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Rapport thématique régional

CRC HAUTS-DE-FRANCE

La chambre régionale des comptes Hauts-de-France a publié hier son deuxième rapport thématique régional sur le changement climatique et l’action publique en Hauts-de-France, en application des dispositions de l’article L. 243-11 du code des juridictions financières.

Cette nouvelle faculté éditoriale ouverte aux chambres régionales répond à l’ambition JF 2025 de produits plus grand public et qui mettent l’accent sur les bonnes pratiques locales.

En 2023, la chambre régionale des comptes Hauts-de-France a participé à une enquête nationale sur la gestion du trait de côte avec la Cour des comptes et a parallèlement contrôlé l’Institution intercommunale des Wateringues. La chambre a décidé d’en établir la synthèse.

Comme tous les territoires côtiers, la région Hauts-de-France est confrontée aux défis posés par le changement climatique, en particulier l'élévation du niveau de la mer et ses conséquences, mais aussi la recrudescence des évènements climatiques extrêmes.

Au-delà des risques de submersion, la hausse du niveau marin contribue à l'érosion côtière et au recul du trait de côte, à l’image de la Dune d’Aval à Wissant, en retrait de 3,7 m par an. Ces phénomènes menacent les infrastructures, les habitations et les écosystèmes en bord de mer, comme en témoigne l’éboulement de 5 000 m3 de falaises intervenu dans le quartier du Bel Air à Ault en mars 2023. Concomitamment, la recrudescence des épisodes pluvieux intenses accroît aussi le risque d'inondations, non seulement le long des côtes mais aussi à l'intérieur des terres, notamment dans les zones situées en dessous du niveau de la mer, comme le polder des Wateringues, inondé à deux reprises en novembre 2023 et janvier 2024.

Carte n°1: Localisation des principaux types de littoraux du Nord et du Pas-de-Calais

Source : chambre régionale des comptes, à partir du travail d’Arnaud Héquette, « Les risques naturels littoraux dans le Nord-Pas-de-Calais », VertigO – La revue en sciences de l'environnement, octobre 2010

 

Trois grands messages ressortent de cette enquête :

1. prendre la mesure des enjeux d’adaptation au changement climatique

Pour répondre aux défis que pose cette nouvelle situation, les acteurs publics doivent s’appuyer sur les connaissances les plus actualisées des phénomènes et des risques auxquels leurs territoires font face. Cela suppose une surveillance continue des changements du niveau de la mer, des conditions météorologiques et des incidences sur les écosystèmes, de façon à disposer des données essentielles pour orienter les politiques d'adaptation à long terme.

Cette bonne connaissance des enjeux ne peut être passive : elle implique aussi que les décideurs locaux s’emparent des résultats de la recherche la plus récente. En effet, le Giec prédit désormais une augmentation accélérée du niveau de la mer pouvant atteindre près de 90 cm en 2100. Les acteurs publics doivent en tirer toutes les conséquences sur leur territoire, en identifiant les zones à risque à moyen et à long termes dans leurs documents stratégiques.

2. élaborer dès à présent une stratégie de résilience pour son territoire en associant toutes les parties prenantes

Quels que soient les moyens à la disposition des acteurs locaux, ceux-ci restent insuffisants pour faire face aux enjeux climatiques et aux coûts à assumer si la logique de maintien du trait de côte devait perdurer. Pour renforcer leur résilience et minimiser les risques pour les communautés côtières et les écosystèmes, les acteurs publics des Hauts-de-France doivent construire une stratégie intégrée associant toutes les parties prenantes concernées, tant au sein de la société civile que du monde économique, comme l’a déjà entrepris le syndicat mixte Baie de Somme – Grand Littoral Picard en traitant conjointement l’érosion et l’inondation.

Schéma n°1: élaborer une stratégie territoriale résiliente

Source : chambre régionale des comptes Hauts-de-France, à partir du Cerema

Informer et sensibiliser la population locale aux risques est essentiel. Seul un engagement résolu peut permettre la mise en œuvre des mesures de préparation et d'adaptation nécessaires. En effet, celles-ci impliquent parfois des choix politiques difficiles, à l’image de relocalisation d’habitations ou d’activités économiques menacées par les inondations ou l’avancée de la mer. La difficulté à mettre en œuvre localement une politique pérenne d’adaptation au changement climatique sur le littoral ne doit cependant pas faire oublier la responsabilité individuelle des propriétaires.

Les infrastructures critiques (ports, routes et réseaux) doivent elles aussi être mises à niveau pour résister aux effets attendus du changement climatique. De même, puisque les zones humides agissent comme des zones tampons naturelles contre les inondations, leur protection et leur restauration sont essentielles pour atténuer les effets des événements météorologiques extrêmes.

Cette démarche implique de ne plus seulement réagir aux crises, mais de les anticiper en prenant des mesures d’adaptation et d’atténuation des risques. Cela inclut une politique de construction adaptée, l'évitement des zones à haut risque et l'élaboration de plans de gestion des terres à long terme.

3. se coordonner avec les tous les acteurs impliqués et mutualiser les moyens à la meilleure échelle

Une stratégie de résilience du territoire fait intervenir de nombreux acteurs locaux, publics et privés. Or, leur champ d’action est mal défini et épars, ce qui les empêche d’agir et d’anticiper les risques, comme cela s’est vérifié pour les Wateringues. Les risques liés aux inondations, qu’il s’agisse de submersion et d’évacuation des eaux, nécessitent en effet une vision intégrée et prospective, qui pourrait conduire à confier à un opérateur unique cette compétence aujourd’hui morcelée. La gestion de l’érosion du littoral, notion non définie juridiquement, est, pour sa part, indissociable dans les faits de la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations dont sont chargées les intercommunalités.

La réussite des politiques d’adaptation suppose donc une collaboration renforcée entre l’État et les acteurs locaux (communes, intercommunalités et syndicats mixtes).

Chiffres clés

Source : chambre régionale des comptes Hauts-de-France, d’après les chiffres du Cerema, du Réseau National des Observatoires du Trait de Côte et des Chiffres clés des risques naturels 2023.