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RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS,
ORGANISMES ET PERSONNES CONCERNÉS
L’AMÉNAGEMENT DU
LITTORAL
MÉDITERRANÉEN
FACE AUX RISQUES
LIÉS À LA MER ET
AUX INONDATIONS
Rapport public thématique
Janvier 2025
L’aménagement du littoral méditerranéen face aux risques liés à la mer et aux inondations - janvier 2025
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Réponses des
administrations,
organismes et personnes concernés
Réponses reçues
à la date de la publication (24 janvier 2025)
Réponse du ministre de l’intérieur
..............................................................
4
Réponse de la ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat
et de la prévention des risques
....................................................................
5
Réponse de la présidente du conseil régional d’Occitanie
..........................
8
Réponse reçue après la date de publication
Réponse commune du ministre de l’économie,
des finances et de la
souveraineté industrielle
et numérique et de la ministre auprès du ministre de
l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique,
chargée des comptes publics
..........................................................................
10
Destinataires n’ayant pas répondu
Madame la ministre du partenariat avec les territoires
et de la décentralisation
Monsieur le président de la collectivité territoriale de Corse
Monsieur le président du conseil régional de Provence-Alpes-
Côte d’Azur
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RÉPONSE DU MINISTRE
DE L’INTÉRIEUR
Vous m'aviez adressé le rapport public thématique intitulé
« L'aménagement du littoral méditerranéen face aux risques liés à la mer
et aux inondations ».
Je souhaite tout d'abord saluer l'initiative de la Cour des comptes
d'aborder un sujet complexe. Après avoir fait le constat de l'insuffisance
dans la connaissance des risques liés aux inondations et à l'érosion côtière
et de leurs impacts financiers, la Cour appelle à une évolution de la
politique d'aménagement du littoral et de son financement.
Je souhaite apporter des précisions concernant l'information de la
population.
S'agissant du paragraphe relatif à : « B - Une information sur les
risques qui devient plus précise mais reste dispersée », je relève que le
Gouvernement a instauré, en 2022, la journée nationale de la résilience
(JNR), afin que chaque citoyen connaisse les bons comportements à
adopter en cas de réalisation d'un risque majeur (inondation, feu de forêt,
cyclone, risque industriel, etc.) et devienne ainsi le premier acteur de sa
sécurité. Cette journée permet de sensibiliser la population à l'adaptation
au changement climatique et à ses conséquences pour la vie, les biens et
l'environnement. Cela concerne particulièrement les populations vivant
près du littoral.
Chaque année, un nouvel appel à projets est lancé pour organiser
des actions de sensibilisation sur les risques naturels et technologiques, à
destination de l'ensemble de la population. Une cartographie est
accessible au grand public afin de connaître les évènements proposés à
proximité. Depuis la première édition de la JNR, le nombre d'actions de
sensibilisation labellisées est en forte progression, passant de près de
2 000 en 2022 à plus de 10 000 en 2024.
Le Gouvernement a, par ailleurs, édité le plan individuel de mise en
sûreté (PIMS), un document synthétique qui vise à faciliter la préparation
aux crises de la population. Ce guide aide les citoyens à identifier les
risques autour de chez eux notamment près du littoral, à organiser leur
autonomie durant cette phase critique, et à se protéger eux-mêmes mais
aussi leurs proches en situation d'urgence. Le PIMS se compose de
plusieurs étapes : je m'informe (sur les risques qui m'entourent), je me
prépare (constituer son kit d'urgence) et j'agis (en cas d'aléa ou d'alerte),
que l'usager doit remplir au fur et à mesure.
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RÉPONSE DE LA MINISTRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE,
DE L’ÉNERGIE, DU CLI
MAT ET DE LA PRÉVENTION
DES RISQUES
Vous avez bien voulu nous transmettre le rapport public thématique
intitulé « L'aménagement du littoral méditerranéen face aux risques liés à
la mer et aux inondations ».
Nous souhaitons saluer l'initiative de la Cour des comptes d'avoir
abordé un sujet sensible et complexe, et la remercions pour les sept
recommandations proposées.
Sur la base d'un constat d'insuffisance dans la connaissance des
risques liés aux inondations et à l'érosion côtière et de leurs impacts
financiers, la Cour des comptes appelle à une évolution de la politique
d'aménagement du littoral et de son financement et adresse dans ce cadre
des recommandations tant à l'État qu’aux collectivités territoriales,
notamment au regard de leurs compétences en matière d'urbanisme et de
gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations
(GEMAPI).
Ces recommandations appellent un accord de principe au regard de
leurs objectifs. Il s'agit d'une part d'améliorer l'évaluation des risques
auxquels les territoires sont soumis dans le cadre notamment des
documents de planification tel que le plan local d'urbanisme ou
l'élaboration d'une stratégie locale du trait de côte dans les zones littorales
les plus menacées, Il s'agit d'autre part de mobiliser des ressources
financières permettant de faire face aux besoins de prévention et
d'aménagement.
Toutefois, la mise en œuvre de ces objectifs ne paraît pas devoir
passer nécessairement par des mesures contraignantes.
Nous avons ainsi à cœur de rappeler un des principes structurants
de la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets, qui doit selon nous être
maintenu : le principe de volontariat des collectivités territoriales à
s'engager dans des démarches de connaissance, de planification et de
recomposition spatiale,
Nous souhaitons également rappeler l'action de l'État en termes
d'accompagnement et de soutien aux collectivités, que ce soit sur les sujets
de renforcement de la connaissance, d'ingénierie, de financement et plus
généralement d'appui à la recomposition spatiale à la bonne échelle
territoriale.
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Poursuivre cet accompagnement ainsi que les travaux sur le modèle
économique lié à la recomposition des territoires est un engagement de nos
ministères qui se poursuivra dans les prochaines années. C'est en ce sens
que la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) va
être bientôt révisée.
Au-delà
de
ces
considérations
générales,
certaines
des
recommandations formulées appellent des observations de notre part.
S'agissant de la recommandation 1 « Renforcer l'information
préalable obligatoire à l'attention de l'acquéreur d'un bien immobilier par
l'indication que celui-ci est susceptible, en raison du risque naturel auquel
il est exposé, d'une diminution voire d'une perte totale de valeur » : il est
essentiel de favoriser la prise de conscience des habitants compte tenu de
l'enjeu d'anticiper le phénomène naturel de recul du trait de côte. En ce
sens, il est important de transmettre au citoyen des informations sur le
phénomène et son impact sur ses biens. Telle que prévue à ce stade,
l'information acquéreur locataire (IAL) inclut uniquement la mention de
l'exposition d'un bien au recul du trait de côte, et est obligatoire lorsque le
bien figure dans les zones exposées et identifiées par les cartographies
communales prévues par le code de l'urbanisme. Cette information devrait
progressivement conduire à une diminution de la valeur du bien. Mais
comme le relève bien le rapport, il est trop tôt pour apprécier l'efficacité
de l'IAL et son impact sur le marché immobilier du littoral. Dans quelques
années, l'évaluation de cette action permettra de juger de l'opportunité de
renforcer les informations sur la valeur du bien (mention générique ou
quantifiée). Rendre cette mention obligatoire dès aujourd'hui semble donc
prématuré.
S'agissant de la recommandation 2 « Compléter la connaissance
cartographique de la vulnérabilité physique d'un territoire par une
dimension financière projetant les coûts de destruction, d'interruption, de
retour à la normale des activités et de reconstruction », nous souhaitons
rappeler que la réalisation des cartes locales d'exposition doit permettre
de connaître l'horizon temporel d'exposition aux biens mais n'a pas
vocation à intégrer directement une dimension financière incluant les coûts
de destruction, d'interruption des activités et de remise en état, Les
stratégies locales de gestion intégrée du trait de côte (SLGITC), qui seront
élaborées sur la base des connaissances apportées par les cartes locales,
auront en revanche vocation à inclure ces analyses financières en
intégrant des diagnostics socio-économiques afin de définir les options de
gestion et prévoir des actions d'adaptation à court, moyen et long termes,
évaluées sur le fondement d'analyses coûts - bénéfices ou multicritères. Les
évaluations financières conduites devront s'intéresser à l'évaluation de la
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valeur des biens menacés, mais aussi à celle des activités économiques et
culturelles et des infrastructures publiques. Les coûts de l'inaction face à
la nécessaire adaptation au recul du trait de côte et au changement
climatique sont également des paramètres pertinents à prendre en compte.
S'agissant de la recommandation 3 « Supprimer pour les
communes-membres
des
établissements
publics
de
coopération
intercommunale des zones littorales préalablement identifiées comme
menacées de s'opposer au transfert à l'intercommunalité de la compétence
en matière de plan local d'urbanisme (PLU)
nous tenons à rappeler que
la loi du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové
(ALUR) prévoit ce transfert aux communautés de communes et aux
communautés d'agglomération, tout en ouvrant la possibilité pour les
communes de
s’y opposer sous certaines conditions. Le dispositif existant
apparaît équilibré en mettant l'accent sur l'adhésion des élus locaux dans
l'exercice de la compétence PLU à l'échelon intercommunal, Le
Gouvernement souhaite encourager un dialogue d'initiative locale,
notamment au sein des communautés de communes et d'agglomération
dans lesquelles le transfert de compétence n'a pas encore eu lieu, afin
d'identifier les points de blocage et permettre in fine de créer les conditions
de ce transfert, dont les atouts sont régulièrement valorisés. Ce transfert
doit se faire progressivement et le Gouvernement ne souhaite pas à ce stade
s'engager dans une réforme par la voie législative visant à l'imposer aux
communes.
S'agissant de la recommandation 4 « Rendre obligatoire
l'élaboration d'une SLGITC dans les zones littorales les plus menacées
nous tenons à rappeler là encore le principe de volontariat pour les
collectivités territoriales. Pour les communes inscrites au décret-liste,
l'élaboration des SLGITC pourra faire l'objet d'un conventionnement avec
l'État. Nos services misent dans un premier temps sur l'accompagnement
du déploiement de ces stratégies afin d'appuyer la mise en place de
démarches d'adaptation volontaires et ambitieuses, plutôt que sur une
obligation.
S'agissant de la recommandation 5 visant à généraliser les projets
partenariaux d'aménagement (PPA) associant les communes littorales et
leur arrière-pays, nous y sommes favorables en tenant compte du principe
d'engagement volontaire des communes concernées. Nous souhaitons en
effet rappeler que le PPA demeure une démarche volontaire d'une
collectivité qui souhaite s'engager dans un projet d'aménagement
d’ampleur en partenariat avec l'État et d'autres partenaires. L'État, aussi
bien à l'échelon national qu'à l'échelon local, encourage néanmoins les
intercommunalités déterminées à mener une politique de recomposition à
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s'engager dans un PPA en vérifiant l'adéquation de son périmètre dans le
cadre d'une stratégie de recomposition, Ces PPA doivent pouvoir
s'appuyer sur une stratégie définie à l'échelle intercommunale (voire au-
delà) dans le cadre des documents de planification existants.
S'agissant de la mobilisation du produit de la taxe GEMAPI en
fonction des besoins réels en matière d'inondation et de protection contre
la mer (recommandation 6), le Gouvernement partage le constat de la Cour
des comptes sur l'existence de marges financières. Nous tenons toutefois à
rappeler que la mobilisation de la taxe (en augmentation régulière) relève
de la libre administration des collectivités territoriales concernées.
RÉPONSE DE LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL RÉGIONAL
D’OCCITANIE
J'ai pris connaissance avec attention du rapport public thématique
portant sur « L'aménagement du littoral méditerranéen face aux risques
liés à la mer et aux inondations » et partage la plupart des constats et
enjeux mis en avant par la Cour.
Je me félicite d'ailleurs que ce rapport souligne à plusieurs reprises
le volontarisme de l'action menée par la région Occitanie depuis plusieurs
années sur ce sujet de la prévention et l'anticipation des risques,
notamment le risque de submersion marine, en lien avec ses partenaires
(État, collectivités, acteurs économiques), dans le cadre du Parlement de
la Mer et du Plan Littoral 21 dans un 1
er
temps puis désormais dans celui
du Plan d'adaptation au changement climatique du littoral d'Occitanie
(PACCLO) voté en juillet 2024.
Je note aussi que la Cour mentionne parmi les initiatives de réseau
sur ce sujet les travaux menés sur les lagunes, à l'initiative du Conseil
économique, social et environnemental régional (CESER) Occitanie, par
les trois CESER méditerranéens.
Je
souhaite
donc
juste
apporter
ici
quelques
précisions
complémentaires.
Tout d'abord, la région dispose désormais d'une mise à jour des
données
chiffrées
concernant
l'Économie
bleue,
qui
représente
34 800 établissements, 41 400 emplois et 6,1
Md€ de chiffres d'affaires en
2022.
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Par ailleurs, concernant les échanges interrégionaux avec la
Région Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), des réunions techniques
sont en cours pour partager l'expérience de l'Occitanie. Et pour ce qui est
de la Camargue, des réunions ont lieu avec le syndicat mixte interrégional
d'aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer (SYMADREM)
pour trouver la meilleure articulation possible entre la stratégie locale de
gestion intégrée du trait de côte du Golfe d'Aigues-Mortes et la réflexion
engagée par le SYMADREM sur la Camargue.
Je tiens également à souligner que le plan d'adaptation au
changement climatique du littoral d'Occitanie (PACCLO) constitue bien
une stratégie régionale partagée pour faire face à l'érosion côtière et qu'en
apportant des moyens en ingénierie (un équivalent temps plein d'appui
technique « adaptation au changement climatique » ) et financiers (fonds
européen FEDER, Fonds Vert, crédits État, région, Banque des
territoires...), il propose une offre de service globale et opérationnelle pour
que les collectivités locales puissent avancer dans la mise en œuvre de
leurs stratégies locales de gestion intégrée du trait de côte (SLGITC).
De plus, la gouvernance mise en place dans le cadre de ce plan doit
permettre de porter la problématique de la recomposition spatiale sans
pour autant créer une nouvelle structure, ce qui constitue une démarche
rigoureuse dans le contexte national actuel des finances publiques.
Je note enfin que cet outil répond bien en Occitanie aux
recommandations de la Cour relatives à :
-
l'impératif d'élaboration de stratégies locales de gestion intégrée du
trait de côte dans les zones littorales les plus menacées ,
-
l'intérêt de généraliser les projets partenariaux d'aménagement
associant les communes littorales et leur arrière-pays.
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RÉPONSE COMMUNE DU
MINISTRE DE L’ÉCONOM
IE,
DES FINANCES ET DE LA SOUVERAINETÉ INDUSTRIELLE
ET NUMÉRIQUE ET DE LA MINISTRE AUPRÈS DU MINISTRE
DE L’
ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE LA SOUVERAINETÉ
INDUSTRIELLE ET NUMÉRIQUE, CHARGÉE DES COMPTES
PUBLICS
Vous avez bien voulu transmettre à nos prédécesseurs un rapport
public thématique intitulé « L'aménagement du littoral méditerranéen face
aux risques liés à la mer et aux inondations », dont nous avons pris
connaissance avec grand intérêt.
Nous partageons plusieurs éléments d'analyse de ce projet de
rapport, qui souligne notamment :
-
une perception du risque encore insuffisante par les acteurs, malgré
une meilleure connaissance et diffusion de l'information sur les
risques ;
-
la nécessité de poursuivre les efforts en matière de connaissance des
vulnérabilités du littoral pour intégrer les risques littoraux dans la
politique d'aménagement de manière efficace ;
-
une approche encore trop court-termiste dans la gestion des risques
littoraux et les choix d'aménagement associés, susceptible de conduire
à des stratégies sous-optimales et à des surcoûts dans le futur, alors
même que les ressources des collectivités seront de plus en plus
fragilisées par ces risques. Ainsi, nous souscrivons pleinement à
l'objectif identifié d'intégrer de manière systématique l'évolution des
risques littoraux aux politiques d'aménagement du littoral ;
-
la nécessité d'orienter davantage l'action publique vers la prévention
et la protection en amont, pour réduire les coûts de la réparation.
Ces constats ont guidé la conception du troisième plan national
d'adaptation au changement climatique
1
(PNACC-3) mis en consultation
en octobre 2024, qui permettra de progresser sur ces enjeux majeurs.
Ainsi, la mesure 4 vise à améliorer la connaissance des zones exposées au
recul du trait de côte à travers l'accompagnement technique des élus et de
leurs services dans l'élaboration de cartes d'exposition et le renforcement
de la collecte et du partage de données (inventaire des biens menacés,
recensement des ouvrages de protection et de leur état, etc.). Elle vise
également à encourager la réalisation de stratégies locales de gestion
intégrée du trait de côte en proposant un accompagnement des collectivités
1
Documentation I La France s'adapte - Vivre à + 4
0
C.
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par les services déconcentrés. La mesure 3 prévoit également de mieux
prendre en compte le changement climatique dans les politiques de
prévention des risques d'inondations portées par les collectivités
(intégration du changement climatique dans les référentiels utilisés pour
les plans de prévention des risques, évolution des méthodes d'évaluation
des actions financées par les programmes d'actions de prévention des
inondations (PAPI)). Enfin, les moyens alloués à la prévention des risques
naturels majeurs, dont les inondations, devraient être renforcés, via un
rehaussement de 75 millions d'euros de l'enveloppe du fonds de prévention
des risques naturels majeurs (FPRNM), aussi appelé fonds Barnier
(mesure 1).
En outre, nous aimerions apporter quelques précisions et
compléments à l'analyse de la Cour.
Tout d'abord, il nous semble important de mieux distinguer au sein
de votre analyse le phénomène de recul du trait de côte, qui suit Une
cinétique lente, prévisible et donc anticipable, des risques d'inondation et
de submersion marine, qui peuvent présenter une menace grave aux vies
humaines. Par leurs natures distinctes, ces phénomènes appellent des
actions différentes, bien qu'elles doivent être articulées.
Nous souhaiterions signaler que les expropriations et acquisitions
amiables financées par le FPRNM sont également réalisées dans une
logique préventive, et pas seulement indemnitaire (page 83). Il nous semble
également Utile de rappeler que la politique de prévention des risques
déployée sur les dernières décennies, dont le FPRNM constitue un élément
essentiel, a contribué à contenir le coût des dommages. Ainsi, comme vous
le mentionnez dans votre analyse, les PAPI ont significativement réduit le
coût des sinistres lors des deux dernières décennies
2
. En complément, la
politique de prévention des inondations s'est améliorée sur le traitement
ex-post des sinistres, avec le lancement d'initiatives comme le dispositif
expérimental « Mieux reconstruire après inondation » financé par le
FPRNM, pour réaliser des diagnostics de vulnérabilité et des travaux
subventionnés par le FPRNM. Nous devons continuer à financer des
actions préventives dans le contexte de l'accroissement des risques.
La nécessité de privilégier la prévention à la logique réparatrice ne
fait aucun doute. Il est ainsi pertinent de chercher à rééquilibrer les deux
approches en faveur de la prévention. Toutefois, l'État a développé un
régime assurantiel protecteur qui doit être appréhendé comme le pendant
des dispositifs de prévention. Ces deux volets nous paraissent
2
Source : CCR (2023) - Étude sur l'efficacité des plans de prévention des risques
d'inondation sur le coût des dommages assurés.
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indissociables et nous ne pouvons pleinement souscrire au constat d'un
système assurantiel et indemnitaire présenté comme déresponsabilisant
car intervenant en second ressort. Depuis sa création en 1982, le régime
d'indemnisation des catastrophes naturelles a permis au contraire de venir
en aide aux victimes de catastrophes naturelles de manière efficace. En
2023, le coût global des dommages assurés face à des inondations était
compris entre 800
M€
et un milliard d'euros
3
.
Ce régime, qui repose sur le principe de solidarité avec la
mutualisation des primes d'assurance sur le territoire, permet de couvrir
les particuliers et les professionnels face aux risques naturels, par l'action
d'un partenariat public-privé. Face à la multiplication des risques
climatiques et la hausse de la sinistralité, le système assurantiel devra être
conforté pour garantir une couverture large et accessible. À ce titre,
plusieurs orientations, rassemblées dans le rapport de trois experts remis
aux ministres chargés de l'économie et de la transition écologique début
2024
4
, ont été reprises dans le projet de PNACC-3. Nous pensons en
particulier à la mesure 2 et à la création d'un observatoire de l'assurance
des risques climatiques, qui permettra de suivre l'évolution de l'offre
assurantielle sur le territoire, y compris dans les zones littorales.
D'un point de vue factuel, le constat de l'absence de prise en compte
des risques littoraux et du recul du trait de côte par le marché immobilier
mériterait d'être nuancé. En particulier, si la prise en compte du risque
demeure insuffisante, la littérature suggère que le recul du trait de côte est
partiellement pris en compte dans les prix de l'immobilier
5
.
Enfin, nous partageons un grand nombre d'orientations formulées
dans ce projet de rapport, s'agissant notamment de la nécessité de
renforcer l'information préalable des acquéreurs de bien immobilier
exposé (recommandation 1), d'améliorer la connaissance de la
vulnérabilité
des
zones
à
risque
en
documentant
les
coûts
(recommandation 2), et d'encourager la réalisation de stratégie locale de
gestion intégrée du trait de côte dans les zones littorales exposées
(recommandation 4). L'information et la planification sont à notre sens des
3
Source : Caisse centrale de réassurance (2023) - Les catastrophes naturelles en
France. Bilan 1982
2023.
4
Source : Thierry Langreney, Gonéri Le Cozannet et Myriam Mérad (2023) - Adapter
le système assurantiel français face à l'évolution des risques climatiques.
5
Voir par exemple E. Cazaux (2022), « La prise en compte des risques côtiers par ls
marchés fonciers et immobiliers du littoral français métropolitain ». Géographie.
Université de Bretagne occidentale
Brest.
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leviers essentiels pour responsabiliser les acteurs et engager des stratégies
de gestion des risques cohérentes et efficientes.
Nous souscrivons également à votre recommandation de mobiliser
les ressources de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la
prévention des inondations pour financer l'adaptation du littoral
(recommandation 6). Ces ressources restent toutefois à la main des
collectivités.
Enfin, le sujet des ressources et outils permettant d'accompagner les
recompositions
spatiales
à
long
terme
(recommandation
7)
est
effectivement une question primordiale, sur laquelle les réflexions doivent
être poursuivies. Elle constitue à ce titre une action du projet de
PNACC- 3, qui prévoit d'identifier un modèle de financement pour le
réaménagement des territoires littoraux exposés (mesure 4).
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