CNC. 
La possibilité de bénéficier de l'ensemble des dispositifs de soutien 
(fonds de soutien du CNC, dépenses des chaînes de télévision, aides des 
collectivités territoriales et crédits d'impôt) au titre des dépenses réalisées 
en France participe incontestablement de l'attractivité du territoire, 
comme en attestent les volumes financiers concernés qui sont parmi les 
plus élevés en Europe. Par ses missions statutaires, le CNC joue à la fois 
le rôle de guichet unique, dans le cadre de la procédure d'agrément, et de 
conseil à l'intention des producteurs étrangers à la recherche d'une 
coproduction. 
L'action de la commission nationale du film France (« Film 
France ») mérite également d'être soulignée. Créée en 1994 afin d’animer 
le réseau des 40 commissions locales du film, pour la plupart placées 
auprès des conseils régionaux, cette association a pour mission de 
promouvoir les tournages et la postproduction en France. Film France 
conseille ainsi les sociétés de production françaises et étrangères à la 
recherche de lieux de tournage, de soutiens logistiques locaux et d'aides 
financières des collectivités territoriales. 
0
50
100
150
200
250
300
1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
Coproductions majoritairement étrangères
Coproductions majoritairement françaises
Films intégralement français
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
139 
En outre, la France est dotée d’industries techniques, secteur 
économique relativement peu mobile par nature, qui contribuent à attirer 
les productions internationales. L'essor des technologies numériques, en 
particulier, a permis à plusieurs entreprises françaises de renforcer leurs 
positions en réalisant des prestations pour le compte de producteurs 
étrangers. 
2 - 
Un dispositif efficace : le crédit d’impôt international
160
Quatre ans après sa création, le crédit d'impôt international (CII) 
s’affirme comme un dispositif pertinent et efficace. Après avoir connu un 
recul régulier, l'implantation en France des activités de tournage et de 
postproduction liées aux productions internationales a, en effet, augmenté 
de manière rapide. 
En dépit de sa création récente, le CII semble en effet avoir 
rapidement trouvé sa place : entre 2009 et 2012, 51 oeuvres et 35 sociétés 
de production exécutive ont bénéficié de ce dispositif, essentiellement des 
films à budget élevé (la moitié des crédits d'impôt accordés entre 2009 et 
2012 se concentrent sur les films dont le budget est supérieur à 15 M€). 
La très grande majorité des oeuvres est issue des États-Unis (25 oeuvres au 
total sur la période) et du Royaume-Uni (13 oeuvres). 
Quantifiable en jours de tournage (passés de 100 en 2009 à plus de 
300 en 2012) comme en dépenses de production (passées de 12,6 M€ à 
43,3 M€), l’effet du CII est d'autant plus remarquable que les paramètres 
du fonds de soutien, ceux des obligations d'investissement des chaînes de 
télévision et des aides des collectivités territoriales n'ont pas été infléchis 
depuis 2009 en vue d'attirer les productions cinématographiques 
internationales. 
L'effet d'aubaine représenté par ce crédit d’impôt semble par 
ailleurs réduit, l'analyse des données de localisation des tournages 
montrant que le territoire français tendait plutôt à perdre de l'attractivité 
pour les productions internationales avant 2009
161
. 
160
Cf. supra. Chapitre I/I/B-3-b 
161
Au cours de la décennie 2000, plusieurs films étrangers comportant des scènes 
supposées se dérouler en France se sont ainsi tournés à l’étranger : 
Munich
(décors 
français reproduits à Budapest), 
Inglorious Bastards
(scènes parisiennes tournées en 
Allemagne) et 
GI Joe
(scènes françaises tournées en République tchèque). D’après 
Film France, seuls quelques films auraient sans doute été tournés en France avec ou 
sans crédit d’impôt international, pour des raisons exceptionnelles (
Marie-Antoinette
, 
Da Vinci Code
, 
A good year
). 
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140 
COUR DES COMPTES
Graphique n° 21 : nombre de jours de tournage et évolution 
des dépenses en France des films étrangers de fiction éligibles au 
crédit d'impôt international 
Source : Cour des comptes, d'après données Film France. Les données diffèrent de 
celles du CNC en raison d'un effet de périmètre. Pour que la comparaison soit 
homogène avec la période précédant l'entrée en vigueur du CII, les dépenses 
d'animation ont été écartées. 
Depuis sa mise en place en 2009, le crédit d'impôt international 
aurait ainsi permis, selon les estimations de Film France, de localiser en 
France près de 240 M€, correspondant à 51 films. Ces dépenses ont 
principalement bénéficié aux industries techniques françaises (à hauteur 
de 150 M€, dont 123 M€ pour les effets visuels et l’animation). 
Les effets du crédit d'impôt international ont été particulièrement 
notables dans le domaine de l'animation. Les studios Universal se sont 
ainsi implantés en France en 2009 pour externaliser la production de leurs 
principaux films d’animation. Réalisés par des prestataires techniques 
majoritairement français, sous la conduite de la société MacGuff 
(producteur exécutif), les films 
Moi, moche et méchant
(et 
Moi, moche et 
méchant, 2
), 
Le Lorax
ainsi que la série d’animation 
Minions
ont 
rencontré un succès international de premier plan. 
Sans qu’un lien de cause à effet entre l’entrée en vigueur du crédit 
d’impôt international et l’implantation en France des activités d’Universal 
puisse être établi avec certitude, force est néanmoins de constater que les 
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0
50
100
150
200
250
300
350
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Dépenses totales en France (en M€, échelle de droite)
Nombre de jours de tournage (en jours, échelle de gauche)
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
141 
deux événements sont contemporains et qu’Universal a bénéficié jusqu’à 
présent du CII pour l’ensemble des productions réalisées en France. 
Bien que le CII semble avoir attiré en France des productions 
internationales, les évolutions récemment décidées ne s’appuient sur 
aucune 
étude 
d’impact. 
L’extension 
des 
dépenses 
éligibles, 
la 
multiplication par plus de deux du plafond accordé par film (passé de 
4 M€ à 10 M€ dans la loi de finances rectificative pour 2012) et plus 
encore le passage de ce plafond de 10 à 20 M€ prévu à partir du 
1
er
janvier 2015 par la loi de finances pour 2014
162
sont manifestement 
disproportionnés au regard de trois critères principaux : le nombre de 
films potentiellement concernés (16 en 2012), l’effet escompté d’une 
hausse du plafond sur l’attractivité de la France
163
et de l’existence en 
parallèle d’aides territoriales à la localisation de tournages en France très 
dynamiques. 
En 
l’absence 
d’étude 
démontrant 
sa 
nécessité, 
la 
Cour 
recommande que le relèvement du plafond à 20 M€ à partir du 
1
er 
janvier 2015, soumis à autorisation de la Commission européenne, 
n’entre pas en vigueur et que les modifications introduites par la loi de 
finances rectificative pour 2012 ne soient pas prolongées au-delà de la 
limite légale du 31 décembre 2014. 
3 - 
L'attractivité du territoire pour les productions nationales 
a)
Les crédits d’impôt nationaux, un outil aux effets mal évalués 
Si les crédits d'impôt cinéma et audiovisuel
164
ont pour objet de 
« favoriser l'attractivité du territoire national », leur incidence sur les deux 
indicateurs choisis par le CNC à cet effet (la part du temps de tournage et 
la part des dépenses réalisées en France) n'est pas évaluée de façon 
concluante. 
En effet, la plupart des travaux d'évaluation récents en la matière 
se fondent sur une seule étude
165
, réalisée à la demande du CNC en 2010, 
dont la méthodologie est contestable. Pour estimer les recettes directes et 
indirectes résultant de la localisation en France des tournages du fait des 
162
Article 23 de la loi n° 2013-1278 du 29 décembre 2013 de finances pour 2014. 
163
Le rapport remis par M. René Bonnell en décembre 2013 sur 
Le financement de la 
production
et de la distribution cinématographiques à l’heure du numérique
estime 
que la hausse du plafond est irréaliste dans la mesure où, pour l’atteindre, il faudrait 
attirer 100 M€ de dépenses par film. 
164
Cf. supra. Chapitre I/I/B-3-a 
165
Évaluation des dispositifs de crédits d’impôt, Cinéma, audiovisuel, international, 
jeu vidéo
, Greenwich Consulting, septembre 2010. 
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142 
COUR DES COMPTES
dispositifs de crédit d'impôt, cette étude postule que l'ensemble des 
tournages auraient été délocalisés à défaut de crédits d'impôt. Il en résulte 
une surestimation manifeste des recettes supplémentaires attribuées aux 
crédits d'impôt et, partant, une appréciation fortement biaisée du bilan de 
leur coût par rapport à leurs résultats. Sur la seule base d'analyses 
recueillies auprès des professionnels, cette étude conclut en outre qu'une 
« disparition du CIC se traduirait par une chute de 30 % de la production 
locale » et qu'une suppression du CIA conduirait à une délocalisation de 
30 % de la production audiovisuelle nationale. En l'absence d'éléments 
objectifs probants, cette conclusion demeure sujette à caution, le 
ministère de la culture et de la communication reconnaissant pour sa part 
que « les données disponibles permettant d’évaluer la mesure ne sont pas 
assez nombreuses ». 
Fondamentalement, l'efficacité des crédits d’impôt nationaux se 
heurte à plusieurs limites : 
-
il n’est pas possible d’établir un lien systématique entre la mise 
en place des crédits d’impôt et les résultats observés, car les 
effets attribués aux crédits d'impôt se sont manifestés, pour 
partie, avant l'entrée en vigueur de ces dispositifs fiscaux. Si 
l'entrée en vigueur du CIC, au 1
er
janvier 2004, s'est 
effectivement accompagnée d'une baisse de 11,7 points du taux 
de délocalisation, l'impact apparaît moins net en matière 
audiovisuelle, le taux de délocalisation des jours de tournage 
ayant déjà chuté de 34,9 % à 14,1 % un an avant l'entrée en 
vigueur du CIA (1
er
janvier 2005) ; 
-
l'impact des crédits d'impôt semble s’émousser au fil du temps : 
la 
part 
des 
jours 
de 
tournage 
des 
productions 
cinématographiques localisée à l’étranger, qui a connu un point 
bas en 2006 (21,5 %), a augmenté progressivement pour 
atteindre 30 % en 2012, soit un niveau supérieur à celui observé 
en 2001 et 2002 (compris entre 22 et 25 %). Les dépenses de 
tournage réalisées à l’étranger ont, elles aussi, connu une 
augmentation : elles ont atteint 17,4 % en 2012, niveau en 
progression sensible par rapport à celui observé avant la mise 
en place du CIC en 2003 (11,7 %). La part des dépenses de 
production audiovisuelle localisées à l'étranger stagne elle-
même autour de 10 % depuis l'entrée en vigueur du CIA ; 
-
les crédits d'impôt provoquent incontestablement un effet 
d'aubaine 
en 
faveur 
de 
sociétés 
de 
production 
cinématographique ou audiovisuelle qui auraient de toute façon 
fait le choix de localiser leur tournage en France, avec ou sans 
le 
bénéfice 
du 
crédit 
d'impôt. 
Dans 
le 
domaine 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
143 
cinématographique, les films qui ne bénéficient pas du crédit 
d'impôt n'ont d'ailleurs pas massivement déserté le territoire 
français, la part de dépenses en France de ces films demeurant 
stable depuis 2006, autour de 58 % pour les films de fiction ; 
-
loin de répondre à une problématique de surimposition, les 
crédits d'impôt se transforment dans bien des cas en une 
subvention budgétaire versée aux producteurs, dont la plupart 
ne sont pas imposés au titre de leur activité. De l'étude sur 
pièces réalisée dans le cadre du présent rapport
166
, il ressort que 
les deux crédits d'impôt se traduisent, le plus souvent, en 
créances sur le Trésor, faute de bénéfices suffisants pour rendre 
les sociétés imposables. La transformation du crédit d’impôt en 
subvention budgétaire n’est pas l’apanage des petites sociétés 
de production contrôlées. 
b)
La course au mieux-disant fiscal 
Le caractère incitatif des crédits d’impôts français ne cesse d’être 
remis en cause par la concurrence fiscale que se livrent les États membres 
de l’Union européenne, chacun cherchant à attirer les productions sur son 
territoire. Cette surenchère, qui conduit à s’aligner sur le mieux-disant 
fiscal, n’est pas soutenable à long terme. De surcroît, elle ne permettra 
jamais de compenser les écarts de coûts avec une localisation de 
tournages dans des pays où les charges sociales sont beaucoup plus 
faibles. 
Cette problématique a gagné en acuité au cours de la dernière 
décennie du fait de la médiatisation de délocalisations constatées dans 
certains secteurs de la production. S'agissant de la production 
cinématographique, la délocalisation des films d'initiative française 
apparaît en augmentation au cours de la période 2001-2012, la part des 
jours de tournage réalisée à l'étranger passant de 20 % en 2001 à 30 % en 
2012. Les études réalisées par la commission nationale du film d'Île-de-
France révèlent ainsi qu'en 2012, la zone Belgique-Luxembourg était la 
deuxième région d'implantation des tournages des longs-métrages 
d'initiative française de fiction, après l'Île-de-France et avant la région 
Provence-Alpes-Côte d'Azur. 
166
Elle porte sur les comptes financiers de deux sociétés de production et sur un 
échantillon de 23 films ayant bénéficié du CIC ou du CIA entre 2006 et 2010. 
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144 
COUR DES COMPTES
Cette évolution doit néanmoins être nuancée sur le temps long : les 
études annuelles du CNC sur la production cinématographique révèlent 
ainsi qu'en 1998 et en 2000, le taux de délocalisation des jours de 
tournage dépassait déjà 27 %. 
L'analyse de la localisation des dépenses de tournage, réalisée par 
le CNC sur la base des coûts définitifs des films, apporte une indication 
complémentaire : si la période 2003-2012 est effectivement marquée par 
une augmentation de la part des dépenses de tournage réalisée à l'étranger 
(+ 5,7 points), cette dynamique semble revêtir une dimension cyclique, 
tout au moins pour le tournage des films de fiction, les tournages de 
documentaire et de films d'animation présentant des profils plus atypiques 
(cf. annexe n° 11). 
Une partie des délocalisations réalisées dans le domaine 
cinématographique peut relever de considérations artistiques, liées au 
contenu du scénario, ou parce que les films concernés sont coproduits 
avec un autre pays. Ce phénomène doit être distingué des délocalisations 
à caractère purement économique, réalisées essentiellement dans le but de 
faire baisser le prix du film, par l’effet d’une diminution des coûts 
(notamment de main-d’oeuvre) ou de dispositifs fiscaux plus avantageux. 
Le fait que 44 coproductions internationales sur les 60 comptabilisées en 
2012 aient été tournées en Belgique ou au Luxembourg – pays qui 
pratiquent une fiscalité très avantageuse à l’endroit des producteurs du 
cinéma et de l’audiovisuel – semble le confirmer. 
Le phénomène de délocalisation est moins notable pour la 
production audiovisuelle : la part des jours de tournage réalisés à 
l'étranger a ainsi fortement décru entre 2003 et 2008 (- 28 points) avant 
de se stabiliser depuis lors autour de 8 %. Tous genres confondus, la part 
des dépenses de production localisées à l'étranger a, quant à elle, 
globalement baissé entre 2004 et 2009 (–5 points) avant d’augmenter à 
nouveau en 2010, le taux de délocalisation atteint en 2012 restant 
néanmoins inférieur au taux de 2001. 
Malgré les limites avérées du CIC et du CIA et leur coût croissant 
pour les finances publiques, passé de 80 M€ en 2006 à 118 M€ en 2012, 
la réforme introduite en 2012 a procédé à une augmentation substantielle 
du plafond du CIC et du CIA et a étendu le périmètre des dépenses 
éligibles
167
. 
167
Article 33 de la loi du 29 décembre 2012 de finances rectificative pour 2012. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
145 
Cette révision, qui devrait se solder par une augmentation de 22 % 
du coût des deux crédits d’impôts entre 2012 et 2014, est intervenue en 
l’absence de toute étude probante démontrant l’efficacité du CIC et du 
CIA et n’a d’autre justification que celle d’une nécessaire adaptation des 
crédits d’impôts français aux dispositifs fiscaux voisins, au premier rang 
desquels le 
tax shelter
belge (cf. annexe n° 12), cet outil n’ayant lui-
même jamais fait l’objet d’une évaluation solide par l’administration 
fiscale belge. 
À moins qu’une étude ne démontre rapidement l’efficacité de ces 
dispositifs, la Cour recommande de ne pas prolonger le régime actuel du 
CIC et du CIA, issu en dernier lieu de la loi de finances rectificative pour 
2012 (relèvement des plafonds et extension des dépenses éligibles), au-
delà du 31 décembre 2014, date à laquelle une nouvelle autorisation de la 
Commission européenne sera nécessaire
168
. 
Par ailleurs, la difficulté à évaluer les dispositifs de crédit d’impôt 
instaurés en France comme dans d’autres États membres de l’Union 
européenne, de même que le coût croissant afférent à ces mécanismes, 
plaident pour une réaction à l’échelle communautaire. À défaut d’une 
harmonisation fiscale hautement souhaitable mais difficile à atteindre 
dans une matière régie par la règle de l’unanimité, il semblerait opportun 
que les pouvoirs publics engagent avec les autorités belges une 
concertation visant à mettre un terme à la concurrence fiscale 
actuellement à l’oeuvre entre crédits d’impôt français et 
tax shelter
belge. 
Au regard de la surenchère observable au sein de l’Union 
européenne, l’objectif de territorialisation des tournages en France ne 
saurait reposer sur un instrument fiscal dont l’efficacité est sans cesse 
remise en cause. Les aides des collectivités territoriales, relayées par 
l'association Film France et dont le volume a été multiplié par sept entre 
2001 et 2012, doivent jouer pleinement leur rôle dans la localisation des 
dépenses de tournage en France
169
. Une complémentarité entre les aides 
locales et les aides d’État doit donc être recherchée. 
168
Au 1
er
janvier 2015, en l’absence de demande d’autorisation à la commission 
européenne, c’est le régime antérieur à la réforme de 2012 qui s’appliquera. 
169
La communication récente de la Commission européenne sur les aides d'État en 
faveur des oeuvres cinématographiques et autres oeuvres audiovisuelles (2013/C 
332/01) dans ce domaine ne fait pas d’ailleurs obstacle à une pondération importante 
des critères de territorialisation dans l’octroi des aides. 
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146 
COUR DES COMPTES
B - La compétitivité à l'exportation : des atouts à 
consolider 
L’insertion 
accrue 
de 
la 
production 
cinématographique 
et 
audiovisuelle sur les marchés internationaux constitue un enjeu de plus en 
plus important. Outre les raisons économiques et culturelles déjà 
évoquées, l’augmentation des ventes à l’international tend à devenir de 
plus en plus indispensable au préfinancement et à la rentabilisation de 
productions dont les coûts croissants ne sont pas toujours en mesure 
d’être couverts par les ressources nationales. Elle permet également de 
dégager des moyens financiers supplémentaires propices à la « montée en 
gamme » des productions initiées en France. 
1 - 
Le cinéma français sur le marché mondial : une position 
favorable qui masque de réelles faiblesses 
Dans le domaine cinématographique, la France jouit d'une position 
notable à l'échelle mondiale, tant sur le plan culturel qu'en termes 
économiques. 
La seule année 2012 a vu les productions françaises recevoir 
20 prix internationaux. Le succès critique rencontré par le cinéma français 
s'accompagne d'une large diffusion des films dans le monde. L'année 
2012 a représenté, à cet égard, une hausse exceptionnelle de la 
fréquentation des films français dans les salles étrangères : 144 millions 
d'entrées, soit le record de la décennie écoulée (contre 74 millions 
d'entrées en 2011), en raison du succès rencontré par les films 
The Artist, 
Taken 2
et 
Intouchables
170
. 
Bien qu’elle reste relativement modeste à l’échelle mondiale, 
l’exportation du cinéma français en direction des autres pays européens 
enregistre de bons résultats : les recettes des films français aux guichets 
des salles (seule l'exploitation en salles est ici retracée) et les recettes des 
exportateurs français placent la France au premier rang européen
171
. Les 
recettes au guichet des salles sont ainsi passées de 250 M€ en 2003 à 
890 M€ au cours de l’année exceptionnelle qu’a été 2012. Dans le même 
temps, les recettes d’exportation des films français passaient de 120 M€ à 
210 M€. 
170
D’après Unifrance, en 2012, le cinéma français a pour la première fois généré 
davantage de recettes en salle à l’étranger (888 M€) qu’en France (530 M€). 
171
L'analyse des données financières relatives à l'exportation des films se heurte à 
deux limites : l'opacité des remontées de recettes dans certains pays et la longue durée 
du cycle d'exploitation, empêchant la consolidation de données par année d'agrément. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
147 
Graphique n° 22 : recettes des exportateurs français et recettes 
guichet des films français à l'étranger de 2003 à 2012 (en M€)
172
Source : Cour des comptes, d'après données CNC et UniFrance Films. Les films 
français incluent les coproductions minoritaires et majoritaires françaises. Les 
recettes de films étrangers correspondent concerne à la vente de films étrangers à 
l'international par des sociétés d'exportation françaises
De façon générale, les recettes d'exportation des films et des 
programmes audiovisuels français demeurent fortement concentrées sur le 
marché européen (entre 50 % et 60 % des recettes) et les États-Unis (entre 
15 % et 30 % des recettes). Entre 1999 et 2010, le nombre moyen de 
territoires sur lesquels sont sortis les films français a oscillé entre 3,2 et 
4,2, restant stable malgré une croissance marquée du nombre de films 
présents dans les salles étrangères. Toutefois, pour les 10 films qui ont 
fait le plus d’entrées à l’étranger en 2010, ce nombre atteint 30,4, soit une 
exposition moyenne sept fois plus importante. Les cinq premiers films 
français à l’international captent tous les ans entre 49 % (en 2010) et 
61 % (en 2005) des entrées. Il existe donc une forte disparité d’exposition 
172
Les recettes d’exportation (essentiellement des recouvrements de minima garantis 
versés par les distributeurs étrangers au titre des ventes réalisées pendant l'année en 
cours et les deux années précédentes) correspondent aux encaissements nets réalisés 
par les exportateurs, tous droits d’exportation confondus. 
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
0
50
100
150
200
250
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Recettes d'exportation des films français (échelle de gauche)
Recettes d'exportation des films étrangers (échelle de gauche)
Recettes guichet des films français à l'étranger (échelle de droite)
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148 
COUR DES COMPTES
entre les films français exportés dans les salles étrangères, les succès à 
l'exportation reposant sur un nombre limité de films. 
Les résultats des films français à l'exportation sur le marché de la 
salle apparaissent fortement corrélés à leur budget. Parmi les dix films 
français ayant réalisé le plus d'entrées en salles à l'étranger en 2008, 2009 
et 2010 (soit trente films au total), tous ont un budget supérieur à 10 M€, 
à l'exception de trois films qui se distinguent par leur succès critique
173
. 
Les films de plus de 20 M€ de budget représentent en moyenne 7 % des 
titres français et concentrent près de la moitié des entrées. De même, les 
films présentant les budgets les plus élevés captent la majeure partie des 
apports étrangers : au cours de la période 2001-2011, près de deux tiers 
des apports étrangers dans les films d'initiative française se sont ainsi 
concentrés sur les films dont le devis était supérieur à 7 M€. 
Cette situation s’explique également par la faiblesse structurelle 
des circuits de distribution des films français à l’étranger, laquelle 
contraste singulièrement avec la position dominante qu’exercent les 
distributeurs américains que sont les 
majors
et qui, au-delà de la qualité 
des films, est pour une part importante dans la force du cinéma d’Outre-
Atlantique sur le marché international. Outre leur taille, celles-ci 
contrôlent, à travers des filiales, une part importante du secteur de la 
distribution dans de nombreux pays, notamment en Europe où elles 
représentent 65 % des parts de marché de ce secteur. La prépondérance 
des films américains dans la programmation des salles européennes en 
découle (ils réalisent 61,4 % des entrées en salles au sein de l'Union 
européenne en 2011). En outre, grâce à cette organisation, les films 
américains sont distribués dans tous les pays européens en même temps, 
ce qui permet des économies d'échelle pour leur promotion et leur 
commercialisation. 
Si la première 
major
produisant et distribuant à l'échelle mondiale 
fut un groupe français, Pathé, aucune société de distribution française 
n’est aujourd’hui en mesure de concurrencer les majors américaines en 
intervenant à l’échelle de l’ensemble des pays européens. Les tentatives 
françaises d’imiter les 
majors
américaines en créant des filiales de 
diffusion dans les principaux marchés européens se sont en effet, jusqu'à 
présent, soldées par des échecs. Ni le rachat de circuits de salles aux 
États-Unis par les groupes intégrés français dans les années 1990, ni la 
tentative 
de 
création 
d'une 
major
européenne 
(Polygram 
Film 
Entertainment ou Vivendi Universal) n'ont rencontré de succès à ce jour. 
173
Persepolis
, prix du jury à Cannes en 2007 et César 2008 prix du meilleur premier 
film, 
Entre les murs
, palme d'Or 2008 à Cannes et 
Caramel
, sélectionnée à la 
Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2007. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
149 
Ces difficultés s’expliquent notamment par les mesures de protection 
économique de certains marchés (allant jusqu'à une politique de quotas en 
Chine) et l'incapacité du marché français, sauf exception, à produire des 
contenus suffisamment fédérateurs pour dégager d'importantes recettes 
sur une courte période. 
Dès lors, pour les films européens, les distributeurs attendent de 
constater l'éventuel succès obtenu sur le marché national avant 
d'envisager une exploitation dans les autres États membres de l'Union. 
Les films européens ne sont pas distribués en même temps dans tous les 
pays européens et le sont avec une intensité très variable d’un pays à 
l’autre. 
La 
stratégie 
des 
grands 
groupes 
nationaux 
consiste 
essentiellement à développer des accords de partenariat avec ces 
majors
pour la diffusion ou l’exploitation de films européens, voire américains. 
Sur les quatre films français ayant enregistré le plus grand nombre 
d'entrées en salles en Europe en 2011, aucun n'a été distribué par un 
distributeur français à l'échelle européenne. Alors même que, pour l'un de 
ces films
174
, le distributeur français détenait les droits pour le monde 
entier, il les a revendus pays par pays à des distributeurs locaux. 
En 2011, les films français étaient cependant, parmi les films 
européens, ceux qui enregistraient le plus grand nombre d’entrées sur les 
marchés nationaux au sein de l’Union (10,5 % de part de marché), loin 
devant les films italiens (4,6 %), allemands et britanniques (3,7 %). 
Même si, au cours de la dernière décennie, l'augmentation des 
recettes d'exportation des films français provient principalement des films 
récents, la vente des films « de catalogue » produits plus de trois ans 
avant leur commercialisation est à l’origine d’une part stable des recettes 
des exportateurs français, comprise entre 10 % et 20 % de leur chiffre 
d'affaires. 
Les exportateurs français peuvent également accroître leurs 
recettes en vendant sur des marchés étrangers des films étrangers dont ils 
ont acquis les droits. Entre 2003 et 2011, ces recettes ont représenté près 
d'un tiers des recettes des exportateurs français. Cette activité de 
réexportation est essentiellement le fait de filiales des principaux groupes 
audiovisuels français (TF1 International, Studio Canal), lesquels peuvent 
détenir librement les mandats sur les films étrangers sans être soumis à la 
limitation du nombre de mandats que la réglementation leur impose pour 
les films français. 
174
Les femmes du sixième étage
, distribué par SND (groupe M6). 
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150 
COUR DES COMPTES
Enfin, il convient de noter que la France occupe une position 
favorable en termes de coproductions internationales : elle est l'un des 
principaux 
pays 
coproducteurs 
dans 
le 
monde, 
ses 
productions 
cinématographiques bénéficient donc régulièrement d'investissements 
étrangers au stade du préfinancement, qui tendent d'ailleurs à augmenter 
au cours des dix dernières années. 
2 - 
Des résultats à l’exportation de programmes audiovisuels sans 
rapport avec les soutiens mobilisés au plan national 
Le constat est incontestablement moins favorable dans le domaine 
audiovisuel, tant en termes de retombées économiques que de 
rayonnement culturel, même si la création originale française est 
ponctuellement reconnue
175
. 
Plus restreint que sur le marché du cinéma, le volume des ventes 
internationales de programmes audiovisuels accuse par ailleurs une 
évolution à la baisse depuis 2000 dans l'ensemble de ses composantes (les 
ventes passant de 129 M€ à 105 M€ au cours de la décennie, les préventes 
de 48 M€ à 31 M€ et les coproductions de 122 M€ à 63 M€), même si la 
période récente (2009-2012) semble marquer une légère reprise : en 2012, 
les ventes de programmes audiovisuels français ont atteint 127 M€, les 
préventes 39 M€ et les coproductions 77 M€. Les résultats restent 
notamment décevants pour la fiction, qui n'occupe qu'une part 
relativement 
faible 
des 
résultats 
d’exportation 
de 
programmes 
audiovisuels, alors même qu'elle concentre les investissements les plus 
importants, tandis que l'animation et le documentaire représentent chaque 
année au moins la moitié du chiffre d'affaires de l'exportation. 
175
Ainsi les séries 
Braquo
et 
Les revenants
(Canal +), qui ont reçu en 2012 en 2013 le 
titre de meilleure série dramatique aux 
International Emmy Awards
. Les festivals 
jouent cependant un rôle prescripteur moindre en matière audiovisuelle que dans le 
domaine cinématographique. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
151 
Graphique n° 23 : évolution des recettes d'exportation des 
programmes audiovisuels français entre 2000 et 2012 (en M€) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC et TV France International. 
Pour ce qui est de la fiction, les difficultés rencontrées par les 
programmes audiovisuels français à l'exportation tiennent en premier lieu 
à l'inadaptation de leur format à la demande internationale, largement 
explicitée par plusieurs rapports récents
176
. Ainsi, les productions 
françaises ont durablement pâti de n’être pas adaptées aux formats les 
plus consommés au niveau international, où prévalent les séries longues à 
même de fidéliser l’audience durant plusieurs saisons. 
Cette inadaptation apparaît liée aux conditions structurelles de 
financement des programmes. Les commandes de fiction française inédite 
restent en effet, pour l'essentiel, tributaires des besoins des principales 
chaînes gratuites historiques (qui ont investi 420 M€ en 2012 dans la 
production de fiction). Celles-ci privilégient l’audience française et 
n’incitent guère les producteurs à prendre en considération, dès l’amont, 
la perspective de vente de leurs programmes sur d'autres marchés. 
Pour ce qui est du documentaire, le marché international est très 
dynamique du fait de la multiplication des chaînes thématiques et des 
marchés de niche, d’autant que les « grands classiques français de 
l’exportation
177
» que sont les programmes sur le luxe, le cinéma, la mode 
176
Notamment le rapport de M. Pierre Chevalier, 
Fiction française. Le défi de 
l'écriture et du développement, 
mars 2011. 
177
Les performances du documentaire français dans le monde
, septembre 2010, CNC. 
0
50
100
150
200
250
300
350
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Ventes
Préventes
Coproductions
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152 
COUR DES COMPTES
et la gastronomie restent particulièrement appréciés à l’étranger et 
régulièrement préachetés. 
Par ailleurs, les programmes d’animation sont, en raison de leur 
nature et de leurs conditions de production, prédestinés à une plus grande 
exposition internationale : ils ne pâtissent pas de la barrière de la langue, 
tandis que les moindres débouchés sur le marché domestique obligent les 
producteurs à rechercher des financements internationaux à travers des 
coproductions ou des préachats, ce qui les place d’emblée favorablement 
sur le marché à l’exportation. 
Alors que la fiction et le documentaire ont vu leur financement 
reposer de plus en plus sur les investissements des diffuseurs, le genre de 
l’animation représente de ce point de vue un contre-exemple éclairant. 
Bien que la part des financements internationaux ait baissé entre 2001 
(46 %) et 2012 (23 %), ils représentent encore près du quart des 
financements. 
L’importance 
de 
cette 
participation 
internationale 
s’explique notamment par une ouverture plus précoce des sociétés de 
production au marché mondial via les coproductions, afin d’assurer la 
couverture financière d’un processus de production qui s’étend 
généralement sur dix-huit mois à deux ans. Un marché français des 
oeuvres d’animation s’est constitué et connaît un succès renouvelé, en 
France et à l’étranger. L’exportation des films d’animation a représenté 
en moyenne 91 M€ par an au cours de la dernière décennie, soit une part 
de 40 % des ventes, préventes et coproductions internationales de 
programmes français. 
Le succès des films d'animation s'explique notamment par le 
savoir-faire français en matière de techniques de l’image, qui résulte pour 
une part de la politique de formation développée dès les années 1970, 
avec la création d’un enseignement spécifique au cinéma d’animation
178
. 
Par 
rapport 
aux 
autres 
productions 
audiovisuelles 
(fictions, 
documentaires), 
l’industrialisation 
du 
secteur 
de 
l’animation 
est 
également la plus aboutie. Le tissu productif se caractérise en effet par un 
nombre d’entreprises relativement restreint : l’annuaire de l’association 
française du cinéma d’animation ne recense ainsi que 106 producteurs et 
studios sur tout le territoire français. Le CNC, pour sa part, compte 
53 entreprises de production actives dans ce domaine, dont neuf 
produisent la moitié du volume annuel. 
178
À l’école des Gobelins d’abord puis à l’école Émile Cohl à Lyon, La Poudrière à 
Valence, Supinfocom à Valenciennes. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
153 
3 - 
Un soutien à l'exportation fragmenté et peu lisible 
Avant tout conçus pour préserver l’appareil de production national 
et une expression culturelle originale menacés par la puissance de 
l'industrie américaine, les instruments de la politique de soutien au 
cinéma et à l'audiovisuel n'ont pas été, à l’origine, configurés pour assurer 
également la promotion, à l’étranger, des oeuvres et des programmes 
français. Cet enjeu n’a été que très progressivement pris en compte, dans 
la seconde moitié du vingtième siècle, au gré du développement des 
différentes structures chargées de l'action culturelle extérieure de la 
France d'une part, de la promotion et de l'exportation des biens et services 
d'autre part. Il résulte de cette approche une fragmentation importante des 
moyens d'action aujourd'hui déployés en faveur de la promotion à 
l’étranger et de l'exportation des films et des programmes audiovisuels. 
Le ministère des affaires étrangères et européennes, avec son 
réseau de 50 attachés audiovisuels dans les ambassades et l’Institut 
français qui prennent en charge l’organisation de manifestations et de 
rencontres
179
, le ministère de la culture et de la communication et le CNC, 
mais aussi France Médias Monde
180
- qui joue un rôle central par la 
diffusion de contenus français sur tous les médias - mettent à disposition 
chacun des moyens au service de cet objectif. Leur action est complétée 
par celle d'associations conventionnées avec l'État, au premier rang 
desquelles UniFrance Films (pour le cinéma), TVFI (pour l’audiovisuel) 
et l'association des exportateurs de films (ADEF). 
Les interventions du CNC en faveur de la promotion et de 
l'exportation se répartissent en deux sous-ensembles : les soutiens aux 
festivals (principalement les manifestations cannoises) et aux associations 
(principalement UniFrance et TVFI), qui représentent près de 70 % de 
l'enveloppe globale, et les aides financières directes aux exportateurs, qui 
se partagent les 30 % restants. Au-delà du soutien au marché apporté par 
UniFrance Films et TVFI (organisation de manifestations, de rencontres 
entre exportateurs et acheteurs étrangers, veille économique), les sociétés 
exportatrices de programmes audiovisuels et de films peuvent donc 
recourir aux aides directes du CNC, mais aussi aux cautions de l'IFCIC
181
et aux dispositifs de droit commun d’accompagnement à l’étranger des 
179
Cf. le rapport établi par la Cour des comptes, 
Rapport public thématique : Le 
réseau culturel de la France à l’étranger
. La Documentation française, octobre 2013, 
160 p., à la demande du président de l’Assemblée nationale, disponible sur 
www.ccomptes.fr
. 
180
Nom récemment adopté par « l’Audiovisuel extérieur de la France ». 
181
Les cautionnements accordés au titre de l'exportation représentaient 5,6 % des 
crédits du fonds cinéma en 2011. Un fonds spécifique a été créé fin 2013. 
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154 
COUR DES COMPTES
PME : garanties bancaires et contrats de développement à l’international 
d’Oséo/BPI France, garanties de la COFACE, labellisation et SIDEX
182
d’UbiFrance. 
L’action culturelle de l’Union Européenne et du Conseil de 
l’Europe via les programmes Media
183
et Eurimages, respectivement dotés 
d’une enveloppe annuelle de 108 M€ et 25 M€, constitue également un 
soutien à l’exportation du cinéma français, bénéficiaire plutôt bien 
représenté chaque année parmi les productions sélectionnées. 
Cette multiplicité d’intervenants dans le soutien à l’exportation des 
films et des programmes audiovisuels est une source de complexité, voire 
de redondance : par exemple, UniFrance Films et l’Institut français 
peuvent mener des opérations similaires de sensibilisation au cinéma 
français (master class ou hommage à un réalisateur contemporain), tandis 
qu’Unifrance et le CNC proposent tous deux des aides au sous-titrage 
(répartis par organisme selon l’aire linguistique concernée). L’opportunité 
de maintenir dans deux structures différentes des soutiens aussi proches, 
qui plus est financés à partir de la même source - la subvention du CNC 
formant plus de 70 % du budget d’UniFrance Films - n'apparaît pas 
clairement. 
Par ailleurs, le soutien à la promotion et à l'exportation ne 
représente, en France, qu'une part très faible de l'ensemble des soutiens 
accordés aux industries cinématographiques et audiovisuelles. Les aides à 
la promotion et à l'exportation, dont le montant global atteint 25 M€, ne 
représentent ainsi qu'entre 0,5 % et 2,5 % du volume des ventes (hors 
coproduction) de films et de programmes à l'international. Par 
conséquent, les soutiens sélectifs spécifiquement orientés vers les 
exportateurs présentent, pour la plupart, un faible montant unitaire
184
. En 
2010, 82 exportateurs porteurs de 328 projets se sont ainsi partagé 3,1 M€ 
au titre des aides du CNC à la promotion et à l'exportation des films (soit 
un montant moyen par projet de 9 500 €). Cette fragmentation est plus 
accusée encore pour les aides à l'exportation des programmes 
audiovisuels, 52 exportateurs portant 413 projets ayant bénéficié d'une 
enveloppe de 1,1 M€ (soit un montant moyen de 2 138 € par projet). 
182
Prise en charge individuelle ayant pour objectif de soutenir l’exportation par le 
financement partiel des déplacements à l’étranger de prospection et de finalisation de 
contrats effectués par l’entreprise. Ce dispositif, dont la faible efficacité a été 
soulignée par un rapport de la Cour, a été supprimé en 2012. 
183
À partir de 2014, le programme Media sera intégré dans le programme Europe 
Créative, doté de 1,5 Md€ pour la période 2014-2020, dont 56 % devraient être 
consacrés au secteur cinématographique et audiovisuel. 
184
Cf. le détail de ces aides en annexe n° 15. 
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155 
Enfin, la répartition globale du volume des aides ainsi que les 
modalités de mise en oeuvre du dispositif de soutien à l’exportation ne 
font pas l’objet de priorités claires. 
Dans le secteur audiovisuel, la conscience partagée des difficultés 
de la fiction à l’exportation n’entraîne pas pour autant un soutien renforcé 
à ce genre. Au contraire, la promotion à l’étranger des programmes 
audiovisuels se limite à accompagner les projets au gré des demandes. 
Fort logiquement, les appels les plus fréquents au soutien du CNC 
concernent donc les genres les plus demandés sur les marchés 
internationaux que sont l’animation et le documentaire. 
L'absence de priorité est également perceptible dans les modalités 
d'attribution des aides sélectives, dont certaines sont versées de manière 
quasi automatique et parfois sans exiger de compte rendu sur leur 
utilisation. 
4 - 
L’urgence d’un meilleur ciblage des dispositifs de soutien à 
l'exportation 
Le succès à l'exportation en matière cinématographique comme en 
matière audiovisuelle repose avant tout sur la connaissance des marchés 
étrangers et l'optimisation du plan de distribution au niveau local, donc 
sur la capacité des exportateurs à nouer avec les distributeurs locaux des 
relations commerciales pérennes et avisées. 
Dans le domaine cinématographique, le marché français de 
l’exportation est relativement concentré. Seule une vingtaine d'entreprises 
y exercent une activité permanente, correspondant à trois profils 
principaux : trois sont des sociétés affiliées à des diffuseurs, qui disposent 
d'un catalogue important de titres français ou étrangers qu’elles ont 
acquis, 
quatre 
sont 
des 
filiales 
de 
groupes 
d'exploitation 
cinématographique, dont le catalogue est principalement constitué des 
films qu'elles produisent ou coproduisent et distribuent en salles, enfin 
une quinzaine sont des sociétés indépendantes, pouvant être à la fois 
productrices ou distributrices et qui bénéficient d'un nombre plus restreint 
de titres ainsi que d'une solidité financière plus aléatoire. La plupart de 
ces sociétés indépendantes, qui ne prennent en charge qu'un nombre 
limité de films, ont une réputation de découvreur de talents. En 2012, les 
trois premières sociétés d'exportation concentraient 65 % des recettes 
encaissées pour la vente de films français à l'étranger. Quatre entreprises 
réalisent plus de 10 M€ de recettes et captent 72 % des recettes totales des 
films français à l’étranger (83 % en 2011). 
Sur le marché international de l’audiovisuel, l’émiettement de la 
branche s’est accentué au cours des dernières années, marquées par une 
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156 
COUR DES COMPTES
dispersion croissante des exportateurs actifs dans les ventes et les 
préventes à l’international
185
. Si l’on s’en tient aux performances des cinq 
sociétés les plus importantes en matière d’exportation, on ne peut que 
relever leur difficulté à développer leur activité internationale. 
Or, 
si 
la 
commercialisation 
à 
l'étranger 
des 
programmes 
audiovisuels nécessite, comme en matière cinématographique, une fine 
connaissance des marchés étrangers, elle présente néanmoins une 
dimension plus industrielle : les acheteurs (chaînes de télévision, plates-
formes de vidéo à la demande) y sont relativement homogènes, moins 
nombreux 
que 
dans 
le 
domaine 
cinématographique, 
et 
souvent 
demandeurs d’importants volumes horaires de programmes (l’ensemble 
des saisons d’une série, par exemple). Surtout, l'aléa du plan de 
distribution disparaît en l'absence de diffusion en salles, et l'acte de vente 
ne comporte aucune stipulation liant les revenus du vendeur aux recettes 
résultant de l'exploitation du programme. Dans un tel contexte, la 
pertinence économique d'un tissu fragmenté d'exportateurs - et de 
producteurs - apparaît encore moins justifiée en matière audiovisuelle 
qu'elle ne l'est pour la filière cinématographique, et le soutien public 
devrait s’efforcer de contribuer à sa concentration. 
Face à l'enchevêtrement des actions menées par les structures 
chargées du soutien à la promotion et à l'exportation, les pouvoirs publics 
ont récemment adopté plusieurs mesures destinées à clarifier la répartition 
des compétences et à améliorer les échanges entre les différentes 
structures (convention de mai 2011 entre UniFrance et l’Institut français, 
limitation des redondances liées à l’aide à la distribution des films en 
territoire étranger et à l’aide au doublage entre UniFrance et le CNC). 
Au-delà de ces mesures nécessaires, il pourrait s'avérer pertinent 
de renforcer la dynamique de rapprochement entre les nombreux acteurs 
intervenant aujourd'hui dans ce secteur. À cet égard, la mutualisation de 
certaines actions actuellement réalisées par UniFrance et par TVFI 
pourrait 
permettre 
d’accroître 
la 
visibilité 
des 
productions 
cinématographiques et audiovisuelles vis-à-vis de pays acheteurs dans 
lesquels la distinction entre les deux secteurs n’est pas aussi marquée 
qu’en France. La similitude de certaines missions (veille économique et 
expertise pays, distribution sur les nouveaux médias, fonctions support), 
l’adhésion de certaines entreprises aux deux associations ainsi que les 
apports à attendre d’un partage d’expériences entre les secteurs de 
l’audiovisuel et du cinéma font d’un regroupement progressif une option 
185
Les données disponibles doivent cependant être interprétées avec précaution en 
raison du nombre croissant de réponses collectées par l’association TVFI. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
157 
envisageable. Le CNC indique que la réflexion mérite d’être explorée, 
malgré les spécificités fortes de chaque marché. 
La mise en place, à la fin de l’année 2013, d’un fonds d’avance 
remboursables (le FARAP), géré par l’IFCIC et accordé par un comité 
d’experts en fonction de la stratégie internationale de l’exportateur, paraît 
à même de faciliter la prise de risque des exportateurs, tout en prévoyant 
un remboursement des fonds en cas de succès. 
Au regard des constats établis précédemment, les crédits 
aujourd’hui affectés aux aides à l’exportation pourraient être redéployés, 
d’une part, sur ce mécanisme assurantiel, et, d’autre part, sur un soutien 
sélectif ponctuel, géré par une commission unique (sous l’égide du CNC 
ou d’Unifrance et de TVFI). Cette commission serait chargée de cibler 
des projets de prospection portés par des acteurs indépendants ou des 
initiatives 
innovantes 
pour 
promouvoir 
l’image 
des 
productions 
françaises. 
My French
Film Festival
MyFrenchFilmFestival.com
est un festival de cinéma français 
entièrement dématérialisé qui permet à chacun, quel que soit son pays, 
d'avoir accès aux films sélectionnés : dix longs métrages et dix courts 
métrages en compétition, ainsi que trois films hors compétition. 
Après une première édition en janvier 2011 qui avait enregistré 40 000 
visionnages de films, M
yFrenchFilmFestival.com 
a organisé en janvier et 
février 2014 sa quatrième édition, avec des films sous-titrés en 13 langues. 
En 2013, 750 000 visionnages ont été enregistrés, provenant de 189 pays. 
En relais du site dédié, le festival est également disponible sur une 
vingtaine de plates-formes partenaires, gratuites ou payantes (en contrepartie 
du versement aux ayants droit d'une rémunération dont se sont acquittés les 
partenaires privés). Les internautes sont invités à noter tous les films et à 
laisser leurs commentaires sur le site. Sept prix sont décernés à l’issue du 
festival. La Chine, la Pologne et la Russie étaient les principaux pays 
d’origine des visionnages pour l’édition 2013. 
Enfin, les aides publiques devraient intégrer dès l’amont la prise en 
compte de l’environnement international. Une partie significative de la 
compétitivité à l’exportation se joue en effet dès le stade de la production, 
la plupart des oeuvres qui recueillent un succès international ayant très tôt 
intégré, au moment de leur financement, une préoccupation pour le 
marché mondial, notamment au travers des préfinancements étrangers 
(cf. annexe n° 14). 
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158 
COUR DES COMPTES
II 
- 
Une transition numérique source 
d’opportunités plus que de menaces 
L’application des technologies du numérique à des pans entiers de 
l’activité cinématographie et audiovisuelle est en train de bouleverser 
l’économie traditionnelle de ce secteur. Compte tenu des enjeux qui y 
sont attachés, la phase de transition actuellement en cours impose de 
procéder à des révisions de la réglementation et du système de soutien 
public afin d’adapter la production française aux défis auxquels elle est 
ainsi confrontée. 
A - Une économie traditionnelle ébranlée dans ses 
fondements par la transition en cours 
1 - 
De nouveaux modes de consommation de l’image 
Le développement de la technologie numérique affecte le cinéma 
et l’audiovisuel en facilitant la dématérialisation de la diffusion des 
images, ce qui réduit le coût de leur duplication et de leur distribution. 
L’évolution qui en résulte s’est accélérée depuis une décennie. 
a)
Des usages de plus en plus variés et individualisés 
Les ménages sont de plus en plus équipés pour recevoir des images 
numériques : ainsi, à la fin de l’année 2012, plus de trois foyers français 
sur quatre possèdent un ordinateur, 70 % une connexion haut débit, 14 % 
une tablette multimédia
186
. Un peu plus d’une personne sur cinq (et 40 % 
des 12-17 ans) regarde la télévision par internet sur son ordinateur
187
. En 
multipliant les supports de visionnage, les technologies numériques ont 
également bouleversé les usages : désormais, le consommateur de films 
ou de produits audiovisuels peut accéder de manière individualisée et à 
tout moment à un ensemble considérable de programmes, qui transite par 
de multiples équipements. 
L’offre s’est elle-même transformée. Le passage de la diffusion 
analogique 
hertzienne 
à 
la 
diffusion 
en 
numérique 
susceptible 
d’emprunter une grande variété de canaux a conduit à une multiplication 
continue 
du 
nombre 
des 
diffuseurs 
audiovisuels, 
lesquels 
ne 
circonscrivent plus leur activité à la seule télévision. Toujours plus 
186
Dossier n° 325 du CNC, le marché de la vidéo, mars 2013. 
187
Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique
, rapport de M. Pierre 
Lescure, 2013, p. 32. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
159 
nombreux, les diffuseurs hertziens, distribution par câble ou par satellite, 
coexistent désormais avec des services de médias audiovisuels
188
, 
consultables sur différents supports (internet, réseau téléphonique DSL ou 
vers les mobiles, câble, télévision numérique terrestre, satellite) : les 
services de vidéo à la demande (VàD), la télévision de rattrapage et les 
sites de partage de vidéo (YouTube, Dailymotion, etc.), qui tendent à 
développer de nouveaux modèles économiques en proposant des contenus 
sous forme de chaînes
189
. 
Au surplus, de nouveaux acteurs mondiaux ont émergé sur le 
marché audiovisuel, issus pour partie de la distribution de biens culturels 
(Netflix, Amazon), pour partie des industries informatiques (Apple, 
Google). Ils proposent des oeuvres et des programmes sans recourir aux 
circuits de distribution d’un opérateur de télécommunications, mais en 
offrant directement l’accès aux internautes, sur différents supports 
connectés (télévision, ordinateurs, tablettes, téléphones portables, etc.)
190
. 
En proposant des contenus audiovisuels récents, en location par 
abonnement ou en téléchargement définitif, ces nouveaux services sont 
susceptibles de concurrencer les chaînes payantes. Certains exportateurs 
audiovisuels français déclarent réaliser jusqu’à 15 % de leur chiffre 
d’affaires à l’international sur les nouveaux supports numériques de 
diffusion, même si la moyenne s’établit encore à 2 % de l’ensemble des 
exportations
191
. 
b)
Une complémentarité plus qu’une substitution 
Il serait excessif de considérer que ces nouvelles pratiques de 
consommation sont appelées à se substituer entièrement aux anciennes : 
d’une part, parce que la consommation de films en salle de cinéma devrait 
perdurer, dans la mesure où elle représente une pratique individuelle et 
sociale répondant à des motivations spécifiques, et, d’autre part, parce 
que la consommation sur les services linéaires reste encore importante et 
188
« Service de médias audiovisuels fourni par un fournisseur de services de médias 
pour le visionnage de programmes au moment choisi par l’utilisateur et sur demande 
individuelle sur la base d’un catalogue de programmes sélectionnés par le fournisseur 
de services de médias » (directive 2007/65/CE). 
189
YouTube a ainsi lancé, au printemps 2013, un bouquet d’une cinquantaine de 
chaînes thématiques sur abonnement. Studio Bagel, chaîne centrée sur l’humour, 
rassemblait en novembre 2013 plus d’un million d’abonnés (« Les plates-formes 
vidéo à la conquête de nouveaux horizons », Inaglobal, décembre 2013). 
190
En 2011, le chiffre d’affaires d’iTunes a dépassé 1 Md€ en Europe. Plus de 45 000 
films peuvent être achetés ou loués sur son site. Aux États-Unis, Netflix est fréquenté 
par 43 % des Américains entre 18 à 36 ans (Source : Harris Interactive). 
191
Source : TVFI. 
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160 
COUR DES COMPTES
devrait vraisemblablement demeurer complémentaire des nouveaux 
usages
192
. 
Il n’en reste pas moins que l’économie numérique conduit à 
l’émergence d’une concurrence très vive qui remet en cause l’équilibre 
économique jusqu’alors établi entre les différentes fenêtres d’exploitation 
des films et des programmes audiovisuels : 
-
la salle de cinéma est concurrencée par la possibilité de 
disposer ultérieurement – voire immédiatement via le piratage – 
des films sur des supports d’accès individualisés ; 
-
le modèle économique des chaînes de télévision gratuites, qui 
repose 
sur 
leur 
capacité 
à 
attirer 
des 
investissements 
publicitaires en fonction de leur audience, est confronté à la 
concurrence du média internet et à la fragmentation des 
comportements de consommation, désormais plus volatils ; 
l’audience devient plus difficile à appréhender et donc à 
monétiser ; 
-
les télévisions payantes, qui tirent profit d’une exclusivité de 
diffusion pour les contenus audiovisuels à forte valeur ajoutée, 
pourraient bientôt souffrir de la concurrence des services de 
vidéo à la demande par abonnement (VàDA) et de leurs 
contenus exclusifs, comme c’est déjà le cas aux États-Unis
193
. 
c)
La consommation illégale de contenus 
La numérisation facilite également la consommation illégale des 
images. Quoique ce phénomène soit difficilement mesurable, le CNC a 
estimé que 40,5 % des films sortis en salles en 2006 étaient disponibles 
illégalement sur internet l’année de leur sortie, en moyenne 41 jours après 
leur sortie en salles
194
. Au premier semestre 2008, le nombre de 
téléchargements non autorisés a été évalué à 76,5 millions, la 
fréquentation des salles de cinéma atteignant, pendant la même période, 
un chiffre de 100,9 millions, les ventes de DVD 53,8 millions et les 
téléchargements dans le cadre de l’offre légale de vidéo à la demande 
192
La durée d’écoute moyenne de la télévision reste en hausse tendancielle, malgré 
une légère baisse en 2013 (3h24 en 2008, 3h50 en 2012, 3h45 en 2013). 
193
Depuis octobre 2013, la société américaine de VàDA Netflix compte davantage 
d’abonnés que la chaîne payante HBO. À partir de 2016, la publicité sur les supports 
de diffusion 
over the top
pourrait progresser plus vite que sur la télévision à péage 
(
L'avenir de la télévision face aux scénarios de la migration internet, 
IDATE, 2011). 
194
L’offre « pirate » de films sur internet
, CNC et ALPA, octobre 2007. 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
161 
environ 6 millions
195
. Les films figureraient parmi les contenus les plus 
piratés, devant la musique ou les livres
196
. 
En réaction au piratage des oeuvres, la création de la Haute 
Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur 
Internet (HADOPI) par la loi du 12 juin 2009 a eu pour objectif de 
promouvoir le développement de l’offre légale et de protéger les oeuvres 
contre le risque d’un usage illicite, en instaurant une procédure dite de 
« réponse graduée ». Une baisse des téléchargements illégaux via la 
technologie de pair à pair (
peer-to-peer
ou P2P)
197
a été enregistrée au 
cours des dernières années. 
Encore faudrait-il savoir si ce recul s’est accompagné d’une 
progression de la consommation licite ou s’il a été compensé par le 
développement d’autres formes de consommation illicite. Le rapport de 
M. Pierre Lescure indique ainsi qu’« il semble qu’une partie significative 
des internautes se soit reportée vers d’autres pratiques illicites ne faisant 
l’objet d’aucun contrôle […] (téléchargement direct, streaming)
198
». Au 
début de l'année 2012, le marché total de la consommation illicite de 
services et sites de contenus en streaming et téléchargement direct (hors 
P2P) en France représenterait l’équivalent de 51 à 72,5 M€
199
. 
De même, la question de savoir si les usages illicites se substituent 
à la consommation légale payante reste controversée. On a ainsi pu 
constater que les consommateurs ayant des pratiques de consommations 
illicites déclaraient des dépenses d'un niveau similaire à celui des autres 
consommateurs en achat de biens et services culturels
200
. Par ailleurs, 
195
Vidéo à la demande et télévision de rattrapage en Europe
, Observatoire européen 
de l’audiovisuel et Direction du développement des médias, septembre 2009 (p.71). 
196
Biens culturels et usages d’internet : pratiques et perception des internautes 
français
, étude de l’Hadopi, janvier 2013. 
197
Cf. 
Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique
, rapport de M. Pierre 
Lescure, 2013, p. 32. Le 
peer-to-peer
est un modèle de réseau informatique 
permettant à plusieurs ordinateurs de partager des fichiers, chaque ordinateur étant à 
la fois client et serveur. 
198
Le 
streaming
consiste dans la lecture d'un flux audio ou vidéo à mesure qu'il est 
diffusé, sous forme de stockage provisoire de données sur la mémoire vive d’un 
ordinateur, sans téléchargement complet de fichier sur le disque dur. 
199
Rapport sur les moyens de lutte contre le streaming et le téléchargement direct 
illicites
, Mireille Imbert-Quaretta, février 2013. 
200
Biens culturels et usages d’internet, op. cit. 
L'étude néerlandaise "Legal, Economic 
and Cultural Aspects of File Sharing", Nico van Eijk, Joost Poort, Paul Rutten, 
Communications & Strategies
, 77, 2010 souligne même un possible impact favorable 
du partage de fichiers pour les ventes de musique, films ou jeux vidéo. 
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162 
COUR DES COMPTES
certains chercheurs estiment que la mise à disposition de contenus 
payants fait baisser le niveau de la consommation illicite
201
. 
L'idée s'impose aujourd'hui qu'une politique publique efficace pour 
réduire la consommation illégale implique avant tout l'élaboration d'outils 
opérationnels de lutte contre les sites responsables de manquements au 
droit d'auteur et de contrefaçon commerciale. C'est le sens de la mission 
confiée par la ministre de la culture et de la communication à 
Mme Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la commission de protection 
des droits, dont les conclusions sont attendues en 2014. 
S'il reste donc difficile de chiffrer le manque à gagner que 
représente le piratage pour l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel, la 
politique de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle 
n’a de sens que si elle peut aller de pair avec une lutte efficace contre la 
consommation illégale d’images. 
2 - 
Un gisement potentiel de recettes 
Si le marché de la vidéo dématérialisée reste encore très inférieur 
au marché de la vidéo physique (252 M€ en 2012, contre 1,3 Md€), ce 
dernier n’en a pas moins régressé de 13 % au cours des cinq dernières 
années et pourrait être supplanté par les ventes de vidéos dématérialisées 
avant la fin de la décennie. Cette évolution est d’ores et déjà à l’oeuvre 
dans les plans de distribution des films : le pourcentage de films sortis en 
salles qui sont également disponibles en vidéo à la demande (63 %) 
dépasse désormais celui des sorties en DVD (61 %). 
Avec environ 11 000 films et 27 000 programmes audiovisuels, de 
toutes nationalités, disponibles sur les plates-formes de vidéo à la 
demande en 2012, le marché français présente d’importantes perspectives 
de progression
202
. S’agissant des oeuvres de catalogue, la richesse du stock 
des 
productions 
cinématographiques 
et 
audiovisuelles 
françaises 
représente une source de valorisation encore importante. 
En tout état de cause, la production cinématographique française 
peut d’ores et déjà se prévaloir de bons résultats sur la fenêtre 
d’exploitation numérique. Bien que le cinéma américain pèse plus de 
50 % des ventes en volume de séances de VàD en France en 2012, on 
trouve néanmoins six films français dans les dix programmes les plus 
201
Michael D. Smith et Rahul Telang, 
Delaying content leaves money on the table
, 
The Hill
, 29 novembre 2011, article cité par le rapport de Pierre Lescure p. 93. 
202
D’après l’étude du CNC sur le marché de la vidéo (mars 2013), sur 54 000 
références disponibles en vidéo à la demande en France en 2012, l’offre s’étant 
enrichie de 30 % en un an (18 % pour les films). 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
163 
téléchargés, contre seulement trois films américains. Sur les dix premiers 
mois de l’année 2012, la part de marché des films français en VàD, qui 
atteignait 35,6 %, était proche du niveau moyen constaté en salles au 
cours des dix dernières années. 
S’il est vrai que l’exploitation des films en VàD en France présente 
à ce jour une dimension pro-cyclique très marquée en raison de la 
surreprésentation des films ayant réalisé le plus grand nombre d’entrées 
en salles et bénéficiant de plusieurs sources de préfinancement, le marché 
de la vidéo à la demande apparaît cependant moins discriminant que celui 
de la salle : en 2012, les trente films les plus téléchargés n’ont été à 
l’origine que de près d’un quart des ventes cinéma sur les plates-formes 
de paiement à l’acte, alors que les trente premiers films en salle 
représentaient 68,8 % des entrées. 
L’essor de la vidéo dématérialisée représente donc un gisement 
potentiel 
de 
recettes 
pour 
la 
production 
audiovisuelle 
et 
cinématographique, sans qu’il soit possible à ce stade de déterminer son 
ampleur car la filière de distribution des contenus audiovisuels en ligne 
est encore très hétérogène et ne relève pas d’un modèle économique 
éprouvé. En effet, comme le souligne M. Michel Gomez dans son rapport 
sur la transparence de la filière cinématographique
203
, l’organisation de 
cette filière fait intervenir différents acteurs : des éditeurs, détenteurs de 
droits VàD, qui peuvent être soit de simples agrégateurs de contenus 
assimilables à des grossistes, soit des opérateurs offrant des sites avec une 
capacité éditoriale, mais aussi des services de VàD, c’est-à-dire des 
plates-formes qui facturent au client final (sites internet, FAI). En outre, 
le fait que les prix comme les marges
204
soient moins favorables pour la 
VàD par rapport au DVD, a pu expliquer, au cours des dernières années, 
une certaine frilosité de l’industrie cinématographique et audiovisuelle à 
l’égard de la VàD
205
. 
Cependant si l’accès à la fenêtre numérique est encore très 
concentré et faiblement rémunérateur, y compris pour les éditeurs de 
203
Septembre 2011. 
204
Le producteur ou son mandataire est rémunéré sur les encaissements bruts VàD ou 
sur le chiffre d’affaires hors taxes effectivement encaissé par l’éditeur, directement 
auprès du service de VàD concerné, diminué des sommes versées aux sociétés de 
perception et de répartition des droits, de la taxe sur les services de VàD des frais 
d’édition et, plus rarement, des minimas garantis versés par l’éditeur. 
205
« Les détenteurs de droits, qui ont intérêt à la valorisation maximale de leurs 
oeuvres, sur tous supports (…), redoutent la destruction de valeur qu’une exploitation 
VàD à bas prix serait susceptible d’engendrer, certains détenteurs de droit ayant 
clairement indiqué qu’ils ne souhaitaient pas alimenter le marché de la VàD, ni en 
films récents, ni en films de catalogue. » (rapport de Mme Sylvie Hubac sur le 
développement des services de médias à la demande, 2010) 
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164 
COUR DES COMPTES
service, la valorisation de ces contenus sur cette fenêtre d’exploitation 
apparaît, pour l’heure, plus équitablement répartie entre les différentes 
parties prenantes. Les producteurs et les ayants droit devraient donc avoir 
intérêt à maximiser l’exposition de leurs programmes sur la fenêtre de la 
vidéo dématérialisée, à condition toutefois de pouvoir contrebalancer la 
faiblesse des prix unitaires de vente par l’ampleur des volumes d’achat. 
3 - 
Des opérateurs français et européens encore peu présents 
Le marché de la distribution des contenus audiovisuels en ligne est 
aujourd’hui dominé par les acteurs américains. Alors qu’Apple bénéficie 
pleinement de la croissance très rapide du marché mondial de la vidéo en 
téléchargement définitif (+ 46,6 % entre 2010 et 2011), les services de 
vidéo à la demande de Netflix (qui propose un catalogue de 5 000 films, 
la plupart disponibles entre 11 et 12 mois après leur sortie en salles) et de 
Lovefilm, racheté par Amazon, consolident leur position sur le marché de 
la location dématérialisée, secteur dont le chiffre d’affaires a augmenté de 
41,7 % entre 2010 et 2011. 
Au sein de l’Union européenne, sur les 920 services de vidéo à la 
demande recensés par l’Observatoire européen de l’audiovisuel, plus de 
45 % sont édités par des groupes américains, soit à partir des États-Unis, 
soit par le biais de filiales, localisées, pour les plus importantes d’entre 
elles, dans des États membres à la fiscalité plus avantageuse 
(Luxembourg, Irlande, Pays-Bas). 
L’avance prise par les acteurs américains sur le marché de la vidéo 
dématérialisée n’est pas neutre sur le plan des contenus. En effet, en 
disposant 
des 
principaux 
distributeurs 
(les 
services 
de 
VàD 
à 
l’abonnement), les entreprises américaines organisent un marché des 
contenus dont elles détiennent la majorité des parts et dans lequel la part 
des programmes nationaux est faible. La présidente du groupe Netflix 
chargée des contenus a ainsi pu déclarer que, « hors États-Unis, 15 à 
20 % des programmes proposés sont des programmes locaux. »
206
Dans ce contexte, si les acteurs français sont en mesure de rivaliser 
avec leurs concurrents étrangers sur le marché national, ils n’en doivent 
pas moins être encouragés à développer leur offre de services. En 2012, 
sur les dix premières plates-formes de vidéo à la demande à l’acte en 
France, cinq étaient déployées par des groupes français, dont les quatre 
premières. À cet égard, la vidéo dématérialisée illustre une convergence 
des modèles économiques : sur ces quatre plates-formes, deux sont 
proposées par des fournisseurs d’accès à internet (la VoD d’Orange et le 
206
Correspondance de la presse
, 28 décembre 2012, entretien avec Kelly Merryman. 
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165 
club vidéo de SFR), une autre par une chaîne payante (Canal Play) et une 
autre par une chaîne gratuite (MyTF1 VoD). 
Des services de vidéo à la demande par abonnement sont 
également apparus au cours des dernières années : Canal play Infinity, 
sous l’impulsion du groupe Canal +, et la plate-forme Filmo TV, 
développée par le distributeur Wild Bunch et distribuée par Orange. 
La compétitivité des plates-formes françaises sur le marché 
national et à l’international repose sur deux stratégies divergentes selon le 
modèle de vente : 
-
la vente à l’acte (vidéo à la demande) suppose une part 
importante de contenus premium, inédits et relativement 
récents ; 
-
la vente par abonnement nécessite avant tout une offre large, 
diversifiée et structurée pour être rendue accessible au public. 
À cet égard, l’offre de la première plate-forme de vidéo à la 
demande en France, Canal Play Infinity, est constituée de près 
de 1 400 films au 1
er
juillet 2013, soit moins du tiers de l’offre 
de Netflix. 
Graphique n° 24 : nombre de films proposés sur la plate-forme Canal 
play Infinity par année de sortie en salles, au 1
er
juillet 2013 
Source : Cour des comptes, d’après l’offre Canal play infinity. 
Si dans le domaine audiovisuel, la plupart des plates-formes 
négocient auprès des ayants-droit l’exclusivité de la diffusion des 
programmes les plus attractifs (essentiellement des programmes de 
0
20
40
60
80
100
120
140
1913
1933
1953
1973
1993
2013
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166 
COUR DES COMPTES
fiction)
207
, les droits n’ont – jusqu’à présent – pas été acquis sur la base de 
l’exclusivité dans le domaine cinématographique (sauf exception). 
Certains services de vidéo à la demande, comme Netflix, commencent 
cependant à négocier des droits exclusifs de distribution avec des 
producteurs indépendants, voire à investir directement dans la production 
pour s’assurer cette exclusivité. 
Tableau n° 10 : principaux catalogues américains et français en 2013
Pays 
Principaux détenteurs de 
catalogue 
Estimation du 
nombre de 
références 
cinématographiques 
États-Unis 
Warner Bros (Time Warner) 
6 000 
MGM 
5 200 
Universal 
3 600 
Columbia Tristar 
2 400 
20th Century Fox (News Corp) 
2 100 
Paramount (Viacom) 
950 
Buena Vista (Disney) 
500 
France 
Canal + 
5 500 
Gaumont 
1 000 
Pathé 
750 
TF1 
500 
Source : KPG / IMM pour les catalogues américains, CNC et documents de 
référence des sociétés pour les catalogues français. 
L’étude réalisée en 2012 pour la Commission européenne sur les 
nouveaux 
modèles 
économiques 
à 
l’oeuvre 
dans 
le 
secteur 
de 
l’audiovisuel mentionne l’émergence de stratégies consistant à fusionner 
plusieurs segments de la chaîne de valeur (salles, DVD, VàD)
208
. Leur 
objectif est de répondre à la rotation de plus en plus rapide des films en 
salles en profitant du coût d’accès réduit à la distribution numérique (peu 
de charges fixes). Ils illustrent la transition d’un modèle d’intégration 
verticale classique vers un modèle qui cumule différentes marges en 
recherchant des points d’accès directs au consommateur. 
En tout état de cause, la distribution numérique pourrait favoriser 
une évolution d’une économie du préfinancement vers une économie de 
207
À titre d’exemple, Amazon / Lovefilm a obtenu au Royaume-Uni l’exclusivité de 
la diffusion de la série 
Downton Abbey
, série la plus regardée en vidéo à la demande. 
208
À l’image des sociétés Magnolia, IFC et Curzon. 
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167 
l’amortissement, rendant nécessaire un financement accru de la 
production par les producteurs eux-mêmes. Les implications en sont 
importantes dans la mesure où : 
-
les recettes générées sur les fenêtres d’exploitation numériques 
proviennent, pour la plupart d’entre elles, de l’exploitation 
secondaire d’une oeuvre ou d’un programme ayant déjà connu 
un premier cycle d’exploitation sur son marché national ; 
-
l’exploitation en vidéo dématérialisée des films et des 
programmes audiovisuels ne donne pas lieu, dans la majorité 
des cas, au versement de minima garantis de la part des 
distributeurs ou des éditeurs et reste marquée, en dépit 
d’évolutions récentes, par l’absence d’exclusivité dans le 
domaine cinématographique. 
Dans ce contexte, il est manifeste que tant la chronologie des 
médias, qui interdit dans sa configuration actuelle l’exploitation en VàDA 
avant un délai de trente-six mois suivant l’exploitation en salle, que la 
structuration de l’offre de catalogues française, très fragmentée, 
représentent des freins à la constitution de services globaux, ayant une 
taille critique suffisante pour affronter la concurrence internationale. 
4 - 
Un risque de délitement du modèle de financement 
Les évolutions survenues au cours des dernières années mettent à 
mal la cohérence qui avait été établie entre la contribution financière 
relative que les différents préfinanceurs apportent à la production et le 
profit qu’ils retirent de la circulation des oeuvres. À cet égard, le modèle 
de préfinancement par des tiers apparaît de plus en plus fragile. 
Ainsi, l’exposition des films sortis en salle sur les fenêtres 
postérieures suit-elle un cycle de moins en moins linéaire. 
D’un côté, la part des films préalablement sortis en salles entre 
2007 et 2010 et disponibles ultérieurement sur une chaîne payante accuse 
une régression constante depuis 2007 : au 31 août 2012, la proportion 
concernée excédait à peine la moitié (53 %) des films sortis en salles en 
2010. Et l’évolution semble comparable pour les chaînes en clair. 
À l’inverse, la part des films sortis en salles au cours de la même 
période 
et 
disponibles 
en 
VàD 
au 
31 octobre 
2012 
progresse 
régulièrement et atteint 71 % des films de l’année 2010. La part des films 
sortis en salles et disponibles en vidéo physique accuse, quant à elle, une 
légère diminution, mais demeure nettement supérieure à la part diffusée à 
la télévision. 
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Alors même que les secteurs de la vidéo physique et de la vidéo 
dématérialisée contribuent dans une bien moindre mesure au financement 
des dispositifs de soutien à l’image (tant en ce qui concerne le niveau des 
taxes dont ils s’acquittent auprès du CNC que les obligations 
d’investissement qui leur sont appliquées), leur capacité à faire circuler 
les oeuvres est, par construction, nettement supérieure à celle des 
diffuseurs télévisuels. 
Les nouvelles fenêtres de diffusion ne prennent qu’une place 
limitée dans le préfinancement des films. Comme pour la vidéo physique 
semble-t-il désormais sur le déclin, les mandats d’exploitation des films 
en vidéo dématérialisée demeurent très en retrait dans le financement des 
films d’initiative française. Sans compter le fait que, dès lors qu’elles sont 
piratées et offertes au téléchargement illégal, la diffusion de ces oeuvres 
s’opère sans aucun retour financier pour leurs ayants droit. 
En outre, les évolutions les plus récentes semblent indiquer que, 
pour prometteur qu’il puisse être, l’usage des nouveaux modes de 
diffusion, non encore stabilisé, est assez sensible à la conjoncture 
économique, et que leurs perspectives contributives demeurent aléatoires. 
Ainsi, après une croissance de 57 % entre 2009 et 2010 et 
de 44 % 
entre 2010 et 2011, le chiffre d’affaires de la VàD payante n’a progressé 
que de 15 % en 2012. Dans ces conditions, il paraît difficile de concevoir 
que le volume des recettes issues de ces nouveaux marchés puisse devenir 
avant longtemps commensurable avec ceux que dégage l’exploitation en 
salle ou à la télévision : pour mémoire, le marché de la VàD représentait 
un chiffre d’affaires de 252 M€ en 2012, à comparer avec celui des salles 
qui atteint 1,3 Md€ et celui des chaînes de télévision qui s’élève à 
9,3 Md€. 
De même, si la télévision de rattrapage donne accès à 59 % des 
programmes des chaînes de télévision nationales, les programmes de 
stock (animation, documentaire, fiction, oeuvre cinématographique) ne 
représentent qu’une part réduite (12 %) de cette offre. En 2012, le chiffre 
d’affaires publicitaire de la télévision de rattrapage était estimé à 45 M€, 
contre 30 M€ en 2011, ce qui est encore très faible. 
Par ailleurs la place des sites de partage de vidéo reste marginale. 
En effet, les oeuvres cinématographiques et audiovisuelles sont loin d’y 
constituer l’essentiel de la consommation, les autres types de contenus 
constituant l’essentiel des visionnages : les clips musicaux (55 %), les 
vidéos amateurs (34 %) et les bandes annonces de films (28 %)
209
. 
209
Dossier n° 325 du CNC, le marché de la vidéo, mars 2013 (données déclaratives). 
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Pour autant, l’exploitation de films ou de programmes audiovisuels 
sur ces sites n’échappe pas à tout versement de recettes aux ayants droit, 
la diffusion d’oeuvres résultant le plus souvent d’un accord avec les 
distributeurs sur le partage des recettes publicitaires associées. En outre, 
l’on observe que ces sites tendent à se rapprocher des diffuseurs 
professionnels (studios, chaînes de télévision, institutions, etc.) pour 
mettre à leur service les capacités d’hébergement dont ils disposent et leur 
ouvrir une nouvelle fenêtre de diffusion moyennant partage des revenus 
publicitaires qui en résultent. Enfin, ces hébergeurs passent également des 
accords avec des sociétés de gestion collective des droits pour la 
rémunération des auteurs et compositeurs dont les oeuvres sont 
diffusées
210
. 
Face à ces évolutions propres aux nouveaux modes de diffusion, 
les acteurs d’origine française demeurent trop en retrait pour ne pas être 
menacés par l’arrivée de nouveaux entrants étrangers, principalement 
américains. Ceux-ci échappent encore très largement à l’application du 
principe selon lequel la diffusion de contenus cinématographiques ou 
audiovisuels a vocation à contribuer, d’une manière ou d’une autre, au 
financement de la production nationale. En effet, la taxation de ces 
distributeurs à raison du chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France 
demeure 
difficilement 
praticable 
pour 
des 
raisons 
juridiques 
(extraterritorialité). 
Seule 
l’asymétrie 
actuelle 
en 
matière 
fiscale 
concernant 
la 
TVA 
sera 
partiellement 
corrigée, 
à 
partir 
du 
1
er
janvier 2015 : les services de télécommunication, de radiodiffusion et 
de télévision et ceux fournis par voie électronique par des prestataires de 
l’Union européenne à des clients non assujettis établis dans l’Union 
seront imposables dans l'État membre du preneur de la prestation
211
. En 
outre, le fait que la plupart d’entre eux ne marquent pas un intérêt 
particulier pour la production française et privilégient les productions 
américaines 
rend 
encore 
plus 
difficile 
la 
justification 
de 
leur 
assujettissement à ce type de taxation. En l’absence de règles 
supranationales, il n’y aurait aucune rationalité économique à leur 
imposer de se plier à de telles contraintes dès lors qu’ils n’en retirent pas 
de bénéfice direct. 
210
Dailymotion a ainsi signé, en octobre 2007, un accord avec l’USPA, syndicat de 
producteurs audiovisuels, prévoyant la conclusion de contrats pour le partage des 
revenus publicitaires attachés à la communication des oeuvres. En septembre 2008, il a 
également signé un accord avec trois des principales sociétés de gestion collective 
(SACD, Scam et ADAGP), aux termes duquel les sociétés percevront des droits pour 
les oeuvres de leurs répertoires respectifs diffusées sur le site dans le monde entier. 
211
En application de la directive 2008/8/CE. 
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À ce jour, il demeure donc difficile d’anticiper de façon claire la 
configuration que revêtira le système de diffusion numérique des images 
cinématographiques et audiovisuelles, une fois que celui-ci commencera à 
se stabiliser. Il n’en est pas moins vrai que la transition en cours n’offre 
aucune garantie quant au maintien en l’état, voire à l’augmentation du 
volume des recettes que produira la combinaison de ces nouveaux modes 
de diffusion avec les plus traditionnels (salle, télévision et vidéo 
physique). À un moment où les ressources issues de la télévision 
paraissent plus incertaines (cf. chapitre III) et où se profile l’arrivée des 
puissantes plates-formes américaines dont la contribution au financement 
de la production française demeure encore problématique, l’équilibre du 
système qui a jusqu’à présent permis la perpétuation d’une activité 
cinématographique importante et diversifiée, et, dans une moindre 
mesure, d’une activité audiovisuelle consistante, se trouve sans aucun 
doute fragilisé. 
B - Des réponses encore insuffisantes 
Le développement de la diffusion d’images animées par voie 
numérique suppose au préalable la numérisation des oeuvres et la 
généralisation des supports permettant leur exploitation sur ce nouveau 
mode. Le franchissement de cette première étape, indispensable, à 
laquelle les pouvoirs publics ont contribué par une politique de soutien 
active
212
, n’épuise en rien la problématique plus fondamentale liée à 
l’équilibre financier du système de la production cinématographique et 
audiovisuelle, qui appelle des évolutions plus profondes des dispositifs 
existants. 
1 - 
La numérisation des moyens de diffusion et des oeuvres 
L’enjeu 
de 
la 
numérisation 
des 
contenus 
comporte 
trois 
dimensions : la dimension technique (numérisation des salles et des 
oeuvres), la dimension juridique (l’exploitation en ligne des oeuvres de 
catalogue supposant bien souvent la modification des contrats, qui ne la 
prévoyaient pas) et la dimension commerciale (toutes les oeuvres de stock 
ne présentant pas les mêmes perspectives de recettes commerciales, la 
transition numérique devra concerner le plus grand nombre d’oeuvres 
pour satisfaire à l’objectif de diversité culturelle). À ce jour, les modalités 
traditionnelles d’intervention de la puissance publique ne s’articulent 
qu’imparfaitement avec ces nouveaux enjeux. 
212
Malgré les limitations imposées par le droit communautaire, notamment en matière 
de soutien à la vidéo à la demande par abonnement ou aux industries techniques, les 
aides à ces secteurs étant strictement plafonnées. 
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Anticipant les besoins futurs d’investissement et disposant avec la 
TST « distributeur » d’une ressource dynamique à partir de 2008, le CNC 
a déployé un plan exceptionnel d’investissement en faveur du numérique 
s’étendant sur la période 2010-2015. Constituant un effort financier 
important (339 M€), ce plan vise à favoriser l’adoption des nouvelles 
technologies numériques par les différents maillons de la chaîne du 
cinéma et de l’audiovisuel. Il se décline en plusieurs volets : 
-
un volet législatif : la loi du 30 septembre 2010 relative à 
l’équipement numérique des salles encadre la redistribution des 
économies réalisées par les distributeurs avec le passage au 
numérique, sous forme de contribution numérique au bénéfice 
des exploitants, en préservant la liberté de programmation et la 
diversité de l’offre dans les salles ; 
-
un plan de numérisation des salles de cinéma, pour un montant 
prévu de 117,5 M€, comprenant une aide à l’équipement 
numérique des salles et une dotation permettant à l’IFCIC de 
garantir les crédits bancaires contractés par les exploitants pour 
financer leur équipement numérique ; 
-
un plan de numérisation des oeuvres
213
, d’un montant de 
115 M€, comprenant une aide au master numérique des films 
récents pour encourager une conversion rapide de l’offre de 
films en numérique et limiter la période mixte « format 35 mm 
– format numérique », une aide à la numérisation du patrimoine 
cinématographique et audiovisuel pour assurer la disponibilité 
en numérique d’une offre complète sur tous les nouveaux 
supports de diffusion, et une aide à la numérisation des films 
diffusés auprès des publics scolaires ; 
-
un plan de soutien à la production audiovisuelle pour les 
réseaux numériques (36,5 M€) destiné à soutenir le pic des 
investissements 
dans 
la 
création 
originale 
induits 
par 
l’apparition récente des nouveaux canaux de diffusion et par la 
croissance de la production multi-supports et de la production 
spécifique pour internet ; 
-
un plan d’inventaire et de conservation numérique, qui 
représente 69,8 M€ d’investissements incluant la mise au 
standard numérique du laboratoire des Archives françaises du 
film, et auxquels s’ajoutent des dépenses pérennes de 4,3 M€ 
par an à compter de 2011. 
213
Par ailleurs, compte tenu des surcoûts liés à la double exploitation des films (en 
35 mm et en numérique), des aides temporaires renforcées devraient être mises en 
place dans le cadre des aides sélectives à la distribution. 
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Tableau n° 11 : exécution du plan exceptionnel 
d’investissement en faveur du numérique au 10 septembre 2013 
(en M€) 
Coût total 
Engagé au 10 
septembre 
2013 
% 
Engagement
Numérisation des salles 
117,5 
71,8 
61,1 % 
Numérisation des oeuvres 
115,2 
12,8 
11,1 % 
Soutien conjoncturel à la 
production audiovisuelle pour les 
réseaux numériques 
36,5 
35,5 
97,3 % 
Investissements liés à la diffusion et 
à la conservation numériques 
69,8 
6,6 
9,5 % 
Montant total du plan 
exceptionnel en faveur du 
numérique 
339 
126,7 
37,4 % 
Source : CNC. 
Créé en décembre 2009 et doté d’un budget de 35 Md€, le 
programme 
des 
investissements 
d’avenir 
a 
consacré 
les 
enjeux 
numériques comme l’une de ses cinq priorités. Doté d’une enveloppe 
globale de 4,5 Md€, le programme d’investissements numériques est 
majoritairement financé par le fonds national pour la société numérique 
(FSN) et sa gestion opérationnelle confiée à la Caisse des dépôts et 
consignations. 
Le FSN a souhaité inclure dans le périmètre des nouveaux usages, 
services et contenus numériques (enveloppe globale de 1,6 Md€) la 
numérisation 
des 
catalogues 
d’oeuvres 
cinématographiques. 
Ses 
conditions d’intervention, limitées au rôle d’investisseur minoritaire, 
prévoyaient que celle-ci serait réservée aux films comportant des 
débouchés commerciaux et susceptibles de présenter une perspective de 
rentabilité dans un horizon temporel adapté
214
. Dans ce contexte, un 
accord-cadre entre l’État et les principaux détenteurs de catalogue
215
a été 
signé le 15 mai 2011, en marge du festival de Cannes. L’accord précisait 
que les projets éligibles devaient offrir « un juste équilibre entre la 
rentabilité attendue et le niveau de risque associé pour le détenteur de 
catalogue et pour le FSN », en vertu du « principe de l’investisseur avisé 
en phase avec les spécificités du secteur du cinéma ». 
214
Appel à manifestations d’intérêt pour les investissements en soutien du 
développement des services, contenus et usages numériques innovants, 18 mars 2011. 
215
Europacorp, Gaumont, Pathé, SNC, Studio37, StudioCanal, TF1 Droits 
audiovisuels en présence de la SACD et de la Cinémathèque Française. 
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173 
Deux ans après la signature de cet accord-cadre, le bilan de cette 
opération est plutôt décevant. Le seul projet actuellement engagé, après 
de longues négociations depuis l’accord de Cannes jusqu’à la décision 
d’engagement du 20 mars 2012, est celui du catalogue Gaumont. Aux 
termes de cet accord, près de 270 films seront numérisés sur une période 
de quatre ans, l’investissement du FSN à hauteur de 9,9 M€ étant 
compensé par l’attribution d’un couloir des recettes brutes distributeur. 
Le taux de retour sur investissement prévu calculé par la Caisse des 
dépôts et consignations se situe entre 4 et 5 %, ce qui est un taux très 
élevé dans un secteur à risque
216
. Il semble que les conditions de 
rentabilité exigées par le FSN, tout autant que la perception d’une part de 
recettes brutes distributeur, aient découragé les détenteurs de catalogue à 
conclure des accords de numérisation. Il apparaît significatif, à cet égard, 
que le groupe Pathé, qui avait signé l’accord-cadre de 2011, ait 
finalement choisi de numériser seul ses catalogues. 
A contrario
, apparaît peu opérante la distinction établie entre les 
oeuvres ouvrant des perspectives de rentabilité commerciale cofinancées 
par la Caisse des dépôts et consignations en vertu du principe 
d’investisseur avisé et les oeuvres marquées par un « caractère incertain 
des perspectives d’exploitation commerciale au regard des coûts 
exposés »
217
, éligibles quant à elles au dispositif d’aide sélective à la 
numérisation des oeuvres du CNC. 
L’Atalante
, de Jean Vigo, aidée au titre 
du FSN, aurait eu tout à fait sa place dans la liste des projets soutenus par 
le CNC, tandis que certaines des oeuvres dont ce dernier a aidé la 
numérisation (longs-métrages de Philippe de Broca ou de Robert 
Guédiguian, à titre d’exemple) émanent de détenteurs de catalogues 
signataires de l’accord-cadre de Cannes (Studio 37, TF1 droits 
audiovisuels) et semblent moins confidentielles, donc en mesure de 
dégager de nouvelles recettes. 
Compte tenu de la difficulté à évaluer sur le long terme les recettes 
commerciales à attendre des films numérisés, le CNC verse ses aides sous 
forme de subvention ou d’avance remboursable selon un échéancier 
contractuel, voire un mélange des deux. L’établissement public indique 
que le « relatif échec du dispositif des « investissements d’avenir » dans 
le domaine du patrimoine cinématographique » a fait du CNC le seul 
216
La liste des premiers travaux de numérisation témoigne du profil varié des oeuvres 
cinématographiques par rapport à leur date, leur popularité ou leur genre (
Sous le 
soleil de Satan
de Maurice Pialat, 
L’Atalante
de Jean Vigo, 
Clara et les chics types
de 
Jacques Monnet, etc.), une part significative, quoique minoritaire, de ces films étant 
antérieure à 1950. 
217
Descriptif de l’aide à la numérisation des oeuvres du patrimoine (site du CNC). 
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174 
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interlocuteur pour les ayants droit, et admet avoir préféré accepter les 
projets, même « considérés comme trop commerciaux ». 
2 - 
La multiplication des aides du CNC 
La multiplication des dispositifs visant à accompagner la transition 
numérique, potentiellement porteuse de redondances, reflète une 
économie générale des aides dans laquelle la création de nouveaux 
mécanismes ne s’accompagne pas de la nécessaire évaluation de la 
cohérence globale des soutiens. 
Les aides à la production cinématographique et audiovisuelle 
déployées par le CNC dans le cadre d’une économie matérielle, 
comprenant les salles de cinéma, la télévision, la vidéo physique et 
l’exportation, trouvent naturellement à s’appliquer dans une économie 
dématérialisée. Les nouveaux réseaux numériques constituent en effet un 
nouveau mode de diffusion des oeuvres traditionnelles, dès lors que 
celles-ci sont numérisées, et jouent en retour un rôle prescripteur sur les 
autres médias. La popularité croissante de la diffusion de programmes en 
télévision de rattrapage illustre, de ce point de vue, la place centrale que 
ces réseaux numériques continuent d’accorder aux contenus traditionnels. 
Par ailleurs, outre l’extension déjà évoquée du compte de soutien 
automatique aux nouveaux médias en 2011 (« Web COSIP »), de 
nouveaux dispositifs d’aide ont été déployés par le CNC, permettant de 
soutenir, plus ou moins directement, l’innovation et les nouveaux 
supports de diffusion d’images : ils visent en particulier à accompagner 
les investissements liés au numérique, à encourager le développement de 
technologies innovantes et à favoriser les projets conçus pour plusieurs 
supports de diffusion. 
S’ajoutant au dispositif préexistant (RIAM), les décrets des 
17 janvier 2012 et 24 février 2012 sont notamment venus confirmer 
l’existence du dispositif d’aide à la création artistique multimédia 
(DiCRéAM) et d’une aide sélective à la création pour les nouveaux 
médias (principalement internet et les écrans mobiles), auparavant mis en 
oeuvre par voie de convention avec le ministère de la culture et de la 
communication ou sous forme expérimentale. Ces dispositifs s’adressent 
aux oeuvres novatrices ou expérimentales dans le domaine de la création 
artistique multimédia et numérique, aux oeuvres spécifiquement destinées 
aux nouveaux médias et aux oeuvres dites « transmédia », c’est-à-dire 
exploitables sur les supports traditionnels (télévision, salles de cinéma) et 
sur les nouveaux médias. Le RIAM, pour sa part, devrait être 
prochainement élargi grâce à un dispositif similaire de soutien à la 
recherche et développement, ouvert aux grands comptes. 
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175 
Comme le montre le tableau ci-dessous, les montants attribués à 
ces dispositifs sont encore très modestes. 
Tableau n° 12 : dispositifs de soutien aux nouveaux médias 
audiovisuels, de 2008 à 2012 (en millions d’euros) 
2008 
2009 
2010 
2011 
2012 
« Web COSIP » 
- 
- 
- 
1,2 
2,2 
Fonds d’aide à l’innovation 
audiovisuelle 
1,0 
0,9 
0,9 
2,7 
3,0 
Aides à la création numérique 
(nouveaux médias) 
1,1 
1,5 
1,8 
2,3 
2,4 
Promotion des nouveaux médias 
(associations) 
- 
0,1 
0,3 
0,2 
0,2 
Aide à la création artistique 
multimédia (DiCréAM) 
0,7 
0,7 
0,7 
1,0 
1,0 
Aide à la recherche et à 
l’innovation 
en audiovisuel et multimédia 
(RIAM) 
1,6 
0,4 
0,5 
0,3 
1,5 
Aide sélective à la vidéo à la 
demande 
0,5 
0,7 
1,0 
0,7 
0,7 
Total 
4,9 
4,3 
5,2 
8,4 
11,0 
Source : Cour des comptes d’après données CNC. 
Incontestablement, 
ces 
créations 
ont 
été 
motivées 
par 
la 
préoccupation de répondre aux enjeux posés par la numérisation des 
contenus et de leur mode de consommation. Cette adaptation traduit 
néanmoins une approche incrémentale du soutien public, qui se construit, 
année après année, par l’adjonction de nouveaux dispositifs et qui conduit 
à une rigidification du régime des aides, dès lors que celles-ci 
correspondent à des guichets sectoriels fortement spécialisés, disposant de 
surcroît, pour la plupart, d’une enveloppe budgétaire très limitée. 
Par ailleurs, l’approche retenue par le CNC repose sur une 
segmentation des activités qui pourrait, dans certains cas, s’avérer contre-
productive, eu égard aux évolutions des secteurs aidés et des autres 
dispositifs de soutien. L’exposition des oeuvres, en particulier, souffre 
aujourd’hui d’une dichotomie très prononcée entre la production 
cinématographique et la production audiovisuelle. Si la sortie en salles 
constitue toujours un événement de nature à différencier les films des 
programmes audiovisuels, plusieurs éléments plaident néanmoins pour 
une atténuation de cette frontière s’agissant des aides versées par le CNC, 
notamment la saturation de la fenêtre d’exploitation que constitue la 
salle et les perspectives de recettes que peuvent représenter à terme, pour 
les oeuvres au plan de distribution plus modeste, l’exploitation en ligne. 
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176 
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Une réflexion semble donc nécessaire sur un élargissement du fait 
générateur du soutien public, aujourd’hui limité à l’agrément du film dans 
la perspective de sa sortie en salle. À l’avenir, la diffusion d’une oeuvre à 
la télévision, sa mise à disposition du public par un service de média 
audiovisuel ou en vidéo, préalablement ou simultanément à sa diffusion 
en salles, pourraient être des faits générateurs des aides du CNC, ce qui 
assurerait à la fois une plus grande fongibilité des différents types 
d’aides
218
et une simplification de leur architecture. La multiplication de 
ces 
passerelles, 
via 
des 
possibilités 
de 
requalification 
d’oeuvre 
cinématographique en oeuvre audiovisuelle et inversement, et la 
mobilisation de l’un ou l’autre des soutiens automatiques pour financer de 
nouvelles oeuvres pourraient faciliter encore ce type de mouvements. 
3 - 
Une adaptation encore partielle des relais de financement 
Les enjeux de financement qui sont associés à l’émergence du 
numérique ont conduit le ministère de la culture et de la communication à 
étendre aux acteurs numériques susceptibles d’être assujettis au cadre 
réglementaire national les obligations des diffuseurs. 
Par le décret du 12 novembre 2010 sur les services de médias à la 
demande (SMAD)
219
, le périmètre des obligations d'investissement qui 
pèsent sur les diffuseurs a été étendu aux services de médias audiovisuels 
à la demande (télévision de rattrapage et services payants à l’abonnement 
ou à l’acte) qui mettent à la disposition du public au moins dix oeuvres 
cinématographiques ou dix programmes audiovisuels au cours d’une 
année. Ce décret prévoit un relèvement progressif du niveau des 
obligations, pouvant aller de 15 à 26 % du chiffre d’affaires en fonction 
du nombre d’oeuvres diffusées et de la fenêtre de diffusion. De plus, ces 
services doivent respecter les mêmes quotas d’oeuvres que les services 
linéaires, s’agissant à la fois de la composition de leur catalogue et de leur 
page 
d’accueil 
(60 % 
d’oeuvres 
européennes 
et 
40 % 
d’oeuvres 
d’expression originale française). 
218
Le CNC a récemment rendu possible la mobilisation du soutien automatique à la 
production cinématographique en faveur d’une oeuvre initialement conçue pour une 
exploitation audiovisuelle, à condition de renoncer au bénéfice du soutien 
automatique à la production audiovisuelle. De même, une oeuvre initialement 
soutenue au titre des aides à la production cinématographique peut solliciter une aide 
à la production audiovisuelle, sous réserve d’en respecter les conditions d’octroi et de 
renoncer aux soutiens initialement perçus. Une autre passerelle a été mise en place par 
le décret du 26 septembre 2012 pour permettre l’utilisation du compte de soutien 
audiovisuel afin de financer la production d’oeuvres cinématographiques d’animation. 
219
Décret n° 2010-1379 du 12 novembre 2010. 
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Reprenant le principe qui sous-tend l’ensemble du dispositif 
français à la production cinématographique et audiovisuelle pour les 
acteurs français entrant sur le marché de la distribution numérique des 
contenus, cette réglementation n’en emporte pas moins un effet 
discriminant vis-à-vis de leurs homologues étrangers qui y demeurent 
soustraits pour avoir développé leur activité en Europe sur le modèle du 
commissionnement de filiales
220
. 
Dès lors qu’il a été conçu pour être alimenté par une économie 
territorialement circonscrite, le mécanisme de soutien à la production 
cadre mal avec le développement des services proposés sur internet, dans 
un cadre économique déterritorialisé
221
. 
Plusieurs solutions ont été avancées pour adapter le cadre fiscal en 
vigueur : adopter un régime de TVA compétitif pour la vente de médias 
audiovisuels 
en 
ligne
222
, 
introduire 
en 
droit 
fiscal 
la 
notion 
d’établissement stable virtuel, encadrer les prix de transfert abusifs, 
prendre en compte le « travail gratuit » fourni par la collaboration des 
internautes ou la monétisation des données personnelles
223
, taxer la 
publicité en ligne et les services de commerce électronique, élargir aux 
acteurs du Net la contribution à l’audiovisuel public
224
ou, plus largement, 
instaurer de nouvelles modalités de contribution à la création de 
l’ensemble des médias audiovisuels et une nouvelle régulation des acteurs 
privés
225
. Aujourd’hui, aucune solution juridique n’a pris forme pour 
garantir la contribution de ces acteurs au mécanisme de soutien public. 
S’agissant par ailleurs des sites de partage de vidéos, leur 
assujettissement à des obligations d’investissement dans la production 
nécessiterait que leur qualification évolue en droit communautaire. À ce 
220
Les revenus dégagés sur le territoire français sont perçus par des structures 
installées hors de France, ce qui permet aux filiales françaises de ne devoir qu’un 
impôt calculé à partir de leurs propres coûts de fonctionnement et de ne pas être 
redevable de la réglementation nationale orientant les investissements des diffuseurs - 
de tels services ne pouvant en effet se voir imposer des règles particulières au seul 
motif que leurs offres sont accessibles ou commercialisées sur le marché français. 
221
L’arrivée de diffuseurs non soumis à une réglementation culturelle a pu ainsi être 
comparée au franchissement de la « ligne Maginot » des fréquences hertziennes. 
Rapport du sénateur Jean-Pierre Plancade, 
Production audiovisuelle : pour une 
politique industrielle au service de l'exception culturelle
, p. 45, fait au nom de la 
commission de la culture, de l'éducation et de la communication. 
222
La télévision connectée
, mission conduite par M. Marc Tessier, novembre 2011. 
223
Rapport sur la fiscalité de l’économie numérique
, Nicolas Colin et Pierre Collin, 
janvier 2013. 
224
Rapport du président de la commission des finances du Sénat, M. Philippe Marini, 
sur la fiscalité numérique, juin 2012. 
225
Contribution aux politiques culturelle à l’ère numérique
, rapport de Pierre 
Lescure, 2013. 
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178 
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jour, en effet, l’activité d’hébergeur ne relève pas de la directive sur les 
services de médias audiovisuels mais de la directive sur le commerce 
électronique
226
. 
D’ores et déjà, et sans préjuger d’une solution plus générale, il 
pourrait 
s’avérer 
pertinent 
d’étendre 
le 
champ 
des 
obligations 
d’investissement 
des 
diffuseurs 
aux 
dépenses 
que 
ceux-ci 
sont 
susceptibles d’engager pour acquérir des contenus inédits, les numériser 
et les mettre à disposition sur une plate-forme de vidéo à la demande ou 
un service de vidéo à la demande par abonnement. Une telle mesure 
pourrait concourir à réduire l’asymétrie entre les diffuseurs traditionnels 
et les nouveaux entrants sur le marché de la diffusion numérique des 
contenus audiovisuels et cinématographiques, et semble de nature à 
inciter les chaînes à utiliser les droits dont elles disposent pour constituer 
des alternatives françaises plus puissantes aux plates-formes étrangères. 
Outre que des infrastructures de cette nature commencent à 
apparaître au sein des groupes audiovisuels (TF1, France Télévisions, 
notamment), une telle évolution ne ferait que prendre acte, en matière 
d’obligations réglementaires, de l’évolution d’ores et déjà consacrée dans 
les aides déployées par le CNC. L’inclusion de ce type de dépenses dans 
les obligations d’investissement devrait, le cas échéant, prendre en 
compte la nature des oeuvres concernées (production inédite, production 
indépendante, etc.). 
De même, une réflexion pourrait être conduite sur la nécessité de 
maintenir, à terme, des obligations d’investissement dans la production 
distinctes pour l’audiovisuel et le cinéma. 
Au-delà, il importe d’envisager une rénovation plus profonde de ce 
régime. Initialement, les obligations imposées aux chaînes ont été 
conçues comme des contreparties à la mise à disposition gratuite à leur 
profit de fréquences hertziennes, qui constituaient alors une ressource rare 
et partagée, aujourd’hui utilisée par la TNT et la télévision satellitaire 
(mais non par la télévision délivrée par câble ou ADSL). Les chaînes 
bénéficient d’une autorisation d’usage de fréquences pour une zone 
donnée, en vertu de la convention qui les lie au CSA. À l’heure où la 
plupart des éditeurs de services de télévision disposent de la capacité de 
distribuer leurs services par voie numérique (TNT, distribution de 
télévision par internet, télévision connectée), une évolution de ce régime 
qui aurait pour but d’y inclure à terme les nouveaux entrants du secteur de 
226
Dont l’article 14 définit l’activité d’hébergement. La question de la responsabilité 
éditoriale des hébergeurs a fait l’objet d’une jurisprudence constante au cours des 
dernières années, tendant à distinguer la catégorie des hébergeurs de celle des services 
de médias audiovisuels. 
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179 
l’image nécessiterait de mettre en regard les avantages consentis par la 
puissance publique et les contreparties susceptibles d’être demandées en 
échange : 
-
la mise à disposition, gratuite ou payante, de fréquences 
hertziennes ; 
-
les incitations fiscales ; 
-
le versement d’une taxe affectée destinée spécifiquement au 
soutien du secteur ; 
-
les obligations de diffusion ou d’exposition des oeuvres 
européennes et d’expression originale française ; 
-
les 
obligations 
d’investissement 
dans 
la 
production 
audiovisuelle et cinématographique européenne et d’expression 
originale française. 
Les réflexions à ce sujet pourraient ainsi conduire à terme à 
remplacer le régime actuel de concessions, fondé sur la rareté, par un 
régime de droits, sous la forme d’une labellisation des comportements les 
plus volontaristes, qui donnerait accès à un statut privilégié et aux 
avantages associés. 
Un régime analogue à celui des délégations de service public 
pourrait ainsi accorder aux diffuseurs qui le souhaitent une utilisation des 
licences hertziennes, en contrepartie d’une tarification modulable selon le 
degré de participation au financement et à la diffusion de la création 
française et européenne. 
4 - 
La nécessité de ménager des voies d’entrée dans le système de 
financement 
D’autres évolutions s’imposent. Elles concernent la chronologie 
des médias et l’émergence de services de vidéo à la demande (VàD). 
a)
Autoriser des assouplissements de la chronologie des médias 
Clef de voûte du dispositif de préfinancement, la chronologie des 
médias actuellement en vigueur
227
repose sur un texte adopté en dernier 
lieu en 2009. 
Les perspectives de recettes nouvelles qu’ouvrent les systèmes de 
diffusion propres à l’économie numérique invitent à s’interroger sur les 
conditions qui permettraient d’en maximiser le volume. Dans cette 
optique, il y a lieu de réfléchir à un desserrement de la contrainte qui pèse 
227
Le 5 avril 2012, les professionnels du cinéma ont renouvelé sans modification 
l’accord du 6 juillet 2009 concernant la chronologie des médias, reprenant lui-même 
les stipulations de l’accord de 2006. 
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180 
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sur le séquençage des fenêtres d’exploitation. La majorité des films sortis 
en salles (près de 70 % des films pour les années 2007 et 2008) n’étant 
pas concernée, à ce jour, par l’ensemble de ces fenêtres, plusieurs 
gisements d’exploitation peuvent en effet être identifiés : 
-
près de 10 % des films sortis en salles au cours de ces deux 
années, soit entre 50 et 60 films, n’ont connu aucune 
exploitation alternative à la salle (VàD, vidéo physique, 
télévision) ; 
-
la pratique de gels de droits à laquelle recourent certaines 
chaînes de télévision (en particulier l’achat des droits 
d’exploitation en VàD, à des fins non d’exploitation mais 
d’exclusivité pendant la fenêtre de diffusion télévisuelle) pose 
problème tant du point de vue de la circulation des films
228
que 
de leur rentabilité. Rien ne permet en effet d’affirmer que les 
sommes versées par les chaînes en contrepartie de ce gel 
rémunèrent le producteur de manière plus satisfaisante qu’une 
exploitation en vidéo à la demande ; 
-
la possibilité, ouverte par l’accord de juillet 2009, d’exploiter 
un film en vidéo à la demande quatre mois après sa sortie en 
salles a été pleinement utilisée par les distributeurs : 100 % des 
films en VàD sortis entre juillet 2011 et juin 2012 étaient 
disponibles moins de six mois après leur sortie en salles. Une 
évolution comparable peut être constatée s’agissant du 
raccourcissement 
de 
la 
fenêtre 
d’exploitation 
« vidéo 
physique ». 
Ainsi que le rappelle le rapport de M. Pierre Lescure, « maintenir 
une réglementation à une échelle nationale sans considération de 
l’environnement international semble de plus en plus délicat
229
». Les 
règles actuelles de la chronologie des médias sont des freins importants 
au développement des services de médias audiovisuels à la demande, et 
les craintes d’une destruction de la valeur sur ce support risquent 
d’entretenir un discours tautologique conduisant à maintenir ces services 
au dernier plan de la chronologie des médias, et à faire passer toute la 
production française à côté de cette révolution technologique. 
Le rapport remis par M. René Bonnell
230
propose plusieurs 
mesures visant à un assouplissement de la chronologie des médias. Dans 
un premier temps, il prévoit de : 
228
Ces pratiques peuvent conduire à ce qu’un film ne soit pas disponible en VàD 
avant 48 mois. 
229
Op. cit
., p. 95. 
230
Le financement de la production...
, décembre 2013, p. 172. 
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181 
-
« mettre en place la commission de dérogation statuant sur la 
commercialisation plus précoce 
en aval de la salle des films 
ayant disposé de moins de 20 copies
; 
-
rendre leur liberté contractuelle en aval de la salle (après quatre 
mois) aux films français agréés sortis sans préfinancement 
d’une chaîne ou de la vidéo ; 
-
mettre en oeuvre des fenêtres glissantes pour les films tirés sur 
moins de 100 copies (60 % des sorties) qui n’ont bénéficié que 
d’un préfinancement partiel ». 
Dans un second temps, sous conditions
231
et avec une date butoir 
d’application, il propose « la
fenêtre SVOD fixée à 18 mois sous 
condition d’engagements de production 
et le dégel des droits à l’intérieur 
des fenêtres des chaînes, en remontant leur fenêtre de diffusion selon un 
délai à négocier avec les organisations professionnelles ». 
Dans cet esprit, une réforme progressive pourrait reposer sur cinq 
piliers, globalement consensuels aujourd’hui : 
-
la souplesse du cadre juridique (négociation professionnelle, au 
besoin consolidée par la voie réglementaire) ; 
-
la pratique d’expérimentations, sous l’égide du CNC ; 
-
le principe des contreparties, les droits de diffusion devant être 
accordés aux services de vidéo à la demande qui contribuent au 
financement de la création (production ou distribution) ; 
-
le ciblage des mesures sur les films les moins bien financés, 
c’est-à-dire dont le devis est inférieur à 4 M€ ou non financés 
par les chaînes en clair (une centaine par an), et l’adaptation des 
fenêtres en fonction des préfinancements apportés à une oeuvre, 
plutôt que le maintien d’un cadre identique pour tous les films, 
quels qu’en soient les sources de financement ; 
-
l’anticipation 
de 
l’évolution 
des 
usages 
et 
l’adaptation 
pragmatique de la chronologie, qui pourraient justifier en 
particulier la suppression des jours interdits de diffusion à la 
télévision. 
231
Ces conditions sont les suivantes : 1/ laisser les professionnels se concerter sur le 
montant des obligations des services qui opèreraient dans ce délai et en obtenir la 
traduction 
réglementaire 
; 
2/ 
permettre 
aux 
pré-acheteurs 
d’adapter 
leur 
programmation à la nouvelle donne en prévoyant un calendrier d’application 
respectant les droits déjà acquis ; 3/ commencer à mettre en place le système de la 
TVA du pays consommateur (1
er
janvier 2015) afin de protéger les services nationaux 
contre l’intrusion des opérateurs étrangers dans des conditions anti-concurrentielles. 
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182 
COUR DES COMPTES
b)
Accompagner l’émergence de nouveaux services 
Pour accompagner le développement de services de vidéo à la 
demande, le CNC a mis en place en 2008 un dispositif de soutien sélectif 
à l’exploitation d’oeuvres en VàD dans le cadre du règlement dit 
de 
minimis
232
. Ainsi, il peut accorder des aides aux détenteurs de droits, pour 
l’édition vidéo (DVD ou VàD) d’un titre ou d’un catalogue de titres, et 
aux éditeurs de services de VàD, pour l’acquisition et la mise en ligne de 
nouvelles oeuvres. L’aide peut atteindre 50 % des dépenses éligibles. Le 
critère principal qui détermine l’attribution de l’aide sélective est l’intérêt 
culturel des oeuvres acquises, apprécié par une commission d’experts 
auprès du CNC. 
Limité à 200 000 € par entreprise sur une période de trois ans, ce 
dispositif a désormais atteint ses limites. Le plafonnement des aides 
empêche de dépenser l’intégralité du budget alloué à ce programme 
(0,7 M€ dépensés sur un budget de 2 M€ en 2012). 
Parallèlement, le CNC a souhaité développer un dispositif de 
soutien automatique à la VàD. Ce régime, doté d’un budget annuel de 
5 M€, viserait les services de VàD établis en Europe, qui s’acquittent de 
la taxe VàD et dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 200 M€. Le 
chiffre d’affaires lié à la vente ou à la location des oeuvres agréées serait à 
l’origine d’un droit de tirage au profit de chaque service de VàD, qui 
pourrait être mobilisé pour acquérir de nouvelles oeuvres ou pour 
améliorer l’ergonomie ou la valeur ajoutée éditoriale du service. 
Ce dispositif, fondé économiquement et susceptible de répondre au 
besoin de structuration des services de vidéo à la demande qui est 
clairement identifié dans ce secteur, n’a pas encore été autorisé par la 
Commission européenne. Soulignant que les aides à la distribution ne 
sont pas visées par la communication « cinéma », celle-ci a rejeté la 
notification de l’aide sur la base de l’article 107.3 d) du traité sur le 
fonctionnement de l’Union européenne et examine actuellement une 
nouvelle notification déposée par les autorités françaises, sur le même 
fondement. 
En sus de ce nouveau dispositif qui s’adresserait spécifiquement 
aux services de VàD, le soutien automatique à la distribution en salles, 
aujourd’hui 
principalement 
destiné 
à 
compenser 
le 
caractère 
structurellement déficitaire de ce mode d’exploitation, gagnerait à être 
réformé pour accompagner la mutation de la distribution vers d’autres 
fenêtres d’exploitation. En effet, l’objectif de structuration économique 
du secteur de la distribution devrait aller de pair avec une prise en compte 
232
Règlement CE n° 1998/2005 du 15 décembre 2006. 
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183 
des évolutions récentes : les risques qui pèsent sur le modèle du 
préfinancement conduisent aujourd’hui la plupart des distributeurs en 
salles à exiger en contrepartie de leur investissement des recettes sur 
toutes les fenêtres d’exploitation. 
Dans un contexte marqué par un cadre juridique défavorable aux 
aides publiques directes, une autre piste pourrait être explorée pour 
répondre aux besoins de financement identifiés dans le domaine de la 
distribution en ligne des contenus audiovisuels : les investissements des 
SOFICA, qui présentent en effet la capacité d’attirer des capitaux privés 
sur un investissement d’intérêt général, tout en demeurant parfaitement 
compatible avec le droit communautaire en vigueur. 
Il pourrait être envisagé d’y avoir recours pour orienter une part de 
leurs investissements vers la distribution de contenus audiovisuels en 
vidéo dématérialisée, en encourageant les SOFICA à investir dans la 
production de films en contrepartie d’une participation aux seules recettes 
de VàD
233
. Une telle proposition remettant en cause la participation 
actuelle des SOFICA dans le financement de la production (celles-ci 
ayant tendance, pour la plupart, à solliciter une récupération de recettes 
sur l’ensemble des fenêtres d’exploitation), il apparaîtrait sans doute 
préférable de la réserver, dans un premier temps et à titre expérimental, à 
quelques SOFICA, avant de juger de l’opportunité d’étendre ce modèle. 
Au-delà, pour faciliter la participation des éditeurs de services de 
VàD à la production des oeuvres, il pourrait être envisagé d’accorder une 
bonification du soutien automatique lorsque l’oeuvre en projet est 
soutenue financièrement par ce type de services. En fixant un seuil de 
participation financière suffisamment bas, une telle mesure serait de 
nature à pallier le manque de contribution à la création de ces nouveaux 
acteurs, pendant une période transitoire, jusqu’à ce que leur taille 
économique leur permette d’investir directement dans la production. 
Enfin, l’État a un rôle à jouer, au travers des acteurs publics 
(France Télévisions et Arte), d’Orange (dont il reste actionnaire à 27 %) 
et des autres principaux détenteurs de catalogues, bénéficiaires pour une 
part d’avantages fiscaux (à l’instar du groupe Canal +), pour inciter à la 
constitution d’une offre de grande envergure dans le domaine de la vidéo 
à la demande par abonnement. Faute d’intérêt économique direct des 
parties prenantes à une initiative privée débouchant sur la mise en 
233
Le rapport de Pierre Lescure propose ainsi que, en contrepartie de ce risque, 
l’avantage fiscal soit majoré (« les SOFICA qui acceptent de consacrer au moins 5 % 
de leurs investissements à ce mode d’intervention pourraient bénéficier d’un taux 
majoré de 43 %. Le coût budgétaire d’une telle mesure est évalué à 4 M€ pour une 
utilisation par l’ensemble des SOFICA »). 
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184 
COUR DES COMPTES
commun des catalogues, une telle démarche de coordination relève en 
effet d’une politique à conduire à l’échelle nationale, voire européenne. 
__________ 
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 
________ 
Alors que la mondialisation et la numérisation constituent deux 
mouvements structurants du secteur de la production cinématographique 
et audiovisuelle, les soutiens publics sont encore insuffisamment orientés 
vers l’accompagnement de ces évolutions. 
Compte tenu de la concentration des aides publiques sur la phase 
de production, les soutiens à l'exportation n'occupent en France qu'une 
place de second rang dans le paysage des interventions en faveur des 
industries cinématographiques et audiovisuelles (25 M€). Ces aides, d’un 
faible montant, sont attribuées de façon très dispersée, par une multitude 
d’intervenants, à un tissu d’acteurs économiques lui-même fragmenté 
(dans le secteur audiovisuel) ou potentiellement bénéficiaire d’un effet 
d’aubaine (en matière cinématographique). L'écart entre les ressources 
disponibles et la taille du marché mondial justifie une conception plus 
ciblée et plus dynamique de l'aide publique, favorisant la concentration 
des acteurs et l’encouragement des démarches innovantes. 
Les nouveaux usages permis par la technologie numérique peuvent 
être 
source 
de 
recettes 
supplémentaires 
pour 
la 
production 
cinématographique et audiovisuelle, à condition d’aménager une voie 
d’accès des nouveaux supports de diffusion au système de financement 
français : plutôt que d’en rester à une posture de défense de son marché, 
la France doit oeuvrer pour une insertion offensive de ses opérateurs dans 
la nouvelle donne de l’économie électronique et mondialisée de l’image 
animée. 
Afin de mieux anticiper les évolutions liées à la délinéarisation 
-c’est-à-dire la possibilité pour le consommateur de choisir le 
programme de télévision qu’il veut regarder- et à la dématérialisation de 
la consommation d’image, l’intervention publique devrait utiliser tous les 
leviers à sa disposition pour faciliter les passerelles entre dispositifs 
d’aide et en réduire le nombre. Une telle évolution suppose aussi 
d’introduire davantage de souplesse dans le cadre réglementaire en 
vigueur, en particulier concernant les obligations d’investissement des 
diffuseurs dans la production et la chronologie des médias. 
Ces aménagements sont en effet nécessaires pour favoriser 
l’émergence de services en ligne proposant des contenus français et 
européens mis en valeur au plan éditorial, et pour espérer inciter à terme 
des acteurs économiques établis hors du territoire français à s’insérer 
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Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
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LES DEFIS DE LA NUMERISATION DANS UN MARCHE MONDIALISE 
185 
dans un régime contraignant de contribution à la production et à la 
diffusion de ces images. 
En conséquence la Cour formule les recommandations suivantes : 
18.
ne pas prolonger, au-delà de l’année 2014, le relèvement des 
plafonds et l’extension des dépenses éligibles introduits depuis 
2012 
pour 
les 
crédits 
d’impôts 
à 
la 
production 
cinématographique et audiovisuelle et le crédit d’impôt 
international ; 
19.
redéployer les aides à l’exportation vers le fonds d’avance 
remboursable géré par l’IFCIC et vers un soutien sélectif plus 
concentré, dédié à l’innovation et à la prospection ; 
20.
inclure les dépenses de numérisation et de mise en ligne de 
contenus parmi les obligations d’investissement des diffuseurs ; 
21.
mobiliser les soutiens publics pour favoriser l’émergence 
d’éditeurs de services de vidéo à la demande par abonnement 
(aménagements de la chronologie des médias, incitations aux 
producteurs, distributeurs et détenteurs de catalogue). 
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Conclusion générale 
La dépense publique en faveur du secteur, en forte croissance 
depuis dix ans, est insuffisamment maîtrisée.
La France a créé un système de soutien à la production 
cinématographique et audiovisuelle unique en Europe par l’ampleur des 
aides, la diversité des soutiens indirects, l’étendue et la précision du cadre 
réglementaire. Il s’agit d’un système ancien et cohérent, mais dont 
l’examen révèle une multiplication des dispositifs et une augmentation 
très dynamique de leur volume au cours de ces dix dernières années. Les 
aides directes au secteur (601 M€ en 2012) ont crû de 88 %, soit quatre 
fois plus vite que le budget de l’État. Or une telle augmentation des aides 
directes s’est produite sans découler d’une priorité explicite en faveur de 
ce secteur, assortie d’objectifs précis et d’évaluation des résultats. 
Afin que cette évolution soit mieux maîtrisée à l’avenir et la 
dépense publique contenue, la Cour recommande de définir davantage les 
dépenses en fonction des besoins du secteur et de l’efficacité avérée des 
dispositifs de soutien. Au vu des redondances, il est également 
recommandé d’exclure les sociétés de production cinématographique et 
audiovisuelle du bénéfice de certains dispositifs fiscaux de droit commun, 
et de concentrer l’accompagnement du CNC aux aides des collectivités 
territoriales sur les facteurs susceptibles de favoriser la localisation des 
tournages. 
De même, les dispositifs fiscaux spécifiquement conçus pour 
attirer et maintenir des productions sur le territoire national constituent un 
poste très dynamique (la dépense fiscale en faveur du secteur a été 
multipliée par huit en dix ans), pris dans une surenchère vaine et coûteuse 
à l’échelle européenne, à laquelle il est souhaitable de mettre un terme. Le 
relèvement du plafond et l’élargissement des dépenses éligibles au titre de 
ces dispositifs, sans justification économique avérée, ne s’expliquent que 
par un alignement sur les avantages fiscaux accordés à l’étranger. Il y a 
donc urgence à réguler ces pratiques fiscales au niveau communautaire, et 
à en freiner l’extension au niveau national et à en mesurer soigneusement 
l’efficacité. 
Le soutien à la production cinématographique gagnerait à 
intégrer davantage la préoccupation de l’exposition des oeuvres au 
public.
La politique de soutien à la production cinématographique se 
caractérise par un modèle de préfinancement des oeuvres étroitement 
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188 
COUR DES COMPTES
régulé par la puissance publique. Ce modèle a permis au cinéma français 
de maintenir un volume de production et une part de marché inégalés 
ailleurs en Europe. Les financements publics, minoritaires, sont pourtant 
essentiels pour les segments les plus vulnérables de la production. Ce 
système présente néanmoins des risques d’essoufflement, liés à une 
hausse des coûts pour une partie de la production et à une saturation des 
fenêtres de diffusion des films. 
Or, comme l’a rappelé la Commission européenne dans sa 
communication du 15 novembre 2013, « l’objectif consistant à protéger et 
à promouvoir la diversité culturelle européenne à travers les oeuvres 
audiovisuelles ne saurait être atteint que si ces oeuvres sont vues par un 
public. L’aide apportée à la seule production risque d’encourager la 
fourniture de contenu audiovisuel sans garantir la distribution et la 
promotion correctes de l’oeuvre audiovisuelle financée
». Par ailleurs la 
hausse des coûts de production, si elle est une tendance globale, 
s’explique, pour partie, par des pratiques contestables tolérées, voire 
encouragées, par le système d’aide français. 
Ces facteurs conduisent à un déséquilibre croissant entre les 
décisions 
d’investissement 
dans 
la 
production 
et 
les 
capacités 
d’exposition des films produits.
La production cinématographique est 
confrontée à un risque croissant de saturation des possibilités d’exposition 
des films, alors que, pour garantir la pérennité de ce modèle de 
financement, le soutien à la production cinématographique doit freiner 
l’augmentation des coûts les plus dynamiques, circonscrire les effets 
d’aubaine et mieux identifier et valoriser la responsabilité économique du 
producteur. Il devrait mieux répondre aux besoins de chaque budget de 
production, en veillant à ce que le soutien à la production aille de pair 
avec une exposition adéquate des films en salle. La réglementation qui 
encadre l’exposition des films français à la télévision devrait également 
être revue, afin de s’adapter aux pratiques de consommation actuelles. 
Le système de soutien à la production audiovisuelle peine à faire 
émerger 
des entreprises d’envergure internationale et des oeuvres 
exportables.
La production audiovisuelle, pour sa part, bénéficie d’un système 
de soutien sans équivalent en Europe, pour des performances décevantes. 
Les 
aides, 
conçues 
en 
référence 
au 
soutien 
à 
la 
production 
cinématographique, ne prennent pas suffisamment en considération la 
nature du tissu des entreprises de production, qu’elles n’ont pas aidé à se 
structurer pour y faire apparaître des acteurs de poids international. Un 
nouvel équilibre reste à trouver pour rendre plus fluides les modalités de 
production et d’exploitation des oeuvres. 
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CONCLUSION GÉNÉRALE 
189 
Le dispositif de soutien à la production audiovisuelle donne une 
place centrale à la production indépendante, sans lui permettre de 
bénéficier d’un statut économique clairement indépendant par rapport aux 
diffuseurs. Les leviers à disposition des pouvoirs publics (aides directes et 
commandes des chaînes de l’audiovisuel public) ont été orientés vers un 
soutien quantitatif à la production davantage que vers l’aide à la création 
et la satisfaction des attentes du public. Dès lors, les résultats atteints sont 
loin d’être satisfaisants, tant en matière de structuration du secteur de la 
production que d’audience et d’exportation des oeuvres de fiction, malgré 
des signes récents de redressement. 
En conséquence, une réforme profonde de ce cadre apparaît 
nécessaire, afin de recentrer les obligations qui s’imposent aux éditeurs de 
contenus sur la production d’oeuvres audiovisuelles de qualité, tout en 
permettant une exploitation plus transparente de ces oeuvres. Les 
investissements de France Télévisions devraient, en particulier, être 
principalement définis en fonction de l’objectif de consolidation du 
secteur et des besoins propres de l’audiovisuel public, ce qui implique 
une révision profonde du mode de sélection des projets. Les aides du 
CNC, pour leur part, pourraient être davantage ciblées sur la structuration 
du secteur et la constitution de sociétés fortes à l’échelle internationale, 
d’une part, et le soutien à l’écriture et au développement et aux nouvelles 
formes de création, d’autre part. 
Le contexte, désormais numérique et mondialisé, appelle une 
rénovation de la politique de soutien.
Les modes de diffusion des images connaissent une révolution, 
tandis que la numérisation et la mondialisation accrue des contenus 
fragilisent un modèle avant tout conçu pour une consommation linéaire 
dans un cadre national. Cette révolution se traduit par l’apparition 
d’opérateurs internationaux, non assujettis à la taxation ou aux contraintes 
réglementaires qui pèsent sur les acteurs français, et par le développement 
de modes de consommation illégaux, qui non seulement ne contribuent 
pas au financement de la création, mais risquent d’en saper le fondement. 
Dans le même temps, l’insuffisante prise en compte par le système de 
financement de l’internationalisation des marchés paraît de moins en 
moins compatible avec la nécessité de renforcer la présence culturelle et 
le poids économique des productions françaises dans le monde, tandis que 
se développe, entre États membres de l’Union européenne, une 
concurrence fiscale coûteuse et inefficiente pour attirer les tournages sur 
leur territoire. 
La numérisation des contenus et leur diffusion toujours plus aisée à 
l’échelle mondiale obligent à aller au-delà d’une politique de soutien qui 
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190 
COUR DES COMPTES
se limiterait à défendre le marché national et à préserver l’attraction du 
territoire français. L’importance économique croissante du secteur de 
l’image animée, de plus en plus concurrentiel, et le bouleversement des 
modes de consommation sur internet mettent à mal les modes de 
financement traditionnels de la production. 
Dans ce contexte, seule une anticipation des évolutions liées à la 
délinéarisation et à la dématérialisation de la consommation des images 
animées permettront d’affecter une partie des recettes supplémentaires à 
en attendre vers la production cinématographique et audiovisuelle. Au 
lieu d’entretenir un soutien à l’attractivité territoriale de plus en plus 
coûteux, mal coordonné et sans impact démontrable, et une politique de 
promotion à l’exportation émiettée et peu dynamique, la France peut 
s’efforcer de favoriser une insertion offensive de ses opérateurs dans la 
nouvelle donne économique. Dans cette optique, la Cour recommande de 
moderniser les politiques de soutien à l’exportation, de faciliter les 
passerelles entre dispositifs d’aide, d’introduire davantage de souplesse 
dans le cadre réglementaire et d’inciter les détenteurs de droits et les 
diffuseurs à formuler des offres de vidéo à la demande sur abonnement, 
en améliorant leurs fenêtres d’exposition en contrepartie de leur 
contribution au préfinancement des oeuvres.
Des modes d’intervention publics plus transparents et plus 
souples seraient un gage supplémentaire d’efficacité. 
L’ensemble de ces analyses converge sur le constat d’une dilution 
des choix de politique publique. L’objectif de diversité culturelle, visée 
première de l’action publique, finit par servir de caution à une dispersion 
et à une insuffisante efficacité des soutiens, au moment même où les 
bouleversements actuels du paysage de l’image animée exigent une 
intervention publique à la fois mieux ciblée économiquement et plus 
soutenable budgétairement. À cet égard, les observations du présent 
rapport permettent de suggérer les conditions minimales qui devraient 
présider aux évolutions souhaitables. La politique de soutien à la filière 
cinématographique ne saurait se bâtir que sur des coûts et des remontées 
de recettes transparents. Le partage des recettes d’exploitation des oeuvres 
cinématographiques entre les différentes parties prenantes est, elle aussi, 
une condition de l’acceptabilité du système par l’ensemble des 
professionnels. En matière audiovisuelle, la clarification des modalités de 
rémunération des producteurs est un préalable nécessaire à l’amélioration 
des relations entre les diffuseurs et les sociétés de production. 
La fonction d’expertise économique du CNC pourrait être 
davantage 
développée 
en 
fonction 
de 
ces 
objectifs, 
afin 
que 
l’établissement public soit en mesure de conduire une évaluation 
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CONCLUSION GÉNÉRALE 
191 
permanente de la politique publique mise en oeuvre en s’appuyant sur des 
instruments de mesure des résultats obtenus.
La politique de soutien à la 
production cinématographique et audiovisuelle s’est construite autour 
d’un consensus entre les pouvoirs publics et les professionnels. Ce 
consensus, pour être perpétué dans des conditions acceptables, ne peut 
s’affranchir d’un souci de mesure de l’efficacité des actions menées et 
d’une information pleine et entière du Parlement sur les résultats de ces 
évaluations. 
La clarification de ces enjeux économiques offrirait une base 
solide pour décloisonner les soutiens publics, quitte à remettre en cause 
certains dispositifs. Une approche plus pragmatique de la création 
pourrait ainsi conduire le CNC à ajuster, à la hausse comme à la baisse, 
les dispositifs dont il a la charge, en fonction de priorités pluriannuelles 
déterminées sur la base d’une concertation réunissant les professionnels et 
les pouvoirs publics. Dans le domaine du cinéma, une telle démarche 
suppose d’accroître la différenciation des aides, en reconnaissant la 
diversité des situations économiques des bénéficiaires, en prenant mieux 
en compte dans l’octroi des aide sélectives la viabilité des projets 
soutenus et en augmentant leurs chances de trouver un public. 
Par 
ailleurs, 
la 
forte 
séparation 
entre 
la 
production 
cinématographique et la production audiovisuelle, qui se reflète dans 
l’architecture du dispositif de soutien, devrait être assouplie alors que la 
fenêtre d’exploitation en salle présente des signes de saturation et que 
l’exploitation des oeuvres en ligne est susceptible d’offrir des perspectives 
de recettes croissantes. La multiplication des passerelles entre les 
mécanismes de soutien serait de nature à fluidifier les mouvements entre 
types d’oeuvres et à faciliter leur exposition. Enfin, l’équilibre actuel entre 
dispositifs réglementaires et accords interprofessionnels devrait être revu 
en faveur de ceux-ci. 
Au-delà des réformes préconisées par la Cour, le système de 
soutien à la production a besoin d’une souplesse et d’une capacité de 
réaction accrue pour s’adapter au nouveau contexte économique, 
mondialisé et numérisé. Tout en maintenant les principes les mieux 
éprouvés de la politique de soutien, cet effort d’adaptation ouvrirait la 
voie à des choix stratégiques, effectués sur la base de diagnostics 
transparents et clairs. C’est à ce prix que le secteur de la production 
cinématographique et audiovisuelle pourra répondre, de façon renouvelée, 
aux exigences de diversité et de créativité, lui permettant de proposer des 
oeuvres de qualité susceptibles de rencontrer une audience toujours plus 
importante en France et dans le monde. 
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Récapitulatif des recommandations 
- relatives à l’ensemble du système de soutien 
1.
établir, dans le document de performance, sur la base d’une 
évaluation rigoureuse des besoins du secteur et de l’efficacité 
des dispositifs de soutien, une trajectoire pluriannuelle de 
dépenses du CNC et adapter en conséquence le niveau de ses 
recettes ; 
2.
exclure les sociétés de production cinématographique et 
audiovisuelle du bénéfice des dispositifs fiscaux de droit 
commun 
visant 
à 
encourager 
les 
investissements 
des 
particuliers dans le capital des PME ; 
3.
ajouter les subventions publiques remboursables à la liste des 
subventions exclues du montant des dépenses éligibles aux 
crédits d’impôt cinéma et audiovisuel ; 
4.
mettre 
fin 
à 
l’abondement 
automatique 
des 
aides 
des 
collectivités 
territoriales 
par 
le 
CNC 
au 
profit 
d’un 
conventionnement au cas par cas des dispositifs les plus 
innovants. 
- relatives au soutien à la production cinématographique 
5.
procéder à des regroupements des aides sélectives à la 
production et à la distribution cinématographique et réduire le 
nombre de projets éligibles afin d’augmenter le montant 
unitaire pour chacun des projets retenus ; 
6.
faire bénéficier des activités plus innovantes et plus risquées de 
la situation de suréquilibre du fonds cinéma de l’IFCIC ; 
7.
lier le calcul du montant de soutien automatique accordé au 
niveau des apports en fonds propres du producteur ; 
8.
plafonner la prise en charge par le soutien public des 
rémunérations les plus élevées ; 
9.
neutraliser les rémunérations en participation dans le calcul des 
soutiens publics à la production cinématographique ; 
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194 
COUR DES COMPTES
10.
rendre inéligibles aux soutiens publics les films qui recourent 
au versement anticipé de compléments de rémunération sous 
forme de droit à l’image ; 
11.
assouplir le régime des jours pendant lesquels la diffusion 
d’oeuvres cinématographiques est interdite sur les chaînes de 
télévision. 
- relatives au soutien à la production audiovisuelle 
12.
procéder à un resserrement des critères de qualification du 
documentaire susceptible d’être aidé et comptabilisé au titre des 
obligations des chaînes ; 
13.
définir le montant des obligations d’investissement des chaînes 
du service public uniquement en proportion de leur chiffre 
d’affaires ; 
14.
élaborer, par la voie d'un accord interprofessionnel, un devis-
type 
de 
la 
production 
d’oeuvres 
audiovisuelles, 
faisant 
apparaître la rémunération du producteur ; 
15.
relever le seuil d’accès au soutien automatique à la production 
audiovisuelle ; 
16.
prendre en compte les résultats obtenus par les programmes 
aidés dans l’octroi du soutien automatique du CNC, à travers 
une bonification liée par exemple aux ventes en France et à 
l'étranger, à la qualité des programmes et au succès de leur 
audience ; 
17.
consacrer une part plus importante des aides sélectives du CNC 
à la phase d’écriture et de développement des programmes et 
aux nouvelles formes de création. 
- relatives à la mondialisation et à la numérisation de la 
production 
18.
ne pas prolonger, au-delà de l’année 2014, le relèvement des 
plafonds et l’extension des dépenses éligibles introduits depuis 
2012 
pour 
les 
crédits 
d’impôts 
à 
la 
production 
cinématographique et audiovisuelle et le crédit d’impôt 
international ; 
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CONCLUSION GÉNÉRALE 
195 
19.
redéployer les aides à l’exportation vers le fonds d’avance 
remboursable géré par l’IFCIC et vers un soutien sélectif plus 
concentré, dédié à l’innovation et à la prospection ; 
20.
inclure les dépenses de numérisation et de mise en ligne de 
contenus parmi les obligations d’investissement des diffuseurs ; 
21.
mobiliser les soutiens publics pour favoriser l’émergence 
d’éditeurs de services de vidéo à la demande par abonnement 
(aménagements de la chronologie des médias, incitations aux 
producteurs, distributeurs et détenteurs de catalogue). 
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ANNEXES
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ANNEXES 
199
Annexe n° 1 - Liste des sigles utilisés 
CIA : crédit d'impôt audiovisuel 
CIC : crédit d'impôt cinéma 
CII : crédit d'impôt international 
CNC : centre national du cinéma et de l'image animée 
COSIP : compte de soutien des industries de programmes audiovisuels 
CPI : code de la propriété intellectuelle 
CSA : conseil supérieur de l'audiovisuel 
DGMIC : direction générale des médias et des industries culturelles 
DICRéAM : dispositif d’aide à la création artistique multimédia 
DRAC : directions régionales des affaires culturelles 
EOF : expression originale française 
MCC : ministère de la culture et de la communication 
MG : minimum garanti 
IFCIC : institut de financement du cinéma et des industries culturelles 
RBD : recettes brutes distributeurs 
RIAM : recherche et innovation en audiovisuel et multimédia 
RNPP : recettes nettes part producteur 
SOFICA : société de financement du cinéma 
TNT : télévision numérique terrestre 
TSA : taxe spéciale additionnelle 
TSTe : taxe sur les éditeurs de services de télévision 
TSTd : taxe sur les distributeurs de services de télévision 
TVA : taxe sur la valeur ajoutée 
VàD : vidéo à la demande reposant sur un paiement à l'acte (VOD) 
VàDA : vidéo à la demande par abonnement (SVOD) 
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200 
COUR DES COMPTES
Annexe n° 2 - Glossaire 
Éditeur de services de télévision
: société qui programme des émissions de 
télévision, quel que soit leur mode de diffusion (hertzien terrestre, numérique 
terrestre, satellite, câble, ADSL, internet, mobile, etc.). 
Distributeur de services de télévision
: toute personne qui établit avec des 
éditeurs de services (ou avec d'autres distributeurs) des relations contractuelles 
en vue de constituer une offre de services de communication audiovisuelle 
mise à disposition du public par un réseau de communications électroniques 
(câbloopérateurs, distributeurs satellitaires, distributeurs de la télévision 
numérique terrestre, fournisseurs d’accès internet, opérateurs de téléphonie 
mobile, etc.). 
Distribution cinématographique
: activité intermédiaire entre la production 
et l'exploitation consistant à promouvoir et diffuser dans l'ensemble du parc de 
salles les films proposés au public. 
Film d'initiative française
: film intégralement produit par des capitaux 
français ou sur la base d’une coproduction comportant majoritairement des 
financements français. 
Film français
: les films considérés comme français à l’export désignent 
l’ensemble des films agréés (y compris les films minoritaires). 
Film agréé
: correspond à l'ensemble regroupant les films d'initiative française 
et les films à financement français minoritaire. 
Film inédit
: film nouvellement sorti en salles. 
Industries techniques
: industries regroupant les fabricants de matériel 
(équipement nécessaire aux besoins de production) ; les fabricants ou 
distributeurs de support de pellicule ; les prestataires du tournage (loueurs de 
matériels, régies mobiles et studios de prise de vue) ; les postproducteurs 
image et son ; les entreprises spécialisées dans la restauration des oeuvres, 
l’archivage ou le stockage; les laboratoires de production, de postproduction et 
de série (tirage des copies). 
Mandat
: contrat conclu entre le producteur d'une oeuvre et un distributeur, 
français ou étranger, qui prévoit fréquemment le versement par le distributeur 
d’un minimum garanti, voire la prise en charge de frais d'édition et de 
publicité, et définit les modalités d'exploitation de l’oeuvre (territoire, durée, 
modes d'exploitation, propriété intellectuelle). 
OEuvre 
d'expression 
originale 
française 
(EOF)
: 
oeuvre 
réalisée 
intégralement ou principalement en version originale en français ou dans une 
langue régionale en usage en France (art. 5 du décret n° 90-66). 
OEuvre européenne
: oeuvre réalisée ou produite dans un État membre de 
l'Union européenne ou, sous certaines conditions, dans un État tiers partie à la 
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ANNEXES 
201
convention européenne sur la télévision transfrontière du Conseil de l'Europe 
(article 6 du décret n° 90-66 du 17 janvier 1990). 
OEuvre audiovisuelle patrimoniale
: oeuvre de fiction, d'animation, de 
documentaires de création, de vidéo-musiques et de captation ou de recréation 
de spectacles vivants (la loi n° 2007-309 du 5 mars 2007). 
OEuvre audiovisuelle
: émission ne relevant pas d’un des genres suivants : 
oeuvres 
cinématographiques 
de 
longue 
durée, 
journaux 
et 
émissions 
d’information, variétés, jeux, émissions autres que de fiction majoritairement 
réalisées en plateau, retransmissions sportives, messages publicitaires, télé-
achat, autopromotion, services de télétexte (art. 4 du décret n° 90-66 du 17 
janvier 1990). 
Programme de flux
: programme ne présentant plus qu’un intérêt réduit après 
son premier passage à l’antenne (émissions de plateau, informations, jeux, 
météo, sport, la plupart des magazines). 
Programme de stock
: programme qui conserve, après sa première diffusion, 
une valeur patrimoniale (fiction, documentaire, animation). 
Production
: phase (après la préparation et avant la postproduction) de 
fabrication d'une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle au cours de 
laquelle sont réalisées les prises de vues et de son directes. 
Postproduction
: phase regroupant l'ensemble des activités de finalisation d'un 
film ou d'un programme audiovisuel : montage du son et de l'image, 
postsynchronisation, bruitage, doublage, mixage, effets spéciaux, étalonnage 
de l'image. 
Producteur délégué
: entreprise de production qui prend l’initiative et la 
responsabilité financière, technique et artistique de la réalisation de l’oeuvre et 
en garantit la bonne fin (5° de l’article 6 du décret n° 99-130 du 24 février 
1999). Le producteur délégué se distingue du coproducteur, dont l'intervention 
se limite à un apport financier dans le projet. 
Producteur exécutif
: entreprise liée par un contrat avec une société de 
production étrangère et chargée, d’une part de réunir les moyens techniques et 
artistiques en vue de la réalisation d'une oeuvre sur son territoire, d’autre part 
d’assurer la gestion des opérations matérielles de fabrication de cette oeuvre et 
de veiller à leur bonne exécution. Le producteur exécutif effectue ces 
opérations en contrepartie d’une rémunération versée par le producteur 
étranger qui a pris l’initiative de la réalisation de l’oeuvre, en conserve la 
maîtrise et en assume la responsabilité. 
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202 
COUR DES COMPTES
Annexe n° 3 - Méthode de comptabilisation des soutiens 
à la production 
Pour l’élaboration du graphique n° 2, la Cour a retenu les dépenses 
visant directement la production cinématographique et audiovisuelle. 
Les soutiens du CNC pris en compte sont les suivants : soutien 
automatique à la production (cinéma et audiovisuel), avance sur recettes, aide 
au développement de projets de long métrage, avances audiovisuelles, soutiens 
sélectifs à la production cinématographique et à la production audiovisuelle et 
sommes versées par le CNC dans le cadre des conventions liant 
l’établissement avec les collectivités territoriales. 
Le montant pour l’année 2012 de la dépense fiscale afférente au crédit 
d’impôt cinéma, au crédit d’impôt audiovisuel et au crédit d’impôt 
international reprend l’estimation établie dans le fascicule voies et moyens 
(tome 2) annexé à la loi de finances pour 2013. 
Le coût des SOFICA ne retrace que la dépense fiscale correspondant 
aux souscriptions des particuliers, la dépense fiscale correspondant aux 
souscriptions des entreprises présentant un coût considéré comme non 
significatif par la direction de la législation fiscale. 
Le soutien apporté à la production par l’IFCIC est comptabilisé en 
retenant le montant net au 31 décembre 2012 des sous-fonds production 
cinéma et production audiovisuelle. La source utilisée est le rapport annuel de 
l’IFCIC. 
Seule l’intervention des collectivités territoriales en faveur de la 
production 
cinématographique 
(court-métrage 
et 
long-métrage) 
et 
audiovisuelle est comptabilisée. L’enveloppe de 47 M€ correspond aux 
sommes versées par les collectivités sur le titre I des conventions conclues 
avec le CNC, à l’exception des dépenses de formation professionnelle et des 
métiers de la création. La source retenue est le guide 2013 des soutiens à la 
production cinématographique et audiovisuelle de l’agence CICLIC. 
S’agissant des investissements des chaînes de télévision, les sources 
statistiques retenues sont les études du CNC sur la production audiovisuelle 
aidée et la production cinématographique. 
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ANNEXES 
203
Annexe n° 4 - Les taxes affectées au CNC 
1 - 
La taxe sur les entrées dans les salles de cinéma 
Créée par la loi du 23 septembre 1948
234
, la taxe spéciale additionnelle 
(TSA) est la plus ancienne des taxes affectées au CNC. Acquittée par les 
exploitants d’établissements de spectacle cinématographique situés en France 
métropolitaine, la taxe est assise sur les recettes mensuelles générées par les 
entrées en salles. Ces « recettes guichet » correspondent au produit du nombre 
d’entrées : 
-
par le prix acquitté par le spectateur, dans le cas d’une tarification au 
film ; 
-
par le prix de référence par place, dans le cas d’une tarification 
reposant sur les cartes d’accès illimité. 
Un taux forfaitaire unique (10,72 % depuis le 1
er
janvier 2007
235
), est 
ensuite appliqué à cette assiette taxable
236
. Le CNC recouvre directement la 
TSA depuis le 1
er
janvier 2007. 
2 - 
La taxe sur les services de télévision 
Créée en 1986, la taxe sur les services de télévision (TST) est due par 
les éditeurs de services de télévision établis en France et ayant programmé, au 
cours de l’année civile, une ou plusieurs oeuvres audiovisuelles ou 
cinématographiques éligibles aux aides financières du CNC, et, depuis le 1
er
janvier 2008, par les distributeurs de services de télévision établis en France. 
Telle qu’initialement conçue, cette taxe n’a longtemps frappé que les 
éditeurs de services de télévision, c’est-à-dire les chaînes achetant des 
contenus auprès des producteurs ou de leurs représentants, et agrégeant ces 
contenus au sein de programmes. Cette part « éditeurs » de la TST demeure 
assise sur le montant hors taxes : 
-
des sommes versées par les annonceurs et les parrains, pour la 
diffusion de leurs messages publicitaires et de parrainage. Ces 
sommes font l’objet d’un abattement forfaitaire de 4% ; 
234
Loi n° 48-1474 du 23 septembre 1948 instituant une aide temporaire à l’industrie 
cinématographique. 
235
Un taux spécifique de 16,08 % est appliqué pour les représentations en salles de films à 
caractère pornographique ou d’incitation à la violence 
236
L’article 104 de la loi n° 2006-1771 du 30 décembre 2006 de finances rectificative pour 
2006 a simplifié le barème de la TSA en remplaçant par un taux unique le barème progressif 
qui précédait, composé de vingt tranches d’imposition (dont seize étaient effectivement 
appliquées), fixées en fonction du tarif du billet. 
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204 
COUR DES COMPTES
-
du produit de la contribution à l’audiovisuel public encaissé par les 
chaînes de télévision
237
; 
-
des sommes versées directement ou indirectement par les opérateurs 
de communications électroniques aux chaînes de télévision à raison 
des appels téléphoniques à revenus partagés, des connexions à des 
services télématiques et des envois de minimessages qui sont liés à 
la diffusion de leurs programmes, à l’exception des programmes 
servant une grande cause nationale ou d’intérêt général ; 
-
des recettes provenant de l’exploitation des services de télévision de 
rattrapage. 
La taxe est calculée en appliquant un taux de 5,5 % à la fraction du 
montant des versements et encaissements annuels excédant 11 M€, pour 
chaque chaîne de télévision. Le CNC recouvre directement la TST depuis le 1
er
janvier 2010. 
Depuis le 1
er
janvier 2008, la TST a été étendue aux distributeurs, qui 
acheminent le contenu audiovisuel vers le téléspectateur : chaînes auto-
distribuées (Canal +, auparavant assujettie à la seule TST « éditeurs »), 
services de diffusion par câble (Numéricable), par satellite, télévision 
numérique terrestre, fournisseurs d’accès à internet (FAI) et opérateurs de 
téléphonie mobile. La part « distributeurs » de la TST repose sur le chiffre 
d’affaires des abonnements auprès des distributeurs de services de télévision 
(chaînes de télévision autodistribuées comme Canal +, câblo-opérateurs 
comme Numéricable, fournisseurs d’accès à internet et opérateurs de 
téléphonie mobile comme SFR). Elle est calculée en appliquant un taux 
progressif, compris entre 0,5 % et 4,5 % de l’assiette taxable. 
3 - 
La taxe sur la vidéo et les services de vidéo à la demande 
Dans sa forme actuelle, la taxe « sur les ventes et locations de 
vidéogrammes destinés à l’usage privé du public et sur les opérations 
assimilées » est issue de la loi n° 2003-517 du 18 juin 2003. Son produit, 
recouvré par la DGFiP selon les mêmes procédures que la TVA, est affecté au 
CNC, après prélèvement de frais de gestion à hauteur de 2,5 %. 
Cette taxe est due par tout vendeur ou loueur de vidéo à raison de son 
chiffre d’affaires hors TVA issu de la vente et de la location de vidéos et, 
depuis juillet 2004, des opérations assimilées à ces ventes, comme la vidéo à la 
demande (VàD). Le taux en est fixé à 2 %
238
. 
237
À l’exception de la société France Télévisions au titre des services de télévision 
spécifiques à l’outre-mer. 
238
Article 1609 
sexdecies
B du code général des impôts. 
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ANNEXES 
205
4 - 
Les autres recettes à caractère fiscal 
Aux termes des articles L. 116-2 à L. 116-4 du code du cinéma et de 
l’image animée, le CNC est affectataire de la taxe perçue sur les producteurs, 
distributeurs, exploitants et diffuseurs de contenus pornographiques ou 
d’incitation à la violence. Instaurée par la loi de finances pour 1976
239
sous la 
forme d’un prélèvement spécial de 20 % sur la fraction des bénéfices 
industriels et commerciaux imposables à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt 
sur le revenu, cette taxe a été étendue à la location et à la vente de supports 
vidéo à contenu pornographique ou incitant à la violence et son taux a 
progressivement été porté à 33 %
240
. 
Par ailleurs, aux termes de l’article L. 116-5 du code du cinéma et de 
l’image animée, le CNC reçoit le produit des sanctions pécuniaires prononcées 
par le CSA à l’encontre des éditeurs de services de télévision. 
Les recettes ainsi recouvrées demeurent au total marginales, leur 
montant atteignant 206 000 € en 2011 (228 000 € en 2010). 
239
Loi n° 75-1278 du 30 décembre 1975 de finances pour 1976. 
240
Loi de finances pour 1993. 
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206 
COUR DES COMPTES
Annexe n° 5 - Les soutiens du CNC de 2007 à 2012 (en M€) 
2007 
2008 
2009
2010 
2011 
2012 
2012/2007 
SOUTIEN 
AUTOMATIQUE
294 
303 
323 
318 
313 
312 
6 % 
production cinéma 
65 
71 
67 
70 
65 
56 
- 14 % 
distribution 
24 
22 
27 
18 
22 
18 
- 24 % 
exploitation 
(subventions) 
19 
17 
18 
17 
23 
21 
10 % 
exploitation 
(avances) 
47 
40 
48 
46 
44 
46 
- 1 % 
vidéo 
4 
8 
5 
4 
5 
1 
- 87 % 
production 
audiovisuelle 
136 
145 
158 
162 
154 
170 
26 % 
SOUTIEN 
SELECTIF 
174 
205 
211 
225 
261 
300 
72 % 
subventions et fonctionnement 
production cinéma 
28 
19 
18 
19 
18 
23 
- 19 % 
production 
audiovisuelle 
45 
50 
49 
47 
53 
58 
29 % 
distribution, 
diffusion et 
promotion 
58 
63 
65 
72 
86 
86 
49 % 
divers cinéma et 
audiovisuel 
17 
32 
33 
29 
38 
43 
147 % 
plan numérique 
2 
2 
1 
4 
9 
14 
653 % 
industries 
techniques, 
innovation 
6 
7 
7 
8 
12 
14 
144 % 
avances 
avance sur recettes 
6 
12 
17 
21 
17 
19 
194 % 
développement de 
projets de long 
métrage 
1 
2 
2 
3 
2 
3 
140 % 
avances 
audiovisuelles 
11 
17 
18 
21 
22 
27 
154 % 
numérisation des 
salles 
0 
0 
0 
0 
4 
12 
- 
Inv
est
. 
plan numérique 
0 
0 
0 
0 
1 
2 
693 % 
TOTAL 
468 
508 
534 
543 
575 
612 
31 % 
Soutien 
automatique 
63 % 
60 % 
60 %
59 % 
55 % 
5 1% 
- 19 % 
Soutien sélectif 
37 % 
40 % 
40 %
41 % 
45 % 
49 % 
32 % 
Source : Cour des comptes 
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ANNEXES 
207
Annexe n° 6 - La prise de participation des collectivités 
territoriales dans la production 
Détenue par la région Rhône-Alpes, la caisse d'épargne de Rhône-Alpes et 
CDC entreprises, la société Rhône-Alpes Cinéma investit financièrement dans la 
production de 10 à 15 films par an en qualité de coproducteur. En contrepartie de 
ces investissements, Rhône-Alpes cinéma bénéficie d'un pourcentage sur les 
recettes d'exploitation et jouit d'une partie des droits patrimoniaux afférents au 
film. 
L'association Pictanovo, liée à la région du Nord-Pas-de-Calais, conclut 
pour sa part une convention avec le producteur soutenu qui prévoit que lui revient 
un pourcentage à valoir sur les recettes nettes de commercialisation du film, avant 
tout autre cofinanceur et au premier euro de tous les mandats de commercialisation 
(salle, droits de diffusion à la télévision, vidéo). Les recettes perçues à ce titre par 
Pictanovo sont ensuite réinvesties dans de nouvelles aides, préférentiellement pour 
des projets d’écriture et de développement. 
Compte tenu du succès très variable des oeuvres financées et des difficultés 
rencontrées pour obtenir le versement de la part de rémunération nette, les sommes 
perçues par Pictanovo sont très fluctuantes. Entre 2001 et 2010, elles ont atteint 
235 000 € en moyenne annuelle, soit 15 % du volume moyen des aides accordées à 
la production au cours de la période. 
Lorsqu'un film aidé rencontre un important succès commercial, à l’instar de 
Bienvenue chez les Ch'tis
, les recettes reversées à la collectivité sont loin d'être 
négligeables : Pictanovo a versé au producteur de 
Bienvenue chez les Ch'tis
la 
somme de 300 000 € (soit 2,4 % du coût définitif du film : 12,6 M€), sous la 
condition d’un engagement de dépenses en région Nord-Pas-de-Calais d’un 
montant minimum de 754 251 €. 10 % des recettes nettes reviennent à 
l’association jusqu’à récupération de son apport, au premier euro de recettes nettes 
après récupération des minima garantis versés par la société Pathé Distribution. 
Après récupération de son apport, 4 % des recettes nettes reviennent à 
l’association, sans limitation de somme ni de durée. 
Sorti en salles en février 2008, le film a dégagé, dès le mois de juin, plus de 
33,2 M€ de recettes nettes part producteur, ce qui a permis à l’association 
d’obtenir le remboursement de son investissement initial. L’exploitation sur 
différents supports (salles, vidéo, diffusion télévisée) en France et à l’étranger a 
dégagé à fin 2012 un montant cumulé de recettes de près de 2,3 M€ pour 
l’association régionale, qui sont venus financer un fonds de réserve inscrit au 
passif de son bilan. 
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208 
COUR DES COMPTES
Annexe n° 7 - Les obligations d'investissement des 
diffuseurs dans la production 
Chaînes hertziennes en clair 
(TF1, M6, France Télévisions, 
chaînes de la TNT)
Chaînes payantes 
non cinéma 
(TF6, Paris 
Première)
Production audiovisuelle
Taux de 
contribution
Trois régimes de contribution 
possibles : 
au moins 15 % du chiffre d’affaires 
(20 % pour France Télévisions), dont 
au moins 10,5 % du chiffre d'affaires 
à des dépenses contribuant au 
développement de la production 
d'oeuvres patrimoniales, 
au moins 12,5 % lorsque ces 
dépenses sont entièrement consacrées 
à des oeuvres patrimoniales. 
chaînes musicales : au moins 8 % 
(dont 7,5 % du CA pour des oeuvres 
patrimoniales)
15 % des ressources 
(8,5 % pour des 
oeuvres 
patrimoniales) 
Modulation des taux 
selon le nombre 
d’abonnés et le 
volume annuel de 
diffusion de 
spectacles vivants
Production 
indépendante 
Si CA > 350 M€ : 9 % du CA si 
contribution en partie patrimoniale, 
9,25 % si contribution entièrement 
patrimoniale. 
Si CA < 350M : 70 % de l’obligation 
globale, 75 % de l’obligation 
patrimoniale. 
95 % de la contribution pour France 
Télévisions.
75 % de 
l’obligation.
Production 
cinématographique
Taux de 
contribution
3,2 % du chiffre d’affaires (3,5 % 
pour France Télévisions).
OEuvres EOF
2,5 % du chiffre d’affaires.
Production 
indépendante
75 % de l’obligation.
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ANNEXES 
209
Chaînes payantes 
cinéma
(Canal+)
Câble et satellite
Services de médias 
audiovisuels à la demande
Deux régimes : 
éditeurs-distributeurs : au 
moins 3,6 % des 
ressources pour des 
oeuvres patrimoniales 
éditeurs non 
distributeurs : au moins 
4,8 % des ressources pour 
des oeuvres patrimoniales.
14 % des ressources 
(8,5 % pour des oeuvres 
patrimoniales)
Services par abonnement : 
part du chiffre d’affaires à 
investir dans la production 
audiovisuelle et 
cinématographique modulable 
de 15 à 26 % selon le nombre 
de longs métrages proposés 
annuellement et le nombre de 
mois passés après leur sortie 
en salle (12 à 12 % dans les 
oeuvres EOF). 
Services payants à l’acte : 
part du chiffre d’affaires 
progressivement élevée 
jusqu’à 26 et 21 % dans la 
production 
cinématographique et 
audiovisuelle (22 et 17 % 
en EOF)
3,155 % du chiffre 
d’affaires des éditeurs-
distributeurs. 
4,2 % pour les éditeurs 
non distributeurs.
75 % de l’obligation.
12,5 % des ressources.
3,2 % du CA (21 à 
26 % si service de 
cinéma)
9,5 % des ressources 
(dont au moins 80 % de 
préachats et 17 % 
consacrés à des oeuvres 
au devis inférieur à 
4 M€).
2,5 % du chiffre 
d’affaires (17 à 22 % si 
service de cinéma).
75 % de l’obligation.
Source : décrets n° 2010-416 du 27 avril 2010, n° 2010-747 du 2 juillet 2010 et 
2010-1379 du 1
er
novembre 2010. EOF : expression originale française. 
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210 
COUR DES COMPTES
Annexe n° 8 – La remontée de recettes 
SALLE 
VIDEO 
- Frais 
d’édition 
- MG 
(éventuels) 
- Commission 
distributeur 
(
entre 20% et 
30 % de la 
RBD- 
variables 
après 
récupération 
du MG
) 
- Taxes 
(TVA 7%, 
TSA 10,72%) 
- Droits 
SACEM (1%) 
- Frais de 
location 
- Taxes 
(TVA + Taxe 
vidéo : 21,6%) 
- Droits 
SACEM/SRD
M 
(2,4 %) 
- Remises 
négociées 
- Frais 
techniques et 
de marketing 
(
opposables si 
modèle 
distributeur
) 
- MG 
(éventuels) 
- Commission 
(
si modèle 
distributeur
) 
- Commission 
distributeur
Clauses 
contractuelles 
Clauses 
contractuelles 
Source : Cour des comptes 
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ANNEXES 
211
VàD 
EXPORTATION
Source : Cour des comptes 
- Taxes 
applicables au 
service de 
VàD (taxe 
vidéo + TVA) 
- Droits 
SACEM/SDR
M/SACD 
- Frais 
d’exploitation 
Clauses 
contractuelles 
- Frais 
techniques 
- 
Commission 
éditeur 
- MG 
(rares) 
- 
Commission 
- Taxes (en 
fonction du 
pays) 
- Commission 
distributeur 
- MG 
(éventuels) 
Clauses 
contractuelles 
- Frais 
techniques et 
de promotion 
- MG 
(éventuels) 
- Commission 
exportateur 
(
entre 20% et 
30% des 
encaissements 
bruts sur les 
ventes
) 
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2%
11%
12%
76%
1%
15%
17%
67%
0%
20%
40%
60%
80%
Inférieur à 
1 M€
Entre 1 M€
et 4 M€
Entre 4 M€
et 7 M€
Supérieur à 
7 M€
2008
2%
5%
50%
43%
2%
15%
34%
49%
0%
20%
40%
60%
80%
Inférieur à 1 
M€
Entre 1 M €
et 4 M€
Entre 4 M€
et 7 M€
Supérieur à 
7 M€
2003
1%
10%
22%
68%
2%
19%
19%
60%
0%
20%
40%
60%
80%
Inférieur à 
1 M€
Entre 1 M€
et 4 M€
Entre 4 M€
et 7 M€
Supérieur à 
7 M€
2006
2%
6%
24%
67%
4%
21%
25%
51%
0%
20%
40%
60%
80%
Inférieur à 1 
M€
Entre 1 M€
et 4 M€
Entre 4 M€
et 7 M€
Supérieur à 
7 M€
2011
Annexe n° 9 - Part des films dans les coûts définitifs et dans la fréquentation totale en 
2003, 2006, 2008 et 2011 
Source des données : CNC. 
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ANNEXES 
213
Méthode de ventilation des films par catégorie de coût et par 
nombre d’entrées en salles 
Pour déterminer la part relative de chaque catégorie de film dans 
les coûts de production et dans la fréquentation en salles, la Cour s’est 
appuyée sur deux documents communiqués par le CNC, indiquant, pour 
le premier, les coûts définitifs de chaque film d’initiative française entre 
2003 et 2011, pour le second, la fréquentation, arrêtée au 31 décembre 
2012, de chaque film d’initiative française inédit sorti en salles entre le 1
er
janvier 2001 et le 31 décembre 2012. 
Ces deux documents ont été rapprochés et les films ne figurant que 
sur l’un ou l’autre de ces fichiers ont été supprimés de l’analyse. Au total, 
entre 2003 et 2012, 4 034 films figuraient dans ces deux documents, dont 
1 266 en valeur unique. Ont donc été conservé pour l’analyse un 
échantillon de 2 768 films figurant dans les deux séries de données. 
Quatre années ont été utilisées, réparties de manière homogène au 
cours de la période sous revue. 
Le graphique ci-dessous retrace la répartition des entrées pour 
l’ensemble des films français inédits sortis entre 2001 et 2010. 
Graphique : répartition des films français inédits entre 2001 et 2010, 
en fonction du nombre d’entrées en salles 
Source : Cour des comptes, d’après données CNC. 
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Annexe n° 10 – La chronologie des médias au 1
er
juillet 2013 
4 
10 
12 
22 
24 
36 
48 
30mois 
lorsque le service applique des 
engagements de coproduction de 3,2 % de 
son chiffre d’affaires 
dans les autres cas 
en présence d’accord avec les organisations 
en présence d’accord avec les organisations 
Sortie en 
salles 
Vidéo à la demande payante à 
l’acte 
Vidéo à la demande 
par abonnement 
Vidéo à la demande à titre 
gratuit 
Chaîne de télévision payante 
de cinéma – 1
re
fenêtre de 
Chaîne de télévision payante de 
cinéma – 2
e
fenêtre de 
diffusion 
Chaîne de télévision en clair et chaînes de 
télévision payantes autres que les chaînes de 
cinéma 
en l’absence d’accord avec les organisations 
en l’absence d’accord avec les organisations 
sauf dérogation délivrée par le CNC 
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215 
COUR DES COMPTES 
Annexe n° 11 – Localisation des tournages des films 
et programmes audiovisuels 
•
Films d’initiative française (tous genres confondus) 
Localisation des jours de tournage, en nombre de jours (échelle 
de gauche) et en pourcentage (échelle de droite) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC (devis prévisionnels). 
Localisation des dépenses de tournage en millions d'euros (échelle de 
gauche) et en pourcentage (échelle de droite) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC (coûts définitifs). 
22%
35%
22%
30%
0%
10%
20%
30%
40%
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Jours de tournage réalisés en France
Jours de tournage réalisés à l'étranger
Taux de délocalisation des jours de tournage
12%
11%
18%
17%
0%
5%
10%
15%
20%
0
200
400
600
800
1 000
1 200
2003
2005
2007
2009
2011
Dépenses en France
Dépenses à l'étranger
Taux de délocalisation
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216 
COUR DES COMPTES 
•
Programmes audiovisuels français (tous genres confondus) 
Localisation des jours de tournage en millions d'euros (échelle de 
gauche) et en pourcentage (échelle de droite) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC. 
Localisation des dépenses de tournage, en millions d'euros 
(échelle de gauche) et en pourcentage (échelle de droite) 
Source : Cour des comptes d'après données CNC. 
22%
35%
14%
7%
9%
0%
10%
20%
30%
40%
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Jours de tournage réalisés en France
Jours de tournage réalisés à l'étranger
Taux de délocalisation des jours de tournage
13%
14%
9%
11%
0%
5%
10%
15%
0
500
1 000
1 500
2003
2005
2007
2009
2011
Dépenses en France
Dépenses à l'étranger
Taux de délocalisation
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ANNEXES 
217 
Annexe n° 12 - Les aides à la production 
audiovisuelle en Europe 
On estime à 388 M€ les dépenses publiques totales consacrées aux 
oeuvres audiovisuelles en 2009 en Europe (auxquelles s’ajoutent 40 M€ 
consacrés à des documentaires et 15 M€ à des oeuvres d’animation pouvant 
inclure aussi bien des oeuvres cinématographiques qu’audiovisuelles)
241
. Les 
soutiens directs apportés par la France au secteur de la production 
audiovisuelle, estimés à 242 M€ selon le même rapport, représentent donc 
près de 63 % de l’ensemble des aides versées en Europe. 
Le deuxième pays est l’Allemagne, dont le soutien à la production 
audiovisuelle est d’environ 33 M€ par an, principalement apportés par les 
Länder. Les instances au niveau du Bund ne soutiennent la production 
audiovisuelle que par le biais d’un dispositif très marginal : la seule aide de 
l’agence nationale (
Filmförderungsanstalt
) dans ce domaine est une aide 
sélective, uniquement versée sous forme d’avances remboursables d’un 
montant maximal de 375 000 €, pour des « projets cinématographiques 
susceptibles d’être diffusés à la télévision ». Les autres États dont les fictions 
ont connu des succès d’audience et d’exportation notables au cours des 
dernières années présentent des niveaux d’aide publique au secteur de 
l’audiovisuel nettement plus faibles qu’en France : 19 M€ au Royaume-Uni, 
4 M€ au Danemark, 3 M€ en Suède. 
Ces comparaisons doivent bien sûr être ramenées à la taille des 
marchés correspondants : le chiffre d’affaires publicitaire des chaînes, leurs 
recettes d’abonnement et, concernant l’audiovisuel public, le montant de la 
redevance, sont variables d’un État à l’autre (le montant annuel de la 
redevance par foyer est ainsi de 179 € au Royaume-Uni, de 216 € en 
Allemagne, alors qu’il s’élève à 131 € en France). 
Taille des marchés audiovisuels en Europe (2011, en millions d’euros) 
Chiffre 
d'affaires 
publicitaire de la 
télévision 
Dotation publique à 
l'audiovisuel 
(redevance et autres) 
Chiffre d'affaires 
de 
la 
télévision 
payante 
France 
3 898 
3 697,9 
4 526,1 
Royaume-
Uni 
4 384 
3 938,1 
7 988,6 
Allemagne 
4 379 
7 605,4 
4 555 
Danemark 
2 517 
3 516 
967,2 
Italie 
4 627 
1 772 
3 711 
Source : Observatoire européen de l’audiovisuel, 2012 Yearbook
.. 
241
Observatoire européenne de l’audiovisuel, 2011. 
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218 
COUR DES COMPTES 
Annexe n° 13 - Le dispositif d'incitation fiscale 
belge du 
tax shelter
1 - 
Les caractéristiques du 
tax shelter
Instauré par la loi programme du 31 décembre 2003 (article 194 ter 
du code des impôts sur les revenus), le 
tax shelter
est un dispositif fiscal 
qui vise à encourager l’investissement privé dans la production 
cinématographique et audiovisuelle sur le territoire belge. 
Il a pour double objectif de soutenir la production et la création 
d’oeuvres cinématographiques et audiovisuelles belges et d’attirer les 
investissements étrangers en Belgique. 
Le 
tax shelter
est donc un dispositif hybride, à mi-chemin entre : 
-
les SOFICA dans la mesure où il draine l’investissement privé dans 
le financement des oeuvres audiovisuelles et cinématographiques ; 
-
les trois crédits d’impôt français, pour sa dimension territorialisante, 
dans la mesure où le 
tax shelter
vise à encourager les tournages en 
Belgique, de productions cinématographiques et audiovisuelles 
belges et étrangères. 
a)
Une exonération fiscale encourageant l’investissement dans la 
production cinématographique et audiovisuelle 
Les sociétés belges ou filiales étrangères implantées en Belgique 
qui souhaitent bénéficier du 
tax shelter
belge doivent conclure une 
convention-cadre avec une société de production résidente, en vue de 
financer une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle. Le 
tax shelter
permet une exonération fiscale de 150 % du montant investi en Belgique, 
au titre de l’impôt sur les sociétés. 
À la différence du système de crédit d’impôt français, les sociétés 
de production ne peuvent prétendre directement au dispositif de 
tax 
shelter
. En effet, ne peuvent bénéficier de l’exonération fiscale les 
entreprises dont l’objet principal est le développement et la production 
d’oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles ainsi que les entreprises 
de télédiffusion. 
Le dispositif de 
tax shelter
ne bénéficie donc qu’indirectement aux 
sociétés de production en encourageant l’investissement de capitaux 
privés dans leur activité. En outre, toutes les sociétés de production ne 
sont pas éligibles au financement issu du 
tax shelter
puisque les 
entreprises de télédiffusion ainsi que les entreprises liées à des entreprises 
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ANNEXES 
219 
belges ou étrangères de télédiffusion ne sont pas éligibles à ce dispositif. 
Une telle restriction n’existe pas en France. 
b)
Un investissement sous forme d’
equity
ou de prêt 
L’investisseur peut contribuer directement au financement de 
l’oeuvre par la signature de la convention-cadre (c’est-à-dire du contrat 
d’investissement) avec le producteur de l’oeuvre ou via un intermédiaire 
financier chargé de lever des fonds. 
Qu’elle fasse ou non intervenir un intermédiaire financier, la 
participation de la société peut prendre deux formes distinctes : 
-
un investissement en 
equity
, c’est-à-dire par l’acquisition de droits 
liés à la production et à l’exploitation de l’oeuvre audiovisuelle ou 
cinématographique. Cet investissement est doublement plafonné, en 
valeur relative (il ne doit pas dépasser 50 % des bénéfices imposables 
de l’investisseur) et en valeur absolue (il ne doit pas dépasser 
300 000 € au cours d’un même exercice) ; 
-
un prêt, également doublement plafonné en valeur relative (pas plus 
de 2/3 des sommes investies en 
equity
) et en valeur absolue (pas plus 
de 200 000 € par exercice). 
Le montant de l’investissement sous forme de prêt ou d’
equity
est 
donc plafonné à 500 000 € par an. 
Les oeuvres éligibles au dispositif de 
tax shelter 
sont : 
-
les films de fiction (long, moyen et court métrage), documentaires ou 
films d’animation destinés au cinéma ; 
-
les collections télévisuelles d’animation ; 
-
les programmes télévisuels documentaires ; 
-
les téléfilms de fiction longue ; 
-
les séries destinées aux enfants et aux jeunes. 
L’oeuvre audiovisuelle doit être agréée par les services compétents 
de la Communauté française, flamande ou germanophone comme oeuvre 
européenne telle que définie par la réglementation européenne. 
À la différence du dispositif français, les oeuvres de court métrage 
sont éligibles au 
tax shelter
. 
2 - 
Objectifs et limites 
a)
Un dispositif territorialisant 
Pour pouvoir bénéficier de fonds issus du 
tax shelter
, les oeuvres 
cinématographiques ou audiovisuelles doivent respecter une condition de 
territorialité. 
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220 
COUR DES COMPTES 
Les dépenses de production et d’exploitation effectuées en 
Belgique doivent s’élever à au moins 90 %
242
des sommes affectées à 
l’exécution de la convention-cadre. 
70 % au minimum de ces dépenses doivent être des dépenses 
directement liées à la production. Ces dépenses sont listées dans la loi de 
même que les dépenses considérées comme non directement liées à la 
production
243
. 
b)
Une exonération fiscale plafonnée par entreprise 
L’exonération fiscale (égale à 150 % des sommes investies en 
Belgique) est soumise à un double plafond de : 
-
50 % du bénéficie réservé imposable à l’impôt sur les sociétés 
(ISoc) ; 
-
750 000 € par période imposable (correspondant aux 150 % du 
plafond de 500 000 € pouvant être investis). 
L’exonération est transférable sur les exercices ultérieurs en cas 
d’absence de bénéfice ou de bénéfice insuffisant, dans la limite de trois 
exercices. 
À la différence du crédit d’impôt français, le montant des sommes 
investies qui n’a pu être exonéré en cas d’absence ou de bénéfice 
insuffisant ne fait pas l’objet d’un remboursement par l’administration 
fiscale mais seulement d’un report, limité dans le temps, sur les exercices 
suivants. 
242
L’article 194 ter du code des impôts a été modifié par la loi du 17 juin 2013 portant 
des dispositions fiscales et financières et des dispositions relatives au développement 
durable. Jusqu’alors les dépenses effectuées en Belgique devaient s’élever à au moins 
150 % des sommes affectées à l’exécution de la convention-cadre, autrement que sous 
la forme de prêts. 
243
Les dépenses directement liées à la production sont limitativement énumérées par 
la loi du 17 juin 2013 : les frais couvrant les droits artistiques à l’exception des frais 
de développement du scenario qui datent de la période précédant la convention-cadre ; 
les salaires et autres indemnités du personnel, les indemnités des prestataires de 
services indépendants ; les frais affectés au paiement des acteurs, musiciens et 
fonctions artistiques dans la mesure où ils contribuent à l’interprétation et à la 
réalisation de l’oeuvre éligible ; les charges sociales liées aux salaires et frais visés 
précédemment ; les frais de décors, accessoires, costumes et attributs qui sont portés à 
l’image ; les frais de transport et de logement dans la limite fixée par la loi; les frais 
affectés au matériel et autres moyens techniques ; les frais de laboratoire et de 
création du master ; les frais d’assurance directement liés à la production ; les frais 
d’édition et de promotion propres au travail du producteur. 
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ANNEXES 
221 
c)
Un plafonnement par oeuvre 
Le total des sommes effectivement versées en exécution de la 
convention- cadre ne doit pas excéder 50 % du budget global des 
dépenses de l’oeuvre audiovisuelle ou cinématographique. 
Lorsque plusieurs conventions-cadres ont été conclues en vue du 
financement de la même oeuvre, le plafond de 50 % doit être vérifié en 
tenant compte du total des sommes effectivement versées en exécution de 
l’ensemble des conventions-cadres. 
Le budget à partir duquel est calculé le plafond de 50 % est le 
budget global des dépenses de la production stricto sensu. Les dépenses 
d’exploitation qui sont prises en considération dans le calcul des dépenses 
effectuées en Belgique sont exclues du budget de production pour le 
calcul de ce plafond de 50 %. 
d)
Le contrôle du dispositif par les autorités belges 
Le contrôle du dispositif par les autorités belges se fait, comme en 
France, en deux temps. Les Communautés (française ou flamande) sont 
chargées d’intervenir à deux reprises, en amont et en aval de la 
production. 
En premier lieu doit intervenir l’agrément de l’oeuvre audiovisuelle 
belge en tant qu’oeuvre européenne. L’article 194 ter § 1
er
alinéa 3 du 
code des impôts sur les revenus prévoit que l’oeuvre audiovisuelle belge 
doit être agréée par les services compétents de la Communauté concernée 
comme oeuvre européenne telle que définie par la directive Service de 
médias audiovisuels (SMA). Pour bénéficier du 
tax shelter
, l’oeuvre doit 
nécessairement être agréée. 
En second lieu, une attestation relative au respect des conditions et 
plafond de financement doit être délivrée. Au travers de cette attestation, 
la Communauté confirme que la réalisation de l’oeuvre a bien été achevée, 
que le total des sommes effectivement versées en exécution de la 
convention-cadre n’excède pas 50 % du budget total des dépenses de 
l’oeuvre audiovisuelle belge agréée et que le total des sommes a été 
effectivement affecté à l’exécution de ce budget. 
L’article 194 ter § 4, 7 bis dispose que l’exonération fiscale n’est 
accordée et maintenue que si la société bénéficiaire remet un document 
par lequel la Communauté concernée atteste, au plus tard dans les quatre 
ans de la conclusion de la convention-cadre, que la réalisation de cette 
oeuvre est achevée et que le financement global de l’oeuvre respecte les 
conditions et les plafonds prévus par la loi. 
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222 
COUR DES COMPTES 
Cette procédure, tout comme les documents requis aux sociétés de 
production sont assez similaires à ceux utilisés en France et n’appelle 
donc pas de remarque particulière. 
3 - 
L’efficacité du 
tax shelter
a)
Données chiffrées relatives à l’utilisation du 
tax shelter
244
Sur la base des informations dont dispose le Centre du cinéma et 
de l’audiovisuel (CCA), sur les 1 038 oeuvres agréées depuis 2003 : 
-
558 (tous genres confondus) ont bénéficié du 
tax shelter
; 
-
195 oeuvres ont été réalisées sans 
tax shelter
ou ont été 
abandonnées ; 
-
285 oeuvres sont toujours en recherche de 
tax shelter
. 
Au total, depuis 2003, 53,7 % des oeuvres agréées ont bénéficié du 
dispositif de 
tax shelter
. 
Montant investi dans le 
tax shelter
entre 2003 et 2012, en millions 
d'euros 
2003 
2004 
2005 
2006 
2007 
2008 
2009 
2010 
2011 
2012 
1,07 
8,93 
14,62 
32,44 
55,25 
62,06 
81,41 
91,38 
91,36 
93,71 
Source : CCA - communauté française. 
Depuis 2003, on assiste à une importante montée en puissance du 
dispositif du 
tax shelter
. Si on exclut l’année 2003 qui correspond à la 
mise en place du dispositif, le montant investi annuellement au travers du 
tax shelter
a été multiplié par plus de 10 entre 2004 et 2012, passant de 
8,9 M€ à 93,7 M€. 
Aucun dispositif français pris isolément (CIC, CIA, C2I ou 
SOFICA) n’est en mesure d’atteindre les montants levés par le dispositif 
de 
tax shelter
. Cette constatation est d’autant plus vraie que les chiffres 
communiqués ne correspondent qu’au dispositif de 
tax shelter
de la 
Communauté française. Si l’on ajoutait les fonds du 
tax shelter
de la 
Communauté flamande, le différentiel serait encore plus marqué en 
faveur du dispositif belge. 
En 2012, le montant total effectif du crédit d’impôt cinéma 
(42,36 M€, inférieure à la prévision inscrite dans le Tome II de 
l’évaluation des voies et moyens) représente moins de la moitié du 
tax 
shelter
(45 %). Quant à l’enveloppe globale des SOFICA (plafonnée à 
244
Les chiffres présentés sont ceux de la Communauté française, publiés par le Centre 
du cinéma et de l’audiovisuel, équivalent du CNC pour la communauté francophone. 
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ANNEXES 
223 
63,07 M€), elle représente 67 % du montant investi au travers du 
tax 
shelter
en 2012. 
En 2012, le montant du 
tax shelter
représente à lui seul 80 % de la 
somme cumulée des trois crédits d’impôt (telle que prévue dans le PLF). 
Cette part devrait être en réalité supérieure en raison de la surévaluation 
des montants des crédits d’impôt dans l’Evaluation des voies et moyens 
par rapport aux montants effectivement constatés. 
Répartition du 
tax shelter
investi selon le type d’oeuvre, entre 2003 et 
2012 
Type d’oeuvre 
Nombre 
d’oeuvres 
Montant de 
tax shelter
investi (M€) 
Films de long métrage 
383 
451,95 
Téléfilms de fiction longue 
50 
46,66 
Séries d’animation 
37 
25,65 
Documentaires 
65 
7,12 
Courts métrages de cinéma 
23 
0,88 
Source : CCA. 
Depuis la mise en oeuvre du dispositif, ce sont essentiellement les 
films de long métrage qui ont bénéficié du dispositif. Ils représentent 69% 
du total des oeuvres ayant bénéficié du 
tax shelter
et 85 % des montants 
investis via le 
tax shelter
. Les téléfilms de fiction longue ne représentent 
que 9 % des oeuvres aidées et des montants de 
tax shelter
investis. 
Si 
théoriquement 
le 
dispositif 
de 
tax 
shelter
s’adresse 
indifféremment au cinéma et à l’audiovisuel, dans les faits il bénéficie en 
grande majorité aux oeuvres cinématographiques. En France, la 
constitution de deux crédits d’impôt distincts a permis d’aider dans des 
proportions beaucoup plus équilibrées les oeuvres cinématographiques et 
audiovisuelles. À titre d’exemple, en 2011, les crédits d’impôt se sont 
élevés à 49,9 M€ pour les oeuvres audiovisuelles et à 36,46 M€ pour les 
oeuvres cinématographiques. 
S’agissant du nombre total d’oeuvres ayant bénéficié du 
tax shelter
(558), il est sans commune mesure avec celui des oeuvres bénéficiant des 
crédits d’impôt français. En effet, sur la seule année 2011, le nombre 
d’oeuvres ayant bénéficié du CIC (131) et du CIA (307) s’élève à 438, 
soit 78 % du nombre total des oeuvres ayant bénéficié du 
tax shelter
sur 
10 ans. 
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224 
COUR DES COMPTES 
b)
L’évaluation du dispositif de 
tax shelter
Aucune étude conduite par l’administration fiscale belge ne permet 
de connaître le coût exact du dispositif pour les finances publiques, de 
même 
que 
ses 
retombées 
économiques 
au-delà 
de 
la 
filière 
cinématographique et audiovisuelle. 
Au cours de l’instruction, l’administration fiscale belge a renvoyé 
les rapporteurs à la seule étude existante, un mémoire de fin d’études de 
master réalisé par un étudiant de l’Université catholique de Louvain
245
. A 
travers cette étude qui s’apparente davantage à une monographie puisque 
ne sont analysés que huit cas de longs métrages, l’auteur conclut à un 
impact fiscal positif du 
tax shelter
pour l’État belge, les recettes fiscales 
cumulées des huit films étudiés atteignant 18,08 M€ pour une dépense 
fiscale de 17,7 M€. Il va sans dire qu’aucune conclusion générale ne 
saurait être tirée de cette étude s’agissant de l’impact fiscal et des 
retombées économiques pour l’État belge des 558 oeuvres ayant bénéficié 
du 
tax shelter
depuis sa création. 
L’efficacité du dispositif belge, souvent mise en avant en France 
pour justifier les récentes réformes des crédits d’impôt français, n’est 
donc fondée sur aucune étude objective mesurant l’impact du dispositif. 
c)
Un système perfectible en termes de financement net apporté aux 
oeuvres cinématographiques et audiovisuelles 
Le dispositif de 
tax shelter
se caractérise par une forte déperdition 
entre le montant investi sous forme d’
equity
ou de prêt et celui parvenant 
finalement à la société de production. 
Comme le montre l’étude Mazars-Hamac Conseil déjà citée
246
, le 
financement dont peut effectivement bénéficier le producteur est moins 
aisément calculable que dans le cas des crédits d’impôt français. En effet, 
il convient de déduire des sommes investies par les sociétés bénéficiant 
de l’exonération fiscale plusieurs charges financières : 
-
le montant des intérêts sur la part investie en prêt ; 
-
le remboursement du capital du prêt ; 
-
le cas échéant, le montant de la commission prélevée par 
l’intermédiaire financier (entre 9 % et 15 % des sommes 
investies) ; 
245
Cf. Pierre-Antoine SIMON, 
A qui profite le tax shelter ?
, Université catholique de 
Louvain, Master en sciences de gestion, année 2009-2010. 
246
Cf. 
Etude comparative des systèmes d’incitation fiscale à la localisation de la 
production audiovisuelle et cinématographique
, Cabinets Hamac Conseils et 
Mazars/CNC, septembre 2011. 
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ANNEXES 
225 
-
le montant de l’« option put » à provisionner dans l’éventualité 
où l’investisseur ne souhaiterait pas conserver ses droits sur 
l’oeuvre, ce qui est très souvent le cas. 
Selon l’étude précitée, l’apport financier revenant finalement à la 
production est compris entre 26 % et 35 % du montant total investi (prêt 
+ « equity »). 
Dans le cas des SOFICA, sur l’enveloppe de 63,07 M€ investie, 
50,5 M€ 
ont 
directement 
bénéficié 
à 
la 
production 
d’oeuvres 
cinématographiques en 2010 et 6,3 M€ à la production d’oeuvres 
audiovisuelles, soit 90 % des sommes initialement levées. Les sommes 
investies dans le cadre des SOFICA profitent donc davantage à la 
production cinématographique et audiovisuelle que celles investies dans 
le cadre du 
tax shelter
. 
Ce différentiel s’explique par la réglementation stricte des sommes 
investies dans les SOFICA en France : 90 % des fonds collectés doivent 
être obligatoirement investis dans un délai d’un an dans les films, seuls 
10 % des fonds peuvent être placés en « comptes productifs d’intérêts » 
(placements monétaires non risqués) et/ou être utilisés en frais de 
fonctionnement. L’activité des intermédiaires financiers en Belgique 
demeure, quant à elle, peu réglementée. 
d)
Le 
tax shelter
, objet de critiques en Belgique 
S’il est loué en France pour son efficacité, il existe actuellement en 
Belgique un débat autour des dérives produites par le système de 
tax 
shelter
. 
Le dispositif est critiqué par certains parlementaires et producteurs 
comme étant devenus un simple outil de placement financier, voire un 
outil d’optimisation fiscale ne bénéficiant plus en priorité à la production 
cinématographique et audiovisuelle belge. La surenchère dans les 
rendements offerts aux investisseurs, déconnectés du succès des oeuvres 
financées, se ferait au détriment de l’apport réel des fonds dans la 
production des films. 
Afin d’endiguer ce phénomène, le conseil des ministres du 14 
février a décidé d’une réforme de ce dispositif, prévoyant le renforcement 
des contrôles et la mise en place d’une attestation obligatoire pour toutes 
les sociétés de levées de fonds. Ce système rapproche davantage le 
mécanisme de 
tax shelter
de celui des SOFICA. 
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226 
COUR DES COMPTES 
Annexe n° 14 - Les différents leviers de 
l’exportation : de la coproduction à la vente sur 
catalogue 
L'exportation des films et des programmes audiovisuels peut prendre 
plusieurs formes, qui diffèrent selon leur intégration dans le plan de 
financement des oeuvres. 
Dans le domaine cinématographique comme en matière audiovisuelle, 
la forme la plus intégrée est la coproduction. Elle consiste en un partage des 
droits sur le film ou le programme considéré, contrepartie d'un partage du 
risque financier. Cette opération garantit que le projet sera 
a minima
présenté 
et exposé dans des conditions satisfaisantes dans le pays coproducteur. Une 
part importante des films agréés a recours à la coproduction, les apports 
financiers étrangers représentant la quatrième source de financement des 
films d'initiative française (9,3 % des financements en 2012). Les apports 
étrangers se concentrent néanmoins sur les films aux budgets les plus élevés. 
L'intégration des recettes d'exportation dans le financement des films 
peut également prendre la forme d'un mandat de vente à l'étranger. 
L’exportateur français s’engage alors à réaliser un chiffre d’affaires minimum 
pour l’oeuvre sur le support choisi contractuellement (mandat uniquement 
pour les salles, ou plus fréquemment mandat regroupant tous les supports de 
diffusion) et verse un minimum garanti au producteur. Les frais engagés par 
l’exportateur pour assurer la sortie du film à l’étranger ainsi que son 
minimum garanti lui sont reversés au fur et à mesure de la perception des 
recettes en provenance du territoire concerné. L’exportateur a la charge de la 
négociation avec les distributeurs locaux. Les grands groupes intégrés 
cumulent parfois ces rôles. Les mandats étrangers représentent environ 6,2 % 
du financement des films d’initiative française en 2012. Au titre des 
préfinancements étrangers, il faut également prendre en compte la pratique 
des mandats groupés (10,8 % du financement des films d'initiative française 
en 2012), qui intègrent parfois l’exportation. 
Les préventes à l'étranger peuvent également contribuer à financer les 
oeuvres, essentiellement les programmes audiovisuels. De la même manière 
qu’une prévente en France, cette opération consiste pour le diffuseur étranger 
à s’assurer une exclusivité pour la première et/ou la seconde diffusion d’un 
programme sur sa chaîne sans cession de droits. 
Enfin, les films et les programmes audiovisuels peuvent être vendus 
« sur catalogue », une fois leur production achevée, voire après une première 
exploitation en France. La vente est alors sans impact sur le financement du 
programme mais apporte des recettes complémentaires au producteur et aux 
créateurs. 
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Annexe n° 15 - Évolution des aides accordées par le CNC pour la promotion et 
l'exportation des films et des programmes audiovisuels entre 2001 et 2010 (en M€) 
Source : Cour des comptes, d'après données CNC. 
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228 
COUR DES COMPTES 
Annexe n° 16 - Principaux rapports publiés au 
cours des années récentes sur l’économie de la 
filière 
•
Secteur cinématographique 
- 
Le 
financement 
de 
la 
production 
et 
de 
la 
distribution 
cinématographiques à l’heure du numérique
, René Bonnell, décembre 
2013 
- 
Rapport de Michel Gomez sur la transparence de la filière 
cinématographique, septembre 2011 
- 
Livre blanc de la distribution indépendante
par le syndicat DIRE 
(printemps 2011) 
- 
Livre blanc des salles obscures
, rapport de la Fédération nationale des 
cinémas français, septembre 2010 
- 
Cinéma et concurrence
, rapport d’Anne Perrot et Jean-Pierre Leclerc, 
mars 2008 
- 
Rentabilité des investissements dans les films français
, Olivier Bomsel, 
Mines ParisTech, 2008 
- Rapport de René Bonnell sur 
Le droit des auteurs dans le domaine 
cinématographique
: coûts, recettes et transparence, 2008 
- Rapport du « Club des 13 » (à l’initiative de Pascale Ferran), 
Le milieu 
n’est plus un pont mais une faille
, 2008 
- Jean-Pierre Leclerc, 
Réflexions sur le dispositif français de soutien à la 
production cinématographique
, rapport établi à la demande du ministre 
de la culture et de la communication, janvier 2003 
•
Secteur audiovisuel 
- Rapport au Gouvernement sur l’application du décret n° 2010 – 1379 du 
12 novembre 2010, CSA, novembre 2013 
- Rapport du sénateur Jean-Pierre Plancade sur les relations entre les 
producteurs audiovisuels et les éditeurs de services de télévision, mai 
2013 
- Étude du CSA 
Contribution sur l'adaptation de la régulation 
audiovisuelle
, janvier 2013 
- Étude du CSA 
Deux années d’application de la réglementation de 2010 
relative à la contribution des éditeurs de services de
télévision au 
développement de la production audiovisuelle
, janvier 2013 
- Rapport de Jacques Peskine sur le COSIP et la diffusion numérique, 
novembre 2012 
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ANNEXES 
229 
- 
Le documentaire dans tous ses états. Pour une nouvelle vie du 
documentaire de création
, Serge Gordey, Catherine Lamour, Jacques 
Perrin et Carlos Pinsky, mars 2012 
- Rapport de la mission Chevalier sur l’écriture et le développement dans 
la fiction audiovisuelle, mars 2011 
- Rapport de Dominique Richard sur les perspectives pour le secteur 
audiovisuel à l’horizon 2015, avril 2011 
- Rapport 
du 
sénateur 
Legendre 
sur 
l’avenir 
de 
la 
production 
audiovisuelle, juillet 2011 
- Rapport de Michel Boyon sur l'avenir de la TNT, août 2011 
- Étude du CSA 
Contribution à la réflexion sur la circulation des oeuvres 
audiovisuelles
, septembre 2010 
- Rapport de David Kessler sur les rapports entre les producteurs et les 
diffuseurs audiovisuels, décembre 2007 
- Rapport d’Antoine Schwartz sur la production audiovisuelle française et 
son financement, 2003 
•
Enjeux transversaux 
- 
L’apport de la culture à l’économie en France
, IGF-IGAC, décembre 
2013 
- 
Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique
, Pierre 
Lescure, mai 2013 
- 
Avenir à 10 ans des industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel 
en France
, Jean-Frédérick Lepers et Jean-Noël Portugal, janvier 2013 
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230 
COUR DES COMPTES 
Annexe n° 17 – Personnes rencontrées 
Administration 
•
DGMIC : Laurence Franceschini, directrice générale ; Roland Husson, 
sous-directeur de l’audiovisuel ; 
•
CNC : Frédérique Bredin, présidente ; Audrey Azoulay, directrice 
générale déléguée ; Aude Accary-Bonnery, directeur financier et 
juridique ; Olivier Wotling, directeur du cinéma ; Guillaume Blanchot, 
directeur de l’audiovisuel ; Anne Cochard, directrice de la création, des 
territoires et des publics ; Frédéric Béreyziat, directeur des affaires 
européennes et internationales ; Benoît Danard, directeur des études. 
•
CSA : Olivier Schrameck, président ; Jean-Baptiste Gourdin, directeur 
de cabinet du président ; Corinne Samyn, direction des programmes ; 
•
IFCIC : Laurent Vallet, directeur général ; 
•
Pictanovo (Nord-Pas de Calais) : Vincent Leclerc, directeur général. 
Diffuseurs 
•
Canal+ : Rodolphe Belmer, directeur général ; Manuel Alduy, directeur 
du cinéma ; Pascaline Gineste, directrice des affaires réglementaires et 
européennes ; 
•
France Télévisions : Martin Ajdari, secrétaire général ; Christian Vion, 
directeur général adjoint ; 
•
Arte : Anne Durupty, directrice générale ; Pierrette Ominetti, directrice 
déléguée à la coordination des programmes et de la production ; 
Clémence Weber, responsable affaires publiques ; 
•
TF1 : Jean-Michel Counillon, secrétaire général ; Benoît Louvet, 
directeur général adjoint ; Nathalie Lasnon, directrice adjointe 
réglementation et concurrence ; 
•
M6 : Karine Blouët, secrétaire général ; Marie Grau-Chevallereau, 
directeur des études réglementaires ; Laurence Souveton, directrice des 
productions ; Philippe Bony, directeur général adjoint des programmes ; 
•
Orange : Maxime Trabant, directrice des relations institutionnelles ; 
David Grosz, directeur juridique ; Bernard Tani, directeur TV et VOD ; 
Véronique Gilquin, directrice des études ; 
•
Dailymotion : Martin Rogard, directeur général ; Giuseppe de Martino, 
secrétaire général. 
Exportation 
•
UniFrance : Jean-Paul Salomé, président ; Isabelle Giordano, directrice 
générale ; 
•
TVFI : Xavier Gouyou-Beauchamps, président ; Mathieu Béjot, délégué 
général. 
Représentations professionnelles 
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ANNEXES 
231 
•
DIRE : Éric Lagesse, Carole Scotta, Sylvie Corréard ; 
•
SDI : Christian Oddos, Etienne Ollagnier ; 
•
APC : Marc Missonier, Frederic Goldsmith ; 
•
FNDF : Victor Hadida, Julie Lorimy, Amel Lacombe ; 
•
USPA : Stéphane Le Bars ; Matthieu Viala, Paul Rozenberg ; 
•
SATEV : Christian Gérin, Florence Braka, Arnaud Hamelin ; 
•
SPI : Marie Masmonteil, Juliette Prissard ; 
•
SACD : Pascal Rogard, Guillaume Prieur ; 
•
ARP : Florence Gastaud, Vincent Le Treis ; 
•
FNCF : Richard Patry, Marc-Olivier Sebbag, Jean-Pierre Decrette ; 
Personnalités qualifiées 
•
Nicolas Seydoux (Gaumont) ; 
•
Alain Sussfeld (UGC) ; 
•
Christophe Nobileau (Telfrance) ; 
•
René Bonnell ; 
•
Pierre Lescure ; 
•
Pascale Ferran ; 
•
Françoise Benhamou ; 
•
Olivier Bomsel ; 
•
André Lange (Observatoire européen de l'audiovisuel). 
Royaume-Uni 
•
Ofcom : Peter Bourton, 
Head of TV Content Policy
; 
•
BBC : Najma Rajah, 
Chief Economic and Policy Adviser
; Dave 
Gregory, 
Policy and Strategy
; 
•
Channel 4 : Khalid Hadadi, 
European Affairs Manager
. 
Allemagne 
•
FFA (
Filmförderungsanstalt
) : Peter Dinges, président ; 
•
Bundestag : Angelika Krüger-Leißner, députée SPD en charge des 
médias ; 
•
Délégué du gouvernement pour la culture et les médias : Ulrike Schauz, 
directrice du service cinéma ; 
•
Représentants des professionnels : Michael Schmetz (
Mediaconsult
) ; 
Mathias Schwarz (
Allianz Deutscher Produzenten
) ; Christian Bräuer 
(
AG Kino
) ; 
•
Medienboard Berlin-Brandenburg : Teresa Hoefert de Turégano, 
International Co-Productions
; Christian Berg, 
Cooordinator Film 
Funding
. 
- - - 
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RÉPONSES DES 
ADMINISTRATIONS ET DES 
ORGANISMES CONCERNÉS 
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Sommaire 
Réponse commune du ministre de l’économie et des 
finances et du ministre délégué auprès du ministre de 
l’économie et des finances, chargé du budget 
237 
Ministre de la culture et de la communication 
238 
Présidente du centre national du cinéma et de l’image 
animée 
243 
Président du conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) 
252 
Président de France télévisions 
263 
Président de Canal plus 
273 
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RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES CONCERNÉS 
237 
RÉPONSE COMMUNE DU MINISTRE DE L’ÉCONOMIE 
ET DES FINANCES ET DU MINISTRE DÉLÉGUÉ AUPRÈS DU 
MINISTRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES, CHARGÉ DU 
BUDGET 
Nous avons pris connaissance avec intérêt de votre 
rapport relatif à 
la politique de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle. 
Nous souscrivons à l'essentiel des recommandations 
de la Cour. 
Ainsi que vous le décrivez, le dynamisme des dépenses du CNC durant 
la dernière décennie a été principalement l'effet, largement exogène au 
secteur, de l'accroissement du produit de certaines taxes affectées au CNC. 
Une évaluation globale des soutiens publics permettrait de rationaliser 
l'architecture d'ensemble afin d'améliorer leur efficacité et garantir une 
maîtrise des dépenses dans le cadre contraint de nos finances publiques. 
Il est en particulier nécessaire de programmer une évolution pluriannuelle 
des dépenses du CNC sur la base d'une évaluation des besoins du secteur, de 
l'efficacité des dispositifs de soutien et du contexte général de nos finances 
publiques qui impose de réaliser des économies. 
S'agissant plus spécifiquement du secteur du cinéma, l'accroissement 
des coûts de production, la saturation des fenêtres de diffusion des films et la 
structuration insuffisante du secteur invitent à engager une réflexion sur les 
dispositifs de soutien afin de les rendre plus incitatifs. La possibilité d'une 
réorientation 
des aides en fonction du niveau d'exposition des différents 
acteurs au risque économique mérite d'être étudiée dans le cadre d'une 
éventuelle réforme des soutiens automatiques à la distribution. 
S'agissant du secteur de l'audiovisuel, le niveau d'aide est sans 
équivalent en Europe du fait des soutiens du CNC mais également des 
obligations d'investissement dans la création qui s'imposent aux chaînes de 
télévision. La Cour suggère de réformer les dispositifs de soutien à ce secteur 
pour lequel elle constate des effets d'aubaine et des inefficacités qu'il 
conviendrait de corriger. Le niveau important des aides conjugué au constat 
d'inefficacité relative de certaines d'entre elles peuvent justifier d'envisager 
un meilleur ciblage des interventions dans ce domaine. 
De façon générale, l'élaboration d'un contrat d'objectifs et de 
performance permettrait de renforcer le pilotage du CNC sur la base 
d'objectifs de performance clairement définis. Nous sommes donc favorables 
à ce que le CNC soit doté d'un tel document de programmation et de pilotage 
conformément à ce qui est appliqué à la quasi-totalité des opérateurs de 
l'État.
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238 
COUR DES COMPTES 
RÉPONSE DE LA MINISTRE DE LA CULTURE ET 
DE LA COMMUNICATION 
Le rapport public thématique de la Cour des comptes, relatif à la 
politique de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle, met 
en lumière les« résultats indéniables » d'une politique conduite en France 
avec vigueur et constance depuis plus de 65 ans. Cette politique repose avant 
tout sur un mode de financement dont la Cour souligne avec raison 
l’originalité : c'est un 
financement mutualiste et solidaire, qui ne pèse pas 
sur le budget général de l’État, et dans lequel une partie des revenus générés 
par les succès de l'exploitation des contenus audiovisuels est prélevée et 
« épargnée » pour être réinvestie dans la création originale française et 
européenne. 
C'est donc le principe même du fonds de soutien que d'évoluer non 
pas suivant la trajectoire du budget général de l'État, mais suivant la 
trajectoire économique des secteurs de la diffusion audiovisuelle. 
La Cour souligne à juste titre la révolution sans précédent que 
connaît le secteur de l'image animée sur la dernière décennie : le 
développement de l'internet haut débit, la multiplication du nombre de 
chaînes de télévision, l'apparition de nouveaux modes de réception des 
contenus audiovisuels. Toutes ces évolutions ont considérablement accru la 
demande de programmes, tout en facilitant l'accès à des oeuvres venues du 
monde entier. 
Seule une politique publique dynamique peut permettre aux 
entreprises françaises, et aux oeuvres qu'elles produisent, de prendre toute 
leur place dans ce nouvel environnement. C'est tout le sens de la position 
française sur l'exception culturelle qui vise à exclure du droit commun des 
accords commerciaux internationaux l'audiovisuel et le cinéma. À défaut, 
seuls les opérateurs étrangers seront en situation de créer et de diffuser des 
contenus en quantité et en qualité suffisantes pour répondre à une demande 
en croissance très rapide. La Cour souligne d'ailleurs les risques qui 
apparaissent déjà aujourd’hui à ce sujet. 
Je suis donc très attachée à ce mode de financement et à sa nécessaire 
modernisation pour l'adapter à la nouvelle donne numérique, en particulier 
la réforme de la Taxe sur les services de télévision (distributeurs et éditeurs) 
et la réforme de la taxe sur la vidéo à la demande pour y assujettir les 
opérateurs étrangers déployant une activité en France. 
Il ne me semble donc pas pertinent de mettre en place de façon 
artificielle des plafonnements pluriannuels de dépenses, qui sont contraires à 
la logique même du fonds de soutien et des taxes affectées. Je suis en 
revanche attentive à ce que le niveau du fonds de soutien corresponde à une 
part raisonnée d'intervention publique dans ce secteur. Les travaux conduits 
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RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES CONCERNÉS 
239 
par l’Inspection générale des finances (IGF) et l'Inspection générale des 
affaires culturelles (IGAC) en 2011 sur les besoins de financement du Centre 
national du cinéma et de l'image animée (CNC) sont de ce point de vue très 
éclairants, qui estiment à 720 M€ les besoins de financement du secteur. 
Je note par ailleurs les recommandations de la Cour sur les autres 
dispositifs fiscaux qui concourent à la politique de soutien à la production 
cinéma et audiovisuelle, en particulier l'importance de revitaliser le dispositif 
des SOFICA, préconisation qui reprend celles exprimée s par les rapports de 
Messieurs Lescure et Bonnell. 
S'agissant des crédits d'impôt, je constate pour ma part qu'ils ont eu 
un effet réel de diminution sur le taux de délocalisation des tournages. C'est 
précisément pour les adapter à la nouvelle donne internationale - la Cour 
relève à juste titre la concurrence fiscale existant en la matière- qu'ils ont été 
modifiés en 2012 et 2013, à l'issue d'études précises et détaillées qui ont 
montré leur perte de compétitivité par rapport aux autres dispositifs 
concurrents mis en place dans les autres pays européens ou extra-européens 
(Canada notamment). Si je ne peux que déplorer, comme la Cour, la 
surenchère à laquelle se livrent les États membres, j'observe que celle-ci 
repose précisément sur le constat partagé par l'ensemble des États des 
bénéfices économiques induits par la localisation de tournages, bénéfices mis 
en lumière, en France, par l'étude indépendante Greenwich, et au Royaume-
Uni, par l'étude Oxford Economics. Compte tenu de cet impact économique 
direct, pour l'emploi, la croissance, et pour les recettes fiscales et sociales de 
l'État, il ne me semble pas pertinent de revenir sur les réformes adoptées en 
2012 et 2013, qui viennent à peine d'entrer en vigueur, sous peine 
d'incohérence de la politique publique, et avec un effet dévastateur sur les 
choix d'investissement des entreprises. 
S'agissant des dispositifs de soutien, je partage l'avis de la Cour sur la 
nécessité de les réformer en profondeur pour les adapter au nouvel 
environnement numérique. Ce travail est d'ores et déjà largement engagé. Il 
a permis d'accompagner avec succès la numérisation des salles de cinéma, la 
création audiovisuelle pour les nouveaux médias, ou bien encore, de façon 
plus modeste, la numérisation du patrimoine cinématographique. Cette 
modernisation se poursuit, dans le prolongement des rapports de 
Messieurs Lescure et Bonnell, qui ont permis d'établir un diagnostic précis et 
partagé des défis des secteurs de l'image animée. Il ne me semble donc pas 
qu'on puisse parler de « risque d'essoufflement ». 
Les préoccupations de la Cour des comptes relatives au soutien au 
cinéma sont également celles identifiées dans la lettre de mission de 
Monsieur René Bonnell en 2013. Les recommandations de la Cour sont 
cohérentes avec les thèmes qui structurent aujourd'hui le travail engagé par 
les professionnels, sous l'égide du CNC : la réforme du financement, pour un 
meilleur équilibre entre un préfinancement qui reste essentiel à la diversité 
de la création et un financement selon une logique d'investissement ; la 
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240 
COUR DES COMPTES 
transparence et le partage des risques ; la diffusion et la distribution, enjeu 
majeur mis en avant par la Cour. 
Par ailleurs, si le régime de diffusion des films à la télévision devait, 
comme le préconise la Cour, être modifié, il conviendrait d'envisager cet 
examen dans le cadre d'une réflexion globale tenant compte notamment 
d'éventuelles évolutions du régime de contribution des chaînes à la 
production cinématographique. La concertation menée en 2011 par le 
ministère sur les jours interdits avait en effet mis en avant la forte disparité 
des attentes des diffuseurs à l'égard d'une évolution du régime ainsi que les 
enjeux liés à l'équilibre global du financement et de l'exposition du cinéma 
qui en découlent. 
S'agissant du soutien à la production audiovisuelle, la réforme des 
décrets « production » qui interviendra , suite au rapport de Monsieur Vallet, 
en 2014, ainsi que les réformes conduites par le CNC, notamment celle du 
documentaire que j'ai annoncée en janvier dernier, me semblent de nature à 
répondre aux enjeux mis en lumière par la Cour, qu'il s'agisse d'un meilleur 
équilibre entre les producteurs et les diffuseurs, d'une plus grande 
structuration du secteur de la production ou d'une plus grande transparence. 
Il faut, me semble-t-il, souligner que les résultats de cette politique 
sont depuis 2012 en nette amélioration, qu'il s'agisse des succès d'audience, 
des succès critiques (en témoigne notamment le récent palmarès du Festival 
international des programmes audiovisuels à Biarritz, qui a consacré des 
oeuvres françaises en fiction comme en documentaire) ou de l'exportation. Le 
renforcement des aides à l'écriture et au développement de programmes, que 
j'ai annoncé en janvier 2014, doit conforter ce renouveau et contribuer à le 
pérenniser. 
En revanche, je ne suis pas favorable à la prise en compte d'un critère 
d'audience dans le calcul du soutien automatique à la production 
audiovisuelle : je note que la Cour elle-même rappelle les effets pervers 
qu'engendrerait une telle démarche, qui ont été soulignés par le CNC et le 
conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Cependant, la prise en compte de 
l'exportation, également suggérée, est une piste intéressante et déjà mise en 
oeuvre dans le cadre de la réforme du soutien au documentaire. Je souhaite 
par ailleurs que, de façon générale, la qualité des programmes soient 
davantage valorisée, au lieu d'une focalisation exclusive sur la mesure 
quantitative de l'audience, et c'est la raison pour laquelle j'ai demandé à 
l'Institut national de l'audiovisuel de travailler à un instrument de mesure de 
cette nature. 
S'agissant des commandes de programmes de l'audiovisuel public, la 
Cour prend acte des engagements pris par France Télévisions dans son 
avenant 2013-2015 au contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2011 -2015 en 
matière de déontologie et de transparence dans les relations avec les 
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241 
producteurs. Elle fait néanmoins observer que le groupe public doit veiller à 
la formalisation rigoureuse des procédures d'achats de programmes de stock. 
Je partage pleinement cette préoccupation et je suis très attachée à ce 
que France Télévisions, en cohérence avec les objectifs de son avenant au 
COM, mette en oeuvre des mécanismes visant à éviter les conflits d'intérêt et 
à favoriser une mise en concurrence transparente des producteurs de 
programmes. En conséquence, un groupe de travail composé de France 
Télévisions, de la direction générale des médias et des industries culturelles 
(DGMIC) et du CNC sera prochainement réuni pour proposer des mesures 
précises. 
S'agissant des obligations d'investissement des sociétés audiovisuelles 
publiques, je précise que l'article 9 du cahier des charges de France 
Télévisions dispose qu'elles sont déterminées en proportion du chiffre 
d'affaires annuel net de référence de l'exercice précédent. L'article 53 de la 
loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication 
prévoit par ailleurs que, dans le COM, ces obligations d'investissement 
soient exprimées en valeur absolue. Ces montants en valeur absolue sont 
donc déterminés en fonction de la trajectoire de ressources que l'État et 
l'entreprise conviennent d'inscrire dans le plan d'affaires du COM. 
La Cour souligne enfin la nécessité de davantage structurer une offre 
française délinéarisée qui soit capable de rivaliser avec les grands 
opérateurs étrangers, notamment américains. Cette ambition est aussi la 
mienne. Les prélèvements successifs opérés sur le fonds de roulement du 
CNC ont affecté les financements prévus pour accompagner la transition 
numérique des industries de l'image, notamment la numérisation des oeuvres 
du patrimoine, alors même qu'i] s'agit d'un enjeu déterminant pour la mise 
en ligne d'offres compétitives et attractives. 
La mise en place d'un soutien automatique à la vidéo à la demande, à 
l'instar de ce qui existe pour la vidéo physique, dont je note que la Cour 
estime qu'il « répond au besoin de structuration du secteur », est 
malheureusement depuis plusieurs années à l'examen de la Commission 
européenne, alors qu'il s'agit là encore d'un dispositif nécessaire et urgent 
pour renforcer les industries européennes de la diffusion, au bénéfice non 
seulement de la croissance et de l'emploi en Europe, mais aussi de la 
diversité culturelle et des publics européens, qui auront ainsi davantage de 
choix au sein d'une offre variée, plutôt que dominée par quelques acteurs 
extra-communautaires. 
Si l'évolution du cadre de régulation français est en effet nécessaire, il 
faut souligner, peut-être davantage que ne le fait la Cour, l'importance d 'une 
évolution 
concomitante des 
règles 
communautaires, pour 
réaffirmer 
l'appartenance pleine et entière des services culturels numériques au champ 
de l'exception culturelle. 
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242 
COUR DES COMPTES 
C'est tout le sens du combat mené par la France, sous l'impulsion du 
Président de la République et du Premier ministre, avec le soutien des 
professionnels du cinéma et de l'audiovisuel et celui des CNC européens, lors 
de l'adoption du mandat de négociation de la Commission européenne pour 
le traité de libre-échange transatlantique. 
La question de l'application de la règle du pays de consommation en 
matière de régulation des services de télévision et de services de médias à la 
demande, et la question de la concurrence fiscale, doivent également être 
abordées, pour éviter les distorsions de concurrence qui affaiblissent avant 
tout les opérateurs européens, au détriment de la création et de la culture 
française et européenne . 
La modernisation que la Cour appelle avec justesse de ses voeux passe 
nécessairement par ces évolutions. 
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243 
RÉPONSE DE LA PRÉSIDENTE DU CENTRE NATIONAL DU 
CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE 
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint les observations qu’il 
appelle de ma part, et dont je note qu’elles seront publiées par la Cour des 
comptes en même temps que le rapport thématique. 
La Cour souligne les « résultats indéniables obtenus par la politique 
de soutien à l’image », tout en appelant à la définition d’un « nouveau 
consensus » pour adapter cette politique à la nouvelle économie numérique. 
Je partage ce constat général, de même que la plupart des recommandations 
formulées par la Cour, qui viennent conforter les évolutions en cours depuis 
plusieurs mois. 
La politique de soutien à l’image animée est en effet une politique 
efficace, étroitement corrélée aux besoins des secteurs du cinéma, de 
l’audiovisuel et du multimédia.
La Cour souligne les « résultats remarquables » de la politique de 
soutien à la production, en indiquant que « la France apparaît, sans 
conteste, comme le pays européen qui résiste le mieux à la concurrence du 
cinéma américain », le cinéma et l’audiovisuel constituant « un vecteur 
essentiel de [l’] influence internationale » de la France. De nombreux 
indicateurs viennent étayer ce constat, qu’il s’agisse du niveau de 
fréquentation des salles (proche de 200 millions d’entrées en moyenne, soit 
un écart de l’ordre de 30 % avec par exemple l’Allemagne), du volume de 
production (de l’ordre de 200 films d’initiative française - et non 279 comme 
l’indique la Cour, donnée qui intègre les coproductions minoritaires) ou 
encore de la reconnaissance internationale. 
La diversité et la richesse de la production nationale permettent de 
sécuriser, en termes d’entrées, une part de marché sensiblement plus élevée 
que dans les autres pays comparables : sur 2006-2012, la part de marché 
moyenne des films nationaux s’élève à 40 % en France, contre 28,8 % en 
Italie et 22,2 % en Allemagne. Il faut également souligner qu’alors que le 
nombre de films qui sortent en France dans les salles de cinéma est très 
proche de la moyenne constatée dans les autres grands marchés 
européens - soit de l’ordre de 600 films par an - la France est le seul pays où 
une part significative de ces sorties (un tiers environ) reste assurée par la 
production nationale. 
Outil majeur du rayonnement de la France, la production cinéma et 
audiovisuelle constitue également 
un secteur fort et dynamique de 
l’économie française, la filière aidée par le CNC contribuant à près de 1 % 
du PIB - soit l’équivalent de l’industrie automobile - et à plus de 340 000 
emplois. 
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244 
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Ces résultats sont le fruit d’un financement public original, 
étroitement corrélé aux besoins du secteur
: des taxes spécifiques sont 
prélevées sur le secteur du cinéma et de l’audiovisuel lui-même, affectées au 
CNC et ainsi mutualisées pour être réinvesties dans la création française et 
européenne, via notamment des soutiens automatiques. 
Je ne partage donc pas l’avis de la Cour quand elle estime que les 
aides du CNC « ne sont pas maîtrisées » : ces aides sont en effet directement 
liées à l’économie du secteur, et ont donc varié avec celle-ci, en parfaite 
transparence. 
C’est le principe même du financement du fonds de soutien depuis sa 
mise en place en 1948. Ce principe repose sur un constat simple : lorsque le 
secteur de la diffusion de contenus croît, le besoin en programmes croît 
également. L’essence de la politique publique de soutien au cinéma et à 
l’audiovisuel est d’assurer que ce besoin est couvert dans des proportions 
significatives par des oeuvres originales françaises et européennes, afin de 
soutenir le tissu industriel français de production et de distribution d’oeuvres, 
et de favoriser la diversité culturelle en incitant les diffuseurs à proposer au 
public des contenus de qualité. 
Dans un secteur économique très tôt ouvert à la concurrence 
internationale (dès les accords Blum-Byrnes de 1946), un décrochage 
significatif de l’évolution des soutiens publics par rapport à l’évolution 
économique des secteurs de l’image animée ne permettrait pas aux oeuvres 
originales françaises et européennes de rester compétitives par rapport aux 
contenus américains, lesquels sont déjà testés et amortis sur leur marché 
intérieur - et offrent donc un plan de diffusion moins risqué. 
C’est donc l’un des fondements même de la politique de soutien au 
cinéma et à l’audiovisuel que de reposer sur un financement par des taxes 
prélevées sur les diffuseurs de cinéma et d’audiovisuel, et non sur le budget 
général de l’État - précisément pour ne pas suivre la trajectoire de ce dernier 
mais celle des secteurs de la diffusion. 
Le dynamisme de la politique de soutien constaté au cours de la 
dernière décennie reflète donc les mutations sans précédent qu’a connues le 
secteur de l’image animée sur cette période, la révolution numérique ayant 
démultiplié les écrans et les canaux de diffusion. 
Je rappelle en effet que la période analysée par la Cour a vu la 
multiplication par cinq du nombre de chaînes hertziennes, le déploiement de 
l’internet haut débit et le succès croissant d’écrans connectés (tablettes, 
smartphones, ordinateurs, téléviseurs connectés). 
Ces évolutions ont entraîné un développement sans précédent de la 
diffusion de programmes, en direct, en télévision de rattrapage, en vidéo à la 
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245 
demande, directement sur des écrans connectés ou via des applications. Et 
dans le même temps, le lieu « historique » de visionnage des oeuvres, la salle 
de cinéma, a connu des records de fréquentation. 
L’évolution des aides publiques à la production française et 
européenne reflète cette révolution technologique. Elle a par ailleurs eu lieu 
en parfaite transparence : à titre d’exemple, le document stratégique de 
performance du CNC rend ainsi annuellement compte au Parlement des 
orientations et des résultats de la politique de soutien. L’ensemble des 
données d’exécution des recettes et des dépenses est également soumis aux 
ministères représentés au conseil d’administration de l’établissement. 
Ce mode de financement spécifique de la politique de soutien au 
cinéma et à l’audiovisuel, qui ne fait pas appel au budget général de l’État, 
n’est donc pas compatible avec la détermination ex ante et pluriannuelle 
d’un plafond de dépenses, d’autant qu’il s’agit de marchés en mutation très 
rapide. Cette pratique ne serait pas cohérente avec les mécanismes de 
soutiens automatiques du CNC et leur équilibre avec les aides sélectives. Elle 
se traduirait très rapidement par un décrochage de la production française 
par rapport aux besoins du marché. 
Pour autant, il est possible de faire une estimation à un instant donné 
des besoins de dépenses publiques dans le secteur, et d’ajuster en 
conséquence le barème des taxes affectées – c’est bien ce qu’a fait la mission 
IGF-IGAC en mai 2011, qui a estimé le besoin de financement à 720 M€ en 
2015. Je prends par ailleurs note du fait que, selon la Cour, la logique 
d’écrêtement des taxes n’est pas une modalité satisfaisante de régulation 
budgétaire pour le CNC. 
La politique de soutien repose également sur d’autres mécanismes 
financés par l’État, en particulier les SOFICA, dont la Cour souligne à juste 
titre le caractère « crucial » pour le financement de la production. 
L’efficacité des SOFICA, maintes fois reconnue (y compris dans un 
rapport de l’IGF et de l’IGAC en 2011), est désormais fortement amoindrie 
par les rabots successifs de l’avantage fiscal associé : ces derniers ont 
affecté les SOFICA davantage que d’autres dispositifs compte tenu du niveau 
de risque des investissements, beaucoup plus fort que dans d’autres secteurs 
bénéficiant d’avantages fiscaux. L’attractivité du dispositif est donc 
aujourd’hui fragile, comme en atteste la sous-collecte constatée en 2013, 
pour la deuxième année consécutive. Je note à cet égard avec beaucoup 
d’intérêt la proposition de la Cour d’encourager les SOFICA à contribuer à 
la structuration de l’offre légale en vidéo à la demande en prenant des 
couloirs de recettes sur ce secteur innovant et risqué de l’exploitation des 
oeuvres, pour autant que le régime fiscal en tienne compte. 
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COUR DES COMPTES 
Les crédits d’impôt jouent également un rôle déterminant pour 
l’attractivité du territoire et la localisation en France de l’activité de 
production. Je prends note des remarques de la Cour, qui salue la pertinence 
et l’efficacité du crédit d’impôt international, mais s’interroge sur l’impact 
des crédits d’impôt nationaux sur la localisation des tournages. Sur ce point, 
j’observe que la Cour relève elle-même que la part des dépenses de 
production délocalisées à l’étranger a « globalement baissé entre 2004 et 
2009 » - soit au moment de la mise en place de ces dispositifs - pour 
augmenter à nouveau à compter de 2009-2010, avec la création ou le 
renforcement de mécanismes très compétitifs pour attirer des investissements 
dans d’autres pays. 
C’est précisément pour répondre à cette situation que la France a 
modernisé les crédits d’impôt dans le cadre du pacte national pour la 
croissance, la compétitivité et l’emploi. Je partage l’avis de la Cour sur 
l’importance d’une régulation au niveau communautaire de la concurrence 
fiscale à laquelle se livrent notamment les États membres de l’Union 
européenne pour attirer les tournages ; c’est d’ailleurs ce qu’avaient 
proposé les autorités françaises à la Commission européenne. Mais en 
l’absence 
d’encadrement, 
il 
n’est 
pas 
souhaitable de 
dégrader 
la 
compétitivité de la filière française, au détriment de la croissance et de 
l’emploi. 
Je partage par conséquent entièrement l’avis de la Cour sur la 
nécessité de procéder très régulièrement à des études d’impact et à des 
comparaisons internationales, pour vérifier la compétitivité et l’efficacité des 
dispositifs français, d’autant que les autres États membres consolident pour 
leur part leurs dispositifs (extension du crédit d’impôt britannique en 2013, 
renouvellement sans plafonnement du crédit d’impôt hongrois jusqu’en 
2019). 
Je souhaite à cet égard souligner que les modifications des crédits 
d’impôt adoptées en 2012 et 2013 répondaient à des études précises : une 
étude Mazars/Hamac de fin 2011 montrait ainsi que l’assiette des dépenses 
éligibles française était la plus petite d’Europe, de sorte que, pour le cinéma, 
le crédit d’impôt correspondait à environ 8 % du budget de production 
contre 13 % en Allemagne. L’étude du cabinet Greenwich en 2010 avait 
quant à elle quantifié les retombées économiques des crédits d’impôt : ainsi, 
1 € de crédit d’impôt cinéma crée 11,3 € d’investissement dans la filière et 
engendre près de 4 € de recettes fiscales et sociales pour les pouvoirs 
publics. 
Par ailleurs, des réformes sont d’ores et déjà en cours pour assurer 
la mutation de cette politique à l’ère numérique, dans le sens des 
préconisations de la Cour des comptes.
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247 
La réforme des outils de financement et de régulation est ainsi bien 
avancée. 
En matière fiscale, de nombreuses réformes ont d’ores et déjà été 
conduites pour s’adapter à cette nouvelle donne numérique. Il en est ainsi de 
la réforme, désormais autorisée par la Commission européenne, de la TST 
distributeurs, qui tient compte de la croissance de l’internet comme mode 
d’accès direct aux oeuvres, tout en reconnaissant la mixité des usages. À cet 
égard, il peut sembler paradoxal que la Cour estime que le lien entre 
l’internet et le cinéma et l’audiovisuel est « de plus en plus distendu » tout en 
invitant le CNC à s’adapter aux évolutions liées à la place de l’internet dans 
la diffusion des oeuvres. 
Il en est de même de la modernisation de la TST éditeurs (pour tenir 
compte des recettes de télévision de rattrapage), et de celle de la taxe vidéo 
et VàD (pour y inclure les opérateurs installés à l’étranger au titre de leur 
activité en France). Cette dernière réforme, qui doit encore être autorisée 
par la Commission européenne, est tout particulièrement importante : elle 
permettra en effet de rétablir l’équité fiscale entre l’ensemble des opérateurs 
opérant sur une même activité. Il s’agit d’un sujet majeur que relève la Cour, 
et les propositions de celle-ci pour continuer d’adapter le système fiscal, en 
particulier s’agissant des recettes de publicité des plateformes vidéo, seront 
également des pistes éclairantes pour l’avenir. 
Quant au régime des obligations, la réforme engagée par le 
législateur et qui sera poursuivie par le pouvoir réglementaire permettra de 
moderniser un régime qui reste fondamental pour le financement de la 
production. 
En outre, les préconisations de la Cour des comptes pour adapter les 
dispositifs de soutien confortent les réformes d’ores et déjà engagées par le 
CNC. 
La politique de soutien reste articulée autour de grands objectifs : 
encourager la diversité de la création française et européenne, favoriser sa 
diffusion en France et dans le reste du monde, soutenir l’innovation et le 
renouvellement des talents, contribuer à la structuration d’un secteur 
industriel vivant et dynamique, favoriser le développement culturel et 
économique sur l’ensemble du territoire. 
Ces objectifs restent valides à l’ère numérique, mais les modalités 
d’intervention doivent en effet s’adapter à un univers dans lequel de 
nouveaux usages, de nouvelles oeuvres, de nouveaux acteurs sont apparus, 
parfois au prix de transferts de valeur importants. 
La Cour souligne que le CNC a su très tôt développer des dispositifs 
de soutien spécifiques permettant d’accompagner la création française 
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numérique : on peut citer le plan de numérisation des salles et des oeuvres, le 
plan de soutien exceptionnel à la production audiovisuelle numérique, l’aide 
aux nouvelles technologies en production, le RIAM, le web-cosip, le 
DICREAM (aide à la création artistique multimédia), l’aide aux nouveaux 
médias, ou le soutien à la vidéo à la demande, dont le volet automatique doit 
encore être autorisé par la Commission européenne. 
Encore faut-il souligner que la capacité d’intervention du CNC a été 
affectée par les prélèvements opérés sur son fonds de roulement, notamment 
le prélèvement de 150 M€ qui a ponctionné la réserve constituée pour 
financer le plan d’investissement dans le numérique, alors même que les 
autres plans d’investissements publics, notamment ceux du FSN, ne 
parvenaient pas à accompagner les investissements de la filière cinéma et 
audiovisuel pour les raisons que rappelle la Cour. Ce plan de numérisation 
des oeuvres reste pourtant un enjeu déterminant non seulement pour la 
diffusion de ces oeuvres et la valorisation du patrimoine culturel européen, 
mais aussi pour la structuration des opérateurs français et européens, qui 
doivent pouvoir compter sur l’exploitation de catalogues numérisés 
attractifs. 
Au-delà, le CNC a engagé un mouvement de réforme structurelle de la 
politique de soutien. 
Sur la politique de soutien au cinéma, je prends note des remarques 
de la Cour, mais il me semble que son appréciation du préfinancement doit 
être quelque peu nuancée. Celui-ci permet en effet, en s’appuyant sur le 
marché, de le corriger en redistribuant le risque entre différents partenaires ; 
il constitue ainsi un levier essentiel de la diversité des oeuvres produites. 
L’inflation des coûts de production, d’ailleurs relative, n’est pas propre au 
système français et ne peut donc être imputée à ce mode de financement. 
Pour autant, les préconisations de la Cour rejoignent largement celles 
de René Bonnell dans le rapport que lui a demandé le CNC en 2013. Ce 
rapport fait des propositions majeures, notamment sur la transparence et la 
lutte contre l’inflation des coûts, en incluant pour sa part également des 
propositions relatives aux obligations des chaînes de télévision. Dans la suite 
de ce rapport, le CNC a engagé avec les professionnels un travail sur trois 
problématiques 
principales 
qui 
correspondent 
à 
certaines 
des 
préoccupations de la Cour : le financement de la production ; les moyens 
d’une transparence économique accrue et d’un partage des risques redéfini ; 
la diffusion et la distribution des films. 
La détermination des pouvoirs publics en la matière est totale et 
répond à l’importance des enjeux de fond pour la modernisation du système 
de soutien. 
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Sur la politique de soutien à la production audiovisuelle, il convient 
de noter que si la fiction française a pu connaître des difficultés, la qualité de 
la création audiovisuelle française, dans un périmètre plus large, est 
désormais reconnue tant en France qu’à l’étranger.
A titre d’illustration, quatre des cinq meilleures audiences de 
documentaires et de programmes d’animation ont été réalisées en 2013 par 
des oeuvres françaises. Si le CNC s’inquiète comme la Cour de la 
surreprésentation de la fiction américaine dans les grilles de diffusion des 
chaînes et le palmarès des meilleures audiences du genre, je note cependant 
la place significative tenue par les formats courts et de 26 minutes sur les 
chaînes historiques privées et les unitaires sur les chaînes publiques. 
Outre ces performances quantitatives, les nombreux prix ou sélections 
obtenus par des oeuvres françaises témoignent de la reconnaissance de leur 
qualité. A titre d’exemple, deux séries de fiction françaises (Braquo et Les 
Revenants) ont remporté respectivement en 2012 et 2013 un International 
Emmy Awards et deux séries d'animation étaient en lice pour un Emmy Kids 
Awards en 2014. 
Je souhaite également souligner que la bonne santé du secteur de 
l’animation, saluée à juste titre par la Cour dans la partie consacrée à 
l’exportation des programmes, s'est construite dans un cadre de régulation 
identique à celui de la fiction. Il semble donc difficile d’imputer au seul 
système de financement de la création les difficultés rencontrées par ce 
dernier genre. 
Pour autant, le CNC a engagé des réformes qui répondent en large 
partie aux préconisations formulées par la Cour. 
Il en est ainsi du renforcement du soutien à l’écriture et au 
développement, sur lequel la Ministre de la culture et de la communication a 
fixé des orientations précises en janvier 2014, ou de la réforme du 
documentaire, qui intègre certaines des recommandations de la Cour sur la 
prise en compte de l’exportation, l’accès au soutien automatique, ou la 
notion même de documentaire. Un travail est également engagé sur 
l’amélioration de la transparence, sujet sur lequel je partage entièrement les 
préconisations de la Cour s’agissant de la normalisation d’un devis type en 
audiovisuel, et sur les aides à l’exportation, pour mieux structurer les 
soutiens à l’exportation et en simplifier l’architecture. Je note à cet égard 
l’appréciation positive de la Cour sur le fonds d’avances remboursables créé 
par le CNC en 2013 et géré par l’Ifcic. 
S’agissant de la prise en compte directe du succès des programmes 
dans le calcul du soutien audiovisuel, je note que la Cour relève les 
difficultés techniques et de principe que cela soulèverait, notamment en ce 
Cour des comptes 
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COUR DES COMPTES 
qui concerne l’introduction d’un critère d’audience ou de nombre de 
diffusion. 
Enfin, et de façon plus générale, je souscris pleinement à la 
recommandation de la Cour d’éviter que l’adaptation des dispositifs de 
soutien ne se traduise par une stratification de mécanismes. Je m’attacherai 
à procéder régulièrement à une évaluation des dispositifs de soutien, pour 
favoriser leur meilleur ciblage et s’assurer de leur efficacité. 
Toutefois, l’adaptation de la politique de soutien à la mondialisation 
et à la numérisation se heurte à un cadre communautaire contraint.
Je souhaite tout d’abord préciser que la politique de soutien au 
cinéma et à l’audiovisuel n’a pas « été conçu(e) pour être alimenté(e) par 
une 
économie 
territorialement 
circonscrite » 
qui 
s’inscrirait 
mal, 
aujourd’hui, « dans un cadre économique déterritorialisé » : cette politique 
a, bien au contraire, été mise en place dès la Libération précisément pour 
répondre à l’ouverture du marché français aux films américains. La Cour 
relève d’ailleurs à plusieurs reprises le degré d’ouverture des secteurs 
cinéma et audiovisuel à la mondialisation, qu’il s’agisse des échanges 
commerciaux comme du nombre de coproductions. 
Aujourd’hui, la détermination et le volontarisme de l’ensemble des 
acteurs français, y compris les autorités publiques, dont la Cour souligne la 
nécessité, s’inscrit néanmoins dans un cadre communautaire contraint. 
Ainsi, le droit communautaire des aides d’Etat peine à reconnaître 
que les services audiovisuels numériques doivent s’inscrire, au nom de la 
neutralité technologique, dans le même cadre juridique particulier que les 
services audiovisuels du monde linéaire : les raisons politiques et 
économiques qui justifient l’exception dont bénéficient les services 
audiovisuels (insuffisance des seuls mécanismes de marché pour assurer, 
dans un environnement ouvert, la production et la diffusion en quantité et 
qualité suffisantes d’oeuvres européennes) sont pourtant plus valides encore 
dans l’univers numérique, où les grands opérateurs américains ont pris des 
positions très fortes, y compris en optimisant les règles fiscales. 
Le soutien automatique à la vidéo à la demande, dont la Cour 
souligne la pertinence par rapport aux besoins de structuration du secteur, 
est ainsi toujours à l’examen de la Commission européenne. 
C’est tout l’enjeu du combat qui a mobilisé l’ensemble des 
professionnels européens et les pouvoirs publics, notamment français, lors de 
l’adoption du mandat de négociation de la Commission européenne pour le 
traité de libre-échange transatlantique : le champ de l’exception culturelle 
doit inclure les services audiovisuels y compris numériques, qui sont l’avenir 
- en réalité, déjà largement le présent - du secteur de l’image animée. 
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251 
De même, la vitalité et la diversité de la production européenne 
d’image animée est indissociable d’une meilleure structuration industrielle 
des filières de la production et de la diffusion, comme le souligne la Cour. 
Cela implique notamment de pouvoir territorialiser les aides, afin de 
consolider durablement la localisation sur un même territoire d’entreprises 
dynamiques 
et 
complémentaires 
(« clusters »), 
capables 
de 
stimuler 
l’innovation, l’investissement et d’attirer les nouveaux talents. 
De façon plus générale, la mobilisation à laquelle la Cour appelle, et 
à laquelle je souscris entièrement, implique une plus grande reconnaissance 
de la règle du pays de consommation, alors que le droit communautaire de 
l’audiovisuel reste largement fondé sur l’application de la règle du pays 
d’origine. Cette dernière engendre des distorsions de concurrence entre 
opérateurs exerçant sur un même marché, la même règle ne s’appliquant pas 
à tous (y compris la règle fiscale), et privilégie de fait les opérateurs extra-
européens du numérique, très mobiles. 
La transition numérique offre de nouvelles opportunités, et toute la 
filière de l’image animée est mobilisée, sous l’impulsion de la Ministre et 
avec l’appui du CNC, pour s’en emparer. L’adaptation du cadre 
communautaire est dans cette perspective essentielle. C’est aujourd’hui un 
enjeu majeur pour la diversité culturelle et pour l’économie européenne. 
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COUR DES COMPTES 
RÉPONSE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL SUPÉRIEUR 
DE L’AUDIOVISUEL (CSA) 
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel partage globalement les 
constats de la Cour des comptes concernant la politique de soutien à la 
production cinématographique et audiovisuelle, qui est au coeur de ses 
préoccupations. 
Le Conseil ne se prononce dans le présent document que sur les 
constats et recommandations relatifs au financement et à l’exposition des 
oeuvres 
cinématographiques 
et 
audiovisuelles 
par 
les 
services 
de 
communication audiovisuelle linéaires et non linéaires ; il ne s’exprime pas 
sur les constats et recommandations relatifs aux diverses modalités de 
soutien financier apporté par l’État de manière directe ou indirecte. En 
conséquence, sur les vingt et une recommandations formulées par la Cour 
des compte dans son rapport, les recommandations n° 11, 12, 13, 20 et 21 
ont particulièrement attiré l’attention du Conseil. 
I. Questions relatives au soutien à la production cinématographique 
Le Conseil considère, à l’instar de la Cour, qu’il est nécessaire de 
renforcer l’incitation des chaînes de télévision, notamment en clair, à 
maintenir 
un 
niveau 
élevé 
d’investissement 
dans 
la 
production 
cinématographique. Pour ce faire, le Conseil estime utile de leur donner plus 
de 
liberté 
et 
de 
souplesse 
dans 
la 
programmation 
des 
oeuvres 
cinématographiques. 
Assouplir les règles de diffusion des oeuvres cinématographiques 
Comme la Cour des comptes dans sa recommandation n° 11, le 
Conseil estime que les règles actuelles qui restreignent la diffusion, certains 
jours, d’oeuvres cinématographiques, doivent être assouplies pour les adapter 
aux nouveaux usages et habitudes de consommation de programmes, 
notamment en mode délinéarisé, et aux conditions nouvelles de concurrence 
qui en découlent. Cet assouplissement donnerait aux responsables des 
chaînes une plus grande latitude dans leur programmation de films, en 
évitant, comme actuellement, la programmation le même soir, au même 
horaire, du même type de films sur les chaînes en clair, qui a pour seul effet, 
in fine, d’exacerber la concurrence au détriment des résultats d’audience des 
films programmés, et donc de leurs performances économiques. 
Le Conseil estime que des assouplissements qui ne toucheraient pas le 
samedi soir ne fragiliseraient pas l’exploitation en salles. 
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Une concertation interprofessionnelle préalable devrait précéder une 
modification, à l’initiative du ministre de la culture et de la communication, 
du décret n° 90-66 du 17 janvier 1990 relatif à la diffusion des oeuvres 
cinématographiques et audiovisuelles à la télévision. 
En revanche, le Conseil estime, à l’instar de la Cour, que ne devrait 
pas être modifié le nombre de diffusions actuellement autorisées (quantum) 
afin que soit préservé caractère événementiel de la diffusion du cinéma sur 
les chaînes. 
Le Conseil considère qu’une modernisation des règles de diffusion des 
oeuvres cinématographiques doit être complétée par les trois mesures 
suivantes, qui sont également de nature à assurer une meilleure exposition 
des oeuvres cinématographiques préfinancées par les chaînes en clair, et à 
rationaliser les investissements de celles-ci. 
Permettre la diffusion de films plus récents sur les chaînes en clair 
lorsqu’elles sont seuls préfinanceurs 
Afin de rendre plus attrayante la programmation cinématographique 
des chaînes en clair en leur permettant de diffuser des films plus récents que 
ceux qu'elles diffusent actuellement, le Conseil propose que toutes les chaînes 
hertziennes en clair soient autorisées à diffuser certains films européens ou 
d’expression originale française douze mois après leur sortie en salles au 
lieu des 22 mois autorisés actuellement, à la double condition que ces films 
aient été préfinancés par la chaîne et qu’ils n’aient pas été préfinancés par 
une chaîne de cinéma. 
Cette proposition a également comme effet positif de pouvoir mieux 
exposer et rentabiliser les films qui n’ont pas bénéficié de financement des 
services de cinéma (44 % des films produits en France en 2012
247
). 
Cette proposition obéit au principe de fenêtre glissante préconisé par 
les rapports de MM. Pierre Lescure et René Bonnell. Cependant le Conseil 
envisage l’ouverture de cette fenêtre douze mois après la sortie en salles 
(contre dix mois pour le rapport Lescure) afin de permettre aux services 
payants de cinéma, qui investissent fortement dans le préfinancement, de 
bénéficier de manière générale de la fenêtre de dix mois après la sortie en 
salles. Ceci leur laisse un avantage concurrentiel de deux mois sur toutes les 
autres chaînes et garantit une chronologie des médias qui reste lisible et 
proportionnée aux apports de chacune des catégories de chaînes au 
financement de la création. 
247
Source : CNC, bilan 2012, mai 2013. 
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Expérimenter la mise à disposition d’oeuvres cinématographiques 
sur les services de télévision de rattrapage 
Actuellement, aucune chaîne en clair
248
ne propose d’oeuvres 
cinématographiques sur son service de télévision de rattrapage (TVR), faute 
d’accords professionnels. Or, la consommation de programmes en différé sur 
les services de TVR des chaînes de télévision a fortement augmenté au cours 
des dernières années, signe de l’appétence du public pour ce nouveau mode 
d’accès aux programmes. Par ailleurs, les études menées sur les pratiques de 
consommation des utilisateurs de services de télévision de rattrapage 
montrent que ces services permettent globalement de fidéliser le public des 
chaînes qui les proposent. 
L’enrichissement des services de télévision de rattrapage avec des 
oeuvres cinématographiques permettrait sans doute de lutter contre la 
piraterie et d’oeuvrer à l’élargissement de l’offre légale, tout en améliorant, 
pour le téléspectateur, les conditions d’offre des films à la télévision, mais 
risquerait de concurrencer la VAD payante dont le développement constitue 
une priorité pour le Conseil. 
Il conviendrait donc certainement d’encadrer cette possibilité 
nouvelle. Il pourrait par exemple être envisagé de subordonner cette faculté 
à des conditions de financement de la production et de limiter la durée de 
mise à disposition. Il convient en outre de garantir la rémunération des 
ayants-droit au titre de cette exploitation nouvelle. Le Conseil jugerait utile 
que des négociations professionnelles se développent sur cette question. En 
tout état de cause, une période d’expérimentation préalable pourrait 
présenter un intérêt dans un premier temps. 
Permettre la mise en commun des obligations de contribution à la 
production cinématographique 
Le Conseil note que la Cour envisage que les obligations de 
contribution au développement de la production cinématographique puissent 
être calculées au niveau des groupes audiovisuels, comme cela peut être fait 
en matière de contribution au développement de la production audiovisuelle, 
et non à l’échelle de chaque chaîne. 
Il est favorable à une telle mesure qui donnerait aux groupes 
audiovisuels plus de liberté et de souplesse dans la gestion de leurs 
investissements dans les oeuvres cinématographiques. Elle devrait être 
assortie de dispositifs favorisant l’accès aux droits de diffusion d’oeuvres 
cinématographiques pour les chaînes ou groupes de petite taille. 
248
À l’exception d’Arte qui en propose ponctuellement. 
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II. Questions relatives au soutien à la production audiovisuelle 
Le Conseil tient à saluer en préambule le dynamisme de la création 
audiovisuelle, qui a fait la preuve de sa diversité et de sa capacité à 
renouveler ses formats et ses thèmes. Les quelque 5 000 heures de fiction, de 
documentaire ou d’animation produites en 2012 témoignent de cette capacité 
des producteurs à répondre aux besoins des antennes des services de 
télévision. 
Le Conseil partage néanmoins le constat dressé par la Cour que la 
réglementation n’a pas permis une structuration économique suffisante du 
secteur de la production audiovisuelle. 
Comme il l’a déjà relevé dans sa « Contribution à l’adaptation de la 
régulation audiovisuelle » publiée en janvier 2013, le Conseil considère lui 
aussi que certains aspects de la réglementation ne facilitent pas 
l’organisation et l’amélioration des performances de la filière de la 
production, qui est morcelée avec peu d’entreprises de taille significative et 
une faible présence des entreprises françaises dans le palmarès des quarante 
premières sociétés de production européennes sur la période 2006-2010. 
La complexité de la réglementation 
Le Conseil, tout en affirmant son attachement à la concertation 
interprofessionnelle entre éditeurs de services, auteurs et producteurs, fait, 
comme la Cour, le constat de la complexité de la réglementation de 2010 
résultant de la volonté de toutes les parties en présence à l’époque de 
retranscrire dans les décrets le détail des accords professionnels, qui ont 
marqué une importante avancée dans leurs relations. 
La traduction réglementaire de particularités négociées au sein de 
chaque accord a ainsi significativement complexifié l’ensemble du dispositif, 
alors que ces spécificités auraient pu utilement être retranscrites dans les 
conventions qui lient les éditeurs de services au Conseil. Elle a également 
cristallisé des situations existantes au moment de la signature des accords 
professionnels, limitant la capacité d’adaptation des acteurs en présence à 
l’évolution de leur environnement. 
Dans la suite de ce qu’il avait suggéré dans son rapport « Deux 
années d’application de la réglementation de 2010 relative à la contribution 
des éditeurs de services de télévision au développement de la production 
audiovisuelle » (janvier 2013), ainsi que des préconisations du rapport de 
M. Laurent Vallet « Adapter les obligations de financement de la production 
audiovisuelle pour garantir leur avenir »( décembre 2013), le Conseil 
approuve l’idée de la Cour que la prochaine révision de la réglementation 
soit l’occasion de distinguer plus nettement, parmi les obligations des 
éditeurs, ce qui relève respectivement de la loi (le principe des obligations), 
du décret en Conseil d’État (leur niveau), de la convention passée avec le 
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CSA (la déclinaison de ces obligations pour chaque chaîne) et de l’accord 
entre professionnels. 
Le recours aux conventions a l’avantage de constituer un cadre plus 
souple et plus adaptable que des obligations fixées précisément au sein du 
décret par transposition d’accords professionnels préalables. 
Le 
Conseil 
appelle 
de 
ses 
voeux 
une 
simplification 
de 
la 
réglementation, sans remettre en cause le principe d’un cadre réglementaire 
établi par type d’acteurs. Il paraît important de maintenir dans les décrets 
l’encadrement général des obligations, notamment quelques taux minimaux. 
Il devrait être possible, à très brève échéance, d’introduire des modifications 
dans les décrets pour assouplir les points sur lesquels le bilan de la 
réglementation actuelle appelle une évolution, sans que soit exclue une 
évolution de la loi. 
L’allègement des obligations des éditeurs de services non hertziens 
Compte tenu de l’évolution des modes de consommation des contenus 
audiovisuels et des bouleversements économiques liés à l’arrivée de la 
télévision connectée, le Conseil considère que la réglementation applicable 
aux éditeurs de services linéaires non hertziens devrait être rapidement 
révisée, afin qu’ils soient mis en situation d’adapter leur fragile économie à 
la montée en puissance des services de médias audiovisuels à la demande et 
à la télévision connectée. 
Comme le rappelle la Cour, les obligations d’investissement et les 
quotas de diffusion s’imposant aux chaînes de télévision ont été initialement 
conçues comme des contreparties de l’octroi à titre gratuit des licences 
d’exploitation des fréquences hertziennes appartenant à l’Etat. Il n’est donc 
pas injustifié que s’appliquent aux éditeurs de services non hertziens des 
obligations moins strictes, même si le principe du financement de la création 
par les diffuseurs, fondement de l’exception culturelle, justifie à lui seul 
l’existence d’obligations. 
Il apparaît au Conseil que des allègements de certaines des 
obligations des services non hertziens pourraient être décidés : baisse du 
taux de la contribution, montée en charge de cette obligation en fonction du 
chiffre d’affaires de l’éditeur (dispositif existant pour les chaînes 
hertziennes), baisse du taux de contribution à la production indépendante, 
possibilité d’augmenter le couloir des oeuvres européennes qui ne sont pas 
nécessairement d’expression originale française. 
Cette évolution serait équilibrée par rapport aux autres types 
d’éditeurs (hertziens et services de médias audiovisuels à la demande) et 
demeurerait d’assez faible portée en termes de montant investi par les 
chaînes considérées. 
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La Cour envisage également la possibilité de modifier la base de 
calcul des obligations financières qui incombent aux diffuseurs (hertziens et 
non hertziens) en vertu des décrets, en prenant comme référence le chiffre 
d’affaires de l’année en cours plutôt que celui de l’année précédente comme 
actuellement. Le Conseil partage cette proposition qui vise à mieux prendre 
en compte la conjoncture économique dans laquelle évoluent les chaînes, 
comme l’explique M. Laurent Vallet dans son rapport de décembre 2013. 
La question du recentrage des obligations sur les oeuvres 
audiovisuelles dites « patrimoniales » 
La Cour évoque au sein de son rapport l’idée de réduire le régime des 
obligations de contribution au développement de la production audiovisuelle 
aux seules oeuvres patrimoniales, sous réserve d’une adaptation du niveau de 
contribution des éditeurs de services. Il ne paraît ainsi pas nécessaire à la 
Cour d’inciter les chaînes de télévision à réaliser des dépenses en faveur des 
oeuvres non patrimoniales. 
Le Conseil n’est pas hostile à l’idée d’une obligation de production 
centrée sur les seules oeuvres dites « patrimoniales » (oeuvres relevant des 
genres énumérés à l’article 27 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 
relative à la liberté de communication), qui présenterait l’avantage de 
constituer une mesure de simplification de la réglementation. 
Il souligne toutefois qu’à ce jour, la possibilité, sous certaines 
conditions, de valoriser au sein de l’obligation des dépenses pour des 
émissions de plateau (programmes qui ne sont pas reconnus comme des 
oeuvres audiovisuelles) permet de garantir le recours à des sociétés de 
production de programmes de flux indépendantes. Outre le fait que la 
production des émissions de flux participe à l’économie du secteur dans son 
ensemble, certaines d’entre elles peuvent également revêtir un intérêt 
culturel particulier (émissions musicales réalisées dans les conditions du 
direct ou magazines littéraires, scientifiques ou d’information politique 
notamment). 
Le Conseil rappelle en outre que le financement des oeuvres 
audiovisuelles au sens du décret n° 90-66, y compris non patrimoniales, 
constitue un facteur de diversité des antennes et de vivacité de l’industrie 
audiovisuelle française dans son ensemble qu’il convient de ne pas négliger. 
Les critères de qualification du documentaire de création 
La Cour recommande de procéder à « un resserrement des critères de 
qualification du documentaire susceptible d’être aidé et comptabilisé au titre 
des obligations des chaînes ». Ce resserrement, en ce qui concerne les 
conditions d’attribution des aides du CNC, présente certainement un intérêt 
pour lutter contre tout dévoiement alors que l’objectif de ces aides est 
d’enrichir l’offre de programmes en valorisant la production patrimoniale 
présentant un intérêt culturel. 
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258 
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En revanche, le Conseil rappelle l’importance de la possibilité de 
prendre en compte une dépense au titre des obligations d’investissement 
déclarées au CSA sans dépendre d’une décision préalable du CNC, sauf à 
revoir les objectifs assignés aux législations appliquées par ces deux 
institutions, qui à ce jour répondent à des enjeux différents. En outre, lier les 
deux qualifications aurait un effet inflationniste sur la quantité d’oeuvres 
présentées au CNC. 
Le mode de calcul de l’obligation de France Télévisions 
Le décret n° 2009-796 du 23 juin 2009, fixant le cahier des charges de 
la société nationale de programme France Télévisions, inscrit ses obligations 
financières en pourcentage ; cependant, en application de l’article 53 de la 
loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, le contrat d’objectifs et de moyens de 
France Télévisions fixe en valeur absolue les investissements des chaînes du 
service public dans le financement de la création cinématographique et 
audiovisuelle française et européenne. 
Comme la Cour, le Conseil constate que l’inscription dans le contrat 
d’objectifs et de moyens de cet engagement en valeur absolue déconnecte le 
niveau des dépenses obligatoires de la situation économique du groupe 
public. Il est donc favorable à ce que la contribution des chaînes publiques 
au développement de la production cinématographique et audiovisuelle soit 
définie, comme pour les chaînes privées, en proportion du chiffre d’affaires 
de l’entreprise publique, sans mention d’un volume d’investissement en 
valeur absolue. 
III. Les questions relatives à la numérisation de la production 
Le Conseil partage le constat de la Cour selon lequel « la phase de 
transition actuellement en cours emporte la nécessité de procéder à des 
révisions de la réglementation et du système de soutiens publics afin 
d’adapter la production française aux défis auxquels elle est ainsi 
confrontée ». 
En l’espèce, le Conseil considère que, tant les règles auxquelles sont 
soumis les services de médias audiovisuels à la demande établis en France, 
qu’un ensemble de pratiques professionnelles actuelles (comme la suspension 
des droits non linéaires pendant la diffusion en linéaire et le nombre encore 
relativement limité d’oeuvres cinématographiques disponibles en non 
linéaire) sont des freins importants au développement économique des 
services de médias audiovisuels à la demande français et européens, mais 
aussi au développement de l’offre légale qui concourt à la lutte contre la 
piraterie. 
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Le Conseil estime donc nécessaire, comme le préconise la Cour, que 
soient modifiées certaines règles régissant la chronologie des médias, et que 
soient créées des incitations visant à favoriser l’émergence d’éditeurs locaux 
de vidéo à la demande ainsi que les investissements dans la numérisation et 
la mise en ligne de contenus. 
Aménager la chronologie des médias 
Concernant la chronologie des médias, le Conseil reste très attaché à 
son principe, essentiel à l’équilibre du secteur du cinéma et de la télévision. 
Cependant, le Conseil souhaiterait en voir évoluer certaines règles. Il rejoint 
la Cour quand celle-ci recense les cinq piliers devant présider à une réforme 
progressive de cette chronologie : souplesse du cadre juridique, pratique 
d’expérimentations (sous l’égide du CNC), principe de contreparties (droits 
de diffusions accordés aux services de vidéo à la demande qui contribuent au 
financement de la création), ciblage des mesures sur les films les moins bien 
financés ou non financés par les chaînes en clair, anticipation des usages et 
adaptation pragmatique de la chronologie justifiant une suppression des 
jours interdits de diffusion à la télévision. 
Pour les services de vidéo à la demande par abonnement, le Conseil 
propose de raccourcir le délai devant séparer la date de sortie en salles de 
l’oeuvre et son exploitation en ligne. 
Les services de vidéo à la demande par abonnement ne peuvent 
aujourd’hui proposer des films qu’à partir du 36ème mois après leur sortie 
en salles. Ce délai, particulièrement long, est selon certains, une des 
principales raisons de la faible percée de la vidéo à la demande par 
abonnement en France. 
Ces difficultés de développement des services de vidéo à la demande 
par abonnement et la concurrence aux offres françaises que pourraient 
exercer certains acteurs américains diffusant sur le territoire européen ont 
amené le Conseil à proposer que le délai de mise à disposition des films sur 
les services de vidéo à la demande par abonnement soit raccourci à 24 mois 
pour tous les films (contre 36 mois actuellement) à l’exception : 
- des films européens ou d’expression originale française préfinancés 
par un service de vidéo à la demande par abonnement, qui 
pourraient être proposés sur ce service 14 mois après leur sortie en 
salles ; cette fenêtre apparaît de nature à favoriser les préachats des 
services de vidéo à la demande par abonnement ; 
- des films ayant fait l’objet d’un préachat ou d’un achat d’un service 
linéaire en clair, ou d’un service linéaire de cinéma pour une 
seconde fenêtre payante, qui ne pourraient être proposés en vidéo à 
la demande par abonnement que 30 mois après leur sortie en salles. 
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Le Conseil considère qu’une telle proposition satisfait au principe de 
proportionnalité entre les investissements consentis dans la production 
d’oeuvres cinématographiques et la fenêtre de diffusion autorisée. 
La proposition de ramener à 18 mois le délai applicable aux services 
de vidéo à la demande par abonnement, figurant dans le rapport Lescure 
comme dans le rapport Bonnell, n’apparaît pas souhaitable au Conseil, 
même pour ceux qui prendraient des engagements généraux importants en 
termes de contribution à la production. Elle avantagerait en effet ces services 
par 
rapport 
à 
deux 
catégories 
de 
chaînes 
aujourd’hui 
fortement 
contributrices au financement du cinéma, les chaînes 
de cinéma et les 
chaînes en clair ayant acquis une première fenêtre à 22 mois. 
Le Conseil préconise la mise en oeuvre des mesures dérogatoires et 
expérimentales proposées par la mission Lescure visant à faciliter les sorties 
en vidéo à la demande des films à très faible durée d’exploitation en salles. 
Prenant acte des positions divergentes exprimées par les différents 
acteurs, 
le 
Conseil 
rappelle 
également 
l’utilité 
d’expérimenter 
une 
autorisation de la mise en ligne des oeuvres cinématographiques sur les 
services de vidéo à la demande à l’acte trois mois après leur sortie en salles 
contre quatre mois actuellement, délai qui, comme l’indiquait la mission 
Lescure, demeure sans doute suffisamment long pour ne pas dissuader le 
public de se rendre d’abord en salles de cinéma. 
Favoriser le développement des éditeurs français et européens de 
vidéo à la demande 
Outre ces aménagements souhaitables de la chronologie des médias, 
le Conseil estime nécessaire, comme le recommande la Cour, de créer des 
incitations en direction des producteurs, des distributeurs et des détenteurs 
de catalogue afin de favoriser l’apparition de grands éditeurs locaux de 
services de vidéo à la demande, et notamment de vidéo à la demande par 
abonnement. 
Le Conseil considère également qu’une des conditions de l’émergence 
de ces éditeurs est qu’ils aient largement accès aux oeuvres, qu’elles soient 
récentes ou de catalogue. La promesse implicite faite au grand public par ces 
services, « tous les films disponibles à tout moment », est loin d’être une 
réalité
249
. Elle engendre une grande déception de la part du public, qui peut 
le conduire à se porter vers des offres non légales. 
249
L’ « Observatoire de la chronologie des médias » du CNC a mis en évidence que 
seuls 63 % des films distribués en salles en France ont été ensuite exploités sur un 
service non linéaire moins de six mois après leurs sorties en salles. 
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261 
Le Conseil considère donc, comme la Cour, qu’il est indispensable de 
favoriser les dépenses de numérisation et de mise en ligne de contenus et 
qu’un des moyens pour inciter les chaînes à investir dans ce sens est 
d’inclure ces dépenses dans leurs obligations d’investissement. 
Cette mesure encouragera 
les éditeurs qui préfinancent des oeuvres à 
les exploiter en non linéaire et élargira l’offre légale. Cependant, compte 
tenu de l’objectif principal de l’obligation d’investissement dans la 
production, qui est d’inciter les diffuseurs à contribuer au développement de 
productions nouvelles, ces dépenses pourraient être plafonnées, afin qu’elles 
ne puissent pas dépasser une certaine part de l’obligation. 
Le Conseil, dans son « Rapport au gouvernement sur l’application du 
décret n° 2010-1379 du 12 novembre 2010 », (décembre 2013), préconise 
également que soit élargi le périmètre des dépenses prises en compte au titre 
de la contribution au développement de la production des services de vidéo à 
la demande, afin d’y inclure les dépenses de numérisation d’oeuvres 
d’expression originale française ou européennes, ainsi que dans une certaine 
proportion, certaines dépenses liées à la lutte contre le piratage d’oeuvres 
d’expression originale française ou européennes. 
Les services de vidéo à la demande doivent également offrir leurs 
programmes de manière pérenne et stable. Or, certaines pratiques 
contractuelles actuelles entre ayants-droit et chaînes de télévision, autorisées 
par l’accord sur la chronologie, ont pour effet de soustraire aux offres de 
vidéo à la demande, pour des durées qui peuvent être longues, des films 
d’expression originale française porteurs qui étaient précédemment proposés 
sur le service. En effet, certaines chaînes, payantes comme en clair, 
demandent 
à 
pouvoir 
disposer, 
lors 
de 
la 
diffusion 
d’oeuvres 
cinématographiques qu’elles ont préachetées, d’une exclusivité totale, 
incluant les services de vidéo à la demande. Cela a pour effet de faire 
« disparaître », dans les catalogues des services de vidéo à la demande, les 
films préachetés par les chaînes françaises. L’interruption dans l’offre de 
vidéo à la demande peut prendre effet à partir du dixième mois après la 
sortie du film en salles et peut durer jusqu’au 48ème mois après celle-ci. La 
phase de gel peut être encore plus longue si le film fait l’objet d’une 
deuxième, voire d’une troisième diffusion en clair. De plus en plus 
fréquemment, cette pratique touche également les diffusions d’oeuvres 
cinématographiques effectuées par des chaînes en clair qui ne sont pas 
coproductrices de l’oeuvre. 
Le Conseil considère que de tels usages, qui s’apparentent bien 
souvent à des gels de droits, sont excessifs. La présence concomitante d’une 
même oeuvre cinématographique sur un service de vidéo à la demande et sur 
une chaîne de télévision, qu’elle soit payante ou gratuite, ne constitue pas 
pour le service linéaire une concurrence telle qu’il faille mettre fin, sur une 
période longue, à toute location délinéarisée. Elles sont un frein au 
développement économique des services de vidéo à la demande, et une 
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262 
COUR DES COMPTES 
incitation à recourir à des services non linéaires proposant illégalement des 
oeuvres, ou à des services localisés hors du territoire français. 
Le Conseil a proposé à plusieurs reprises de ne plus les autoriser, ou 
pour le moins de les encadrer ; la période de gel pourrait être limitée à 
quatre semaines (deux semaines avant et deux semaines après la diffusion 
télévisuelle à l’instar de ce que propose le rapport Lescure). 
Le Conseil préconise pour la vidéo à la demande à l’acte d’appliquer, 
pour l’achat définitif, les règles de la vidéo physique (commercialisation sans 
interruption des oeuvres cinématographiques, même pendant les fenêtres de 
diffusion exclusives des chaînes en clair et des chaînes payantes). 
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RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES CONCERNÉS 
263 
RÉPONSE DU PRÉSIDENT DE FRANCE TÉLÉVISIONS 
France Télévisions partage, globalement, la conviction que le système 
de soutien direct et indirect à la production audiovisuelle doit aujourd’hui 
évoluer pour s’adapter aux mutations concurrentielles, technologiques, 
industrielles et économiques intervenues depuis la mise en place de deux de 
ses principaux instruments, les décrets dits « Tasca » et le compte de soutien. 
Cette nécessaire évolution répond à deux enjeux solidaires : la capacité de la 
création nationale à se renouveler, à atteindre ses objectifs et à rencontrer 
son public ; la légitimité du soutien public important qui est alloué à son 
développement, en particulier à travers le CNC et les obligations des 
diffuseurs, à commencer par France Télévisions. 
S’agissant tout d’abord du soutien apporté par France Télévisions au 
développement de la production audiovisuelle et des relations qu’entretient 
l’entreprise, dans ce cadre, avec les producteurs indépendants, et ainsi 
qu’elle l’a régulièrement fait valoir au cours des derniers mois - travaux du 
sénateur Jean-Pierre Plancade, préparation du rapport commandé à Laurent 
Vallet par la ministre de la culture et de la communication, avenant au 
Contrat d’objectifs et de moyens signé avec l’Etat en novembre 2013 -, 
France Télévisions considère qu’un nouvel équilibre doit être trouvé pour 
assurer la pérennité d’un système qui n’est plus aujourd’hui adapté aux défis 
de son environnement. 
France Télévisions est le premier financeur de la création 
audiovisuelle, ceci à la fois par le volume financier de son engagement 
(420 M€ en 2012), par le taux réglementaire de sa contribution (20 % de son 
chiffre d’affaires) et par le poids que celle-ci représente dans le volume total 
de financement de la production audiovisuelle nationale aidée (près de 
60 %). 
Les investissements de France Télévisions ont connu au cours des dix 
dernières années une augmentation constante, sous le double effet de la 
croissance de son chiffre d’affaires (dynamique publicitaire favorable et 
croissance du financement public) et d’une obligation d’investissement plus 
importante (passage de 18,5 % en 2009 à 20 % à compter de 2012). 
Dans un contexte économique devenu plus contraint pour France 
Télévisions, confrontée à la montée en puissance de nouvelles chaînes 
privées peu contributives à la production audiovisuelle (2 % du total des 
apports) mais captant désormais près d’un quart de l’audience globale de la 
télévision et un tiers des investissements publicitaires, le maintien d’une 
obligation d’investissement sensiblement plus élevée pour le service public, 
comme la prise de risque importante que représente le préfinancement des 
oeuvres, justifient que les modalités de sa contribution soient plus équitables, 
mieux adaptées à sa situation économique, et favorisent plus résolument 
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264 
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l’exposition des oeuvres et le renouvellement de la création, au profit du 
public qui les finance à travers la contribution à l’audiovisuel public. 
Les objectifs poursuivis par France Télévisions sont à ces fins les 
suivants : 
-
mieux exposer les programmes de création sur l’ensemble de ses chaînes 
et plates-formes numériques ; 
-
protéger les marques de programmes emblématiques que l’entreprise a 
contribué à financer contre une exploitation concurrente par un autre 
diffuseur ; 
-
favoriser la création d’oeuvres spécialement conçues pour les supports 
numériques en intégrant, dans les objectifs de financement de la création, 
les sommes consacrées à ces contenus ; 
-
être mieux associée aux recettes d'exploitation des oeuvres et contribuer à 
leur développement ; 
-
s’assurer du bon emploi des ressources publiques investies dans la 
création. 
France Télévisions partage par conséquent une large part des 
constats et propositions de la Cour, certains d’entre eux rejoignant au 
demeurant les recommandations du rapport de Laurent Vallet. Certains 
points appellent toutefois des compléments ou nuances de la part de France 
Télévisions. 
S’agissant de la rationalisation et de la transparence des processus 
d’achat de programmes, France Télévisions rappelle qu’à la suite des 
recommandations formulées par la Cour dans son rapport public thématique 
de 2009, « France Télévisions et la nouvelle télévision publique », 
l’entreprise a mis en oeuvre un certain nombre d’entre elles, et a, plus 
généralement, apporté des améliorations substantielles à l’organisation de 
ses procédures d’achat de programmes, tant a priori qu’a posteriori. 
De manière générale, l’engagement des dépenses de programmes fait 
l’objet à France Télévisions d’une procédure extrêmement formalisée, qui 
fait intervenir plusieurs interlocuteurs, de compétences et d’expertises 
différentes et complémentaires (unités de programmes, direction des 
antennes et de la programmation, direction de la production , direction 
générale chargée des finances, direction générale des programmes), dans un 
processus de décision élaboré et complet, loin du « dialogue singulier entre 
administrateur et producteur » décrit par la Cour en 2009. Ce processus 
repose sur des autorisations d’engagement et des délégations de signature 
qui varient selon les montants concernés, les plus importants étant soumis à 
la validation personnelle du président-directeur général. 
La mission du Contrôle général économique et financier est en outre 
informée, avant leur signature, de tous les engagements d’un montant 
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265 
supérieur à 2 millions d’euros. Sur l’année 2013, cette procédure a concerné 
plus de quarante contrats correspondant à un montant total de 190 M€, à 
rapporter à un budget d’approvisionnement total de 1,1 milliard d’euros. 
Enfin, le sous-comité des engagements (émanation du comité 
stratégique du Conseil d’administration), où siège en particulier un 
représentant de l’État, émet un avis sur tous les engagements de programmes 
d’un montant supérieur à 10 M€. Depuis la mise en place de cette procédure 
en 2010, 44 réunions du sous-comité des engagements ont ainsi donné lieu à 
17 avis sur des engagements atteignant ce seuil. 
Depuis 2010, la politique d’audits de production a été étendue voire 
généralisée, s’agissant des émissions de flux et désormais également des 
oeuvres patrimoniales (séries de fiction, notamment), comme le prévoient le 
contrat d’objectifs et de moyens 2011-2015 de France Télévisions et son 
avenant pour la période 2013-2015. Ainsi, à l’horizon 2015, 90 % des 
émissions de flux renouvelables ou susceptibles de l’être auront été auditées, 
de même que les trois quarts des séries de fiction ayant fait l’objet de deux 
saisons au moins et susceptibles d’être poursuivies. Confiés indifféremment à 
des cabinets extérieurs ou à la direction de l’audit interne du groupe, ces 
travaux sont menés sur la base d’une méthodologie et d’une nomenclature 
harmonisées ; ils ont notamment contribué de réaliser une économie nette de 
– 7 % sur le montant total des contrats de flux renégociés à leur issue au 
cours de l’année 2012. 
Plus largement, France Télévisions a nettement amélioré, au cours 
des dernières années, sa connaissance des coûts réels des productions, à 
travers les audits, mais également via la formalisation et l’analyse 
systématique des remises des comptes. 
L’obtention des comptes, qui alimente la banque de données mise en 
oeuvre à la suite des préconisations de la Cour en 2009, a été rendue possible 
par la systématisation d’un échéancier conditionné à la remise des comptes 
(la dernière échéance étant de 10 %). 
L’analyse des comptes permet d’alimenter trois démarches concrètes 
et efficaces : 
-
le renforcement des informations et des expertises, en vue de la 
négociation des programmes faisant l’objet d’une suite (émissions de flux, 
mais aussi séries de fiction et collections documentaires) ; 
-
le partage d’expertise sur les coûts et les dispositifs de production 
qui les fondent, qui permet de comparer des émissions diffusées sur les 
différentes chaînes du groupe ; 
-
l’analyse macro-économique de l’économie de la production, par 
genre et par catégorie de programmes, qui nourrit le dialogue avec les 
organisations professionnelles, le CNC et l’État, et permet de définir les 
plans d’actions en matière de production. 
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S’agissant de la mise en oeuvre d’un devis type de la production 
d’oeuvres audiovisuelles, telle qu’elle est préconisée par la Cour, France 
Télévisions l’a déjà réalisée, pour les oeuvres patrimoniales, à l’issue d’une 
négociation conduite avec les organisations professionnelles représentatives 
des producteurs à la suite de ses accords interprofessionnels de 2008. Les 
devis types font effectivement apparaître la rémunération du producteur en 
tant que producteur délégué, qui a d’ailleurs été définie précisément en 
fonction du genre et du format de l’oeuvre concernée. Pour autant, s’agissant 
de l’identification de la marge éventuelle du producteur au-delà de sa 
rémunération en tant que producteur délégué, France Télévisions considère 
que seule la remise des comptes réels de production, complétée en tant que 
de besoin d’un audit de production, est à même de faire apparaître 
clairement l’apport réel des producteurs, en contrepartie des droits de 
propriété et d’exploitation qui lui sont acquis, voire dans certains cas la 
marge nette qu’il aura réalisée dès la finalisation de la production. 
En matière de déontologie et de transparence des procédures d’achats 
de programmes et des relations avec les producteurs indépendants, l’avenant 
au contrat d’objectifs et de moyens pour 2013-2015 a par ailleurs défini de 
nouveaux engagements, qui empruntent deux directions complémentaires : 
-
des règles d’éthique, visant à prévenir les conflits d’intérêt et à 
garantir l’indépendance des choix éditoriaux du groupe, notamment dans les 
situations de passages de collaborateurs de l’entreprise vers le monde de la 
production. Des échanges approfondis avec la direction générale des médias 
et des industries culturelles ont déjà eu lieu afin d’établir les modalités de 
déclinaison concrète de ces engagements, et doivent désormais trouver leur 
prolongement dans la constitution, sous l’égide du ministère de la culture, 
d’un groupe de travail associant France Télévisions et le CNC. France 
Télévisions est favorable dans ce cadre à l’édiction de règles claires, mais 
appelle l’attention sur la nécessité de ne pas rigidifier à l’excès les 
possibilités de circulation des compétences créatives entre deux univers qui, 
en tout état de cause, resteront proches par les expertises qu’ils sollicitent. 
-
des règles de transparence, aussi bien en amont, à travers une 
formalisation et une publicité accrues des besoins éditoriaux des antennes, 
qu’en aval, en rendant compte régulièrement des choix effectués. 
Compte tenu des enjeux économiques, éditoriaux et industriels 
particulièrement importants qui lui sont associés, France Télévisions fait en 
particulier pleinement siens les objectifs de plus grande transparence de sa 
politique de développement et d’achats de programmes en matière de fiction. 
L’entreprise a ainsi conduit au cours des deux dernières années un travail 
spécifique sur ce genre, qui vise à encourager l’émergence de projets de 
qualité, à accompagner plus efficacement les travaux de développement, à 
donner plus de visibilité aux professionnels et à rationaliser l’accueil et la 
sélection des projets. 
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267 
Signés en 2011 et 2012 avec les producteurs et les auteurs, la charte 
de développement de la fiction et son avenant encadrent désormais 
formellement la démarche de développement et d’écriture, à chacune de ses 
étapes : modalités de conclusion et de suivi des conventions de 
développement, conditions d’arrêt et d’indemnisation à chacune des étapes 
(écriture, 
pilote...), 
indemnisation 
des 
auteurs 
et 
rémunération 
des 
producteurs font ainsi désormais l’objet d’une procédure partagée, précise et 
transparente. 
En 2013, un travail de formalisation des orientations stratégiques de 
France Télévisions en matière de fiction a par ailleurs été réalisé, puis 
présenté aux professionnels aux cours des derniers mois. Quatre périodes 
seront désormais fixées dans l’année pour l’accueil des projets. Les attentes 
des différentes chaînes du groupe, les projets en cours, la répartition entre 
unitaires, séries et mini-séries et les niveaux d’apports moyens par projet 
seront clairement exprimés à ces occasions. La politique d’investissement de 
France Télévisions en matière de fiction s’attachera à soutenir le 
développement de séries et de formats plus diversifiés. Chaque projet sera 
étudié par au moins deux chargés de programmes et les décisions de mise en 
développement seront prises de manière collégiale. Une plate-forme en ligne, 
réservée aux producteurs, fournira un panorama actualisé des engagements 
de France Télévisions en fiction, sur le modèle du dispositif déjà mis en 
oeuvre pour le documentaire depuis 2010. 
Si elle est principalement mue par une ambition d’évolution de son 
offre et d’optimisation d’un investissement très important (la fiction 
représente plus de 60 % de l’investissement total de France Télévisions dans 
la création audiovisuelle), cette orientation se traduira mécaniquement par 
une moindre dispersion de ces investissements et donc par une diminution du 
nombre de producteurs avec lesquels France Télévisions travaillera, comme 
le suggère la Cour. 
Sur ce point, la Cour relève que le nombre de producteurs auxquels 
France Télévisions adresse des commandes est en 2012 très sensiblement 
supérieur à ce que l’on peut observer pour les chaînes privées historiques, 
alors même que cette démarche ne découle ni d’une obligation du cahier des 
charges ni d’un objectif du contrat d’objectifs et de moyens. La Cour regrette 
que ce morcèlement aille à l’encontre de la constitution d’entreprises 
puissantes. 
France 
Télévisions 
souhaite 
à 
ces 
égards 
rappeler 
que 
la 
structuration industrielle du secteur de la production indépendante au 
travers de sa politique d’achats de programmes ne lui a jamais été assignée 
comme un objectif, explicite ou implicite, de la part de la puissance publique. 
Au contraire, une certaine volonté de renouvellement créatif dans les 
programmes du service public a pu emprunter, au moins jusqu’à une date 
récente, la forme d’un encouragement plus ou moins explicite à diversifier 
quantitativement le nombre des producteurs auxquels l’entreprise recourt, 
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cet élément étant perçu à la fois comme le gage d’une diversité de l’offre et 
un outil de prévention d’une concentration perçue comme contraire au 
pluralisme. A titre d’illustration, l’avenant au contrat d’objectifs et de 
moyens de France Télévisions pour 2009-2012 comprenait, sur la suggestion 
de la commission de la culture du Sénat, un indicateur de suivi du « nombre 
annuel de producteurs de fiction auxquels France Télévisions a recours », 
doublé d’un sous-indicateur portant sur ceux, parmi eux, avec lesquels 
l’entreprise n’avait pas travaillé l’année précédente. Cet indicateur n’a pas 
été reconduit dans le COM signé en 2011. 
L’enjeu de structuration du secteur de la production audiovisuelle, s’il 
est appelé à devenir un objectif prioritaire des pouvoirs publics, paraît en 
réalité bien davantage conditionné par l’évolution des dispositifs d’aide à la 
production, en particulier à travers le compte automatique de soutien du 
CNC. L’éventuel rehaussement des seuils d’accès devrait s’accompagner, 
comme le suggère la Cour, d’un renforcement des aides allouées au 
développement des nouvelles formes de création dédiées aux nouveaux 
médias, sous réserve qu’elle s’accompagne, en conséquence, d’une capacité 
aujourd’hui inexistante à comptabiliser dans les obligations de production 
audiovisuelle les dépenses consacrées à ces nouvelles formes d’oeuvres, pour 
le développement desquelles France Télévisions joue un rôle pionnier 
(cf. infra). 
S’agissant du resserrement des critères de qualification des oeuvres 
susceptibles d’être aidées et comptabilisées au titre des obligations 
réglementaires, il convient qu’il soit guidé avant tout par le souci de 
promouvoir la création de programmes porteurs d’ambition culturelle et 
répondant aux attentes et aux usages du public. 
Si cette ambition passe naturellement par l’investissement dans les 
genres dits patrimoniaux - fiction, documentaire, animation, spectacle 
vivant - dont il convient d’encourager de façon prioritaire le développement, 
France 
Télévisions 
appelle 
l’attention 
de 
la 
Cour 
sur 
le 
risque 
qu’emporterait, pour l’attractivité et le dynamisme de l’offre des chaînes de 
télévision et en particulier pour France Télévisions, un strict recentrage des 
aides et des obligations sur une production patrimoniale dont les critères 
seraient par ailleurs substantiellement resserrés. 
Les magazines culturels, les documentaires de découverte ou les 
émissions d’actualité et de sociétés 
majoritairement constituées de 
reportages, constituent des éléments essentiels d’une télévision vivante, 
singulièrement pour la télévision publique dont l’information, l’éducation et 
le divertissement forment le triptyque fondateur. Certains de ces genres sont 
aujourd’hui aidés par le CNC, certains également éligibles aux obligations 
de production. S’ils devaient ne plus l’être demain, il est vraisemblable que 
le surcoût induit pour l’économie des chaînes se traduirait par une forte 
dissuasion à investir dans ces programmes, au détriment de la diversité des 
genres et de la dimension vivante de l’offre télévisuelle. Il n’apparaît pas 
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pour autant certain que les petites chaînes se trouveraient davantage en 
mesure d’investir dans des productions patrimoniales ambitieuses, peu 
compatibles avec leur économie, autrement que par le biais d’acquisition de 
droits sur le second marché. 
Ainsi, s’il est de toute évidence nécessaire de créer des garde-fous 
pour que les chaînes ne soient pas incitées à investir dans des programmes 
peu coûteux dont la valeur culturelle est contestable, la complexité d’une 
objectivation et d’une pérennisation des critères de définition de l’oeuvre 
patrimoniale, en particulier pour la fiction et le documentaire, conduisent 
France Télévisions à privilégier la piste d’un référentiel convergent pour le 
CNC et le CSA, mais préservant la complémentarité de leurs missions 
(l’intervention a priori sur un projet pour le CNC ; l’intervention a posteriori 
sur une dépense effective pour le CSA) et leur capacité à se prononcer de 
façon circonstanciée en tenant compte de la spécificité des offres et de 
l’économie des chaînes, ou de leur ligne éditoriale. 
En outre, et de façon générale, France Télévisions est favorable à ce 
que les projets de réforme des dispositifs d’aide du CNC soient précédés 
d’une large consultation des acteurs et d’une évaluation préalable précise de 
leur impact économique, éditorial et industriel. 
S’agissant de la continuité et des modalités d’exploitation des oeuvres, 
France Télévisions considère que la nécessaire protection des pré-
financeurs, sans lesquels les oeuvres ne verraient pas le jour, est parfaitement 
compatible avec l’objectif de circulation et d’exploitation, sinon continue, du 
moins optimisée des oeuvres. La vocation première des oeuvres patrimoniales, 
a fortiori lorsqu’elles bénéficient d’un soutien public, est en effet d’être 
exposées au public. À cet égard, dans la perspective de restauration de la 
faculté réglementaire pour les chaînes d’entrer en coproduction sur des 
oeuvres dont elles financent une part substantielle, France Télévisions est 
disposée à offrir des garanties de libération des droits à l’issue de sa période 
d’exclusivité lorsqu’elle n’entend pas en poursuivre l’exploitation. 
À contrario, l’interdiction a priori pour les chaînes de détenir les 
mandats d’exploitation, ou de les cumuler, telle qu’elle est parfois sollicitée 
par certaines organisations de producteurs, paraîtrait contraire à la 
rationalité économique, le choix des distributeurs devant prioritairement 
s’effectuer à l’aune de leur capacité à offrir aux oeuvres les meilleures 
conditions d’efficacité commerciale. Il convient également de rappeler que 
France Télévisions est encouragée par son contrat d’objectifs et de moyens à 
développer ses recettes de diversification, à travers sa filiale chargée des 
activités de distribution. Il y aurait à cet égard un paradoxe à priver a priori 
l’entreprise de toute possibilité de valoriser un actif qu’elle s’est risquée à 
préfinancer, et parallèlement à en encourager l’exploitation à vil prix par les 
acteurs du second marché, désormais nettement majoritaires en nombre. 
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COUR DES COMPTES 
Qu’il s’agisse de coproductions ou de préachats, il conviendra de 
façon générale de veiller à ce que les conditions d’un retour sur 
investissement pour les pré-financeurs soient mieux assurées à l’avenir, le 
dispositif du droit à recettes tel qu’il a été défini en 2008-2009 s’étant révélé 
très insatisfaisant au regard du souhait légitime du service public de ne pas 
voir « privatisés » les fruits d’un investissement financé par la collectivité. 
Sur la période 2009-2012, et sur un montant total cumulé d’obligations de 
soutien à la production audiovisuelle de plus d’un milliard d’euros, le 
dispositif actuel n’a en effet permis de dégager que 16 000 euros au titre du 
droit à recettes. En tout état de cause, ses nouvelles modalités devraient en 
particulier poser le principe d’un partage des recettes d’exploitation au 
premier euro. 
France Télévisions partage par ailleurs l’appréciation de la Cour, 
également formulée par le rapport de Laurent Vallet, sur la nécessité de 
rendre plus lisible l’architecture réglementaire d’ensemble qui sous-tend 
l’organisation des relations entre producteurs et diffuseurs. 
Le système actuel, qui repose sur des articulations particulièrement 
complexes entre la loi, le décret, les conventions et cahiers des charges et la 
concertation, a en effet favorisé au fil du temps de très importantes disparités 
de régimes entre les différents diffuseurs. Au-delà du taux de l’obligation, qui 
a vocation à rester plus élevé pour le service public compte tenu de la place 
que la création occupe dans son offre, un meilleur équilibre supposerait 
notamment que la nature des dépenses éligibles et les mécanismes de 
pondération de certaines d’entre elles soient à la fois simplifiés et 
harmonisés. 
Pour France Télévisions, la complexité et la rigidité qui découle de la 
hiérarchie des normes qui prévaut aujourd’hui se trouvent encore 
renforcées : l’un des effets de la réforme de 2008-2009 est en effet que le 
cahier des charges se contente aujourd’hui en large part de transcrire 
littéralement les termes de ses accords interprofessionnels, leur conférant 
une portée réglementaire, par construction plus figée, là où les chaînes 
privées, régies par une convention, peuvent plus aisément obtenir du CSA 
l’adaptation du cadre de leurs obligations. Si la concertation doit conserver 
une place décisive, il est pour autant souhaitable qu’elle ne se substitue pas 
au pouvoir réglementaire et à la régulation, en tant qu’ils portent la 
responsabilité de la formalisation et du contrôle d’exécution des missions 
confiées par l’État à une entreprise financée par la collectivité. 
À des fins d’illustration de ce qui précède, il est par exemple 
aujourd’hui impossible pour France Télévisions de valoriser, au titre de ses 
obligations de production, les dépenses qu’elle consacre aux oeuvres conçues 
pour une diffusion non linéaire, les accords de 2008 n’ayant pas anticipé 
l’émergence de ce type de production et d’exposition au public. 
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271 
De la même façon, les dépenses dédiées à des oeuvres de spectacle 
vivant pour lesquelles France Télévisions aurait acquis en 2013 des droits de 
diffusion non linéaire excédant les 7 jours de rattrapage prévus par les 
annexes de son cahier des charges - transposition littérale de ses accords de 
2008 - ne sont pas non plus, en théorie, éligibles aux quotas de production, 
alors même que ce point a fait l’objet fin 2012 d’un accord avec la 
profession. 
Il conviendra donc que la réforme à venir soit guidée par le souci 
d’instaurer un système plus simple et plus facilement adaptable aux 
évolutions extrêmement rapides des usages et des modes de consommation, 
qui supposera vraisemblablement que dans le cadre de ses nouvelles 
compétences, le CSA dispose, lors de l’examen des déclarations de 
production des éditeurs, d’une latitude d’appréciation plus large, que 
rendrait notamment possible un allègement de l’appareil réglementaire. 
Cet objectif d’assouplissement et d’adaptabilité pourrait également 
être atteint en permettant à France Télévisions, au sein d’obligations de 
soutien à la production audiovisuelle très majoritairement consacrés à la 
production indépendante, de disposer d’une « part dépendante » élargie, au 
sein de laquelle elle valoriserait notamment ses investissements dans des 
oeuvres produites avec des sociétés de production indépendantes, mais 
atypiques au regard des « normes » générales de la production indépendante 
(co-financement, financement international, durée des droits, droits non 
linéaires…). 
Une telle évolution s’inscrirait aussi pleinement dans le sens d’une 
plus grande équité entre éditeurs, la « part dépendante » de France 
Télévisions étant aujourd’hui plafonnée à 5 %, et uniquement dédiée aux 
engagements portés par sa filiale de production, contre respectivement 26 % 
et 40 % pour TF1 et M6. Contrepartie du maintien d’un taux global 
d’obligation nettement supérieur pour le service public, l’espace de 
souplesse voire d’expérimentation de gré à gré qui serait ainsi créé 
simplifierait l’instauration parallèle, par la concertation, de règles générales 
protectrices pour le secteur de la production indépendante. 
France Télévisions est par ailleurs très favorable, comme le préconise 
la Cour, à l’introduction d’une souplesse accrue dans les bases de calcul des 
obligations des chaînes de télévision. Il serait ainsi pertinent, pour la 
définition de l’assiette des obligations de contribution, que soit pris en 
compte le chiffre d’affaires de l’année en cours, moyennant une 
régularisation l’année suivante, plutôt que le chiffre d’affaires de l’année 
précédente. Une telle modification devrait logiquement s’accompagner, 
comme le propose également la Cour, de la suppression de la disposition 
légale, spécifique à France Télévisions, qui veut que ses contrats d’objectifs 
et de moyens, outre un taux réglementaire, prévoient également un niveau 
minimal d’investissement exprimé en valeur absolue. 
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Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle – avril 2014 
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272 
COUR DES COMPTES 
France Télévisions appelle également l’attention sur la nécessité 
d’expliciter et d’harmoniser, pour l’ensemble des éditeurs, la définition des 
éléments entrant dans l’assiette de la contribution, afin d’assurer l’équité 
entre les contributeurs. L’absence de définition univoque de la notion de 
chiffre d’affaires de référence conduit en effet aujourd’hui certaines chaînes 
à réduire substantiellement le montant de leur contribution par de simples 
mécanismes d’optimisation comptable liés à leur organisation interne, 
notamment en confiant à leurs filiales commerciales l’encaissement de 
certaines recettes, soustrayant ainsi ces dernières à l’assiette de la 
contribution. 
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RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES CONCERNÉS 
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RÉPONSE DU PRÉSIDENT DE CANAL PLUS 
Je vous informe que ce 
rapport n’appelle pas d’observations de ma 
part. 
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