En juillet 1901, fut votée une loi bien connue, la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Le même mois, une autre loi, une loi du 14 juillet 1901, créa le centre de recherche scientifique. C'était le premier essai de l'État pour organiser un secteur dans lequel la France avait un retard certain. Il fallut encore une trentaine d'années pour que Jean Zay, ministre de l'éducation nationale du Front populaire, put parler d'une politique de la recherche scientifique.
Le comité d'histoire de la Cour des comptes a donc décidé d'étudier sur une période longue, 1900-2015, ce que la Cour a dit sur la recherche scientifique, ce que, aussi, des magistrats ont pu faire à titre personnel ou institutionnel dans le secteur. Et donc cet ouvrage vient d'être publié. Il est riche des contributions de 27 personnes. Il distingue trois périodes : dans la première période, 1900-1957, on voit la Cour des comptes du 19e siècle s'adapter au contrôle d'institutions nouvelles de recherche scientifique. En 1908, l'Humanité, de Jean Jaurès, consacrait sa une à un rapport sur les dépenses de la mission archéologique de Suse en Mésopotamie. Dans les années 20 et 30, la Cour batailla pour que soient redressées les dérives de l'office national des recherches scientifiques industrielles et des inventions auquel était rattaché le grand électro-aimant de l'Académie des sciences. Puis, dans les années 30, la Cour, notamment grâce à des magistrats qui animaient la commission des suites, prit part, une part importante, au débat qui ont conduit à la création en octobre 1939 du centre national de la recherche scientifique, le CNRS. Pendant la guerre et pendant la période de reconstruction, la Cour, contrôlant les comptes du CNRS proposa des réformes dans l'organisation administrative comptable du centre et insista sur le rôle de coordination que l'ordonnance du 2 novembre 1945 donnait au centre. La commission, à côté d'elle la commission portait une grande attention à la vérification des comptes du commissariat à l'énergie atomique. La deuxième période, 1958-1994, voit la Cour adapter ses méthodes aux bouleversements, on peut dire, des structures et des budgets de la recherche scientifique pendant les deux premières décennies, les premières décennies de la Ve République. À cette époque, elle contrôle la nouvelle délégation générale à la recherche scientifique et technique, la DGRST, elle contrôle bien sûr le CNRS, elle accompagne les premières années du centre national d'études spatiales, le CNES. Elle apporte une attention particulière aux associations pour le développement de la recherche qui se créent dans les années 70-80 auprès d'un certain nombre d'universités. Des magistrats, parallèlement, avaient un rôle important à la DGRST, la délégation à la recherche scientifique et technique, et aussi dans les premières années de l'Anvar où pour la mutation vers un nouveau CNRS. La période la plus récente, 1995-2015, qui est dans l'ouvrage, comprend les analyses, les interventions les plus significatives de la Cour des comptes sur le financement de la recherche, notamment le financement sur projet, sur l'efficacité du crédit d'impôt pour la recherche, sur les PRES, les pôles de recherche scientifique et universitaire et d'enseignement supérieur. L'ouvrage traite aussi du contrôle des organismes faisant appel à la générosité publique pour soutenir la recherche scientifique et des commissariats aux comptes d'organisations internationales scientifiques. En même temps, on note les rapports, les rôles de différents magistrats au ministère de la recherche, chargé de la recherche, y compris à sa tête, dans les grands instituts de recherche, dans des organismes divers soutenant la recherche, par exemple pour l'organisation du premier Sidaction et on peut, en définitive, comme le dit le président Jean Picq qui a présidé la chambre compétente de la Cour au début de la première décennie du 21e siècle « la Cour a pu aider à dessiner les contours d'une recherche française plus adaptée au surgissement d'un espace mondial et européen de la recherche. »