C
HAMBRES
R
EGIONALES DES
C
OMPTES DE
G
UADELOUPE
,
G
UYANE
,
M
ARTINIQUE
C
HAMBRES
T
ERRITORIALES DES
C
OMPTES DE
S
AINT
-M
ARTIN
,
S
AINT
-B
ARTHELEMY
Centre Saint-John Perse - Quai Ferdinand de Lesseps - B.P. 451 - 97164 POINTE A PITRE CEDEX
TEL.: 05 90 21 26 90
-
FAX : 05 90 82 16 34 – E. Mail : crcantillesguyane@ggm.ccomptes.fr
Le Président
Pointe-à-Pitre, le 18 décembre 2012
CONFIDENTIEL
CRC/AA /BD/GREFFE/N° 2012-1212
RECOMMANDEAVEC A.R.
P.J : Une annexe
Monsieur le Président,
Par lettre du 6 novembre 2012, j’ai porté à votre connaissance sous la forme d’un
rapport, les observations définitives de la Chambre régionale des comptes de la Guadeloupe
concernant la gestion du syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’assainissement de
la Guadeloupe, à partir de l'année 2005.
Conformément aux dispositions de l’article L. 243-5 du code des juridictions
financières, vous disposiez d’un délai d’un mois pour adresser au greffe de la Chambre
régionale des comptes de la Guadeloupe une réponse écrite à ce rapport d’observations, à
compter de sa réception.
Le rapport d’observations accompagné de votre réponse parvenue le 10 décembre
2012, dont vous trouverez ci-joint l’exemplaire définitif, doit désormais être communiqué par
vos soins à votre assemblée délibérante, dès sa plus proche réunion. Il doit faire l’objet d’une
inscription à son ordre du jour, être joint à la convocation adressée à chacun de ses membres
et donner lieu à un débat.
…/…
Monsieur Amélius HERNANDEZ
Président du SIAEAG
Route de Blanchard
Section Labrousse
97 190 LE GOSIER
2
En vertu de l’article R. 241-18 du code des juridictions financières, le rapport
d’observations deviendra communicable aux tiers dès qu’aura eu lieu la première réunion de
l’assemblée délibérante suivant sa réception. En conséquence, je vous serais obligé de bien
vouloir me faire connaître la date de cette réunion.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération
distinguée.
Le Président,
B. DIRINGER
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES
DE GUADELOUPE-GUYANE-MARTINIQUE
Annexe à la lettre n° 1212 du 18 décembre 2012
RAPPORT D'OBSERVATIONS DEFINITIVES
SUR LA GESTION
DU SYNDICAT
INTERCOMMUNAL D’ALIMENTATION
EN EAU ET D’ASSAINISSEMENT DE LA GUADELOUPE
Année 2005 et suivantes
Ordonnateur :
-
M. Amélius HERNANDEZ
Rappel de procédure
La chambre a inscrit à son programme 2011 l'examen de la gestion du syndicat
intercommunal d’alimentation en eau et d’assainissement de la Guadeloupe à partir de
l'année 2005. Par lettre en date du 12 avril 2011, le président de la chambre en a informé
Monsieur Amélius FERNANDEZ, président du syndicat. L’ entretien de fin de contrôle a eu
lieu le 19 avril 2012.
Lors de sa séance du 3 mai 2012, la chambre a arrêté ses observations provisoires
portant sur les années 2005 et suivantes. Celles-ci ont été transmises dans leur intégralité à
M. HERNANDEZ, président.
Après avoir entendu le rapporteur et pris connaissance des conclusions du procureur
financier, la chambre a arrêté le 23 octobre 2012 le présent rapport d'observations
définitives.
Le rapport a été communiqué par lettre du 6 novembre 2012 à M. HERNANDEZ.
Le
destinataire disposait d'un délai d'un mois
pour faire parvenir à la chambre sa réponse aux
observations définitives.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
2
M HERNANDEZ a fait parvenir à la chambre une réponse reçue le 10 décembre 2012
qui, engageant sa seule responsabilité, est jointe au présent rapport d’observations
définitives.
Ce rapport devra être communiqué par le président à l’assemblée délibérante, lors de
la plus proche réunion suivant sa réception. Il fera l’objet d’une inscription à l’ordre du jour,
sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donnera lieu à un débat.
Ce rapport sera, ensuite, communicable à toute personne qui en ferait la demande et
mis en ligne sur le site internet des juridictions financières
www.ccomptes.fr
.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
3
S O M M A I R E
1.
PRESENTATION DU SIAEAG
.................................................................................................................
7
2.
FIABILITE DES COMPTES DU SIAEAG
............................................................................................
13
2.1.
U
NE METHODE COMPTABLE DE BUDGET UNIQUE NON CONFORME A LA
M49
JUSQU
’
EN
2011
.............
13
2.2.
S
INCERITE ET FIABILITE DES POSTES DU BILAN
...................................................................................
14
2.2.1.
L’actif
............................................................................................................................................
14
2.2.1.1.
Un défaut d’amortissement conduit à une surévaluation de l’actif immobilisé
...................................
14
2.2.1.2.
L’actif circulant est faussé par une gestion déficiente des créances
....................................................
15
2.2.2.
Le passif
........................................................................................................................................
18
2.2.2.1.
Les capitaux propres intègrent un résultat qui n’est pas fiable en raison des problèmes de
recouvrement
............................................................................................................................................................
18
2.2.2.2.
Les provisions sont insuffisantes
.........................................................................................................
19
2.2.2.3.
La comptabilisation des dettes doit être ajustée
...................................................................................
20
2.3.
S
INCERITE ET FIABILITE DU COMPTE DE RESULTAT
.............................................................................
21
2.3.1.
Le rattachement des charges et des produits à l’exercice n’est pas effectué correctement
..........
21
2.3.2.
L’émission de titres ne correspond pas aux montants facturés
.....................................................
23
2.3.3.
La non-ventilation des charges sur les budgets adéquats
.............................................................
23
3.
ANALYSE FINANCIERE DU SIAEAG
.................................................................................................
24
3.1.
L
A CAPACITE D
’
AUTOFINANCEMENT A AUGMENTE
.............................................................................
25
3.1.1.
L’évolution des produits de gestion
...............................................................................................
25
3.1.2.
L’évolution des charges de gestion
...............................................................................................
27
3.1.3.
Les autres charges et produits
.......................................................................................................
28
3.1.4.
L’évolution de la
capacité d’autofinancement entre 2005 et 2011
..............................................
28
3.2.
L
E FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS
...........................................................................................
30
3.2.1.
Les dépenses d’équipement
...........................................................................................................
30
3.2.2.
Le financement propre disponible
.................................................................................................
31
3.2.3.
Le besoin de financement
..............................................................................................................
31
3.2.4.
La variation du fonds de roulement
..............................................................................................
31
3.3.
L’
EQUILIBRE DU BILAN
.......................................................................................................................
31
3.3.1.
Le fonds de roulement a été restauré
............................................................................................
31
3.3.2.
Le besoin en fonds de roulement
...................................................................................................
32
3.3.3.
La trésorerie
..................................................................................................................................
32
3.3.4.
L’endettement est à un niveau important
......................................................................................
33
3.4.
L
ES MARGES DE MANOEUVRE
..............................................................................................................
33
3.4.1.
Une clarification des relations avec les clients de la vente en gros est nécessaire
.......................
33
3.4.2.
La mise en place d’un vrai suivi des recettes
................................................................................
34
3.4.3.
La nécessaire réalisation d’économies sur le fonctionnement
......................................................
34
4.
LA GESTION DU PERSONNEL
............................................................................................................
35
4.1.
U
NE FORTE AUGMENTATION DES DEPENSES DE PERSONNEL CORRELEE AVEC L
’
AUGMENTATION DES
EFFECTIFS
..........................................................................................................................................................
35
4.1.1.
Les dépenses de personnel ont été multipliées par 2 depuis 2006
.................................................
35
4.1.2.
Les effectifs ont presque doublé depuis 2006
................................................................................
35
4.2.
U
NE ORGANISATION DES SERVICES DEFAILLANTE
..............................................................................
36
4.2.1.
Une absence générale de lisibilité
.................................................................................................
36
4.2.2.
Une organisation des services techniques surprenante
................................................................
36
4.2.3.
Une direction générale particulièrement sous-encadrée
..............................................................
36
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
4
5.
LES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT DU SIAEAG TRADUISENT UN TRAIN DE VIE
ELEVE
.................................................................................................................................................................
38
5.1.
L
ES DEPENSES DE COMMUNICATION ET RELATIONS PUBLIQUES SONT DISPROPORTIONNEES ET NON
MAITRISEES
.......................................................................................................................................................
38
5.1.1.
Les « journées de l’eau » consomment une masse de crédits très importante
..............................
38
5.1.2.
Les dépenses ne sont pas maîtrisées
..............................................................................................
39
5.2.
L
ES MARCHES SONT ATTRIBUES SOUVENT AUX MEMES PRESTATAIRES
...............................................
40
5.3.
L
ES FRAIS DE MISSION ET DE DEPLACEMENT
.......................................................................................
41
5.3.1.
Les frais de mission sont très importants
......................................................................................
41
5.3.2.
Certains frais de mission n’entrent pas dans les attributions du SIAEAG
....................................
41
5.4.
L
ES FRAIS DE RECEPTION
....................................................................................................................
42
6.
LE SERVICE DE L’EAU POTABLE
.....................................................................................................
44
6.1.
E
LEMENTS DE COMPARAISON DU PRIX DE L
’
EAU
................................................................................
44
6.2.
L
A GESTION DU SERVICE DOIT ETRE AMELIOREE
.................................................................................
45
6.2.1.
La relation avec l’usager-client
....................................................................................................
45
6.2.2.
Une gestion défaillante de la DSP jusqu’en 2008
.........................................................................
45
6.2.2.1.
Une DSP prolongée sur 40 années sans aucune remise en concurrence
..............................................
45
6.2.2.2.
Le SIAEAG n’a pas fait évoluer la surtaxe en proportion de l’évolution du chiffre d’affaires de la DSP
46
6.2.2.3.
Une DSP opaque en raison de charges indirectes importantes
............................................................
46
6.2.2.4.
La mauvaise gestion des impayés : une responsabilité largement imputable au SIAEAG
..................
49
6.2.3.
La gestion du contrat de prestation de services s’avère non maîtrisée
.........................................
50
6.2.3.1.
La nature juridique du contrat passé
....................................................................................................
50
6.2.3.2.
La gestion financière du contrat comporte des risques importants pour l’établissement
.....................
52
6.2.3.3.
L’exécution du marché montre une potentialité bénéficiaire très importante du service public
industriel et commercial (SPIC)
...............................................................................................................................
53
6.2.3.4.
Cette capacité
est toutefois obérée par une gestion hasardeuse des paiements
...................................
54
6.3.
L
A GESTION DES INVESTISSEMENTS
....................................................................................................
55
6.3.1.
Une production qui stagne et des investissements très ambitieux
.................................................
56
6.3.2.
Des fuites persistantes et un rendement assez faible sur le réseau
...............................................
57
6.3.3.
Le stockage
....................................................................................................................................
58
7.
LE SERVICE DE L’ASSAINISSEMENT COLLECTIF
......................................................................
60
7.1.
L
E PRIX DE L
’
ASSAINISSEMENT
...........................................................................................................
60
7.2.
L
A GESTION DU SERVICE
.....................................................................................................................
60
7.2.1.
Une gestion des procédures de passation déficiente
.....................................................................
60
7.2.2.
L’équilibre financier du service public d’assainissement collectif n’est pas réellement assuré ... 61
7.3.
L
ES INVESTISSEMENTS EN MATIERE D
’
ASSAINISSEMENT
.....................................................................
62
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
5
SYNTHESE GENERALE
L’examen de la gestion du syndicat intercommunal d’alimentation en eau et
d’assainissement de la Guadeloupe (SIAEAG), principal établissement public de la
Guadeloupe en ce domaine, a porté plus particulièrement, pour la période de 2005 à
aujourd’hui, sur la fiabilité des comptes, la situation financière, les dépenses de
fonctionnement, la gestion des ressources humaines, la gestion des contrats publics et des
investissements.
La chambre observe des insincérités comptables pour des montants parfois très
importants. Ces insincérités faussent tant le bilan dont le montant des actifs immobilisés
est surévalué en raison de la sous dotation aux amortissements, que le compte de résultat
en raison principalement des rattachements non effectués.
Les comptes du SIAEAG font apparaître une large capacité d’autofinancement,
notamment depuis la mise en place du contrat de prestation de services. Cette
observation doit cependant être nuancée par le volume important des créances figurant
dans les comptes mais restant à recouvrer.
Au regard des importants besoins de financement pour les investissements à réaliser
dans un avenir proche, le SIAEAG doit impérativement revoir ses relations financières
avec ses clients pour obtenir d’eux un paiement effectif de leur dettes et revoir
l’organisation de la chaîne qui part de la facturation et va au recouvrement des
créances, tant en interne qu’avec ses prestataires. Des économies sur le fonctionnement
du
SIAEAG
peuvent
amener
à
accroître
substantiellement
la
capacité
d’autofinancement, au bénéfice des tarifs et de la qualité du service rendu aux usagers.
L’augmentation des dépenses de personnel est corrélée largement avec l’augmentation
du nombre d’agents de l’établissement. Cette évolution est parallèle au renforcement des
services, rendu nécessaire par l’extension des compétences du SIAEAG, notamment en
matière d’assainissement collectif et non collectif.
L’analyse de l’organisation du SIAEAG fait apparaître des dysfonctionnements
importants au regard des principes d’une gestion performante, comme l’absence de
fiches de poste ou d’organigramme officiel. Le manque de compétence interne en
matière juridique et financière nuit à la sécurité des contrats et à la sincérité des
comptes
Le SIAEAG dépense des sommes considérables dans les missions, les déplacements, les
réceptions et la communication, pour des résultats qui demandent à être précisés et
évalués. Ce sont 6 903 880 € qui ont été dépensés de 2005 à 2011, soit l’équivalent de 7
mini stations d’épuration, comme celle de Calvaire à Baie-Mahault ou de deux stations
d’épuration comme celles de Saint-François, ou bien encore de deux années de capacité
d’autofinancement
du SIAEAG
1
.
1
Si on prend la CAF moyenne 2005-2011.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
6
En 2007, c’était près de la moitié des charges de gestion du SIAEAG, dépenses de
personnel compris, qui était consacrée à ce type de dépenses, et deux fois les dépenses de
personnel. L’ampleur de ce type de dépenses, qui devraient rester périphériques, est
manifestement excessive pour un service public dont l’objet principal n’est pas de faire
de la promotion mais bien de fournir une eau de la meilleure qualité possible et pour le
meilleur prix possible.
Le changement de modalité de gestion du service d’eau potable par le passage d’une
DSP à un marché de prestation de services a eu pour effet de mieux apprécier les coûts
et les surcoûts réels du service.
Ce changement met en évidence la capacité bénéficiaire
importante de la gestion du service public industriel et commercial de l’eau potable et
les gains qui pourraient être réalisés pour améliorer le service, voire diminuer le prix de
l’eau.
Cependant la gestion déficiente de la relation financière au client, et notamment du
paiement, rend aléatoire ces perspectives. D’importantes créances ont déjà été perdues
du fait de l’impréparation du SIAEAG et cela risque de persister si l’établissement
public
ne met pas en place les outils adaptés. S’agissant de la vente d’eau en gros, une
clarification des relations financières du SIAEAG avec les collectivités clientes est
absolument nécessaire pour tracer une perspective crédible en termes d’investissements
et de soutenabilité financière du développement de l’activité.
Le prix de l’assainissement est en forte augmentation et est amené à peser de plus en
plus sur la facture globale de l’abonné. La chambre observe que c’est en partie l’abonné
à l’eau potable qui paye pour l’assainissement, ce service n’étant pas réellement
équilibré sur le plan financier.
L’état des installations et les nécessaires mises aux normes imposent un accroissement
important du niveau des investissements qui a déjà un impact sur le prix.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
7
THEMES DE CONTROLE :
-
la situation financière
-
la gestion des dépenses de fonctionnement ;
-
la gestion des ressources humaines ;
-
la gestion des contrats publics et des investissements en matière d’eau potable
et d’assainissement collectif ;
1.
PRESENTATION DU
SIAEAG
Le syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’assainissement de la Guadeloupe
(SIAEAG) est le principal syndicat d’eau et d’assainissement de la Guadeloupe
Le SIAEAG a été créé le 8 octobre 1993. Il regroupe 11 communes : Capesterre-Belle-Eau,
Goyave, Petit-Bourg, Baie-Mahault, Gosier, Sainte-Anne, le Moule, Saint-François, la
Désirade, Terre de Haut et Terre de Bas (d’abord à travers le syndicat des Saintes, qui a
adhéré le 11 octobre 1994, puis en tant que communes, après la dissolution du syndicat des
Saintes le 14 novembre 2003). Le SIAEAG n’a pas une compétence générale pour les usagers
des communes de Gosier et du Moule puisqu’il n’est compétent que pour les parties de
communes hors de la compétence du syndicat intercommunal des Grands Fonds (SIGF).
Au 31 décembre 2010, le SIAEAG comptait 74 265 abonnés (clients) pour l’eau et plus de
22 000 pour l’assainissement (22 414 en 2008). 154 901 habitants sont desservis par le
SIAEAG
2
.
L’administration du SIAEAG est assurée par un comité syndical composé de 2 délégués élus
par les assemblées délibérantes pour chacune des communes membres et de 4 délégués pour
l’ex-SIEAPA, soit un total de 26 élus. Au sein du comité, un bureau est élu, comprenant un
président et 6 vice-présidents.
Il a progressivement étendu ses compétences fonctionnelles
Les compétences opérationnelles du SIAEAG ont été élargies en 2007
Initialement, le SIAEAG avait la compétence sur l’eau : production, adduction, stockage,
distribution, tant sur l’exploitation du réseau que sur les investissements à réaliser, ainsi que
sur l’assainissement : collecte et traitement des eaux usées, mais uniquement sur
l’exploitation du réseau et non sur les investissements qui étaient restés du ressort des
communes. Les statuts de 2007 ont étendu les compétences du SIAEAG en matière d’eau
puisque les réseaux secondaires de distribution jusqu’aux abonnés ont été ajoutés, ainsi que
l’investissement en matière d’assainissement, et notamment la construction des stations
d’épuration, ainsi que le service public de l’assainissement non collectif (SPANC). En matière
d’assainissement, il a pour mission « l’exploitation et l’entretien des ouvrages d’évacuation et
de traitement des eaux usées existantes ou à créer ».
2
Chiffres 2010, source : rapport annuel 2010 du prestataire GDE.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
8
Les relations avec la communauté d’agglomération « Cap Excellence » (ex-SIEPA)
Les communes de Pointe-à-Pitre et Abymes, faisaient partie du SIEPA (syndicat eau et
assainissement de Pointe-à-Pitre / Abymes) qui lui-même était membre du SIAEAG. Les élus
de la nouvelle communauté d’agglomération Cap Excellence, ont choisi de ne plus faire partie
du SIAEAG. Le SIEPA est devenu le service eau et assainissement de Cap Excellence. La
communauté d’agglomération règle elle-même les problèmes de distribution d’eau et
d’assainissement de façon indépendante du SIAEAG.
En revanche elle participe au financement des charges générées par les ouvrages de captage,
d’adduction, de production, de stockage, de rénovation et de recherche de fuites. En
contrepartie il y a un quota d’eau disponible pour la communauté d’agglomération, calculé au
prorata des volumes consommés entre les communes de Cap Excellence et les autres
communes du SIAEAG
3
.
Les questions liées au versement des eaux usées d’un des syndicats dans le réseau de l’autre,
sont réglées par une convention spécifique entre les deux syndicats. La répartition des charges
entre Cap Excellence et le SIAEAG se fait de la façon suivante :
-
Pour les ouvrages de captage, d’adduction, de traitement et de stockage de l’eau : les
charges de fonctionnement et d’investissement sont réparties au prorata du volume de
consommation d’eau des communes des deux syndicats (en 1993 : 41% pour les
communes du SIEPA, 59% pour les communes du SIAEAG).
-
Pour les ouvrages de distribution d’eau et d’assainissement, chaque syndicat assure
séparément la construction des équipements situés sur son territoire, en aval des
réservoirs, et en assure son financement.
Le SIAEAG gère le service de l’eau potable par le biais de contrats dévolus à la
Générale des eaux Guadeloupe (GDE), depuis 1968.
Le SIAEAG détient la compétence sur la production, l’adduction, le stockage et la
distribution, y compris les réseaux secondaires de distribution d’eau potable jusqu’aux
abonnés. Dans le cadre de son contrat d’exploitation du service, les investissements à réaliser
sur le réseau lui reviennent en propre.
Le périmètre de compétence du SIAEAG, avant la modification statutaire de 2007,
allait de la
production aux réseaux principaux de distribution (jusqu’aux réservoirs). Le réseau
secondaire de distribution (des réservoirs jusqu’aux compteurs des abonnés) était de la
compétence des communes et du SIEAPA. Ce réseau secondaire, sous maîtrise d’ouvrage des
communes était mis à disposition du SIAEAG (à l’exception du SIEAPA)
4
. Le SIAEAG
produit et distribue l’eau potable des particuliers, l’eau industrielle et l’eau agricole. Il est
maître d’ouvrage des installations de production d’eau (captages, usines de traitement,
pompes), de stockage (château d’eau, réservoirs), de distribution (canalisations, robinetterie).
3
Article 7 des statuts
4
Statuts de 2007, article 9.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
9
Le SIAEAG peut vendre de l’eau en gros à des communes ou à des établissements publics
extérieurs
5
. Cette vente en gros est destinée principalement à Cap Excellence, au SIGF, aux
communes de Trois-Rivières et de Lamentin et constitue un tiers de la destination de la
production d’eau, l’autre tiers étant destiné aux clients particuliers du SIAEAG, le tiers restant
étant perdu.
5
Article 10 des statuts modifiés en 2007.
STOCKAGE
TRAITEMENT
POMPAGE
ROBINETTERIE
CANALISATIONS ET
RESERVOIRS
ABONNES
BRANCHEMENT
COMPTEURS
DISTRIBUTION
PRODUCTION
RESSOURCE
GESTION PAR LE SIAEAG
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
10
Source : rapport annuel 2010 du prestataire.
De 1968 jusqu’à 2008, le SIAEAG a géré le service de l’eau potable par une délégation de
service public, sous la forme d’un contrat d’affermage signé avec la Générale des eaux
Guadeloupe (GDE), filiale du groupe VEOLIA. Depuis 2008, le service est géré par la GDE,
par le biais d’un marché de prestation de services.
Le SIAEAG gère également le service de l’assainissement collectif par le biais de
contrats dévolus à des tiers.
Le SIAEAG détient une compétence globale sur l’assainissement depuis 2007. Jusqu’en
2007, cette compétence comprenait la collecte et traitement des eaux usées, mais uniquement
sur l’exploitation du réseau et non sur les investissements qui étaient restés du ressort des
communes. Les statuts de 2007 ont étendu les compétences du SIAEAG à l’investissement en
matière d’assainissement, et notamment la construction des stations d’épuration, ainsi que le
service public de l’assainissement non collectif (SPANC). En matière d’assainissement, il a
pour mission « l’exploitation et l’entretien des ouvrages d’évacuation et de traitement des
eaux usées existantes ou à créer ».
Le service d’assainissement comprend la collecte des eaux pluviales et usées, leur traitement
et leur rejet dans le milieu naturel. Ce service comporte une dimension de santé publique
essentielle, les eaux usées étant à l’origine de maladies (diarrhées, choléra, paludisme,
bilharziose, dengue, etc.). Pour le périmètre du SIAEAG, un tiers à peine des abonnés à l’eau
potable sont raccordés au réseau d’assainissement collectif.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
11
Dans les communes du SIAEAG les réseaux de collecte sont de type séparatif : séparation
entre eaux pluviales et eaux usées, ce qui n’empêche pas la présence de beaucoup d’eau
parasite dans les réseaux, d’après le rapport sur la qualité et le prix du service pour 2007,
établit par le SIAEAG.
Les ouvrages d’assainissement comprennent notamment les réseaux, les regards de visite sur
la voirie publique (pour l’entretien et notamment le curage des réseaux), les siphons (anti
retour d’odeurs), les postes de relèvement et les stations d’épuration (STEP).
Schéma d’une STEP
Le service d’assainissement collectif comprend 6 siphons, 80 postes de relèvement. 9 STEP
de 1500 à 15000 équivalents-habitants existaient en 2007 (sur les 22 en Guadeloupe) : Baie-
Mahault, Capesterre-Belle-Eau, Goyave, Gosier, le Moule, Petit-Bourg, Saint-François,
Sainte-Anne, Terre de Haut. 3 nouvelles STEP ont été construites entre 2008 et 2011 : Sainte-
Anne, Baie-Mahault
et
Le Moule.
Le service
comprend
également
un réseau de type
séparatif de 144 km.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
12
Le rapport sur la qualité et le prix du service pour 2007, établit par le SIAEAG fait une
synthèse du fonctionnement des 9 STEP fonctionnant avant 2008. Une seule fonctionne
normalement, celle du Gosier, les autres étant soit saturées (Baie-Mahault, Capesterre-Belle-
Eau, Goyave, Le Moule), soit connaissant des problèmes de départ de boue dans les effluents.
Jusqu’en 2000, le SIAEAG a géré le service de l’eau potable par une délégation de service
public, sous la forme d’un contrat d’affermage signé avec la Générale des eaux Guadeloupe
(GDE). Entre 2000 et 2008, un contrat d’affermage a été passé avec la société de gérance et
de distributions d’eau, la SOGEDO. Depuis 2008, le service est géré par la Générale des Eaux
Guadeloupe, par le biais d’un marché de prestation de services.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
13
2.
FIABILITE DES COMPTES DU SIAEAG
2.1.
Une méthode comptable de budget unique non conforme à la M49 jusqu’en
2011
L’instruction comptable M49, applicable aux SPIC d’eau et d’assainissement dispose que
«
Le service de distribution d’eau et le service d’assainissement constituent deux activités
distinctes qui sont retracées chacune dans un budget tenu en M4
». Le seul cas où un seul
compte peut être tenu, est celui des communes de moins de 3 000 h, et sous certaines
conditions. En effet, comme le rappelle l’instruction :
« Lorsqu’une commune ou un
groupement de communes de moins de 3000 habitants gère conjointement les activités d'eau
et d'assainissement, il est possible de regrouper les deux services en un budget unique à la
condition :
- que les deux services soient gérés selon un mode de gestion identique : gestion
directe ou gestion déléguée,
- et qu’ils soient soumis aux mêmes règles d'assujettissement à la T.V.A :
assujettissement ou non assujettissement pour les deux services. Le budget et les
factures émises doivent faire apparaître la répartition entre les opérations relatives
à la distribution d’eau potable et celles relatives à l’assainissement (cf. titre 3,
chapitre 1, §4.1.3. La troisième partie du budget : les annexes
) ».
Le SIAEAG n’a tenu jusqu’en 2011 qu’un seul budget et une seule comptabilité à la fois pour
l’eau et l’assainissement, en méconnaissance des dispositions rappelées ci-dessus. La chambre
constate que la déconnexion des budgets de l’eau et de l’assainissement a été faite pour le
budget primitif 2011, sans qu’elle soit complètement aboutie, les charges de personnel étant
toutes supportées par un seul des deux budgets (budget du service d’eau potable).
Le SIAEAG fait observer que la pratique du regroupement n’est pas rare et qu’ « Eu égard au
nombre limité d’abonnés et à l’importance des fonds nécessaires, la seule redevance
d’assainissement souvent ne saurait être nécessaire pour équilibrer le service. (…). Dans ce
contexte, le SIAEAG a demandé aux services de l’Etat que les budgets de l’eau et de
l’assainissement puissent être fongibles à titre dérogatoire (…) Il convient enfin de signaler
que si le SIAEAG a en effet été doté d’un seul budget à ce jour, les grands principes régissant
ces services publics ont été respectés. Aussi l’absence de deux budgets distincts ont pu avoir
une incidence sur la lisibilité analytique des comptes, mais nullement sur leur sincérité. »
La chambre ne méconnait pas les contraintes qui pèsent sur le financement des infrastructures
nécessaires à l’assainissement. Cependant le problème de la fiabilité des informations
financières reste posé quant au coût réel du service rendu pour chacune des activités, eau ou
assainissement, du SIAEAG.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
14
2.2.
Sincérité et fiabilité des postes du bilan
2.2.1.
L’actif
2.2.1.1.
Un défaut d’amortissement conduit à une surévaluation de l’actif
immobilisé
Un recensement insuffisant des immobilisations
Le recensement des immobilisations est nécessaire pour le calcul des amortissements et des
provisions, notamment pour dépréciation. Il est un préalable à tout calcul fiable de ces
éléments du compte de résultat. L’ordonnateur est chargé du recensement des biens et de leur
identification, et pour cela il tient l’inventaire. Le comptable est chargé de l’enregistrement
des biens et de leur suivi à l’actif du bilan.
Sur la période considérée un seul état de l’actif a été joint au compte de gestion 2005, ancien
et incomplet : aucune durée d’amortissement n’est définie et aucun amortissement n’est
indiqué. Il existe pourtant un inventaire récent des ouvrages et équipements du SIAEAG en
matière d’eau, élaboré par la GDE, qui recense la situation précise des équipements des 101
sites concernés.
Un état a été communiqué, recensant des ouvrages réalisés ou des biens acquis au 7 avril
2011, pour un montant de 24,36 M€. A titre de comparaison, l’actif immobilisé est de près de
122 M€ en 2010, ce qui indique bien qu’il y a une part importante des ouvrages et
installations qui n’est pas comprise dans le tableau des immobilisations amortissables.
Les ouvrages mentionnés sont principalement des ouvrages de réseau d’adduction d’eau
potable, notamment des extensions, des raccordements, la construction d’une station de
traitement d’eau potable (station de la Digue), la construction de réservoirs (Deshauteurs,
Sergent, etc.), la réfection de prises d’eau (Moustique). L’application de durées
d’amortissement à ces ouvrages entraine un montant annuel valorisé à 835 K€ dans le budget
2011 (849 K€ dans le compte administratif 2010). En revanche rien n’est valorisé pour tout ce
qui concerne l’assainissement et aucun amortissement n’est prévu dans les comptes.
Le SIAEAG précise « qu’avant 2008, les ouvrages, tant de distribution d’eau potable que
d’assainissement, restaient dans le patrimoine des communes membres. Dès lors, le SIAEAG
ne pouvait intégrer dans ses budgets les amortissements relatifs à ces installations. »
En laissant la réalisation de l’inventaire à la GDE, le SIAEAG se met sous la dépendance
de l’opérateur privé pour la connaissance de son patrimoine, lui laissant alors l’entière
maîtrise de la programmation des travaux réalisés par l'établissement public. Il importe
donc que le SIAEAG mette en place un recensement et une valorisation exhaustive de
ses immobilisations, notamment en matière d’assainissement.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
15
Une absence d’apurement du compte 23 et une sous-évaluation des amortissements des
immobilisations
Le compte 23 « Immobilisations en cours » a pour objet de faire apparaître la valeur des
immobilisations non terminées à la fin de chaque exercice. Une fois transférés sur le compte
21, les biens sont amortis. Il n’apparaît pas de transferts entre ces comptes pour 2008, 2009 et
2010, alors que les travaux réalisés sur le compte 23 sont importants. En outre, le montant des
travaux en cours (59,9 M€, par rapport à un montant de 50,9 M€ d’installations et réseaux)
traduit l’absence de transfert du compte 23 au compte 21 ce qui entraîne une sous-estimation
des amortissements nécessaires.
La mise en place d’un mécanisme d’amortissement est important pour les SPIC, dans la
mesure où c’est le prix du service rendu qui doit financer le service et notamment les travaux
d'investissement. Une insuffisance des amortissements conduit à un prix sous-évalué, qui
risque donc de devoir être augmenté à l'avenir pour permettre la réalisation des travaux
nécessaires au renouvellement et à l’extension des installations.
Les dotations aux amortissements sont les suivantes :
2005
2006
2007
2008
2009
2010
68
Dotations amortissements
854 317
922 832
912 213
941 652
941 631
849 512
Ces dotations correspondent à des travaux effectués sur des opérations relativement
anciennes. Elles sont largement insuffisantes et ne correspondent pas à la réalité des
équipements à amortir. Cette sous-évaluation fausse également le résultat de l’exercice.
Il importe de mettre à niveau le montant des amortissements, particulièrement en ce qui
concerne l’assainissement, compétence pour laquelle le SIAEAG a de grosses dépenses
engagées et en perspective.
Des sorties d’immobilisations non retracées en comptabilité
Les comptes 775, 776 et 675, 676 ne sont pas mouvementés dans les comptes de gestion de la
période sous revue, ce qui laisse à penser qu’aucune opération de cession d’immobilisation
n’a été enregistrée. Il ressort pourtant de l’état transmis concernant les véhicules du SIAEAG
que certains d'entre eux ont été sortis de l’inventaire.
Il importe de retracer comptablement les opérations de sortie d’immobilisation.
2.2.1.2.
L’actif circulant est faussé par une gestion déficiente des créances
Le SIAEAG n’utilisant pas une comptabilité de stocks, seules les créances et les disponibilités
bancaires constituent l’actif circulant de l’établissement. En 2010, les montants sont les
suivants :
2010
Créances clients et comptes rattachés
8 013 299
Autres créances diverses
28 614 509
Disponibilités
16 410 726
Total
53 038 534
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
16
Les créances clients sont constituées par les sommes dues par les usagers du service d’eau et
d’assainissement. Le montant du stock des créances clients se situait entre 1,2 et 2,2 M€ pour
les années 2006 à 2008.
En
2009 les créances clients ont représenté une somme de 60 418 €. Le montant 2010
s’explique par la perception directe par le SIAEAG, via la régie de recettes, des paiements
effectués par les clients depuis le début de la gestion sous le régime du marché de prestation
de services
avec la GDE. Cependant, les titres de recette (environ 29 000) n’ont été émis pour
les années 2008 et 2009 qu’entre juillet et septembre 2010. Le montant de 8,01 M€ représente
le montant des créances non recouvrées sur ces factures émises depuis 2008, le taux de
recouvrement étant d’environ 25% pour la période. Il est conforme aux documents de
comptabilité.
Les créances clients nées sous le régime précédent de la DSP sont gérées par la GDE qui
utilise une société de recouvrement. Une part de ces créances clients, constituée par la surtaxe,
revient au SIAEAG, en vertu du contrat de DSP. Le SIAEAG a relancé la GDE sur cette
question par courrier du 21 septembre 2011, auquel la GDE a répondu par courrier du
24 octobre 2011. Le montant précis devant revenir au SIAEAG n’est pas connu. Il dépend du
volume des impayés et du taux de recouvrement effectif par la GDE.
Des créances se sont prescrites par la faute de l’ordonnateur qui n’a pas émis les titres assez
rapidement, alors que la prescription d’assiette de telles créances est de 2 ans. Le montant des
créances clients perdues dans la gestion du début du contrat est de 1 813 677 €
6
.
Les autres créances diverses sont constituées par les sommes dues par les collectivités pour
les ventes en gros. Les sommes dues sont stables entre 2006 et 2009 de l'ordre 2,7 M€. En
2010, le montant est de 28,6 M€. Cette très forte augmentation est due à l’émission en 2010
par le SIAEAG de titres de recettes pour les années 2008-2009. Sur ces titres, il y a eu peu de
recouvrement, certains clients s’opposant à l’augmentation du prix de l’eau en gros, telle
qu’elle a résulté de la délibération du SIAEAG. C’est le cas de Cap Excellence, du Lamentin,
du syndicat intercommunal des Grands Fonds (SIGF). En revanche Trois-Rivières a signé une
nouvelle convention avec le SIAEAG.
S’agissant de la politique de recouvrement, le SIAEAG indique que « le recouvrement des
créances impayées pour un service utilisé par plus de 30 000 personnes implique la mise en
place d’un dispositif particulier (agents consacrés à cette tâche, changement de logiciel,
dématérialisation de la procédure), ce qui ne peut se faire que dans la durée. Le SIAEAG
travaille actuellement à renforcer le recouvrement des impayées de cette manière. »
S’agissant du montant très important des créances diverses dues par les débiteurs publics au
SIAEAG, une vive contestation oppose les collectivités sur la question de la validité d’une
augmentation unilatérale des tarifs par le SIAEAG. En effet, le SIAEAG a procédé à une
modification de la tarification de l’eau de 0,25€ à 1,00€ par délibérations du 28 mai 2008 et
du 27 juin 2009. Le SIGF considère que « l’augmentation tarifaire décidée par le comité
syndical du SIAEAG (…) présente un caractère excessif, brutal et non justifié (…) [Elle] est
de nature à caractériser un abus de position dominante du SIAEAG sur le marché de la
fourniture de l’eau en gros ».
6
Voir partie 5.3.3.4. du présent rapport.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
17
C’est la raison pour laquelle le SIGF et son délégataire poursuivent le paiement de l’achat
d’eau en gros au SIAEAG conformément à la convention du 17 septembre 1999 et non aux
nouveaux tarifs votés par le comité syndical du SIAEAG. La position de la communauté
d’agglomération Cap Excellence est la même sur le paiement de l’eau puisqu’elle continue à
payer la fourniture d’eau par le SIAEAG sur la base des anciens tarifs. Elle considère que la
délibération du SIAEAG en date du 28 mai 2008 est illégale et envisage une saisine du juge
administratif.
La GDE précise qu’ « En tant qu’exploitant du réseau d’autres collectivités, GDE est elle-
même victime de l’absence de formalisation et des contentieux entre le SIAEAG et ses clients
de la vente en gros. (…)
Chaque collectivité a décidé de la suite à donner à l’augmentation
unilatérale du prix de vente d’eau en gros par le SIAEAG : acceptation ou non et paiement ou
non sur la base du tarif du SIAEAG du 1er juin 2008.Le SIAEAG a adressé des décomptes
aux collectivités. GDE Guadeloupe n’a jamais reçu de facture du SIAEAG sur la vente d’eau
en gros depuis le 1er juin 2008. »
La chambre note l’absence de convention formalisant la vente d’eau en gros pour ce qui
concerne les collectivités de Cap excellence et du Lamentin.
Les relations entre le SIAEAG et les clients de la vente en gros mériteraient d’être
systématiquement formalisées afin de limiter ou de prévenir les risques de contentieux.
Créances anciennes
n°
compte
Année de prise
en charge
n°
titre
Organisme débiteur
Montant
46721
2004
T-41
siepa
1 465 439,20
4111
2002
T-28
sarl imagin'prod
11 977,05
4111
1998
T-41
sica d'igaration de la guadelo
2 355,74
4111
1998
T-35
solaria
1 884,39
4111
1998
T-34
seperef et s.c.c
1 884,39
46721
1993
T-40
siepa
420 184,97
46721
1993
T-26
siepa
304 946,00
46726
1993
T-31
commune de baie mahault
104 737,55
46726
1992
T-17
commune de baie mahault
76 012,48
46726
1992
T-11
commune de baie mahault
79 075,95
46726
1992
T-1
commune de baie mahault
66 687,22
46726
1990
T-20
commune de baie mahault
7 622,46
46726
1990
T-11
commune de baie mahault
64 066,74
46726
1990
T-1
commune de baie mahault
28 333,73
46726
1988
T-13
commune de goyave
5 176,56
46726
1988
T-4
commune de goyave
4 021,52
Somme totale
2 644 405,95
Le SIAEAG entend se rapprocher des services de la trésorerie afin de dresser une situation
précise des créances qui ne pourront pas être recouvrées. Certaines
créances pourront, après
cet inventaire, être inscrites en pertes sur créances irrécouvrables.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
18
Cap Excellence souhaite que la chambre constate l’inexistence des créances jugées
aujourd’hui irrécouvrables en raison des « fortes présomptions » d’illégalité qui pèseraient sur
l’avenant n°9 instituant une surtaxe sur la vente d’eau en gros, surtaxe que Cap excellence
n’estime pas justifiée.
La chambre rappelle qu’il ne lui appartient pas de constater comme nuls les droits et
obligations résultant de dispositions réglementaires ou contractuelles prises par les
collectivités publiques qui, jusqu’à ce qu’elles aient été annulées ou retirées, conservent tous
leurs effets de droit. Elle ne peut qu’inviter les collectivités à donner une image fidèle de leurs
comptes en admettant en non-valeur les créances qui manifestement ne pourront faire l’objet
d’un recouvrement, ce qui n’annule pas pour autant la dette du débiteur et ne fait pas obstacle
à l’exercice de poursuites.
Les créances anciennes (antérieures à 2004) représentent une somme de 2,64 M€ dont
une partie ne pourra être vraisemblablement recouvrée. Il convient donc, afin de donner
une image des comptes plus fidèle à la réalité, de les admettre en non-valeur ou
d’inscrire une provision.
2.2.2.
Le passif
2.2.2.1.
Les capitaux propres intègrent un résultat qui n’est pas fiable en raison
des problèmes de recouvrement
On observe un résultat de l’exercice nettement positif, de 37,5 M€ en 2010, en raison d’une
recette exceptionnelle de 44,41 M€. Cette somme correspond pour sa plus grande partie à une
masse de titres qui ont été émis à la fin de l’année 2010 pour les ventes d’eau en gros réalisées
au cours des années
2008-2010.
Le délai d’émission des titres est dû au contentieux évoqué précédemment qui perdure sur le
prix de vente de l’eau en gros entre le SIAEAG et certains clients, comme Cap Excellence ou
Lamentin.
Le prix a été multiplié par deux en 2008 par décision du SIAEAG, dans le but,
affiché du moins, de prendre en compte le financement à venir des équipements nécessaires
au service, et notamment la réhabilitation des usines de production d’eau. Une enquête sur ce
litige a d’ailleurs été réalisée par les services de l’État chargé des questions de concurrence, le
SIAEAG étant accusé par certaines collectivités d’abuser de sa position dominante pour
imposer des augmentations de tarif unilatérales. Elle ne semble pas avoir abouti à une telle
conclusion.
Ventilation des 44,41 M€ de produits exceptionnels pour 2010
Objet
Période
concernée
Débiteurs
Montant
Vente d'eau en gros
juin 2008-août 2010
Cap excellence, SIGF,
SMNGT, Lamentin, Trois
Rivières
27 857 434
Vente d'eau
2008 et 2009
Cap excellence
4 793 487
Redevance assainissement
2009 (décembre)
Tous clients
1 689 187
Eau et assainissement
2008 et 2009
Débiteurs divers
8 621 636
Impayés de factures d'eau et
autres
2008 et 2009
Particuliers et entreprises
1 455 924
Total
44 417 668
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
19
Le SIAEAG avait souhaité la mise en place de conventions avec les collectivités clientes et
avait retardé les émissions de titres pour cette raison, ce qui explique le retard et l’inscription
des recettes en recettes exceptionnelles. Une incertitude réside donc quant à l’issue du
recouvrement des titres émis.
2.2.2.2.
Les provisions sont insuffisantes
En vertu du principe de prudence, des provisions doivent être constituées dès qu’apparaît un
risque. Ce sont surtout des provisions pour garanties d’emprunt qui doivent être constituées en
cas de risque d’impayé, des provisions pour litiges, des provisions pour dépréciation et des
provisions pour grosses réparations. Le SIAEAG ne garantit pas d’emprunt. En revanche pour
les autres cas, il serait souhaitable de constituer des provisions.
En ce qui concerne les litiges et contentieux, l’état des instances fait apparaître un montant de
432 784 € dont au moins une partie significative devrait être provisionnée.
Litiges et contentieux en instance
Instance devant le TGI
33 134
Instance devant le TGI
7 674
Instance devant le TI
4 054
Instance devant le TI
4 332
Instance devant le TGI
264 065
Instance devant le TA
119 525
Total
432 784
Source: SIAEAG
En outre des provisions doivent être constituées pour la dépréciation des comptes clients. Il
serait conforme au principe de prudence et de transparence des comptes d’inscrire un montant
correspondant au moins à la moyenne du taux d’impayé sur une période d’une certaine durée.
Le taux d’impayés est estimé à environ 20%
7
.
Le SIAEAG précise qu’en « ce qui concerne le recouvrement des ventes d’eau en gros, ces
dernières sont des sommes dues par des personnes publiques ou leur délégataire. Les sommes
dues sont certaines et les débiteurs solvables. Il semble donc délicat de les abandonner alors
qu’au demeurant des actions sont engagées pour obtenir leur recouvrement. Bien entendu si
des accords devaient être trouvés ou un jugement définitif rendu, les ajustements opérés
devront être répercutés sur la comptabilité du SIAEAG. / On relèvera toutefois que ces
créances, même si les sommes sont bien dues et selon nous incontestables, génèrent sur la
trésorerie disponible du SIAEAG une très forte pression qu’on peut regretter dans l’intérêt du
service et des deniers publics puisque ces pressions sur les créances génèrent des frais./ Il est
d’ailleurs à noter que, lorsque la commune du Lamentin a engagé un recours sur le point
précis de ses dettes vis-à-vis du SIAEAG en matière de vente d’eau en gros, le SIAEAG a
gagné ce contentieux (TA Basse-Terre, Ord., 11 mai 2012, Commune du Lamentin, req.
N° 1200264) ».
7
cf. rapport du délégataire et du prestataire
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
20
S’agissant des créances douteuses, le SIAEAG indique que «
la difficulté rencontrée pour
pouvoir connaître exactement le taux de recouvrement des factures émises n’a pas conduit,
jusqu’à la fin de la délégation, à provisionner les catégories de sommes relevées par la
Chambre. Le SIAEAG devait avant tout connaître précisément la situation de ces impayés
hérités pour partie de l’ancien mode de gestion. /Cela étant, le SIAEAG prend bonne note des
remarques formulées par la Chambre et va quantifier et provisionner des sommes pour
risques ».
En réponse à ces observations, la chambre souligne qu’elle n’évoque pas l’abandon de
créance mais simplement l’incertitude du recouvrement des créances en litige et la nécessité
de prendre en compte ce risque. Par ailleurs, la décision du tribunal administratif citée par le
SIAEAG rejette la requête du Lamentin pour défaut d’urgence, et ne comporte aucune
indication sur le fond de l’affaire. Elle n’est donc pas probante sur la question des dettes.
Il importe de mettre en place des provisions pour risques et pour charges, au regard tant
des risques contentieux que des risques sur les créances douteuses.
2.2.2.3.
La comptabilisation des dettes doit être ajustée
Un état de la dette est fourni dans le compte administratif (CA) 2010
Etat de la dette au 31 déc 2010
AFD
530 562
AFD
3 333 333
AFD
7 666 667
AFD
39 474
AFD
668 313
CDC
173 492
CDC
135 999
CLF
498 647
CLF
4 187 500
Crédit agricole
587 701
Crédit agricole
9 211 110
Crédit agricole
9 722 256
Crédit agricole
1 262 738
Total
38 017 792
Cet état de la dette indique un capital restant dû (CRD) de 38,017 M€ au 31 décembre 2010.
Ce chiffre ne concorde pas avec celui du compte de gestion, qui est de 42,969 M€. Le prêt de
1 301 690 € figurant dans l’annexe du CA n’est pas comptabilisé dans le compte de gestion
2008.
En réponse aux observations de la chambre le SIAEAG indique que le prêt non comptabilisé
correspond au transfert d’un prêt de la commune du Gosier formalisé par un avenant conclu le
30 septembre 2009 et donc ne pouvait être comptabilisé en 2008. Le syndicat
indique que ce
prêt a bien été comptabilisé au compte administratif 2011. Il reste cependant qu’une
discordance subsiste entre l’état de la dette figurant au compte administratif 2011, qui indique
un capital restant dû de 40,03 M€ et le montant figurant au compte 164 du compte de gestion
de 2011, qui indique un montant de 34,75 M€.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
21
Dans le souci d’une exacte information financière, l’état de la dette présenté dans la
comptabilité de l’ordonnateur doit être en conformité avec le compte de gestion du
comptable. La chambre invite l’établissement à se rapprocher du comptable et des
organismes prêteurs afin de mettre en concordance les comptes et de faciliter le suivi de
la dette.
2.3.
Sincérité et fiabilité du compte de résultat
2.3.1.
Le rattachement des charges et des produits à l’exercice n’est pas effectué
correctement
Le rattachement des charges
Le rapprochement des comptes 408, 418, 428, 438, 448, 468 du compte de gestion, du
montant des rattachements inscrits au CA a été fait, sans anomalie particulière. Le SIAEAG
utilise le mécanisme du rattachement des charges à l’exercice, utilisant notamment le compte
408. A titre d’exemple, sur le chapitre 6226 prestations et honoraires, 7,87 M€ de dépenses
faites en 2009 concernant l’exercice 2008 ont été rattachées.
Cependant, la chambre
relève que ces opérations ne sont pas retranscrites de manière
formelle dans le compte administratif. En outre un certain nombre d’opérations ne sont pas
rattachées, comme l’indique le tableau ci-dessous et pour des montants importants,
notamment pour ce qui concerne le compte 6718 « autres charges exceptionnelles sur
opérations de gestion ».
SOMMES NON RATTACHEES A LA GESTION 2008
N°
mandat
Imputation
Date du
mandat
Objet de la prestation
Bénéficiaire
Date de
facture
Date de service fait
(prestations)
Montant
150
6226
5-févr.-09
1er trimestre exécution marché AEP
Générale des Eaux
15-oct.-08
1er juin - 31 aout
2008
252 704
151
6226
5-févr.-09
1er trimestre exécution marché Eaux
usées
Générale des Eaux
15-oct.-08
1er juin - 31 aout
2008
215 441
159
6226
10-févr.-
09
Prestation d'avocat
Cabinet Landot
4-janv.-09
déc-08
721
160
6226
10-févr.-
09
Prestation d'avocat
Cabinet Landot
4-janv.-09
nov-08
2 126
161
6226
10-févr.-
09
Prestation d'avocat
Cabinet Landot
4-janv.-09
oct-08
13 253
317
6226
30-mars-
09
Prestation d'assurance
CAC 971 Assurances
12-mars-
09
1er janv - 31 déc
2008
13 101
469
6226
21-avr.-
09
Prélèvement et analyse de l'eau
Institut Pasteur
31-oct.-08
2008
7 207
470
6226
21-avr.-
09
Prélèvement et analyse de l'eau
Institut Pasteur
30-nov.-
08
2008
3 929
TOTAL
508 482
PRINCIPALES SOMMES NON RATTACHEES A LA GESTION 2010
N°
mandat
Imputation
Date du
mandat
Objet de la prestation
Bénéficiaire
Date de
facture
Date de service fait
(prestations)
Montant
312
6718
23-mars-11
Achat d'eau pour la période de
sept à déc 2010
Nantaise des eaux
11-janv.-11
Sept-déc 2010
480 193
313
6718
23-mars-11
Achat d'eau pour la période de
juillet à sept 2010
Nantaise des eaux
29-nov.-10
Juillet - sept 2010
477 095
TOTAL
957 288
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
22
Le rattachement des produits
Comme il a été mentionné plus haut sur la fiabilité du montant des ressources propres au bilan
2010 du SIAEAG, la recette exceptionnelle correspond à plusieurs exercices et aurait
nécessité un rattachement sur les exercices concernés. Au titre de la vente en gros, c’est une
somme de 27,85 M€ qu’il s’agit de rattacher aux exercices 2008, 2009, 2010 et un montant
total de 44,41 M€ de produits exceptionnels à rattacher.
Il a été procédé à un retraitement du montant de 44,41 M€, basé sur :
-
un rattachement réel des produits à l’exercice, pour les titres émis concernant les
ventes d’eau en gros, soit 27,86 M€ et la redevance d’assainissement de 1,68 M€ qui
concerne l’année 2009 ;
-
un rattachement forfaitaire pour les autres titres, qui ne précisent pas l’année de
rattachement (2008 ou 2009), en divisant par deux le montant concerné, soit une
somme de 14,87 M€ ;
La méthode indiquée aboutit à répartir les produits exceptionnels de 2010 sur les années 2008,
2009 et 2010 conformément aux tableaux suivants :
Ventilation des 44,41 M€ de produits exceptionnels pour 2010
Objet
Période
concernée
Débiteurs
Montant
Vente d'eau en gros
juin 2008-août 2010
Cap excellence, SIGF,
SMNGT, Lamentin, Trois
Rivières
27 857 434
Vente d'eau
2008 et 2009
Cap excellence
4 793 487
Redevance assainissement
2009 (décembre)
Tous clients
1 689 187
Eau et assainissement
2008 et 2009
Débiteurs divers
8 621 636
Impayés de factures d'eau et
autres
2008 et 2009
Particuliers et entreprises
1 455 924
Total
44 417 668
Répartition des produits exceptionnels inscrits en 2010 (44,41 M€)
2008
2009
2010
Répartition des 27,85 M€
6 473 040
11 254 737
10 129 657
Répartition 2008 et 2009
7 435 524
7 435 524
Répartition 2009
1 689 187
Total
13 908 564
20 379 448
10 129 657
L’établissement doit procéder à un rattachement exhaustif des charges et des produits
imputables à des exercices différents.
Le SIAEAG indique prendre bonne note des observations de la Chambre et s’engage à faire le
nécessaire pour éviter de telles situations.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
23
2.3.2.
L’émission de titres ne correspond pas aux montants facturés
Il apparaît que les titres émis en 2010 ne correspondent pas aux sommes facturées en 2010,
puisque les montants facturés représentent, concernant les contrats de vente d’eau, une somme
de 37,87 M€ alors que les titres émis ne représentent qu’un montant de 33,80 M€, soit une
somme de 4,07 M€ de factures qui n’ont pas fait l’objet d’émission de titres. Cette situation
d’émission tardive des titres est récurrente et préjudiciable à l’établissement.
L’établissement doit procéder régulièrement à des émissions de titres sous peine
d’accroître le risque de prescription d’assiette, de retarder le recouvrement des créances
et, in fine, d’induire des pertes de créances pesant sur la trésorerie.
2.3.3.
La non-ventilation des charges sur les budgets adéquats
Les balances des comptes de gestion 2011 du SPIC de l’assainissement collectif ne font pas
apparaître de dépenses de personnel. Cela ne correspond pas à la réalité de l’activité de ce
service pour lequel travaille environ un tiers du personnel du SIAEAG. C’est également le cas
pour le service de l’assainissement non collectif alors qu’une cellule de trois agents est
consacrée principalement à cette activité.
La chambre constate également que s’agissant des comptes 2011, les dépenses
d’amortissement sont très réduites sur le budget de l’assainissement collectif, ce qui ne
correspond pas au volume important des installations et aux besoins de renouvellement. Ces
éléments sont de nature à fausser l’appréciation du résultat par type de budget.
S’agissant des dépenses de personnel, le SIAEAG indique qu’il est d’ores et déjà en train de
procéder au dégroupage et à la répartition des charges sur les différents budgets comme
évoqué précédemment.
La chambre invite l’établissement à procéder aux ajustements nécessaires quant à
l’inscription des dépenses et à une meilleure sincérité des comptes du SPIC de
l’assainissement collectif.
SYNTHESE
La chambre observe un nombre important d’insincérités comptables pour des montants
parfois très importants. Ces insincérités faussent tant le bilan dont le montant des actifs
immobilisés est surévalué en raison de l'insuffisance des dotations aux amortissements,
que le compte de résultat en raison principalement des rattachements non effectués.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
24
3.
ANALYSE FINANCIERE DU SIAEAG
L’analyse doit prendre en compte le changement dans le mode de gestion du service opéré en
2008. Pour ce qui concerne les postes comme les ventes d’eau ou les autres charges externes,
seules les années 2005-2007 peuvent être comparées entre elles, ainsi que 2009-2010. L'année
2008 a constitué une année de transition puisque le nouveau marché de services a remplacé
l’ancienne délégation de service public le 1
er
juin 2008.
Par ailleurs, au regard des anomalies comptables notées dans la partie consacrée à la fiabilité
des comptes, il convient de prendre avec la plus grande réserve les chiffres tels qu’ils
apparaissent dans les comptes du SIAEAG. S’agissant de l’absence de rattachement de titres
de recette imputés sur 2010, et inscrits en « produits exceptionnels », soit 44,41 M€, au regard
du montant qui représente quasiment le double du total des produits de gestion, un
retraitement des données a été opéré consistant, dans la mesure du possible, à répartir la
somme sur les années de rattachement.
SYNTHESE DES INSINCERITES
Irrégularité constatée
Montant (€)
Incidence
Sous dotation aux amortissements
A évaluer précisément
Minore les charges et donc majore le résultat
Créances anciennes prescrites
A évaluer précisément
Minore les charges et donc majore le résultat
Absence d’inscription de provision pour
litiges et pour créances douteuses
A évaluer précisément
Minore les charges et donc majore le résultat
Dépenses
non rattachés à la gestion 2008
508 482 €
Minore les charges et majore le résultat 2008
du même montant
Dépenses
non rattachés à la gestion 2010
957 288 €
Minore les charges et majore le résultat 2010
du même montant
Produits non rattachées à la gestion 2008
13 908 564 €
Minore le résultat 2008
Produits non rattachés à la gestion 2009
20 379 448 €
Minore le résultat 2009
Produits non rattachés à la gestion 2010
10 129 657 €
Minore le résultat 2010
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
25
3.1.
La capacité d’autofinancement a augmenté
3.1.1.
L’évolution des produits de gestion
Produits de gestion
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011 (1)
2005-
2010
Vente d'eau (701)
3 200 000
2 542 660
2 699 070
10 232 123
22 881 069
23 323 945
37 223 638
1063,2%
-20,5%
6,2%
279,1%
123,6%
1,9%
59,6%
Travaux (704)
0
0
0
0
0
344 741
1 155 507
NS
Redevances
d'assainissement
(70611)
600 000
309 053
617 297
643 508
0
0
3 708 868
NS
-48,5%
99,7%
4,2%
Autres prestations
de service (7068)
0
245 926
772 238
0
0
0
0
NS
Locations (708)
23 019
3 415
13 542
7 659
7 979
4 181
94 380
310,0%
-85,2%
296,5%
-43,4%
4,2%
-47,6%
2157,4%
Autres subventions
d'exploitation (74)
315 151
144 762
0
0
0
0
2 000 000
NS
Total
4 138 170
3 245 815
4 102 148
10 883 289
22 889 048
23 672 867
44 182 393
967,7%
-21,6%
26,4%
165,3%
110,3%
3,4%
86,6%
Sources: Comptes
de gestion
(1) chiffres issus de la balance du grand livre
La vente d’eau
L’essentiel des recettes du SIAEAG provient de la vente d’eau. Jusqu’en 2007, il s’agit de la
vente d’eau en gros aux différents clients : Syndicat mixte du nord Grande-Terre, communes
de Lamentin, de Trois Rivières, etc. A partir de juin 2008, il s’agit également de la vente
d’eau aux particuliers, que le SIAEAG comptabilise dans ses propres comptes.
On constate que le volume d’eau produit comme le volume total vendu n’ont pas d’évolution
marquante sur la période.
Le prix, après avoir augmenté de 8,4% entre 2005 et 2008, a diminué en 2009, avec une
baisse de 5% sur une facture de 120 m3, conformément aux accords ayant suivi les
mouvements sociaux de février 2009 et en vertu de la délibération du comité syndical du
27 juin 2009. Depuis 2009, les tarifs n’ont pas évolué.
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2005-
2010
Eau produite
(m3)
35 037 149
34 853 512
35 344 062
34 924 433
34 780 875
36 042 313
2,87%
1,40%
-0,52%
1,41%
-1,19%
-0,41%
3,63%
Volume total
vendu
21 721 955
22 030 573
21 811 619
23 502 291
22 286 046
23 047 785
6,10%
-0,39%
-2,62%
2,46%
9,64%
-11,97%
1,88%
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
26
Les recettes du SIAEAG ne sont donc pas marquées par un fort dynamisme, d’autant que leur
recouvrement effectif, après avoir progressé pendant la période de la DSP, connaît de graves
difficultés. En 2011, on observe une chute des émissions de titres pour la vente d’eau, chute
vraisemblablement liée aux retards d’émission de titres par le SIAEAG et non à la facturation
réelle de l’eau.
La redevance d’assainissement
Dans la série qui va de 2005 à 2008, on observe une anomalie pour l’année 2006, où le
produit a été deux fois moins important que les autres années. De plus ces montants ne
correspondent pas à ce qui a été versé par la GDE à la société SOGEDO et qui aurait dû être
reversé intégralement au SIAEAG.
Produit de la redevance d'assainissement
2005
2006
2007
2008
Total
Produit redevance
assainissement (compte de
gestion)
600 000
309 053
617 297
643 508
Produit reversé par la GDE à la
SOGEDO
647 815
633 726
1 036 914
850 505
Différence
47 815
324 673
419 617
206 997
999 102
Source: Compte de gestion - fichier reversement SIAEAG
La chambre invite le SIAEAG à agir vis-à-vis de la SOGEDO par les voies appropriées
de manière à être rétabli dans ses droits.
Le SIAEAG admet les observations de la chambre et s’engage à faire le nécessaire pour
clarifier la situation.
Les locations
Les locations concernent essentiellement des stands lors de manifestations. Les montants plus
élevés des années 2005, 2007, 2009 et 2011 sont liés aux « journées de l’eau ». Le montant
plus important en 2011 est lié à l’imputation des recettes sur le compte 7083 via une régie de
recettes, alors que les années précédentes, les recettes étaient collectées par des prestataires de
services et reversées à l’établissement sur des imputations parfois différentes (compte 67).
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
27
3.1.2.
L’évolution des charges de gestion
Charges de gestion
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011 (1)
2005-
2011
Achats d'eau (605)
0
0
31 404
9 685
0
3 835 034
1 753 976
NS
Autres charges externes
(60 hors 605, 61-62)
1 867 395
2 018 461
2 388 810
10 350 515
21 828 510
20 453 524
22 631 655
1111,9%
8,1%
18,3%
333,3%
110,9%
-6,3%
10,6%
Impôts et taxes (63)
27 451
35 857
30 117
30 687
33 280
50 787
1 269 810
4525,7%
30,6%
-16,0%
1,9%
8,5%
52,6%
2400,3%
Charges de personnel
(64)
513 645
756 109
829 183
972 089
1 057 271
1 304 818
1 589 635
209,5%
47,2%
9,7%
17,2%
8,8%
23,4%
21,8%
Autres charges de
gestion courante (65)
59 625
58 165
40 293
60 066
76 802
72 110
73 481
23,2%
-2,4%
-30,7%
49,1%
27,9%
-6,1%
1,9%
Total
2 468 116
2 868 592
3 319 808
11 423 042
22 995 863
25 716 273
27 318 557
1006,9%
16,2%
15,7%
244,1%
101,3%
11,8%
6,2%
Sources: Comptes de gestion
(1) chiffres issus de la balance du grand livre
Les achats d’eau
Les achats d’eau sont significatifs à compter de la mise en place du marché de services et de
l’intégration des achats et ventes d’eau dans les comptes du SIAEAG. Le
SIAEAG achète de
l’eau principalement à Cap Excellence, au SIGF et à la commune de Trois-Rivières.
Les autres charges externes
De même que pour les produits, l’intégration des comptes de la DSP dans les comptes du
SIAEAG induit l’inscription des charges qui prennent la forme désormais de charges de
prestations de services.
Les charges en 2010, de 20,45 M€, sont constituées pour 18,32 M€ des prestations faites par
la Générale des eaux dans le cadre du marché public de services et de 2,13 M€ pour les autres
dépenses (frais de mission, déplacements, réceptions, dépenses de communications,
honoraires d’avocat, cotisations d’assurances, etc.). Les dépenses de frais de mission,
déplacements et réceptions représentent 625 K€. On constate d’ailleurs une augmentation du
niveau de ce type de dépense : elles représentaient en moyenne 548 K€ entre 2005 et 2009. Le
reste des dépenses est constitué de dépenses de communication, d’honoraires d’avocat, de
cotisations d’assurances, etc.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
28
On observe une augmentation de 20% en 2007 des autres charges externes en raison de la
manifestation des
« journées de l’eau ». De même la baisse en 2010, de 1,4 M€, est
principalement liée à l’absence de manifestation en 2010 (la manifestation a lieu tous les deux
ans).
Les charges de personnel
Les dépenses de personnel ont été multipliées par près de 3 en 5 ans. Cette accroissement est
liée à l’augmentation des effectifs, due pour partie à la mise en place d’un nouveau service, le
SPANC, et à la constitution d’une cellule de traitement des relations clients, suite à la mise en
place du marché public en 2008 et au recrutement de nouveaux personnels techniques. Il est
également dû, selon le SIAEAG, à la nécessité de prendre en charge les contrôles de la
délégation assurés précédemment par la direction de l’agriculture et de la forêt au frais du
fermier. Le SIAEAG a repris à son compte le coût de ces contrôles.
3.1.3.
Les autres charges et produits
Les charges financières
Elles ont été multipliées par 3 entre 2005 et 2010 et ont plus que doublé depuis 2007. Cela est
dû à la souscription de deux prêts importants, l’un de 9 850 000 € souscrit en juin 2007 et
l’autre de 10 000 000 € souscrit en décembre 2008 qui ont plus que doublé l’encours de la
dette.
Les produits exceptionnels
Leur évolution est erratique en raison de l’absence de rattachement des titres de recette (voir
la partie fiabilité des comptes).
Les dotations aux amortissements
Elles sont en légère baisse sur la période. Cette situation n’est pas cohérente avec
l’augmentation de l’actif immobilisé et avec la montée en charge de l’endettement affecté à la
réalisation d’ouvrages.
3.1.4.
L’évolution de la
capacité d’autofinancement entre 2005 et 2011
La structure financière du SIAEAG a évolué en 2011 puisqu’elle est éclatée en trois budgets
et en trois comptes de gestion : le SPIC eau potable, le SPIC assainissement collectif et le
SPIC assainissement non collectif.
Le tableau présenté ci-après ne tient pas compte du service public de l’assainissement non
collectif, afin de garder pour l’analyse un périmètre constant.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
29
Résultat de l'exercice et capacité d'autofinancement
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Produits de gestion
4 138 170
3 245 815
4 102 148
10 883 289
22 889 048
23 672 867
44 182 393
Charges de gestion
2 468 116
2 868 592
3 319 808
11 423 042
22 995 863
25 716 273
27 318 557
Excédent brut de
fonctionnement
1 670 054
377 223
782 340
-539 752
-106 816
-2 043 406
16 863 836
Produits financiers
0
0
0
0
76
0
0
Charges financières
685 769
984 446
943 397
1 729 045
1 812 257
2 143 650
2 193 150
Produits exceptionnels
2 959 663
4 554 039
3 150 592
3 139 256
88 674
44 417 668
155 576
Charges exceptionnelles
2 503 778
4 031 917
295 590
277 546
1 246 720
1 776 878
3 655 628
Dotation aux amort et
prov
854 317
922 832
912 213
941 652
941 631
849 512
844 509
Résultat de l'exercice
585 853
-1 007 933
1 781 732
-348 739
-4 018 673
37 604 222
10 326 125
CAF brute
1 440 170
-85 101
2 693 945
592 913
-3 077 042
38 453 734
11 170 634
Amort K dette
2 980 269
3 582 789
2 309 579
2 739 644
2 786 564
3 297 786
2 102 196
CAF disponible
-1 540 099
-3 667 890
384 366
-2 146 731
-5 863 606
35 155 948
9 068 438
Avec les corrections effectués sur les produits exceptionnels, l’évolution de la CAF prend une
évolution bien différente.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
30
Résultat de l'exercice et capacité d'autofinancement - corrigés des produits exceptionnels
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Produits de gestion
4 138 170
3 245 815
4 102 148
24 791 853
43 268 496
33 802 524
44 182 393
Charges de gestion
2 468 116
2 868 592
3 319 808
11 423 042
22 995 863
25 716 273
27 318 557
Excédent brut de
fonctionnement
1 670 054
377 223
782 340
13 368 812
20 272 632
8 086 251
16 863 836
Produits financiers
0
0
0
0
76
0
0
Charges financières
685 769
984 446
943 397
1 729 045
1 812 257
2 143 650
2 193 150
Produits exceptionels
2 959 663
4 554 039
3 150 592
3 139 256
88 674
0
155 576
Charges exceptionnelles
2 503 778
4 031 917
295 590
277 546
1 246 720
1 776 878
3 655 628
Dotation aux amort et prov
854 317
922 832
912 213
941 652
941 631
849 512
844 509
Résultat de l'exercice
585 853
-1 007 933
1 781 732
13 559 825
16 360 775
3 316 211
10 326 125
CAF brute
1 440 170
-85 101
2 693 945
14 501 477
17 302 406
4 165 723
11 170 634
Amort K dette
2 980 269
3 582 789
2 309 579
2 739 644
2 786 564
3 297 786
2 102 196
CAF disponible
-1 540 099
-3 667 890
384 366
11 761 833
14 515 842
867 937
9 068 438
Il convient toutefois de nuancer ces résultats au regard à la fois des titres émis par rapport à la
facturation et des produits réellement encaissés par le SIAEAG.
3.2.
Le financement des investissements
3.2.1.
Les dépenses d’équipement
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2005-2010
Dépenses réelles
8 415 920
5 493 329
8 565 326
8 557 435
10 834 564
9 653 898
Evolution
-34,73%
55,92%
-0,09%
26,61%
-10,90%
14,71%
La tendance est globalement à la hausse, ce que confirment les dépenses engagées en 2010 et
2011, en raison de la construction de nouvelles stations d’épuration.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
31
3.2.2.
Le financement propre disponible
FONDS PROPRES DISPONIBLES - SIAEAG
2005
2006
2007
2008
2009
2010
CAF
-1 520 507
-3 623 529
418 597
-2 140 537
-5 885 986
35 134 002
FCTVA
380 871
1 115 141
1 241 437
822 200
1 205 365
1 320 808
Autres fonds globalisés
820 148
1 720 800
991 944
187 088
4 855 004
2 608 017
Dotations aux
amortissements
854 317
922 831
912 213
941 653
937 581
849 511
Fonds propres
disponibles
534 829
135 243
3 564 191
-189 596
1 111 964
39 912 338
La CAF nette (après remboursement du capital de la dette) a été fortement négative en 2008 et
2009. Ce constat tiré des comptes de gestion doit être nuancé à la lumière du rattachement des
produits exceptionnels de 2010 qui concernent justement ces deux années.
3.2.3.
Le besoin de financement
BESOIN DE FINANCEMENT - SIAEAG
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Dépenses d'équipement
hors emprunt
8 415 920
5 493 329
8 565 326
8 557 435
10 834 564
9 653 898
Fonds propres disponibles
534 829
135 243
3 564 191
-189 596
1 111 964
39 912 338
Besoin de financement
7 881 091
5 358 086
5 001 135
8 747 031
9 722 600
-30 258 440
En 2010, la vision du besoin de financement est altérée par la recette exceptionnelle de 2010.
3.2.4.
La variation du fonds de roulement
VARIATION DU FONDS DE ROULEMENT - SIAEAG
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Variation des emprunts
C16-C166-C1688
-419 399
15 000 000
9 773 205
9 558 857
-855 013
9 013 954
Besoin de financement
7 881 091
5 358 086
5 001 135
8 747 031
9 722 600
-30 258 440
Variation du fonds de
roulement
-8 300 490
9 641 914
4 772 070
811 826
-10 577 613
39 272 394
L’endettement important entre 2006 et 2008 a contribué à l’augmentation du fonds de
roulement.
3.3.
L’équilibre du bilan
3.3.1.
Le fonds de roulement a été restauré
ANNEE
2006
2007
2008
2009
2010
Fonds de roulement net
global
13 912 333
17 742 709
18 488 969
7 819 328
47 408 508
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
32
Outre l’endettement, les résultats excédentaires en 2010 ont positionné le fonds de roulement
à un niveau très élevé et relativement artificiel, si l’on en juge par l’importance des créances
non recouvrées.
3.3.2.
Le besoin en fonds de roulement
Besoin en fonds de roulement
2006
2007
2008
2009
2010
Créances d'exploitation
2 272 201
1 287 738
2 226 341
60 418
8 013 299
Créances diverses
2 771 472
2 673 065
2 706 279
2 761 147
28 614 509
Dettes d'exploitation
2 753 658
1 892 838
10 180 557
4 720 127
5 630 026
Besoin en fonds de roulement (BFR)
2 290 015
2 067 965
-5 247 937
-1 898 562
30 997 782
Pour 2008 et 2009, le besoin en fonds de roulement (BFR) -solde des créances à court terme
et des dettes à court terme- est négatif, c'est-à-dire qu’il contribue à la trésorerie du SIAEAG.
On constate une évolution très erratique du fait de la mise en place du nouveau contrat de
prestation de services en 2008, avec un solde important de dettes en 2008. La faiblesse du
montant des créances en 2009 marque le démarrage très laborieux de la facturation par le
SIAEAG, avec notamment les pertes de créances en raison de l’absence d’émission de titres,
et la difficulté de la transition entre l’ancien et le nouveau mode de gestion du service.
L’augmentation des créances en 2010 marque la mise en place très progressive du paiement
par les clients.
3.3.3.
La trésorerie
Trésorerie
2006
2007
2008
2009
2010
Fonds de roulement net global
13 912 333
17 742 709
18 488 969
7 819 328
47 408 508
Besoin en fonds de roulement (BFR)
2 290 015
2 067 965
-5 247 937
-1 898 562
30 997 782
Trésorerie nette
11 622 318
15 674 744
23 736 905
9 717 890
16 410 726
Le niveau de
trésorerie est très important pour toute la période, tout comme le fonds de
roulement. Ce niveau traduit un sous-investissement au regard du chiffre d’affaires du service
d’eau et assainissement.
Dans sa réponse aux observations de la chambre, le SIAEAG précise que « comme le révèle
l’analyse de la chambre des investissements ont bien été réalisés, puisque des nouveaux
ouvrages sont amortis. Mais il est vrai qu’en reprenant en main le service délégué, le
SIAEAG a été obligé de dresser un réel inventaire de la situation pour pouvoir identifier et
cibler les opérations à réaliser. Par ailleurs, pour assurer une bonne programmation des
investissements un renforcement de l’équipe était préalablement nécessaire. ».
La chambre prend acte de la volonté du SIAEAG de réévaluer sa politique
d’investissement.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
33
3.3.4.
L’endettement est à un niveau important
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Encours dette au 31
déc (CRD)
12 498 012
23 758 060
31 221 686
38 923 185
36 109 347
42 969 866
Variation de l'encours
11 260 048
7 463 626
7 701 499
-2 813 837
6 860 519
Le SIAEAG a accru son endettement de façon quasiment continue depuis 2005, multipliant
l’encours par 3,5. L’endettement est significatif, d’autant que le ratio de désendettement
8
est
très défavorable, hormis pour 2010, puisque la capacité d’autofinancement brut est négative
en 2006 et 2009 et que la moyenne de CAF brute entre 2005 et 2009 s’établit à 329 K€ et à
1 186 M€ si on exclut 2009. Le ratio s’établit en effet à 30 ans si on prend l’encours de 2009
rapporté à la moyenne de la CAF brute hors 2009. Il s’établit à 110 ans si on intègre l’année
2009.
2006
2007
2008
2009
2010
Annuité de la dette
4 401 734
3 156 481
4 458 688
4 598 820
5 431 428
Variation de l'annuité
-1 245 253
1 302 207
140 132
832 608
L’annuité a augmenté de 23,4% sur la période 2006-2010.
Le SIAEAG précise que « les tarifs de l’eau n’ont pas augmenté. Mécaniquement, cela a
conduit le SIAEAG à devoir augmenter son niveau d’emprunt afin de pouvoir financer les
investissements nécessaires au bon fonctionnement des réseaux dont il a la charge. Par
ailleurs, le SIAEAG est confronté à la réalisation d’investissements en matière de
déploiement du service d’assainissement collectif
pour rattraper un retard structurel et
répondre aux exigences urgentes de la directive cadre européenne sur l’eau. »
3.4.
Les marges de manoeuvre
3.4.1.
Une clarification des relations avec les clients de la vente en gros est
nécessaire
Il est nécessaire que le SIAEAG clarifie ses relations financières avec ses clients acheteurs
d’eau en gros. La présence dans les comptes de 44,4 M€ de créances impayées empêche la
mise en place d’une stratégie financière optimale. Elle peut conduire l’établissement à
s’endetter pour un coût important alors qu’elle pourrait amener un autofinancement plus
conséquent.
Le SIAEAG indique que « l’état des contentieux sur la vente d’eau en gros a conduit le
SIAEAG à s’interroger sur la pertinence et l’opportunité de mettre au point lorsque cela est
possible, de nouveaux accords contractuels et de nouveaux tarifs ».
8
Le ratio de « capacité de désendettement » vise à mesurer la durée théorique de désendettement de la
collectivité (encours rapporté à la capacité d’autofinancement brut en années de remboursement).
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
34
3.4.2.
La mise en place d’un vrai suivi des recettes
La perte de recettes en raison de la prescription d’assiette a été importante. Au vu des délais
observés dans l'émission des titres, ce risque n’est toujours pas maîtrisé. Cette défaillance de
gestion
résulte d'une réelle impréparation. Elle comporte un risque d’augmentation injustifié
des tarifs. La responsabilité de cette mauvaise administration est cependant largement
partagée avec les prestataires du SIAEAG.
L’établissement doit se donner les moyens de gérer efficacement le contrat de prestation de
services sous peine de perdre tout le bénéfice de la gestion directe des versements, voire
même d’avoir un rapport coût / avantage défavorable par rapport à la DSP.
La GDE estime qu’elle ne partage aucune responsabilité quant au suivi des recettes du marché
public. S’il est vrai qu’elle n’est pas en charge du recouvrement pour le marché, c’est la GDE
qui donne au SIAEAG toutes les informations relatives aux débiteurs par l’envoi de fichiers
informatisés. Les retards observés ont pour cause une mauvaise préparation et les difficultés
de communication entre le SIAEAG et la GDE.
3.4.3.
La nécessaire réalisation d’économies sur le fonctionnement
Le niveau des charges de fonctionnement est manifestement excessif. Il est en augmentation
d’année en année.
Dans sa réponse aux observations de la chambre, le SIAEAG indique prendre bonne note de
l’importance qu’il y a à les diminuer, soulignée par la chambre, tout en les mettant en balance
avec les charges induites par la reprise en main de la gestion et un contrôle accru de ses
relations avec les partenaires.
SYNTHESE
Les comptes du SIAEAG font apparaître une large capacité d’autofinancement,
notamment depuis la mise en place du contrat de prestation de services. Cette
observation doit cependant être sensiblement nuancée par le volume important des
créances figurant dans les comptes mais restant à recouvrer.
Au regard des importants besoins de financement pour les investissements à réaliser
dans un avenir proche, le SIAEAG doit impérativement revoir ses relations financières
avec ses clients pour obtenir d’eux un paiement effectif de leur dettes et revoir
l’organisation de la chaîne qui part de la facturation et va au recouvrement des
créances, tant en interne qu’avec ses prestataires. Des économies sur le fonctionnement
du
SIAEAG
peuvent
amener
à
accroître
substantiellement
la
capacité
d’autofinancement, au bénéfice des tarifs et de la qualité du service rendu aux usagers.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
35
4.
LA GESTION DU PERSONNEL
4.1.
Une
forte
augmentation
des
dépenses
de
personnel
corrélée
avec
l’augmentation des effectifs
4.1.1.
Les dépenses de personnel ont été multipliées par 2 depuis 2006
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2006-2011
Charges de personnel
(compte 64)
756 109
829 183
972 089
1 057 271
1 304 818
1 540 191
104%
4.1.2.
Les effectifs ont presque doublé depuis 2006
L’effectif du syndicat a progressé de 83 % entre 2006 et 2011. Cette augmentation s’explique
par la création récente de nouveaux services et le renforcement des services existants.
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2006-
2011
Effectifs au 31/12
18
16
17
19
31
33
83%
Evol effectifs
-2
1
2
12
2
Titulaires cat. A
3
3
3
3
7
7
133%
Contractuels (cat. A)
1
1
1
1
2
4
300%
Titulaires cat. B
4
4
4
4
6
6
50%
Titulaires cat. C
10
8
9
11
15
16
60%
Contractuel (cat. C)
1
source : comptes administratifs
Les effectifs du SIAEAG
Avec la mise en place du marché en 2008 et la prise en charge du recouvrement des factures,
en collaboration avec le prestataire, le SIAEAG a créé un service « gestion des abonnés »,
composé d’un cadre et de 4 agents. L’agent de catégorie A a été recruté le 18 janvier 2010
pour 3 ans, sous la base d’un contrat, en vertu des dispositions de l’article 3 alinéa 5 de la loi
n°84-53 du 26 janvier 1983. Il encadre 4 agents, un cadre B déjà en poste dans l’établissement
et 3 agents de catégorie C, recrutés le 18 janvier 2010 également. Ce service est chargé de la
mise en oeuvre du recouvrement, de la gestion des impayés, du traitement des réclamations et
des demandes de remboursements par les clients.
Le service d’assainissement non collectif a été créé à la suite de la mise en place de la
compétence assainissement non collectif du SIAEAG par délibération du 29 juin 2010. Le
service est effectif à compter de 2011. Il est dirigé par un ingénieur, recruté en 2007 et
comprend un ingénieur et un agent tous deux recrutés le 1
er
mai 2011.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
36
Les services techniques ont été renforcés par le recrutement en 2010 d’un agent administratif,
et en 2011 de 2 ingénieurs et d’un cadre administratif, tous sous statut de contractuel. Ces
agents sont affectés pour moitié environ à l’eau potable et pour moitié à l’assainissement
collectif.
Le service communication a vu également son effectif renforcé à compter de 2009, avec le
recrutement de 2 adjoints administratifs en 2009 et d’un adjoint supplémentaire en 2010.
4.2.
Une organisation des services défaillante
4.2.1.
Une absence générale de lisibilité
Si le SIAEAG dispose bien d’un organigramme, il n’a pas été officiellement diffusé à de
nombreux agents et cadres ce qui nuit à la lisibilité du positionnement de chacun dans
l’organisation générale. Il n’y a pas non plus de fiches de postes. Chaque chef de service
rédige, le cas échéant, les fiches de poste nécessaires à l’organisation de son service,
documents qui demeurent purement internes au service.
Il conviendrait de mettre en place
un organigramme fonctionnel et des fiches de poste
officielles, plus largement diffusés, éléments de base de la gestion des ressources
humaines.
4.2.2.
Une organisation des services techniques surprenante
Certains positionnements apparaissent surprenants. Ainsi, le service « gestion des
abonnés/usagers » est rattaché à la direction des services techniques alors que l’attribution des
agents est exclusivement administrative et financière. Le service assainissement collectif, qui
comprend pourtant un ingénieur, est dirigé par un technicien.
Dans sa réponse aux observations de la chambre, le SIAEAG indique que « c’est la technicité
des compétences du SIAEAG et des services, notamment l’assainissement qui a conduit le
SIAEAG à préférer un technicien à la tête du service plutôt qu’un ingénieur, qui dispose de
moins d’expérience et de connaissance du contexte local et serait dès lors moins opérationnel
à la tête du service d’assainissement collectif. En outre, ce recrutement permet de faire face à
l’urgence qu’il y a à effectuer des travaux sur certains ouvrages, du fait des directives
communautaires. »
4.2.3.
Une direction générale particulièrement sous-encadrée
L’organisation mise en place fait apparaître un déficit d’encadrement du service financier
rattaché à la directrice générale des services. Ce service est théoriquement composé de 3
agents dont un seul, de catégorie C, en charge véritablement de la gestion financière et
comptable, ce qui est très limité pour un organisme qui a un budget de plus de 130 M€ et
explique les insuffisances constatées quant à la fiabilité des comptes.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
37
La chambre constate l’absence d’un véritable référent en matière de commande publique.
Même si le syndicat fait appel aux prestations de services d’un cabinet juridique, notamment
pour les contrats d’un montant très important, l’absence de cette compétence partagée au sein
de l’établissement nuit à la sécurité juridique des nombreux contrats et commandes que le
SIAEAG est amené à conclure, notamment sur les prestations de services de communication.
Le SIAEAG précise que «
le recrutement en cours d’un directeur financier tend à structurer la
direction du SIAEAG et à renforcer les effectifs du service financier pour gérer et mettre en
place le suivi des recettes et le recouvrement des créances. Si ce recrutement a été long à
finaliser en raison de la difficulté à trouver du personnel qualifié, les observations de la
chambre confortent le SIAEAG dans le choix d’un tel recrutement. Ce recrutement devrait
ainsi améliorer la lisibilité des comptes du SIAEAG comme souhaité par la CRC ».
La chambre prend acte de la volonté du syndicat de renforcer la direction générale par
le recrutement d’un directeur financier. Cette décision a été approuvée par le conseil
syndical du 1
er
mars 2012. Elle recommande la mise en place d’un service des marchés
afin de sécuriser les procédures de la commande publique.
SYNTHESE
L’augmentation des dépenses de personnel s’explique largement par l’augmentation du
nombre d’agents de l’établissement. Cette évolution est parallèle au renforcement des
services rendu nécessaire par l’extension des compétences du SIAEAG, notamment en
matière d’assainissement collectif et non collectif.
L’analyse de l’organisation du SIAEAG fait apparaître des dysfonctionnements
importants
au regard des principes d’une gestion performante, comme l’absence, ou, à
tout le moins, l’insuffisante diffusion de fiches de poste ou d’organigramme officiels. Le
manque de compétence interne en matière d’administration sur les deux volets
fondamentaux que sont le service juridique et le service financier préjudicie à
l’organisme, sur le plan notamment de la sécurité juridique de ses contrats ou de la
sincérité de ses comptes.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
38
5.
LES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT DU SIAEAG TRADUISENT UN
TRAIN DE VIE ELEVE
5.1.
Les dépenses de communication et relations publiques sont disproportionnées
et non maîtrisées
5.1.1.
Les « journées de l’eau » consomment une masse de crédits très
importante
Les « journées de l’eau » ou « J’Eau » sont une manifestation créée en 1998 et qui a lieu tous
les deux ans. Elle est progressivement montée en puissance, passant de 2 jours à 5 jours.
Les dernières manifestations se sont tenues du 13 au 17 octobre 2009, et du 2 au 7 octobre
2011, où la 10
ème
édition des journées de l’eau s’est couplée avec la 20
ème
conférence annuelle
de la « Caribbean Water and Wastewater Association » (CWWA), organisation non
gouvernementale créée en 1992 à Trinidad et Tobago. L’objectif de la manifestation est de
« sensibiliser, de débat sur la gestion, le coût, la qualité, la pénurie de l’eau et autres,
l’ensemble de la cible des J’Eau 2009 à la nécessité d’une gestion intégrée et cohérente de la
ressource en eau » (CCTP du marché). D’après les documents du SIAEAG, les cibles de la
manifestation sont principalement les politiques et les professionnels et, secondairement, le
grand public et les scolaires. Les dîners sont conçus sur une base de 200 personnes (2009).
COUT DES JOURNEES DE L'EAU DEPUIS 2005
J'Eau 2005
J'Eau 2007
J'Eau 2009
J'Eau 2011
Budget
prévisionnel
Réalisations
(1)
Budget
prévisionnel
Réalisations
(1)
Budget
prévisionnel
Réalisations
(1)
Budget
prévisionnel
Réalisations
(1)
Dépenses
519 240
663 396
600 000
703 925
925 069
803 131
1 243 490
Recettes
23 940
379 091
(2)
110 000
493 603
(3)
99 000 (4)
401 900
278 757
(1) Source: SIAEAG, Bilan financier
(2) Dont une subvention INTERREG de 315 151 €
(3) Dont une subvention INTERREG
de 378 318 €
(4) Dont une participation de GDE de
60 000 €
Le budget réalisé des « J’Eau » 2011, ne prend pas en compte les dépenses de transport des
personnes invitées, qui se sont élevées à 54 K€ en 2009. Au total, le montant des « J’Eau » de
2011 s’est élevé approximativement à 1,3 M€.
Ce sont ainsi 3 535 880 € sur 6 ans, dont plus de 2,2 M€ sur les deux derniers exercices, qui
ont été consacrés à une manifestation qui n’a fait l’objet d’aucune évaluation sur son impact.
Les «journées de l’eau » s’apparentent plutôt à une opération de promotion et de
communication. La manifestation est d’ailleurs qualifiée par les organisateurs d’« action de
communication, d’information, d’éducation, et d’échange »
9
, et on constate en effet qu’entre
40 et 60% du budget sont consacrés à la communication.
9
CCTP des « J’Eau 2011 ».
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
39
L’idée défendue par le SIAEAG est « d’informer et de communiquer sur les moyens et les
outils existants permettant une utilisation raisonnée et raisonnable de la ressource. (…) Hors
de tout objectifs financiers, ces journées sont un pari sur l’avenir. Les retombées de ces
journées sont déjà quantifiables sur la consommation en eau, la prise de conscience sur le
milieu et de fait l’amélioration de sa conservation écologique qui devrait à terme permettre,
on l’espère, de réduire les coûts de traitement de l’eau. »
Il n’en demeure pas moins que l’objectif réel des « journées de l’eau » manque de
précision, et surtout, la manifestation, qui représente un coût considérable, ne fait pas
l’objet d’une étude d’impact ou même d’un bilan sommaire sur ses résultats. La
chambre recommande donc qu’une évaluation précise des résultats et de l’impact de la
manifestation soit effectuée.
5.1.2.
Les dépenses ne sont pas maîtrisées
La chambre constate l’absence de maîtrise des dépenses liées aux « journées de l’eau »,
manifestation pourtant organisée régulièrement et depuis près de 15 ans. La manifestation a
été marquée par l’absence de budget prévisionnel en 2009 et un dérapage de plus de 60% de
dépenses en plus et 30% de recettes réalisées en moins par rapport aux prévisions, s’agissant
de 2011.
Les prestations donnent lieu quasiment systématiquement à des dépassements qui font l’objet
d’avenants, comme c’est le cas de 3 lots sur 4 en 2011 sur le marché de prestation de services
ou de transactions quand les marchés sont soldés et que des dépenses supplémentaires doivent
être prises en charge par le comptable. C’est le cas en 2009 de deux lots sur trois.
En outre, ces transactions ne répondent pas aux obligations qui s’imposent en vertu de
l’article 2044 du code civil. Les clauses du contrat doivent faire apparaître les concessions
réciproques
10
.
En effet, la transaction étant une solution de règlement d’une situation de
responsabilité extracontractuelle, elle doit respecter dans sa rédaction le régime de cette
responsabilité, qui est l’indemnisation des préjudices en dehors des bénéfices escomptés par
le cocontractant de l’administration. Il doit donc y avoir une négociation sur les dépenses
utiles, voire une expertise. Or il ne ressort pas de la rédaction du contrat de transaction signé
avec une première société que de véritables négociations aient eu lieu, le montant de la
transaction étant conforme à la facture envoyée par la société. S’agissant du contrat de
transaction passé avec une autre société, il apparaît que des négociations ont eu lieu et que le
prix est passé de 19 181 € TTC à 11 509 € TTC. Cependant le protocole, signé le 30 mai
2011, soit près de deux ans après les prestations, n’a pas été respecté puisque le mandat émis
le 7 juillet 2011 pour le paiement est de 19 181 €, soit le même que celui de la facture, sans la
remise négociée.
La chambre prend acte qu’à la suite de ses observations, un courrier a été adressé par le
SIAEAG à la société en cause lui demandant de reverser le trop perçu.
L’établissement public doit se réorganiser pour être en mesure d’assurer une
anticipation des dépenses. Il doit revoir les modalités de mise en oeuvre des transactions,
le cas échéant, pour se conformer aux règles relatives à la commande publique.
10
C Cassation, soc. 10 juillet 2001, n°3474.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
40
5.2.
Les marchés sont attribués souvent aux mêmes prestataires
Un marché global, conclu avec les prestataires de services, a été passé sous la forme d’un
marché à procédure adaptée (MAPA). Le marché de 2011 a été décomposé en lots selon la
répartition suivante :
Chaque lot a été a attribué à une entreprise différente.
Le marché de 2011 a été passé en vertu de l’article 144-III du code des marchés publics, ce
qui est contestable.
Les pouvoirs adjudicateurs soumis au code des marchés publics sont qualifiés d'entités
adjudicatrices, lorsqu'ils passent des marchés en tant qu'opérateurs de réseaux dans les
domaines de l'eau, de l'énergie, des transports et des services postaux
11
. Ils sont alors soumis à
des règles sensiblement différentes de celles des pouvoirs adjudicateurs, plus souples, issues
de la transposition de la directive « secteurs spéciaux» n° 2004/17/CE du 31 mars 2004. Une
même personne publique sera donc qualifiée de pouvoir adjudicateur ou d'entité adjudicatrice,
selon la nature de l'activité au titre de laquelle elle passe un marché public. Un syndicat des
eaux sera donc considéré comme une entité adjudicatrice lorsqu'il exercera une des activités
d'opérateurs de réseaux énumérées à l'article 135 du CMP.
Il est clair qu’une activité d’organisation d’événements de communication, de colloques ou
séminaires ne peut a priori être regardée comme une activité d’exploitation de réseau ou de
mise à disposition de réseau au sens de l’article 135 du code des marchés publics et au sens de
la jurisprudence
12
. Il en résulte que le SIAEAG doit passer les marchés consacrés à
l’événementiel selon la partie I du code des marché publics, c’est-à-dire selon les règles
applicables aux pouvoirs adjudicateurs et non aux entités adjudicatrices.
Le SIAEAG indique que « les journées de l’eau ne sauraient être étrangères à l’activité
d’exploitation de réseau. Au contraire, il ne s’agit pas simplement d’information et de
communication. Cette information est un devoir pour les entités en charges de tels services.
Du point de vue du SIAEAG, il y existe dont un lien direct avec la gestion du service. Dès
lors, c’est de bonne foi que le SIAEAG a conclu ces prestations en tant qu’entité
adjudicatrice. »
11
Article 136 du code des marchés publics
12
Voir l’arrêt du Conseil d’Etat du 24 juin 2011, Communauté d’agglomération de Rennes Métropole
MARCHES POUR LES JOURNEES DE L'EAU 2011
marché initial
(TTC)
avenant
total
Lot 1 "séminaire
388 087
-24 661
363 426
Lot 2 "communication"
225 578
14 578
240 156
Lot 3 "événementiel"
396 361
50 354
446 715
Lot 4 "communication par l'objet"
39 577
39 577
Total
1 049 603
40 271
1 089 874
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
41
D’un événement à l’autre, les marchés sont attribués souvent aux mêmes prestataires.
La chambre constate que ce sont fréquemment les mêmes entreprises que l’on retrouve année
après année pour les prestations des « journées de l’eau ». Au total les trois gérants de société
totalisent 2,28 M€ de prestation sur les 4 dernières manifestations, soit 82% du montant des
marchés attribués.
Le SIAEAG indique prendre bonne note des remarques de la CRC et qu’il va se doter d’un
guide interne de procédures pour avoir une meilleure lisibilité et planification de ses
procédures.
5.3.
Les frais de mission et de déplacement
5.3.1.
Les frais de mission sont très importants
Les dépenses du SIAEAG ont représenté la somme de 2,760 M€ entre 2005 et 2010 pour les
missions et les déplacements. Certes, la participation à des conférences et à des manifestations
est sans doute nécessaire, mais la chambre constate que l’établissement ne s’applique aucune
restriction quand il s’agit de frais d’hébergement ou de déplacement.
Le SIAEAG recourt systématiquement aux hôtels de catégorie supérieure, et aux voitures haut
de gamme pour certains agents et élus. A titre d’exemple, un adjoint administratif de 2
ème
classe des services techniques bénéficie pour une formation ordinaire à Paris et Limoges du
26 novembre au 5 décembre 2010, de frais d’hébergement de 1 410 € pour 6 nuits, dont une
nuit à 400 €.
Pour 5 agents et 3 élus, la facture s’est élevée à 18 035 € pour les frais d’hébergement
uniquement,
à l’occasion du salon Pollutec à Lyon, d’une durée de 6 jours, du 29 novembre
au 5 décembre 2010, avec des chambres à 530 € par nuitée. Pour une élue, les dépenses
d’hébergement ont représenté 6 525 € pour une mission de 15 jours, afférente à une formation
intitulée « Communiquer efficacement sur son budget ».
On notera également
une dépense
de 27 780 € de frais d’hébergement pour la présence d’une délégation du SIAEAG au départ
de la Route du rhum, du 23 octobre au 4 novembre 2010, pour 4 élus et trois administratifs du
syndicat (Il est à relever que la somme allouée en tant que sponsor du navigateur concerné
était de 15 000 €).
Les grilles de prise en charge pour l’hébergement communiquées par le SIAEAG dans sa
réponse aux observations de la chambre comporte des hôtels de grand standing et ne peuvent
être des références au regard du souci d’économie qui doit celui d’un établissement public.
Elles sont complètement déconnectées des règles applicables au régime d’indemnisation des
agents publics.
5.3.2.
Certains frais de mission n’entrent pas dans les attributions du SIAEAG
Par ailleurs, certaines missions prises en charge ne relèvent pas à titre principal de la
compétence du SIAEAG, c’est le cas notamment des frais de mission liés au congrès des
maires pour certains élus. Si le SIAEAG précise que le congrès des maires « n’est pas ouvert
qu’aux maires de communes mais plus généralement à tous les élus, dont les élus du
SIAEAG », la chambre maintient cependant qu’au regard de la nature même de l’évènement,
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
42
une telle dépense relève le cas échéant des attributions de la commune et non du SIAEAG, et
in fine, des abonnés.
Certaines missions ne sont pas autorisées expressément par le conseil syndical. En 2010, trois
élus du SIAEAG et un agent du service communication se sont rendu à Dakar à la 8
ème
assemblée générale mondiale du réseau international des organismes de bassin dont les
travaux ont duré une journée et demie. Le coût pour l’établissement a été de 10 280 € pour les
seuls frais d’hébergement. Cette manifestation n’est pas mentionnée, comme le reste des
manifestations auxquelles participe le SIAEAG, dans la délibération qui autorise la prise en
charge des frais inhérents à ces manifestations. Dans sa réponse aux observations de la
chambre, le SIAEAG indique que la date et le lieu de la 8ème assemblée générale des
organismes de bassin qui s’est déroulée à Dakar n’ont été connus que postérieurement à la
réunion du comité syndical. La chambre estime qu’il était nécessaire de réunir à nouveau le
comité syndical pour faire valider la participation à cette manifestation, eu égard au coût
exposé.
On pourra également noter la prise en charge par le SIAEAG de frais d’hébergement et de
restauration du président du syndicat intercommunal du sud de la Martinique (SICSM) en
février 2011 sur la base d’un ordre de mission de président du SIAEAG. Cette dépense
relèverait plutôt d’une prise en charge par le SICSM pour les missions de son président.
Le SIAEAG indique que les observations de la chambre seront prises en compte et que
ce type de pratique sera ajusté.
5.4.
Les frais de réception
Les frais de réception ont représenté la somme de 608 000 M€ entre 2005 et 2010, soit une
moyenne supérieure à 100 000 € par an. Même si, selon le SIAEAG, ces repas prolongent des
réunions de travail, il s’agit le plus souvent de prestations de restauration pour un petit
nombre de personnes, une quinzaine en moyenne, représentant près de 1 000 déjeuners par an.
Frais de restauration courante en 2009
Nombre total de
repas servis
nombre de
réunions /
an
montant
total
montant
par
personne
Montant par mois
en moyenne (hors
1 mois de congés)
935
64
63 730,5
68,2
5 793,7
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
43
SYNTHESE
Le SIAEAG dépense des sommes considérables pour les missions, les déplacements, les
réceptions et la communication, ce pour des résultats qui demandent à être précisés et
évalués. Ce sont 6 903 880 € qui ont été dépensés de 2005 à 2011, soit l’équivalent de 7
mini stations d’épuration, comme celle de Calvaire à Baie-Mahault ou de deux stations
d’épuration comme celles de Saint-François
13
, ou bien encore de deux années de capacité
d’autofinancement
du SIAEAG
14
.
En 2007, c’était près de la moitié des charges de gestion du SIAEAG, dépenses de
personnel compris, qui était consacrée à ce type de dépenses, et deux fois les dépenses de
personnel. L’ampleur de ce type de dépenses, qui devraient rester marginales, est
manifestement excessive pour un service public dont l’objet principal n’est pas la
communication et la représentation mais bien de fournir une eau de la meilleure qualité
possible et pour le meilleur prix possible.
13
Au coût constaté lors de la mise en service de la STEP
14
Si on prend la CAF moyenne 2005-2011.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
44
6.
LE SERVICE DE L’EAU POTABLE
6.1.
Eléments de comparaison du prix de l’eau
La décomposition du prix de l’eau est retracée dans le
tableau suivant :
Décomposition du prix de l'eau
2007
2009
2010
Volume
(m3)
Prix unitaire
Montant
%
Prix
unitaire
Montant
Prix
unitaire
Montant
SIAEAG (hors Saintes)
Part délégataire
Abonnement compteur
20,41
40,82
21%
22,00
44,00
22,00
44,00
Consommation
tranche 1
120
0,86
102,72
54%
1,15
138,00
1,15
138,00
Part de l’établissement
Surtaxe syndicale
120
0,25
30,00
16%
Surtaxe communale
120
0,08
9,14
5%
Organismes publics
0,08
10,01
0,08
10,01
FNDAE
120
0,02
2,56
1%
Octroi de mer (1,5% HT)
1,20
2,78
1%
1,92
1,92
TVA (2,10%)
3,89
2%
4,03
4,03
Total
191,91
100%
197,96
197,96
Prix du m3
1,60
1,65
1,65
SIAEAG (Saintes)
Total
201,47
Prix du m3
1,68
Selon le rapport sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable, établi par le
SIAEAG, l’évolution du prix de l’eau est la suivante :
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Evol
2011/2003
Prix au m3 pour 120 m3
1,43
1,51
1,54
1,58
1,60
1,68
1,65
1,65
1,65
15,4%
On observera qu’il s’agit d’un prix moyen pour une consommation moyenne de 120 m3. Ce
tarif est applicable à la tranche de consommation située entre 0 et 160 m3 par an. Au-delà de
cette consommation le prix est majoré de 68% (tranche 81-200 m3). La consommation
moyenne par abonné est estimée à 156 m3 par an
15
par le SIAEAG sur son territoire.
Le prix de l’eau, pour la durée pendant laquelle la gestion a été déléguée, comporte deux
éléments, l’un fixé par le délégataire, la redevance perçue sur l’usager, et l’autre fixé par le
SIAEAG par délibération, la surtaxe, destinée à l’établissement public. Pour ce qui concerne
le marché de services, le SIAEAG fixe les tarifs par délibération du conseil syndical.
15
Rapport sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable 2010.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
45
A titre de comparaison, le prix moyen du m3 d’eau distribuée en France en 2008 est de 1,58 €
le m3, contre 1,65 € le m3 pour l’eau distribuée par le SIAEAG (hors Saintes). Il est inférieur
au prix moyen sur le département de la Guadeloupe (2,02 € le m3 en 2008) et au prix moyen
sur le département de la Martinique (2,24 € le m3 en 2008 et 2,61 € en 2011).
Si on inclut l’assainissement collectif, le prix de la facture d’eau est beaucoup plus élevé. Il
s’établissait en 2007 pour le SIAEAG à 3,48 € et à 3,61 € en 2010, montant supérieur à celui
de la métropole en 2008, soit 3,39 €. La comparaison doit être prise avec précaution car le
service de l’assainissement collectif couvre seulement 32% des abonnés à l’eau contre 82%
pour la métropole. En
Martinique le prix moyen de l’eau, en y incluant l’assainissement, est
de 4,45 € le m3
16
. S’agissant du prix de la vente en gros, le SIAEAG a augmenté de façon très
importante ses tarifs en 2008, ce qui a un impact sur le prix de l’eau dans les autres
collectivités.
6.2.
La gestion du service doit être améliorée
6.2.1.
La relation avec l’usager-client
Des modalités spécifiques d’aide pour les personnes en situation précaire prévues par la loi
n°2011-156 du 8 février 2011 permettent le règlement de situations difficiles. Le système mis
en place prévoit une contribution au
fonds de solidarité logement par le biais d’une
convention entre le conseil général et l’organisme contributeur. La subvention est limitée à
0,5% des montants HT des redevances d’eau et d’assainissement, pour une entrée en vigueur
de la mesure au 1
er
janvier 2012.
La chambre constate que même si l’effort de contribution volontaire est réalisé par le
SIAEAG, la mise en place effective de la mesure a pris du retard, la convention n’ayant été
signée qu’en avril 2012.
6.2.2.
Une gestion défaillante de la DSP jusqu’en 2008
6.2.2.1.
Une DSP prolongée sur 40 années sans aucune remise en concurrence
Le contrat initial a été signé en 1968, pour une durée de 5 ans à compter de la mise en service
le 1
er
janvier 1969, renouvelable par tacite reconduction. Il a été prolongé de 15 ans à compter
de 1990 afin « de tenir compte des charges d’exploitation particulières liées à : l’entrée de la
Désirade dans le syndicat, la mise en service prochaine du tuyau d’adduction d’eau de la
Désirade, de la mise en service du complexe Espérance-Deshauteurs, de l’incidence du
passage du cyclone Hugo, de l’achat d’eau au département, de la mise en service de la
télégestion ». Il s’agissait certes d’événements importants, mais qui ont plus impacté les
finances du délégant que celles du délégataire, en raison de la qualification d’affermage de la
DSP.
Au total, 12 avenants ont été signés, le dernier en 2006, pour une gestion qui a été prolongée
jusqu’en juin 2008 par deux conventions provisoires. Il ressort de l’analyse des contrats que la
période située entre le 31 octobre 2007 et le 7 mars 2008 n’est pas couverte, ce qui pose un
problème juridique de continuité dans la relation contractuelle.
16
Rapport du CGEDD-CGAAER sur « audit sur l’eau en Martinique », novembre 2010, p. 5.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
46
L’absence de renégociation de la convention pendant quarante ans n’a pas favorisé la
recherche d’un meilleur prix pour l’usager.
Le SIAEAG, dans sa réponse aux observations de la chambre, admet les dysfonctionnements
de la DSP dont la durée a rendu plus délicate la transition d’un mode de gestion à un autre.
Par ailleurs, l’affirmation de la Générale des eaux, dans sa réponse aux observations de la
chambre, selon laquelle ces avenants témoigneraient du souci d’ajustement du service rendu,
n’est pas recevable au regard de l’impératif de remise en concurrence régulière des contrats
publics.
6.2.2.2.
Le SIAEAG n’a pas fait évoluer la surtaxe en proportion de l’évolution
du chiffre d’affaires de la DSP
La chambre constate qu’au fil des avenants, les risques sont minorés pour le délégataire qui
bénéficie de réajustement de prix, même quand les conditions initiales posées par le contrat ne
sont pas remplies. L’évolution du contrat est marquée par une implication de plus en plus
grande du délégataire dans les différents travaux incombant à la délégation : les travaux de
renouvellement, initialement soumis à concurrence par le délégant sont, depuis l’avenant n°8,
exclusivement du ressort du délégataire, et cela est confirmé par l’avenant n°10.
La chambre constate également que les redevances versées par le délégataire évoluent de
1,7% entre 2005 et 2007, soit 8 fois moins vite que le chiffre d’affaires de la DSP qui
augmente de
12,8% (hors surtaxes)
17
. Cela est dû à la rédaction du contrat qui fige le montant
de la surtaxe sans l’indexer sur l’évolution du contrat de DSP. Seule une délibération peut
faire évoluer la surtaxe, et le SIAEAG a choisi de ne pas prendre de délibération pour
augmenter le tarif de la surtaxe, ce qui pénalise le SIAEAG sur les disponibilités qu’il peut
avoir pour ses investissements.
6.2.2.3.
Une DSP opaque en raison de charges indirectes importantes
Des frais de siège et de centre
élevés
Les frais de siège sont normalement liés aux prestations d’expertise fiscale et comptable, à la
gestion de la trésorerie et des ressources humaines, à la direction juridique, etc., supportés par
le siège de la société. Les frais de centre, eux, sont supportés par l’établissement de
Guadeloupe et comprennent les frais communs aux différents contrats de Guadeloupe
(direction technique, direction clientèle, direction qualité, informatique,…). La chambre
constate le montant important de ces frais. A titre d’illustration, l’avenant n°10, annexe 1
précise qu’ils représentent 74 000 € pour une augmentation globale de charges de 495 910 €.
Avec la marge brute, les frais généraux représentent près de 100 000 € et 20% de
l’augmentation des charges de la délégation et donc 20% de l’augmentation du prix de l’eau
pour le consommateur.
Globalement les frais de siège et de centre sont répartis selon une méthode applicable à tout le
groupe VEOLIA qui part du principe que les contrats les plus rentables sont ceux qui vont
supporter proportionnellement les frais de siège les plus importants. C’est la valeur ajoutée,
c’est-à-dire le résultat financier du contrat, qui constitue la clé de répartition des frais de siège.
17
Voir tableau du compte de la délégation.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
47
Des frais de personnel déconnectés du coût réel du contrat et des offres du titulaire du
marché
Les comptes annuels de résultat d’exploitation font apparaître des dépenses nettement plus
importantes pour la DSP que pour le marché.
Evolution des dépenses de personnel
2005
(dsp)
2006 (dsp)
2007 (dsp)
2008
(marché +
dsp)
2009
(marché)
2010
(marché)
Evolution
2010/2007
Charges de
personnel (64)
8 562 716
9 058 792
9 375 260
9 181 536
8 443 323
7 968 212
-15,01%
Evolution annuelle
5,8%
3,5%
-2,1%
-8,0%
-5,6%
Sources: rapports annuels du délégataire
Pourtant, d’après les informations fournies par le délégant, la prestation, tant dans son
périmètre que dans son contenu, n’a pas changé entre le contrat d’affermage et le contrat de
prestation de service. On le voit également dans l’effectif consacré à la gestion du service :
152 agents pour ce qui est du chiffre indiqué dans le rapport du délégataire en 2006, 159
agents si on se réfère au mémoire technique annexé au contrat de prestation de services signé
en 2008. Il prévoit en effet un effectif de 64 agents sur la Basse-Terre, 58 sur la Grande-Terre
et 37 personnes dans les services administratifs, soit un total de 159 agents.
Dans la réponse aux observations de la chambre, la Générale des eaux a apporté les données
et les précisions suivantes :
Evolution des dépenses de
Personnel
Années
Directes
indirectes
Totaux
VA du
Contrat
2005
5 462 102
3 100 174
8 562 276
13 199 628
2006
5 789 212
3 269 580
9 058 792
13 499 016
2007
5 726 354
3 648 906
9 375 260
15 781 637
2008 DSP
2 827 926
2 203 018
5 030 944
8 647 623
2008 MP
3 022 553
1 128 039
4 150 592
4 737 636
2009
5 747 648
2 695 675
8 443 323
12 293 467
2010
3 459 444
4 508 768
7 968 212
11 010 751
Pour 2010 et s’agissant de la part importante des charges indirectes de personnel par rapport
aux charges directes, la Générale des Eaux précise que « l’année 2010 est une année atypique
car la Générale Des Eaux Guadeloupe a connu une réorganisation profonde en février 2010,
visant à regrouper des ressources pour les mutualiser afin d’en optimiser l’utilisation sur les
différents contrats. » S’agissant du montant élevé des charges directes de personnel pour la
partie DSP en 2008, la générale des Eaux explique que les charges de personnel de la DSP
sont représentative de 6 mois et non de 5, en raison d’un décalage dû au système de
comptabilité analytique.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
48
Il en résulte, selon la GDE, que les charges indirectes sont le reflet du niveau de valeur ajouté
plus important de la DSP par rapport au marché et que les charges directes de personnel
varient peu de la DSP au marché public de service. C’est donc le niveau des charges
indirectes qui explique l’évolution observée sur les charges de personnel de la DSP et du
marché.
Se pose donc la question du mode de calcul des charges de personnel affichées dans les
contrats. La méthode de la valeur ajoutée aboutit à calculer des charges indépendamment du
coût réel des charges de personnel dans le contrat de prestation (DSP ou marché). Or ces
charges indirectes de personnel, calculées sur le principe de la valeur ajoutée représentent en
moyenne près de 40% des charges de personnel. C’est donc sur un poste majeur des charges
de la DSP, qui représente entre 60 et 67% des charges totales de la DSP, que le délégant n’a
pas une connaissance réelle, analytique, du coût du contrat.
En outre, la chambre fait observer que les dépenses de personnel réalisées sont nettement au-
dessus des offres faites par la GDE quand la société a soumissionné pour le marché.
En effet,
le mémoire technique présenté par la GDE lors de la soumission pour le marché public de
service prévoit une dépense de personnel de 6 826 600 €. Le montant des dépenses de
personnel correspond à une minoration de 1,61 M€ (8,443 M€ - 6,827 M€) par rapport au
marché tel qu’il a été réalisé en 2009, ce qui laisse des interrogations sur la réalité des prix
proposés pour remporter le marché.
Les pertes sur créances irrécouvrables sont inscrites pour un montant élevé
La GDE calcule les pertes sur créances irrécouvrables en se basant sur les statistiques de
recouvrement à 5 ans. Elles étaient pour la DSP, en moyenne à 4%. A cela s’ajoute le stock de
créances antérieures à 5 ans. En 2009, la GDE inscrit 4,7 M€ de pertes sur créances
irrécouvrables, part fermière
18
, ce qui minore le résultat de la DSP, négatif en 2009.
La marge réelle du délégataire ne correspond pas à celle affichée dans les comptes de la DSP
La valeur ajoutée du contrat de DSP a augmenté de 19,6% entre 2005 et 2007 et de 31% entre
2005 et 2008, selon les chiffres de GDE. Elle a diminué ensuite sur le marché de prestation de
service, à partir de la mise en place du marché, en juin 2008. Cette évolution
ne correspond
pas à la marge affichée dans le compte annuel de résultat d’exploitation de la DSP, comme le
montrent les tableaux ci-dessous. En effet, le CARE affiche une marge qui passe de 2% en
2005 à 1,3% en 2007.
MARGE DE LA DSP selon le délégataire (CARE)
2005
2006
2007
2008 DSP
Recettes
20 289 213
20 729 335
22 909 264
13 099 390
résultat brut
408 121
827 918
303 833
1 692 561
marge
2,0%
4,0%
1,3%
12,9%
18
Les créances totales, part fermière et surtaxes syndicales et communales, s’élèvent à 7,6 M€.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
49
Valeur ajoutée du contrat
Année
2005
2006
2007
2008 DSP
annualisé
2008
Marché
annualisé
2009
2010
DSP
2005
‐
2007
DSP
2005
‐
2008
Valeur
ajoutée
13 199 628
13 499 016
15 781 637
17 295 246
9 475 272
12 293 467
11 010 751
Evolution
2,3%
16,9%
9,6%
‐
45,2%
29,7%
‐
10,4%
19,6%
31,0%
Source:
GDE
Cette discordance s’explique par la méthode de calcul des charges indirectes et par
l’importance des charges indirectes dans le contrat. En effet, compte tenu de l’importance des
charges indirectes, et notamment des charges indirectes de personnel, la forte valeur ajoutée
du contrat de DSP fait peser des charges importantes qui minorent, paradoxalement le résultat
affiché dans les comptes annuels de résultat d’exploitation. En effet, le paradoxe est que plus
le contrat est rentable, moins il apparaît comme tel dans les comptes de la délégation ou du
contrat spécifique d’exploitation, car plus le contrat est rentable, plus la valeur ajoutée est
forte et plus les charges imposées au contrat sont fortes, par le biais de la clé de répartition des
charges indirectes.
Dans le cas du contrat du SIAEAG, la chambre constate donc que l’importance des charges
indirectes fausse le résultat réel du contrat et ne donne pas au gestionnaire du service, le
SIAEAG, une réelle vision de la rentabilité du contrat du prestataire.
6.2.2.4.
La mauvaise gestion des impayés : une responsabilité largement
imputable au SIAEAG
Le problème des impayés avait perturbé la délégation depuis longtemps. C’est le montant
élevé des impayés qui avait justifié les avenants n°5 et 8 au contrat de DSP. A partir de ces
avenants, le reversement de la surtaxe par le délégataire n’était plus fonction uniquement du
montant des émissions de vente d’eau, mais dépendait également des encaissements réels faits
par le délégataire. Il y avait donc un partage du risque depuis 1991 (5
ème
avenant au contrat),
puisque les impayés impactaient autant la trésorerie du délégataire que celle des collectivités,
via le reversement de la surtaxe.
Au 30 juin 2008, au regard des informations données par la GDE dans son courrier du
29 juillet 2008, par lequel la société fournit un état trimestriel de versement de la surtaxe
communale d’eau, le montant des impayés s’élève à 14 962 429 €. Ce montant est à peu près
stable depuis le 30 juin 2007 : il oscille entre 14 et 15 M€. En novembre 2008, il est passé à
19 M€ en raison du non recouvrement de créances récentes. A ce moment, le SIAEAG a
demandé à la GDE de suspendre le recouvrement
19
. Le recouvrement n’a repris qu’en mai
2012 pour les gros clients et septembre 2012 pour les particuliers, ce qui a grandement
contribué à compromettre le recouvrement des créances, ce que confirme la GDE dans sa
réponse aux observations de la chambre.
19
Entretien avec le DGA de la GDE du 9 novembre 2011
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
50
En novembre 2011, le montant des créances non recouvrées s’élevait à 11,2 M€, dont 6,4 M€
pour la part fermière et 1,9 M€ pour la part syndicale et communale. Ces créances sont en
instance de recouvrement par une société spécialisée. Le taux de recouvrement n’est plus que
de 3% selon cette société et évolue bien sûr à la baisse au fur et à mesure que le temps passe.
Les montants que le SIAEAG peut espérer de ces recouvrements sont donc
modestes. Un
certain nombre de créances sur les communes (ventes d’eau aux communes) devraient
néanmoins pouvoir être récupérées.
Le tableau indique la répartition des créances non recouvrées de la DSP :
Ces impayés concernent autant les collectivités qui ont acheté de l’eau en gros que les
particuliers ou les entreprises.
6.2.3.
La gestion du contrat de prestation de services s’avère non maîtrisée
Le SIAEAG a décidé en 2008 de passer un marché de prestation de services pour
l’exploitation du service d’eau potable. Le périmètre de ce marché inclut la vente d’eau aux
particuliers mais non la vente d’eau en gros, qui revient en propre au SIAEAG.
6.2.3.1.
La nature juridique du contrat passé
L’origine du paiement, par l’usager via une redevance pour service rendu ou par
l’établissement, qui a prévalu pendant longtemps
20
, n’est plus un critère de distinction entre
DSP et marché public
21
. Ce qui compte désormais, c’est que la rémunération dépende,
directement ou non, du service rendu aux usagers. La rémunération du contractant de
l’administration doit être suffisamment liée aux résultats de l’exploitation du service
22
.
20
CE, 17 avril 1999, commune de Guilherand-Granges.
21
CE, 28 juin 2006, Syndicat intercommunal d’alimentation en eau de la moyenne vallée du Gier.
22
CE, 20 octobre 2006, Commune d’Andeville.
Montant des impayés par parts au 30/09/11
eau part fermier
6 457469,45 €
eau part syndicale
1 168 359,82 €
eau part communale
751 757,96 €
Office de l'eau
67 719,53 €
Etat (ex FNDAE)
96 706,66 €
Octroi de mer
166 989,89 €
asst part fermier
58 670,77 €
asst part syndicale
4 978,42 €
asst part communale
15 571,23 €
eau SOGEDO
1 725 293,85 €
SIAEAG SOGEDO
358 076,07 €
Commune SOGEDO
75 875,30 €
TVA
235 129,52 €
Total dû
11 182 598,48 €
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
51
Le juge a dépassé ce critère de rémunération en le concevant plus globalement comme un
indice de transfert de risque d’exploitation de l’administration vers le contractant
23
et a franchi
le pas de façon explicite récemment
24
. Cependant l’appréciation de la réalité du risque
transféré peut rendre délicat ce critère du risque. On en restera donc, pour apprécier le choix
du type de contrat, au critère de la rémunération substantiellement liée à l’exploitation du
service, éclairé par le transfert de risque que représente cette rémunération.
Le contrat en question se présente comme un marché faisant apparaître un prix qui se
décompose de la façon suivante :
1)
Une rémunération fixe de 11,88 M€ TTC (10,95 M€ HT), par an, qui recouvre
l’exploitation (entretien, renouvellement, gestion) du réseau et des installations dans
la limite de 11 000 000 m3 facturés aux usagers et 65 000 équivalents/habitants.
Cette rémunération fixe est ainsi décomposée :
-
un prix global et forfaitaire annuel pour les prestations de distribution d’eau potable
(dont la teneur est fixée dans le CCTP), pour 8,79 M€ ;
-
un
prix
forfaitaire
pour
la
facturation
et
recouvrement
de
la
redevance
d’assainissement collectif : 164 K€ ;
-
un prix pour le renouvellement de certains équipements, qui est à la fois forfaitaire :
pour les équipements électromécaniques (compteurs, système de télégestion) pour un
montant de 549 K€ et les accessoires de réseau (36 k€), et unitaire (branchements) :
817 K€ ;
-
un prix forfaitaire pour diverses prestations de gestion : enquêtes de satisfaction,
compte-rendu technique ou financier, central de télégestion ;
-
d’autres prestations diverses et accessoires.
2) Des majorations qui ont trait à des dépassements de volume et à l’exploitation d’autres
équipements et dont le montant ne saurait dépasser 10,43 M€ TTC, (9 ,61 M€ HT)
a) La majoration de la rémunération pour l’exploitation du service quand l’une des conditions
suivantes est réunie :
- le volume facturé excède 11 000 000 m3
- le nombre d’équivalent part fixe excède 65 000
- le volume exporté excède le volume importé (sur une année)
Les majorations sont fixées dans le bordereau des prix pour l’exploitation générale. A titre
indicatif, en 2010, il y a eu 11 456 779 m3 de volume facturé.
b) La majoration pour l’exploitation d’installations supplémentaires
3) Des prestations accessoires dont le montant ne saurait dépasser 6,48 M€ TTC,
(5,98 M€ HT)
Il s’agit principalement de fourniture et pose de compteurs et de prestations d’ouverture et
fermeture de branchements (en cas de mutation ou d’impayés).
23
CE,
30 juin 1999, SMITOM Centre ouest et Marnais.
24
CE, 7 novembre 2008, Département de la Vendée.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
52
4) Des prestations de branchement standard (y compris terrassement) dont le montant ne
saurait dépasser 4,83 M€ TTC, (4,45 M€ HT)
Il s’agit de faire les terrassements nécessaires, fournir et poser les tuyaux. Ces prestations
dépendent du nombre de branchements à faire, et donc de l’activité de construction, de
rénovation, de raccordements, etc.
Pour une part du contrat, soit 59,42 M€, la rémunération du titulaire n’est pas vraiment liée à
l’exploitation du service, puisqu’il s’agit d’un prix forfaitaire. Pour le reste, c'est-à-dire, pour
un montant maximum de 21,76 M€, la rémunération est liée à l’exploitation du service :
production d’un plus grand volume, meilleur rendement obtenu, plus grande efficacité du
recouvrement, mise en service de nouveaux équipements de production ou d’exploitation,
mise en place de nouveaux branchements ou compteurs. Il semble donc que la rémunération
du titulaire du contrat contienne une part significative qui soit liée à l’exploitation du service.
Comme l’a rappelé le SIAEAG dans sa réponse aux observations de la chambre, « le simple
fait qu’il y ait une rémunération en partie liée aux performances de l’exploitation n’est pas
anormal ». Cependant, cette circonstance est de nature à engendrer des contentieux sur la
nature juridique du contrat. Même si le juge administratif a pu valider ce type de contrat (le
marché public) sur l’assainissement
25
, comme l’a également rappelé le SIAEAG dans la
réponse aux observations de la chambre, il n’en reste pas moins un risque, même mesuré, sur
le contrat de l’eau potable.
6.2.3.2.
La gestion financière du contrat comporte des risques importants pour
l’établissement
Le transfert du risque des impayés au SIAEAG
Le contrat de marché public opère un transfert du risque des impayés au seul syndicat. Le
contrat prévoit que les prestations au titulaire comportent : « la gestion des relations avec les
usagers du service, qui comprend notamment la relève des compteurs, la facturation et le
recouvrement à l’exception des procédures contentieuses des sommes dues au service ainsi
que la redevance d’assainissement collectif (…)»
26
. En effet, dans le cadre de la DSP
antérieure, le titulaire se rémunère sur les usagers et effectue les opérations de recouvrement
nécessaires. Le SIAEAG ne s’occupait que du recouvrement des sommes qui lui revenaient
directement : la surtaxe, perçue par le titulaire de la DSP et reversée à l’établissement, via une
décote qui se faisait en fonction des recouvrements (cf. avenant n°5 au contrat de DSP). Les
choses sont différentes avec le marché puisque la gestion des impayés incombe directement
au SIAEAG.
Le prestataire s’est prémuni contre toute baisse de la production
Le contrat de prestation est déconnecté de la baisse éventuelle du volume produit et vendu par
le SIAEAG, puisqu’il ne prévoit que des majorations de rémunération en cas de hausse des
volumes. Le risque d’une baisse est cependant bien réel et c’est d’ailleurs ce qui se constate
au niveau national comme au niveau local puisque le volume de la production vendue par le
SIAEAG en 2009 et 2010 est inférieur au volume de la production vendue en 2008
27
.
25
TA Basse Terre, 21 juin 2012, Société Nantaise des Eaux, n°0800543, 0800544.
26
CCTP, article 1
er
.
27
Voir tableau sur l’analyse financière du SIAEAG
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
53
6.2.3.3.
L’exécution du marché montre une potentialité bénéficiaire très
importante du service public industriel et commercial (SPIC)
L’appréciation de la rentabilité générale du SPIC de l’eau comporte deux éléments.
D’une part, on peut considérer la rentabilité du contrat signé avec la GDE qui prévoit en
produits pour la GDE le montant contractuel versé par le SIAEAG et en charges, les charges
propres de la GDE nécessaires à l’exploitation du service.
Les premiers résultats de ce contrat sont les suivants :
MARGE DU CONTRAT DE PRESTATION
2009
2010
Recettes
15 929 837
16 046 788
résultat brut
282 564
168 367
marge
1,8%
1,0%
D’autre part, il y a la rentabilité du SPIC lui-même, avec en produits, la vente d’eau et en
charges, les sommes versées à la GDE en application du marché de prestation de services, les
achats d’eau, ainsi que toutes les autres charges du SIAEAG, théoriquement affectées à la
gestion de l’eau uniquement. En l’espèce, sont englobées l’ensemble des charges du
SIAEAG, y compris les charges de fonctionnement et de personnel consacrées au service de
l’assainissement (comptes non distingués jusqu’en 2011).
MARGE DU SPIC / FACTURATION
2009
2010
Produits
Facturation vente
d'eau
35 045 902
31 768 500
Charges
Achat d'eau
0
3 835 034
contrat prestation
GDE
15 109 649
15 352 889
autres charges du SIAEAG
7 886 214
6 528 350
Marge du SPIC
12 050 038
6 052 227
Taux de marge
34,4%
19,1%
MARGE DU SPIC / TITRES EMIS
2009
2010
Produits
Titres émis vente
d'eau
37 336 875
27 692 177
Charges
Achat d'eau
0
3 835 034
contrat prestation
GDE
15 109 649
15 352 889
autres charges du SIAEAG
7 886 214
6 528 350
Marge du SPIC
14 341 011
1 975 904
Taux de marge
38,4%
7,1%
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
54
Il ressort de cette analyse que le SPIC de l’eau a une capacité bénéficiaire très importante.
Elle est cependant nettement amoindrie quand on prend les titres émis et non les montants
facturés aux clients, ce qui souligne encore le problème de l’émission des titres de la part du
SIAEAG. Elle est également amoindrie quand on prend en compte le recouvrement réel des
titres émis.
6.2.3.4.
Cette capacité
est toutefois obérée par une gestion hasardeuse des
paiements
Des retards importants et préjudiciables dans l’émission des titres
Avec la signature du marché de prestation de services, le SIAEAG a dû mettre en place un
service de gestion des clients, chargé de recevoir les paiements et de gérer les réclamations.
Ce système, prévu par le CCAP du marché, comprend une régie, conformément aux articles
R.1617-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, chargée de percevoir les
paiements. Le directeur général adjoint de la GDE Guadeloupe a été chargé d’assurer les
fonctions de régisseur. La partie réclamation est assurée par le « service gestion » basé au
SIAEAG, qui comprend 5 agents.
Il y a deux traitements différents pour les recettes du SIAEAG. Il y a le traitement pour les
paiements ordinaires qui transitent par la régie et font l’objet d’émissions de titres après
encaissement. Les fonds perçus par la régie sont transférés sur un compte au Trésor géré par
le comptable public. La régie est censée percevoir les sommes jusqu’à 2 mois après la date
limite de paiement. Il y a un traitement spécifique pour les « impayés », théoriquement au-
delà du délai de 2 mois. Les sommes sont recouvrées par le comptable, à la suite de
l’émission d’un titre spécifique pour chaque débiteur, et par voie de rôle, à partir des fichiers
d’impayés transmis par la GDE. Dans la pratique, les titres sont émis bien plus tard que le
délai de 2 mois, avec parfois un délai incompatible avec le recouvrement des facturations.
La régie a eu beaucoup de mal à se mettre en place, notamment pour que les instruments de
paiement puissent être opérationnels (TIP, CB, chèques, etc.). S’agissant des titres que le
SIAEAG doit émettre à l’encontre des usagers qui sont en situation d’impayé, un
dysfonctionnement majeur a entrainé la perte irrémédiable de nombreuses créances. En effet,
la prescription d’assiette est le délai qui court pour émettre le titre de recette matérialisant les
droits de l’établissement. A défaut d’émission du titre dans le délai, la prescription est acquise
au débiteur. En matière de redevance d’eau cette prescription est de deux ans
28
.
Les montants des créances atteintes par la prescription
d’assiette sont les suivants au 31 mars 2011: Créances
perdues en raison de la prescription d'assiette
Au titre des factures
2008
Au titre des
factures de 2010
Montant des créances
prescrites (assiette)
447 510
1 366 167
Total
1 813 677
On observe par ailleurs une différence importante entre les facturations faite par la GDE et les
titres émis par le SIAEAG en 2010.
28
Cass. Civ. 13 mars 2001, Jourdon c/ SEMERAP.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
55
Vente au détail (particuliers et entreprises)
Vente en gros (Cap
excellence, SIGF,
SMNGT, T riv,
Lamen )
Total facturation
Total émissions
de titres (en
produits de
gestion 75)
Différence
factures / titres
Montants facturés
Eau
Asst
Total
Eau
Total 2010
21 638 843
6 110 347
27 749 190
10 129 657
37 878 848
33 802 524
4 076 323
Des impayés très importants et en augmentation par rapport à la DSP
S’agissant du service aux particuliers, le taux d’impayés est le rapport, au 31 décembre de
l’année N, entre le montant recouvré et le montant des factures émises tout au long de l’année
N-1 (par exemple, la situation au 31 décembre 2010 pour les factures émises en 2009). Selon
le rapport du délégataire de 2008, il se situait à 6,6% pour la DSP, mais l’année 2008 n’est
pas complète. On observe dans les rapports précédents un taux d’impayés qui varie entre
9,39% (2007) et 14,5% (2004), avec des taux de 12,4% en 2005 et 12,7% en 2006. Sous le
régime du marché, il se situe à environ 20%, soit environ deux fois plus
29
.
S’agissant des ventes en gros aux collectivités locales, le SIAEAG est en attente de paiement
pour un montant de 19,29 M€ sur un total de titre émis, au 12 décembre 2011 de 27,86 M€,
soit un taux d’impayés de 69%. Les principaux redevables sont Cap Excellence et la
commune de Lamentin, ces collectivités refusant l’application des nouveaux tarifs en se
basant sur les anciens tarifs de vente d’eau en gros.
Il importe de mettre en place une meilleure concertation avec les collectivités clientes du
SIAEAG, afin de clarifier la situation des dettes financières réciproques.
6.3.
La gestion des investissements
Le service de l’eau est composé de 5 usines de traitement d’eau, de 9 stations de pompage, de
55 réservoirs et d’un réseau d’adduction et de distribution d’eau de 1506 km et 315 km de
branchement
30
. Les principaux ouvrages appartenant en propre au SIAEAG sont : la conduite
Vernou-Pointe-à-Pitre et ses installations annexes (de prise, de traitement d’eau), la
canalisation Belle-eau – Pointe-à-Pitre et son prolongement jusqu’à St François et Anse-
Bertrand et la canalisation sous-marine de Désirade, ainsi que la conduite générale de la
Riviera (Pointe-à-Pitre – Abymes – Gosier – Sainte-Anne).
Le SIAEAG engage chaque année des opérations d’investissement qui ont représenté une
somme globale de plus de 55 M€ sur les quatre dernières années, avec 13,2 M€ pour l’eau
potable (AEP) et 42,5 M€ pour l’assainissement (EU).
29
Il s’agit d’impayés à 6 mois pour ce qui concerne le marché et d’impayés à 12 mois pour ce qui concerne la
DSP.
30
Nouvelles semaines, 30 juin 2011.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
56
Opérations d'investissement
engagées(1)
AEP 2008
8 515 771
AEP 2009
3 434 304
AEP 2010
186 199
AEP 2011 (2)
1 134 969
Total AEP
13 271 243
(1) Opérations de plus de 100 K€.
(2) ensemble des opérations engagées
jusqu'au 1er sept 2011
Source: SIAEAG
En matière d’eau potable, l’état du patrimoine est considéré par les services techniques
comme correct.
6.3.1.
Une production qui stagne et des investissements très ambitieux
Le volume de l’eau produite stagne, tout comme la consommation des abonnés
La production est assurée par des prises d’eau (rivières, sources, forages) et le traitement des
eaux, effectué par des usines (filtrage). Il y a 5 usines de production, 2 à Capesterre-Belle-Eau
(La Digue et Belle-Eau Cadeau), 2 à Petit-Bourg (Vernou et Moustique), une à Sainte-Anne
(Deshauteurs). La principale usine est celle de la Digue. L’inventaire des ouvrages et
équipement du SIAEAG a été fait par la GDE au 31 juillet 2008. Il indique notamment l’état
des installations : fuites sur les ouvrages, ouvrages hors service et dont les marchés pour leur
remise en service sont lancés.
Il ressort des rapports, tant du délégataire que du SIAEAG, que si le nombre d’abonnés
augmente régulièrement, le volume consommé et le volume produit par le SIAEAG stagnent
depuis plusieurs années.
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2005-
2010
Eau produite (m3)
35 037 149
34 853 512
35 344 062
34 924 433
34 780 875
36 042 313
2,9%
1,40%
-0,52%
1,41%
-1,19%
-0,41%
3,63%
Volume vendu clients
des communes
11 813 312
11 503 531
11 787 087
12 923 104
11 376 775
11 591 006
-1,9%
-2,62%
2,46%
9,64%
-11,97%
1,88%
Le rapport sur la qualité et le prix du service pour 2007, établit par le SIAEAG, pointait un
certain nombre de difficultés et notamment les limites de capacité de production du SIAEAG
au regard de la demande totale (consommation + pertes), ce qui provoquerait des
perturbations sur le réseau.
Il indique que le délégataire préconise notamment de poursuivre
les efforts en matière de recherche de fuites, d’augmenter la capacité de production par le
renfort d’une nouvelle unité, de renforcer la capacité de l’usine de Vernou, de réhabiliter les
forages de la Grande-Terre pour augmenter les disponibilités en eau. Le rapport du SIAEAG
pour 2010 reprend quasiment les mêmes constats et les mêmes préconisations.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
57
La qualité de l’eau reste très perfectible et se dégrade sur certains points
Le rapport précité de 2007 suggère un certain nombre de travaux à effectuer, notamment pour
limiter la salinité de l’eau sur le forage de Celcourt, sur les unités de production également,
pour pallier certaines difficultés : mise en évidence de molécules de chlordécone à l’usine de
la Digue et à l’usine de Deshauteurs, sécurité de l’accès à la prise d’eau sur l’usine de
Moustique et à l’usine de Vernou.
On retrouve un certain nombre de constats identiques dans le rapport de 2010. Ce dernier
constate également une dégradation de la qualité de l’eau : le taux de conformité physico-
chimique défini par le décret du 21 décembre 2001, passe de 98% en 2009 à 96,4% en 2010.
Le SIAEAG estime que ces variations de taux restent négligeables.
La programmation des investissements est très ambitieuse mais repose essentiellement sur les
préconisations faites par le prestataire.
PROGRAMMATION RELATIVE A LA PRODUCTION
Objet des travaux
Montant des travaux
(2011-2014)
Part SIAEAG
Réhabilitation de l'usine de Vernou
19 500 000
3 900 000
Reconstruction de l'usine de Deshauteur
21 500 000
4 300 000
Etudes création usine de la Rose (Goyave)
1 000 000
1 000 000
Réhabilitation des forages de Grande Terre
1 000 000
1 000 000
Aménagement des prises en rivières
720 000
288 000
Développement des ressources (Désirade)
300 000
300 000
Total
44 020 000
10 788 000
Selon cette programmation, 2,7 M€ devraient être consacrés chaque année par le SIAEAG
aux ouvrages de production d’eau potable sur les 4 années (2011-2013).
Il était prévu qu’un audit complet des usines soit réalisé en 2008, sans cependant que les
conclusions de cet audit apparaissent dans les rapports réalisés par le SIAEAG. Il
ressort des rapports du SIAEAG que les constats et les propositions d’investissement
sont essentiellement tirés des préconisations du prestataire, sans qu’apparaisse, dans les
rapports, l’avis critique ou motivé des services techniques du SIAEAG.
6.3.2.
Des fuites persistantes et un rendement assez faible sur le réseau
L’adduction est assurée par des conduites de gros diamètre, des usines jusqu’aux réservoirs de
stockage. Il y a 3 sous-réseaux principaux : le réseau de Belle-Eau Cadeau (usines de BEC, de
la Digue et de Deshauteurs), principal sous-réseau qui va de Capesterre-Belle-Eau jusqu’à
Saint-François et Anse-Bertrand et comprend la canalisation sous-marine de la Désirade et
celle des Saintes, le réseau de Moustique (usine de Moustique) qui dessert notamment Petit-
Bourg et Jarry et le réseau de Vernou (usine de Vernou) qui dessert la « riviera » (Pointe-à-
Pitre, Gosier, Sainte-Anne). La longueur du réseau est de 351 km. Il y a en outre 9 stations de
pompage pour faire fonctionner le réseau d’adduction.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
58
Le rapport sur la qualité et le prix du service pour 2007, établit par le SIAEAG indique que le
délégataire préconise le remplacement en urgence des canalisations
en amiante ciment, PVC
collé et fonte grise, en raison de leur fragilité à l’origine de nombreuses fuites. Par ailleurs une
fuite avait été signalée sur la canalisation sous-marine des Saintes, nécessitant un
remplacement d’un tronçon ou une réparation. Ce même rapport suggère un certain nombre
de travaux à effectuer : mauvais état de la conduite en fonte Courcelle-Le Moule, dont les
ruptures sont à l’origine de coupures d’eau au Moule et dans le Nord Grande-Terre. Les
travaux de renouvellement entamés doivent se poursuivre. Le délégataire suggère également
de remplacer le tronçon Néron-Sommabert et de remplacer un certain nombre de tronçons sur
le réseau de Vernou. En 2010, on retrouve des difficultés déjà signalées, notamment la
question de la fuite sur la canalisation sous-marine des Saintes, laquelle a fait l’objet d’une
réparation provisoire qui n’a pas tenu.
La distribution est assurée par des conduites de plus faible diamètre pour environ 1 200 km de
réseau et des réseaux de branchement (315 km).
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Taux de rendement du
réseau
62,30%
62,10%
60,60%
59%
60%
60%
La prévision de travaux pour l’ensemble du réseau (adduction et distribution) est la suivante.
Le SIAEAG précise qu’il « a hérité d’un réseau en très mauvais état pour lequel les choix de
matériaux avaient été faits par la Direction de l’agriculture et de la forêt. Pour autant, le taux
de pertes est nullement anormal et plutôt cohérent au regard de la nature et de l’ancienneté des
canalisations. » Il ajoute que « par ailleurs, les ruptures de canalisation lors d’activité
sismique est une réalité qui suppose alors de multiples interventions sur une courte période
qui augmente d’autant les statistiques. »
6.3.3.
Le stockage
Le stockage est assuré par 55 réservoirs. Malgré l’augmentation de la capacité de stockage, le
rapport sur la qualité et le prix du service pour 2007 établi par le SIAEAG indique que
d’après le délégataire la capacité de stockage est devenue très insuffisante : elle n’a pas suivi
l’évolution du nombre toujours croissant de clients. Il ressort de l’inventaire établit en 2008
que beaucoup de réservoirs sont hors service (2 à La Désirade, 4 aux Saintes, 2 à Petit-Bourg,
1 à Baie-Mahault, 1 à Saint-François) ou en mauvais état (fuites, fissures) : Habituée,
Routhier, Bel-Air (Moravie), Poucet, Barthélémy (Goyave), Morne Paquette (Saintes),
RESEAU (adduction
‐
distribution)
Objet des travaux
Montant des travaux
(2011
‐
2013)
Part SIAEAG
Renouvellement du réseau
20 900 000
12 540 000
Adduction
‐
supresseurs
‐
distribution
2 600 000
2 600 000
Renouvellement adduction Vernou
3 000 000
1 200 000
Réhabilitation canalisation des Saintes
1 500 000
600 000
Extension du réseau
10 000 000
10 000 000
Chloration réseau
500 000
500 000
Total
38 500 000
27 440 000
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
59
Cocoyer, Grande Savane (Petit-Bourg), Montebello, Carrère, Tambour (Petit-Bourg), que les
accès sont difficiles (Hautes plaines), voire impossibles (la Lézarde), ce qui compromet
l’exploitation. Le rapport sur la qualité et le prix du service pour 2010 et le rapport du
prestataire font le même constat général que celui fait en 2007.
La prévision de travaux est la suivante, correspondant à 1,4 M€ de dépenses par an pour le
SIAEAG sur les 4 années.
STOCKAGE
Objet des travaux
Montant des travaux
(2011-2014)
Part SIAEAG
Réservoir de Routhier
1 000 000
400 000
Accès réservoirs
150 000
150 000
Réservoir de Mare Gaillard
350 000
350 000
Nouveau stockage Grands Fonds
2 000 000
800 000
Nouveau réservoir Goyave
2 000 000
800 000
Réservoir de Sergent
300 000
300 000
Reconfigutation réservoir Champ grillé
2 500 000
1 000 000
Réservoir de Blonde
600 000
600 000
Réservoir de May
400 000
400 000
Stockage Grands Fonds
2 000 000
800 000
Total
11 300 000
5 600 000
SYNTHESE
Le coût réel du service, qu’il soit réalisé par le biais d’une DSP ou d’un marché de
service, demeure peu lisible. L’analyse de l’équilibre financier du service met en
évidence la capacité bénéficiaire importante de la gestion du SPIC de l’eau potable et les
gains qui pourraient être réalisés pour améliorer le service, voire diminuer le prix de
l’eau.
Cependant, la gestion déficiente de la relation au client, et notamment du paiement, rend
aléatoires ces perspectives. D’importantes créances ont déjà été perdues du fait de
l’impréparation du SIAEAG et cela risque de persister si l’établissement public ne met
pas en place les outils nécessaires. Une clarification des relations financières du SIAEAG
avec les collectivités clientes est absolument nécessaire pour tracer une perspective
crédible en termes d’investissements et de soutenabilité financière du développement de
l’établissement public.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
60
7.
LE SERVICE DE L’ASSAINISSEMENT COLLECTIF
7.1.
Le prix de l’assainissement
Le prix de l’assainissement comporte un enjeu important car il augmente plus vite que le prix
de l’eau et est amené à peser de plus en plus sur la facture de l’abonné. Au plan national
l’assainissement représente 53% de la facture de l’abonné. Sur le département de la
Guadeloupe il ne représentait encore en 2008 que 41% de la facture. Sur le SIAEAG on
observe cette tendance à l’augmentation des tarifs de l’assainissement.
Prix moyen de l'assainissement
2007
2010
Evol
Prix au m3 pour 120 m3
1,8
1,96
8,9%
Source: rapport sur le prix et la qualité du service - SIAEAG
L’évolution du prix de l’assainissement est trois fois supérieure à l’évolution du prix de l’eau
potable, puisque sur la période 2007-2010, le prix de l’eau a augmenté de 3,2% contre 8,9%
pour le prix de l’assainissement collectif. Compte tenu des besoins en investissement et du
sous-financement du service d’assainissement, ce prix est vraisemblablement amené à
augmenter encore dans les années futures.
Le SIAEAG précise que « l’augmentation du
prix de l’assainissement collectif, plus rapide
que l’évolution du prix de l’eau n’est pas qu’un phénomène local. C’est un phénomène qui se
vérifie à l’échelle nationale en raison de l’évolution des normes, de la contrainte technique
plus forte imposée par la réglementation sur les rejets (et particulièrement forte en
Guadeloupe en raison de la sensibilité du milieu). »
7.2.
La gestion du service
7.2.1.
Une gestion des procédures de passation déficiente
Le SIAEAG a conclu le 5 novembre 1999 une convention de DSP pour le service public de
l’assainissement collectif avec la SOGEDO pour la gestion du service à compter du 1
er
janvier
2000, jusqu’au 31 décembre 2005, soit une durée de 6 ans. Ce contrat avait fait l’objet d’un
avis de la chambre régionale des comptes rendu le 15 février 2000, sur saisine du préfet, avis
qui critiquait tant les modalités de passation que l’économie générale de la convention. Il
avait conclu au risque financier de la DSP lié à l’absence de convention sur la facturation
entre l’émetteur de la facture d’eau (GDE) et le délégataire (SOGEDO) ainsi qu’à à la
mauvaise évaluation par la SOGEDO des charges de personnel.
Le contrat de DSP avait fait l’objet d’une suspension de son exécution du 12 mai 2000 au
9 novembre 2000, en raison d’une ordonnance de sursis à exécution du tribunal administratif
de Basse-Terre sur déféré préfectoral, ordonnance réformée par la cour administrative d’appel
de Bordeaux le 6 novembre 2000.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
61
L’exécution du contrat a pâti, au début des années 2000, des difficultés pointées par la
chambre régionale des comptes. En effet, le SIAEAG avait prévu dans le règlement de la
consultation que la GDE, fermier du service d’eau, assurerait la facturation de
l’assainissement. Suite à des désaccords entre les partenaires, la facturation de la redevance a
connu des difficultés au début du contrat, qui a abouti à l’absence de facturation sur deux
années (2000 et 2001). Une convention a été signée entre le SIAEAG, la GDE et la SOGEDO
le 29 novembre 2001, aux termes de laquelle la GDE facture la redevance d’assainissement et
la reverse à la SOGEDO.
Plusieurs avenants ont été signés notamment pour régulariser les questions de facturation des
années 2000 et 2001. L’avenant n°3 a prolongé le contrat jusqu’au 30 juin 2006, en raison,
selon le SIAEAG, de la constatation d’une erreur dans l’insertion faite au BOAMP, ce qui a
entrainé l’annulation de la procédure et sa reprise. Le SIAEAG s’est basé sur les dispositions
du premier alinéa de l’article L. 1411-2 du CGCT qui prévoit une prolongation pour une
durée d’un an maximum pour des motifs d’intérêt général. La procédure de passation a été
annulée par le tribunal administratif par ordonnance en date du 16 mai 2006. Cette annulation
a motivé une nouvelle prolongation de la convention pour 6 mois supplémentaires, soit
jusqu’au 31 décembre 2006, par l’avenant n°4. A la suite de la convention de DSP, le
SIAEAG a signé avec la SOGEDO une convention provisoire qui est entrée en vigueur à
compter du 1
er
janvier 2007, pour une durée de 10 mois, jusqu’au 31 octobre 2007,
convention prolongée elle-même jusqu’au 31 mai 2008.
Si une convention provisoire peut être valablement signée en vue d’assurer la continuité du
service public sans respecter la procédure de l’article L. 1411 du CGCT, c’est à la condition
que l’urgence rende impossible ladite procédure
31
. En l’espèce il apparaît cette justification
n’est pas recevable pour une prolongation de la convention provisoire jusqu’au 31 mai 2008,
soit plus de deux ans après l’annulation prononcée par le tribunal administratif. La relance de
la procédure apparaît en effet bien tardive puisque ce n’est que le 3 décembre 2007 que l’avis
d’appel public à la concurrence a été envoyé aux organes de presse adéquats (JOCE,
BOAMP), soit plus de 18 mois après l’annulation prononcée par le tribunal administratif.
Le nouveau contrat, qui est un marché de prestation de services, a finalement été signé avec la
GDE le 27 mars 2008, pour une date prévisionnelle de début d’exécution du contrat le 1
er
juin
2008, un montant de 19 M€ et une durée de 5 ans et 2 mois.
7.2.2.
L’équilibre financier du service public d’assainissement collectif n’est pas
réellement assuré
Le SPIC de l’assainissement parvient difficilement à trouver son équilibre, puisque la
facturation auprès de l’usager couvre tout juste le coût de la prestation de services, hors frais
spécifiques et surtout hors dépenses d’amortissement et d’investissement. Le budget primitif
de l’assainissement ne prévoit pas de dépenses de personnel. Si l’on ajoute les frais de
personnel spécifiques et les dotations aux amortissements, le service ne peut dégager un
autofinancement nécessaire pour les investissements qu’il est nécessaire de réaliser.
31
Voir l’arrêt de la CAA de Marseille, 21 juin 2007, commune de Sanary s/mer.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
62
EQUILIBRE FINANCIER DU SPIC ASSAINISSEMENT
2008
2009
2010
2011
facturation
facturation
facturation
Estimation
Produits
Redevance asst
6 374 383
5 931 621
6 110 347
5 730 238
Charges
contrat prestation GDE
5 036 871
solde (hors frais spécifiques du SIAEAG)
693 367
sources : balances 2011 et états de facturation SIAEAG
Note: l'estimation 2011 est basée sur 10 mois réels et 2 mois équivalents 2010
La chambre observe que l’équilibre du budget de l’assainissement peut être assez
problématique en raison de l’importance des charges, et de la relative modicité des recettes.
En effet, le retard important pris pour les investissements majore d’autant les charges et les
recettes, qui sont pourtant assises sur des montants de taxes élevés, soit environ 1,90 € le m3
(soit plus que le prix de l’eau), reposent sur une base assez limitée puisque seulement un tiers
des clients du service d’eau potable est client du service d’assainissement collectif.
7.3.
Les investissements en matière d’assainissement
D’après les services techniques, le patrimoine de la DSP assainissement a été rendu dans un
état très délabré en 2000 par la GDE. Un lourd travail de remise à niveau et d’extension
apparaît comme nécessaire. On observe d’ailleurs une montée en charge des investissements
en matière d’assainissement, qui se confirme en 2011. En l’espèce, les besoins apparaissent
très importants puisqu’ils sont estimés à 94,2 M€ dont 31,76 M€ de dépenses pour le
SIAEAG sur les 4 années (2011-2014). Il y aurait 7 stations d’épuration à construire avant
2013 (GDE), pour éviter que l’Etat ne paie des amendes à la Commission européenne. C’est
le nombre des STEP programmé pour les années 2011-2013. Cela représente un montant de
travaux de 41,5 M€, dont une part estimée de participation du SIAEAG de 8,65 M€, pour une
moyenne de subventionnement de 80%.
Opérations d'investissement
engagées(1)
EU 2008
13 310 347
EU 2009
1 905 194
EU 2010
12 889 882
EU 2011 (2)
14 424 954
Total EU
42 530 377
(1) Opérations de plus de 100 K€.
(2) ensemble des opérations engagées
jusqu'au 1er sept 2011
Source: SIAEAG
Au total, tous investissements confondus (eau et assainissement collectif), on obtient les
montants suivants :
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
63
Opérations d'investissement engagées et programmées par le SIAEAG
2008
2009
2010
2011
(programmé)
2011 (réalisé au
1er sept)
2012
2013
2014
AEP
8 515 771
3 434 304
186 199
6 810 000
1 134 969
11 288 000
11 960 000
9 530 000
EU
13 310 347
1 905 194
12 889 882
14 330 000
14 424 954
5 760 000
5 710 000
5 960 000
Total
21 826 118
5 339 498
13 076 081
21 140 000
15 559 923
17 048 000
17 670 000
15 490 000
0
5 000 000
10 000 000
15 000 000
20 000 000
25 000 000
AEP
EU
Total
SYNTHESE
Le prix de l’assainissement est en forte augmentation et est amené à peser de plus en
plus sur la facture globale de l’abonné. La chambre observe que c’est en partie l’abonné
à l’eau potable qui paye pour l’assainissement collectif, le service n’étant pas réellement
équilibré sur le plan financier.
L’état des installations et les nécessaires mises aux normes imposent un accroissement
important du niveau des investissements qui a déjà un impact sur le prix, qui sera
majoré ou minoré selon la gestion globale de la structure.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
64
RAPPEL DES RECOMMANDATIONS
I.
FIABILITE DES COMPTES
-
procéder à un recensement et une valorisation exhaustive des immobilisations,
notamment en matière d’assainissement ;
-
mettre à niveau le montant des amortissements, particulièrement en ce qui concerne
l’assainissement ;
-
retracer comptablement les opérations de sortie d’immobilisation ;
-
formaliser
les relations entre le SIAEAG et les clients de la vente en gros afin de
limiter ou de prévenir les risques de contentieux ;
-
s’agissant des créances douteuses, les admettre en non-valeur ou inscrire une
provision ;
-
mettre en place des provisions pour risques et pour charges, au regard tant des risques
contentieux que des risques sur les créances douteuses ;
-
se rapprocher du comptable et des organismes prêteurs afin de mettre en concordance
la comptabilité de l’ordonnateur avec le compte de gestion et de faciliter le suivi de la
dette.
-
procéder à un rattachement exhaustif des charges et des produits imputables à des
exercices différents ;
-
émettre les titres de recette en temps utile, sous peine de nuire à la trésorerie et de
risquer le refus de prise
en charge par le comptable de titres ayant subi la prescription
d’assiette :
-
procéder, s’agissant de l’inscription des dépenses, aux ajustements nécessaires à une
meilleure sincérité des comptes du SPIC de l’assainissement collectif ;
II.
ANALYSE FINANCIERE ET MARGES DE MANOEUVRE
-
agir vis-à-vis de la SOGEDO par les voies appropriées de manière à ce que le
SIAEAG soit rétabli dans ses droits ;
-
clarifier les relations financières avec les clients acheteurs d’eau en gros ;
-
donner les moyens de gérer efficacement le contrat de prestation de services ;
-
diminuer le niveau des charges de fonctionnement qui apparaît manifestement excessif
et en augmentation d’année en année.
CRC Guadeloupe
- rapport d’observations définitives – SIAEAG
65
III.
GESTION DU PERSONNEL
-
mettre en place et diffuser un organigramme fonctionnel et des fiches de poste
officielles ;
-
créer un service des marchés afin de sécuriser les procédures de la commande
publique.
IV.
DEPENSES DE FONCTIONNEMENT
-
préciser l’objectif et évaluer les résultats comme l’impact des « Journées de l’eau » ;
-
se réorganiser pour être en mesure d’assurer une anticipation des dépenses ;
-
revoir les modalités de mise en oeuvre des éventuelles transactions, pour se conformer
aux règles relatives à la commande publique.
V.
SERVICE DE L’EAU POTABLE
-
mettre en place une meilleure synergie avec les collectivités clientes du SIAEAG, afin
de clarifier la situation des dettes financières réciproques ;