Dans le contexte de la crise économique, les années 2009-2010 ont
été marquées sur le plan budgétaire par la mise oeuvre de mesures
successives de relance destinées à contrecarrer la hausse du chômage,
entraînant des écarts importants entre prévision budgétaire et exécution.
Ces écarts, qui ont porté à la fois sur les volumes et sur les coûts
unitaires des contrats aidés, tiennent pour partie à une sous-estimation
des engagements passés au moment de la prévision en LFI, pour partie
aux fréquentes ouvertures de contrats en cours d’année mais aussi à la
difficulté récurrente
de maîtriser la dépense, faute d’un système de
régulation des engagements.
Les responsabilités de prescription sont partagées entre un grand
nombre d’acteurs (Pôle emploi, missions locales, départements et bientôt
Cap emploi en 2012), impliquant un risque, avéré en 2010, de
dépassement des enveloppes budgétaires et nécessitant en conséquence
un renforcement du suivi de la consommation des enveloppes par
prescripteur. Afin de maîtriser les budgets alloués, les modalités de
pilotage ont été renforcées en 2011, mais la non-utilisation d’un outil
unique par l’ensemble des prescripteurs (Extranet CUI) ne permet
toujours pas d’exercer un pilotage en temps réel.
En lien avec la logique d’utilisation contra-cyclique des contrats
aidés, la programmation des crédits
a été fortement reconcentrée au
niveau de la DGEFP, peu de marges de manoeuvre existant au niveau des
directions régionales
pour adapter la programmation au plus près des
besoins locaux.
Depuis la création du RSA en 2009 puis du CUI en 2010, la
prescription des contrats aidés en direction des bénéficiaires du RSA a
reculé, alors que l’ambition de la loi du 1
er
décembre 2008 était
d’instaurer les conditions d’une politique partenariale entre les
départements et l’Etat, de façon à développer les politiques d’insertion
pour les personnes les plus éloignées de l’emploi.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
95
Les dispositions de la loi du 1
er
décembre 2008 destinées à
améliorer la qualité des contrats aidés n’ont pas été mises en oeuvre. On
constate ainsi une diminution de la durée moyenne des contrats prescrits
dans le secteur non marchand, peu propice au développement
d’actions
d’insertion. En 2010, la priorité a été mise sur l’atteinte d’objectifs
quantitatifs élevés en matière de prescription, au détriment de la
poursuite d’objectifs de qualité. Cette situation a été amplifiée par les
nombreux à-coups de gestion.
La loi du 1er décembre 2008 prévoyait la mise en place d’un bilan
avant tout renouvellement d’une convention. Un tel document n’a pas été
élaboré, contrairement à ce qui a été annoncé fin 2010 par la DGEFP.
Les outils de gestion de Pôle emploi ne permettent d’assurer ni un
enregistrement effectif des personnes en contrats aidés (dans la liste des
demandeurs d’emploi, en DEFM de catégorie E), ni l’extraction
automatisée des dossiers afin de les rendre actifs dans le portefeuille des
conseillers à la fin du contrat. L’offre de service à destination des
personnes en contrats aidés est peu formalisée, les moyens engagés en
termes de suivi et d’accompagnement ne sont pas identifiés et ne font
l’objet d’aucun suivi. Une étude commanditée dans le cadre du comité
d’évaluation de Pôle emploi a permis de formuler un certain nombre de
préconisations, dont
aucune n’a encore été mise en oeuvre, dans un
contexte d’augmentation du chômage pesant sur les moyens de Pôle
emploi.
Recommandations de la partie II :
Relations Etat-départements
1. Définir un cadre de concertation entre l’Etat et les départements afin
d’assurer une coordination plus étroite des actions d’insertion menées à
travers les contrats aidés pour les bénéficiaires du RSA.
Pilotage et gestion budgétaire
2. Etendre à tous les prescripteurs de contrats aidés, incluant les
départements, l’utilisation du système d’information extranet – CUI.
Mener à son terme le processus de dématérialisation de la transmission
des dossiers à l’Agence de services et de paiement (ASP) et assurer
l’interface entre les différents systèmes informatiques (de l’ASP, extranet
–CUI, CHORUS).
3. Tirer toutes les conséquences de la gestion différenciée entre
autorisations d’engagement et crédits de paiement en mettant en place un
système bloquant pour les prescripteurs dès que l’enveloppe limitative
d’autorisations de programme et de crédits de paiement est atteinte.
96
COUR DES COMPTES
Ciblage des contrats et accompagnement des bénéficiaires
4. Conformément à l’objectif d’insertion fixé par la loi du 1er décembre
2008, cibler les contrats aidés sur les personnes les plus éloignées de
l’emploi
et
les
plus
vulnérables
(titulaires
de
minima
sociaux
notamment). Veiller à la prescription de contrats de durée suffisante pour
permettre le développement d’actions visant à une insertion durable.
5.
Formaliser
les
actes
professionnels
nécessaires
en
matière
d’accompagnement
et
quantifier
les
moyens
nécessaires
à
leur
réalisation. Fixer pour les prescripteurs des objectifs en matière
d’actions d’accompagnement et en assurer le suivi.
6. Identifier au sein des dépenses de contrats aidés une enveloppe dédiée
à l’accompagnement et la formation, lorsque celle-ci ne s’inscrit pas
dans les dispositifs de droit commun. En parallèle veiller à la
mobilisation des OPCA et des organismes de formation professionnelle
du secteur public en matière de formation des bénéficiaires de contrats
aidés.
7. Assurer l’inscription de tous les bénéficiaires de contrats aidés en
catégorie E de la liste des demandeurs d’emploi afin qu’ils puissent être
suivis par les conseillers de Pôle emploi.
8. Prévoir, à l’occasion de la négociation de la nouvelle convention Etat
– Unédic –Pôle emploi, des engagements précis de Pôle emploi sur
l’organisation d’un suivi plus formalisé et plus régulier, suivi qui devrait
être personnalisé en fonction des difficultés prévisibles d’insertion à la
sortie du contrat aidé.
9. Etablir le bilan prévu par la loi du 1
er
décembre 2008 en fin de contrat
aidé, à partir d’un document normalisé, le « Cerfa – bilan ».
10. Obtenir des ministères employeurs de contrats aidés des bilans
réguliers sur les actions menées et les résultats obtenus en matière
d’insertion de leurs bénéficiaires.
Chapitre III
Des résultats décevants
au regard des
objectifs affichés
L’efficacité des contrats aidés doit s’apprécier au regard des
objectifs poursuivis. Le CUI, comme les anciens contrats aidés du plan de
cohésion sociale, a vocation à intervenir comme une étape transitoire dans
un parcours d’insertion vers l’emploi, selon l’exposé des motifs et la
discussion du projet ayant abouti à la loi du 1
er
décembre 2008. L’objectif
d’insertion professionnelle et d’amélioration de l’employabilité des
personnes à l’issue des contrats est retenu dans les indicateurs de
performance de la LOLF pour le programme 102, la performance des
contrats aidés étant mesurée par le taux de retour à l’emploi de droit
commun (durable) des bénéficiaires, 6 mois après la sortie du dispositif.
En pratique, cet objectif n’est cependant pas le seul : les contrats
aidés sont mobilisés (
cf. supra
) également pour atténuer l’effet d’un
ralentissement économique et contrecarrer la hausse du chômage, comme
cela a été récemment le cas en 2009-2010.
98
COUR DES COMPTES
I
-
Un ciblage insuffisant sur les personnes les plus
en difficulté
A - Une mesure qui bénéficie de moins en moins aux
publics les plus en difficulté
Les conditions d’éligibilité aux contrats aidés sont définies chaque
année (ou chaque semestre) par les circulaires de la DGEFP, déclinées
ensuite au niveau régional, l’arrêté préfectoral définissant les paramètres
de
prise
en
charge
et
précisant
les
populations
ciblées.
Les
caractéristiques des personnes entrant en contrat aidé sont mesurées dans
les formulaires Cerfa et font l’objet de suivis réguliers dans les tableaux
de bord de la DGEFP. Un suivi statistique est également organisé par la
Dares qui met ces données à disposition sur le site du ministère et qui
publie un bilan statistique annuel.
Les bilans 2008 et 2009 font apparaître un rajeunissement des
publics embauchés en convention initiale, qu’il s’agisse du CIE ou du
CAE, et leur élargissement vers des populations mieux formées et
moins éloignées de l’emploi
(cf. Tableaux n° 13 et 14)
.
Ainsi, en 2009,
une convention initiale en CIE sur deux a été signée par un jeune de
moins de 26 ans (+14 points par rapport à 2008), après une augmentation
déjà marquée entre 2007 et 2008 suite à la disparition des SEJE
(+27 points). La part des demandeurs d’emploi de très longue durée (plus
de 2 ans) dans les entrées en CIE s’est réduite pour la deuxième année
consécutive; cet effet est en partie lié au rajeunissement de la population
entrant en CIE (les jeunes sont moins souvent inscrits à Pôle emploi et ils
le sont pour des durées moins longues), mais la Dares note que l’effet du
raccourcissement de la durée au chômage s’observe pour toutes les
tranches d’âges.
« Le relèvement des objectifs de prescription des CIE a
pu se traduire par un moindre ciblage du dispositif sur les publics les
plus en difficulté dans un contexte où la forte détérioration de la situation
de l’emploi à partir de mi-2008 induisait par ailleurs une augmentation
globale du nombre de demandeurs d’emploi »
.
On observe également une élévation du niveau de formation
(+11 points de titulaires du niveau baccalauréat ou plus), cet effet
s’expliquant aussi par la hausse du poids des jeunes, tout en concernant
les autres tranches d’âges. La proportion de travailleurs handicapés (TH)
entrant en CIE a continué de reculer en 2009, sous l’effet de la
concurrence de la prime initiative emploi financée par l’Agefiph, mise en
place à partir de septembre 2007 (les TH représentent 3 % des embauches
en 2009 contre 16 % e 2007).
La proportion de bénéficiaires de
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
99
minima sociaux embauchés en CIE a reculé en 2009 (5 % contre 7 %
en 2008) mais, compte tenu de l’augmentation des effectifs, leur
nombre a progressé en valeur absolue, sans toutefois compenser la
baisse des entrées en CI-RMA.
La part des jeunes a également augmenté en 2009 dans les
embauches en CAE, sous l’effet notamment des 30 000 CAE passerelle
du plan d’urgence pour l’emploi des jeunes annoncé en avril 2009.
Comme dans le secteur marchand, le niveau de formation des personnes
recrutées en CAE s’est globalement élevé en 2009, pour les jeunes mais
aussi dans les autres tranches d’âges. Les personnes présentant de longues
durées d’inscription comme demandeur d’emploi avant leur embauche en
CAE ou en CAV ont vu leur poids relatif décroître.
Conséquence de la
baisse de la part des embauches en CAV dans les embauches initiales
en contrats aidés, on observe une baisse importante de la part des
allocataires de minima sociaux dans les contrats aidés non
marchands (30 % en 2009, en recul de 13 points par rapport à 2008).
Que ce soit dans le secteur marchand ou le secteur non marchand, on
constate ainsi en 2009 une forte diminution des entrées en contrats aidés
de bénéficiaires de minima sociaux et notamment du RSA.
100
COUR DES COMPTES
Tableau n° 13 : Caractéristiques des nouveaux bénéficiaires de contrats aidés (secteur marchand)
En %
2006
2007
2008
2009
2006
2007
2008
2009
2010
Embauches en convention initiale
78 664
37 082
35 446
99 763
102 352
66 482
56 979
112 419
344 724
Âge
Moins de 26 ans
16,0
9,0
35,8
50,1
nd
nd
24,5
45,2
48,1
De 26 à 49 ans
61,1
59,6
29,5
30,7
nd
nd
47,6
36,1
36,4
50 ans ou plus
22,9
31,4
34,7
19,3
nd
nd
27,9
18,8
15,5
Niveau de formation
Inférieur au CAP (V bis et VI)
15,8
16,8
17,8
12,1
17,7
20,1
18,9
12,9
12,0
Niveau CAP-BEP (V)
44,8
45,4
51,7
46,7
45,1
45,7
50,6
46,9
46,2
Niveau Bac
19,5
19,5
17,8
23,0
18,8
17,9
17,3
22,4
23,7
Supérieur au Bac
19,9
18,3
12,7
18,2
18,4
16,3
13,2
17,9
18,1
Durée d'inscription à l'ANPE ou à Pôle emploi avant l'entrée dans le dispositif
Non-inscrit
8,2
6,4
9,5
14,9
10,7
12,0
13,3
15,3
12,5
Moins de 6 mois
14,5
15,1
30,9
35,9
13,8
14,2
24,7
33,8
35,3
De 6 à 11 mois
10,6
10,7
15,5
17,6
11,7
11,6
14,3
17,4
19,3
12 mois ou plus
66,7
67,9
44,2
31,7
63,9
62,1
47,8
33,6
33,0
dont 24 mois ou plus
37,5
40,9
22,6
11,7
nd
nd
27,2
13,6
11,1
Obligation d'emploi TH
14,0
16,4
6,4
2,8
nd
nd
6,3
3,1
2,2
Bénéficiaire d'un minimum social (%)
15,1
11,6
6,5
5,1
34,7
50,7
41,8
15,8
13,2
Champ : embauches en conventions initiales. France entière. En 2010, les embauches en conventions initiales incluent
les personnes renouvelant un ancien contrat du Plan de cohésion sociale, la variable permettant de les identifier ayant été mal
remplie dans les formulaires.
Source : ASP ; traitement : Dares.
Flux d'embauche
CIE
Secteur marchand (CIE, CI-RMA, CUI-CIE)
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
101
Tableau n° 14 : Caractéristiques des nouveaux bénéficiaires de contrats aidés (secteur non marchand)
En %
2006
2007
2008
2009
2006
2007
2008
2009
2010
Embauches en convention initiale
161 836
150 122
102 112
192 776
255 709
219 913
154 855
240 741
344 724
Âge
Moins de 26 ans
36,4
36,4
31,8
35
25,8
27,4
23,7
29,7
28,6
De 26 à 49 ans
48,8
48,0
47,7
48,5
60,2
57,6
57,7
54,3
53,0
50 ans ou plus
14,8
15,6
20,6
16,4
14,0
15,1
18,7
15,9
18,4
Niveau de formation
Inférieur au CAP (V bis et VI)
24,9
23,2
27,2
20,8
25,9
26,2
28,5
22,1
20,9
Niveau CAP-BEP (V)
40,6
42,6
44,2
41,7
40,7
42,2
44,6
42,6
41,8
Niveau Bac
19,8
20,5
18,1
22
19,2
18,7
16,7
20,8
21,5
Supérieur au Bac
14,6
13,7
10,5
15,6
14,2
13,0
10,1
14,7
15,8
Durée d'inscription à l'ANPE ou à Pôle emploi avant l'entrée dans le dispositif
Non-inscrit
14,4
10,6
7,5
7,4
13,2
11,4
9,2
8,3
10,4
Moins de 6 mois
16,8
17,8
18,9
22,4
14,9
16,8
18,2
21,5
23,3
De 6 à 11 mois
10,4
11,7
13
15,3
11,0
11,8
13,0
15,3
15,7
De 12 à 23 mois
27,5
27,7
25,7
32,6
25,5
25,4
23,6
30,5
28,2
24 mois ou plus
31,0
32,2
34,8
22,3
35,5
34,6
35,9
24,4
22,5
Obligation d'emploi TH
9,9
8,2
9,4
6,3
9,6
8,3
9,4
6,6
6,2
Bénéficiaire d'un minimum social
13,8
12,4
13,2
12,9
45,4
40,2
42,8
30,3
29,4
Source : ASP ; traitement : Dares.
Champ : embauches en conventions initiales. France entière. En 2010, les embauches en conventions initiales incluent
les personnes renouvelant un ancien contrat du Plan de cohésion sociale, la variable permettant de les identifier ayant été mal
remplie dans les formulaires.
Flux d'embauche
CAE
Secteur non marchand (CAE, CAV, CUI-CAE)
102
COUR DES COMPTES
B - Une situation qui s’est confirmée en 2010 et apparaît
en contradiction avec les objectifs de la loi du
1
er
décembre 2008
La comparaison directe de 2010 aux années précédentes est
délicate, compte tenu de l’impact de l’entrée en vigueur du CUI : les
nouvelles embauches en CUI ne se comparent pas aux nouvelles
embauches en CAE et en CIE des années passées, car il faudrait
distinguer dans les flux d’embauches 2010 ceux qui étaient auparavant
bénéficiaires d’un ancien contrat du plan de cohésion sociale des
nouveaux entrants. En principe, ces cas de basculement des anciens
contrats du plan de cohésion sociale vers un CUI étaient identifiables
dans les formulaires, mais la Dares considère que la qualité de cette
donnée ne permet pas un repérage correct de ces situations.
Les données 2010, sur les nouvelles embauches en conventions
initiales en 2010 sont ainsi entachées de ce biais qui doit être gardé à
l’esprit dans la comparaison avec les données des années antérieures. Si
la comparaison directe des effectifs en convention initiale entre 2009 et
2010 n’a ainsi aucun sens, on peut considérer que les caractéristiques
structurelles des embauches sont moins affectées par ce biais.
Pour
2010, il est également intéressant d’observer les évolutions
infra-annuelles. Le caractère erratique des embauches en cours d’année
2010 n’a en effet pas été sans conséquence sur les profils des personnes
recrutées, ainsi qu’on peut l’observer dans le tableau n° 15.
Pour le CUI-CIE, les différences de profil au cours des quatre
trimestres 2010 sont particulièrement marquées pour les critères d’âge, le
fait d’être bénéficiaire du RSA, ainsi que sur la proportion de chômeurs
de longue durée. S’agissant des CUI-CAE, le profil des embauches est
par contre beaucoup plus régulier, à l’exception de l’augmentation de la
proportion de bénéficiaires du RSA au dernier trimestre, imputable au
cofinancement de ces contrats avec les départements, ces contrats étant
devenus prioritaires en fin d’année.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
103
Tableau n° 15 : Caractéristiques des personnes embauchées en CUI en
2010 (conventions initiales, France métropolitaine)
T1
T2
T3
T4
T1
T2
T3
T4
Moins de 26 ans
49,7
48,2
41,7
25,7
29,2
28,0
26,8
31,9
50 ans et plus
15,1
15,1
18,7
26,5
18,5
19,0
20,0
16,9
Personnes handicapées
2,2
2,2
2,4
3,9
6,3
6,4
7,0
6,1
Allocataires du RSA
6,5
7,9
30,7
53,6
21,3
22,2
20,5
27,0
dont : a locataires du RSA majoré
0,6
0,6
2,2
3,0
1,7
1,6
1,4
1,6
Allocataires de l'ASS
3,6
3,6
3,3
2,6
5,7
5,6
8,3
5,7
Allocataires de l'AAH
0,3
0,3
0,3
0,2
1,0
0,9
1,1
1,0
Chômeurs de longue durée
31,0
34,1
37,2
42,1
50,1
50,1
52,4
49,2
dont chômeurs de très longue durée
10,2
11,1
14,6
22,0
22,0
21,8
23,5
22,6
Niveau de diplôme
Inférieur au CAP (Vbis et VI)
11,3
12,1
16,1
16,9
21,4
21,8
16,1
19,8
Niveau CAP-BEP (V)
45,3
47,0
49,3
46,4
42,6
43,8
41,1
40,9
Niveau BAC
24,4
23,5
19,2
19,3
20,6
19,6
24,8
22,6
Supérieur au BAC
19,1
17,4
15,3
17,4
15,4
14,8
18,0
16,7
CUI-CAE
Champ : France métropolitaine.
Source : ASP - Traitement : Dares.
Flux d'embauches
CUI-CIE
Globalement, on constate depuis le début de la crise économique
une dégradation du ciblage dans les prescriptions de contrats aidés. En
période de tensions sur le marché du travail, les populations présentant le
plus de difficultés connaissent un contexte de concurrence exacerbée
accentuant leurs difficultés d’accès à l’emploi, et notamment aux emplois
aidés, au profit d’autres populations moins défavorisées.
On observe ainsi depuis 2009 non seulement une baisse de la part
des bénéficiaires de minima sociaux dans les contrats aidés, mais aussi de
leur nombre : cette situation apparaît contradictoire avec les objectifs
visés par la loi du 1
er
décembre 2008.
C - Renouvellement et durée des contrats : des parcours
encore mal connus
Pour les contrats d’aide à l’emploi issus de la loi de cohésion
sociale comme pour les contrats CUI, les durées sont en général
largement inférieures à l’année (comme y invitent d’ailleurs les
circulaires récentes de la DGEFP), les renouvellements étant cependant
autorisés dans la limite de deux ans.
En matière de renouvellement, les situations diffèrent fortement
selon que les contrats relèvent du secteur marchand ou du secteur non
marchand (cf. Tableau n° 16). Les renouvellements sont quasi-inexistants
pour les CIE et de l’ordre de 20 % pour les CI-RMA, qui concernent une
population connaissant davantage de difficultés. Ils sont proches de 40%
pour les titulaires de contrats aidés en CAE et atteignent 50% pour les
bénéficiaires de minima sociaux en CAV. Ces taux de renouvellements
« instantanés » représentent, pour une période donnée, le nombre de
104
COUR DES COMPTES
contrats renouvelés rapporté au nombre total de contrats signés,
embauches initiales et renouvellements compris. En période de forte
accélération des recrutements, le taux de renouvellement tend à baisser
mécaniquement (comme en 2009 pour le CAE) ; à l’inverse, il augmente
dans les phases de repli des recrutements.
Tableau n° 16 : Entrées dans les contrats aidés : conventions initiales et
renouvellements
2006
2007
2008
2009
Conventions signées
80 155
37 605
35 640
100 658
dont : nouveaux contrats
78 664
37 082
35 446
99 763
avenants de reconduction
1 491
523
194
895
avenants de reconduction (en %)
2%
1%
1%
1%
Durée moyenne du contrat en mois *
11,9
9,8
9,8
11,5
Effectifs en fin d'année
85 021
23 318
23 555
75 032
Conventions signées
28 929
36 443
26 331
17 040
dont : nouveaux contrats
23 688
29 400
21 533
12 656
avenants de reconduction
5 241
7 043
4 798
4 384
avenants de reconduction (en %)
18%
19%
18%
26%
Durée moyenne du contrat en mois * (ASS,AAH,API)
12,5
13,1
12,7
12,5
Durée moyenne du contrat en mois * (RMI-RSA)
nd
nd
10,7
11,0
Effectifs en fin d'année
17 941
24 603
19 040
10 488
Conventions signées
273 884
266 322
186 443
284 986
dont : nouveaux contrats
161 836
150 122
102 112
192 776
avenants de reconduction
112 048
116 200
84 331
92 210
avenants de reconduction (en %)
41%
44%
45%
32%
Durée moyenne du contrat en mois *
9,5
8,9
8,3
8,9
Effectifs en fin d'année
177 072
162 972
114 524
188 985
Conventions signées
105 420
124 201
109 388
99 646
dont : nouveaux contrats
93 873
69 791
52 743
47 965
avenants de reconduction
11 547
54 410
56 645
51 681
avenants de reconduction (en %)
11%
44%
52%
52%
Durée moyenne du contrat en mois *
13,0
12,3
11,0
10,0
Effectifs en fin d'année
87 702
104 529
84 391
69 408
Source : ASP; traitement
Dares.
CIE
CAE
* Il s'agit de la durée moyenne prévue dans le contrat lors de la signature, sur le champ des embauches en convention
initiale. Dans le cas de CDI, il s'agit de la durée de versement de l'aide financière.
Champ : France entière.
CAV
CI-RMA
Cet indicateur de renouvellement s’avère donc difficile à
interpréter. Il serait préférable de le compléter par des indicateurs sur la
durée cumulée en contrat aidé. L’exercice semble possible. Une
exploitation particulière demandée par la Cour à l’ASP sur ses fichiers de
gestion a ainsi fourni quelques données indicatives : sur 2 100 000
dossiers traités entre le début du plan de cohésion sociale et jusqu’en
2010, 511 000 (près du quart) ont fait l’objet de 2 ou plusieurs contrats.
Pour 90 % de ces dossiers (458 000), il s’agissait de renouvellements au
sein d’un même contrat (1 renouvellement : 63 % ; 2 renouvellements :
30 % ; 3 renouvellements ou plus : 7 %). Pour 10 % de ces dossiers
(54 000), 2 ou plusieurs contrats se sont succédé dans le temps. Ces
données, peut-être en partie entachées d’aléas de gestion, ne suffisent pas
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
105
à fournir des indications sur les durées individuelles passées sous contrat
aidé, mais elles indiquent néanmoins des ordres de grandeur quant à la
fréquence des situations de renouvellement ou de bascule entre différents
contrats aidés.
La DARES a également fait état de travaux en cours sur les durées
cumulées passées au sein d’un même contrat, travaux qui feront l’objet
d’une publication prochaine.
A des fins de connaissance statistique, il serait souhaitable
d’étudier la possibilité d’enchaîner dans le temps les données sur les
bénéficiaires de contrats aidés, de façon à permettre de détecter les cas de
récurrence ou de cantonnement des bénéficiaires dans ce type d’emploi. Il
semble nécessaire de poursuivre les travaux engagés afin de mesurer les
durées cumulées tous contrats confondus.
II
-
Des logiques d’usage différentes selon les
employeurs
A - Les employeurs de contrats aidés : des profils
diversifiés
Les tableaux n°17 et 18 présentent la structure des employeurs de
contrats aidés dans les nouvelles embauches en convention initiale, dans
le secteur marchand et non marchand depuis 2006. Dans le secteur non
marchand, les principaux employeurs sont les associations et fondations,
à hauteur de 48 % en 2010 (au sein desquelles on trouve notamment les
structures de l’insertion par l’activité économique), les EPLE (19 % des
embauches) et les communes (14 %).
Dans le secteur marchand, les employeurs de contrats aidés
relèvent en grande majorité du secteur tertiaire (70 %) et les embauches
concernent pour deux tiers des structures de moins de 10 salariés.
106
COUR DES COMPTES
Tableau n° 17 : Les employeurs de contrats aidés (secteur non
marchand)
En %
2006
2007
2008
2009
2006
2007
2008
2009
2010
Commune
17,6
15,1
14,7
17,4
8,9
11,8
8,3
7,5
14,4
Autre collectivité territoriale*
3,1
2,5
3
3,2
3,4
4,4
5,0
4,9
3,7
Association, fondation
43,7
43,1
46,8
45,4
44,0
55,8
63,4
58,8
48,2
Établissement public d'enseignement
16,4
17,3
18,3
18,4
35,6
18,0
13,7
21,5
19,4
Établissement sanitaire public
11,5
15,0
11,4
9,2
3,1
4,7
4,5
3,1
7,9
Autre établissement public
6,6
6,0
5,1
5,7
4,3
4,8
4,7
3,9
5,8
Autre personne morale
1,0
0,9
0,7
0,7
0,7
0,5
0,4
0,3
0,6
CUI-CAE
Champ : embauches en conventions initiales. France entière (sauf CUI-CAE 2010, France métropolitaine).
Source : ASP ; traitement : Dares.
Flux d'embauche
CAV
CAE
* Établissement public de coopération intercommunale (EPCI), département, région.
Tableau n° 18 : Les employeurs de contrats aidés (secteur marchand)
En %
2006
2007
2008
2009
2006
2007
2008
2009
2010
Secteurs d'activité
Agriculture
2,0
2,1
1,6
4,1
3,1
3,6
2,6
3,2
3,1
Industrie
13,3
13,5
13,6
12,2
12,9
12,6
10,9
8,6
12,8
Construction
13,9
13,6
14,1
12,7
15,2
15,1
13,3
11,6
13,0
Tertiaire
70,5
70,2
64,4
68,5
68,6
68,1
65,9
71,9
71,1
Autres*
0,3
0,5
6,2
2,5
0,3
0,7
7,3
4,7
0,0
Taille des établissements
2 salariés ou moins
37,3
40,5
39,9
38,1
45,1
45,9
45,0
47,7
nd
De 3 à 9 salariés
27,4
25,1
25,9
24,7
27,2
26,0
25,7
25,5
nd
De 10 à 19 salariés
10,9
10,7
10,4
11,7
9,5
9,3
9,3
8,7
nd
De 20 à 49 salariés
11,8
11,1
11,3
12,6
9,3
9,4
9,8
9,2
nd
50 salariés ou plus
12,6
12,6
12,5
12,9
8,9
9,3
10,3
8,9
nd
Flux d'embauche
CIE
CIRMA
CUI-CIE
* Correspond aux codes NAF non valides.
Champ : embauches en conventions initiales. France entière (sauf CUI-CAE 2010, France métropolitaine).
Source : ASP ; traitement : Dares.
nd : non disponible.
Les données sur les effectifs de contrats aidés en fin d’année
27
complètent cette approche sur les flux d’embauche et mettent en évidence
l’importance des contrats aidés pour les différents types d’employeurs
(cf. Graphique n° 5). Elles sont présentées ici en ETP (sur la base de
35 heures par semaine à temps plein et des volumes d'heures
hebdomadaires déclarés dans les conventions d'embauche). Fin 2010, on
dénombre ainsi 199 600 ETP employés en contrats aidés dans les secteurs
non marchands (correspondant à un effectif de 274 300 personnes). Les
associations et fondations, hors chantiers d’insertion, constituent le
premier employeur de contrats aidés, suivis des collectivités locales
27
Les données présentées ici portent sur les effectifs en fin d’année, contrairement à
celles des graphiques 2 et 3 qui étaient en moyenne annuelle.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
107
(principalement les communes) et des établissements de l’Education
nationale.
Sur la période 2006-2010, hormis l’année 2008 qui connait une
baisse sensible pour tous les employeurs, on observe deux profils
d’évolution, avec une tendance à la hausse pour les associations et
fondations, pour le secteur de l’insertion par l’activité économique et pour
les collectivités locales, et une tendance à la baisse pour l’Education
nationale et les établissements sanitaires publics.
Graphique n° 5 : Les effectifs en ETP des salariés en contrats non
marchands en fin d’année (contrats aidés du PCS et CUI)
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
2006
2007
2008
2009
2010
Commune, EPCI, dept, région
Association, fondation hors chantiers d'insertion
Chantiers d'insertion
Etablissement public d enseignement
Etablissement sanitaire public
Autres (établissement public, personne morale
chargée de la gestion d'un service public, ...)
B - Des motivations et des modalités de recrutement
différentes selon les secteurs
La Dares a mené en 2007 auprès des établissements utilisateurs de
contrats aidés en 2006 une enquête qui portait notamment sur les motifs
108
COUR DES COMPTES
de recours aux contrats aidés, sur les modalités de recrutement et
l’intermédiation
du
service
public
de
l’emploi,
ainsi
que
sur
l’accompagnement, le tutorat et la formation du salarié en contrat aidé
28
.
a) Le rôle du prescripteur à relativiser dans la sélection des candidats
L’ANPE était en 2007 le canal de recrutement en contrat aidé le
plus souvent cité : deux
tiers des employeurs du secteur marchand et plus
des trois quarts des employeurs du secteur non marchand déclaraient
avoir utilisé ce canal de recrutement.
La moitié des employeurs du secteur marchand et le quart des
employeurs du secteur non marchand ont examiné une seule candidature :
les employeurs du secteur marchand ne mentionnent alors le rôle d’un
intermédiaire que dans 5 % des cas ; dans 30 % des cas, une seule
personne s’est présentée ; pour les 65 % restants, le candidat était connu
ou avait déjà eu une expérience dans l’établissement. Pour les employeurs
du secteur non marchand qui n’ont examiné qu’une candidature,
l’examen et la sélection par un intermédiaire sont un peu plus fréquents :
10 % pour le CAE, 30 % pour le CAV ; dans 20 % des cas une seule
personne s’est présentée ; pour le reste (70 % des cas pour le CAE et
50 % des cas pour le CAV), le candidat était déjà connu.
Ces résultats suggèrent que
les contrats aidés résultent assez
fréquemment d’une relation directe entre l’employeur et son salarié.
Dès lors que celui-ci répond aux critères d’éligibilité au contrat aidé,
la prescription consiste davantage à entériner une situation
qu’à
procéder à un choix de candidats potentiels, en fonction de leur
éloignement de l’emploi. Cette pratique, qu’il paraît au demeurant
difficile de ne pas accepter, est susceptible d’accroître le risque de biais
de sélection au profit des candidats les plus employables.
28
Dares Analyses, Y. Fendrich, C. Gratadour, V. Remy, « Les employeurs et les
contrats aidés : motivations et processus de recrutements » Juin 2010, n° 41.
Dares Analyses, C. Gratadour, V. Remy, « Accompagnement et formation pendant les
contrats aidés : le point de vue des employeurs » Décembre 2010, n° 84.
Dares Analyses, B. Le Rhun, « Le parcours des salariés en contrat aidé chez leur
employeur » Janvier 2011, n° 04.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
109
b) Un impact sur la décision d’embauche très faible dans le secteur
marchand
Dans le secteur marchand, six employeurs sur dix ont recruté le
salarié en contrat aidé pour occuper un nouveau poste, cette création de
poste étant motivée dans 70 % des cas par une augmentation de l’activité
ou la création de l’entreprise. Dans les autres cas, les recrutements ont
pour but de remplacer un départ définitif ou temporaire, mais rarement un
ancien salarié en contrat aidé (2 %).
Dans le secteur non marchand, la création d’un nouveau poste est
évoquée par plus de 40 % des employeurs, le remplacement d’un ancien
salarié en contrat aidé concerne 40 % des recrutements, les autres cas
correspondant au remplacement de personnes parties définitivement ou
momentanément de l’entreprise. Les trois quarts des employeurs du
secteur non marchand motivent la création d’un nouveau poste par un
besoin non satisfait ou résultant d’une décision nationale.
Le recrutement en contrat aidé, ne correspond pas forcément à une
intention délibérée dès le départ : si neuf employeurs sur dix du secteur
non marchand avaient l’intention dès le départ de recruter en contrat aidé,
ce n’était le cas que pour quatre employeurs sur dix dans le secteur
marchand.
Globalement, l’enquête a cherché à estimer la proportion
d’embauches qui n’auraient pas eu lieu en l’absence d’aide à l’emploi, à
partir d’un ensemble de questions renseignées par les employeurs. Ces
proportions sont très faibles dans le secteur marchand : 10 % pour le CIE,
14 % pour le CI-RMA. Elles sont plus élevées dans le secteur non
marchand : 55 % pour le CAE, 76 % pour le CAV. L’effet emploi ainsi
mesuré est différent de celui qui ressort des estimations économétriques
présentées
infra
: il serait comparable aux estimations économétriques
pour le secteur marchand, mais plus faible pour le secteur non marchand.
Ces résultats montrent l’existence de deux logiques très différentes
de recrutement des contrats aidés selon le secteur :
« pour les employeurs
du secteur marchand, le recrutement d’un salarié en contrat aidé répond
à un besoin souvent lié à un accroissement de l’activité. En l’absence de
contrat aidé, l’embauche aurait souvent eu lieu, mais les aides liées au
contrat aidé ont pu conduire l’employeur à modifier le profil de la
personne embauchée.
Dans le secteur non marchand, les employeurs utilisent davantage
les contrats aidés dans une logique de gestion pour combler les manques
de personnel, et pour certains, notamment dans l’éducation nationale, la
décision d’attribution relève fréquemment des autorités de tutelle. Les
110
COUR DES COMPTES
collectivités locales mobilisent davantage les contrats aidés dans une
logique « sociale » et seraient alors moins sélectives dans leurs
recrutements »
29
.
Les employeurs de contrats aidés du secteur non marchand
connaissent une forte hétérogénéité, ils peuvent être classés en 3 ou 4
caégories : les ateliers et chantiers d’insertion, le secteur non
marchand privé (associations), le secteur non marchand public, au
sein duquel on peut distinguer l’Etat et les collectivités locales. Au vu
des différences de logiques d’usage des contrats aidés dans ces
différents secteurs, il apparaît souhaitable dans le RAP de décliner
les indicateurs de résultats par type d’employeur et de ne pas se
limiter à une analyse globale du taux d’insertion en emploi pour
l’ensemble du secteur non marchand.
C - La nécessité d’un accompagnement effectif des
bénéficiaires de contrats aidés dans la construction de
parcours qualifiants
Deux sources d’information régulières permettent de connaître
l’accompagnement et la formation des salariés en contrats aidés :
0
les conventions tripartites entre le prescripteur, le salarié et
l’employeur permettent d’analyser les intentions de ces derniers
en termes d’accompagnement et de formation ;
0
l’enquête sur les sortants de contrats aidés six mois après la fin
du versement de leur aide permet de recueillir les déclarations
des salariés sur les formations et l’accompagnement dont ils ont
bénéficié.
A ces sources régulières d’information viennent s’ajouter des
enquêtes ponctuelles, par exemple l’enquête de 2007 de la Dares auprès
des employeurs de contrats aidés déjà décrite. L’enquête monographique
du cabinet GESTE diligentée par le comité d’évaluation de Pôle emploi
(
cf. supra
) apporte également des éléments sur ces questions.
A ce jour, toutes les données disponibles concernent donc
uniquement les anciens contrats aidés du plan de cohésion sociale et non
pas les nouveaux CUI.
29
Dares, Premières informations et premières synthèses, B. Simonin, « L’usage des
emplois aidés par les employeurs du secteur non marchand : logiques sociales,
logiques de gestion », Février 2003, n° 06.2.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
111
Les trois sources d’information, données ASP, enquête sortants
ASP et enquête Dares, livrent des enseignements différents, dont la
comparaison est utile car elle illustre les différences de perspectives entre
les acteurs. L’approche par les conventions initiales rend compte des
intentions
ex ante
, qui peuvent cependant ne pas se concrétiser pour
différentes raisons. Les enquêtes auprès des salariés ou des employeurs
permettent de recueillir des données sur les actions réalisées en termes
d’accompagnement ou de formation : outre les biais de mémoire
inhérents à ce types d’enquêtes, les déclarations peuvent cependant
différer, les employeurs assimilant à de la formation l’ensemble des
actions concourant à faciliter la prise de poste, les salariés, quant à eux,
pouvant retenir une acception plus stricte de la formation et ne pas retenir
ces formations permettant l’adaptation au poste de travail, moins
susceptibles d’être valorisées dans leur parcours ultérieur que des
formations qualifiantes.
Le tableau n° 19 résume les écarts entre les différentes sources
d’information :
Tableau n° 19 : Accompagnement et formation des bénéficiaires de
contrats aidés
Déclarations des
salariés (3)
Suivi d'une formation
Ensemble
Dont formation
d'adaptation au
poste
Ensemble
Dont formation
d'adaptation au
poste
Ensemble
CIE
38
32
72
46
24
CI-RMA
43
38
72
49
19
CAE
60
47
77
47
35
CAV
86
70
79
51
36
Accompagnement interne
CIE
13
CI-RMA
18
CAE
28
CAV
45
Accompagnement externe
CIE
14
CI-RMA
22
CAE
38
CAV
56
(1) Conventions ASP relatives aux sortants 2007
(2) Enquête Dares auprès des employeurs utilisateurs de contrats aidés
(3) Enquêtes ASP sortants de contrats aidés en 2007
Traitements Dares
33
28
Intentions exprimées dans
les intentions d'embauches (1)
Déclarations des
employeurs (2)
5
10
16
21
2
6
19
32
50
72
63
63
77
82
112
COUR DES COMPTES
Les intentions de formation recensées dans les déclarations
d’embauche sont moins fréquentes que celles que les employeurs
déclarent
ex-post
et
recouvrent
pour
l’essentiel
des
formations
d’adaptation au poste. Les écarts entre les déclarations ex post des
employeurs et des salariés sont considérables, probablement pour les
raisons évoquées ci-dessus.
L’accompagnement interne est assez peu mentionné dans les
déclarations d’embauche, mais il est très fréquemment indiqué ex post,
notamment dans le secteur non marchand. Le point de vue des salariés est
très en-deçà des déclarations des employeurs, mais on y retrouve la même
hiérarchie : plus d’accompagnement interne pour les contrats aidés du
secteur non marchand, notamment pour les CAV.
Enfin, s’agissant de l’accompagnement externe, on observe la
même hiérarchie selon les types de contrats, mais avec une différence
notable : les salariés mentionnent cet accompagnement externe beaucoup
plus fréquemment que les employeurs, ce qui est assez logique,
l’employeur
n’ayant
pas
forcément
connaissance
des
actions
d’accompagnement déployées par les intervenants du service public de
l’emploi (Pôle emploi, missions locales) ou des départements.
Les pratiques des employeurs en matière de formation sont par
ailleurs différentes, selon le type de secteur ou les caractéristiques des
employeurs (taille de la structure dans le secteur marchand, statut des
employeurs dans le secteur non marchand). Ainsi, si on retient comme
indicateur
le suivi d’une formation allant au-delà de l’adaptation au poste
de travail :
0
dans le secteur marchand, cette proportion augmente avec la
taille de la structure : 20 % des employeurs ayant moins de 5
salariés déclarent que leur salarié a suivi une telle formation
contre 35 à 40 % des employeurs ayant 50 salariés ou plus ;
0
dans le secteur non marchand, 30 à 45 % des employeurs font
état pour leurs salariés en contrat aidé d’une formation allant
au-delà de l’adaptation au poste de travail, à l’exception des
établissements publics d’enseignement (EPLE), pour lesquels
cette proportion est de 14 % pour le CAE et 10 % pour le CAV.
Les EPLE déclarent moins souvent que les autres employeurs
du secteur non marchand avoir accompagné leurs salariés, qu’il
s’agisse d’accompagnement interne ou externe.
Au-delà des aspects méthodologiques de comparaison entre les
enquêtes, ces différences de perspective montrent la nécessité d’une
approche coordonnée des acteurs sur le sujet de la formation ou de
l’accompagnement : s’il est naturel que les employeurs privilégient les
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
113
actions relatives à l’adaptation du salarié au poste de travail qu’il occupe,
l’engagement pris dans le cadre du contrat aidé ne doit pas se limiter à
cette seule action. Pour éviter cet effet, les autres parties prenantes de la
convention, et notamment le prescripteur, doivent se mobiliser pour que
les actions formalisées dans la convention individuelle soient adaptées à
la situation individuelle des personnes et que leur mise en œuvre soit
effective et évaluée pendant la durée du contrat ou à l’issue de ce dernier.
Si l’on veut favoriser le développement de formations, autres que
celles nécessaires à l’adaptation au poste de travail, le rôle du prescripteur
dans l’élaboration d’un projet et dans le suivi des réalisations apparaît
indispensable.
III
-
Des résultats insuffisants en termes
d’insertion dans l’emploi
A - Moins de la moitié des personnes en contrat aidé
non marchand sont en emploi à l’issue de leur contrat
Afin de mesurer l’insertion professionnelle à l’issue des contrats
aidés du plan du cohésion sociale puis du CUI, la DGEFP et la Dares ont
confié à l’ASP la réalisation d’une enquête en continu auprès de
l’ensemble des personnes sorties depuis 6 mois de ces contrats. Un
questionnaire court, identique pour tous les contrats du plan de cohésion
sociale puis pour le CUI, est envoyé par voie postale par un sous-traitant
de l’ASP six mois après la fin du versement de l’aide de l’Etat associée
au contrat. Une relance systématique est effectuée un mois après le
premier envoi. L’objectif de l’enquête est de recueillir une information
régulière sur l’insertion professionnelle, six mois après la fin de l’aide de
l’Etat, ainsi que des données sur le déroulement du contrat tel que perçu
par les anciens salariés en contrats aidés (formation, accompagnement).
Les données de ces enquêtes sont exploitées annuellement par
l’ASP et la Dares : l’ASP transmet à la Dares les fichiers de données, et
des tableaux sont mis à disposition sur le système Syracuse. La Dares
procède à une analyse des résultats qui fait l’objet d’une note au cabinet
du ministre puis d’une publication détaillée
30
, après redressement des
30
Le devenir des sortants de contrats aidés en 2006, 2007 et 2008 a été analysé dans
trois publications de la Dares. La dernière porte sur les sortants de l’année 2008 :
« L’insertion professionnelle des personnes sorties de contrats aidés en 2008 : un
accès à l’emploi relativement peu affecté par la dégradation de la conjoncture », Dares
Analyses n° 78, novembre 2010
114
COUR DES COMPTES
non-réponses : l’enquête, comme toute enquête postale, souffre en effet
d’un taux de non-réponse important (53 % de non-réponse en 2008 par
exemple), ce taux important nécessitant un traitement statistique afin
d’assurer la représentativité des résultats.
Les indicateurs d’insertion six mois après la sortie du contrat aidé
alimentent par ailleurs les rapports annuels de performance (RAP) et les
programmes annuels de performance (PAP) du programme 102.
A ce jour, on ne dispose que des résultats complets des vagues
d’enquêtes sur les sortants de 2006, 2007 et 2008. L’année 2009 est en
cours d’exploitation, mais en raison d’un accident de production au
niveau de l’ASP, une partie seulement des questionnaires ont été adressés
aux sortants de 2009 : suite à des paramétrages erronés introduits par
l’ASP dans ses fichiers, seules 21 % des personnes sorties de ces contrats
aidés entre janvier et décembre 2009 ont été destinataires du
questionnaire de l’enquête. Le taux de réponse à l’enquête des personnes
effectivement enquêtées s’est par ailleurs détérioré fortement par rapport
aux années précédentes : 32 % pour les sortants de 2009, soit 15 points de
moins que pour les sortants de 2007 et 2008. Au final, le taux de
couverture effectif des personnes ayant répondu à l’enquête, rapporté au
nombre de sortants, n’est que de 7 % en 2009 contre 47 % en 2008.
Compte tenu de cet aléa de production, la Dares a indiqué
qu’elle ne procéderait pas à la publication des résultats pour les
sortants de l’année 2009
. Une note a toutefois été adressée au cabinet du
ministre pour fournir quelques résultats sur l’insertion professionnelle des
sortants de contrats aidés, après redressements statistiques sur les seuls
sortants « à terme » des contrats aidés. Sous ces réserves, les résultats de
l’enquête sur les sortants de 2009 confirment les grandes tendances
observées dans le passé sur les sortants des années précédentes
: le CIE
reste le contrat à l’issue duquel le taux d’insertion à 6 mois dans
l’emploi est le plus élevé
(cf. Tableau n° 20). Les sortants de contrats
aidés du secteur marchand (CIE et CI-RMA) s’insèrent mieux que les
personnes sortant des contrats du secteur non marchand (CAE et CAV). Il
en est de même pour l’insertion dans un emploi « durable » (CDI, CDD
de plus de 6 mois).
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
115
Tableau n° 20 : Taux d’insertion à 6 mois des sortants de contrats aidés
Taux d'insertion
dans l'emploi
Taux d'insertion
dans l'emploi durable
2009
2008
2009
2008
2008
2008
CIE
76,1
82,7
70,6
76,6
74,0
65,4
CI-RMA
69,0
nd
61,4
nd
58,1
48,6
CAE
46,6
45,2
31,7
31,0
46,6
32,3
CAV
27,2
26,9
15,9
15,4
30,8
18,7
Source : données ASP, traitements Dares
Sortants (indicateur PAP et RAP)
Taux d'insertion
dans l'emploi
Taux d'insertion
dans l'emploi durable
Sortants "à terme" (à la fin du contrat)
La Dares note par ailleurs pour le CIE une très forte augmentation
de sortants précoces du CIE en 2009 (40 % contre 23 % en 2008),
attribuée principalement à des effets de structure : le poids des jeunes, qui
ont structurellement plus de chances de sortir précocement de ces
contrats, a en effet augmenté sensiblement en 2009.
L’effet des sorties précoces joue de façon contrastée sur les taux
d’insertion dans l’emploi : pour le secteur marchand, sortir d’un contrat
aidé de façon précoce conduit à une moindre insertion au bout de 6 mois,
la sortie étant de fait un signe d’échec ; s’agissant du secteur non
marchand, la sortie précoce du contrat aidé est plus souvent motivée par
l’obtention d’un autre emploi, et est donc favorable à l’insertion. Le fait
de se limiter au champ des sortants à terme conduit donc à amplifier les
écarts habituellement observés entre secteur marchand et non marchand.
La comparaison des taux d’insertion en emploi par rapport à 2008,
à champ identique (en se limitant aux sortants à terme), ne fait pas
apparaître d’évolution majeure, à l’exception des sortants d’un CIE : les
taux d’insertion en emploi des sortants à terme de CIE passe de 83 % en
2008 à 76 % en 2009. Cette dégradation est à relier à la très forte
augmentation de la proportion de personnes en CDD (29 % en 2009
contre 13 % en 2008) : logiquement, les salariés recrutés sous CIE à
durée indéterminée sont plus souvent maintenus en emploi chez le même
employeur à l’issue de leur contrat. Selon la Dares, l’augmentation de la
part des CDD expliquerait les deux tiers de la baisse du taux d’insertion
en CIE. Le tiers restant de la baisse du taux d’insertion pourrait
s’expliquer par la forte dégradation conjoncturelle du marché du travail
ou d’autres modifications du profil des salariés concernés.
Tout en notant l’intérêt de disposer d’un indicateur global
mesurant les résultats en termes d’insertion professionnelle, la Cour
souligne la nécessité de bien en analyser les évolutions en tenant compte
d’éventuelles déformations de structure.
Cet indicateur de taux
116
COUR DES COMPTES
d’insertion est notamment utilisé dans les documents budgétaires
(PAP et RAP). Afin d’éviter des erreurs d’interprétation, il
conviendrait d’analyser l’évolution de cet indicateur sur différentes
populations (selon l’âge notamment).
La comparaison entre les deux secteurs, marchand et non
marchand, doit aussi être relativisée, en raison des effets de structure
sous-jacents : les populations accédant à un contrat aidé marchand ne sont
pas comparables à celles qui accèdent à un contrat aidé non marchand,
souvent plus éloignées de l’emploi.
A cet égard, il pourrait être utile de réfléchir à un indicateur élargi,
prenant en compte, outre l’accès à l’emploi, d’autres issues positives
comme le passage d’un contrat aidé du secteur non marchand vers un
contrat aidé du secteur marchand ou l’accès à une formation qualifiante.
B - Des contrats aidés dont l’impact positif en termes
d’insertion dans l’emploi n’apparaît que dans le secteur
marchand
L’importance des contrats aidés dans les politiques d’emploi en
France a conduit la Dares à lancer à partir du début des années 1990 des
panels ayant vocation à évaluer les effets des politiques d’emploi. La
question posée dans le cadre de cette démarche est celle de l’effet du
passage par un dispositif de politique d’emploi : que seraient devenues les
personnes ayant bénéficié d‘un dispositif de politique de l’emploi si elles
n’y étaient pas passées, comment les résultats obtenus en termes
d’insertion professionnelle, de salaire ou d’employabilité, voire de niveau
de vie, se comparent-ils à la situation qu’auraient occupée ces personnes,
si elles n’étaient pas passées par le dispositif ?
Il existe de nombreuses méthodes statistiques traitant ces
questions
31
, par la comparaison du groupe « traité » (passé par le
dispositif) avec un groupe comparable dit « témoin » (qui n’est pas passé
par le dispositif). Au cœur de la démarche d’évaluation, on trouve la
question récurrente des biais de sélectivité : les individus passant par le
dispositif mettent en œuvre un choix individuel pouvant dépendre de
leurs caractéristiques et donc influer sur leur devenir, indépendamment de
l’effet propre de la politique. Si l’on ne tient pas compte de ces effets de
sélectivité, on peut imputer aux politiques menées l’effet de ces choix
individuels et ainsi biaiser les évaluations.
31
Cf. par exemple T. Brodaty, B. Crepon, D. Fougère, « Les méthodes micro-
économétriques d’évaluation et leurs applications aux politiques actives d’emploi »,
Economie et prévision n° 177 (2007).
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
117
La Dares avait lancé en 2002 un panel sur différents programmes
d’insertion sur le marché du travail et de la formation professionnelle (dit
« Panel 2000 ») : d’anciens bénéficiaires d’une dizaine de dispositifs
(entrés dans les dispositifs principalement en 1997, 1998 et jusqu’à la mi-
1999, tous en principe sortis fin 1999) ont été interrogés en 2002 puis en
2003. Il s’agissait donc d’une cohorte de sortants des dispositifs à un
moment donné.
La Dares a lancé un nouveau panel, dit « Panel 2008 », toujours
dans une logique de cohorte, mais cette fois, à la suite des
recommandations d’un groupe d’experts du Centre de recherches en
économie et statistiques (Crest), la cohorte a été définie en fonction de la
date d’inscription à l’ANPE : les bénéficiaires de la politique et les
témoins potentiels ont tous en commun de s’être inscrits à l’ANPE au
2
ème
trimestre 2005. Ils ont été échantillonnés dans le fichier historique
des demandeurs d’emploi de l’ANPE, apparié au fichier administratif des
conventions individuelles d’embauches en contrat aidé (ASP). Les
bénéficiaires de contrats aidés ont été recrutés entre le 2
ème
trimestre 2005
et le 2
ème
trimestre 2007 (sur l’un des contrats du Plan de cohésion
sociale), au contraire des témoins potentiels, non entrés en contrats aidés
durant cette période. Le questionnaire de l’enquête a été conçu pour
recueillir un maximum d’informations utiles permettant d’apparier au
mieux
bénéficiaires et témoins
32
, afin de limiter les biais de sélectivité.
Les données recueillies ont été obtenues soit à partir des fichiers
administratifs, soit au moment de l’enquête. Elles portent notamment sur
les variables susceptibles d’influer simultanément sur l’entrée en contrat
aidé et sur l’insertion professionnelle : environnement familial, état de
santé, conditions de vie, opinions sur les atouts en termes d’emploi
(formation, etc.), concessions que les personnes sont prêtes à faire pour
occuper un emploi ou difficultés rencontrées (mobilité géographique par
exemple).
32
La méthode par appariement ou « matching » permet de reconstituer les conditions
des méthodes expérimentales. Elle repose sur l’élaboration d’un « score de
propension », qui mesure la probabilité d’accéder au dispositif évalué pour tous les
individus, qu’ils en soient ou non bénéficiaires. Si ce score est bien construit, il joue le
rôle du tirage au sort dans les expériences contrôlées : plus précisément, il rend les
caractéristiques observables des individus, tout au moins celles qui sont censées agir
sur l’accès au dispositif, indépendantes du résultat du passage par le dispositif. Ce
score permet donc de rendre semblables le groupe de traitement et le groupe de
contrôle du point de vue des variables agissant sur la probabilité d’accès au dispositif.
L’effet causal du traitement peut alors être obtenu en mesurant les différences de
résultats sur chacun des groupes, pour différents critères de résultats en termes de taux
d’accès à l’emploi, d’employabilité, de niveau de salaire, etc.
118
COUR DES COMPTES
Les résultats de cette enquête sont encore exploratoires à ce jour.
Un
premier
document
de
travail
à
vocation
essentiellement
méthodologique
a été communiqué à la Cour : il est centré sur la
présentation des techniques d’appariement permettant de constituer une
population témoin qualitativement comparable à la population passée en
contrat aidé.
De premiers résultats sont également présentés, sur l’insertion
professionnelle des personnes fin 2009-début 2010, soit cinq ans après
leur inscription à l’ANPE.
Pour les personnes passées en CAE entre
2005
et
2007,
l’effet
moyen
du
traitement
n’apparait
pas
significativement différent de 0
:
les personnes ayant connu un CAE
ont une probabilité d’occuper un emploi début 2010 statistiquement
égale aux personnes témoin qui n’ont pas été en contrat aidé. L’effet
pour les CIE est très différent : le passage par un CIE augmente
significativement la probabilité d’être en emploi fin 2009 (de
+7 points).
Cet effet nul des contrats aidés du secteur non marchand, s’il
est confirmé, pourrait tenir à différents facteurs : un effet de
stigmatisation des personnes concernées à l’issue de ces contrats, un effet
de « cantonnement » dans ces dispositifs, qui retarderait la confrontation
des intéressés au marché du travail réel et pourrait de ce fait les pénaliser.
Pour les deux contrats, CIE et CAE, la durée du contrat aidé a
un effet positif sur l’insertion professionnelle
. Ainsi pour les CAE,
l’impact sur le taux d’accès à l’emploi est négatif si la durée du contrat
est inférieure à un an, mais devient positif lorsque celui-ci dépasse un an.
Dans le cas du CIE, la durée du contrat joue également positivement sur
le taux d’insertion en 2009 : pour un effet moyen de +7 points du CIE, un
CIE de plus d’un an augmente de 10 points le taux d’insertion en emploi,
alors qu’un CIE court, ayant duré moins de 6 mois, garde un effet positif
mais de +2 points seulement. L’allongement de la durée du contrat
permettrait ainsi à son bénéficiaire d’acquérir davantage d’expérience et
de compétences valorisables sur le marché du travail, notamment pour les
CIE.
Le délai entre l’inscription à l’ANPE et l’entrée en contrat aidé
joue quant à lui négativement sur l’insertion professionnelle
: pour un
effet moyen du passage en CAE globalement négatif (-1,9 point), l’effet
serait nul si l’entrée en contrat aidé se fait dans les 6 premiers mois de
l’inscription à l’ANPE et deviendrait négatif ensuite : -3 points pour une
ancienneté d’inscription à l’ANPE comprise entre 6 et 12 mois, - 5 points
au-delà d’un an. Le CAE ne serait ainsi pas à même d’améliorer le taux
d’accès à l’emploi s’il intervient trop tardivement dans le parcours,
l’allongement de la période de chômage pouvant augmenter les freins à la
reprise d’une activité (perte de capital humain, découragement, etc.). En
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
119
revanche, pour les personnes recrutées en CIE, le délai entre l’inscription
à l’ANPE et le début du contrat aidé aurait un effet opposé, les
hypothèses avancées pour expliquer cette différence (effet de sélection,
manque de recul) semblant cependant encore provisoires.
L’impact de la dimension « qualitative » des contrats aidés,
approchée par le fait d’avoir bénéficié d’une formation pendant la
durée du traitement, ressort positivement.
L’impact d’un CIE avec
formation augmente de +13 points la probabilité d’occuper un emploi fin
2009, contre +7 points pour un CIE avec ou sans formation. Pour le CAE,
l’effet est moindre mais reste positif : alors que l’effet général d’un CAE
sur le taux d’insertion en emploi est négatif (-1,9 point), le fait de
bénéficier d’un CAE avec formation ramènerait à zéro l’effet du
dispositif. S’agissant de l’accompagnement, les effets estimés pour le
CAE sont à ce stade négatifs, traduisant le fait que l’accompagnement
s’adresse davantage aux personnes les plus éloignées de l’emploi. Les
effets de l’accompagnement seraient positifs pour le CIE.
120
COUR DES COMPTES
Ces résultats, encore provisoires, sont conformes aux conclusions
de différentes études sur l’efficacité des contrats aidés ayant précédé ceux
du plan de cohésion sociale
33
. Alors que les dispositifs évalués ont pu
différer selon les générations de contrats aidés (ancien CIE, CES, Sife
pour le 1
er
panel ; CIE et CAE pour le second panel), les résultats obtenus
convergent sur deux points :
0
les contrats aidés du secteur marchand sont plus souvent un
tremplin vers l’emploi stable que les contrats aidés du secteur
non marchand dont l’efficacité n’est pas avérée ;
0
les contrats aidés de courte durée, qu’ils prennent place dans le
secteur marchand ou non marchand, ne facilitent pas l’accès à
l’emploi stable ;
0
le rôle de la formation et de l’accompagnement, au sein du
dispositif de contrat aidé, est favorable à une issue positive.
Certes on ne dispose pas encore de résultats d’études évaluatives
comparatives sur le contrat unique, et sur ses déclinaisons dans le secteur
marchand et le secteur non marchand. Cependant les conditions de mise
en œuvre de ces contrats depuis leur entrée en vigueur ne permettent pas
d’augurer de changement fondamental dans les résultats obtenus.
Les conclusions qui peuvent être tirées de ces travaux en termes de
politique d’emploi peuvent cependant être nuancées.
Comme le souligne D. Fougère (Crest) dans son commentaire de
l’article d’Economie et statistique n° 408-409 : « l’écart moyen de
résultat entre les individus des deux groupes (traités et témoin) représente
l’effet causal du dispositif, mais en cet endroit une précaution s’impose :
cet effet causal ne peut être interprété comme la différence de résultat
entre la situation où le dispositif évalué n’est pas mis en place, contexte
dans lequel personne ne peux accéder à ce dispositif, et la situation où,
une fois ce dispositif introduit, certains en bénéficient d’autre non ».
D. Fougère souligne également la nécessité de mieux distinguer les
différents dispositifs et leur enchaînement au sein de trajectoires
individuelles. « Il est à craindre que la mesure de l’efficacité des contrats
aidés du secteur non marchand souffre d’une approche de court terme, qui
ignore
des
enchainements
longs
mais
au
total
bénéfiques,
qui
permettraient par exemple à certains salariés très peu qualifiés d’accéder
33
Cf. par exemple l’article de K. Even et T. Klein « Les contrats et stages aidés : un
profit à moyen terme pour les participants ? Les exemples du CIE, du CES et du
Sife. », Economie et statistique n° 408-409, 2007.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
121
à des emplois aidés du secteur marchand après avoir été initialement
employés dans des emplois aidés du secteur non marchand ».
V. Henrard et C. Nouveau
34
, également discutants du même article
d’Economie et statistique, soulignent le risque d’une interprétation hâtive
de la comparaison des résultats obtenus entre les contrats aidés du secteur
marchand et ceux du secteur non marchand : « Ces résultats sont souvent
interprétés dans un sens favorable aux emplois aidés marchands, et
défavorables aux emplois aidés non marchands les premiers accroîtraient
l’employabilité des travailleurs, au contraire des seconds, qui pourraient
même avoir un effet pervers de stigmatisation et d’enfermement des
bénéficiaires dans l’emploi aidé ». Deux arguments sont avancés.
D’abord, le taux de retour à l’emploi non aidé pourrait ne pas être un
indicateur pertinent de l’efficacité des contrats aidés du secteur non
marchand. En effet, il existe de grandes différences entre les bénéficiaires
d’un CIE et ceux d’un contrat aidé non marchand, les seconds ayant des
caractéristiques beaucoup plus éloignées de l’emploi que les premiers. Il
n’est donc pas certain que le même traitement (l’emploi aidé marchand)
aurait sur eux les mêmes effets compte tenu de leurs caractéristiques
initiales. Cette remarque rejoint ainsi celle de D. Fougère sur la question
de l’évaluation des parcours longs, un indicateur peut-être plus pertinent
dans ce cadre pouvant être l’accès, non pas à l’emploi durable, mais à un
résultat plus large, qui recouvrirait plusieurs issues favorables : accès à
l’emploi durable, accès à une formation qualifiante ou accès à un contrat
aidé du secteur marchand35.
Au vu des premiers résultats, qui restent à confirmer, l’impact des
contrats aidés du secteur non marchand apparaît négatif et remettrait en
cause l’usage des contrats aidés dans ce secteur, si l’on s’en tient au seul
critère de retour à l’emploi. Il conviendrait cependant de poursuivre les
travaux d’étude,
d’une part pour confirmer cet effet et, d’autre part, le
34
Appartenant à la DGTPE, mais n’exprimant pas de position institutionnelle.
35
Une seconde question est soulevée par les deux discutants : pour les CIE, le gain
d’employabilité que le contrat permettrait est souvent mis en avant et expliquerait
pourquoi, à l’issue de l’aide, la personne reste en emploi. Cependant une seconde
explication possible à l’emploi plus élevé dans les mois et années qui suivent la fin de
l’aide pourrait résider dans l’importance des coûts de rotation de la main d’oeuvre,
l’employeur marchand préférant maintenir la personne recrutée puis formée dans la
relation d’emploi inaugurée par le contrat aidé. Cet effet est à rapprocher de la
principale motivation de l’employeur dans le recrutement de contrats aidés : ceux-ci
visent à pourvoir des postes qui répondent à des besoins de l’employeur, qui auraient
en grande partie été pourvus même en l’absence de toute aide. Ce commentaire,
comme d’ailleurs ceux de D. Fougère, conduit à recommander d’accorder une plus
grande vigilance aux motivations des employeurs recrutant des contrats aidés plutôt
que d’autres formes d’emploi (contrats en alternance, CDD notamment).
122
COUR DES COMPTES
cas échéant, pour évaluer si
d’autres critères de « résultats » des contrats
aidés que le seul taux de retour à l’emploi peuvent être pertinents, comme
l’amélioration de l’employabilité, le niveau de vie, voire le bien-être des
personnes, ainsi que le préconisent les travaux mentionnés ci-dessus.
Il conviendrait aussi d’identifier dans les modalités de mise en
œuvre des contrats aidés les facteurs favorables à un « résultat » positif.
Les résultats sur l’impact de l’accompagnement et de la formation sont
intéressants et devraient être approfondis. Compte tenu de la multiplicité
des logiques d’usage des contrats aidés notamment au sein du secteur non
marchand
(cf. infra),
il serait utile de disposer de résultats détaillés par
type d’employeurs.
IV
-
Un effet net marginal sur l’évolution de
l’emploi
A - Des effets d’aubaine importants
Les contrats aidés sont souvent utilisés à des fins contra-cycliques,
pour lutter à court terme contre la montée du chômage, mais une
embauche en contrat aidé n’équivaut pas à un nouvel emploi créé. Des
effets d’
aubaine
, de
profil
(l’aide associée au contrat influe sur le profil
de la personne embauchée, modifiant l’ordre de la file d’attente) ou d
e
substitution
viennent diminuer l’effet des contrats aidés sur l’emploi et
entraînent une perte de rendement de la mesure. Dans le secteur
marchand, mais aussi dans le secteur non marchand, une partie des
emplois exercés dans le cadre de ce dispositif d’aide auraient été pourvus
même si celui-ci n’avait pas existé. L’ampleur des effets d’aubaine, de
profil ou de substitution peut en outre différer d’un contrat à l’autre.
Deux approches peuvent être retenues pour estimer ces effets
d’aubaine. La première se fonde sur le lien entre emploi et coût du travail
et s’appuie sur des modèles économétriques de demande de travail : les
effets sur l’emploi d’un contrat aidé dépendent alors de la baisse du coût
du travail associée à ce contrat et de l’élasticité de la demande de travail
par rapport à ce coût. Dans la seconde approche, les effets sur l’emploi
des contrats aidés sont appréciés par des enquêtes menées auprès des
employeurs de contrats aidés. La Dares a réalisé une telle enquête en
2007 sur les employeurs du secteur marchand ou non marchand
36
.
36
Deux enquêtes avaient été réalisées auparavant pour les contrats aidés du secteur
marchand en 1998 et 2000.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
123
Les deux approches présentent des avantages et des inconvénients.
L’enquête auprès des employeurs, déclarative, est souvent réalisée
postérieurement à la date d’embauche et les employeurs peuvent donc
avoir des difficultés à se replacer dans le contexte de l’embauche au
moment où ils sont interrogés ; enfin, leurs réponses semblent très
sensibles à la formulation des questions. Pour l’estimation régulière des
effets emploi (et chômage), la Dares privilégie la première méthode,
fondée sur l’approche macroéconomique d’élasticité de la demande de
travail. Cette méthode présente l’avantage de pouvoir prendre en compte
une évolution du coût du travail, à la hausse ou à la baisse : dans le cas
des contrats aidés, la baisse du coût du travail est en effet susceptible de
varier dans le temps, en fonction de l’évolution des paramètres de prise en
charge.
B - Des créations d’emploi presque entièrement
compensées par les sorties résultant de l’arrivée à
expiration des contrats aidés précédents
Les estimations qui découlent de ces modèles mesurent les effets
directs immédiats des politiques sur le marché du travail. Elles permettent
de prévoir l’incidence sur le marché du travail d’une décision de
réduction (ou d’augmentation) des crédits alloués à un dispositif de
politique de l’emploi. Ces estimations empiriques ne sont cependant
valides que dans le court terme et ne prennent pas en compte d’éventuels
ajustements structurels
37
.
Les estimations retenues par la Dares sont les suivantes
(cf. encadré et Tableaux n°
s
21 et 22).
Dans le secteur non marchand,
la baisse du coût du travail induite
par le CUI-CAE est de -86 % en moyenne en 2010. L’effet emploi
associé s’établit donc à 86 % (l’élasticité de la demande de travail est en
effet égale à 1, si on retient l’hypothèse que l’emploi dans le secteur non
marchand est régi par une contrainte de masse salariale). La diminution
du chômage associée à cette création d’emploi s’élève à 80 % du nombre
37
Il n’existe pas d’évaluation de long terme de l’effet des emplois aidés. Ces
évaluations de long terme nécessiteraient de modéliser des effets plus
structurels, à savoir : - les conséquences de ces dispositifs sur le marché du
travail, en termes d’ajustements des salaires, de taux d’activité, etc. ; - leurs
effets sur le capital humain, notamment la modification de la capacité
d’insertion des bénéficiaires sur le marché du travail ; - l’impact de leur
financement sur l’économie.
124
COUR DES COMPTES
d’emplois créés, certains inactifs étant ainsi encouragés à revenir sur le
marché du travail.
Ainsi, le nombre de bénéficiaires de CUI-CAE ayant augmenté de
+240 000 entre décembre 2009 et décembre 2010, 206 000 emplois ont
été créés ou maintenus sur cette période. Ces créations d’emploi ont
généré une baisse du nombre de demandeurs d’emploi de 165 000 (une
fois pris en compte l’effet d’appel sur la population active). Cet effet sur
le CUI-CAE est cependant partiellement compensé par les sorties
observées sur les autres contrats aidés du secteur non marchand.
Globalement, sur l’ensemble des contrats aidés du secteur non
marchand, l’effet emploi, selon le modèle économétrique retenu par la
Dares, est estimé en 2010 à + 7000, et l’effet chômage à - 5000 (après
+ 49 000 et - 39 000 respectivement en 2009), soit une création nette de
2000 emplois.
Dans le secteur marchand
, toujours selon ce modèle, pour le CUI-
CIE, le pourcentage de réduction du coût du travail associé au CUI-CIE
est d’environ -27 % en 2010. La variation de la demande de travail
induite est de 0,27 %*0,6=16 %. En tenant compte du délai d’ajustement
des embauches des employeurs à la variation de l’enveloppe affectée au
CUI-CIE, on en déduit un effet emploi de 0,75*16 % = 12 %. Ainsi, le
nombre de bénéficiaires de CUI-CIE ayant augmenté de +59 000 entre
décembre 2009 et décembre 2010, 7 000 emplois ont été créés ou
maintenus sur cette période induisant une baisse du nombre de
demandeurs d’emploi de 6 000, une fois pris en compte l’effet d’appel sur
la population active.
Globalement, si on considère tous les contrats aidés du secteur
marchand (hors alternance), l’effet emploi est estimé à – 4000, soit
+ 3000 chômeurs supplémentaires en 2010 (après - 1000 et + 1000
respectivement en 2009).
Comme on le constate sur les séries longues, les effets nets des
contrats aidés du secteur marchand
sur l’emploi et le chômage sont
structurellement assez faibles, comparativement aux effets estimés pour
les contrats aidés du secteur non marchand dont l’amplitude est
potentiellement beaucoup plus forte.
Cet effet net est particulièrement
faible dans le secteur marchand, en raison des effets de substitution
importants avec des emplois non aidés. Dans une logique temporelle,
l’effet net sur l’emploi est par ailleurs lié aux variations de « stocks »
de contrats aidés : à un instant donné, cet effet résulte non pas du
nombre de personnes en contrat aidé, mais de la variation de ce
niveau par rapport à la période précédente.
Cette variation résulte du
nombre d’entrées dans les dispositifs mais aussi du nombre de sorties
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
125
faisant suite aux recrutements passés, ce dernier étant en général moins
connu que le premier.
Tableau n° 21 : Estimation de l’effet emploi des contrats aidés ciblés de
la politique de l’emploi (source Dares)
Milliers d'entrées
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Contrats aidés du secteur marchand (hors alternance)
-6
-10
-3
2
4
5
-4
-9
-9
-1
-
Contrat jeune en entreprise
0
0
3
3
1
0
0
1
-5
-4
Contrat de retour à l'emploi
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Contrat initiative emploi (ancien)
-6
-9
-6
-1
2
-5
-7
-3
-3
-3
-1
Contrat initiative emploi (PCS)
0
0
0
0
0
9
2
-7
0
7
-
CI-RMA (RMI)
0
0
0
0
0
1
1
0
0
-1
-
CI-RMA (ASS, API, AAH)
0
0
0
0
0
0
1
1
0
0
0
CUI-CIE
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
7
Pour mémoire : contrats aidés du sect. marchand en alternance
5
0
-1
-3
1
2
9
10
2
-5
-
Contrats aidés du secteur non marchand
-3
-19
-9
-78
-70
-8
23
-30
-49
49
7
Contrat emploi - solidarité
-35
-32
-5
-14
-11
-67
-16
0
0
0
0
Emploi consolidé
10
6
-1
-12
-16
-23
-24
-12
-1
0
0
emploi vi le
-1
-1
-1
0
0
0
0
0
0
0
0
Emploi jeune
23
8
-2
-52
-43
-26
-22
-15
-3
-2
-1
Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi
0
0
0
0
0
96
35
-13
-37
61
-14
Contrat d'avenir
0
0
0
0
0
13
51
11
-9
-9
-5
CUI-CAE
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
20
Source : France métropolitaine, Estimations Dare
4
0
9
1
1
2
6
6
s
Tableau n° 22 : Estimation de l’effet chômage des contrats aidés ciblés de
la politique de l’emploi (source Dares)
Milliers d'entrées
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Contrats aidés du secteur marchand (hors alternance)
5
8
3
-2
-3
-4
3
7
7
1
Contrat jeune en entreprise
0
0
-3
-3
-1
0
0
-1
4
3
0
Contrat de retour à l'emploi
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Contrat initiative emploi (ancien)
5
8
5
1
-2
4
6
3
2
2
Contrat initiative emploi (PCS)
0
0
0
0
0
-8
-1
6
0
-5
7
CI-RMA (RMI)
0
0
0
0
0
0
-1
0
0
1
CI-RMA (ASS, API, AAH)
0
0
0
0
0
0
-1
0
0
0
CUI-CIE
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
-
Pour mémoire : contrats aidés du sect. marchand en alternance
-4
0
1
2
-1
-2
-7
-8
-2
4
1
Contrats aidés du secteur non marchand
2
15
7
62
56
6
-19
24
40
-39
-5
Contrat emploi - solidarité
28
25
4
11
9
54
13
0
0
0
Emploi consolidé
-8
-5
1
10
13
19
19
10
1
0
0
emploi vi le
1
1
1
0
0
0
0
0
0
0
Emploi jeune
-18
-6
2
41
34
21
18
12
3
2
Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi
0
0
0
0
0
-76
-28
10
30
-49
114
Contrat d'avenir
0
0
0
0
0
-10
-40
-9
7
7
4
CUI-CAE
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
-16
Source : France métropolitaine, estimations Dares
3
0
1
1
0
6
0
0
1
5
5
126
COUR DES COMPTES
Estimation des effets emploi et chômage des politiques de contrats
aidés
Le principe pour l’évaluation des effets emploi et chômage des
contrats aidés est le suivant : on cherche d’abord à estimer un effet net sur
l’emploi, prenant en compte les effets de substitution entre embauches aidées
et embauches non aidées (les créations nettes d’emploi sont inférieures au
nombre de bénéficiaires présents) ; on calcule ensuite un effet chômage, plus
faible que l’effet net sur l’emploi, en raison d’un effet d’appel de la
population inactive. L’étude de référence en France pour ce type d’approche
est celle, ancienne, d’Ermakoff I., Tresmontant R. (1990), dont les résultats
avaient été repris dans l’ouvrage « 40 ans de politique de l’emploi » (Dares,
1996).
Effets emploi :
Les calculs s’appuient sur des « coefficients emploi » qui permettent
d’apprécier la proportion des embauches en contrats aidés qui correspondent
à des créations nettes d’emploi. En effet, une partie des embauches observées
correspond à des embauches qui auraient eu lieu même en l’absence de la
mesure et qui peuvent correspondre à :
- un effet d'aubaine : l'emploi aurait été créé sans la mesure et aurait
concerné la même personne ou une personne présentant les mêmes
caractéristiques. Si la mesure a conduit à devancer une embauche qui était
prévue, on parle d'effet d'anticipation ;
- un effet de substitution ou de « profil » : l'emploi aurait été créé mais
il aurait concerné une personne ayant des caractéristiques moins défavorables
au regard de l’emploi que celles du public visé par la mesure (à savoir, une
personne plus qualifiée, moins âgée, moins jeune, ayant plus d'expérience).
Pour les mesures
du secteur marchand
, le calcul des « coefficients
emploi » repose sur le lien entre emploi et coût du travail appréhendé à
travers des estimations économétriques de l’élasticité de la demande de
travail au coût du travail : les effets sur l’emploi d’un contrat aidé dépendent
de la baisse du coût du travail induite par les diverses aides associées à ce
contrat. Ces effets tiennent compte des spécificités des contrats et des
contraintes qui leur sont éventuellement liées en matière de formation.
Pour chaque contrat aidé, on calcule le pourcentage de baisse du coût
du travail induit par les aides (subvention, exonérations de cotisations
sociales employeurs...) associées au contrat aidé par rapport au coût du travail
associé à un contrat de droit commun à partir de la législation du coût du
travail et des caractéristiques de ce contrat aidé sur la période concernée (taux
moyen de prise en charge, durée hebdomadaire moyenne travaillée, durée
hebdomadaire prise en compte pour le calcul de l’aide, rémunération horaire
moyenne).
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
127
On applique ensuite à ce pourcentage de réduction du coût du travail
(-x %) une élasticité de la demande de travail par rapport à son coût de -0,6 :
on obtient un premier effet de 0,6*x%. On suppose par ailleurs qu’il y a un
délai entre la décision d’augmenter l’enveloppe allouée aux aides et les
embauches effectives des employeurs, ceux-ci étant supposés ajuster leur
comportement avec retard. On en déduit dès lors un coefficient emploi égal
à : 0,75*0,6*x %.
Pour les dispositifs du
secteur non marchand
, on fait l’hypothèse
que les employeurs doivent respecter une contrainte de masse salariale : le
financement restant à leur charge ampute le montant disponible pour financer
les autres emplois. Supposons que l’aide associée à un dispositif diminue le
coût du travail de 90 %, si dix personnes sont embauchées sous ce dispositif,
9 emplois supplémentaires seront créés. Le coefficient emploi est égal au
taux de réduction du coût du travail. La réduction du coût du travail pour
chacun des dispositifs du secteur non marchand est estimée comme pour les
dispositifs du secteur marchand à partir de la législation sur le coût du travail
et des caractéristiques de ces dispositifs sur la période concernée.
Au final, les effets des dispositifs sur l’emploi sont calculés en
appliquant ces coefficients emploi aux variations des effectifs de salariés en
dispositifs de politiques de l’emploi d’une année sur l’autre. Puisque le
coefficient afférent au secteur marchand s’établit à environ 0,15 en moyenne,
alors qu’il atteint près de 0,9 dans le non-marchand en 2010, soit un rapport
de 1 à 6, il faut une variation du stock six fois plus grande dans le secteur
marchand que dans le non-marchand pour exercer le même impact sur
l’emploi.
Les estimations des coefficients de
création-substitution
et les
coefficients d’
appel
utilisés dans ces chiffrages, ainsi que celle de l’
effet
retard
dans le secteur marchand apparaissent conventionnelles : elles
reposent sur des estimations d’experts, qui n’ont pas été révisées depuis les
années quatre-vingt-dix. Le seul élément de variabilité pris en compte dans
les estimations sur l’effet emploi résulte de la variation du coût du travail,
pour les différentes générations de contrats aidés.
Effets chômage :
Pour passer de l’effet sur l’emploi à l’effet sur le chômage, il faut tenir
compte de l’effet d’appel : des inactifs rejoignent la population active quand
le marché du travail s’améliore ou le quittent (effet de découragement) quand
il se dégrade. L’effet sur le nombre de demandeurs d’emploi est donc
inférieur à l’effet net sur l’emploi. Pour les dispositifs d’aide à l’embauche,
on estime qu’un emploi net supplémentaire diminue le chômage de 0,8 unité.
128
COUR DES COMPTES
V
-
La question de l’efficience des contrats aidés
La mesure de l’efficience, qui vise à mettre en regard les coûts des
mesures au regard de leur résultats, constitue un domaine sur lequel peu
de travaux ont été menés, en France comme à l’étranger. Comme le
souligne la Dares, «
Une telle mesure doit prendre en compte l’efficacité
relative des divers dispositifs aidés, en terme de reclassement des
bénéficiaires dans l’emploi notamment, et les économies que les dépenses
en contrats aidés peuvent générer en termes d’allocations chômage et de
surcroît éventuel de cotisations liés à la reprise d’emploi. En tout état de
cause, il serait également nécessaire de tenir compte des « effets de
bouclage »
induits
notamment
par
l’impact
sur
l’économie
du
financement de la dépense pour l’emploi ».
La prise en compte de ces
effets est complexe et supposerait d’importants travaux préalables en
matière de constitution de fichiers comportant toutes les informations
requises pour réaliser de telles estimations.
Des approches plus partielles, par les coûts moyens, peuvent
cependant être menées : elles sont utiles pour comparer instantanément
différents dispositifs ou pour suivre leur évolution dans le temps. La
mesure du coût des contrats aidés peut ainsi être établie à partir des
comptes de la Dares, tous financeurs confondus : pour chaque dispositif,
le coût par bénéficiaire est calculé à partir des comptes PMT (hors frais
de gestion), en rapportant la dépense globale au stock moyen de
bénéficiaires pour une année donnée.
Ce tableau, établi pour les contrats aidés antérieurs au contrat
unique d’insertion, fait ressortir le coût unitaire élevé du contrat
d’accompagnement dans l’emploi (secteur non marchand) par rapport au
contrat initiative emploi (secteur marchand) et plus encore au contrat de
professionnalisation, en raison des différences de taux de subvention.
S’agissant des contrats aidés du secteur marchand, ces coûts n’incluent
cependant pas les allègements de charges Fillon qui sont retracés, en tant
que mesure de droit commun, dans les Dépenses générales pour l’emploi.
Les allègements de charges du secteur non marchand sont par contre
inclus dans le coût moyen. Les coûts ainsi calculés sont des coûts bruts,
les économies qu’ils génèrent sur d’autres dispositifs (RSA, allocations
chômage, etc.) ne sont pas prises en compte.
DES RESULTATS DECEVANTS AU REGARD DES OBJECTIFS
AFFICHES
129
Tableau n° 23 : Coût unitaire moyen des contrats aidés et du contrat
de professionnalisation 2005-2009
(Source Dares, compte PMT, hors coûts de gestion)
en €
2005
2006
2007
2008
2009
Contrat initiative emploi (CIE-
PCS)
4 715
4 583
4 080
3 539
6 022
Contrat d'insertion - Revenu
minimum d'activité (CI-RMA)
8 416
6 896
7 063
6 302
4 980
Contrat d'avenir (CAV)
16 981
15 198
16 632
15 772
15 668
Contrat d'accompagnement dans
l'emploi (CAE)
10 876
12 517
12 227
12 913
13 694
Contrat de professionnalisation
1 248
1 564
1 820
1 637
1 363
Calcul Dares, à partir des comptes PMT
Les coûts moyens unitaires peuvent également être calculés à partir
des données de gestion de l’ASP, selon une approche de « cas-types
représentatif », en retenant les paramètres de prise en charge moyens
constatés.
Le
tableau
n°24
(source
DGEFP)
illustre
ainsi
la
décomposition des coûts dans différentes configurations d’emploi de
contrat aidé pour les embauches réalisées en 2010. Ce tableau permet de
chiffrer une année donnée le coût unitaire moyen pour la collectivité
(Etat, départements, sécurité sociale) ; il illustre également le coût restant
à la charge des employeurs.
130
COUR DES COMPTES
Ateliers et
chantiers
d'insertion
SMIC horaire brut au 1er janvier 2010
8,86€
Plus de 20
salariés
Moins de 10
salariés
Plus de 20
salariés
Moins de 10
salariés
Moins de 10
salariés
(plan Jeunes
43%
43%
91%
91%
91%
91%
105%
32
32
24
24
24
24
24
35
35
35
35
1 228,61 €
1 228,61 €
921,46 €
921,46 €
921,46 €
921,46 €
921,46 €
1 205,00 €
1 205,00 €
1 205,00 €
1 092,00 €
1 772,64 €
1 742,54 €
1 306,72 €
1 297,97 €
1 364,04 €
1 341,46 €
1 341,46 €
1 713,32 €
1 703,07 €
1 696,45 €
1 552,65 €
1 423,72 €
1 393,62 €
1 027,17 €
1 018,42 €
1 084,49 €
1 061,91 €
1 043,37 €
1 400,02 €
1 364,47 €
1 357,84 €
1 268,73 €
891,60 €
861,50 €
186,43 €
177,68 €
243,75 €
221,17 €
75,84 €
1 400,02 €
1 364,47 €
1 357,84 €
1 175,87 €
6,43 €
6,21 €
1,79 €
1,71 €
2,34 €
2,13 €
0,73 €
9,23 €
9,00 €
8,95 €
7,75 €
49,7%
50,6%
85,7%
86,3%
82,1%
83,5%
94,3%
18,3%
19,9%
20,0%
24,3%
881,04 €
881,04 €
1 120,29 €
1 120,29 €
1 120,29 €
1 120,29 €
1 265,63 €
313,30 €
338,61 €
338,61 €
376,78 €
Coûts en euros
Sources : Dares - ASP
CAE
Paramètres 2010
Moins de 26
ans
(Plan jeunes
2010**)
Contrat de
professionnalisation
CIE
Plus de 20
salariés
Moins de 10
salariés
Moins de 10
salariés
10 à 19
salariés
Plus de 20
salariés
Coût salarial employeur diminué des exo. et des aides Etat et CG
Coût horaire à la charge de l'employeur
Rémunération brute mensuelle moyenne
(référence 1SMIC pour les CUI)
Coût salarial employeur diminué des exonérations
Coût salarial employeur avec charges patronales
** Contrats de professionnalisation-Jeunes : l'aide versée dans le cadre du plan de relance en 2009 et 2010 s'établit à 1000€ lorsque le jeune embauché en contrat de
pro présente un niveau de qualification au moins égal au Bac et de 2000€ pour les niveaux de qualification inférieurs, soit environ 30 % des jeunes embauchés en
contrat de pro : il en résulte un montant moyen de 1300€. Par aileurs, on applique ici les mêmes charges patronales qui s'appliquent pour les entreprises de plus de
20 salariés par souci de simplification.
Employeurs privés
(associations)
Coût moyen mensuel
* Les paramètres moyens de prise en charge correspondent aux paramètres moyens constatés au titre des contrats prescrits au cours de l'exercice 2010, quels que
soient la taile de la structure et le type d'employeur à l'exception des contrats aidés en ACI dont le taux de prise en charge peut atteindre 105% du SMIC horaire brut.
Le taux de prise en charge des contrats aidés hors ACI est donc théoriquement inférieur à la moyenne globale tous contrats confondus indiquée.
Coût moyen mensuel de prise en charge Etat et CG
(toutes aides et exonérations comprises)
Taux de prise en charge en % du SMIC horaire brut*
Durée hebdomadaire de référence*
Employeurs publics
Taux global de prise en charge Etat
et CG
(toutes aides et exonérations comprises)
Tableau n° 24 : Coût unitaire moyen des contrats aidés et du contrat de professionnalisation en 2010
(source : DGEFP, hors coûts de gestion)
Ces approches de coûts moyens ou de coûts-types apportent des
enseignements utiles, à la fois dans la comparaison des dispositifs entre
eux et dans leur comparaison dans le temps en fonction de l’évolution des
règles de subvention.
Une autre voie permettant d’aborder la question contrats aidés sous
l’angle de l’efficience pourrait consister à analyser le niveau adéquat de
fixation des taux de subvention, de façon à en limiter les effets d’aubaine.
Dans le secteur marchand, la question peut ainsi se poser du niveau de
prise en charge permettant aux contrats aidés d’être attractifs, compte
tenu des populations éligibles et des contraintes imposées par ailleurs aux
employeurs en termes de suivi et d’accompagnement des bénéficiaires.
__________
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
________
Les évolutions observées en 2010 mettent en évidence un moindre
ciblage des contrats aidés sur les publics les plus en difficulté
(bénéficiaires de minima sociaux, faibles niveaux de diplômes et
chômeurs de longue durée).
Dans le contexte de la crise, cette mesure
n’a donc pas bénéficié à ceux qui en auraient eu le plus besoin.
Si l’on dispose de nombreuses données sur les caractéristiques des
bénéficiaires de contrats aidés à un instant donné, les durées totales en
contrat aidé ou la succession de contrats dans le temps restent
insuffisamment connus. Cette difficulté est accentuée en 2010, les
dispositifs ayant été renouvelés avec la création du CUI.
Les taux d’insertion en emploi (ou en emploi durable) six mois
après la sortie du contrat sont suivis annuellement par des enquêtes
auprès des sortants de contrats aidés. Ces données constituent les
indicateurs de performance des documents budgétaires (PAP et RAP).
Les résultats font état d’une moindre probabilité d’insertion pour les
personnes à l’issue d’un contrat aidé du secteur non marchand que pour
celles qui sortent d’un contrat aidé du secteur marchand. Cet écart tient
pour partie aux différences de structure entre les deux populations : les
personnes accédant aux contrats aidés du secteur non marchand
présentent en effet des caractéristiques plus défavorables que celles qui
accèdent à un contrat du secteur marchand.
Des études évaluatives ont été menées par la Dares afin de
mesurer de façon contrôlée l’effet des contrats aidés : l’intérêt de la
méthode utilisée consiste à simuler les conditions d’un passage par le
contrat
aidé,
pour
deux
populations
rendues
statistiquement
comparables. Les premiers résultats de cette évaluation, encore
132
COUR DES COMPTES
provisoires et sujets à révision, montrent que le passage en contrat aidé
marchand a un effet positif, alors que l’effet serait nul, voire négatif, pour
le secteur non marchand. L’effet pourrait cependant être positif dans
certaines conditions de mise en oeuvre (accompagnement, formation) qui
restent à documenter. Ces conclusions pourraient aussi être nuancées en
fonction du type d’employeur, le secteur marchand présentant une forte
hétérogénéité dans les pratiques de recrutement ou de gestion des
contrats aidés.
S’agissant de l’effet sur la création d’emploi et le chômage, ils
sont généralement estimés par une modélisation macroéconomique, pour
la création d’emploi à partir de l’élasticité de la demande de travail à
son coût, et pour la
réduction du chômage, après prise en compte d’un
« effet d’appel » sur la population inactive.
Les créations d’emploi liées
aux entrées dans les contrats aidés sont cependant contrebalancées à un
instant donné par les destructions d’emploi consécutives aux sorties des
contrats aidés précédents : au final, l’effet net sur l’emploi ou le chômage
apparaît nul si le nombre de contrats aidés (stock) est constant, l’effet
n’étant positif que si les entrées l’emportent sur les sorties.
Les études et évaluations sur les contrats aidés ont principalement
porté sur des questions d’efficacité, au regard des deux objectifs
principaux de ces dispositifs, insertion des personnes éloignées de
l’emploi et baisse
du chômage : aucun progrès n’a été constaté en
matière
d’appréciation
de
l’efficience,
notamment
quant
à
la
comparaison des contrats aidés, en termes de coûts complets, entre eux et
avec d’autres mesures de la politique de l’emploi comme les contrats en
alternance ou les dispositifs d’accompagnement des restructurations
économiques, ou en termes de fixation du niveau des paramètres de prise
en charge, en lien avec le ciblage des populations bénéficiaires, afin de
réduire les effets d’aubaine.
Recommandations du chapitre III :
12. Développer des indicateurs de résultat dans une perspective de
parcours vers l’emploi, l’indicateur de retour à l’emploi pouvant s’avérer
trop exigeant pour certaines catégories très éloignées de l’emploi ;
13. Développer dans les bilans statistiques et la prévision
budgétaire le suivi et l’analyse des effectifs en contrats aidés, en
complément du suivi des flux d’entrées ;
14. Affiner le suivi des résultats en termes de retour à l’emploi par
type d’employeur au sein du secteur non marchand (ateliers et chantiers