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FINANCES ET COMPTES PUBLICS
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON
BUDGÉTAIRE 2023
Mission «
Administration générale et
territoriale de l’État
»
Avril 2024
Sommaire
SYNTHÈSE
............................................................................................................................................................
5
LISTE DES RECOMMANDATIONS
.................................................................................................................
9
INTRODUCTION
................................................................................................................................................
11
CHAPITRE I ANAL
YSE DE L’EXÉCUTION B
UDGÉTAIRE
....................................................
15
I - LA PROGRAMMATION INITIALE
...........................................................................................................
15
A - Les sous-
jacents d’une programmation initiale des crédits en hausse
.............................................................
15
B - Des mesures de périmètre et de transferts limitées, un soclage des crédits du plan de relance
qui peut interroger
............................................................................................................................................
18
C -
Une programmation budgétaire ayant fait l’objet de réserves du contrôleur budgétaire et comptable
ministériel (CBCM)
..........................................................................................................................................
19
II - LA GESTION DES CRÉDITS ET SA RÉGULARITÉ
.............................................................................
21
A -
L’exécution des crédits de la mission s’établit à un montant comparable à 2022
............................................
21
B - Une mise en réserve presque intégralement utilisée
.........................................................................................
23
C -
L’utilisation de la fongibilité asymétrique technique par le programme 216 dans le cadre
de la création d’une
nouvelle agence
................................................................................................................
25
D - La persistance de mouvements inadaptés
........................................................................................................
26
E - Les crédits « Plan de relance » et « France 2030 »
...........................................................................................
28
III -
L’ANALYSE DE L’ÉVOLUTION
DE LA DÉPENSE ET DE SES COMPOSANTES
........................
29
A -
L’évolution des dépenses par titre
...................................................................................................................
33
B - Emplois et dépenses de personnel
....................................................................................................................
34
C - Des dépenses de fonctionnement en baisse
......................................................................................................
41
D -
Des dépenses d’investissement en baisse malgré
des prévisions en hausse
.....................................................
43
E -
Des dépenses d’intervention en baisse
.............................................................................................................
44
IV - PERSPECTIVES ASSOCIÉES À LA TRAJECTOIRE BUDGÉTAIRE
...............................................
45
A - La soutenabilité à court terme
..........................................................................................................................
45
B - La soutenabilité à moyen terme
.......................................................................................................................
46
V -
L’INCIDENCE DES DÉPENSES SUR L’ENVIR
ONNEMENT
..............................................................
47
CHAPITRE II LES POLITIQUES PUBLIQUES
: POINTS D’ATTEN
TION PAR
PROGRAMME
....................................................................................................................................
51
I - LA NÉCESSITÉ DE CONSOLIDER LES BESOINS ET LES FINANCEMENTS EN
MATIÈRE NUMÉRIQUE DANS LE CONTEXTE DE LA
MISE EN ŒUVRE DE LA
LOPMI
.........
51
II - LES DÉPENSES DE LA PRÉFECTURE DE POLICE DE PARIS RELEVANT DE LA
MISSION AGTE
............................................................................................................................................
54
III - LA PERFORMANCE
..................................................................................................................................
55
A - Programme 216
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
...............................................................
55
C - Programme 354
Administration territoriale de l’Etat
....................................................................................
59
IV - LA REVUE DE DÉPENSES ET LES ÉCONOMIES STRUCTURELLES
...........................................
62
V - LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX JEUNES DE 15 À 25 ANS
...............................................................
62
CHAPITRE III LES MOYENS CONSACRÉS P
AR L’ÉTAT À LA POLIT
IQUE
DE LA
MISSION AGTE
..................................................................................................................................
65
I - PRÉSENTATION DES OPÉRATEURS
......................................................................................................
65
COUR DES COMPTES
4
II - LE CNAPS
.....................................................................................................................................................
66
III -
L’ANTS
ET LES TAXES AFFECTÉES DE LA MISSION
....................................................................
68
ANNEXES
............................................................................................................................................................
71
Synthèse
Les crédits inscrits en LFI 2023, en hausse par rapport à la LFI 2022, se
maintiennent au niveau des crédits exécutés en 2022
La mission Administration générale et territoriale de l’État (AGTE) a vu ses crédits
s’accroître en loi de finances initiale (LFI) 2023
par rapport à la LFI 2022
: ils s’établissent à
4
859,60 M€ en AE et 4
568,77 M€ en CP. Cette h
ausse est particulièrement marquée
concernant les autorisations d’engagement (AE) qui augmentent de 10,3 % (+ 454,56 M€), les
crédits de paiement (CP) étant en hausse de 4,1 % (+ 181,58 M€).
Cette augmentation repose principalement sur les crédits de hors titre 2 (+ 18,9% en AE
soit + 318,26 M€, et + 2,7% en CP soit + 45,28 M€) mais concerne aussi les crédits de titre 2
(+
5% en AE/CP soit + 136,30 M€ dont 99,81 hors compte d’affectation spéciale (HCAS)).
Le
plafond d’emplois de la mission augmente de 221
ETPT en 2023 par rapport à 2022. Le schéma
d’emploi positif après des années de réduction est réalisé par le programme 354, marquant un
renforcement des effectifs dans l’administration territoriale.
Cette hausse des crédits de la mission AGTE en LFI 2023 doit toutefois être relativisée :
en effet, les crédits inscrits en LFI 2023 se situent au niveau de l’exécution des crédits constatée
en 2022 (fortement abondés en cours de gestion, en particulier par des décrets de transferts et
de virements pour un monta
nt de 265 M€), ce qui conduit à une augmentation effective, entre
le réalisé 2022 et le prévisionnel 2023 de 1% seulement en AE (soit + 72 M€) et même à une
diminution de 0,72% en CP (soit -
35,25 M€).
L’exécution 2023 est marquée par la mise en œuvre, po
ur la première année, de la
loi n° 2023-
22 du 24 janvier 2023 d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur
(LOPMI).
La hausse des autorisations d’engagement en 2023 relève de dépenses
pluriannuelles marquées par la LOPMI, dans un contexte de réorganisation
ministérielle
La programmation à la hausse des moyens de la mission ne concerne que les deux
principaux programmes budgétaires 216 «
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
»
et 354 «
Administration territoriale de l’État
»
, le programme 232 «
Vie politique »,
non
concerné par la LOPMI, étant lié
essentiellement au calendrier électoral qui n’a pas été marqué
en 2023 par des élections nationales majeures, contrairement à 2022.
Cette hausse s’inscrit dans les axes stratégiques de la mission, le numérique et
l’immobilier, l’année 2023 pouvant à cet égard être considérée comme posant les bases d’un
nouveau cadre de pilotage et de gestion pour les années à venir, avec la création de nouvelles
entités. Conformément aux orientations arrêtées par la LOPMI, deux nouvelles directions ont
été créées en juillet 2023 : la direction des entreprises et partenariats de sécurité et des armes
(DEPSA) et la direction de la transformation du numérique (DTNUM) issue de la
COUR DES COMPTES
6
réorganisation de la direction du numérique (DNUM) dans le cadre plus large de la réforme de
la fonction numérique du ministère.
La création de la DEPSA, rattachée au secrétariat général, s’inscrit dans la volonté du
ministère de
l’Intérieur et des Outre
-mer de repenser le pilotage de la sécurité globale en
resserrant le lien fonctionnel entre l’ensemble des acteurs privés et publics qui contribuent à
assurer la protection des Français. Cette direction prend également en charge à partir du
1
er
janvier 2024 la gestion des crédits d'équipements en vidéoprotection du fonds
interministériel de prévention de la délinquance mentionné aux articles R132-4-1 et suivants du
code de la sécurité intérieure.
Chargée de la gouvernance et de l’imp
ulsion de la transformation numérique du ministère,
la DTNUM mène des actions en faveur de la mutualisation des moyens et de l’urbanisation du
système d’information du ministère dans l’objectif d’une meilleure maîtrise des coûts et de
l’amélioration du ser
vice rendu au citoyen. Elle assure également la tutelle de la nouvelle
agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS),
établissement public administratif crée par décret du 30 mars 2023, chargée de la réalisation du
Réseau Radio du Futur (RRF).
La création de la DTNUM s’accompagne d’une rétrocession de crédits, pleinement
opérationnelle en 2024 d’un point de vue budgétaire, depuis le programme 216 vers les
programmes métiers. Il s’agit du mouvement inverse à celui opéré
en 2020, où le
regroupement
était alors destiné à améliorer la programmation et la mise en œuvre pluriannuelle de la stratégie
en matière de projets numériques. Ce mouvement inédit devra faire l’objet d’une attention
soutenue quant à ses effets budgétair
es et la qualité du pilotage des projets, qui s’inscrivent
désormais dans une comitologie décisionnelle renforcée issue de la LOPMI.
Les
dépenses numériques sont portées par le projet Réseau radio du futur et par le projet
de transformation numérique engagé par la LOPMI.
Par ailleurs, plusieurs projets immobiliers importants sont en cours au titre du programme
216. Pour mémoire, le projet immobilier qui porte les enjeux financiers les plus élevés est le
site unique de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI),
d’une valeur totale de
1,29
milliards d’euros, engagé en janvier 2020 avec l’acquisition du foncier nécessaire à
l’opération sur le territoire de la commune de Saint
-Ouen-sur-Seine. Les travaux débuteront en
2024 et le marché de construction qui représente la majorité de la dépense sur ce projet
1
sera
engagé cette même année.
Le niveau d’exécution des crédits en 2023 est comparable à celui de 2022, voire en
retrait concernant les autorisations d’engagement
Les dépenses de la mission s’établissent en 2023 à 4 612,83 M€ en CP, contre
4 602,01
M€ en CP en 2022.
Malgré des crédits en hausse en LFI 2023 en AE et en CP, le montant des crédits
effectivement disponibles a finalement été comparable à 2022.
1
1,09 M
d€
sont
inscrits sur les crédits d’investissement du programme 216 en 20
24.
SYNTHÈSE
7
Le taux de consommation d’AE étant en b
aisse en 2023 (90,9% contre 94,2% en 2022),
contrairement au taux de consommation de CP qui est stable (94,7% en 2023 contre 94,8% en
2022),
les dépenses de la mission enregistrent logiquement une légère baisse de 110,43 M€ en
AE par rapport à 2022, liée notamment au décalage de certains projets immobiliers, et une
augmentation marginale de 10,82 M€ en CP. La soutenabilité de court terme, c’est
-à-dire celle
qui s’envisage sur l’année suivante, est maîtrisée.
Malgré des dépenses de personnel de la mission en légère augmentation en LFI 2023
(+
5%), l’exécution annuelle des crédits (2
799,99 M€) reste stable. L’année 2023 bénéficie
d’un schéma d’emploi positif, dont la réalisation au niveau de la mission est portée par le
programme 354, qui a dépassé son schéma
d’emploi. Quarante
-deux emplois pérennes ont
notamment été créés en 2023 au sein des préfectures et des sous-préfectures, en particulier pour
renforcer la capacité de gestion de crise et de communication interministérielle, les services
chargés des étrang
ers et les centre d’expertise et de ressources titres (CERT). Cette situation
contraste avec le programme 216, dont l’exécution du schéma d’emploi est inférieure à celle
prévue, compte-tenu selon le responsable de programme des difficultés de recrutements sur des
profils très spécifiques (métiers de l’immobilier, des achats, du numérique en particulier).
Les dépenses hors titre 2, qui représentent 39 % des dépenses de la mission sont en baisse
de 3 % par rapport à 2022.
Un nouvel opérateur dans la mission
Comme évoqué précédemment, il convient de signaler qu’en application de l’article 11
de la LOPMI, l’agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours
(ACMOSS) a été créée
par le décret n° 2023-225 du 30 mars 2023. Cette agence, rattachée au
programme 216, sera un opérateur à compter de 2024. Sa mission principale est de mettre en
œuvre et d’opérer le réseau Radio du futur (RFF). Deux subventions ont été versées à l’agence
en 2023 pour un montant total de 109 M€.
Les opérateurs « historiques
» de la mission, le CNAPS et l’ANTS ont dû faire face quant
à eux à une forte activité en 2023. Le plafond d’emplois des opérateurs a été relevé en prévision
des jeux olympiques et paralympiques pour l’un, et dans la perspective du maintien à
un niveau
élevé des demandes de titres pour l’autre. En raison de difficultés de recrutement, ce plafond
n’a pas pu être atteint. Les dépenses des opérateurs sont en forte augmentation depuis 2021,
soit +99,1 M€ et + 33% en deux ans. Cette hausse est esse
ntiellement portée par les dépenses
de fonctionnement de l’ANTS, les dépenses de personnel restant stables sur la période. Alors
même que le plafond des taxes affectées à l’ANTS avait été relevé, une subvention pour charges
de service public lui a été exceptionnellement versée en fin de gestion. Au regard du montant
élevé de la trésorerie de l’agence (90 M€ fin 2023), l’attribution par anticipation de cette
subvention de 15 M€ n’apparait pas nécessaire.
Des recommandations réitérées
L’analyse de l’exécution
budgétaire 2023 de la mission AGTE conduit à reprendre les
quatre recommandations déjà émises dans le cadre de l’analyse de la précédente exécution
budgétaire : ces recommandations sont mentionnées dans le récapitulatif ci-
après, et font l’objet
d’un exam
en détaillé dans le corps de la présente note.
COUR DES COMPTES
8
L’une de ces recommandations fait l’objet d’une légère reformulation, pour tenir compte
des constats de l’enquête de suivi de la Cour des comptes de décembre 2023 concernant le
rapport de la Cour de 2019 relatif à la préfecture de police de Paris, ayant mis en exergue la
nécessité d’un travail conjoint préalable de remise à plat de la répartition des financements des
missions exercées par la Préfecture de police pour aboutir à la suppression du budget spécial et
ainsi envisager un nouveau régime des relations financières entre l’État, la Ville de Paris et les
autres collectivités concernées.
Aucune nouvelle recommandation n’est formulée.
Liste des recommandations
1.
(Recommandation réitérée) : Ne pas recourir aux décrets de transfert lorsque les décisions
sont connues avant le vote de la LFI, en particulier s’agissant du transfert concernant les
agents exerçant l’emploi de délégué du préfet
(Direction du budget, RPROG 354
Administration territoriale de l’État)
.
2.
(Recommandation réitérée) : Revoir les modalités de financement du comité des finances
locales et de l’observatoire des finances et de la gestion publique locale afin de les m
ettre
en adéquation avec les dispositions de la LOLF
(RPROG 122 Concours spécifiques et
administration, RPROG 216 Conduite et pilotage des politique de l’intérieur, direction du
budget).
3.
(Recommandation réitérée)
: Poursuivre l’identification des besoins pluriannuels de
financement des différents projets d’investissements numériques et du maintien en
condition opérationnelle des applications du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer et en
assurer le suivi dans un document actualisé
(Secrétaire général du ministère de l’intérieur
et des outre-mer).
4.
(Recommandation reformulée) :
Mener à bien l’exercice de clarification des flux financiers
engagé avec la mairie de Paris concernant le budget spécial de la Préfecture de police
(
Secrétaire général du ministère de l’intérieur
et des outre-mer).
Introduction
La mission Administration générale et territoriale de l’État (AGTE) est composée de trois
programmes : le programme 216 «
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
»
, le
programme 232 «
Vie politique »
, et le programme 354 «
Administration
territoriale de l’État
»
issu de la fusion au 1
er
janvier 2020 des programmes 307 «
Administration territoriale
» et
333 «
Moyens mutualisés des administrations déconcentrées »
placé auprès des services du
Premier ministre. Deux opérateurs sont sous la tut
elle des responsables de programme : l’agence
nationale des titres sécurisés (ANTS) et le conseil national des activités privées de sécurité
(CNAPS). Il convient de signaler qu’en application de l’article 11 de la loi n°2023
-22 du 24
janvier 2023 d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI), l’agence
des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS) a été créée
par le décret n° 2023-225 du 30 mars 2023. Cette agence, rattachée au programme 216, sera un
op
érateur à compter de 2024. Sa mission principale est de mettre en œuvre et d’opérer le réseau
radio du futur (RFF).
La spécificité de cette mission réside dans son rôle de soutien, assuré par deux de ses
programmes, aux politiques publiques menées sous la
responsabilité du ministère de l’Intérieur
et des Outre-mer.
L’exécution 2023 est marquée par la mise en œuvre pour la première année de la LOPMI,
précitée, qui assigne des objectifs au ministère de l’Intérieur et des Outre
-mer, dont la mission
AGTE, et qui confère également de nouveaux moyens avec une dynamique inédite de création
d’emplois.
La mission AGTE a vu ses crédits s’accroître en loi de finances initiale (LFI) 2023
par
rapport à la LFI 2022
: ils s’établissent à 4
859,60 M€ en AE et 4
568,77 M€
en CP. Cette
hausse est particulièrement marquée concernant les autorisations d’engagement (AE) qui
augmentent de 10,3 % (+ 454,56 M€), les crédits de paiement (CP) étant en hausse de 4,1 % (+
181,58 M€).
Cette programmation à la hausse des moyens de la mission ne concerne que les deux
principaux programmes budgétaires 216 «
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
»
et 354 «
Administration territoriale de l’État
»
, le programme 232 «
Vie politique »,
non
concerné par la LOPMI, étant lié essentie
llement au calendrier électoral qui n’a pas été marqué
en 2023 par des élections nationales majeures comme en 2022. Les dépenses de la mission
s’établissent à 4
612,83 M€ en CP.
Après une analyse de l’exécution budgétaire, certains points d’attention par p
rogramme
sont mis en évidence, de même que l’analyse de la performance. La dernière partie de l’analyse
porte sur les moyens consacrés par l’État à la politique de la mission AGTE et sur les opérateurs.
COUR DES COMPTES
12
Mission « administration générale et territoriale d
e l’État »
Programme 216
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
Programme 232
Vie politique
Programme 354
Administration territoriale de l’Etat
Tableau n° 1 :
crédits ouverts en LFI pour 2023 par programme à périmètre courant
En M€
AE
Évolution
LFI 2023/LFI 2022
CP
Évolution
LFI 2023/LFI 2022
Programme 216
1 956,18
+ 34,9 %
1 870,24
+ 25,8 %
HT2
1 126,40
+ 64,2 %
1 040,46
+ 44,0 %
T2
829,78
+ 8,6 %
829,78
+ 8,6 %
Programme 232
113,36
- 76,9 %
119,61
- 75,5 %
HT2
107,10
- 74,1 %
113,35
- 72,4 %
T2
6,26
- 92 %
6,26
- 92,0 %
Programme 354
2 790,06
+ 13,2 %
2 578,91
+ 6,9 %
HT2
769,08
+ 31,5 %
557,94
+ 4,6 %
T2
2 020,97
+ 7,6 %
2 020,97
+ %
Mission
4 859,60
+ 10,3 %
4 568,77
+ 4,1 %
Source : LFI 2022 et 2023
INTRODUCTION
13
les dépenses de la mission par programme - exécution 2023
(CP, en M€)
Source : Cour des comptes
159,34
1 845,87
2 607,63
4 612,83
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
4 000
4 500
5 000
P.232
P.216
P.354
Total mission
Chapitre I
Analyse de l’exécution budgétaire
I -
La programmation initiale
La mission Administration générale et territoriale de l’État (AGTE) a vu ses crédits
s’accroître en loi de finances initiale (LFI) 2023
par rapport à la LFI 2022
: ils s’établissent à
4
859,60 M€ en AE et 4
568,77 M€ en CP. Cette hausse est particulièremen
t marquée
concernant les autorisations d’engagement (AE) qui augmentent de 10,3 % (+ 454,56 M€), les
crédits de paiement (CP) étant en hausse de 4,1 % (+ 181,58 M€).
Cette augmentation repose principalement sur les crédits de hors titre 2 (+ 18,9% en AE
s
oit + 318,26 M€, et + 2,7% en CP soit + 45,28 M€) mais concerne aussi les crédits de titre 2
(+
5% en AE/CP soit + 136,30 M€ dont 99,81 hors compte d’affectation spéciale (HCAS)).
Cette hausse des crédits de la mission AGTE en LFI 2023 doit toutefois être relativisée :
en effet, les crédits inscrits en LFI 2023 se situent au niveau de l’exécution des crédits constatée
en 2022 (fortement abondés en cours de gestion, en particulier par des décrets de transferts et
de virements pour un montant de 265 M€), ce q
ui conduit à une augmentation effective, entre
le réalisé 2022 et le prévisionnel 2023 de 1% seulement en AE (soit + 72 M€) et même à une
diminution de 0,72% en CP (soit -
35,25 M€).
A -
Les sous-
jacents d’une programmation initiale des crédits en hausse
La programmation initiale des crédits de la mission
AGTE
est habituellement marquée
par le poids de l’évolution tendancielle des crédits pour le programme 216 «
Conduite et
pilotage des politiques de l’intérieur
»
et pour le programme 354 «
Administration territoriale
de l’État
»
. Cela tient à leur dimension de programme support en particulier dans le domaine
immobilier, et à la part importante des dépenses de personnel qui offrent peu de souplesse en
programmation.
Elle est également marquée en 2023 par la LO
PMI, dans laquelle s’inscrit la loi de
programmation des finances publiques (LPFP) 2023-2027 du 18 décembre 2023
2
.
2
Introduites par la révision constitutionnelle de 2008, les lois de programmation des finances publiques fixent le
cadre pluriannuel des finances publiques. La LPFP 2023
2027 fixe la trajectoire financière pour les prochains
exercices budgétaires et les moyens qui permettront de la respecter. Le texte prévoit un retour du solde public sous
le seuil des 3% du PIB d'ici 2027.
COUR DES COMPTES
16
La loi n° 2023-
22 du 24 janvier 2023 d’orientation et de programmation du ministère de
l’intérieur (LOPMI)
La LOPMI vise à répondre aux enjeux de transformation numérique, sécuritaires et de
renforcement des capacités du MI face aux crises. Selon le rapport qui lui est annexé, cette loi «
est
d’abord une loi de transformation numérique
», qui entend saisir toutes les opportunités offertes par
les nouvelles technologies pour améliorer le service rendu au citoyen. Cette modernisation doit être
rendue possible «
en offrant aux agents du ministère de l’intérieur les outils numériques et la
formation pour en tirer pleinement profit.
»
À cette fin, la loi prévoit une évolution sur la période 2023-2027 des crédits du ministère de
l’Intérieur et des Outre
-mer et des plafonds des taxes affectées à ce ministère (hors charges de
pensions) pour plusieurs missions dont la mission
AGTE
. Le budge
t du ministère de l’Intérieur et des
Outre-
mer est ainsi augmenté, selon le rapport annexé, de 15 milliards d’euros sur la période 2023
-
2027. Le montant des crédits est fixé à titre indicatif dans l’annexe de la loi, et ventilé en AE et CP,
par programme et par année, en distinguant les crédits de titre 2 et hors titre 2 (se reporter au détail
figurant dans le tableau versé en annexe 4). Les ressources prévues doivent permettre, comme le
précise l’annexe à la lettre plafond du 8 août 2022 au ministère de l’
Intérieur et des Outre-mer, de
financer l'ensemble des dépenses portées par les programmes concernés, qu'il s'agisse de leur
progression tendancielle, y compris liée à l'inflation, ou des mesures nouvelles sur la période,
notamment les mesures salariales interministérielles et la sécurisation des grands événements (coupe
du monde de Rugby de 2023, jeux olympiques et paralympiques de 2024).
La lettre plafond, précitée, prévoit «
afin d'assurer la soutenabilité de la programmation du
ministère de l'Intérieur
» que «
cette trajectoire intègre une provision à hauteur de 150 M€ par an
3
pour absorber les risques et aléas éventuels liés à l'exécution de la loi de programmation. Ce montant
fera l'objet d'un surgel en début de gestion. Les crédits gelés seront débloqués afin d'assurer la
couverture des besoins de la gestion, au regard des informations des comptes rendus de gestion. Les
crédits non consommés seront débloqués en fin de gestion et reportés
.
La LOPMI prévoit enfin une réforme de la gouvernance des investissements (alinéa 11 de
l'annexe), mise en œuvre à compter du 1er janvier 2023, qui s’applique aux opérations
d'investissement majeures (projets numériques, immobiliers, acquisition d'équipements, etc.) et vise,
en particulier, à assurer la soutenabilité de la trajectoire budgétaire du ministère. Un comité ministériel
des investissements, présidé par le ministre de l’Intérieur et des Outre
-mer, est institué pour examiner,
pour chaque projet d’investissement majeur, la satisfaction du besoin opérationnel, la
stratégie de
maîtrise des risques, le coût global de l’investissement, intégrant en particulier les coûts d’exploitation
et de maintenance, ainsi que la faisabilité financière d’ensemble. Le comité ministériel peut
s’appuyer, s’agissant des principaux projets d’investissement, sur l’avis d’un comité financier
interministériel, associant le ministère chargé du budget, qui procède à un examen contradictoire de
la soutenabilité financière desdits projets de même que, chaque année, de la programmation
pluriannuelle. Selon la loi, le renforcement du pilotage des investissements doit notamment permettre
d’assurer la cohérence d’ensemble des décisions ministérielles en matière d’investissement, de
maîtriser les coûts, les délais et les spécifications des projets d’
investissement majeurs mais aussi de
favoriser la recherche de mutualisations et de partenariats.
La trajectoire des crédits du programme 216 s’inscrit dans le cadre de la LOPMI, ce qui
se traduit sur le quinquennal par la création de 466 ETP et des moyens supplémentaires
conséquents (+ 242,15 M€ en AE et +122,45 M€ en CP sur le HT2 en 2023) alloués aux grands
projets du ministère dans le domaine numérique, l’investissement immobilier et le renforcement
3
Ce montant global s’applique à l’ensemble des programmes du MI concernés par la LOPMI.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
17
des moyens des structures de soutien aux forces de l’o
rdre. Le programme 354 voit aussi ses
moyens progresser dans le cadre de la LOPMI avec la création de 350 ETP sur le quinquennal
2023 -
2027, dont 42 en 2023, ce qui représente une hausse de 124,38 M€ HCAS sur le titre 2
et 23,70 M€ sur le hors titre 2.
Cette programmation à la hausse des moyens de la mission ne concerne que les deux
principaux programmes budgétaires 216 «
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
»
et 354 «
Administration territoriale de l’État
»
. Outre que le programme 232 «
Vie politique »
n’est pas directement mentionné par la LOPMI, il convient de souligner que s
a programmation
initiale dépend essentiellement du calendrier électoral et des conditions de financement de la
vie politique. Or le calendrier électoral 2023 n’a pas é
té marqué par des élections nationales
majeures, contrairement à 2022
4
. Sont à signaler en 2023
: l’organisation d’élections
territoriales en Polynésie française et d’élections sénatoriales partielles ainsi que d’élections
législatives partielles (4 en mét
ropole et 3 pour des circonscriptions des Français de l’étranger).
Il en résulte une diminution significative des crédits du programme 232 de l’ordre de 76,9 %
en AE (-
377,9 M€) et 75,5 % en CP (
-
368,9 M€).
En dehors des ressources accrues issues de la LOPMI, précitée, les ressources ou
moindres dépenses attendues sont de trois natures :
-
les reports de crédits ;
-
les rattachements d’attributions de produit (AP) et de fonds de concours (FdC) ;
-
les rétablissements de crédits (RdC).
Les reports et les ra
ttachements d’AP et de FdC représentent respectivement 4 % et 1 %
du montant des crédits disponibles de la mission. Leur programmation ne présente pas de
difficulté particulière.
Le rétablissement de crédits est une procédure comptable d’atténuation d’une
dépense
venant modifier les crédits disponibles à hauteur des remboursements obtenus. Cette procédure
bénéficie d’une grande souplesse et reste totalement à la main des responsables de programme.
Pour l’ensemble de la mission, le montant total recouvré au
titre des rétablissements de crédits
est de 22,31 M€ en 2023, ce niveau ne posant pas de difficulté
5
.
Les responsables de programme font état de leur difficulté à rétablir les crédits, qui sont
liés principalement aux indus de paye. En effet, chaque indu de paye est nominatif et il est
nécessaire de le retrouver dans le système d’information financière «
Chorus » grâce à un
numéro de pièce. Afin de reconstituer une somme à rétablir dont le montant peut être significatif
au niveau du responsable de programme, il convient de réunir des dossiers de plusieurs milliers
de lignes car les indus de paye font souvent l’objet d’une procédure de paiement étalée dans le
temps. Ainsi, un montant à rétablir correspondant à un indu de paye peut générer dans l’outil
informatique des dizaines de lignes comptables. Ces recherches sont particulièrement
chronophages et nécessitent des agents parfaitement formés sur ce système d’information. Pour
autant, le gain budgétaire est faible par rapport au temps de travail mobilisé. Cette difficulté,
4
2022 a été marqué par deux scrutins nationaux relatifs aux élections présidentielles et législatives et quatre
scrutins territoriaux outre-mer.
5
La direction du budget avait pour sa part considéré en 2021 que le stock de Rdc, s’élevant 23,68 M€ en 2021,
était alors revenu à un niveau raisonnable.
COUR DES COMPTES
18
qui n’est pas spécifique à la mission AGTE, est toutefois accrue pour le programme 354, compte
tenu du grand nombre de ses BOP déconcentrés (au nombre de 24).
Tableau n° 2 :
construction de la loi de finances initiale 2023
E
n CP, en M€
LFI 2022
Mesures
de périmètre
et
de transfert
Tendanciel
Mesures
nouvelles
LFI 2023
T2 hors CAS pensions
1 937,5
5,8
57,5
36,5
2 037,3
T2 CAS pensions
784,6
2,7
27,1
5,4
819,8
Hors T2
1 666,5
196,3
- 285,5
134,4
1 711,6
Total mission
4 388,6
204,8
- 200,9
176,2
4 568,7
Source
: Cour des comptes, d’après les données du ministère de l’intérieur et des outre
-mer
B -
Des mesures de périmètre et de transferts limitées, un soclage des
crédits du plan de relance qui peut interroger
Du point de vue des mesures de périmètre et de transfert, la LFI 2023 représente un solde
de transferts entrants et sortants en diminution par rapport aux années précédentes mais qui
reste positif (+ 9,44 M€ M€) en raison des transferts entrants du program
me 354 ; cela témoigne
d’une stabilisation du périmètre après les importants mouvements que la mission avait connus
en 2020 et dont la stabilisation s’était poursuivie en 2021.
Le solde d’ETPT est en hausse par rapport à 2022 (+ 110 ETPT, contre + 60 ETPT
en
2022), également en raison des transferts entrants du programme 354, dont les plus significatifs
sont les suivants :
-
la fin de la mise en œuvre de la réforme de l’organisation territoriale de l’État, qui se traduit
par : un renforcement des services informatiques de certains secrétariats généraux
communs départementaux (SGCD) en France métropolitaine avec le transfert de 54
emplois des services informatiques et de communication (ESIC) et de 2,73 M€ en
provenance du programme 155 «
Conception, gestion et évaluation des politiques de
l'emploi et du travail
» (qui est le programme d'appui et de soutien aux politiques publiques
du ministère du Travail, de l'Emploi, et de l'Insertion) ; le transfert des emplois de directeurs
départementaux des emplois, du travail et de la solidarité, initié en loi de finances 2021 et
bénéficiant d’une extension en année pleine à hauteur de 21 ETPT et de 2,89 M€ ;
-
des évolutions de périmètre de l’administration territoriale : dans la région Grand Est,
l’expérimentation de la gestion des effectifs administratifs de la sécurité routière par le
programme 354 induit le transfert de 64 ETPT et de 3,52
M€ depuis le programme 207
;
en Nouvelle Calédonie, la fusion des services administratifs et techniques de la police
nationale (SATPN) avec la DRH du Haut-
Commissariat en raison de la création d’un SGC
implique le transfert d’effectifs PN des fonctions s
upports du programme 176 à hauteur de
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
19
20 ETPT et de 1,40 M€ ; les prérogatives du conseil supérieur de l’administration
territoriale de l’État (CSATE) ayant évolué,18 ETPT et 3,35 M€ sont transférés depuis le
programme 216 ; dans la région Auvergne-Rhône-A
lpes, le transfert d’un ETPT est destiné
à la gestion de l’axe fluvial Rhône
-Saône.
Le programme 216 est quant à lui marqué par des transferts d’ETPT sortants (
- 87) non
compensés par les transferts entrants (+ 14).
Il convient de relever par ailleurs que les crédits du plan de relance avaient fait l'objet
d'un décret de transfert en gestion en 2022
6
pour un montant entrant de 198,4 M€ en AE et de
195,7 M€ en CP, ces crédits ayant été intégrés par le responsable de programme dans la
construction de la LFI 2
023 alors même qu’ils ne sont pas mentionnés au PLF 2023. Le soclage
de crédits réalisé par le ministère de l’intérieur et des outre
- mer, qui confirme la réalisation de
cette opération (le socle 2023 de la LOPMI a bien été calculé en intégrant les crédits du plan de
relance), peut questionner en ce qu’il aboutit à pérenniser des dépenses hors titre 2.
Pour sa part, la direction du budget indique que la mission AGTE a effectivement
bénéficié de transferts de crédits relance en provenance du programme 363 «
Compétitivité
»
de près de 200 M€
; toutefois, ce resoclage des crédits transférés depuis le programme 363 a
été limité, selon elle, par la trajectoire fixée par la LOPMI, qui a été construite en fonction des
besoins réels du programme. Elle rappelle la
position qu’elle avait déjà exprimée dans sa
réponse lors de la NEB de la mission Sécurités en 2021 concernant, déjà, une question similaire
de soclage des dépenses du plan de relance à l’occasion de laquelle elle avait indiqué qu’il
«
conviendra d’être particulièrement attentif dans le cadre de la mise en œuvre de la loi
d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI)
» dans la mesure où le
plan de relance n’a pas vocation à créer des dépenses pérennes et vise à financer des mesures
ponctuelles en appui des dépenses « permanentes » des programmes budgétaires.
En ce qui concerne le programme 232 « vie politique
», il n’a fait l’objet en 2023
d’aucune mesure de périmètre et de transfert. Toutefois, pour l’organisation d’élections
législatives partielles, le programme a transféré en gestion au programme 151 «
Français à
l’étranger et affaires consulaires
»
, les crédits nécessaires à l’organisation de ces scrutins pour
les Français de l’étranger, d’un montant de 1
881
558 € en AE et 1
954
207 € en CP, dont
110
826 € en AE/CP en T2 et 1
770
732 € en AE et 1
843 381 € en CP en hors
-titre 2.
C -
Une programmation budgétaire ayant fait l’objet de réserves du
contrôleur budgétaire et comptable ministériel (CBCM)
La programmation présentée au travers du document de programmation unique (DPU) et
du document prévisionnel de gestion des emplois et crédits de personnel (DPGECP) pour 2023
pour les trois programmes de la mission
AGTE
a recueilli l’avis favorable avec réserve du
contrôleur budgétaire et comptable ministériel (CBCM), conduisant à un maintien du compte-
6
Par décret du 23 mars 2022.
COUR DES COMPTES
20
rendu de gestion (CRG) numéro 1, à l’exception toutefois du programme 232 dispensé du
CRG1 pour les crédits hors titre 2
7
.
Concernant les crédits de hors titre 2, les responsables de programmes (RPROG) 216 et
354 ont en effet transmis des programmations faisant état d’une insuffisance prévisionnelle de
crédits à hauteur de 16,4 M€ en AE/CP, soit le montant du surgel au titre de la provision pour
risques et aléas éventuels liés à l’exécution de la
LOPMI
8
, imposée dans la lettre plafond du
ministère de l’Intérieur et des Outre
-mer, comme cela a été précédemment indiqué (cf. encadré
LOPMI au point A, supra). À cela s’ajoutaient des risques et aléas identifiés dès le début de
gestion et rappelés par le CBCM à savoir :
-
incertitudes face à la conjoncture économique dégradée notamment avec des dépenses
énergétiques en hausse et une nette augmentation des coûts salariaux des prestataires
informatiques ;
-
dans le domaine immobilier, projets de grande ampleur et/ou urgents nécessitant la
mobilisation de moyens exceptionnels
9
;
-
dépenses de contentieux, avec des points d’attention sur le programme 216 concernant les
postes de dépenses « refus de concours de la force publique » suite à la programmation
d’un décret de transfert de 10 M€ depuis les crédits du ministère chargé du logement
10
, et
« attroupements
» compte tenu des risques liés aux éventuelles condamnations de l’État
dans l’un des six contentieux engagés par les sociétés autoroutières (suite au mouvement
des gilets jaunes) ;
-
transfert à l’agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours
(ACMOSS), créée par le décret n° 2023-225 du 30
mars 2023 pour mettre en œuvre et
opérer le réseau radio du futur (RRF), des crédits afférents à
ce projet (ce qui a fait l’objet
d’un accompagnement spécifique du département du contrôle budgétaire du CBCM).
Le programme 232 a quant à lui recueilli un avis favorable du CBCM concernant les
crédits de hors titre 2 compte-tenu de la soutenabilité de la programmation.
Concernant les dépenses de titre 2, le CBCM a relevé que la programmation des dépenses
hors compte d’affectation spéciale (HCAS) du programme 216 dépassait la ressource
prévisionnelle de 3,10 M€, ce montant correspondant là encore au surgel
LOPMI. S’agissant
du programme 354, il a relevé que la prévision de consommation était en dépassement de la
ressource prévisionnelle de 6,92 M€ HCAS.
7
Il convient de rappeler que le CBCM du MI s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de modalités de
programmation et de contrôles budgétaires allégées,
régies par l’arrêté du 17 décembre 2019 portant
expérimentation relatives à l’élaboration, au contenu, à la validation et au contrôle des documents de
programmation et de
répartition budgétaires. Ce dispositif vise à donner davantage de marges d’action aux
responsables de programme, notamment par une mise à disposition des crédits plus tôt dans l’année et un
allègement des contrôles en gestion.
8
Source : CBCM.
9
Un exempl
e peut être donné avec l’évacuation complète de la
préfecture de Haute-Corse en raison de présence
d’amiante et de risque d’effondrement.
10
Des abondements du programme 216 ont été réalisés en 2021 et 2022 à hauteur de 10
M€ en provenance des
programmes 135 «
Urbanisme, territoires et amélioration de l'habitat
» et 109 «
Aide à l’accès au logements
».
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
21
S’agissant du programme 232, le CBCM a relevé que la prévision d’exécution concernant
les dépenses sur le titre 2 faisait apparaître un dépassement à la ressource prévisionnelle de
2,16
M€.
II -
La gestion des crédits et sa régularité
A -
L’exécution des crédits de la mission s’établit à un montant
comparable à 2022
de la LFI à l’exécution 2023
Source : Cour des comptes
COUR DES COMPTES
22
Tableau n° 3 :
exécution des crédits de la mission en 2023
Source : Cour des comptes
La loi n° 2023-1114 du 30 novembre 2023 de finances de fin de gestion pour 2023 a eu
plusieurs impacts sur les programmes de la mission.
Elle a ouvert des crédits supplémentaires sur le programme 216, pour un montant de
10
M€ en AE et en CP, au titre de la réparation des caméras de vidéoprotection suite aux
émeutes de l’été 2023. S’agissant du programme 232, elle a annulé 6,02 M€
en AE et
9,52 M€
CP de crédits en hors titre 2. En ce qui concerne le programme 354, elle a relevé le plafond
d’emploi de 110 ETPT permettant ainsi au programme 354 d’assurer
: le renfort des services
de centres d'expertise et de ressource des titres (CERT) CNI- Passeports à hauteur de 100 ETPT
afin de
réduire les délais d’instruction des titres d’identité et de voyage
(au titre du plan
gouvernemental « Engagement national pour les titres »)
; la création d’une équipe projet pour
la cité administrative de Nanterre, avec le transfert de 2 ETPT depuis le programme 156
«
gestion fiscale et financière de l'État et du service public local
»
; le soutien à la clôture de
AE
CP
LFI
4 859,60
4 568,77
LFR
0,00
0,00
dont ouvertures
0,00
0,00
dont annulations
0,00
0,00
Reports de crédits de -1
193,58
206,58
dont hors FDC et ADP
183,72
191,67
dont FDC et ADP
9,86
14,90
FDC & ADP (hors reports)
70,54
70,54
Autres mouvements
14,84
21,37
Décrets de virements
13,74
18,74
Décrets de transferts
-1,81
-0,28
Décret d'avance
0,00
0,00
Annulations
-2,67
-2,67
Répartitions (art. 11 de la LOLF)
5,57
5,57
art. 21 de la LOLF
0,00
0,00
LFG
8,98
5,48
dont ouvertures
15,00
15,00
dont annulations
-6,02
-9,52
Solde des crédits ouverts et annulés
5 147,54
4 872,74
Exécution (crédits consommés)
4 677,38
4 612,83
En M€
Total Mission AGTE
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
23
la programmation opérationnelle des crédits du fonds européen de développement régional
(FEDER) 2014-2020 en Guadeloupe et à Mayotte pour 8 ETPT ; la réparation des atteintes aux
bâtiments de l'administration territoriale de l’État durant l'épisode de violences urbaines de juin
2023.
En 2023, aucune loi de finances rectificative n’est intervenue.
Il n’y a pas eu non plus de décret d’avance en fin d’année.
Par ailleurs, les programmes de la mission AGTE n’ont pas été concernés par le
décret n° 2023-883 du 18 septembre 2023 portant annulation de crédits
11
.
Les crédits non consommés en 2023 à l’échelle de la mission sont de 470,16 M€ en AE
et 259
,91 M€ en CP, en augmentation respectivement de 58% et 3% par rapport aux crédits non
consommés en 2022 (297,25 M€ en AE et 252,45 M€ en CP). S’agissant plus particulièrement
des AE non consommées, celle-ci se répartissent principalement entre les programmes 216
(220,18 M€) et 354 (224,35 M€).
L’importance des crédits non consommés du programme 216 s’explique, selon le
RPROG, notamment par le volume sur le hors titre 2 des reports
de crédits de 2022 sur 2023
(96,43 M€ en AE et 120,28 M€ en CP) et
le dégel
de l’ensemble de la mise en réserve et des
surgels en novembre 2023 (pour un montant total de 77,5 M€ en AE et 72,4 M€ en CP). Elle
résulte également de la sous-
exécution de la masse salariale sur l’année 2023, liée
notamment
à la non mise en œuvre de mesures catégorielles reportées sur l’année 2024, à l’exécution moins
importante que prévue de certains postes de dépenses (prime de télétravail, de restructuration,
de rupture conventionnelle)
et à des difficultés à remplir les objectifs de recrutements, le schéma
d’emploi n’étant pas atteint en 2023.
En ce qui concerne le programme 354, cette situation s’explique, selon le RPROG,
principalement par le fait que les AE pluriannuelles ouvertes devaient couvrir les nouveaux
marchés de gaz et d’électricité pour une période de quatre ans alors qu’ils n’ont été finalement
renouvelés que pour une période de deux ans, réduisant ainsi le besoin de manière significative.
S’agissant des crédits du titre 2, il a été constaté
une sous-exécution du CAS pensions liée au
recr
utement plus important qu’en 2022 de contractuels à durée déterminée sur des postes
pérennes, qui traduit selon le RPROG une tendance de fond concernant les difficultés
d’attractivité, pour des agents titulaires, des postes en préfectures.
B -
Une mise en réserve presque intégralement utilisée
La mise en réserve des crédits appliquée en 2023 a été constituée conformément aux
instructions de la direction du budget
12
: à hauteur de 0,5% pour les dépenses de personnel et
de 5% pour les autres titres, sur les crédits inscrits en loi de finances initiale. Par ailleurs, la
11
Ont été annulés
par ce décret pour 2023 des crédits d’un montant de 4 800 000 000 € en AE et de 5 000 000
000 € en CP applicables à trois programmes qui
ne sont pas inclus dans la mission AGTE (552 «
dépenses
accidentelles et imprévisibles
» ; 134 «
Développement des entreprises et régulations
» ; 723 «
Opérations
immobilières et entretien des bâtiments de l’Etat
»).
12
Circulaire du 30 novembre 2022 relative au lancement de la gestion budgétaire 2023 et à la mise en place de la
réserve de précaution.
COUR DES COMPTES
24
lettre plafond adressée au ministère de l’Intérieur et des Outre
-mer pour 2023 a prévu, comme
cela a déjà été mentionné, une provision pour absorber les risques et aléas éventuels liés à
l’exécution de la LOPMI, qui s’est donc traduite par un «
surgel LOPMI » effectué en début de
gestion, d’un montant de 27,1
M€.
Ce surgel LOPMI a tenu lieu de réserve ministérielle pour le programme 216 et
partiellement pour le programme 354, le programme 232 n’aya
nt pas effectué de réserve
ministérielle car n’étant pas concerné par la LOPMI.
Il convient de noter que, à la différence de la réserve ministérielle qui relève, dans la
logique de la LOLF, de la précaution de gestion du RPROG auquel l’autorisation parlem
entaire
confie une enveloppe globale de crédits, la mise en réserve au titre du surgel LOPMI est
imposée au RPROG, comme la décision de dégel, sans pour autant être prévue par un texte
(comme c’est le cas de la mise en réserve qui s’impose également au res
ponsable de programme
prévue à l’article 51 de la LOLF). Le programme étant l’unité de l’autorisation parlementaire,
cette provision LOPMI peut interroger en ce qu’elle pourrait être vue comme restreignant le
champ de l’autorisation législative confiant au
RPROG une enveloppe budgétaire incluant la
pleine responsabilité de sa gestion. En l’état des recherches entreprises, il n’existe pas de
précédent de loi de programmation au ministère de l’intérieur ayant prévu, ou ayant été assortie,
de dispositif de pro
vision de ce type, prévoyant au surplus un déblocage de crédits afin d’assurer
la couverture des besoins en gestion au regard des informations de compte-rendu de gestion, et
le report en fin de gestion des crédits non consommés.
la réserve et son utilisation pour la mission AGTE en 2023
Source : Cour des comptes
La réserve totale de la mission, tous titres confondus, s’établit à 143,3 M€, dont 99,2 M€
au titre de la réserve initiale, 27,1 M€ au titre de la LOPMI
13
, et 17 M€ de sur
gel dans le cadre
13
La réserve LOPMI a été constitué sur le programme
216 de 10,7 M€ en
hors titre 2 et de
3,10 M€ en
titre 2, et
sur le programme 354 de 5,7
M€ en
hors titre
2 et de 7,60 M€ en
titre 2.
Réserve initiale
0
Surgel
LOPMI/réserve
ministérielle
Dégels en
gestion
Surgel
Annulations
Réserve en fin
de gestion
Mise en réserve
Utilisation
ANALYSE DE L’EXÉC
UTION BUDGÉTAIRE
25
de la mesure gouvernementale de mise en réserve supplémentaire de 1 % des crédits prévus
dans la loi de finances et destiné à assurer la trajectoire en matière de finances publiques. Cette
réserve totale représente 3% du montant des crédi
ts de la mission en LFI. Il n’y a pas eu de
surgel de reports pour la mission.
Aucune catégorie de crédits n’a été dispensée de gel sur les programmes de la mission, à
l’exception des crédits contentieux portés par le programme 216 qui ont été dispensés d
u surgel
LOPMI compte tenu des fortes contraintes pesant en 2023 sur les dépenses de contentieux,
comme relevé par le CBCM (cf. supra, point I. C).
Le dégel en gestion s’est élevé à 129,66 M€ auxquels sont venus s’ajouter 9,51
M€
d’annulation. La réserve de fin de gestion est de 4,16 M€.
L’ensemble de la mise en réserve du hors titre 2 du programme 216 a été débloqué en
novembre 2023, pour un montant total de 77,5 M€ en AE et 72,4 M€ en CP en vue de
financer
notamment les dépenses de contentieux, les projets numériques et immobiliers
14
inscrits dans la LOPMI
,
les dépenses de vidéoprotection relevant du fonds interministériel de
prévention de la délinquance (FIPD)
,
les opérations de maintenance lourde d’administration
centrale. En ce qui concerne le titre 2, un dégel est intervenu à hauteur de 6
M€ AE/CP afin
d’assurer le financement du programme 354 pour le versement d’une subvention pour charge
de service public (SCSP) exceptionnelle à l’ANTS (dans le cadre d’un décret de virement vers
le programme 354).
Le programme 232 n'a pas bénéficié de levée de ses réserves de précaution HCAS et CAS
pour l'exercice 2023. Comme indiqué précédemment, la loi de finances de fin de gestion a
annulé
6,02 M€
en AE et
9,51 M€ en
CP de crédits en hors titre 2 ; cette annulation correspond
aux crédits mis en réserve et à 2,71 M€ de crédits reportés non utilisés (sous
-consommation des
remboursements forfaitaires des comptes de campagne à l’élection présidentielle).
Le programme 354 a obtenu l’intégralité du dégel des crédits mis e
n réserve en hors titre
2 (réserve de précaution et surgel LOPMI) soit 51,8 M€ en AE et 39,2 M€ en CP.
Le dégel de
cette réserve a notamment permis de couvrir une partie des dépenses les plus inflationnistes du
programme (fluides/énergies, déplacement). Des dépenses de titre 2 ont par ailleurs été
couvertes « sous plafond » par le dégel de la réserve de précaution et du surgel LOPMI (cf. infra
point III
B, Emplois et dépenses de personnel).
C -
L’utilisation de la fongibilité asymétrique technique par le
programme 216 dans le cadre de la création d’une nouvelle agence
Un mouvement de fongibilité asymétrique technique a été opéré le 15 décembre 2023 sur
le programme 216 pour un montant de 737
866 € dont 502
276 € HCAS. Il correspond à la
fongibilité vers le hors titre 2 des crédits de masse salariale perçus des autres programmes et
ministères dans le cadre de décrets de virement et de transfert en gestion sur le titre 2 du
14
Exemple : la prise à bail de surfaces supplémentaires nécessaires à l
installation de l
Office central de lutte
contre les violences faites aux mineurs (environ 1 400 m²), créé au sein de la Direction nationale de la Police
Judiciaire
COUR DES COMPTES
26
programme 216
15
, pour la contribution à la mise en place de l’agence des communication
s
mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS), créée au 1er avril 2023. Le
ministère de l’intérieur et des Outre
-mer indique que ces crédits ont été bloqués par le CBCM
dans le système d’information financière Chorus en 2023, afin d’être rep
ortés en 2024 pour,
selon le responsable de programme, «
sécuriser la trajectoire financière de l’ACMOSS
» : ces
crédits n’ont donc pas été versés en 2023 à l’ACMOSS.
En 2023, le programme 232 «
Vie politique »
n’a pas réalisé de mouvement de fongibilité
asymétrique, contrairement à 2022 qui avait été marquée par le financement des élections et le
recours à la fongibilité asymétrique en fin d’année.
Le responsable du programme 354 «
Administration territoriale de l’État
»
a pratiqué la
fongibilité asymétrique pour un montant de 272
073 € en décembre. Ce mouvement est relatif
à un transfert en ETPT du programme 216 au programme 354, lié à l’intégration des agents de
la direction du numérique au sein de l’ANTS.
D -
La persistance de mouvements inadaptés
1 -
Le remb
oursement des mises à disposition des agents exerçant l’emploi de
délégué du préfet
Les délégués du préfet sont des agents titulaires de catégorie A ou B, mis à disposition
pour une durée de trois ans renouvelables au profit du programme 147 «
Politique de la ville »
.
La mise à disposition donne lieu à compensation en ETPT (plafond d’emplois) et en crédits de
titre 2, sur une base forfaitaire de 60 000 € pour un agent de catégorie A et 45 000 € pour un
agent de catégorie B, CAS inclus, alors que le coût mo
yen identifié par l’administration s’élève
à 68
900 € pour un agent de catégorie A (74 100 €outre
-
mer) et 58 000 € pour un agent de
catégorie B.
En 2023, le programme 354 a mis à disposition 138 ETPT au profit du programme 147
pour l’accomplissement des m
issions de la politique de la ville, soit le niveau le plus élevé
constaté ces dernières années
16
. Dans ce cadre, le programme 354 bénéficie d’une compensation
en ETPT et en crédits de titre 2 (8,21
M€)
17
sur la base d’un montant forfaitaire inchangé de
60 0
00€ par agent de catégorie A et de 45
000
€ par agent de catégorie B.
La Cour recommande depuis plusieurs années de trouver une solution de gestion de ces
personnels, fidèle à l’esprit de la LOLF, en ne recourant pas au décret de transfert en gestion,
alors que ces missions sont connues de longue date et
a fortiori
au stade de la LFI.
15
Programme 107
Administration pénitentiaire
pour 52
109 M€ HCAS
; programme 212
Soutien de la politique
de la défense
pour 60
525 M€ HCAS
; programme 176
Police nationale
pour 296
006 M€
; programme
152
Gendarmerie nationale
pour 93 636 M€.
16
Pour mémoire : 130 ETPT en 2022, 112 ETPT en 2021, 100 ETPT en 2020, 100 ETPT en 2019, 98 ETPT en
2018 et 100 ETPT en 2017.
17
En 2023, la compensation a fait l’objet de deux décrets de transfert
en provenance du programme 147
«
Politique de la ville
» de la mission «
Cohésion des territoires
» : un premier décret n° 2023-511 du 27 juin 2023
portant transfert de crédits pour un montant de 4 050
450 € en AE et CP (68 ETPT)
; un second décret n° 2023-
1061 du 20 novembre 2023 portant transfert de crédits pour un montant de 4
164 617 € en AE et CP (70 ETPT).
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
27
Dans sa réponse à la Cour, le ministère de l’Intérieur et des Outre
-mer précise que «
le
responsable de programme RPROG s'attache à ne recourir aux décrets de transferts que dans
les cas où la dépense ne peut faire l'objet de transfert en base en LFI et si la facturation interne
ne peut être mise en œuvre.
»
Il invoque le fait que, s'agissant des délégués du préfet, le sujet
concerne plusieurs ministères et programmes, avec pour chef de file le programme 147, en
précisant que «
le maintien de ces emplois sur un programme propre avant transfert au titre du
remboursement des programmes concernés permet d'assurer la visibilité de postes dont l'intérêt
pour la politique de la ville est fondamental »
.
Lors de la contradiction, le ministère de l’Intérieur et des Outre
-mer a rappelé les éléments
déjà portés à la connaissance de la Cour lors de la précédente NEB, à savoir que la direction
générale des collectivités locales, la direction des ressources humaines et la direction du
management de l’administration territoriale et de l’encadrement supérieur du ministère ainsi
que l’agence nationale de la cohésion des territoires travaillent sur l’évolution du statut des
délégués du préfet ; le responsable du programme 147 a ainsi engagé des discussions
interministérielles afin de faire évoluer ce dispositif.
Néanmoins, la Cour relève qu’aucune décision n’est prise à ce stade selon le ministère de
l’Intérieur et des Outre
-mer. Tout en prenant
note de ces éléments, et dans l’attente de l’issue
du travail interministériel en cours, elle maintient sa recommandation.
2 -
Le comité des finances locales
Le programme 216 -
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
bénéficie d’une
attribution de produits dont le but est de couvrir les frais de fonctionnement du comité des
finances locales (CFL). Cette ressource sert notamment à rémunérer des collaborateurs
contractuels qui renforcent les effectifs de la direction générale des collectivités locales
(DGCL). Ils proviennent des prélèvements sur recettes de l’État opérés au bénéfice des
collectivités territoriales
18
.
L’article 17 de la LOLF prévoit notamment que les règles relatives aux fonds de concours
sont applicables aux attributions de produits. Le même article dispose, par ailleurs, que les fonds
de concours sont constitués «
par des fonds à caractère non fiscal versés par des personnes
morales ou physiques
». Or si les produits attribués sont bien la contrepartie des prestations
fournies par l’État, en l’espèce la DGCL (qui prépare les travaux et délibérations du comité des
finances locales et en exécute les décision), les fonds ne proviennent pas d’un tiers puisqu’ils
ne quittent jamais la caisse de l’État.
Cette manière de procéder n’est pas c
onforme aux dispositions précitées. Il conviendrait
donc de revoir les modalités de financement des dépenses de personnel et de fonctionnement
de la DGCL nécessitées par son concours au fonctionnement du comité des finances locales.
18
Le dispositif actuel repose sur deux articles suivants du code générale des collectivités territoriales (CGCT).
L'article L. 1211-5 du CGCT qui prévoit qu'une dotation, destinée à couvrir les frais de fonctionnement du comité
des finances locales et le coût des travaux qui lui sont nécessaires est prélevée sur les ressources prévues pour la
dotation globale de fonctionnement ouverte en LFI de l'année « n ». L'article R. 1211-17 du CGCT qui dispose
que la dotation prévue à l'article précité est versée au trésor public et rattachée au budget du ministère de l'intérieur
et des Outre-mer selon la procédure de fonds de concours pour dépenses d'intérêt public.
COUR DES COMPTES
28
La Cour avait déjà, à
l’occasion de l’analyse de l’exécution budgétaire 2010 puis dans
une communication du Procureur général
19
, soulevé cette irrégularité. Le ministère avait, dans
sa réponse, indiqué que des réflexions étaient en cours afin de concilier le respect de la LOLF
e
t le maintien d’un lien entre le comité des finances locales et les agents contractuels concernés.
Dans la note d’analyse de l’exécution budgétaire 2015, la Cour avait souligné que la mise
en place, prévue par la loi « NOTRe
» de l’observatoire des financ
es et de la gestion publique
locales devait être l’occasion de revoir ce dispositif. Cela n’a pas été le cas
: la création de cet
observatoire, installé en 2016, n’a pas eu de conséquences sur les modalités de financement du
comité des finances locales.
E
n 2023, le montant de l’attribution de produit afférente rattachée au programme 216
s’élève à 0,92 M€
20
.
Comme en 2022, le ministère de l’intérieur et des outre
-mer fait valoir que la direction
du budget a été sollicitée afin d’envisager les modalités d’un
abondement du budget général sur
le programme 216 ou une modification du code général des collectivités territoriales, sans
réponse. Il rappelle également que le cabinet du Premier ministre avait décidé lors de la création
de cette instance que la part État des crédits devait être financée en interne à la mission
"
Relations avec les collectivités territoriales
" ; il souligne enfin néanmoins que le financement
des crédits de personnel sur le programme 122 «
Concours spécifiques et administration
» n'est
pas
envisageable car ce programme ne porte pas de crédits de personnels et qu’une fongibilité
du HT2 de ce programme vers le titre 2 du programme 216 n’est pas possible.
Ces explications n’emportent pas argument quant à la régularité de la procédure qui
persiste à être suivie malgré les recommandations de la Cour
21
. Il convient de noter au surplus
que selon les différentes entités concernées en lien avec les finances locales, plusieurs modes
de financement existent, à la fois budgétaire et par prélèvement sur
recettes, selon qu’il s’agit
du comité des finances locales ou de sa formation spécialisée dénommée observatoire des
finances locales (art. L. 1211-
1 et suivants du CGCT) ou du conseil national d’évaluation des
normes (art. R 12133-1 du CGCT).
Dans l’attente d’une régularisation de cette situation
conformément à la LOLF, la Cour ne peut que maintenir sa recommandation.
E -
Les crédits « Plan de relance » et « France 2030 »
Le plan « France relance » présenté par le Premier ministre le 3 septembre 2020 dans la
continuité des mesures mises en place en réponse à la crise sanitaire de la « COVID-19 » visait
à soutenir l’accélération de la transition écologique, l’amélioration de la compétitivité des
entreprises, le renforcement des compétences et le développement d
es territoires. L’effort
19
Communication du Procureur général près la Cour des comptes n° 61-169 du 30 mai 2011.
20
Pour mémoire
: ce montant était de 0,91 M€ en 2022 et de 0,87 M€ en 2021.
21
Cette observation sur la procédure de financement est sans incidence sur le choix du programme d’imputation
de la ressource destinée à rémunérer les collaborateurs de la DGCL. À cet égard, il y a lieu de mentionner pour
information la recommandation formulée par la Cour de manière réitérée dans sa NEB «
Relations avec les
collectivités territoriales
» concernant les crédits de fonctionnement e
t d’investissement de la DGCL, dont le CFL
et l’OFGL, tendant à regrouper les crédits de fonctionnement et d’investissement propres de la direction générale
des collectivités locales, y compris ceux du comité des finances locales et de l’observatoire des f
inances et de la
gestion publique locales au sein du programme 216
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur (DGCL).
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
29
budgétaire a été concentré sur la mission « Plan de relance
» dans l’objectif d’en assurer un
meilleur suivi
22
.
Comme indiqué au point I
B supra, les crédits du plan de relance (195,7 M€ en CP)
avaient fait l'objet d'un décret de transfert en gestion en 2022 et ont été soclés par le responsable
de programme dans la construction de la LFI 2023 ; ils ne sont plus en tant que tels considérés
comme des crédits du plan de relance.
Pour autant, il existe en 2023 un reliquat de crédits du plan relance
23
de 56 293 € en AE
et 29,75 M€ en CP, issus exclusivement de reports de crédits 2022. La consommation finale sur
l'exercice 2023 est de -
320 168 € en AE et 12 467 471 € en CP. Le montant négatif en AE
s'explique par des retraits d'engagements juridiques d'années antérieures
24
.
Le programme 354 n’a pas bénéficié de crédits France 2030 (les programmes 216 et 232
non plus). Il n’a pas non plus bénéficié de crédits plan de relance en 2023 (qui s’est achevé en
2022 pour le P 354).
III -
L’analyse de l’évolution de la dépense et de ses
composantes
Les dépenses de la mission s’établissent en 2023 à 4612,83 M€ en CP, contre 4602,01
M€
en CP en 2022.
Malgré des crédits en hausse en LFI 2023 en AE et en CP, le montant des crédits
effectivement disponibles a finalement été comparable à 2022, année dont il convient de
rappeler qu’elle avait été marquée par des abondements importants en gestion (en particulier
par des décrets de transferts et de virements pour un montant de 265 M€).
Le taux de consommation d’
AE étant en baisse en 2023 (90,9 % contre 94,2% en 2022),
contrairement au taux de consommation de CP qui est stable (94,7 % en 2023 contre 94,8 % en
2022),
les dépenses de la mission enregistrent logiquement une légère baisse de 110,43 M€ en
AE 2023 par rapport à 2022, liée au décalage notamment de certains projets immobiliers, et une
augmentation marginale de 10,82 M€ en CP.
C’est surtout le programme 216 qui accuse un faible taux de consommation en AE
(89,4%), concentré sur les crédits de l’action 5 «
affaires immobilières
» où, selon l’analyse
effectuée par les rapporteurs, le taux de consommation est de seulement 71,47 % par rapport
aux crédits inscrits en LFI. Dans sa réponse, l’administration indique que, en intégrant
également les reports de crédits dans la ressource disponible, la sous-
consommation de l’action
5 est de 96,9 M€ en AE, et est la conséquence notamment des éléments suivants :
22
Cette mission est constituée des programmes 362 -
Écologie
, 363 -
Compétitivité
et 364 -
Cohésion
.
23
Ces crédits sont positionnés sur le BOP 0363-CDCR : quand bien même ce BOP ne relève pas du programme
216 mais du programme 363, il est placé sous la responsabilité du la DEPAFI qui assure également les fonctions
de responsable délégué du programme 216.
24
Une consommation est toujours négative en fin d'exercice, c'est qu'il y a eu plus de retraits d'engagement d'années
antérieures que de consommations d'AE 2023.
COUR DES COMPTES
30
-
la sous-
consommation de 4,9 M€ d'AE suite au décalage du renouvellement du bail de
l’immeuble «
Le Gouverneur » à Lyon qui abrite le SGAMI sud-est en raison des
négociations non abouties entre le bailleur et le service local des domaines ;
-
la sous-
consommation de 77,8 M€ d'AE affectées sur tranches fonctionnelles,
correspondant à des opérations d’investissement non
engagées en raison principalement
d’un «
déficit chronique » de conducteurs d'opérations et de spécialistes internes conduisant
à un ralentissement de l'activité au regard du calendrier initial et à l'obligation de mettre en
place des prestations extérieures qui rallongent les délais et repoussent le début des
travaux ;
-
le redéploiement de 10,1 M€ d’AE vers l'action 06 (CAJC) afin de couvrir des besoins
identifiés en cours de gestion pour les dépenses de contentieux et 4,1 M€ en AE vers l'action
01 (CNAPS) afin de couvrir les besoins complémentaires du CNAPS.
Si le programme 354 a un taux d’exécution de consommation d’AE plus élevé (92,3
%),
il accuse également une faible consommation sur son action 6 « dépenses immobilières de
l’administration territoriale
» à 70,19%, liée au retard pris dans
l’engagement d’opérations
immobilières prévues. Il indique que, initialement programmées à 527 M€, les AE n'ont été
exécutées qu'à hauteur de 369,4 M€ soit une différence de 157,6 M€ qui s'explique
principalement par :
-
une moindre consommation d'AE pour le renouvellement des marchés de fluides
d’énergie
: le responsable de programme avait anticipé un besoin pour des marchés d'une
durée de 4 ans alors que les marchés ont été conclus pour une durée de deux ans (-
71,5
M€)
;
-
des estimations erronées sur le besoin en AE pluriannuelles pour les loyers (-
43 M€) ;
-
des diminutions d'engagement sur l'entretien courant et les contrats de maintenance
(- 17,4
M€) ;
-
des décisions locales de réaliser des économies sur l'immobilier du propriétaire (-
22 M€) ;
-
des décalages d'opérations sur le programme national d’équipement (
-
3,7 M€).
Ces éléments révèlent une réelle fragilité du ministère de l’intérieur et des outre
-mer à
mener à bien ses opérations immobilières.
La soutenabilité de
court terme, c’est
-à-
dire celle qui s’envisage sur l’année suivante, est
maîtrisée.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
31
exécution 2019
2023 (en Md€)
Source : Cour des comptes
LFI et exécution 2019
2023 (AE, en Md€)
Source : Cour des comptes
2,83
3,87
4,24
4,60
4,61
2,77
3,82
4,41
4,79
4,68
0
1
2
3
4
5
6
2019
2020
2021
2022
2023
CP
AE
2,78
4,05
4,18
4,41
4,86
2,77
3,82
4,41
4,79
4,68
0
1
2
3
4
5
6
2019
2020
2021
2022
2023
LFI (AE)
Exécution (AE)
COUR DES COMPTES
32
LFI et exécution 2019
2023 (CP, en Md€)
Source : Cour des comptes
2,84
3,97
4,20
4,39
4,57
2,83
3,87
4,24
4,60
4,61
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
2019
2020
2021
2022
2023
LFI (CP)
Exécution (CP)
A
NALYSE DE L’EXÉCUTIO
N BUDGÉTAIRE
33
A -
L’évolution des dépenses par titre
les dépenses 2019-
2023 de la mission par titre (CP, en M€)
Source : Cour des comptes
La structure de la mission, restée relativement stable depuis 2015 par titre de dépense,
avait connu des changements en 2020
25
. La stabilité constatée depuis 2020 se retrouve en 2023 :
les dépenses de personnel représentant 61% des crédits de la mission, les dépenses de
fonctionnement 30
%, les dépenses d’investissement et d’intervention se situant chacune
à 4 %.
Il convient de noter en 2023 des dépenses d’opérations financières du titre 7 représentant 2
%,
en raison d’une dotation en fonds propres du programme 216 au bénéfice de l’agence des
communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS) pour un montant
de 92,2 M€.
25
Les changements intervenus en 2020 étaient liés à l’évolution des périmètres des programmes
: la part des
dépenses de personnel avait diminué, passant de 70 % à 62 % des crédits de la mission, tandis que celle des crédits
de fonctionnement avait augmenté de 10 points de 21 à 31 % des dépenses. En 2021, les dépenses de personnel et
les dépenses de fonctionnement étaient restées stables par rapport à 2020, représentant respectivement 60 % et
32,5 % des crédits de la mission (62 % et 31 % en 2020), de même que les crédits d’investissement et ceux
d’intervention qui s’élevaient à respectivement 2,3 % et 4,7 % des crédits en 20
21 (3 % et 4 % en 2020).
1,99
2,39
2,56
2,73
2,80
0,60
1,20
1,36
1,54
1,37
0,16
0,17
0,18
0,20
0,20
0,07
0,11
0,15
0,13
0,15
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
2019
2020
2021
2022
2023
Dépenses de personnel (T2)
Dépenses de fonctionnement (T3)
Dépenses d'intervention (T6)
Dépenses d'investissement (T5)
Dépenses d'opérations financières (T7)
COUR DES COMPTES
34
B -
Emplois et dépenses de personnel
1 -
Le plafond d’emplois et le schéma d’emploi
plafond d’emplois et exécution de 2019 à 2023 (en ETPT pour la
mission)
Source : Cour des comptes
Le plafond d’emplois de la mission augme
nte de 221 ETPT en 2023 par rapport à 2022.
Son taux d’exécution est de 99,70
%.
32 891
38 645
40 392
40 487
40 708
32 188
38 146
40 311
40 591
40 587
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
45 000
2019
2020
2021
2022
2023
Mission administration générale et territoriale de l'Etat
Plafond d’emplois de la mission
(LFI+ LFR + mouvements en gestion)
Emplois de la mission exécutés
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
35
plafond d’emplois et exécution de 2019 à 2023 pour les opérateurs (en
ETPT)
Source : Cour des comptes
Le plafond d’emplois des opérateurs et son exécution sont en augment
ation en 2023,
passant de 361 ETPT en LFI 2021 et en LFI 2022, à 379 ETPT en LFI 2023, soit + 18 ETPT.
Cette augmentation se constate également en exécution mais elle est moindre (+ 9 ETPT)
passant de 350 ETPT exécutés en 2022 (349 ETPT exécuté en 2021) à 359 ETPT en 2023.
Tableau n° 4 :
schéma d’emplois de la mission de 2021 à 2023 (en ETP)
Exécution
2021
Exécution
2022
LFI 2023
Exécution
2023
Schémas
d'emplois et
transferts
-88
-88
104
103
Programme 354
23
11
48
58
Programme 232
0
0
0
0
Programme 216
-111
-99
56
45
Source
: ministère de l’intérieur et des outre
-mer
Depuis 2018, le schéma d’emplois était exigeant pour l’ensemble de la mission. L’année
2023 est marquée par un schéma d’emploi positif porté en LFI par les programmes 216 et 354,
dont la réalisation au niveau de la mission est assurée par le programme 354.
Le solde initial en LFI pour le programme 354 s’élevait à 48 ETP, ce qui a permis de
créer 42 emplois pérennes en 2023 au sein des préfectures et des sous-préfectures, en particulier
pour renforcer la capacité de gestion de crise et de communication interministérielle (10 ETP),
les services chargés des étrangers (12 ETP, la lutte en matière de fraude en matière de titre
358
355
361
361
379
346
345
349
355
359
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2019
2020
2021
2022
2023
Plafond d’emplois des opérateurs
(LFI+ LFR)
Emplois des opérateurs exécutés
COUR DES COMPTES
36
(7
ETP) et les CERT, l’accueil du public (5 ETP), les capacités de pilotage immob
ilier et
numérique (3 ETP) et la lutte contre le séparatisme et la radicalisation (5 ETP). A ces 42 ETP
se sont ajoutés 6 ETP créés au titre du renforcement de l’évaluation de l’encadrement supérieur.
Ce schéma d’emploi initial du programme 354 a ensuite
connu une évolution en cours
de gestion de +10 ETP suite à des arbitrages interministériels relatif à la constitution de l'équipe
projet concernant la cité administrative de Nanterre
26
(+2 ETP) et la constitution d'équipes
d'appui dans le cadre de la clôture de la gestion opérationnelle du FEDER pour Mayotte et
Guadeloupe (+ 8 ETP).
En ce qui concerne le programme 216, l’exécution du schéma d’emploi est de 45 ETPT
au lieu de 56 ETPT. Cette sous-
consommation s’explique selon le RPROG par une difficulté à
réaliser les recrutements prévus dans le cadre de la LOPMI sur des profils très spécifiques. Ces
difficultés sont rencontrées sur les métiers de l’immobilier, des achats, du numérique mais
également concernant les inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière pour
lesquels un nombre important de lauréats a finalement renoncé au bénéfice du concours. Le
programme 216 demande le report sur 2024 du schéma d’emplois non réalisé en 2023.
Si le programme 216 n’avait pas sous
-
exécuté son schéma d’empl
oi, compte-tenu du
dépassement par le programme 354 de son propre schéma d’emploi, le plafond d’emploi de la
mission aurait été dépassé.
2 -
Les dépenses de personnels et la gestion des crédits de titre 2
Tableau n° 5 :
dépenses de personnel par programme de la mission en 2023
En M€
LFI 2022
Exéc. 2022
LFI 2023
Exéc. 2023
P 216
764,14
774,12
829,79
804,40
P 354
1878,62
1917,99
2020,97
1989,18
P 232
77,97
38,8
6,26
6,41
Mission AGTE
2720,73
2730,91
2857,02
2799,99
Source : Cour des comptes
Malgré des dépenses de personnel de la mission qui sont en légère augmentation en LFI
2023 (+ 5%), l’exécution des crédits (2
799,99 M€) reste stable en 2023. Il n’y a eu aucun
mouvement au sein du titre 2 entre crédits du CAS
Pensions
et crédits hors CAS
Pensions
.
Le programme 216 a connu une sous-
exécution de la masse salariale sur l’année 2023.
Celle-ci est due en particulier à :
-
la non mise en œuvre d’un certain nombre de mesures catégorielles qui seront reportées sur
l’année 2024
;
-
la sous-exécution de certaines dépenses ou enveloppes par rapport aux prévisions en
budgétisation (prime télétravail, PSC, rupture conventionnelle)
;
26
Le centre administratif départemental de Nanterre qui fait l’objet d’un projet de rénovation regroupe 14 services
de l'État et près de 2000 agents.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
37
-
la sous-exécution de dépenses type prime de restructuration ;
-
la non-
atteinte de l’objectif de recrutements d’apprentis.
Par ailleurs, le programme 216 compte 86 agents mis à disposition d’autres programmes
ou ministères en 2023, dont 60 % à titre gratuit, comme en 2022. Le manque à gagner
27
pour le
programme n’est pas négligeable en masse salariale compte tenu des corps d’origine des
personnels en question (corps préfectoral et administrateurs civils, attachés d’administration).
Le responsable de programme indique s’attacher depuis plusieurs années à réduire le nombre de
personnels mis à disposition à titre
gratuit. Il précise en outre que si le ministère de l’intérieur et des
Outre-mer met à disposition 51 agents à titre gratuit,
il a aussi bénéficié de 28 agents en mise à
disposition gratuite entrante (c’est
-à-
dire depuis d’autres ministères).
Concernant l
e programme 232 et à l’instar de la dépense hors titre 2, la dépense en titre 2
est très sensible au calendrier électoral qui détermine le nombre de scrutins à organiser et donc
le niveau d’indemnités électorales à verser ainsi que le niveau d’activité de
la commission
nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) et par
conséquent sa masse salariale
28
. C’est la raison pour laquelle la prévision et l’exécution de la
masse salariale en 2023 (6,26 M€ en LFI pour une exécution à 6,41
M€ du fait de reports de
charge, couverts par le biais d’un arrêté de répartition et d’un décret de transfert) sont en net
retrait par rapport à celles de 2022 (77,97 M€ en LFI 2022 pour une exécution à 38,80 M€ du
fait en particulier d’une fongibilité asymétrique à hauteur de 38,2 M€).
Le plafond d'emplois
accordé à la CNCCFP en 2023, année sans échéance électorale générale, a donc connu une
baisse, passant à 55 ETPT (contre 65 ETPT en 2022). Il convient de relever que l’année 2023
a été marquée par un renouvellement important des effectifs entraînant des vacances de postes
et, en conséquence, une sous-
consommation du plafond d’emploi (52,71 ETPT sur les 55
autorisés).
En ce qui concerne les mises à disposition, les emplois rémunérés sur le programme 232
sont placés à la CNCCFP. Aucune mise à disposition n’est faite sur le programme, que ce soit
à titre onéreux ou à titre gracieux.
S’agissant de la masse salariale du programme 354, celle
-
ci s’est exécutée à 1
449,7 M€
HCAS en 2023. Les dépenses sont marqué
es par des facteurs d’évolution qui ne sont pas
forcément liés au programme et notamment :
-
des mesures catégorielles à hauteur de 13 M€ dont la réforme de la haute fonction publique
(11,6 M€) et les mesures de bas de grilles pour les agents de catégorie B (1,4 M€) ;
-
des mesures générales de 31,9 M€ comprenant le rebasage de la garantie individuelle de
pouvoir d’achat (GIPA, 2,5 M€), l’extension en année pleine de la revalorisation du point
d’indice de 3,5
% en 2022 (17,8 M€) et l’augmentation en 2023 du point d’indice (7,9 M€)
ainsi que les mesures bas salaires (3,7 M€) ;
27
Manque à gagner estimé
à 8,4 M€ par le ministère de l’intérieur et des Outre
-
mer selon l’annexe 3 AGTE du
rapport fait au nom de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de
l’Assemblée nationale sur le PLF 2022.
28
Il s’agit de la rémunération du président, du vice
-président, des agents permanents et des renforts temporaires,
ainsi que de l’indemnisation des rapporteurs généraux et des rapporteurs pour le contrôle des comptes de
campagne.
COUR DES COMPTES
38
-
d’autres dépenses exécutées en 2023 (23,2 M€) telles que l’indemnisation des jours de
compte épargne temps (CET, 8 M€), les mesures de restructuration (0,1 M€) et d’autres
dépenses (15,1 M€) parmi lesquelles la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (9,2 M€)
et la prime de précarité des contractuels à durée déterminée.
Les autres variations des dépenses de personnel du programme 354 (6 M€) s’expliquent
en particulier par le renfort des cen
tres d’expertise et de ressource titres (CERT) pour les cartes
nationales d’identité et les passeports (100 ETPT dont l’impact en masse salariale s’est élevé à
3,2 M€).
L’exécution finale 2023 de la masse salariale du programme 354 laisse ainsi apparaître
un solde positif de 1,9 M€ HCAS qui s’explique notamment
par d’importantes dépenses
reportées en janvier 2024 concernant en particulier des recrutements de contractuels à durée
déterminée (CDD) en fin d’année 2023.
Certaines de ces dépenses de titre 2 du programme 354 ont été couvertes « sous plafond »,
compensées par le dégel de la réserve de précaution et du surgel LOPMI, en particulier :
l
’impact indiciaire de la réforme de la haute fonction publique pour les autorités préfectorales
et les emplois direc
teurs de l’administration territoriale de l’État (DATE), l’impact indemnitaire
de la réforme pour les autorités préfectorales, le complément indemnitaire annuel (CIA)
interministériel des préfets, versé en mars et avril 2023, et deux relèvements de l’indic
e
minimum de traitement dans la fonction publique.
Tableau n° 6 :
structure de la variation des dépenses de personnel (hors CAS pension)
en 2023
Mission AGTE
en M€
Dépenses de personnel 2022
1 979,69
Mesures de transfert et de périmètre
6,21
Débasage de dépenses au profil atypique
-66,19
Dépenses de personnel 2022 retraitées
1 919,71
Effet de noria GVT négatif
-8,72
Schéma d'emplois
19,8
Mesures générales
39,8
Mesures catégorielles
15,91
Mesures individuelles GVT positif
20,56
Rebasages de dépenses au profil atypique
29,77
Autres variations de dépenses
6,91
Dépenses de personnel 2023
2 043,74
Source : Cour des Comptes
3 -
Un recours croissant aux personnels contractuels
Au titre de l’année 2023, la dépense totale liée aux contractuels du
programme 354
s’établit à 144,5 M€ pour 4
200,4 ETPT répartis dans l’ensemble des BOP déconcentrés
: il
s’agit de la dépense totale liée aux contractuels, y compris les cotisations patronales et prime
de précarité (3,3 M€).
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
39
L’évolution de la masse salaria
le relative aux contractuels traduit à la fois la hausse de
leur nombre et les deux relèvements du minimum de traitement de la fonction publique en lien
avec l’évolution du SMIC et de l’inflation, la revalorisation du point d’indice opérée à mi année
et enfin la hausse du coût moyen de recrutement (+8 % en France métropolitaine entre 2022 et
2023 du coût moyen des contractuels recrutés sur des postes pérennes) qui constitue un levier
d’amélioration de l’attractivité des postes. En outre, en 2023, 9,6 M€ ont
été versés au titre de
l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) au bénéfice de 1 009 bénéficiaires.
Tableau n° 7 :
masse salariale et ETPT contractuels au sein du programme 354
2021-2023
2021
2022
2023
CP en M€
65,4
111,3
144,5
ETPT
2 253,6
3 487,6
4 200,4
Coût moyen
29 018,3
31 914,3
34 415,4
Source
: ministère de l’intérieur et des outre
-mer
La hausse du recours aux CDD par rapport à 2022 s’explique essentiellement par des
plans de renfort fléchés par le responsable du programme 354 sur l’instruction et la délivrance
des titres, et par des recrutements sur des postes pérennes encore plus impor
tants qu’en 2022.
Cela confirme selon l’administration le manque d’attractivité de certains postes et impose aux
SGCD de proposer à des contractuels des postes normalement dévolus à des agents titulaires,
parfois avec une rémunération attractive.
Sur les 4 200,4 ETPT susmentionnés, 1 610 ETPT ont été consacrés à la mission
d’instruction et de délivrance des titres (38 % du total des CDD mobilisés par le programme),
ainsi répartis :
-
services étrangers (séjour, asile, éloignement, naturalisation) : 1 017 ETPT (+400 ETPT),
soit 63 % consacrés à cette mission et 24 % de l’ensemble des moyens contractuels
;
-
instruction des autres titres (permis de conduire, CIV et titres d’identité)
: 593 ETPT (en
hausse de 160 ETPT par rapport à 2022), soit 37 % consacrés à cette mission et 14 % du
total général
; cette hausse s’explique par les plans de renforts complémentaires opérés pour
les CERT CNI-
PSP en 2023 en lien avec l’engagement national en faveur des titres porté
par le Gouvernement et, dans une moindre mesure pour les CERT PC.
COUR DES COMPTES
40
Tableau n° 8 :
répartition des personnels contractuels au sein du programme 354
Source
: ministère de l’intérieur et des outre
-mer
En ce qui concerne le programme 216, les contractuels portés par ce programme en 2023
ont représenté une enveloppe totale d
e 82,1 M€, en nette augmentation par rapport à 2022 (68,4
M€). L’effectif en 2023 est également en hausse par rapport à 2022
: 1 415 ETPT en moyenne
contre 1 243 ETPT en moyenne pour 2022. Le coût moyen croît en 2023 à 4836 € contre 4606
en 2022. Les hau
sses en masse salariale et en effectifs s’expliquent, selon le ministère de
l’Intérieur et des Outre
-mer, par la part croissante des contractuels affectés dans les SGAMI et
au secrétariat général. L’ARE a bénéficié à 185 personnes pour un montant de 1
073
811 € en
2023, ce qui est là encore en augmentation par rapport à 2022 où l’ARE avait bénéficié à 110
personnes pour un montant de 723
590 €.
Comme évoqué précédemment concernant le schéma d’emploi, le programme 216 est
confronté à la nécessité de recourir à un nombre important de contractuels, en particulier sur
des métiers en tension compte tenu de la rareté de l’offre en ce qui concerne des expertises
pointues en particulier dans les domaines de l’immobilier et du numérique. L’administration,
qui indique ne pas disposer de suffisamment de ressources en interne, est conduite à recourir à
des personnels contractuels pour lesquels elle se retrouve en situation de concurrence avec le
secteur privé. Ces facteurs de rareté de l’offre et de concurrence conduisent l’administration à
devoir être plus attractive en termes de rémunérations.
ETPT
Part/total
ETPT
Part/total
ETPT
Part/total
Instruction et délivrances de titres
934,8
41,5%
1 409,2
40,4%
1 610,7
38,3%
50,7%
14,3%
Représentation de l'Etat et
communication, standard et accueil
général
335,5
14,9%
508,6
14,6%
627,8
14,9%
51,6%
23,4%
Animation des politiques
interministérielles
200,9
8,9%
265,3
7,6%
319,6
7,6%
32,1%
20,5%
Immobilier / Moyens
162,7
7,2%
249,2
7,1%
315,8
7,5%
53,2%
26,7%
Sécurité
133,4
5,9%
216,7
6,2%
306,6
7,3%
62,4%
41,5%
Ressources humaines
98,9
4,4%
198,3
5,7%
222,9
5,3%
100,5%
12,4%
Informatique
98,6
4,4%
161,6
4,6%
191,6
4,6%
63,9%
18,6%
Management et appui au pilotage
stratégiques
75,0
3,3%
128,8
3,7%
159,0
3,8%
71,7%
23,5%
Elections, expertise juridique et lutte
contre la fraude
76,2
3,4%
121,0
3,5%
112,7
2,7%
58,8%
-6,9%
Budget et achats
55,9
2,5%
101,0
2,9%
122,4
2,9%
80,7%
21,2%
Relations avec les collectivités
locales
63,4
2,8%
99,4
2,8%
150,9
3,6%
56,8%
51,8%
Divers
18,1
0,8%
28,7
0,8%
60,3
1,4%
58,6%
110,2%
TOTAL
2 253,4
100%
3 487,8
100%
4 200,4
100%
54,8%
20,4%
2021
2022
2023
Evolution
2022/2021
Evolution
2023/2022
Missions
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
41
C -
Des dépenses de fonctionnement en baisse
Tableau n° 9 :
dépenses de fonctionnement de la mission par programme 2022
2023 en
CP, en M€)
En M€
LFI 2022
Exéc. 2022
LFI 2023
Exéc.2023
Taux
d’exécution
Évolution
dépenses
2023/2022
P 216
553,4
598,5
631,9
751,3
119%
+26 %
Dont SCSP
17,5
17,3
17,2
23
-
-
P 354
468
501
507,3
535,1
105%
+7%
P 232
307,6
351,9
43,7
85,1
195 %
-76%
Mission
AGTE
1 329
1 451,4
1 182,9
1 371,5
115%
-6%
Source :
d’après les données des responsables de programme
L’évolution des dépenses de fonctionnement doit s’apprécier à l’aune des modifications
de périmètre intervenues au sein de la mission et du calendrier électoral d’une part, mais
également, en exécution, à
travers les ressources attendues en gestion qu’il s’agisse des reports
pour le programme 232 «
Vie politique »
ou des fonds de concours et attributions de produit
pour le programme 354 «
Administration territoriale de l’État
»
essentiellement. Enfin,
l’inf
lation a eu un impact sur les dépenses de fonctionnement de la mission. Les dépenses de
fonctionnement représentent 30 % des dépenses de la mission AGTE.
Les dépenses de fonctionnement de la mission d’un montant total de 1
371,5 M€ sont en
baisse de 6 % par rapport à 2022 (1
451,4 M€).
Cette diminution s’explique par celle des
dépenses de fonctionnement du programme 232 (-76%), aucun scrutin au suffrage universel
direct n’ayant été organisé en 2023, qui compense largement l’augmentation des dépenses de
fonctionnement des programmes 216 et 354.
S’agissant du programme 216, les dépenses en lien avec le numérique (291 M€ en AE et
309 M€ en CP) sont en baisse en AE par rapport à 2022 (296 M€) et à la LFI 2023 (302 M€) et
en hausse en CP par rapport à 2022 (258
M€) et aux prévisions de la LFI 2023 (263 M€ en CP).
L’évolution des coûts liés à l’inflation a eu des conséquences sur ceux des équipements
informatiques, des fluides et des conditions d’intervention des prestataires informatiques dont
les coûts salariaux sont en nette augmentation. Enfin, la LOPMI a doté le ministère de moyens
supplémentaires conséquents alloués aux grands projets numériques (41 M€ en titre 3 en 2023).
Les dépenses de l’action 6 «
affaires juridiques et contentieuses
» (133 M€ en CP)
conn
aissent une forte augmentation par rapport à 2022 (101 M€ en CP) et à la LFI 2023 (91
M€
en CP). La consommation 2023 particulièrement dynamique, s’explique par le report des
charges 2022 recensé par les RUO, de 20 M€ dont 12,4 M€ au titre des refus de con
cours de la
force publique. Le montant de report des charges a doublé par rapport à 2022. La consommation
COUR DES COMPTES
42
reste soutenue dans l’ensemble des domaines de l’action, et plus particulièrement sur le
contentieux des étrangers.
En revanche, le montant exécuté de
s dépenses immobilières (129 M€ en CP), s’il est en
hausse par rapport à 2022 (114
M€ en CP) est inférieur aux prévisions 2023 (156 M€ en CP)
en raison, notamment, du paiement en avance de phase des deux crédits bails immobiliers pour
un montant de 7,3 M€
(Garance et Levallois). Le responsable de programme explique que ce
paiement, réalisé en accord avec le comptable, procède d’une volonté d’optimiser la
consommation des crédits de paiement sur l’exercice 2022, ouvrant ainsi la possibilité de
dégager des re
ssources sur l’exercice suivant. Il convient en revanche de noter que le paiement
en avance de phase ne peut expliquer à lui seul la sous-consommation des crédits à propos de
laquelle le responsable de programme ne fournit pas d’autre explication.
Les dépenses de fonctionnement du programme 354 varient à la hausse de 7% par rapport
à 2022 et de 9 % par rapport au prévisionnel 2023. Cette augmentation de la consommation des
crédits de paiement s’explique, dans les deux cas, par la hausse des prix et des coût
s de matières
premières. À titre d’exemple, dans le domaine des énergies et des fluides, les dépenses sont en
hausse de 45 % par rapport à 2022. En 2023, de manière exceptionnelle, 15 M€ de subvention
pour charges de service public ont été versées à l’ANTS
en fin de gestion afin de lui permettre
d’atteindre son niveau prudentiel de trésorerie (cf infra).
Le montant prévisionnel des dépenses de fonctionnement du programme 232 (43 M€ en
CP), en forte baisse par rapport au montant exécuté en 2022, s’explique p
ar le calendrier
électoral de l’année. En effet les dépenses de fonctionnement du programme comprennent les
remboursements aux candidats, la mise sous pli ainsi que l’acheminement de la propagande
électorale. Pour autant le montant des dépenses de fonctionnement réellement exécuté a atteint
le double de la prévision en LFI (85 M€ en CP) en raison de l’organisation de sept élections
législatives partielles non budgétées ainsi que des surcoûts en matière de papier mais également
de stockage de volume importan
t d’enveloppes dans l’hypothèse où il serait nécessaire
d’organiser un scrutin rapidement (par exemple en cas d’organisation d’un référendum ou d’une
dissolution de l’Assemblée nationale). Le compte
-rendu de gestion n° 2 du programme
prévoyait des dépenses
de fonctionnement d’un montant de 96 M€, supérieur au montant
finalement exécuté. Les aléas de gestion ont en définitive été couverts grâce à des dépenses en
retrait (-
10 Me€ par rapport au CRG2). Il n’en demeure pas moins que le contexte de hausse
des coûts (papier, transport, énergie), relativement circonscrit en 2023 en raison du nombre
restreint d’élections, va affecter durablement et significativement l’organisation et le
financement des élections.
Les responsables de programme ont poursuivi pour leurs dépenses de fonctionnement des
démarches d’économies, dans le prolongement de la création du service de l’achat, de
l’innovation et de la logistique du ministère de l’intérieur (SAILMI) en 2019, de la
mutualisation des dépenses de fonctionnement dans les préfectures ou de la recherche
d’économies dans l’organisation des élections.
Le SAILMI, destiné à renforcer la performance de la chaîne achat du ministère, regroupe
l’ensemble de la fonction achat, de la stratégie d’achat jusqu’à la logistique en passan
t par la
prescription, la passation des marchés et le suivi budgétaire des dépenses mutualisées en
administration centrale. Il couvre tous les achats des directions métiers de l’administration
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
43
centrale du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer, exceptés ceux de la direction générale de
la sécurité intérieure.
L’évaluation des économies en résultant se fonde actuellement sur les gains obtenus par
rapport aux marchés précédents ou aux offres concurrentes non retenues (économies d’achat)
ainsi que sur les volumes estimés et les révisions de prix qui pourront être opérées par les
titulaires. À terme, cette démarche devra tenir compte des coûts évités et des coûts de
possession, en particulier sur les segments d’achat les plus significatifs, comme les véhicul
es
par exemple. S’agissant des marchés informatiques, la méthode d’évaluation des économies
d’achat n’est pas pertinente selon le ministère de l’intérieur et des Outre
-mer, en raison de la
rapidité des évolutions techniques qui rendent difficile toute comparaison avec les marchés
antérieurs. Le recours à la méthode d’écart par rapport à la moyenne des offres est privilégié,
approche conduisant souvent à constater un surcroît d’économies.
En 2023, les économies réalisées à l’échelle de la mission grâce au S
AILMI sont évaluées
par le ministère de l’Intérieur et des Outre
-
mer à 60,4 M€ (66 M€ en 2022 et 61 M€ en 2021).
Le programme 216 a réalisé 36,9 M€ d’économies (23 M€ en 2022), ce qui représente 61 % du
volume total des économies réalisées.
La mise en place des SGCD au 1
er
janvier 2021 devrait également permettre des
économies, par le biais de la mutualisation des fonctions support de l’administration de l’État
au niveau départemental. Il est cependant encore trop tôt pour mesurer les économies des
différ
entes réformes engagées depuis 2019 alors que l’administration territoriale de l’État ne
s’est stabilisée qu’au printemps 2021 (création des DRETS et des DDETS).
Pour le programme 232, le contexte d’inflation des prix du papier et du stockage
précédemment
rappelé conduit le ministère de l’intérieur et des Outre
-
mer à considérer qu’il
est difficile de mettre en œuvre des économies structurelles. La dématérialisation de la
propagande électorale pourrait constituer une alternative permettant de réaliser des économies.
Depuis 2015, pour tous les scrutins généraux, le ministère propose aux candidats volontaires,
parallèlement à la diffusion par voie postale, la mise en ligne de leurs professions de foi.
D -
Des dépenses d’investissement en baisse malgré des prévisio
ns en
hausse
Les dépenses d’investissement représentent toujours une très faible part des crédits de la
mission (4
%) soit 194,2 M€ en AE et 169,2 M€ en CP.
Tableau n° 10 :
dépenses d’investissement de la mission 2022
- 2023
En M€
LFI 2022
Format 2023
Exéc.2022
Format 2023
LFI 2023
Exéc.2023
Taux
exécution
Évolution
2023/2022
AE
143,2
279,5
447,1
194,2
43%
31 %
CP
168,3
227,4
403
169,2
42%
26%
Source
: d’après les données des responsables de programme
COUR DES COMPTES
44
Les crédits d’investissement ouverts en LFI 2023 connaissent une
augmentation
importante par rapport à la LFI 2022 (+ 304 M€ en AE et + 235 M€ en CP). Pour autant, le taux
d’exécution de ces crédits s’établit 43 % en AE et 42 % en CP.
Le programme 216 concentre 78 % des AE et 80% des CP d’investissement ouverts en
LFI.
La Cour avait noté la tendance du programme 216 à la sous-exécution les crédits
d’investissement en CP en 2019 (55 %) et 2020 (31,6
%) et ses conséquences sur la gestion
future, tant en termes de soutenabilité que de « capacité à faire » des directions chargées des
crédits. La situation s’était améliorée en 2021 (74 % en CP) et 2022 (76 % en CP). En 2023, le
taux d’exécution est en forte baisse. Les délais inhérents aux grandes opérations immobilières
du ministère ainsi que le report de la subvention à l’A
CMOSS expliquent une part de la sous-
exécution des dépenses d’investissement.
Certains marchés ont en effet été reportés à 2024 en raison d’un décalage entre le
processus de rédaction et de notification des marchés (travaux de sécurité à Oudinot et de sûreté
à Garance). L’opération de réhabilitation complète de la crèche située au 14, rue de l’Élysée a
été reprogrammée en 2024. Les crédits numériques portés par le programme 216 ont d’autre
part augmenté fortement en LFI 2023 par rapport à 2022 en raison de la prévision de la création
de l’agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (ACMOSS)
et de la mise en œuvre de la LOPMI. La programmation 2023 prévoyait donc les crédits liés à
la création de l’agence, inscrits en titre 5,
qui ont été finalement exécutés en titre 7 (dotation en
fonds propres) à hauteur de 92,2 M€ en AE et CP.
Concernant le programme 354, la baisse de la consommation des AE par rapport au
prévisionnel de la LFI s’explique par le retard pris dans l’engagement
d’opérations
immobilières prévues. En CP, la consommation est également en baisse et se justifie par les
difficultés à obtenir des factures de la part des prestataires.
Plus généralement, le ministère de l’intérieur et des Outre
-mer souligne que la sous-
c
onsommation des crédits notamment d’investissement peut s’expliquer par deux facteurs
:
d’une part le dégel de la provision pour aléas, prévue dans le cadre de la LOPMI, intervenu
selon lui « tardivement »
en fin de gestion ; d’autre part la
possibilité,
prévue dans sa lettre
plafond, de reconduire les crédits non consommés, qui l’a conduit à une gestion 2023 prudente
dans la perspective des dépenses de l’année 2024 (Jeux olympiques et paralympiques et aléas
susceptibles d’affecter les grands projets numér
iques et immobiliers).
Il n’en demeure pas moins que la Cour déplore à nouveau cette sous
-exécution récurrente
des dépenses d’investissement et appelle à la vigilance en programmation et exécution,
particulièrement s’agissant du programme 216. Il doit impé
rativement être mis fin à cette
situation.
E -
Des dépenses d’intervention en baisse
Les dépenses d’intervention représentent une faible part des crédits de la mission, 4
%,
soit 162,9 M€. Elles sont en baisse de 13,2 M€, soit 7,5 % par rapport à 2022.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
45
Tableau n° 11 :
dépens
es d’intervention de la mission 2021 –
2023
En CP, en M€
LFI 2021
Exéc. 2021
LFI 2022
Exéc.2022
LFI 2023
Exéc.2023
Dépenses
de
guichet
100,2
103,6
102,4
97,8
69,2
67,4
Dépenses
discrétionnaires
69,1
71,3
71,2
77,7
86,2
95,5
TOTAL
169,3
174,9
173,7
176,1
155,4
162,9
Source
: d’après les données des responsables de programme
Les dépenses d’intervention relèvent des programmes 232
-
Vie politique
pour les
dépenses de guichet et du programme 216 -
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
pour les dépenses discrétionnaires.
Les dépenses d’intervention du programme 232 concernent le financement des partis
(68,7 M€
29
en AE/CP en LFI 2023) et dans une moindre mesure les frais d’assemblée électorale
versés
30
aux communes en compensation de l’organisation des élections (0,5 M€). Le calendrier
électoral explique la baisse des crédits en LFI 2023.
Les dépenses de guichet du programme 216 sont relatives au financement des actions
portées par le fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation
(FIPDR). La programmation initiale 2023 pour le BOP 0216-
CIPD s’élevait à 82,2 M€ en AE
et 84,7 M€ en CP, en augmentation de 15,6 M€ en CP par rapport à la LFI 2022. La
consommation 2023 est de 83,5 M€ en AE et 75,9 M€ en CP.
La co
nsommation en hausse de
11,7 % par rapport à 2022 s’explique par la prise en compte des mesures LOPMI notamment
en matière de vidéoprotection dans le cadre des grands événements sportifs (Coupe du monde
de rugby en 2023 et JOP 2024) et par les dépenses de réparation de ces équipements suite aux
émeutes urbaines de juin 2023.
IV -
Perspectives associées à la trajectoire budgétaire
A -
La soutenabilité à court terme
Les crédits non consommés et demandés en reports en 2024 à l’échelle de la mission
s’élèvent à 243,62 M€ en AE et 194,3 M€ en CP (contre 240,2 en AE et 218,4 en CP en 2022).
L’utilisation des reports de crédits sur la mission est conforme à la LOLF.
S’agissant du programme 216, les reports de droits s’élèvent à 121,3 M€ en AE et 2,9 M€
en CP (118,6 M€ au titre des AENE et 2,7 M€ en AE et 2,9 M€ en CP au titre des fonds de
concours). Les autres reports demandés en 2024 s’élèvent à 65,9 M€ en AE et 160,1 M€ en CP
29
Pour la dixième année con
sécutive, le montant de l’aide publique aux partis politiques s’établit à 68,7 M€.
30
44,73 € par bureau de vote et 0,1 € par électeur inscrit.
COUR DES COMPTES
46
et concernent notamment les grands projets immobiliers (site unique de la DGSI pour 37,9 M€
en CP
et site Universeine pour 2,65 M€ en CP).
Le programme 232 demande le report de
8,52 M€ en AE (aucune AENE) et 9,38 M€ en
CP.
Le montant des crédits 2023 dont le report sur 2024 est sollicité pour le programme 354
s’élève à
47,9
M€ en AE (dont 21,2 M€ d’AENE) et 22 M€ en CP. Sont compris dans ces
montants les reports en provenance du programme 216 correspondant aux reliquats de crédits
non consommés en fin de gestion sur le programme 216 (0,5 M€).
Le montant des charges à payer au 31 décembre 2023 s’élève pour la mission à 78,78 M€,
en baisse de 15
% par rapport à 2022 (93 M€)
; il représente un volume faible à l’échelle des
crédits de la mission.
Ces charges à payer représentent 45,23 M€ d’euros pour le programme 216,
principalement concentrés sur les crédits numériques de l’action 6 du programme (33,1
M€) et
les crédits immobiliers (4,4 M€)
: la quasi-totalité de ces charges à
payer s’explique par des
factures non parvenues (en particulier 33,05 M€ pour les crédits numériques). Pour le
programme 232, le montant des charges à payer s’élève à 7,2
M€ concentré sur les dépenses de
fonctionnement (notamment dépenses liées à l’organis
ation des scrutins, bail de la CNCCFP).
Concernant le programme 354, les charges à payer s’élèvent à 26,2 M€.
B -
La soutenabilité à moyen terme
Le montant total des restes à payer (RAP) sur les crédits de la mission s’élève à
1644,79
M€ au 31 décembre 2023,
contre 1
776 M€ fin 2022, soit une baisse de 7%. Le montant
des restes à payer présente un risque dès lors qu’il fige une part importante de la programmation.
Un effet d’éviction est en effet susceptible de se créer au détriment des dépenses nécessaires au
maintien en condition opérationnelle du parc existant, accumulant ainsi une dette informatique
ou immobilière.
De façon plus détaillée, les restes à payer augmentent sur le programme 216 concernant
les crédits en matière numérique qui s’élèvent au 31 décembre 2023 à 252,4 M€. Trois postes
expliquent essentiellement cette augmentation : les dépenses engagées pour le maintien en
condition opérationnelle de l’hébergement en 2023, les dépenses engagées au titre des
infrastructures réseaux, télécom et sécurité, ainsi que les dépenses relatives aux applications qui
ont fortement augmenté laissant un reliquat de restes à payer important à la fin de l’année.
Concernant le montant des restes à payer sur l’immobilier, il est de 759,4 M€ au terme de
l'exercice 2023, à
comparer aux 776,2 M€ en 2022.
En ce qui concerne le FIPD, le montant des restes à payer au 31 décembre 2023 s’élève à
41,98 M€, ce qui représente 51
% de la ressource du FIPD en 2023 (reports de crédits inclus)
laquelle s’élève à 82,22 M€. Selon les éléments de réponse fournis par l’administration, le
montant des restes à payer a fortement augmenté depuis 2019 (1,18 M€ en 2019, 2,90 M€ en
2020, 2,27 M€ en 2021, 7 M€ en 2022 et 27 M€ en 2023). Certains restes à payer sont anciens
:
ainsi, 2 M€ restent enc
ore à payer en cumulé sur les engagements correspondant à la période
2016
2019, ce qui est significatif.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
47
Sur l’ensemble de la période 2016
-
2023, l’essentiel des restes à payer est constitué par
le volet « S
» sécurisation du FIPD (31,26 M€) et plus
particulièrement la vidéoprotection qui
représente à elle seule 27,12 M€ soit 87% des restes à payer du volet «
S » et 65 % de
l’ensemble des restes à payer. Dans ce contexte, une revue de ces différents engagements gérés
au niveau des préfectures pourrait
être engagée, à l’occasion du transfert de la gestion des
crédits d'équipements en vidéoprotection à la DEPSA à partir du 1
er
janvier 2024.
Le montant des restes à payer constatés au terme de l’exercice 2023 sur le programme
232 s’élève à 12,8 M€ contre 25,7 M€ fin 2022 et 27 M€ fin 2021. Il concerne essentiellement
les dépenses liées à l’organisation des différents scrutins (4,5 M€) et au paiement du loyer de
la CNCCFP (8,3 M€). L’évolution du montant des RAP 2023 par rapport aux RAP 2022 et
2021 est lié
e au calendrier électoral, les RAP issus d’une année électorale N étant généralement
payés en année N+1.
Pour le programme 354, les RAP 2023 s’élèvent à 578,19 M € et se ventilent de la manière
suivante
: 28,17 M € concernant le programme national d’équip
ement (PNE)
; 8,61 M€ pour le
programme national informatique et production de la CNI
; 541,41 M€ pour divers marchés
pluriannuels et loyers dans les BOP déconcentrés. Pour mémoire, les RAP en 2021 et 2022
s’élevaient respectivement à 582,77 M€ et 512,62 M€. Ils ont donc évolué depuis trois ans
d’abord à la baisse, principalement du fait de fins d’opérations immobilières lancées
antérieurement à l’année 2023, puis à la hausse avec une nouvelle augmentation de 65,57 M€
cette fois liée au renouvellement des m
archés de gaz et d’électricité au cours du dernier trimestre
2023.
V -
L’incidence des dépenses sur l’environnement
Le rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État, annexé au projet de loi de
finances pour 2023, mentionne (page 94) la mission
AGTE
parmi les 15 missions du budget de
l’État qui «
ne font pas l’objet d’une fiche mission dédiée dans la mesure où l’impact
environnemental des dépenses qui y sont rattachées est totalement neutre en application de la
méthodologie
» retenue.
En effet, le budget vert 2023 cote comme « neutres » les dépenses «
dont l’impact
environnemental est considéré comme objectivement neutre
» (page 10), parmi lesquelles il
range «
la plupart des dépenses de rémunérations et de retraites des agents de l’État
»
et «
les
dépenses régaliennes
».
En outre, les dépenses de fonctionnement sont cotées selon une méthodologie spécifique
(en exécution) et au niveau de l’ensemble du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer et non de
chacune des missions qui la composent. Les dépenses immobilières se voient quant à elles
appliquer la règle de neutralisation transverse à l’ensemble des ministères. Elles font l’objet de
travaux méthodologiques pour une éventuelle cotation dans une édition ultérieure. Les dépenses
numériques sont encore considérées comme « non cotées ». Ainsi 28 % des crédits de la mission
AGTE sont considérés comme non cotés.
Dans la NEB 2022, la direction du budget avait indiqué que des travaux de cotation des
dépenses conduisant à la production de déchets papier (élections et titres) étaient conduits dans
COUR DES COMPTES
48
le cadre de la préparation du budget vert 2024. En effet, dans le rapport 2024 sur l’impact
environnemental du budget de l’État, une part de la mission correspondant aux crédits dédiés à
la propagande électorale (1
00 M€) se voit attribuer une cotation défavorable sur l’objectif de
gestion des déchets du fait de l’utilisation massive et non optimisée de papier.
Pour 2023, la portée de l’exercice de mesure de l’impact environnemental reste donc, à
ce stade, très limi
tée s’agissant de la mission
AGTE
. Il conviendra que les exercices de cotation
éditions ultérieurs puissent lui donner un contenu plus tangible, notamment s’agissant des
dépenses qui s’y prêtent le plus, comme les dépenses immobilières et numériques.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
49
______________________ RECOMMANDATIONS _______________________________
La Cour formule les recommandations suivantes :
1.
(Recommandation réitérée) : ne pas recourir aux décrets de transfert lorsque les décisions
sont connues avant le vote de la LFI, en particulier s’agissant du transfert concernant les
agents
exerçant l’emploi de délégué du préfet (Direction du budget, RPROG 354
Administration territoriale de l’État)
;
2.
(Recommandation réitérée) : revoir les modalités de financement du comité des finances
locales et de l’observatoire des finances et de la gestio
n publique locale afin de les mettre
en adéquation avec les dispositions de la LOLF (RPROG 122 Concours spécifiques et
administration, RPROG 216 Conduite et pilotage des politique de l’intérieur, direction du
budget).
Chapitre II
Les politiques publiques
: points d’attention par
programme
I -
La nécessité de consolider les besoins et les financements en
matière numérique dans le contexte de la mise en œuvre de la
LOPMI
Les crédits informatiques du programme 216 ont connu ces dernières années, et vont
continuer à connaître dans le contexte de la mise en œuvre de la LOPMI, une forte
augmentation. Depuis le 1
er
janvier 2020 et la création de la direction du numérique (DNUM),
ils regroupent l’ensemble des crédits du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer liés aux
systèmes d’information et de communication.
Or, compte tenu de l’étendue des compétences du ministère de l’intérieur et des Outre
-
mer, les projets informatiques que le programme 216 a vocation à financer concernent des
chantiers majeurs de la sécurité intérieure, la sécurité routière, la sécurité civile, le contrôle aux
frontières, les relations avec les collectivités territoriales, l’e
-démocratie, mais aussi la
simplification des outils numériques. La multiplicité et la diversité de ces projets rendent
difficiles l’appréhension et la visibilité des
besoins de financement, a fortiori sur une base
pluriannuelle, et les arbitrages à rendre pour les faire entrer dans un cadre de financement
nécessairement contraint.
C’est dans ce contexte que la Cour a souligné dans sa NEB 2021 que le regroupement de
ces crédits sur le programme 216 et la création de la DNUM, accompagnés de la mise en place
d’une gouvernance ministérielle du numérique, prévoyant notamment la réunion plusieurs fois
par an d’un conseil d’administration du numérique, présidé par le secrétai
re général du
ministère et, au moins une fois par an, par le ministre ou son directeur de cabinet, pouvaient
être de nature à améliorer la visibilité et la capacité de décision à l’échelle du ministère.
En sens inverse, la Cour notait que la persistance d
’autres sources de financement, comme
le plan de relance ou les contributions des directions métiers, si elle permettait le bouclage des
financements des projets informatiques, ne contribuait pas à l’amélioration de la visibilité sur
ces financements. En effet, dans un contexte où les besoins de nouveaux projets numériques
s’accroissent, les crédits transférés en 2020 sur le programme 216, en principe une fois pour
toutes, ne suffisent pas à couvrir ces besoins, d’où la nécessité de solliciter les direction
s métiers
COUR DES COMPTES
52
pour qu’elles apportent leur contribution, soit sur leurs propres programmes, soit par transfert
des crédits vers le programme 216.
La Cour relevait en outre dans sa NEB 2021, précitée, que le manque de visibilité sur les
besoins de financement
des projets numériques du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer et
du maintien en condition opérationnelle de ses applications informatiques était un constat
partagé par la direction du budget, la CBCM et la DEPAFI. La Cour considérait qu’un travail
an
alogue à celui qui avait été mené sur l’immobilier devait être mis en œuvre afin de consolider
les besoins pluriannuels de financement des différents projets numériques et de la maintenance
en condition opérationnelle des applications informatiques du mini
stère de l’intérieur et des
Outre-
mer, dans le cadre d’une démarche partagée entre le ministère, la direction du budget et
la CBCM.
En réponse à la Cour, la direction du budget indiquait qu’elle partageait cette orientation
et qu’elle souhaitait intégrer,
dans le cadre de la préparation du projet de loi d’orientation et de
programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI), un volet visant à renforcer la gouvernance
budgétaire des principaux investissements, notamment numériques. Le ministère de l’intérieur
et des Outre-
mer faisait valoir pour sa part qu’un recensement des trajectoires pluriannuelles
des opérations était engagé afin de construire une vision pluriannuelle des besoins au-delà des
grands projets informatiques suivis dans le cadre des projets annuels de performance.
En 2022, l’administration a indiqué avoir engagé des actions visant à construire une vision
pluriannuelle des besoins informatiques sur le modèle adopté pour l’immobilier du ministère,
suivre périodiquement la trajectoire budgétaire e
t le calendrier d’exécution des projets faisant
l’objet d’un avis conforme de la DNUM, et anticiper le renouvellement par la DNUM des
marchés et achats d’équipements et infrastructures. Prenant note de ces éléments, la Cour a
formulé une recommandation eng
ageant l’administration à poursuivre cette démarche, compte
-
tenu des enjeux numériques portés par le programme 216 pour l’ensemble du ministère.
En 2023, l’administration indique que la nouvelle gouvernance des investissements
prévue par la LOPMI vise à
renforcer la maîtrise et à optimiser les opérations d’investissement
notamment numérique, avec des comités ministériels des investissements (CMI) et des comités
financiers interministériels (COFIN) chargés de l’examen d’opérations d’investissements dont
le
coût est supérieur à 15 M€ et d’émettre un avis sur la programmation pluriannuelle des
principaux investissements du ministère notamment en matière immobilière et numérique
31
. La
DTNUM s'appuie sur le Comité stratégique du numérique (COSTRAT numérique) qui permet
d'assurer la gouvernance collégiale du budget ministériel dédié au numérique, de prioriser les
projets et d'assurer la coordination des acteurs SIC du ministère.
Elle précise en outre que le « Papagena », outil validé en COSTRAT du numérique, est
un document de programmation budgétaire destiné à obtenir une vision d'ensemble de la
31
Des «
COFIN objet » constituant
un premier niveau de contrôle,
complété par la tenue d’un « COFIN synthèse
»
chaque année au printemps dont l’objet sera d’apprécier la programmation pluriannuelle des dépenses
d’investissement et notamment immobilières et numériques. Cette démarche s’inscrit selon le ministère de
l’intérieur et des outre
-
mer dans le cadre d’un pr
ocessus itératif de suivi et de programmation des principales
opérations d’investissement structurantes du ministère.
LES POLITIQUES PUBLI
QUES : POINTS D’ATTE
NTION PAR PROGRAMME
53
dépense numérique par programme du budget général. Son objectif est de documenter la totalité
des besoins numériques du ministère dans une perspective pluriannuelle, en détaillant les
projets les plus significatifs. Ce fichier précise les montants budgétés jusqu'en 2027 par grande
catégorie de dépense (« projets d'investissement numérique (T5) », « MCO - applications (T3)
», « MCO - autres (T3) », « Postes informatiques, licences (T3) », « Autres dépenses de
fonctionnement (T3) », « Divers »).
Sur la thématique spécifique du maintien en condition opérationnelle (MCO) des
applications informatiques, le ministère de l’intérieur et des Outre
-
mer précise qu’une
identification spécifique des postes de dépense est réalisée afin d'en permettre le suivi et la
maîtrise, soulignant que cette maîtrise est une préoccupation constante et qu’un groupe de
travail spécifique a été mis en place en 2023 dans le cadre du COSTRAT du numérique.
Il convient de souligner que la Cour, malgré sa demande réitérée, n’a pas eu
communication du document « papagena » précité.
De façon plus générale, si cette nouvelle gouvernance stratégique doit effectivement
permettre d’envisager la poursuite de l’iden
tification pluriannuelle des besoins comme le
recommandait la Cour, il s’avère selon les informations communiquées par la direction du
budget que les comités financiers interministériels (COFIN) n’ont à ce jour pu examiner que
des projets isolés sans dispo
ser d’une programmation d’ensemble qui permette de s’assurer de
la soutenabilité des projets présentés.
À cet égard, la Cour recommande la tenue d’un «
COFIN programmatique global » dans
les plus brefs délais et attend, plus généralement, que la comitologie annoncée dans le cadre de
la LOPMI produise ses effets.
En outre, il convient de relever que cette comitologie s’accompagne d’un mouvement
inverse au regroupement entamé en 2020 et qui devait pourtant être définitif. En effet, la
création de la direction de la transformation numérique (DTNUM) en 2023, qui succède à la
DNUM, s’est accompagnée d’une rétrocession depuis le programme 216 vers les programmes
métiers des crédits qui avaient été apportés par ces mêmes programmes en 2020, auxquels
s’ajoutent le
s crédits prévus par la LOPMI. Cette rétrocession, qui porte uniquement sur les
crédits HT2 car il n’y a pas de transfert d’ETP (comme en 2020 lors de la création de la
DNUM
32
), est pleinement effective depuis le 1
er
janvier 2024.
Huit nouvelles UO ont ainsi été créées en 2023 pour le BOP numérique (CNUM) du
programme 216, afin de mettre en œuvre la réforme numérique prévue par la LOPMI, et
notamment la rétrocession des crédits, précitée. La solution technique mise en place de façon
transitoire en 2023 a consisté à créer une UO par programme (soit huit UO) sur le BOP CNUM
du programme 216, chacune des directions ayant vocation à assumer le rôle de RUO pour ses
crédits au sein du BOP CNUM
33
. Chaque RPROG a ainsi disposé d’une enveloppe contenant
32
Concernant les effectifs, la DTNUM, rattachée au secrétaire général et portée par le P216, n’a pas vu ses
effectifs impactés par la cré
ation de l’agence du numérique des forces de sécurité intérieure (ANFSI). Par ailleurs,
dans le cadre de la LOPMI et du PLF 2024, la DTNUM bénéficie de la poursuite des créations d’emplois sur le
volet numérique axées en particulier sur la réinternalisation des compétences.
33
Police nationale, gendarmerie nationale, direction générale des étrangers en France, sécurité civile, sécurité
routière, direction générale des collectivités locales, direction du management de l’administration territoriale et de
l’enc
adrement supérieur (dans deux dimensions distinctes : administration territoriale et élections).
COUR DES COMPTES
54
l’ensemble des
crédits de son périmètre, ce qui a permis selon le responsable de programme
216 d’anticiper les nouvelles modalités de gestion à partir de 2024.
Au surplus, ce mouvement de réinternalisation « métiers
» des crédits s’inscrit dans un
contexte de création de la nouvelle agence des communications mobiles opérationnelles de
sécurité et de secours (ACMOSS), relevant du périmètre de la mission AGTE et qui sera
opérateur à partir de 2024
34
et de l’agence du numérique des forces de sécurité intérieure
(ANSFI). L’A
NSFI dépend désormais budgétairement des programmes 152
Gendarmerie
nationale
et 176 «
police nationale
», qui portent donc de nouveau les crédits numériques
rétrocédés par le programme P216.
Vis-à-
vis de l’ANSFI, la DTNUM va remplir un rôle de gouvernan
ce et de suivi des
grands projets. Elle est dirigée par le secrétaire général adjoint du ministère de l’intérieur et des
Outre-mer chargé du numérique (SGANum) qui exerce, à ce titre, une mission de pilotage et
de contrôle sur le domaine numérique au sein du ministère. Selon le schéma ainsi défini,
l’ANFSI s’inscrit dans la stratégie numérique élaborée par la DTNUM
: les projets d’une
certaine dimension budgétaire ou sensibles, réalisés par l’ANFSI, sont soumis à l’avis du
SGANum. La DTNUM, pour l’exercice de ses missions, s’appuie notamment sur l’ANFSI.
La Cour prend acte de l’ensemble de ces évolutions mais souligne la complexité de la
nouvelle organisation ainsi arrêtée par le ministère pour la fonction numérique, trois ans après
la mise en œuvre de la c
onfiguration actuelle.
Elle rappelle les leviers d’action identifiés dans
sa note thématique de juillet 2023
35
, notamment la nécessité de «
Préserver les budgets
d’investissement des aléas de gestion et des risques de sous
-budgétisation pour réaliser les
ambitions affichées par la LOPMI et publier une programmation pluriannuelle pour les
principaux projets immobiliers et numériques
».
Dans l’attente des premiers résultats tangibles de la nouvelle organisation en termes de
consolidation des besoins pluriannuels de financement des projets numériques, elle estime
toutefois devoir reconduire sa recommandation, encore cette année, concernant la poursuite de
l’identification des besoins pluriannuels de financement des différents projets d’investissements
numériques et du maintien en condition opérationnelle des applications du ministère de
l’intérieur
et des Outre-mer.
II -
Les dépenses de la préfecture de police de Paris relevant de
la mission AGTE
Les dépenses de la préfecture de police de Paris relèvent des deux supports budgétaires
distincts que sont, d’une part, le budget de l’État et, d’autre part, le budget spécial de la
préfecture de police (BSPP) relevant de la Ville de Paris. Cette dualité budgétaire découle de la
répartition des compétences entre le maire et le préfet de police à Paris, dérogatoire du droit
commun de la décentralisation et issue de l’arrêté des consuls du 12 Messidor an
VIII.
34
cf. partie 3 de la présente NEB.
35
Les forces de sécurité intérieure : des moyens accrus, une efficience à renforcer
, Contribution à la revue des
dépenses publiques, juillet 2023.
LES POLITIQUES PUBLIQUES : POIN
TS D’ATTENTION PAR P
ROGRAMME
55
La Cour avait recommandé, dans son rapport de 2019 relatif à la préfecture de police de
Paris
36
, de supprimer le budget spécial. Elle estimait en effet que ce budget, censé traduire le
partage de compétences entre le Préfet de police et le maire de Paris, était peu lisible, incomplet
et obsolète.
En décembre 2023, dans son enquête de suivi du rapport sur la préfecture de police
précité
37
, la Cour a relevé que les constats formulés en 2019 conservent leur actualité. Elle a
souligné qu’un travail conjoi
nt préalable de remise à plat de la répartition des financements des
missions exercées par la préfecture de police est nécessaire pour aboutir à la suppression du
budget spécial et ainsi envisager un nouveau régime des relations financières entre l’État, l
a
Ville de Paris et les autres collectivités concernées. La Cour formule ainsi la recommandation
suivante : «
pour mener à bien la suppression du budget spécial, clarifier les clés de
financement des missions exercées par la préfecture de police entre
l’État, la Ville de Paris et
les autres financeurs.
»
Dans le prolongement des précédentes NEB AGTE et conformément à l’enquête de suivi
susmentionnée, la Cour invite à mener à bien l’exercice de clarification des flux financiers
engagé avec la Mairie de Paris
.
III -
La performance
Les NEB précédentes soulignaient l’effort de l’administration pour compléter la
démarche de performance tout en insistant sur la nécessité de renforcer le lien entre cette
dernière et les hypothèses de budgétisation.
La maquette de
performance du programme 232 qui ne portait qu’un seul indicateur sur
le coût des élections a été revue, deux nouveaux objectifs ayant été introduits en 2023 (cf. infra).
La maquette de performance du programme 354 pour 2024 intègrera de nouveaux
indicateu
rs. Elle demeure stable en 2023, à l’instar de celle du programme 216.
A -
Programme 216
Conduite et pilotage des politiques de l’intérieur
Le programme 216 compte deux indicateurs spécifiques au programme, visant à mesurer
l’efficacité de la fonction jurid
ique du ministère.
S’agissant des indicateurs relatifs à l’activité contentieuse du ministère, les résultats sont
en progression. Le taux de réussite de l’État devant les juridictions administratives et judiciaires
est en hausse en 2022 (80 %). Grâce à ses
sept pôles d’appui juridique qui prodiguent des
conseils aux préfectures et SGAMI, mis en place depuis 2016, à ses actions pour renforcer la
défense du ministère et au déploiement de l’outil de suivi informatique des affaires juridiques
SIAJ dont une nouvelle version est en cours déploiement (certains modules ayant déjà été livrés,
36
«
La préfecture de police de Paris, réformer pour mieux assurer la sécurité dans l’agglomération parisienne
»,
rapport public thématique, Cour des comptes, décembre 2019, p. 88.
37
«
La préfecture de police de Paris : enquête de suivi du rapport public thématique publié en 2019 - Exercices
2019-2023
», décembre 2023.
COUR DES COMPTES
56
d’autres étant attendus pour début 2025), la DLPAJ travaille à une meilleure prévention du
contentieux.
Tableau n° 12 :
résultats de certains indicateurs PAP du programme 216
Indicateurs
Résultat
2020
Résultats
2021
Résultats
2022
Cible 2023
Taux de réussite pour les autres contentieux
(hors contentieux des étrangers) devant les
juridictions administratives et judiciaires
Unité : %
77,8
75,5
80
80
Coût de la protection fonctionnelle par
agents du ministère de l’intérieur
Unité
: €
72,33
79,36
75
75
Coût moyen du litige
contentieux des
étrangers
Unité
: €
498,27
442,42
360
420
Coût
moyen
de
la
protection
auto-
assurantielle des véhicules opérationnels
Unité
: €
99,8
143,4
120
120
Coût des refus de concours de la force
publique
Unité
: €
2 719,51
2181,48
3 000
3000
Taux
de
couverture
des
besoins
de
formation à la prise de poste
Unité : %
69
82,1
85
90
Nombre d’heures d’indisponibilité des
applications informatiques
08h01
17h28
20h
30h
Gains relatifs aux actions achat
Unité
: M€
Non
déterminé
7,3
Non
déterminé
51,6
Source
: ministère de l’intérieur et des outre
-mer
S’agissant du deuxième indicateur de la mission relatif au coût moyen de la fonction
juridique du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer, les prévisions pour 2023 sont stables par
rapport à 2022 compte tenu des actions mises en œuvre par la DLPAJ pour m
ieux maîtriser
cette dépense.
Il convient toutefois de souligner que l’indicateur de performance relatif au coût de la
protection fonctionnelle fait ressortir un montant minoré. En effet, il est calculé en rapportant
la somme des dépenses de l’action 06 d
u programme 216 relatives à la protection fonctionnelle
et du coût des ETPT affectés au traitement de la protection fonctionnelle à l’ensemble des
agents du ministère de l’Intérieur et des Outre
-
mer, y compris ceux qui n’ont pas recouru à cette
protection.
Ce rapprochement du coût de la protection fonctionnelle avec le nombre d’agents du
ministère permettrait selon le ministère de l’Intérieur et des outre
-mer de relativiser la portée
de ce dispositif au regard de son utilisation réelle par les agents. L’ind
icateur permettrait ainsi
de représenter un coût « assurantiel » global pour le ministère.
Cette explication n’apparaît pas convaincante. La construction actuelle de l’indicateur
conduit à sous-évaluer fortement le coût réel de la protection fonctionnelle. Ce coût devrait être
LES POLITIQUES PUBLI
QUES : POINTS D’ATTE
NTION PAR PROGRAMME
57
rapporté aux seuls agents qui en ont bénéficié, d’autant qu’une grande partie des agents n’a
qu’une très faible probabilité d’y avoir jamais recours.
Par ailleurs et comme indiqué précédemment (point I
C et point II
B), les crédits
contentieux portés par le programme 216 ont été signalés comme facteur de risque par le
CBCM, et dispensés du surgel LOPMI compte tenu des fortes contraintes pesant en 2023 sur
ces dépenses, dont il convient de souligner que la gestion est marquée par une dégradation en
2023, observable notamment au travers des reports de charges : ceux-ci avaient diminué de
2018 à 2020, mais on observe une remontée de ces reports de charges en 2022 (10
M€) et encore
plus en 2023 (20
M€). Cette dégradation va de pair ave
c un retour à la sous-budgétisation
puisque les crédits inscrits en LFI 2022 (88
M€) et 2023 (90,6
M€) sont nettement inférieurs
aux consommations constatées en année N-1 (respectivement 94,8
M€ en 2021 et 101,3
M€ en
2022).
Le programme dispose également de six indicateurs, qualifiés de transversaux, relatifs à
la performance des fonctions support mais qui ne font l’objet d’aucune mise en perspective
avec les programmes support d’autres missions. La direction du budget ne parvient pas à
harmoniser ces indicateurs ni à en tirer une analyse en gestion. Au sein de la mission AGTE,
un travail de comparaison et d’harmonisation de l’indicateur d’efficience bureautique va être
engagé avec le responsable du programme 354, chargé du même indicateur décliné sur le
périmètre de
l’administration territoriale.
En 2022, l’indicateur de formation à la prise de poste atteint 91
%, la cible de 90 % étant
maintenue pour 2023. Les efforts entrepris par la sous-direction du recrutement et de la
formation (SDRF) ont permis de rattraper, notamment grâce au développement des classes
virtuelles, le retard accumulé pendant la crise sanitaire.
Avec la mise en œuvre de plans de continuité pour les principales applications et la
généralisation de l’hébergement dans le cloud, une dimi
nution des indisponibilités de 40 % est
constatée depuis 2019. Malgré les résultats 2022 en forte baisse (9h18 d’indisponibilité pour
une cible de 20 heures), la cible fixée en 2023 augmente à 30 heures, avant de redescendre de
nouveau à 25 heures les anné
es suivantes. Cette augmentation de la cible n’apparaît nécessaire
au vu de la trajectoire constatée en 2022, et n’est pas justifiée par le ministère de l’intérieur
et
des Outre-mer.
La démarche de performance du programme 216 est normée par la direction du budget
comme pour l’ensemble des programmes support du budget général. Cette normalisation, si elle
peut présenter un intérêt dans la comparaison des résultats des différents programmes de ce
type, ne permet pas au responsable de programme d’assoir ses
hypothèses de budgétisation sur
les cibles et résultats de la démarche. De plus, l’intérêt de la comparaison interministérielle
n’apparaît pas valorisé par la direction du budget qui ne dispose pas de doctrine concernant ces
indicateurs transversaux (efficience informatique et bureautique, efficience immobilière et
efficience de la fonction achat).
Il résulte de cette situation que les indicateurs ne sont pas mobilisés en cours de gestion.
La collecte des données est réalisée à l’occasion de la rédaction d
u rapport annuel de
performance et aucune étude provisoire n’est réalisée en gestion.
COUR DES COMPTES
58
En définitive, la démarche de performance du programme ne reflète absolument pas la
diversité et la richesse des outils mobilisés par le responsable de programme, secrétaire général
du ministère, dans le pilotage de ses missions.
Il conviendrait que les indicateurs de performance du programme 216 soient choisis parmi
les outils réellement utilisés par le responsable de programme pour ce pilotage.
B -
Programme 232
Vie politique
Jusqu’en 2022, la démarche de performance du programme 232 était centrée sur le coût
des élections dont les résultats de l’indicateur unique, «
coût moyen de l’élection par électeur
inscrit sur les listes électorales », dépendent du calendrier électoral, le coût variant en fonction
du nombre de candidats et des résultats qu’ils obtiennent. Le coût réel d’une élection n’est arrêté
que deux ans après le scrutin. La prévision du coût par électeur des élections sénatoriales 2023
s’appuie sur une budgétisa
tion construite à partir du coût des élections précédentes, en 2020.
Tableau n° 13 :
coût moyen de l’élection par électeur inscrit sur les listes électorales
2017
Réalisation
2017
Prévisions
2020
Réalisation
2020
Prévisions
2022
Prévisions
2023
Présidentielle
2,43
4,22
Sans objet
Sans objet
4,72
Sans objet
Législatives
2,85
3,52
Sans objet
Sans objet
3,97
Sans objet
Source : PAP 2017, 2020, 2022 et 2023
Deux nouveaux objectifs assortis d’indicateurs ont été introduits en 2023 et viennent
utilement compléter la maquette de performance du programme.
Le premier, formalisé dans le PLF, concerne l’amélioration de l’information des citoyens.
Il est assorti d’un indicateur de performance intitulé « amélioration de l’acheminement de la
propagande à l’électeur à la bonne adresse
», constitué du taux des plis non distribués (PND qui
s’établit à 1,02 % en 2023) et du taux des plis sous contrat de réexpédition et n’ayant pas pu
être distribués par les services postaux (0,43 % en 2023). Il a vocation à mettre en lumière les
résultats des actions réalisées par les mairies et les préfectures pour fiabiliser les adresses des
électeurs enregistrées dans le répertoire électoral unique (REU).
Le second, formalisé en LFI, concerne l’optimisation du délai de remboursement des
candidats. Il es
t assorti de deux indicateurs de performance concernant, d’une part, le délai
moyen de remboursement de la propagande électorale, c’est
-à-
dire des frais d’impression des
professions de foi, des bulletins de vote et des affiches et, d’autre part, le délai m
oyen de
remboursement forfaitaire des dépenses de campagne. Absents du PAP 2023, ces indicateurs
sont introduits dans le PAP 2024. Ces nouveaux sous-indicateurs nécessitant le recueil de
données connues des seules préfectures, ces délais moyens ne peuvent être calculés à ce stade.
Par ailleurs, comme pour l’indicateur de coût à l’électeur, ils ne seront fiabilisés que deux
années après l’élection.
LES POLITIQUES PUBLIQUES :
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
59
C -
Programme 354
Administration territoriale de l’Etat
Tableau n° 14 :
résultats 2022-2023 des indicateurs PAP/RAP du programme 354
Indicateur
Cible
2023
38
Résultats
2022
Résultats
2023
39
Taux d’ERP et d’IGH soumis à obligation de
contrôle visités par la commission de sécurité
94%
90,9%
Non
disponibles
Taux d’exercice de sécurité civile réalisés dans les
délais réglementaires sur les sites soumis à un PPI
94%
65%
Non
disponibles
Taux de dossiers de fraude documentaire détectés
par les CERT et les préfectures
1,3‰
1,1‰
8,2‰
Délai
d’instruction
en
CERT
des
passeports
biométriques
15j
18j
20j
Délai d’instruction
en CERT des CNI
15j
21j
19j
Délai d’instruction en CERT des permis de conduire
15j
14,3j
28,1j
40
Délai moyen des demandes de renouvellement de
titres de séjour
41
(en jours)
60
74
73,9
Taux de contrôle des actes prioritaires reçus en
préfecture
90%
84%
83,4%
Taux de contrôle des actes budgétaires des
collectivités locales et établissements publics
61%
60%
92,4%
Taux d’actes transmis via le système d’information
@ctes
78%
70%
76,2%
Taux de préfectures certifiées ou labellisées sur le
nouveau référentiel
100%
98%
Non
disponibles
Source
: ministère de l’intérieur et des outre
-mer /* résultats sur les trois premiers trimestres
38
Prévision PAP 2022.
39
Résultats provisoires pour le premier semestre ou les trois premiers trimestres.
40
Délai moyen
il n’inclut ni les itérations avec l’usager
ni les scories dues aux demandes abandonnées.
41
Indicateur intégré au PAP 2023.
COUR DES COMPTES
60
S’agissant des CNI et des passeports, la forte augmentation de la demande en lien avec le
rattrapage des demandes reportées durant la crise sanitaire a provoqué une mise en tension de
la chaîne de délivrance des titres d’identité. L’année 2023 a été
marquée par une nouvelle
hausse de la demande de titres, largement supérieure à celle de l’année 2022 pourtant déjà
élevée.
La demande de titres, de l’ordre de 11,5 millions en 2022 a dépassé les 14 millions
en 2023
42
.
En 2023, les délais d’instruction
43
(19 jours pour les passeports et 20 jours pour les CNI)
dépassent largement le cible prévue (15j). Ces délais diminuent à compter du dernier trimestre
2023 sous l’effet des mesures de renforts dont ont bénéficié les CERT. Il convient de noter
qu’au
-delà des
délais d’instruction par les CERT, les délais de délivrance des titres d’identité
prenant en compte le processus dans sa totalité, depuis la pré-
demande en ligne jusqu’à la
récupération du titre par l’usager, qui ne font pas l’objet d’un indicateur de perf
ormance dans
les documents budgétaires, ont beaucoup augmenté en avril 2023
44
en raison d’un allongement
du temps moyen d’attente pour obtenir un rendez
-
vous dans une mairie équipée d’un dispositif
de recueil des empreintes digitales.
S’agissant des demande
s de permis de conduire, la prévision de délai de 15 jours, malgré
une augmentation par rapport à la cible 2022 (8 jours) est largement dépassée, le délai moyen
sur l’année s’établissant à 28,1 jours, soit le double par rapport à 2022. Cet écart s’explique
en
particulier par le fonctionnement parallèle de l’ancien et du nouveau système d’information
(SI), indispensable pour assurer une parfaite fiabilité des données, qui a entraîné de forts
ralentissements et a eu un impact important sur les délais d’instru
ction. La bascule définitive
sur le nouveau SI le 20 novembre 2023 a permis de constater aussitôt, selon le ministère,
une amélioration du fonctionnement et de la rapidité de traitement des demandes.
Des renforts en effectifs ont été alloués aux CERT PC les plus en difficulté lors de trois
plans de renfort répartis au long de l’année afin de permettre de contenir l’augmentation des
délais
. Des opérations d’entraide entre CERT ont également été organisées.
Certains indicateurs non présentés dans la maquette des PAP et des RAP sont également
intéressants pour apprécier la performance d’ensemble des services, notamment s’agissant de
la délivrance des titres.
42
Avant 2020, les demandes de titres atteignaient les 9 M par an. En 2024, les prévisions envisagent 14 M de
demandes.
43
Les indicateurs de mesure des délais de traitement des
demandes de titres d’identité imputables aux CERT
mesurent le temps d’instruction des demandes à l’exclusion des délais de rendez
-vous auprès de la mairie, de
fabrication, d’acheminement, de retrait par l’usager.
44
Assemblée nationale, Rapport sur le projet de loi de finances pour 2024, annexe n° 2, Administration générale
et territoriale de l’État.
LES POLITIQUES PUBLI
QUES : POINTS D’ATTE
NTION PAR PROGRAMME
61
Tableau n° 15 :
résultats 2022 et 2023 des indicateurs de délivrance de titres absents
des PAP/RAP
Indicateur / en jours
Cible
2023
Résultat
2022
Résultat
2023
Délai d’instruction en CERT des
certificats d’immatriculation (en
jours)
45
17
13
30
Délai moyen de délivrance des
premières demandes d’admission au
séjour (en jours)
90
123
144
Source
: ministère de l’intérieur
et des outre-mer
Avec la mise en œuvre du plan préfectures nouvelle génération, les demandes relatives
aux certificats d’immatriculation sont transmises par télé
-procédures (TP) ou réalisées
directement par des professionnels dans le système
d’immatriculation des véhicules (SIV). Ces
dernières, qui représentent 85 % des opérations, ne passent donc pas en CERT. En définitive,
15 % seulement des opérations, représentant les cas les plus sensibles ou complexes, sont
instruites par télé-procédures en CERT.
Les délais de délivrance pour les télé-procédures traitées automatiquement (sans passage
en CERT) et les opérations réalisées directement par les professionnels de l’automobile
correspondent strictement au délai de production et d'acheminement, soit 6 jours. Le délai a
doublé par rapport à 2022.
S’agissant des opérations traitées en CERT, le délai moyen constaté est de 30 jours
(13 jours en 2021) et dépasse largement la cible des 17 jours fixée dans le PAP.
En prenant en considération les trois m
odes d’instruction de la demande, le délai moyen
national pondéré est de 5 jours (+ 1 jour par rapport à 2022). Ce délai inclut, lorsque cela est
nécessaire, l'instruction par les CERT, les itérations entre les CERT et l'usager, le paiement, la
production et l'acheminement. Des renforts en effectifs (vacataires) ont été alloués aux CERT
CIV lors de plans de renfort répartis au long de l’année.
Pour les titres de séjour, le délai moyen de traitement des premières demandes
d'admission au séjour en 2023 est de 144 jours, résultats dégradés par rapport à 2022, et bien
au-delà de la cible. Les délais de traitement des demandes de renouvellement, intégrés aux
indicateurs PAP/RAP à compter de l’exercice 2023, demeurent stables par rapport à 2022
(74 jours) et au-delà de la cible. Un plan de renforts triennal à hauteur de 570 ETPT (vacataires)
est en cours pour les années 2022 à 2024. Ces renforts viennent soutenir l’activité des services
étrangers à hauteur de 190 ETPT par an sur la période.
45
Ce délai ne concerne que les demandes qui sont traitées en CERT, les autres étant traitées automatiquement ou
directement par les professionnels de l’automob
ile.
COUR DES COMPTES
62
L’allongement des délais
de traitement des demandes de titres de séjour s’explique par
l’augmentation du flux des demandes. La mise en place progressive de nouveaux SI et leur prise
en main par les agents (ANEF pour le séjour et NATALI pour les naturalisations) ont aussi pesé
sur les performances des services.
IV -
La revue de dépenses et les économies structurelles
Après le déploiement des plans d’urgence et de relance, le Gouvernement a souhaité
mettre en place des outils de nature à soutenir le rétablissement des comptes en sortie de crise.
Articulées avec les calendriers budgétaire et parlementaire, les revues de dépenses constituent
un exercice complémentaire des outils existants pour éclairer la préparation et la discussion, au
Parlement, des textes financiers : projet de loi de finances (PLF) et projet de loi de finances de
la sécurité sociale (PLFSS).
Douze missions ont été lancées au premier semestre 2023. Sept
ont été confiées à des inspections générales, dont l’Inspection générale des Finances (IGF). Le
périmètre de la mission
AGTE
n’a pas été concerné en 2023
ni en PLF 2024 par les thèmes de
la première vague d'évaluation
46
.
V -
Les crédits consacrés aux jeunes de 15 à 25 ans
En ce qui concerne le programme 216, les mesures « apprentissage » constituent le
principal dispositif dédié à la jeunesse et représentent 5,35 M€ en AE/CP sur les crédits de titre
2 en 2023. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre du «
plan 10 000 jeunes » du ministère de
l’intérieur et des Outre
-mer. Elles visent à faire découvrir aux jeunes les métiers du ministère
de l’intérieur et des Outre
-mer et les agents qui les incarnent, dans une logique de
professionnalisation et de montée en compétences grâce aux missions confiées. En 2023 les
apprentis ont représenté en moyenne 355 ETPT sur le programme 216. En association de ce
dispositif, l’engagement des agents exerçant la fonction de maître d’apprentissage est valorisé
par le versement d’une allocation forfa
itaire annuelle de 500 euros, représentant 116 000 euros
en 2023 de crédits de titre 2. Les coûts de formation liés à l’apprentissage représentent 2,40 M€
de crédits hors titre 2 en 2023.
En ce qui concerne l’action sociale, aucun dispositif financé par le ministère de l’intérieur
et des Outre-
mer ne vise spécifiquement la tranche d’âge 15
-25 ans. Les dispositifs mis en
œuvre visent au contraire la petite enfance ou les jeunes enfants (colonies, arbre de noël). Les
plus de 13 ans peuvent être bénéficiaires
des colonies de vacances mais il n’est pas possible
d’identifier les plus de 15 ans en leur sein. De la même manière, les enfants de plus de 15 ans
peuvent être bénéficiaires de prestations mises en œuvre dans le cadre du budget départemental
46
Ces thèmes sont les suivants : l'adaptation de la fiscalité aux exigences de la transition écologique ; le dispositif
"
pactes régionaux d'investissement dans les compétences
" ; les modalités de financement des centres de formation
d'apprentis ; le Fonds national d'action sociale (FNAS) de la branche famille (hors petite enfance) ; le niveau de
trésorerie des opérateurs de l'État ; les investissements locaux ; la maîtrise de la masse salariale et des achats
externes des collectivités territoriales ; les indemnités journalières ; la politique du logement ; les emplois francs ;
les dépenses de nuitées hôtelières de l'hébergement d'urgence ; les coûts de gestion des caisses de sécurité sociale
et leur action sociale.
LES POLITIQUES PUBLI
QUES : POINTS D’ATTE
NTION PAR PROGRAMME
63
d’initiative
local (rentrée scolaire, permis de conduire…) mais il n’est pas non plus possible
d’identifier le nombre de 15
-25 ans et les coûts associés.
Il convient de signaler deux dispositifs en faveur des personnes en situation de handicap
qui sont mis en œuvre à un niveau interministériel, l’un couvrant les moins de 18 ans, l’autre
visant les 20-27 ans. Là encore, la tranche des 15-25 ans est difficile à discriminer. Ce dispositif
a profité en 2022 à 19 jeunes adultes pour 14
000 €.
Pour sa part, le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la
délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a adopté la stratégie nationale de prévention de la
délinquance 2020-
2024 (SNPD) le 5 mars 2020, laquelle a vocation à s’appliquer à l’ensemble
du territoire national, dont les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et les
quartiers de reconquête républicaine (QRR), sans pour autant imposer une politique uniforme.
Cette stratégie s’articule, entre autres, autour des jeunes afin d’agir plus tôt et d’aller plus
loin dans la prévention de la délinquance. En effet, les dispositifs mis en œuvre ciblent les plus
jeunes (moins de 12 ans) par la mobilisation plus systématique des familles et la mise en œuvre
d’actions de sensibilisation et d’éducatio
n sur des nouvelles formes de délinquance, comme
notamment la cyber-
délinquance, l’éducation aux médias et à la citoyenneté mais également les
jeunes (jusqu’à 25 ans) par un soutien aux acteurs contribuant à l’insertion au sens large.
Toutefois, il est n’est pas possible d’identifier la proportion des jeunes de 15
-25 ans ciblés par
ce type de dispositifs et les coûts associés.
Pour sa part, le programme 354 a versé en 2023 4,74 M€ en CP
pour l’aide financière à la
formation des apprentis, et 670
104 € pour
les volontaires du service civique,
étant souligné que
ces dispositifs ne sont pas exclusivement dédiés aux 15-25 ans.
Le programme 232 -
Vie politique
ne finance pas de dispositif dédié à la jeunesse (15-25
ans).
COUR DES COMPTES
64
___________________________ RECOMMANDATIONS ___________________________
La Cour formule les recommandations suivantes :
3.
(Recommandation réitérée)
: poursuivre l’identification des besoins pluriannuels de
financement des différents projets d’investissements numériques et du maintien en
condition opérationnelle des applications du ministère de l’intér
ieur et des Outre-mer et en
assurer le suivi dans un document actualisé (
Secrétaire général du ministère de l’intérieur
et des outre-mer
) ;
4.
(Recommandation reformulée) :
mener à bien l’exercice de clarification des flux financiers
engagé avec la mairie de Paris concernant le budget spécial de la Préfecture de police
(
Secrétaire général du ministère de l’intérieur
et des outre-mer
).
Chapitre III
Les m
oyens consacrés par l’
État à la politique
de la mission AGTE
I -
Présentation des opérateurs
En 2023, la mission compte deux opérateurs :
le conseil national des activités privées de
sécurité (CNAPS), rattaché au programme 216
Conduite et pilotage des politiques de
l’intérieur
et l’agence nationale des titres sécurisés (ANTS), qui rel
ève du programme 354
Administration territoriale de l’État.
Le financement de ces deux opérateurs est très différent. Le CNAPS bénéficie d’une
subvention pour charge de service public de 20,3
M€ en 2023, en hausse de près de 3 M€ par
rapport aux années précédentes (17,5
M€ en 2022 et 2021 et 17,3
M€ en 2019). L’ANTS est
entièrement financée par des taxes ou redevances affectées et des ressources propres. Il convient
de signaler que les sommes perçues au titre de la redevance destinée à couvrir les frais
d’acheminement des certificats d’immatriculation des véhicules transitent par une attribution
de produits sur le programme 354
«
Administration territoriale de l’État
»
et sont reversées à
l’ANTS. Les dépenses programmées de l’opérateur s’élèvent à 340 M€ en 2023 (294,55 M€ en
2021).
La création de l’agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours
(ACMOSS)
En application de l’article 11 de la loi n°2023
-
22 du 24 janvier 2023 d’orientation et de programmation
du ministère de
l’intérieur, l’Agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours
(ACMOSS) a été créée
par le décret n° 2023-225 du 30 mars 2023.
Sa mission principale est de mettre en œuvre et d’opérer le réseau Radio du futur (RFF). L’ACMOSS
est rattachée au programme 216.
L’ACMOSS est qualifié d’opérateur de l’État à compter du PLF 2024. En 2023, elle a bénéficié d’une
subvention de fonctionnement de 16,7 M€ (titre 3) et d’une dotation en fonds propres de 92,2 M€ (titre 7)
versées par le progr
amme 216. Au PLF 2024, la SCSP atteint 13,7 M€ et la subvention pour charges
d’investissement 60,7 M€, soit 74,4 M€ de financements publics.
Au budget initial 2023, 61 emplois sont rémunérés par l’agence. Les effectifs sont constitués d’agents
directement
recrutés ainsi que d’agents transférés en gestion ou mis à disposition par les programmes
contributeurs. Au PLF 2024, afin d’accompagner la montée en puissance de l’agence, le plafond d’emploi est
relevé à 76 ETPT, 72 ETPT provenant des programmes P 175
Police nationale
et P 152
Gendarmerie
nationale
.
COUR DES COMPTES
66
Tableau n° 16 :
les ressources et les dépenses des deux opérateurs de la mission AGTE
2021-
2023 (en CP, en M€)
En CP, en M€
Exéc. 2021
Exéc. 2022
LFI 2023
Execution
2023
Ressources
289,6
314,2
335,6
362,3
Dont subventions pour
charges de service
public (T3)
17,3
17,3
17,2
35,3
Dont subventions pour
charges
d’investissement (T5)
3
4
Dont intervention (T6)
29,9
25,6
26,5
33,4
dont taxes affectées
206,5
241
263,2
263,2
dont ressources propres
35,9
32,8
25,7
26,4
Dépenses
302,8
337,2
383,3
401,9
dont personnels (titre 2)
21,5
22,2
24,5
24,1
dont autres (hors titre
2)
281,3
315
358,8
377,8
Source
: d’après les données du ministère de l’intérieur et des outre
-mer
Les dépenses des opérateurs sont en forte augmentation entre 2021 et 2023, +99,1 M€
soit + 33 %. Cette hausse est essentiellement portée par les dépenses de fonctionnement de
l’ANTS (cf. infra), les dépenses de personnel restant stables sur la période.
II -
Le CNAPS
Le CNAPS est un établissement public administratif chargé de la régulation de l’ensemble
des activités régies par la loi n° 83-629 du 12 juillet 1983 réglementant les activités privées de
sécurité (surveillance et gardiennage, transport de fonds, protection physique des personnes,
sécurité cynophile, sûreté aéroportuaire, agences de recherche privée, protection armée des
navires).
L’exercice 2023, dans la continuité de celui de 2022, demeure marqué par la mise en
œuvre de l’ordonnance n°
2022-
448 du 30 mars 2022 relative aux modalités d’organisation, de
fonctionnement et d’exercice des missions du CNAPS et du décret n°
2022-449 pris pour son
application. Ces textes ont modifié la gouvernance du CNAPS dont le collège est devenu un
conseil d’administration. Le contrat d’objectifs et de performance 2018
-2022 avait été
reconduit par le collège en 2022. Les travaux d’élaboration du COP 20
23-2026 ont coïncidé
avec la mise en œuvre de la réforme du CNAPS qui a provoqué un retard dans son adoption.
Un projet abouti a été présenté au conseil d’administration le 7 décembre 2023. Le COP devrait
donc être prochainement conclu.
LES MOYENS CONSACRÉS
PAR L’ÉTAT À LA POL
ITIQUE
DE LA MISSION AGTE
67
Les ressources du CNAPS sont majoritairement constituées par la subvention pour charge
de service public. Alors que le montant prévu en LFI de la SCSP 2023 était de 16,9 M€
47
, 20,3
M€ lui ont finalement été versés. La différence s’explique par des versements
complémentaires :
0,2 M€ au titre du surplus d’activités en prévision des jeux olympiques et
paralympiques 2024 et 3,2 M€ au titre des mesures salariales pour les années 2022
-2024. En
complément de la subvention pour charge d’investissement d’un montant de 0,3M€ en LFI
202
3, une subvention complémentaire de 1 M€, destinée au remplacement du SI a été versée.
Les dépenses
de l’opérateur en 2023 étaient estimées au stade du budget rectificatif n°2 à
18
M€ en AE et 19,3 M€ en CP, dont 14,25
M€ de dépenses de personnel et 5 M€ d
e dépenses
hors titre 2. Le CNAPS a consommé 224 ETPT et, malgré une hausse par rapport à 2022 (213
ETPT), ne parvient pas à saturer son plafond d’emploi (231
ETPT) relevé de 10 ETPT par
rapport à 2022 dans la perspective de l’augmentation de l’activité en
vue des Jeux olympiques
et paralympiques 2024. L’augmentation du plafond d’emploi 2023 est temporaire, le PLF 2024
prévoyant un plafond de 221 ETPT, à l’image de celui de 2022. Ce relèvement doit permettre
le recrutement de 10 agents contractuels sur une durée de 12 mois entre juillet 2023 et juin
2024. Le taux de rotation des personnels en 2023 s’élève à 18 %. Après deux années de hausse
(21,5 % en 2021 et 26,7
% en 2022), il diminue jusqu’à retrouver son niveau de 2020 (17,5 %).
Les dépenses de fonction
nement ont augmenté de 0,8 M€ depuis 2021, soit + 21,7
%.
Cette augmentation s’explique essentiellement par les tendances inflationnistes des tarifs de
l’énergie et des divers prestataires (fluides, frais postaux, hébergement hôtelier), ainsi que par
les frais de recherche de nouveaux locaux
48
et l’exécution du marché de tierce maintenance
applicative du SI DRACAR.
Tableau n° 17 :
évolution des dépenses de fonctionnement du CNAPS depuis 2021
En
CP, en €
CF 2021
CF 2022
Exécution 2023
(BR2)
Fonctionnement
3 589 155
3 989 995
4 369 000
Évolution % par rapport
à l’année précédente
-
+11,17 %
+ 21,73%
Source
: d’après les données du ministère de l’intérieur et des outre
-mer
Enfin, en raison de la suppression, en 2022, des commissions locales d’agrément et de
contrôle (CLAC
) et de la commission nationale d’agrément et de contrôle (CNAC), les
dépenses du CNAPS portées par d’autres programmes budgétaires correspondent aux montants
consommés au titre des réservistes sur le programme 176 et s’élèvent à 0,17 M€ en 2021
-2022.
47
Le montant brut de la SCSP était de
17,2 M€. La réserve de précaution s’est élevée à 0,3 M€ soit une dotation
de 16,9 M€. Les versements complémentaires décidés en cours d’exercice n’ont pas fait l’objet de mise en réserve.
48
Dans le contexte du projet des déménagements des sites du siège e
t de la délégation territoriale d’
Île-de-France.
COUR DES COMPTES
68
III -
L’ANTS et les taxes affectées de la mission
Créée par le décret 2007-
240 du 22 février 2007, l’agence nationale des titres sécurisés
(ANTS) est un établissement public administratif dont l’objet est de répondre aux besoins des
administrations, y compris h
ors du ministère de l’intérieur et des Outre
-mer, en matière de titres
sécurisés
49
.
L’année 2023 a été marquée par le changement de tutelle de l’ANTS qui relève à nouveau
de la direction du management de l’administration territoriale et de l’encadrement su
périeur
(DMATES) et non plus de la direction de la transformation numérique
50
(DTNUM) qui exerçait
la tutelle depuis le 1
er
janvier 2020 au titre de la prévalence des projets numériques de l’agence.
Ce transfert doit permettre de garantir une cohérence dans
l’accompagnement global des
prestations aux usagers en renforçant les relations entre l’agence et la direction. En effet, la
DMATES chargée de l’animation du réseau territorial, des préfectures, des guichets, ainsi que
de la gestion des ressources humaines, de la répartition des moyens et de la qualité globale des
process est déjà très présente dans la chaîne de délivrance des titres.
Le COP 2021-2023 a pris fin le 31 décembre 2023 ; le prochain COP couvrira la période
2024-2026.
Des ressources en hausse de 10 %
Le programme 354 ne verse pas de subvention pour charges de service public à l’ANTS
dont les ressources sont constituées de taxes ou redevances affectées et de ressources propres.
L’ANTS bénéficie de 5 taxes affectées
51
toutes plafonnées (cf. tableau infra) qui correspondent
à des droits de timbre. Le montant du plafond des taxes affectées était de 241 M€ en 2022, en
forte augmentation par rapport à 2021, en raison en particulier de l’augmentation du nombre de
demandes de titres. Pour 2023, le plafon
d est relevé de 21,9 M€ pour atteindre 263 M€ pour le
financement des projets et missions de l’agence (5,9 M€ pour le développement du support aux
usagers de l’identité numérique et 10 M€ pour faire face à l’augmentation des dépenses de
fonctionnement en lien avec celle des demandes de titre). Au PLF 2024, un relèvement du
plafond de 23,8 M€ a été accordé à l’agence.
En outre, en fin de gestion 2023, le programme 354 a attribué par anticipation une
subvention pour charges de services public d’un montant de 15 M€ afin de sécuriser son niveau
de trésorerie dans la perspective du maintien à un niveau élevé (14 M) des demandes de titres
en 2024. Le relèvement du plafond des taxes affectées et le versement d’une SCSP en fin de
gestion s’expliquent par la forte hausse des dépenses de l’agence (cf infra).
49
La liste des titres qui relèvent de l’ANTS est fixée par le décret n°2007
-255 du 27 février 2007. Il recense 14
titres dont les 5 principaux
: carte nationale d’identité, passeport biométrique, titre de sé
jour, permis de conduire
et certificat d’immatriculation des véhicules.
50
Anciennement direction du numérique (DNUM).
51
Les 5 taxes affectées sont la taxe pour la gestion des certificats d’immatriculation des véhicules,
la taxe sur les
titres de séjour et de voyage électroniques, le droit de timbre pour la délivrance du permis de conduire en cas de
perte ou de vol, la fraction des droits de timbre sur les passeports sécurisés.
LES MOYENS CONSACRÉS
PAR L’ÉTAT À LA P
OLITIQUE
DE LA MISSION AGTE
69
Tableau n° 18 :
évolution du rendement des taxes plafonnées affectées à l’ANTS 2020
-
2024
En M€
2020
2021
2022
PLF 2023
PLF 2024
Produit
275,55
282,41
480,4
388,4
559,3
Plafond
205,5
206,5
241
262,9
286,7
Source : ANTS et documents budgétaires 2023 et 2024
En 2024
l’ANTS bénéficie, dans le cadre de la LOPMI, d’un rehaussement du plafond
des taxes affectées inscrites à son budget pour faire face au maintien à un niveau élevé de la
demande de titres et assurer le financement des projets SI (identité numérique et système
d’immatriculation des véhicules).
Parmi les ressources de l’agence, les sommes perçues au titre de la redevance
d’acheminement destinée à couvrir les frais d’acheminement des certificats d’immatriculation
des
véhicules ne sont pas versées directement à l’agence. Comme indiqué précédemment, elles
transitent par une attribution de produits au programme 354 (identifiées en tant que transferts,
en titre 6) avant d’être reversées à l’ANTS. En 2023, au budget initial, l’agence prévoit une
redevance à hauteur de 26,5 M€ sur la base d’une estimation de production de 11,4 millions de
certificats d’immatriculation.
Les ressources propres sont, entre autres, liées à la fabrication des cartes d’agents pour
différents minis
tères ou à l’utilisation du système de transmission électronique des données
d’état civil (COMEDEC) par les notaires. En 2023, en exécution, elles sont en forte baisse par
rapport à 2022 mais restent conformes au budget initial (26 M€).
Tableau n° 19 :
évolution des resso
urces et des dépenses de l’ANTS 2021
-2023
En CP, en M€
Exéc. 2021
Exéc. 2022
BI 2023
Exéc. 2023
Évolution
2023/2022
Ressources
315,2
324,5
315,4
356,4
10 %
Fiscalité affectée
206,5
241
263,2
263,2
9 %
Recettes propres
35,8
57,9
25,7
26,4
-54 %
Plan de relance
41,6
-
-
-
-
FTAP
1,4
-
-
18,4
-
Transferts
29,9
25,6
26,5
33,4
30 %
SCSP
15
-
Dépenses
285,9
303,3
364,9
382,6
26,1%
Personnels
8,6
8,5
10,8
9,9
15 %
COUR DES COMPTES
70
En CP, en M€
Exéc. 2021
Exéc. 2022
BI 2023
Exéc. 2023
Évolution
2023/2022
Hors personnels
277,3
294,7
354,1
372,7
26 %
Source
: données de l’ANTS
Des dépenses en hausse de 26 %
Le budget, en hausse par rapport aux années précédentes, a fait l’objet de deux budgets
rectificatifs.
Comme chaque année, les flux, nombreux entre le budget de l’État et le budget de
l’ANTS, sont reportés en annexe.
Les dépenses liées au
fonctionnement s’établissent à 325,8 M€, en hausse par rapport à
2022 (278,19 M€). Elles correspondent aux dépenses de production et d’acheminement des
titres, à celles qui sont en lien avec les systèmes d’information ainsi qu’au contrat
d’externalisation
du centre de contact citoyen.
Les dépenses de personnel augmentent de 16 % en 2023 par rapport à 2022, en cohérence
avec l’évolution du plafond d’emplois. Le plafond d’emploi de 148
ETPT n’est pas atteint au
31/12/2023.
Cela s’explique par la
difficulté à recruter sur des métiers en tension avec des
profils très techniques ainsi que par des sorties qui n’étaient pas envisagées.
Le montant des dépenses d’investissement atteint 46,9 M€, en hausse par rapport à 2022
(32,3 M€). L’agence est en effet engagée da
ns deux chantiers majeurs.
L’accord
-
cadre de réalisation de la refonte du système d’information des véhicules (SIV)
a été notifié le 20 mars 2023. Les dépenses 2023 (5,1 M€) prennent en considération la mise en
place de l’équipe intégrée dédiée à ce projet de refonte et le démarrage des travaux en octobre.
En
outre,
les
difficultés
de
recrutement
ont
entraîné
un
besoin
supplémentaire
d’accompagnement.
Les dépenses du projet « identité numérique régalienne
» dans son ensemble font l’objet
d’un financement conjoint, sur quatre ans, entre le Fonds de transformation de l’action publique
(FTAP) et l’ANTS. Sur un budget total de 45,5
M€, la part du FTAP est de 27,7 M€ et celle de
l
’agence de 17,8 M€ dont 14 M€ de CP consommés en 2023. La conduite du projet s’est
accélérée, avec notamment l’ouverture généralisée au public de l’application «
France
Identité
» début 2024.
Le niveau de trésorerie au 31 décembre 2023 est de 90,1M €, en baisse par rapport à 2022
(113,24 M€) ; il représente 99 jours de dépenses. Au
regard du montant élevé de la trésorerie,
la nécessité d’attribuer par anticipation une SCSP de 15 M€ en fin de gestion 2023 pouvait
interroger (un seuil de 50 M€ de trésorerie apparaissant suffisant pour assurer la gestion
quotidienne de l’agence).
Annexes
COUR DES COMPTES
72
Annexe n° 1 :
liste des publications récentes de la Cour des comptes en
lien avec les politiques publiques concernées par la NEB AGTE
-
Les s
ervices déconcentrés de l’État
, décembre 2017 ;
-
La préfecture de police de Paris, réformer pour mieux assurer la sécurité dans
l’agglomération parisienne
, décembre 2019 ;
-
Gains de productivité et qualité de services : la dématérialisation de la délivrance de titres
par les préfectures
, insertion au rapport public annuel 2020 ;
-
Les effectifs de l’administration territoriale de l’État (exercices 2010
-2021)
, mai 2022 ;
-
Contrôle de légalité et contrôle des actes budgétaires en préfecture
(exercices 2015
2021), décembre 2022 ;
-
La gestion de l’immobilier préfectoral (exercices 2016 –
2021)
, janvier 2023 ;
-
Rapport public annuel sur le bilan de la décentralisation, mars 2023 ;
-
La capacité d’action des préfets
, novembre 2023 ;
-
L
a préfecture de police de Paris : enquête de suivi du rapport public thématique publié en
2019
(exercices 2019-2023)
, novembre 2023 ;
-
La délivrance des titres d’identité et de
circulation
, mars 2024.
ANNEXES
73
Annexe n° 2 :
suivi des recommandations formulées au titre de
l’exécution budgétaire 2022
Recommandation formulée au sein de la
note d’exécution budgétaire 2022
Réponse de l’administration
Appréciation par
la Cour du degré
de mise en œuvre
1
(direction du
budget,
RPROG
354
Administration territoriale de l’Etat
) : Ne
pas recourir aux décrets de transfert lorsque
les décidions sont connues avant le vote de
la LFI, en particulier s’agissant du transfert
concernant les agents exerçant l’emploi
de
délégué du préfet.
Le RPROG s'attache à ne recourir aux décrets
de transferts que dans les cas où la dépense ne
peut faire l'objet de transfert en base en LFI et
si la facturation interne ne peut être mise en
œuvre.
S'agissant des délégués du préfet, le sujet
concerne plusieurs ministères et programmes,
avec pour chef de file le programme 147. Le
maintien de ces emplois sur un programme
propre
avant
transfert
au
titre
du
remboursement des programmes concernés
permet d'assurer la visibilité de postes dont
l'intérêt pour la politique de la ville est
fondamental.
Non mise en œuvre
2
(RPROG 122
Concours spécifiques et
administration
, RPROG 216
Conduite et
pilotage
des
politiques
de
l’intérieur,
direction du budget ) : Revoir les modalités
de financement du comité des finances
locales et de l’observatoire des finances et de
la gestion publique locales afin de les mettre
en adéquation avec les dispositions de la
LOLF.
Il serait plus pertinent de proposer cette
recommandation à la DB concernant le volet
P216. En effet, ce sujet est régulièrement
soulevé par la Cour des Comptes qui indique
que le CFL contrevient à l'article 17 de la
LOLF (les fonds de concours / attributions de
produits sont constitués par les fonds à
caractère non fiscaux versés par des personnes
morales et physiques, ce qui n'est pas le cas du
CFL). Aucune solution alternative n’est
proposée.
En effet, le dispositif actuel repose sur les
articles du CGCT suivants :
- l'article L. 1211-5 du CGCT qui prévoit
qu'une dotation, destinée à couvrir les frais de
fonctionnement du comité des finances locales
et le coût des travaux qui lui sont nécessaires
est prélevée sur les ressources prévues pour la
dotation globale de fonctionnement ouverte en
LFI de l'année n ;
- l'article R. 1211-17 du CGCT qui dispose
que la dotation prévue à l'article précité est
versée au trésor public et rattachée au budget
du ministère de l'intérieur selon la procédure
de fonds de concours pour dépenses d'intérêt
public.
Or, le cabinet du premier ministre avait décidé
lors de la création de cette instance que la part
État des crédits de l'OFGPL (personnel et
fonctionnement), évaluée à 180 000€, devait
être financée en interne à la mission "Relations
avec
les
collectivités
territoriales".
Néanmoins, le financement des crédits de
Non mise en œuvre
COUR DES COMPTES
74
personnel sur le programme 122 n'est pas
possible, le programme ne portant pas de
crédits de personnels, ceux-ci sont portés par
le P 216.
De plus, la possibilité d'effectuer un décret de
virement depuis les crédits HT2 du P122 vers
le titre 2 du programme 216 est interdit par la
LOLF.
La DB a été sollicitée afin d’envisager les
modalités d’un abondement du budget général
sur le programme 216 ou une modification du
CGCT. Sans réponse à ce jour.
3
(Secrétaire
général
du
ministère
de
l’intérieur) : Poursuivre l’identification des
besoins pluriannuels de financement des
différents
projets
d’investissements
numériques et du maintien en condition
opérationnelle des applications du ministère
de l’intérie
ur et des outre-mer et en assurer
le suivi dans un document actualisé.
Concernant le P216, l'administration confirme
:
- la mise en place d'une vision pluriannuelle
des besoins informatiques du ministère, sur le
modèle
existant
pour
l'immobilier
("Papagena" numérique). Ce suivi couvre
l'ensemble des programmes du périmètre
ministériel ;
- la création et la mise à jour trimestrielle d'un
tableau de suivi des grands projets numériques
du ministère, l'objectif étant d'assurer le suivi
d'une trentaine de projets simultanément ;
- la mise en place d'un groupe de travail sur la
maîtrise du MCO numérique. Pour 2024, la
création d'une cellule de 2 agents est envisagée
au sein de la DTNUM.
En outre, en 2023, a été mise en place une
nouvelle gouvernance des investissements du
ministère de l’Intérieur, fruit d’une profonde
réforme partenariale engagée dans le cadre de
la loi d’orientation et de programmation du
ministère de l’intérieur (LOPMI) entre le
ministère de l’intérieur et le ministère chargé
des comptes publics.
L’augmentation du budget du ministère,
prévue par la LOPMI (+15Md€ sur la période
2023-2027),
oblige le ministère de l'intérieur
comme
corollaire
à
une
présentation
programmatique
de
ses
principaux
investissements afin de s’assurer de leur
soutenabili
té et de l’atteinte des objectifs qui
lui
ont
été
assignés.
Cette
nouvelle
gouvernance des investissements vise donc à
renforcer la maîtrise et à optimiser les
opérations
d’investissement
notamment
numérique dans le cadre des chroniques de la
LOPMI.
Les comités ministériels des investissements
(CMI)
et
des
comités
financiers
interministériels (COFIN) sont chargés, d’une
part,
de
l’examen
d’opération
d’investissement dont le coût est supérieur à
15 M€ et d’autre part, d’émettre un avis sur la
Non mise en œuvre
ANNEXES
75
programmation pluriannuelle des principaux
investissements du ministère notamment en
matière immobilière et numérique.
Les « COFIN objet » constituent
un premier
niveau de contrôle,
complété par la tenue d’un
« COFIN synthèse » chaque année au
printemps dont l’objet sera d’apprécier la
programmation pluriannuelle des dépenses
d’investissement et notamment immobilières
et numériques. Cette démarche s’inscrit dans
le cadre d’un processus itératif de suivi et de
programmation des principales opérations
d’investissement st
ructurantes du ministère.
S’agissant du P 354
La rétrocession des crédits du numérique aux
directions métier prévue par le PLF pour 2024
a entraîné la création d’un BOP et de 4 UO au
sein du programme 354. La prise en compte
des besoins pluriannuels de financement des
différents
projets
d'investissements
numériques et du maintien en condition
opérationnelle des applications du ministère
de l’intérieur fait partie des priorités retenues
par le responsable du programme 354.
4
(RPROG 354
Administration territoriale
de
l’Etat
)
:
Retracer
les
moyens
extrabudgétaires portés par le budget spécial
de la préfecture de police (Ville de Paris)
relevant des actions du programme 354-
Administration territoriale de l’Etat
.
La
rebudgétisation
des
dépenses
de
la
préfecture de police fait partie des chantiers
sur lesquels une discussion ne pourrait être
lancée qu'à l'issue des Jeux olympiques et
paralympiques 2024.
Non mise en œuvre
COUR DES COMPTES
76
Annexe n° 3 :
é
volution des flux croisés entre l’ANTS et la mission AGTE
Montants versés par le programme 354
ATE
à l’ANTS
2022
redevance pour services rendus au titre de
l'acheminement
des
certificats
d'immatriculation des véhicules
25
564 516,42 €
2023
redevance pour services rendus au titre de
l'acheminement
des
certificats
d'immatriculation des véhicules
33 415
204,90 €
Montants versés par l’ANTS au programme
354 -
ATE
2022
participation aux dépenses supportées par
l'administration territoriale pour la production
des titres sécurisés
1 363
731 €
remboursement des dépenses supportées par le
programme 354 pour produire et acheminer la
carte nationale d’identité
-
2023
participation aux dépenses supportées par
l'administration territoriale pour la production
des titres sécurisés
3 339
053 €
remboursement des dépenses supportées par le
programme 354 pour produire et acheminer la
carte nationale d’identité
159
867 €
Montants versés par l’ANTS au programme 216
-
CPPI
2022
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
SIV
-
2023
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
SIV
1 478
573 €
2022
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
Alicem
75
729,32 €
2023
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
Alicem
123
633,98 €
2022
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
TES
2023
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
TES
559
811,70 €
ANNEXES
77
Montants versés par le programme 354
ATE
à l’ANTS
2022
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
COHERIS
105
500 €
2023
Remboursement
des
dépenses
liées
à
l’exploitation et l’hébergement de l’application
COHERIS
Source : m
inistère de l’intérieur
et des outre-mer
COUR DES COMPTES
78
Annexe n° 4 :
programmation budgétaire indicative des crédits prévus
par la loi n° 2023-
22 du 24 janvier 2023 d’orientation et de
programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI)
LFI 2022
+ Plan de relance
2023
2024
2025
2026
2027
TOTAL
2023-
2027
AE
CP
AE
CP
AE
CP
AE
CP
CP
CP
CP
Mission AGTE (hors programme 232 -
Vie politique
)
Titre 2
1 860
1 860
2 025
2 025
2 062
2 062
2 088
2 088
2 111
2 135
10 421
Hors titre 2
1 490
1 473
1 895
1 598
2 823
1 810
1 900
2 361
2 455
2 752
10 976
TOTAL
3 350
3 333
3 920
3 623
4 885
3 872
3 988
4 449
4 566
4 887
21 397
Programme 354 -
Administration territoriale de l'État
Titre 2
1 319
1 319
1 433
1 433
1 457
1 457
1 476
1 476
1 492
1 510
7 368
Hors titre 2
606
555
768
557
617
565
627
574
588
604
2 888
TOTAL
1 925
1 874
2 201
1 990
2 074
2 022
2 103
2 050
2 080
2 114
10 256
Programme 216 -
Conduite et pilotage des politiques de l'intérieur
Titre 2
541
541
592
592
605
605
612
612
619
625
3 053
Hors titre 2
884
918
1 127
1 041
2 206
1 245
1 273
1 787
1 867
2 148
8 088
TOTAL
1 425
1 459
1 719
1 633
2 811
1 850
1 885
2 399
2 486
2 773
11 141
Source : Journal officiel de la République française du 23 janvier 2023
Point 4 « Programmation budgétaire » du rapport
annexé à la loi