FINANCES ET COMPTES PUBLICS
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON
BUDGÉTAIRE 2023
Compte de commerce « Opérations
commerciales des domaines »
Avril 2024
Sommaire
SYNTHÈSE
..................................................................................................................................
1
RÉCAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS
.................................................................
3
INTRODUCTION
.......................................................................................................................
5
CHAPITRE I LES RÉSU
LTATS DE L’EXERCICE
............................................................
7
I - UN NIVEAU DE RECETTES INÉDIT EN PRÈS DE QUINZE ANS
.............................................
7
II - DES DÉPENSES QUI PROGRESSENT PLUS RAPIDEMENT QUE LES RECETTES
...........
9
III - UN SOLDE DE TRÉSORERIE QUI EXCÈDE TOUJOURS DAVANTAGE
LES BESOINS DU COMPTE
..........................................................................................................
9
CHAPITRE II LES RECETTES ET LES DÉPENSES PAR SUBDIVISION
...................
13
I - LA SUBDIVISION « VENTES MOBILIÈRES ET PATRIMOINES PRIVÉS »
.........................
13
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
..........................................................................................
13
B - Les recettes et les dépenses
..................................................................................................................
14
II - LA SUBDIVISION « GESTION DES CITÉS ADMINISTRATIVES »
.......................................
14
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
..........................................................................................
14
B - Les recettes et les dépenses
..................................................................................................................
15
C - Le caractère inapproprié du recours à un compte de commerce
..........................................................
15
III - LA SUBDIVISION « ZONE DES CINQUANTE PAS GÉOMÉTRIQUES DANS
LES DÉPARTEMENTS DE LA GUADELOUPE ET DE LA MARTINIQUE »
.....................
16
A -
L’objet et les principes de foncti
onnement
..........................................................................................
16
B - Les recettes et les dépenses
..................................................................................................................
17
C - Le caractère inapproprié du recours à un compte de commerce
..........................................................
17
IV - LA SUBDIVISION « OPÉRATIONS RÉALISÉES EN APPLICATION DE DÉCISIONS
DE JUSTICE »
.................................................................................................................................
17
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
..........................................................................................
17
B - Les recettes et les dépenses
..................................................................................................................
18
ANNEXES
..................................................................................................................................
21
Synthèse
Le compte de commerce
Opérations commerciales des domaines
(programme 907)
enregistre en recettes et en dépenses les opérations liées aux ventes mobilières réalisées par
l’État pour son compte ou pour le compte de tiers, volontairement ou sur décision de justice.
Il enregistre également, dans des conditions discutables, les opérations liées aux ventes de
terrain à leurs occupants sans titre sur le littoral côtier en Guadeloupe et en Martinique ainsi
que certaines dépenses de fonctionnement des cités administratives. Il n’est pas doté de crédits
en loi de finances
et fonctionne en trésorerie, c’est
-à-dire que son solde doit toujours être positif
ou nul en l’absence d’autorisation de découvert
, en 2023 comme au cours des exercices
précédents. Le directeur de l’immobilier de l’État (DIE) en est le responsable administ
ratif et
budgétaire.
Les résultats de l’exercice
L’analyse de l’exécution budgétaire en 202
3 fait apparaître :
-
des recettes d’un montant de 1
15,2
M€, soit un niveau
inédit depuis 2010 et bien supérieur
à celui attendu (
+
32,7
M€),
en raison notamment de l’activité soutenue
des subdivisions
relatives aux ventes mobilières et aux cités administratives ;
-
un résultat positif de 49,4
M€ imputable, pour
près de 80 %, à la subdivision des ventes
mobilières, dont les recettes de taxes
qui lui sont affectées s’établissent, en moyenne sur la
période 2017 à 2023, à un niveau près de cinq fois plus important que celui de ses dépenses ;
-
un solde de trésorerie de 222,3
M€ qui représente, fin 202
3, plus de trois années de dépenses
au rythme actuel.
Pour éviter que le solde de trésorerie du compte ne conserve un niveau inutilement élevé,
il serait souhaitable que, à l’occasion de la loi de règlement pour 202
3, une partie seulement de
ce dernier soit reportée, comme cela aurait été normalement le cas si les projets de loi de
règlement pour 2021 et 2022 avaient été adoptés.
La conformité aux principes et règles du droit
Sur le plan des principes et des règles du droit budgétaire, la Cour relève, depuis plusieurs
exercices, le caractère irrégulier de la subdivision « Gestion des cités administratives », dont
l’objet n’est pas conforme à celui d’un compte de commerce.
De même, la Cour continue de relever que la subdivision « Zone des cinquante pas
géométriques
» retrace des opérations qui n’entrent pas dans le champ d’un compte de
commerce.
Récapitulatif des recommandations
1.
(Recommandation nouvelle) : R
everser, au profit du budget général de l’État, les excédents
du compte de commerce disponibles au-
delà d’un montant suffisant pour garantir sa
soutenabilité à court terme (
direction du budget, direction de l’immobilier de l’Ét
at
).
2.
(Recommandation
reconduite)
:
Supprimer
la
subdivision
« Gestion
des
cités
administratives » et faire supporter ses dépenses par les programmes concernés du budget
général de l’État (
direction du budget, direction d
e l’immobilier de l’Éta
t).
3.
(Recommandation reconduite) : Supprimer la subdivision « Zone des cinquante pas
géométriques dans les départements de la Guadeloupe et de la Martinique » (
direction du
budget
).
Introduction
Créé par la loi du 8 mars 1949 et régi par les dispositions du § I. de l’article 22 de la
LOLF, le compte de commerce
Opérations commerciales des domaines
(programme 907) n’est
pas doté de crédits en loi de finances. Il fonctionne en trésorerie, si bien que son solde doit
toujours être positif ou nul en l’absence d’autorisation de découvert
, en 2023 comme au cours
des exercices précédents. Il ne fait pas l’objet d’indic
ateurs de performance.
Les quatre subdivisions du compte retracent les dépenses et recettes liées à des opérations
de nature mobilière ou immobilière réalisées, à titre accessoire, par les services des domaines.
Deux subdivisions sont structurellement excédentaires du fait même de leur objet :
-
la pre
mière, dont l’origine remonte à 1949, est relative aux ventes mobilières réalisées par
la direction de l’immobilier de l’État et à la gestion des patrimoines privés
;
-
la seconde, créée par la loi de finances rectificative pour 2004, suit les ventes mobilières
intervenues à la suite de décisions de justice.
Les deux autres subdivisions fonctionnent comme des comptes de transfert et sont, sauf
cas particulier
, proches de l’équilibre
:
-
l’une, relative à la zone dite «
des cinquante pas géométriques », a été créée par la loi de
finances initiale pour 1999 et concerne les ventes de terrains à leurs occupants situés sur
des parcelles littorales de Martinique et de Guadeloupe ;
-
l’autre, créée par une ordonnance de 1958 portant loi de finances initiale pour 1959,
retranscrit les dépenses de fonctionnement courant des cités administratives.
Le directeur de l’immobilier de l’État (DIE) est le responsable administratif et budgétaire
du compte. Le comptable spécialisé des Domaines est l’assignataire et le centralisateu
r de la
presque-totalité des opérations de recettes et de dépenses.
COUR DES COMPTES
6
Compte de commerce 907 « opérations commerciales des domaines »
Graphique n° 1 :
recettes et dépenses exécutées (en M€)
Source : Cour des comptes, à partir de Chorus
Graphique n° 2 :
évolution
du solde de trésorerie (en M€)
Source : Cour des comptes, à partir de Chorus
Chapitre I
Les résultats de l’exercice
Aucune modification du périmètre du compte ou de son architecture interne n’est
intervenue en 2023.
Le tableau suiv
ant présente l’évolution du compte de commerce au cours de l’exercice.
Tableau n° 1 :
évolution des résultats du compte de commerce en 2023
En M€
Exécution
2022
LFI
2023
Exécution
2023
Ventes mobilières et gestion
des patrimoines privés
39,8
36,5
39,0
Gestion des cités administratives
6,5
0,0
0,3
Zone des cinquante pas géométriques
-0,1
0,0
0,1
Opérations réalisées en application de
décisions de justice
10,1
5,8
10,0
Total des résultats par subdivision
56,3
42,3
49,4
Solde du compte en fin
d’exercice
172,9
215,2
222,3
Solde reporté sur l’exercice suivant
172,9
s.o.
n.d.
Source : Cour des comptes, à partir des documents budgétaires et de Chorus
Les hypothèses présentées dans le PLF reposent sur une analyse des dépenses et des
recettes de l’exercice précédent ainsi que des données disponibles en cours d’exécution lors de
l’élaboration des rapports annuels de performance. La nature même des opérations enregistrées
sur le compte ne permet pas, en effet, de disposer de prévisions de dépenses ou de recettes
fondées sur des éléments statistiques ou prévisionnels précis et récurrents.
I -
Un niveau de recettes inédit en près de quinze ans
Le tableau suivant détaille les recettes du compte par subdivision.
COUR DES COMPTES
8
Tableau n° 2 :
détail des recettes du compte de commerce
En M€
Exécution
2022
LFI
2023
Exécution
2023
Ventes mobilières et gestion
des patrimoines privés
50,7
40,0
52,8
Gestion des cités administratives
46,4
36,0
50,5
Zone des cinquante pas
géométriques
1,3
0,5
1,5
Opérations réalisées en application
de décisions de justice
10,4
6,0
10,4
Total des recettes
108,8
82,5
115,2
Source : Cour des comptes, à partir des documents budgétaires et de Chorus
Les recettes s’établissent à un niveau supérieur (+5
,9
%) à celui de l’exercice précédent
et très largement au-delà de la prévision retenue en loi de finances initiale, sans doute trop
prudente (elle était déjà inférieure de 37,5
% à l’exécution en
2022). Cette progression est
imputable à la subdivision des ventes mobilières et à celle relative à la gestion des cités
administratives (cf. chapitres II, § I et II).
De ce fait, les recettes du compte atteignent leur plus haut niveau depuis près de
quinze ans.
Graphique n° 3 :
historique des recettes du compte
Source : documents budgétaires et Chorus
0
20
40
60
80
100
120
En M€
LES RÉSULTATS DE L’E
XERCICE
9
II -
Des dépenses qui progressent plus
rapidement que les recettes
Le tableau suivant détaille les dépenses du compte par subdivision.
Tableau n° 3 :
détail des dépenses du compte de commerce
En M€
Exécution
2022
LFI
2023
Exécution
2023
Ventes mobilières et gestion
des patrimoines privés
10,9
3,5
13,8
Gestion des cités
administratives
39,9
36,0
50,2
Zone des cinquante pas
géométriques
1,4
0,5
1,4
Opérations réalisées en
application de décisions de
justice
0,3
0,2
0,4
Total des dépenses
52,5
40,2
65,8
Source : Cour des comptes, à partir des documents budgétaires et de Chorus
Après avoir connu une baisse significative en 2020 (- 9,4 %), puis une reprise en 2021
(+ 3,3 %) et 2022 (+ 12,4 %), les dépenses du compte progressent plus nettement en 2023
(+ 25,3
%), notamment en raison du dynamisme de l’activité de la subdivision des ventes
mobilières et de l’augmentation d
es coûts de fonctionnement des cités administratives.
Comme pour les recettes, les dépenses exécutées se situent à un niveau très supérieur aux
prévisions de la LFI.
III -
Un solde de trésorerie qui excède toujours davantage
les besoins du compte
Fin 2023, le solde de trésorerie du compte représente plus de trois années de dépenses au
rythme actuel. Ce niveau important s’explique par le dynamisme des recettes (cf.
supra
), mais
aussi par le fait que les rejets
par l’Assemblée nati
onale des projets de loi de règlement (PLR)
de 2021 et 2022 ont conduit à ne pas reverser, respectivement, 46,6
M€
et 66,3
M€
au budget
général
de l’État
.
Par le passé, à la suite d’une recommandation de la Cour, mentionnée notamment dans le
référé du Premier président du 19 juillet 2017
1
, de tels reversements ont été réalisés pour ne pas
laisser se constituer une trésorerie sans rapport avec les besoins du compte et éviter que les
1
Référé n
o
2017-2207
relatif aux recommandations des notes d’exécution budgétaire susceptibles d’être mises en
œuvre dans la prochaine loi de finances.
COUR DES COMPTES
10
gestionnaires concernés ne se trouvent encouragés à engager des dépenses nouvelles par
opportunité budgétaire. Ainsi, 199,7
M€ avaient été reversés en application de la
loi de
règlement de 2017, puis 51,0
M€ par celle de 2019 et 33,4
M€ par celle de 2020.
Selon la direction de l’immobilier de l’État, un reversement de la trésorerie excédentaire
,
à hauteur d’environ 160
M€,
sera proposé à l’occasion du projet de loi de règlement pour 2
023.
LES RÉSULTATS DE L’E
XERCICE
11
___________________________ RECOMMANDATION ___________________________
La Cour formule la recommandation suivante :
1.
(Recommandation nouvelle) : R
everser, au profit du budget général de l’État, les excédents
du compte de commerce disponibles au-
delà d’un montant suffisant pour garantir sa
soutenabilité à court
terme (direction du budget, direction de l’immobilier de l’État)
.
Chapitre II
Les recettes et les dépenses par subdivision
Les règles de fonctionnement et l’exécution budgétaire de chacune des quatre
subdivisions du compte sont détaillées ci-après.
I -
La subdivision « Ventes mobilières et patrimoines privés »
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
Cette subdivision, qui existe depuis la création du compte, constitue sa principale section
et source de trésorerie. Elle retrace, d
’une part, les opérations de ventes mobilières pour le
compte de l’État ou de tiers et, d’autre part, les opérations d’administration et de liquidation
des successions non réclamées ou vacantes confiées à l’État sur ordonnance d’un juge.
Ces deux missions incombent, respectivement, aux commissariats aux ventes et aux pôles
« Gestion des patrimoines privés
» de la direction nationale d’interventions domaniales
(DNID)
2
.
Les recettes relatives aux ventes mobilières correspondent :
-
à une taxe forfaitaire appliquée au prix de cession, de laquelle sont déduits des droits de
timbre et d’enregistrement au profit du budget général
; le taux de la taxe est de 6,0 % en
cas de cession de gré à gré ou avec mise en concurrence et de 11,0 % pour une cession par
adjudication ;
-
aux frais de régie des patrimoines privés
(actes d’administration, de vente et de
recouvrement) prélevés au taux de 12,0 % sur les sommes, revenus et produits de cessions
mobilières et immobilières réalisées dans ce cadre.
Les dépenses de la subdivision recouvrent :
-
celles directement liées à la réalisation des missions
: apurements d’avances de dépenses
obligatoires ou urgentes sur successions déficitaires, frais d’organisation matérielle et de
poursuite des ventes, remboursements aux cessionnaires de trop-perçus ou suite aux
résiliations de ventes, etc. ;
2
Service à
compétence nationale rattaché à la direction de l’immobilier de l’État (DIE) et à la direction générale
des finances publiques (DGFiP).
COUR DES COMPTES
14
-
les dépenses de fonctionnement courant, soumises à plafonnement
3
, car non corrélées avec
le volume d’activité.
B -
Les recettes et les dépenses
En 2023, les recettes de la subdivision se sont élevées à 52,8
M€ et les dépenses à
13,8
M€, soit un résultat de 39,
0
M€ qui représente 7
9 % de celui du compte.
Les recettes de la subdivision progressent modérément en 2023 (+ 4 %) :
-
à plus de 80 %, elles proviennent de la gestion des patrimoines privés (42,9
M€, +
6,9 %
en un an)
; la progression observée s’explique par un niveau plus important d’actifs
mobiliers et immobiliers liquidés et par les efforts entrepris depuis deux ans pour
moderniser l
es procédures (mise en place d’un dialogue de gestion avec les pôles
concernés,
développement des outils numériques, expérimentation du recours à des commerciaux
privés, création du portail des successions vacantes) ;
-
celles procurées par les ventes mobilières se maintiennent à un niveau élevé (10,0
M€),
quoiqu’en légère di
minution sur un an (- 5,6 %), conséquence du renforcement depuis trois
ans par la DNID des actions de promotion de son offre auprès des ministères, des
établissements publics et des collectivités territoriales, du développement de ventes
intégralement en ligne et des actions prises pour désencombrer les fourrières de véhicules.
Les dépenses de la subdivision sont supérieures de 26,6
% à celles de l’exercice 202
2 en
raison de
l’importance des
dépenses informatiques engagées pour parvenir à remplacer en 2024
l’application Hermès, utilisée pour suivre les ventes de biens mobiliers, par une véritable
plateforme d’enchères en ligne.
Des dépenses informatiques ont aussi été engagées pour poursuivre la modernisation de
la gestion des patrimoines privés, notamment avec la mise
en place d’un
portail de dépôt
dématérialisé des pièces justificatives sur le site internet des successions vacantes lancé en
2022.
II -
La subdivision « Gestion des cités administratives »
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
L’instruction n
o
07-035-
D8 du 19 juillet 2007 de l’ex
-direction générale de la
comptabilité publique définit la notion de « cité administrative » comme
« un ensemble
immobilier où sont logés au moins trois services administratifs, cette condition devant
s’apprécier au re
gard de départements ministériels différents »
. Les occupants peuvent être des
services de l’État, des établissements publics, des collectivités territoriales ou des associations.
Les préfets gèrent, au nom de l’État, ceux des bâtiments multioccupants auxq
uels ils décident
de conférer ce statut particulier et en assurent ainsi le fonctionnement en qualité de
syndics
.
3
Plafond annuel fixé et notifié par la DIE aux pôles d’activité de la subdivision.
LES RECETTES ET LES DÉPENSES PAR SUBDIVISION
15
Les recettes de la subdivision sont constituées des quotes-parts de charges appelées
chaque année auprès des occupants des cinquante-six cités administratives recensées fin 2023,
déterminées à partir du budget arrêté par le préfet, des dépenses de fonctionnement courant des
parties communes et à raison de la superficie privative allouée à chacun d’eux conformément
au règlement d’utilisation coll
ective.
Ces dépenses, dont l’instruction précitée fournit une liste indicative, sont supportées par
le compte de commerce. Elles portent notamment sur les frais récurrents de gestion des locaux
(chauffage, éclairage, eau, nettoyage, téléphone, etc.), l’ach
at de petits équipements, la
maintenance courante des immeubles et, le cas échéant, la rémunération des prestataires chargés
de gérer les contrats de fluides et de maintenance.
B -
Les recettes et les dépenses
En 2023, les recettes de la subdivision se sont élevées à 50,5
M€ et les dépenses à
50,2
M€, soit un résultat de
0,3
M€.
Ces dernières ont été affectées par la hausse des prix de
l’énergie et les coûts supplémentaires occasionnés par les opérations de déménagemen
t et de
réinstallation des agents menées dans le cadre du programme 348
–
Performance et résilience
des bâtiments de l’État et de ses opérateurs
.
Le niveau des recettes avait été ajusté à la hausse dès 2022 en prévision de ces dépenses
plus importantes, ce qui explique la progression moins importante des recettes en 2023 (+ 8,8 %
sur un an, contre + 25,8 % pour les dépenses).
Comme les exercices précédents, les programmes 156 -
Gestion fiscale et financière de
l’État et du secteur public local
et 354 -
Admi
nistration territoriale de l’État
financent la
majeure partie des dépenses de fonctionnement courant des parties communes.
C -
Le caractère inapproprié du recours à un compte de commerce
Selon l’article 22 de la Lolf,
« Les comptes de commerce retracent des opérations de
caractère industriel et commercial effectuées à titre accessoire par des services de l’État non
dotés de la personnalité morale. ».
Dès lors que les opérations de la subdivision « Gestion des cités administratives » sont
d’une autre nature, les
dépenses qu’elle supporte devraient relever d’un programme du budget
général à vocation interministérielle, ainsi que la Cour le relève depuis 2010.
La direction de l’immobilier de l’État
a expérimenté en 2022 et 2023 la gestion des cités
administratives
par l’agence pour la gestion de l’immobilier de l’État (Agile),
société anonyme
dont le capital est détenu en totalité par l’État
. À cette occasion, il est apparu que cette gestion
déléguée permet
d’éviter le recours au compte de commerce en facturant indi
viduellement
chaque service occupant selon les règles de répartition.
COUR DES COMPTES
16
Fin 2023, une dizaine de cités administratives
font l’objet d’une convention de gestion et
d’exploitation
-
maintenance par l’Agile. L’objectif de la DIE
, qui en a informé
4
les préfets de
région,
est que cela soit le cas de l’ensemble des cités d’ici fin 2025, ce qui permettrait
de
supprimer la subdivision à compter du 1
er
janvier 2026.
III -
La subdivision « Zone des cinquante pas géométriques dans
les départements de la Guadeloupe et de la Martinique »
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
La zone des cinquante pas géométriques désigne une situation foncière spécifique à la
Guadeloupe et à la Martinique, dont l’origine remonte à 1674
: une bande côtière d’environ
81,2 mètres de largeur qui
relève du domaine inaliénable et imprescriptible de l’État depuis la
loi « Littoral » du 3 janvier 1986.
Par exception à cette dernière, l’article 3 de la loi du 30 décembre 1996 prévoit que les
terrains domaniaux concernés peuvent être déclassés et cédés
aux personnes qui s’y sont
installées sans titre de propriété.
Pour les inciter à régulariser leur situation, celles-ci pouvaient, sous certaines conditions,
solliciter une aide exceptionnelle de l’État, qui
ne pouvait excéder 24 391
€, afin d’acquérir
les
terrains concernés. La loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets a substitué à ce dispositif d’aide financière
, à
compter du 1
er
août 2022, un mécanisme de cession avec décote, dont les modalités de mise en
œuvre ont été précisées par décret
5
et qui peut atteindre la totalité de la valeur du bien cédé.
Le traitement des demandes est assuré localement par deux agences, dites « des cinquante
pas géométriques », qui sont des établissements publics à caractère industriel et commercial
financièrement autonomes et dont la dissolution, envisagée initialement pour 2005, est
désormais prévue pour le 1
er
janvier 2031
6
.
Créée au sein du compte de commerce par l’article 79 de la loi du 30
décembre 1999, la
subdivision « Zone des cinquante pas géométriques » a pour objet de retracer les flux financiers
de ce dispositif particulier.
4
Note du 26 février 2024 du directe
ur de l’immobilier de l’État sur la gestion immobilière et financière des cités
administratives.
5
Décret n° 2022-988 du 4 juillet 2022 relatif aux espaces urbains et secteurs occupés par une urbanisation diffuse
de la zone dite des cinquante pas géométriques en Guadeloupe et en Martinique.
6
L’article 247 de la loi
du 22 août 2021 a prolongé pour la sixième fois la durée de vie des agences, fixée en 1996
à dix ans et régulièrement étendue depuis.
LES RECETTES ET LES DÉPENSES PAR SUBDIVISION
17
B -
Les recettes et les dépenses
En recettes, le compte reçoit la part du prix de cession laissée à la charge des particuliers
concernés, nette des frais de régie.
En dépenses, le compte constate le reversement aux agences des cinquante pas
géométriques de la part du prix de cession laissée à la charge de l’acquéreur, nette des frais de
régie.
Le résultat de chaque opération est neutre pour la subdivision, nonobstant les décalages
temporaires qui interviennent entre encaissements et décaissements. Ainsi, en 2023, les recettes
et les dépenses de la subdivision se sont élevées, respectivement, à 1,5
M€ et 1,4
M€, soit un
résultat presque à l’équilibre.
C -
Le caractère inapproprié du recours à un compte de commerce
En pratique, le traitement des opérations de cession de terrains est effectué en pratique
par deux établissements publics à caractère industriel et commercial.
Le recours au compte de commerce n’est donc ni nécessaire ni justifié, puisque
l’article
22 de la Lolf en limite le champ aux opérations des services de l’État non dotés de la
personnalité juridique.
La Cour souligne à nouveau que, le dispositif ayant été durablement prolongé et son
fonctionnement modifié, le bien-
fondé d’un maintien de la subdivision ne peut plus être
défendu.
La DIE estime prématuré de se prononcer définitivement sur
l’
évolution à venir de cette
section du compte, une étude prévue en 2023
à ce sujet n’ayant pu encore aboutir. La
direction
du budget indique quant à elle
partager l’objectif de
sa fermeture lorsque les conditions et les
risques en auront été précisés et que l’instruction des ultimes demandes de régularisat
ion
déposées aux services locaux des domaines concernés aura été menée à son terme.
IV -
La subdivision « Opérations réalisées en application
de décisions de justice »
A -
L’objet et les principes de fonctionnement
Rentrent dans le périmètre de la subdivision les opérations relatives à la vente de biens
mobiliers :
-
confisqués sur décisions de justice, à l’exception de ceux qui nécessitent d’engager des frais
de gestion conséquents
7
ou qui sont saisis dans le cadre de la lutte contre le trafic de
stupéfiants ;
7
Ils relèvent alors de l’
Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC).
COUR DES COMPTES
18
-
ou don
t la propriété est transférée à l’État en application des dispositions de l’article L.
41-4
du code de procédure pénale
8
, à
l’exception des biens remis, le cas échéant, à la Caisse des
dépôts et consignations et de ceux qui relèvent de l’actif d’une
succession.
En recettes, la subdivision bénéficie du produit des ventes et, le cas échéant, des revenus
procurés par la gestion provisoire des biens. Pour mémoire, les recettes de la taxe forfaitaire qui
s’applique à ces ventes abondent, nettes des droits de timbre et d’enregistrement, la
subdivision
« Ventes mobilières et patrimoines privés » (cf.
supra
).
En dépenses, elle supporte, pour l’essentiel, les frais de gestion des biens mobiliers
précités : gardiennage de véhicules automobiles préalablement à leur vente, destruction de ceux
qui sont invendables, honoraires juridiques, etc.
B -
Les recettes et les dépenses
En 2023, les recettes de la subdivision se sont élevées à 10,4
M€ et les dépenses à 0,
4
M€,
soit un résultat de 10,0
M€.
Les recettes sont stables en 2023 et excèdent 10,0
M€ pour le
deuxième exercice
consécutif. Elles proviennent majoritairement du produit de la vente de biens mobiliers
confisqués.
Le niveau des dépenses est relativement constant et conforme à celui observé au cours
des exercices précédents.
8
« Lorsqu’aucune juridiction n’a été saisie ou lorsque la juridiction saisie a épuisé sa compétence sans avoir
statué sur la restitution des objets […] si la restitution n’a pas été demandée […] les objets non
restitués
deviennent propriété de l’État, sous réserve des droits des tiers. »
LES RECETTES ET LES DÉPENSES PAR SUBDIVISION
19
___________________________ RECOMMANDATIONS ___________________________
La Cour formule les recommandations suivantes :
2.
(Recommandation
reconduite)
:
supprimer
la
subdivision
« Gestion
des
cités
administratives » et faire supporter ses dépenses par les programmes concernés du budget
général de
l’État (direction du budget, direction de l’immobilier de l’État)
;
3.
(Recommandation reconduite) : supprimer la subdivision « Zone des cinquante pas
géométriques dans les départements de la Guadeloupe et de la Martinique » (direction du
budget).
COUR DES COMPTES
22
Annexe n° 1 :
liste des publications récentes de la Cour des comptes en
lien avec les politiques publiques concernées par la NEB
-
La gestion de l’immobilier préfectoral, exercices 2019 à 2021
, observations définitives n°
S-2023-0091, janvier 2023.
-
La politique immobilière de l’État, une réforme nécessaire pour aborder les enjeux à venir
,
communication au Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de
l’Assemblée nationale, décembre 2023.
ANNEXES
23
Annexe n° 2 :
suivi des recommandations formulées au titre
de
l’exécution
budgétaire 2022
N°
Recommandation formulée par la
note d’exécution budgétaire 2022
Réponse de l
’
administration
Analyse de la Cour
Appréciation
par la Cour du
degré de mise
en œuvre
1
Supprimer la subdivision « Gestion
des cités administratives » et faire
supporter ses dépenses par les
programmes concernés du budget
général de l’État.
Le déploiement l
’
agence pour la
gestion de l
’
immobilier de l
’
État
(AGILE) a pour but de répondre,
entre autres, à cette
recommandation en facturant
individuellement chaque service
occupant tout en conservant le
bénéfice de la mutualisation des
achats.
Un groupe de travail a été mis en
place au dernier trimestre 2023 avec
pour objectifs la sortie progressive
de l
’
utilisation du compte de
commerce et la montée en
puissance d
’
AGILE dans la gestion
des sites multioccupants.
En l
’
absence d
’
éléments nouveaux,
la Cour reconduit sa
recommandation.
Non mise en
œuvre
2
Supprimer la subdivision « Zone
des cinquante pas géométriques
dans les départements de la
Guadeloupe et de la Martinique »,
La DIE est pleinement en accord
avec la Cour sur le principe de la
suppression de cette subdivision du
compte de commerce. Toutefois, la
suppression est reportée dans
l
’
attente du bilan de la réforme
introduite par la loi du 22 août 2021
portant lutte contre le dérèglement
climatique et renforcement de la
résilience face à ses effets. L
’
étude
prévue en 2023 n
’
a pu être menée et
a été reportée.
En l
’
absence d
’
éléments nouveaux,
la Cour reconduit sa
recommandation.
Non mise en
œuvre