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FINANCES ET COMPTES PUBLICS
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON
BUDGÉTAIRE 2022
Mission « Économie »
Avril 2023
Sommaire
SYNTHÈSE
..................................................................................................................................
5
RECOMMANDATION UNIQUE
.............................................................................................
9
INTRODUCTION
.....................................................................................................................
11
CHAPITRE I
ANALYSE DE L’EXÉCUT
ION BUDGÉTAIRE
.........................................
13
I - LA PROGRAMMATION INITIALE ET LES LFR
.......................................................................
14
A - Les mesures de transfert et de périmètre
..............................................................................................
14
B -
Une budgétisation initiale marquée par la forte augmentation des dépenses d’intervention à
destination de La Poste et des crédits à destination du CAS PFE
..............................................................
15
C - Des ouvertures de crédits substantielles en LFR pour financer le CAS PFE et les instruments de
réponse aux crises sanitaire et ukrainienne
................................................................................................
16
II - UNE GESTION MARQUÉE PAR DES REPORTS INSUFFISAMMENT JUSTIFIÉS ET UN
EMPLOI DE CERTAINS CRÉDITS
NON CONFORME À LEUR OBJET INITIAL
...................
17
A - Des montants de reports dérogatoires par rapport au plafond fixé par la LOLF et non justifiés à
hauteur
de 2 Md€
.......................................................................................................................................
17
B -
Des crédits ouverts par décret d’avance qui n’ont pas été utilisés conformément à leur objet initial
.. 18
C -
D’autres mouvements de crédits au profit de la mission en cours de l’année
......................................
18
D - Une réserve de précaution légèrement en-
deçà
de l’objectif global de 3 %
........................................
19
III - DES DÉPENSES EN TRÈS FORTE HAUSSE EN 2022
.............................................................
20
A -
Des dépenses d’intervention qui poursuivent l
eur augmentation
.........................................................
20
B - Des dépenses de fonctionnement en forte hausse du fait des crédits destinés à financer le CAS PFE et
le rachat des titres d’EDF par l’
État
...........................................................................................................
22
C -
Des dépenses de masse salariale en hausse de 12,8 M€
après une diminution continue depuis 2014
23
D -
Une forte augmentation des dépenses qui résulte d’opérations exceptionnelles mais également du
dynamisme des dépenses récurrentes
.........................................................................................................
25
IV - LES PERSPECTIVES ASSOCIÉES À LA TRAJECTOIRE BUDGÉTAIRE
..........................
26
A -
Des reports et des restes à payer majorés par l’exécution limitée
des crédits en 2022
.......................
26
B - Une mission dont les crédits pour 2023 dépassent le plafond figurant dans le projet de loi de
programmation pour 2023-2027
................................................................................................................
28
CHAPITRE II
POINTS D’ATTENTION
PAR PROGRAMME
........................................
31
I - PROGRAMME N° 134
DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES ET RÉGULATION
.......
31
A - Un montant de crédits ouverts trop important en 2022
........................................................................
31
B -
Un niveau de crédits très élevé pour l’année 2023 au titre du plan de résilience
.................................
32
II - UNE PROLONGATION DES AIDES DU FONDS DE SOLIDAR
ITÉ QUI N’AVAIT PAS
ÉTÉ
BUDGÉTÉE EN LOI DE FINANCES INITIALE POUR 2022
..........................................................
34
III - PROGRAMME N° 220
STATISTIQUES ET ÉTUDES ÉCONOMIQUE
..............................
35
A -
Le respect du contrat d’objectifs et de moyens 2019
-2022
..................................................................
35
B - Une année 2022 qui marque le retour à une activité normale
..............................................................
37
IV - PROGRAMME N° 305
STRATÉGIES ÉCONOMIQUES
.......................................................
37
COUR DES COMPTES
4
A - La rémunération de la Banque de France poursuit sa baisse
................................................................
38
B -
Le financement de l’économie sociale, solidaire et responsable
..........................................................
39
C -
L’analyse de la performance
................................................................................................................
39
V - PROGRAMME N° 343
PLAN FRANCE TRÈS HAUT DÉBIT
................................................
41
A -
Une trajectoire de décaissement des réseaux d’initiative publique (RIP) en léger ralentissement
.......
41
B - Une évaluation de la performance refondue et améliorée
....................................................................
44
VI - PROGRAMME N° 367
FINANCEMENT DES OPÉRATIONS PATRIMONIALES
ENVISAGÉES EN 2021 ET EN 2022 SUR LE COM
PTE D’AFFECTATION SP
ÉCIALE
« PARTICIPATIONS FIN
ANCIÈRES DE L’ÉTAT
»
........................................................................
44
CHAPITRE III MOYENS CONSACRÉS
PAR L’ÉTAT À LA POLI
TIQUE DE
SOUTIEN AUX ENTREPRI
SES ET À L’ÉCONOMIE
.......................................................
47
I - LES DÉPENSES FISCALES
.............................................................................................................
47
A -
Une diminution liée à un effet de périmètre concernant la fiscalité de l’électricité
.............................
47
B - Une présentation qui connaît une amélioration mais reste perfectible
.................................................
48
C - Une évaluation des dépenses fiscales initiée en 2022
..........................................................................
50
II - LES OPÉRATEURS ET LES TAXES AFFECTÉES
....................................................................
52
A - Une exécution conforme aux prévisions
..............................................................................................
52
III -
UN PLAFOND D’E
MPLOIS RESPECTÉ
....................................................................................
53
IV -
POINTS D’ATTENTION CONCERNANT L’INP
I ET BUSINESS FRANCE
.........................
54
A -
L’INPI
..................................................................................................................................................
54
B - Business France
....................................................................................................................................
55
C - La fiscalité affectée à certains organismes
...........................................................................................
56
V - LES FONDS SANS PERSONNALITÉ JURIDIQUE
.....................................................................
58
ANNEXES
..................................................................................................................................
61
ANNEXE N° 1.
SUIVI DES RECOMMANDATIONS FORMULÉES AU TITRE DE
L’EXÉCUTION BUDGÉTAI
RE 2021
...................................................................................................
62
ANNEXE N° 2.
ÉVOLUTION DE LA RÉMUNÉRATION DE LA BANQUE DE FRANCE
AU
REGARD DES PRESTATIONS EFFECTUÉES
.................................................................................
64
ANNEXE N° 3.
ESTIMATION DES DÉPENSES FISCALES DE LA MISSION
ÉCONOMIE
EN
2022
65
ANNEXE N° 4.
DÉPENSES FISCALES NON CHIFFRÉES
ENTRE 2020 ET 2022
......................
66
Synthèse
En 2022, la mission
Économie
se compose de cinq programmes dont trois programmes
« métiers » :
134 - Développement des entreprises et régulations
, 220 -
Statistiques et études
économiques
et 305 -
Stratégies économiques
. S’y ajoutent des crédits s’inscrivant dans une
logique de projet au sein du programme 343 -
Plan France très haut débit
, destiné à cofinancer
le déploiement de réseaux à très haut débit par les collectivités territoriales. Enfin, le programme
367 -
Financement des opérations patrimoniales envisagées en 2021 et en 2022 sur le compte
d’affectation spéciale “Participations financières de l’État”
(CAS FPE), créé en 2021, a été
prolongé.
En loi de finances initiale (LFI) pour 2022, les crédits de la mission représentaient
3,4
Md€ en AE et 4,0 Md€ en CP, en hausse respectivement de 28,2
% et 21,6 % par rapport à
2021 hors dépenses du programme 367. Le plafond d’emploi de la mission s’élevai
t à
10 684
ETPT pour l’État (
- 1,8 %) et 2 485 ETPT pour trois opérateurs (- 0,3 % hors effectifs
temporaires attribués à Business France dans le cadre du plan de relance).
En cours de gestion, les ordres de grandeur des dépenses de la mission ont été bouleversés.
Les dépenses ont finalement atteint 15,3
Md€ (CP),
soit près de 3,8 fois le montant des crédits
inscrits en LFI et avec dans le même temps une sous-
consommation de 7,4 Md€.
L’ampleur de
ces chiffres suffit à caractériser la perte de lisibilité de
l’autorisation parlementaire sur cette
mission.
Des crédits ouverts qui ont atteint 22,7 Md€ contre 4,0 Md€
prévus en loi de finances initiale
L’augmentation des crédits ouverts sur la mission a porté le montant des crédits
disponibles à 22,7 Md
€, soit
quasiment une multiplication par six par rapport à la LFI. Cette
augmentation a concerné les programmes 367 et 134.
Les crédits destinés au financement des opérations du CAS PFE ont atteint 15,5
Md€, soit
un montant 20 fois supérieur au montant des crédits de la LFI (0,7
Md€)
: 2 Md€ de crédits non
utilisés en 2021 ont été reportés sur 2022, auxquels se sont ajoutés 12,
7 Md€ ouverts en loi de
finances rectificative pour la nationalisation intégrale d’EDF.
Un montant de 3
Md€ a également été prévu en cours d’année sur le programme 134 pour
financer les aides aux entreprises énergo-intensives en réponse à la crise des prix énergétiques.
Enfin, 0,8 Md€ ont été inscrits en LFR sur le programme 134 pour assurer les derniers
versements du Fonds de solidarité, qui étaient pourtant prévisibles dès la loi de finances initiale.
Avant l’inscription de ces crédits en août 2022, ce s
ont les crédits ouverts par le décret du
7 avril 2022 pour financer les aides aux entreprises énergo-intensives qui ont rendu possible la
continuité du versement des aides du Fonds de solidarité.
COUR DES COMPTES
6
Un tiers de ces crédits n’a pas été utilisé
, révélant une budgétisation
qui a manqué de rigueur et de précision
Les dépenses de la mission se sont finalement élevées à 15,3 Md€, soit une sous
-exécution
de 7,4 Md€ (32,3
% des crédits ouverts). La sous-
exécution du programme 367 atteint 4 Md€,
après une sous-exécut
ion de 2 Md€ en 2021 sur les deux périmètres des missions
Économie
et
Plan d'urgence face à la crise sanitaire
.
Sur le programme 134, la mesure d’aide aux entreprises énergo
-intensives face à la hausse
des prix de l’énergie présente une sous
-exécution de
97,4 %, les dépenses s’étant limité à 77
M€
(soit 2,6 % des 3 Md
ouverts). Cette sur-budgétisation était largement évitable lors du chiffrage
de la mesure à l’été 2022
: en effet, la hausse des prix de gros de l’énergie ne se répercute ni
intégralement ni immédiatement sur les factures acquittées par les entreprises, si bien que le
ciblage des aides, en réservant le bénéfice aux entreprises subissant effectivement une forte
dégradation de leurs résultats d’exploitation, ne suggérait pas une dépense massive
dès 2022.
Une augmentation continue des dépenses d’intervention
Les autres dépenses de la mission s’élèvent à 3,0 Md€, en hausse de 25 %. Cette hausse
est liée aux dépenses d’intervention du programme 134 hors celles du Fonds de solidarité, qui
atteignent
1,6 Md€
, soit une augmentation aussi rapide en 2022 (+ 51
%) qu’en 2021
, qui
procède notamment de la progression des compensations versées
par l’État
à La Poste au titre
de ses charges de service public (
751 M€
). Elle est également portée par de nouvelles aides aux
entreprises instaurées en 2022, alors que le nombre de dispositifs financés par la mission était
en diminution depuis 2019.
La compensation carbone (318,2
M€) présente une diminution temporaire en 2022
(- 19 %) et les dépenses liées au plan Fr
ance très haut débit (414,3 M€) sont en repli (
- 5 %).
Par ailleurs, les autres dépenses de fonctionnement et de masse salariale connaissent une
progression modérée (+ 0,7 % pour les premières et + 1,5 % pour les secondes). La masse
salariale (878,8
M€) progresse essentiellement du fait de l’augmentation de la valeur du point
d’indice, alors que les effectifs de la mission ont diminué de 1,2 % et s’établissent à 10
662
équivalents temps plein travaillé en 2022.
Une trajectoire budgétaire moins maîtrisée que par le passé
Plusieurs aspects de l’exécution 2022 sont préoccupants pour le respect de la trajectoire
budgétaire pluriannuelle de la mission, telle qu’elle est présentée par la LFI 2023 (sur les années
2023-2025) ou par le projet de loi de programmation des finances publiques (sur les années
2023-2027).
La forte sous-exécution des crédits ouverts pourrait déboucher sur une augmentation des
reports, qui pourraient atteindre 3 Md€ en 2023, minorant la portée de l’autorisation de dépense
annuelle votée pa
r le Parlement. Ce montant s’ajouterait à un niveau de crédits ouverts pour
2023 qui dépasse déjà
de 3,9 Md€ le plafond figurant dans le projet de loi de programmation
des finances publiques (LPFP) pour 2023 à 2027
, à la suite de l’inscription de 4 Md€ de
crédits
supplémentaires en LFI pour 2023 au titre des aides aux entreprises énergo-intensives.
Plusieurs autres facteurs devraient exercer une pression sur les dépenses de la mission
Économie
en 2023 et pour les années à venir. La LFI pour 2023 prévoit ainsi 856
M€ au titre
SYNTHÈSE
7
de la compensation carbone, contre une dépense de
318,1 M€
en 2022, alors que le doublement
du prix du carbone sur le marché européen en 2022 pèsera sur cette dépense à compter de 2024.
Par ailleurs, les crédits de fonctionnement augment
ent de 303 M€ à compter de 2023
en lien
avec la rémunération des prestations de la Banque postale au titre de l’accessibilité bancaire,
tandis que la compensation des charges liées aux missions de service public postales (service
universel et transport de
la presse), budgétisées à hauteur de 560 M€ en 2023 pour la deuxième
année consécutive, va devenir pérenne.
Une analyse des dépenses fiscales initiée en 2022 mais un coût qui augmente
Comme l’a recommandé la Cour à plusieurs reprises, l’administration a
initié en 2022
l’analyse des dépenses fiscales
de la mission, qui sont estimées à 18,5
Md€ en 2022 et
représentent 80 % des moyens complets de la mission (hors crédits destinés au CAS PFE).
L’Inspection générale des finances (IGF) a
ainsi remis un rapport relatif aux dépenses fiscales
du programme 134 qui formule plusieurs propositions pour en améliorer la présentation en lois
de finances, procéder à leur l’évaluation et réformer certaines d’entre elles, telles que les
dépenses associées au pacte « Dutreil »
1
et à certains taux réduits de TVA concernant la
restauration sur place
2
et l’hôtellerie
3
. La présentation de ces dépenses fiscales dans le PLF
2023 a par ailleurs été améliorée mais demeure perfectible.
1
Dépense fiscale n°300204.
2
Dépense fiscale n°730221.
3
Dépense fiscale n° 730205.
Recommandation unique
(Recommandation reformulée)
Poursuivre en 2023 l’évaluation des dépenses fiscales les
plus coûteuses, chiffrer le coût des dépenses fiscales de façon plus complète et entamer une
revue préalable à leur réforme le cas échéant
(direction du budget, direction de la législation
fiscale, responsables de programme).
Introduction
La mission
Économie
regroupe des polit
iques relevant du ministère de l’économie, des
finances et de la souveraineté industrielle et numérique
consacrées à l’amélioration de la
compétitivité des entreprises, à l’élaboration d’un environnement offrant une concurrence saine
entre acteurs
économiques, à la protection des consommateurs et à la mise en œuvre d’une
stratégie économique et fiscale soutenant une croissance durable et équilibrée. La responsable
de cette mission est la secrétaire générale des ministères économiques et financiers.
Elle se compose de cinq programmes.
Tout d’abord, le programme 134
-
Développement des entreprises et régulations
regroupe
les crédits de fonctionnement de la direction générale des entreprises (DGE) et de la direction
générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) et
de leurs réseaux, ainsi que diverses dépenses d’intervention (compensation carbone des sites
électro-intensifs, compensations versées à La Poste au titre de ses missions de service public)
et des subventions pour charge de service public versées à des opérateurs, comme Business
France.
Le programme 220 -
Statistiques et études économiques
regroupe pour l’essentiel les
crédits destinés au fonctionnement de l’Institut national de la statistique et des ét
udes
économiques (Insee).
Enfin, le programme 305 - S
tratégies économiques
comprend l’essentiel des crédits de
fonctionnement de la direction générale du Trésor, le financement des prestations réalisées par
la Banque de France pour le compte de l’État ou encore le soutien à l’économie sociale et
solidaire.
S’y ajoutent des crédits s’inscrivant dans une logique de projet au sein du programme 343
-
Plan France très haut débit
, destiné à cofinancer le déploiement de réseaux à très haut débit
par les collectivités territoriales, et le programme 367 -
Financement des opérations
patrimoniales envisagées en 2021 et en 2022 sur le compte d’affectation spéciale
«
Participations financières de l’État
»
(CAS FPE)
4
, créé en 2021 pour «
doter le CAS PFE en
recettes en
fonction des besoins d’interventions identifiés
5
».
Mission Économie
Programme 134
Développement des entreprises et régulations
Programme 220
Statistiques et études économiques
Programme 305
Stratégies économiques
4
Cour des comptes,
note d’analyse de l’exécution budgétaire 2021
, Mission
Économie
, p 41.
5
Projet de loi de finance rectificatif 2021 n°1.
COUR DES COMPTES
12
Programme 343
Plan France très haut débit
Programme 367
Financement des opérations patrimoniales envisagées en 2021 et 2022
sur le compte d’affectation spéciale «
Participations financières de l’État
»
Graphique n° 1 :
mission
Économie
exécution des crédits budgétaires
en 2021 et 2022 (CP, en M€)
Graphique n° 2 :
les moyens rattachés à la mission
Économie
en 2022
Source des graphiques n°1 et 2 : Cour des comptes, direction du budget et PLF pour 2023. SCSP : subvention
pour charge de service public, INPI : Institut national de la propriété intellectuelle, ANFr : Agence nationale
des fréquences, FII : Fonds pour l’innovation et l’industrie, FRS
: fonds de réaménagement du spectre. CCI :
chambres de commerce et d'industrie, CMA : chambres de métiers et de l'artisanat.
1 208,3
2 533,4
417,8
445,8
439,3
409,7
435,5
417,5
1000
11 457,1
3 500,9
15 263,6
2021
2022
Programme 367 - Financement des opérations
patrimoniales envisagées en 2022 sur le CAS PFE
Programme 343 - Plan France très haut débit
Programme 305 - Stratégies économiques
Programme 220 - Statistiques et études
économiques
Programme 134 - Développement des
entreprises et régulations
Dépenses totales
Chapitre I
Analyse de l’exécu
tion budgétaire
Le montant des crédits de paiement voté en lois de finances initiale (LFI) pour 2022
augmente de 49,4 % par rapport à la LFI 2021 pour atteindre 4 017,6 M€. Le montant total des
crédits ouverts sur la mission sur l’année s’est cependant éle
vé à 22
655,6 M€. D’une part, les
deux lois de finance rectificatives ont procédé à l’ouverture de 14,716 Md€. D’autre part, les
mouvements opérés en gestion ont conduit à doter la mission de 3 921 M€ supplémentaires.
Ainsi, au cours de l’exercice 2022, le
s crédits ouverts au titre de la mission
Économie
ont été
multipliés par 6,5 en AE et 5,6 en CP.
Pour autant, le volume des crédits non consommés s’élève à 7 392 M€, soit le tiers du
total des crédits disponibles. Ces écarts témoignent de la perte de lisib
ilité de l’autorisation
parlementaire sur cette mission.
Graphique n° 3 :
d
e la LFI à l’exécution 2022 (CP, en M€)
Source/note : Cour des comptes
*
Transferts, virements, annulations, Fonds de Concours et attributions de produits
COUR DES COMPTES
14
I -
La programmation initiale et les LFR
Par rapport à 2021, les crédits de la mission
Économie
pour 2022 ont progressé en LFI,
tant en AE (+
64,2 %) qu’en CP (+
49,4 %).
Graphique n° 4 :
d
e la LFI 2021 à la LFI 2022 (CP, en M€)
Source/note : Secrétariat général des ministères économiques et financiers, retraitement Cour des Comptes
A -
Les mesures de transfert et de périmètre
Plusieurs mesures de périmètre et de transfert ont élargi le programme 343 et réduit le
programme 134, minorant de 43,8 M€ les crédits de la mission.
Une nouvelle action a été créée au sein du programme 343, avec un impact de + 22
M€
en AE/CP. Intitulée « Autres projets concourant à la mise en œuvre du plan France très haut
débit », elle correspond à la rebudgétisation du solde de trésorerie du Fonds national pour la
société numérique (FSN), conformément aux recommandations de la Cour
6
. Cette nouvelle
action comprend les appels à projets « Continuité territoriale numérique » (CTN), et « Cohésion
numérique des territoires » (CNT), ainsi que les frais de gestion et de fonctionnement du plan
France très haut débit.
6
Cour des comptes, note d’analyse de l’exécution budgétaire 2021, mission
Économie
.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
15
Plusieurs transferts du programme 134 vers d’autres programmes sont aussi intervenus
en LFI, avec un impact de -
65,8 M€ en AE/CP. Cette diminution résulte essentiellement du
transfert vers le programme 180
Presses et média
des crédits liés à la compensation versée à
La Poste pour sa mission de transport postal de la presse (62,3 M€). Les autres transferts
concernent notamment la reprise par la DGDDI des missions d’opérateurs de ventes
volontaire/négociants en métaux précieux exercées auparavant par la DGCCRF (18 ETPT et
1,6 M€ vers le programme 302) et la régularisation du transfert opéré au cours de l’année 2021
du bureau de gestion des corps de la DGE (0,8 M€ et 8 ETPT vers le programme 218 –
Conduite
et pilotage des politiques économiques et financières
), de la création du site de référence
d’information et d’orientation des entreprises (7 ETPT et 0,5 M€ vers le programme 624 –
Pilotage et ressources humaines de la direction de l’information l
égale et administrative), une
contribution au Fonds spécial de pensions des ouvriers des établissements industriels de l'État
(FSPOEIE, 0,3 M€ vers le programme 218 –
Secrétariat général) et enfin une contribution au
plan Chlordécone IV (0,3 M€ vers le pro
gramme 162
Interventions territoriales de l’État).
B -
Une budgétisation initiale marquée par la forte augmentation
des dépenses d’intervention à destination de La Poste et des crédits
à destination du CAS PFE
La budgétisation initiale en LFI de la mission repose sur trois composantes distinctes.
La première, l’évolution tendancielle des dépenses récurrentes, concourait à contenir la
croissance des dépenses (pour un montant de -
75,9 M€), avec une baisse prévue de la
compensation carbone des sites électro-intensifs (-
58,7 M€) en 2022 et le ralentissement des
décaissements destinés aux réseaux d’initiative publique (RIP) du plan France très haut débit
(-
9,3 M€).
À
la diminution anticipée de ces dépenses de guichet s’ajoutait la réduction de la
participatio
n de l’État au fonctionnement de certains organismes, tels que l’Autorité des
marchés financiers (AMF - non-
reconduction de la dotation exceptionnelle de 5,8 M€ prévue
en 2021), les pôles de compétitivité (diminution de la contribution à la gouvernance pour
-
3,7 M€), Business France
(baisse de la subvention pour charge de service public de
-
2,5 M€),
Bpifrance Assurance Export
(-
1,55 M€) et France Num (
-
1,2 M€). Les crédits concernant le
paiement des prestations réalisées pour le compte de l’État par l
a Banque de France diminuaient
également (-
4,4 M€). Enfin, les gains réalisés sur les achats de l’État constituaient une
économie structurelle de 0,6 M€. Ces diminutions du «
tendanciel » étaient toutefois atténuées
par quelques augmentations : hausse des crédits du programme 305 pour tenir compte des
conséquences de la crise sanitaire (+
6,5 M€, dont 1,8 M€ pour le Comité interministériel de
restructuration industrielle
CIRI) et +
1,7 M€ pour l’économie sociale et solidaire,
augmentation de la dotation forfaitaire de recensement (+
18 M€), dont le niveau avait été
minoré par voie d’amendement en LFI 2021 en prévision du report du recensement de
population et qui retrouvait le
niveau voté en LFI 2020.
La deuxième composante marquait à l’inverse une
rupture à la hausse par rapport aux
exercices précédents, avec 695,9
M€ de dépenses considérées comme nouvelles par
l’administration
: compensation annuelle désormais versée au groupe La Poste au titre de sa
mission de service universel postal (520 M€ en AE=CP), financement de l’appel à projets
«
capitales et communautés d’outre
-mer
» financé jusqu’en 2021 par le PIA et porté par la
COUR DES COMPTES
16
mission French Tech (2,3 M€). Ces dépenses ont été complétées par 163,9 M€ inscrits par voie
d’amendement au programme 134 pré
sentés par le gouvernement, afin de verser aux entreprises
électro-intensives une avance de 25
% en 2022 sur l’aide au titre de la compensation carbone
de 2023 (150 M€), d’une part, et de relever la compensation versée au groupe La Poste au titre
de sa mission de transport de la presse (13,9 M
€, la portant ainsi à 30 M€ en LFI sur la mission
Économie
7
).
La troisième composante, d’un montant de 752,4 M€ et désignée comme
« exceptionnelle
» et limitée dans le temps par le PLF 2022, correspondait pour l’essent
iel
(748
M€ de CP) à l’alimentation des recettes du compte d’affectation spéciale
Participations
financières de l’État
(CAS PFE, programme 367) au titre d’opérations «
susceptibles
d’intervenir au cours de l’exercice 2022
»
8
et concernant des secteurs économiques variés.
C -
Des ouvertures de crédits substantielles en LFR pour financer le CAS
PFE et les instruments de réponse aux crises sanitaire et ukrainienne
Les deux LFR de 2022 ont ouvert au total 14,72 Md€ de crédits supplémentaires :
-
12,73
Md€ sur le programme 367, afin de doter le CAS PFE en vue de l’offre publique
d’achat simplifiée relative à EDF
;
-
2,33 Md€ pour augmenter les dépenses d’intervention du programme 134 en finançant
notamment un nouveau dispositif d’aides aux entreprises énergo
-intensives en réponse à la
crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine (1,5 Md€ de crédits ouverts).
Le volume très élevé des crédits finalement non consommés, respectivement 4,07
Md€
sur le programme 367 et 3,2 Md€ sur le programme 134, interroge sur la p
ertinence de ces
ouvertures de crédits.
D’autres mouvements de crédits rendent difficilement lisible le pilotage infra
-annuel de
l’exécution. L’évolution du programme 343, dont la nature des crédits est plus homogène
puisqu’il s’agit de dépenses d’interve
ntion en soutien à des investissements des collectivités
territoriales, en témoigne : 22,3 M€ ont été ouverts en LFR1, 112 M€ ont été annulés en LFR2.
7
Auxquels viendront s’ajouter 54 M€ par virement de crédits, portant l’exécution à 84 M€. cf.
infra.
8
Projet annuel de performance de la mission
Économie
annexé au PLF 2022, p. 152.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
17
II -
Une gestion marquée par des reports
insuffisamment justifiés et un emploi de certains crédits
non conforme à leur objet initial
A -
Des montants de reports dérogatoires par rapport au plafond fixé
par la LOLF
et non justifiés à hauteur de 2 Md€
Les reports de crédits de
2021 sur l’exercice 2022 représentent 2,33 Md€ en CP, dont
2,05 Md€ pour le seul programme 367 et 288,8 M€ pour les autres programmes. Ce montant,
qui représente 9 % des crédits initiaux en CP de la mission constitue un niveau élevé au regard
du plafond fixé par la LOLF et au regard des pratiques qui prévalaient avant la crise sanitaire.
En l’espè
ce, la LFI 2022
9
a autorisé le déplafonnement des reports sur tous les
programmes de la mission
Économie
à l’exception du programme 343. Ce déplafonnement a
été envisagé dès le PLF pour le programme 305, justifié par le retard dans le lancement des
contrats à impact
social, conclus dans le cadre des interventions de l’État dans le champ de
l’économie sociale et solidaire, tandis que les autres déplafonnements ont été sollicités par voie
d’amendement du Gouvernement
10
et ont concerné les programmes 134 et 367.
Pour le programme 134, la dérogation à l’article 15 de la LOLF a été motivée par le
financement des dispositifs de relance (recherche de repreneurs, frais de gestion de Bpifrance)
et des mesures exceptionnelles en réponse à la crise sanitaire (aide aux commerces multi-
activités, soutien à
l’
investissement productif dans le domaine sanitaire). Rétrospectivement, ce
déplafonnement ne se justifiait pas : aucune dépense relative à la recherche de repreneurs ou
aux frais de gestion de Bpifrance n’a été réalisé
e en 2022 sur le programme 134, et les dépenses
ont été limitées à 3,5 M€ concernant le soutien à l’
investissement productif dans le domaine
sanitaire
. L’aide
exceptionnelle aux commerces multi-activités présente par ailleurs une
exécution négative (- 8,7
M€).
Pour le programme 367, l’amendement du Gouvernement fait référence au
«
décaissement de la seconde tranche
» des crédits vers le
compte d’affectation spéciale
Participations financières de l’État
en 2022 ». Or, cette notion de
décaissement d’une
seconde
tranche ne correspond à aucun engagement réalisé en 2021 et devant être « décaissé » en 2022,
et ne résulte d’aucun calendrier prévoyant des versements de crédits par «
tranches ».
Comme l’indique le PLFR n°1 pour 2022, les crédits du programme 367 son
t en réalité
budgétisés selon une logique de provision pour financer des «
opérations de diverses natures
susceptibles d’intervenir
»
11
au cours de l’année concernée. Outre qu’elle contrevient au
principe de spécialité des crédits (cf. point d’attention 2.6
), cette budgétisation débouche chaque
année sur un montant important de crédits non utilisés (1
Md€ en 2021, 4
Md€ en 2022 sur le
programme 367).
9
Article 65 de la LFI pour 2022.
10
Amendement II-3543 du gouvernement et compte-rendu de la troisième séance du vendredi 12 novembre 2021.
11
Projet de loi de finances rectificative n°1 pour 2022, p 98.
COUR DES COMPTES
18
En application de l’article 15 de la LOLF, les crédits non exécutés en 2021 ne donnent
aucun droit sur l’ann
ée suivante. Le Gouvernement aurait donc dû abandonner ces crédits et
proposer en LFI 2022 l’ouverture de nouveaux crédits
pour financer les opérations du CAS PFE
en 2022. Ayant choisi de procéder par reports, le Gouvernement a qualifié de « seconde tranche »
le montant des crédits non exécutés en 2021. Cette qualification a postériori, qui ne correspond à
aucun calendrier de décaissement, ne constitue pas une justification des reports demandés.
À
l’avenir, ce type de report massif sera davantage encadré puisque l’article 15 de la Lolf,
tel que révisé par la réforme organique du 28 décembre 2021, dispose que le montant total des
reports de CP ne peut pas excéder 5 % des crédits ouverts par la loi de finances de l’année, sauf
cas de «
nécessité impérieuse d’i
ntérêt national
».
B -
Des crédits ouverts par
décret d’avance qui n’ont pas été utilisé
s
conformément à leur objet initial
Le décret d’avance du 7 avril 2022 a doté le programme 134 (1
548,1 M€ de crédits
ouverts, 30 M€ de crédits annulés sur les autres
programmes de la mission), afin de financer les
aides aux entreprises particulièrement exposées à la hausse des coûts du gaz et
de l’
électricité
à la suite de la guerre en Ukraine
12
(cf. point d’attention 2.1.1)
.
Le CBCM indique cependant qu’entre le mois d’avril et le mois d’août 2022, certains
crédits ouverts par ce décret ont permis de mobiliser de verser les reliquats des aides prévues
dans le cadre du Fonds de solidarité mis en place au début de la crise sanitaire en mars 2020.
Cette situation n’a été régularisée qu’en août 2022 dans le cadre de la LFR n°1 pour 2022. Entre
mai et août 2022, l’emploi des crédits ouverts sur le programme 134 par le décret n’a donc pas
été conforme à leur objet initial (cf. point d’attention 2.2.).
C -
D’autres mouvements de
crédits au profit de la mission
en cours de l’année
Outre les 8,5 M€ de fonds de concours et attribution de produit, les crédits de la mission
ont été augmentés de 60 M€ par divers mouvements de transfert, virements et arrêtés de
répartition.
Le principal
est lié à un décret de transfert, pour un montant total de 54 M€ en provenance
du programme 180
Presse et
médias
vers le programme 134, qui correspond à la
« réattribution » à ce dernier de la compensation versée à La Poste pour le transport de la presse
en raison du report d’un an de l’application de la réforme ayant justifié, en LFI, le mouvement
inverse. Le solde de 3,5
M€
est constitué de divers décrets de virement, arrêtés de répartition
13
et annulations de crédits.
12
Décret n° 2022-485 du 5 avril 2022 instituant une aide pour les entreprises du secteur des travaux publics
particulièrement affectées par les conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine.
13
Voir notamment arrêté du 6 décembre 2022 portant répartition de crédits
, avec + 1,2 M€ au P 220 et + 0,8 M€
au P305 (titre 2).
ANALYSE DE L’E
XÉCUTION BUDGÉTAIRE
19
Hors programmes 343 et 367, les annulations de crédits gelés ont porté sur 3,9 % du total
des crédits ouverts, portant les crédits disponibles à 890,6 M€ en titre 2 (+
1,3 % par rapport à
2021) et à 5 710,2 M€ hors titre 2 (soit 21
764,5 M€ de CP sur l’ensemble de la mission hors
titre 2).
D -
Une réserve de précaution légèrement en-deçà
de l’objectif global de 3 %
L’exposé des motifs du PLF 2022 affichait un taux de mise en réserve global de 0,5 %
sur les crédits de masse salariale et de 3 % sur les autres, avec des adaptations et exonérations
possibles. Sur la mission
Économie
, La réserve initiale s’est élevée à 97,5 M€ en CP, soit 2,43
%
des crédits inscrits en LFI. En hausse de 67 % par rapport à 2021, elle suit quasiment la
croissance des CP ouverts en LFI (+64 %). Cette mise en réserve a été concentrée sur les
programmes 343 (46,3 M€) et 134 (38,8
M€). Hors titre 2, la réserve s’est limitée à 2
% des
crédits de la mission, en-
deçà de l’objectif transversal fixé par le gouvernement.
Hors titre 2, un taux de 3 % a été appliqué au programme 220, conformément au contrat
d’objectifs et de moyens de l’Insee.
Le programme 367 a été exonéré de mise en réserve, compte
tenu de la spécificité des crédits, sans que les justifications en apparaissent clairement dès lors
que les crédits mis en réserve étaient susceptibles d’être dégelés en cas de besoins avérés sur le
CAS PFE.
Une exonération de mise en réserve a également été accordée à certaines dépenses
relevant de dispositifs de guichets ou de conventions pluriannuelles pour lesquels il est difficile
de dégager des marges en gestion. Ainsi, la rémunération de la Banque de France a été exonérée
du gel de crédit compte tenu de son caractère de dépense contrainte, tout comme la
compensation carbone et les compensations versées à La Poste. S’agissant des opérateurs,
Business France a bénéficié d’un taux de réserve rédu
it à 0,5% en application de son contrat
d’objectif
s et de moyens.
Ces exonérations ont nécessité la mise en réserve de 63,9 M€
14
sur les autres programmes
du MEFR, y compris hors de la mission
Économie
. Le programme 343 a ainsi fait l’objet d’une
mise en ré
serve de 7,45 % en CP (soit 46,3 M€) et de l’intégralité des crédits ouverts en LFI en
AE (102,46
%, compte tenu de l’intégration dans l’assiette de 532
k€ de reports de crédits 2021,
soit 22,3 M€).
La réserve a également été constituée par des révisions de programmation :
moindre programmation de la compensation carbone (471,2 M
au lieu de 494,2 M€) dans le
document de programmation unique (DPU) au premier trimestre, dotation de la Banque de
France du programme 305 inférieure au niveau de la lettre plafon
d (4,4 M€).
Pour les dépenses de titre 2, le taux de réserve prévu de 0,5 % a été appliqué. Cette réserve
a été partiellement annulée à hauteur de 54,2 M€ en AE et CP
15
afin de financer le décret
d’avance du 7 avril 2022. Un surgel à due concurrence l’a rec
onstituée. Un surgel
supplémentaire est intervenu en novembre, afin de sécuriser les annulations de crédits
envisagées en LFR 2, pour 286,3 M€ de CP, principalement du fait de diverses sous
-exécutions,
14
Source : note Avis CBCM sur le DPU HT2, 29 /03/22
15
31,87
M€ pour le P 134, 22,34
M€ pour le P 343
COUR DES COMPTES
20
notamment de la compensation carbone et des mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire
pour le programme 134.
In fine
, hors titre 2, la totalité de la réserve de précaution a été annulée
par les deux LFR, et sur le titre 2, à l’inverse, l’intégralité de la réserve de précaution a été
dégelée et aucun
crédit n’a été annulé.
Tableau n° 1 :
utilisation de la réserve de la mission
Économie
Réserve en CP (en M€)
438,0
Utilisation
438,0
Réserve initiale
97,5
Dégel initial
0,0
Surgel des reports
0,0
Dégels en gestion
66,7
Autres surgels
Annulations
371,4
Surgels techniques
340,6
Réserve en fin de gestion
0,0
Source/note :
Cour des comptes d’après les données du CBCM et du RFFiM
III -
Des dépenses en très forte hausse en 2022
Les dépenses de la mission
Économie
s’établissent à 15,3
Md€ en 2022, contre 3,5
Md€
en 2021, soit une augmentation de 11,8 Md€ (+
336 %) par rapport à 2021. Cette hausse est
portée par le dynamisme des dépenses de fonctionnement et d’intervention.
A -
Des dépenses d’intervention qui poursuiven
t leur augmentation
Les dépenses d’intervention atteignent 2,4 Md€ en 2022 contre 1,1 Md€ en 2021. Ce
montant comprend les dépenses liées au Fonds de solidarité (688,7 M€) et au plan de résilience
(77 M€).
Certains versements du Fonds de solidarité créé le 25 mars 2020 ont mobilisé les crédits
de la mission
Économie
en 2022. En effet, le programme 357 -
Fonds de solidarité
de la mission
Plan d’urgence face à la crise sanitaire
s’est trouvé à court de crédits au cours du premier
semestre pour procéder au paiement de toutes les aides attribuées
16
. Les crédits ouverts par le
décret d’avance du 7 avril 2022 sur le programme 134 pour soutenir les entreprises énergo
-
intensives face à la hausse des prix de l’énergie ont alors été utilisés «
en trésorerie
»
17
pour
permettre le ces versements, en infraction avec le principe de spécialité qui destinait ces crédits
à un autre usage (cf. point d’attention 2.2)
.
Les aides versées à ce titre depuis le programme 134 ont atteint 685,6
M€ en 2022, dont
395,6
M€ concernant les
aides dites « coûts fixes ». À ces dépenses se sont ajoutés 3,5
M€ de
dépenses de soutien aux investissements dans le domaine sanitaire, dans le cadre des mesures
décidées en 2020.
16
Cf. les décrets 2021-1087 du 17 août 2021 et n°2022-111 du 2 février 2022. Les entreprises ont pu déposer des
demandes d’aide jusqu’au 15 juin 2022. Cf. également le décret
n° 2022-476 du 4 avril 2022 instituant une aide «
coûts fixes consolidation association » concernant la période du 1
er
décembre 2021 au 31 janvier 2022.
17
Réponse de la direction générale des entreprises aux observations provisoires.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
21
Par ailleurs, deux dispositifs de subventions ont été créés à destination des
entreprises énergo-intensives
dans le cadre du Plan de résilience annoncé le 16 mars 2022 à
la suite de la guerre en Ukraine. La budgétisation de ces aides a été manifestement excessive,
puisque seuls 76,9 M€ ont été versés en 2022 pour 3,1 Md€ de cré
dits ouverts (cf. point
d’attention 2.1.2).
Tableau n° 2 :
exécution aides du Plan de résilience prévues sur le programme 134
(CP, en M€)
Exercice 2022
Crédits
ouverts
Exécution
Taux d'exécution
Aide aux PME du secteur des travaux publics
80
16
19,7 %
Aide aux entreprises électro ou gazo-intensives
2 912
61
2,1 %
Total
2 992
77
2,6 %
Source : données du RFFiM
Déduction faite de ces montants, les dépenses d’intervention s’établissent à 1,6
Md€, soit
une augmentation aussi rapide en 2022 (+ 51 %) qu’en 2021.
Cette hausse est largement due à la progression des subventions versées à La Poste, qui
atteignent au total 751 M€ (+ 613,2 M€). En effet, la compensation du déficit de La Poste dans
la mise en œuvre du service universel postal constitue à compter de 2022 une dépense pérenne
de la mission
Économie
à hauteur de 520
M€ en 2022
.
À cett
e subvention s’est ajoutée la
compensation au titre de sa mission d’aménagement du territoire, pour un montant de 147 M€
(comprenant les versements au titre de l’année 2021 pour 73 M€ et au titre de 2022 pour 74
M€).
L’aide au transport postal de la presse
représente pour sa part 84
M€ (contre 137,5
M€ en 2021).
La compensation carbone en faveur des entreprises électro-
intensives s’établit pour sa
part à 318,2
M€, en diminution de 73,1 M€ (
- 27,5 %) par rapport à 2021. Cette baisse
temporaire résulte d’un
retard pris dans le versement de l’aide en 2021, en raison de la
validation du nouveau cadre règlementaire par la Commission européenne le 1
er
décembre
2022 et de nouvelles modalités de versement convenues avec l’Agence des services et de
paiement (cf. 1.4.1).
Les dépenses liées à la réalisation du
Plan France très haut débit s’élèvent à 414,3
M€,
en diminution de 21,2 M€ (
-
4,9 %) par rapport à 2021 (cf. point d’attention 2.6).
Les autres dépenses d’intervention connaissent par ailleurs une augmentation r
apide,
passant de 120
M€ en 2021 à 157 M€ en 2022 (+ 37 M€ soit 32
%). Cette hausse est portée par
le programme 134, les dépenses des programmes 220 et 305 étant globalement en baisse
(- 5,4
M€ soit
- 11% concernant ces deux programmes).
COUR DES COMPTES
22
Graphique n° 5 :
d
épenses d’interve
ntion de la mission
Économie
de 2017 à 2022
(CP, en M€)
Source
: Cour des comptes d’après données du RFFiM
Alors que le nombre de dispositifs d’aide aux entreprises du programme 134 était en
diminution depuis 2019, de nouvelles aides ont été instaurées en 2022. Une aide aux entreprises
commercialisant des appareils numériques reconditionnés
18
a ainsi été versée à hauteur de
10,9
M€ en 2022 (pour un budget total de 15
M€), à raison de 8 € par téléphone ou tablette
reconditionné en France. Par ailleurs, les mesures du plan « Destination France »
19
ont entraîné
une dépense de 2
3,8 M€, et 0,6 M€ ont été versés dans le cadre du Plan
Avenir Lourdes
20
.
B -
Des dépenses de fonctionnement en forte hausse du fait des crédits
destinés à financer le CAS PFE et le rachat de
s titres d’EDF par l’
État
En 2022, le CAS PFE a perçu deux abondements comptabilisés comme des dépenses de
fonctionnement à partir du programme 367 de la mission
Économie
pour un total de
11,4
Md€
: 1,7 Md
le
25 mars 2022 préalablement à l’augmentation de capital d’EDF et
9,71 Md
le 26 octobre 2022 préalablement au lancement de
l’offre publique d’achat simplifiée
18
Décret 2022-
363 du 15 mars 2022 relatif à l’aide exceptionnelle pour les entreprises justifiant d’une activité de
reconditionnement en France de téléphones mobiles multifonction ou de tablettes informatiques.
19
Plan pour la reconquête et la transformation du tourisme (plans « Destination France »), présenté le 20 novembre
2021 par le Premier ministre.
20
Plan présenté le 16 février par le Premier ministre
. Un financement par l’
État des 23 actions prioritaires de ce
plan a été annoncé pour un montant de 33,4 M€ d’ici à 2025.
146
154
117
130
120
157
135
99
102
266
391
318
8
30
225
436
414
121
112
104
96
138
751
418
32
689
77
410
353
353
1135
1117
2406
0
500
1000
1500
2000
2500
2 017
2 018
2 019
2 020
2 021
2 022
Plan résilience
Dépenses liées à la crise sanitaire
et économique de 2020
Subventions à La Poste
Plan France THD
Compensation carbone
Autres dépenses de T6
Total
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
23
de l’
É
tat sur l’entreprise. Les opérations financées à travers ce programme ont également
concerné Orano et le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB)
21
.
Comme la Cour l’a déjà souligné pour l’exercice 2021, l’utilisation de ce programme 367
pose question au principe de spécialité des crédits (cf. point d’attention
2.6). Par ailleurs, la
comptabilisation comme dépenses de titre 3 de ces versements au CAS fait qu’ils sont assimilés
par la nomenclature budgétaire à des dépenses de fonctionnement, alors qu’ils correspondent
par nature et destination à des opérations financières, prévues pour relever du titre 7.
Hors versements au CAS PFE, les dépenses de fonctionnement de la mission s’établissent
à 512,4 M€ en 2022, soit une hausse de 0,7 % (de 3,4 M€) par rapport à 2021
.
Ces dépenses sont stables pour les programmes 220 et 305 (+
4,1 M€ pour le programme
220, -
4,1 M€ pour le programme 305). L’augmentation est portée par le programme 134 et
résulte pour l’essentiel des dépenses pérennes relatives aux nouvelles missions de l’Arcep
(0,2
M€), des actions en faveur du numérique (2,3
M€), du soutien aux start
-
ups d’
État (0,5
M€)
et de l’exposition
Fabriqué en France
(0,3 M€).
Les subventions de fonctionnement aux opérateurs de la mission
Économie
sont en
diminution de 16,6 M€ (
- 4,1 %) par rapport à 2021.
Tableau n° 3 :
évolution des subventions pour charges de service public et des
rémunérations versées aux opérateurs de la mission
Économie
de 2019 à 2022 (CP, M€)
2019
2020
2021
2022
2021-2022
SCSP Business France
101,1
96,7
95,2
84,7
- 10,5
11,0 %
SCSP Agence Nationale des Fréquences
38,8
39,3
39,2
39,1
- 0,1
- 0,4 %
Rémunération Bpifrance AE
45,6
45,9
46,4
44,9
- 1,6
- 3,3 %
Rémunération Banque de France
240,7
229,6
222
217,6
- 4,4
- 2,0 %
Total
426,2
411,5
402,8
386,2
- 16,6
- 4,1 %
Source
: Cour des comptes d’après donnés du RRFiM.
SCSP : Subvention pout charges de service public
C -
Des dépenses de masse salariale en hausse de 12,8 M€
après une diminution continue depuis 2014
Les dépenses de masse salariale de la mission
Économie
s’établissent à 878,8 M€ en 2022,
en hausse de 12,8 M€
(+ 1,5 %, contre une baisse de 2,4 % en 2021).
L’année 2021 avait été marquée par une dépense limitée à 97,8 % des crédits de la LFI
(contre 98,7 % en 2022), liée à une forte sous-
exécution du schéma d’emplois.
21
Outre les opérations concernant EDF, les autres opérations financées ont concerné notamment le rachat de titres
Orano
à Areva à hauteur de 638 M€ (
contre
92 M€
évalués initialement) et la libération à hauteur de 100
M€ du
solde de l’augmentation de capital du
LFB,
souscrite par l’Etat en décembre 2021
.
COUR DES COMPTES
24
La hausse des dépenses est principalement li
ée, d’une part, à l’augmentation de la valeur
du point d’indice de la fonction publique en 2022. Son coût est estimé à 6,9 M€ par les
responsables des programmes 134 (3,4
M€), 220 (3,3 M€) et 305 (0,2
M€), et d’autre part, au
solde du glissement vieillesse-
technicité (GVT) qui a représenté une augmentation de 5,6 M€
22
.
Enfin, le coût des mesures catégorielles progresse de 4,5
M€ par à 2021 et s’établit à
6,4
M€. Ce montant regroupe notamment le coût du protocole «
Parcours, carrières et
rémunérations » (PPC
R) et l’h
armonisation des régimes indemnitaires des agents de la
DGCCRF
, pour 3,4 M€. Il comprend par ailleurs la revalorisation de l’indemnité des enquêteurs
(0,3
M€) et des grilles indiciaires des agents de catégorie C de l’Insee (0,5 M€).
Les effectifs de la mission ont poursuivi leur diminution en 2022, mais à un rythme moins
rapide que l’année précédente.
Les plafonds d’emplois inscrits en LFI pour 2022 sont respectés à l’échelle de la mission
.
Les emplois atteignent 10 622 équivalents temps plein travaillés (ETPT) soit une diminution de
127 ETPT par rapport à 2021.
Les plafonds des programmes 220 et 305 sont respectés. Les emplois du programme 134
dépassent cependant de 26 ETPT le plafond de la LFI. En effet, la faible exécution des emplois
du programme en 2020 a conduit à diminuer le
plafond d’emploi
s évalué en LFI pour 2022, en
application de la LPFP pour 2018-2022, qui limite à 1% la hausse des plafonds par rapport à
l
’exécution de l’avant dernier exercice
23
. De ce fait, le plafond du programme 134 évalué en
LFI pour 2022 correspondait à un niveau inférieur au schéma d’emploi du programme.
Ce dépassement aurait pu être plus important puisque le schéma d’emploi du programme
134 (DGE, DGCCRF) s’établit à
- 22 ETP, soit une diminution plus importante que celle fixée
en LFI pour 2022 (-1 ETP). Les effectifs du programme 305 (DG Trésor) diminuent de 17 EPT,
contre une baisse de 23 ETP prévue en LFI. Dans le contexte de la crise en Ukraine et de la
mise en œuvre du plan national de reprise et de résilience, la DG Trésor a obtenu l’accord du
secrétariat général des ministères économiques et financiers (SGMEF) pour un allègement de
son schéma d’emplois, fixé à
-17 ETP en gestion.
Les effectifs du programme 220 (Insee) présentent une diminution (- 35 ETP) inférieure
à l’évolution prévue en LFI (
-67 ETP), mais la diminution totale de 2020 à 2022 est conforme
à la cible triennale fixée par son contrat d’objectifs et de moyens
24
(-
201 ETP). En effet, l’
Insee
avait fait porter l’essentiel de cette dim
inution sur les exercices 2020 et 2021, conformément
aux marges de gestion prévues par le contrat.
À
l’issue de l’exercice 2022, les emplois de la mission
Économie
ont ainsi diminué de
1 612 ETPT (13,2 %) par rapport à leur niveau de 2014. La LFI pour 2023 prévoit une
augmentation du plafond d’emplois.
22
Solde résultant d’une baisse de
-
9,2 M€ liée notamment à l’effet des départs en retraite (GVT négatif) et d’une
hausse de 10,4 M€ liée au GVT positif.
23
Article 11 de la loi de programmation des finances publiques pour 2018-2022.
24
Contrat d’objectifs et de moyens pour la période 2019
-2022 conclu le 6 février 2019 entre l
’Insee, le secrétariat
général des ministères économiques et financiers et la direction du budget.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
25
Graphique n° 6 :
évolution des effectifs et des dépenses de masse salariale
de la mission
Économie
entre 2014 et le PLF 2023
Source : RFFiM, Cour des comptes
D -
Une forte augmentation des dépenses qui résulte d’opérations
exceptionnelles mais également du dynamisme des dépenses récurrentes
La forte croissance des dépenses de la mission constatée depuis 2020 s’explique, pour les
dépenses de fonctionnement, par le financement de certaines opérations du CAS PFE, imputé
en 2021 et 2022 sur la mission
Économie
du fait de la création du programme 367. Par ailleurs,
les dépenses d’intervention comprennent des mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire
à la relance en 2021 et 2022 et les dépenses du plan de résilience en 2022.
Ces mesures en principe non pérennes ne doivent cependant pas masquer le dynamisme
des dépenses d’intervention récurrentes, qui contribuent à la hausse de ses dépenses totales,
avec une augmentation de plus de 50 % pour la deuxième année consécutive.
COUR DES COMPTES
26
Graphique n° 7 :
évolution des dépenses la mission
Économie
de 2017 à 2022
(CP, en Md€)
Source
: Cour des comptes, d’après données des responsables de programme
Cette hausse très rapide des dépenses survient alors même que l’exécution limitée de
plusieurs dispositifs en 2022 entraîne des décalages et des reports qui viendront grever
l’exécution budgétaire de la mission en 2023 (cf. 1.4).
IV -
Les perspectives associées à la trajectoire budgétaire
A -
Des reports et des restes à payer majorés par l’exécution limitée
des crédits en 2022
L’exécution des crédits de la mission se dégrade nettement en 2022
. Sur 22,7 Md€ de
crédits ouverts, 7,4 Md€ n’ont pas été utilisés, soit
un taux d’exécution de 67 % des crédits
ouverts, contre 93% en 2021.
D’une part, les crédits prévus pour le CAS PFE n’ont été employés qu’à hauteur de 74
%,
soit 4,1 Md€ de crédits budgétés non employés.
D’autre part, les crédits du programme 134 n’ont été consommés qu’à hauteur de 44
%,
soit 3,2 Md€ de
crédits budgétés non employés. Cette situation résulte surtout de la très faible
consommation des crédits prévus pour les aides destinées à soutenir les entreprises les plus
exposées à la hausse des coûts
de l’énergie (cf. point d’attention 2.1.1).
920
918
902
887
866
879
540
554
528
496
506
516
503
353
353
717
1054
1717
816
66
689
1500
1000
11457
3465
1812
1786
2920
3501
15264
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Dépenses exceptionnelles :
a) versements au CAS PFE
(fonctionnement)
Dépenses exceptionnelles :
b) plans d'urgence et de relance
(fonctionnement et intervention)
Dépenses d'intervention récurrentes
Dépenses de fonctionnement
récurrentes
Dépenses de masse salariale
total des dépenses
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
27
Plusieurs autres dispositifs du programme 134 ont connu une exécution ralentie ou un
démarrage plus lent que prévu en 2022. La sous-exécution de crédits au titre de la compensation
carbone atteint ainsi 106 M€ en CP, du fait, selon l’administration, des modalités de versement
convenues avec l’ASP (75
% des CP à verser fin 2022, puis 25
% l’année suivante). Ces
modalités auraient dû être prises en compte lors de la budgétisation initiale.
Par ailleurs, le plan « Destination France
» a souffert d’un démarrage lent et présente une
sous-
exécution de 87,5 M€ (soit 79 % des crédits ouverts), avec un déploiement limité de l’aide
aux exposants par CCI France. Les aides du Fonds de solidarité présentent une consommation
en retrait de 8 M€ par rapport aux crédits disponibles, de même que les dépenses de soutien aux
investissements dans le domaine sanitaire (3
M€ non employés). L’administration évoque enfin
un nombre important de dossiers retenus concernant les appels à projet du dispositif French
Tech (6,4
M€ de crédits non exécutés) et un allongement des délais de réalisation des projets
du Commissariat aux communications électroniques de défense (CCED, 22 M€ de crédits non
exécutés).
La faiblesse du taux d’exécution à l’
échelle de la mission révèle une budgétisation initiale
qui a manqué de rigueur et de précision.
Les reports de crédits pourraient donc être supérieurs à 3
Md€ de CP en 2023, dont 2,915
Md€ constitués par les crédits prévus pour les aides aux entreprises
énergo-
intensives qui n’ont
pas été utilisés en 2021 et 106
M€ concernant la compensation carbone. La
budgétisation
initiale élevée de ce nouveau dispositif en 2022 et la sous-exécution de certaines dépenses
récurrentes conduiront à augmenter en 2023 les crédits ouverts de la mission, dont le montant
progresse déjà de 108 % (+ 4,1 Md€) en LFI 2023 par rapport à l’exécution 2022
25
.
Par ailleurs, les restes à payer augmentent de 144 % (311
M€ en 2022 contre une moyenne
de 137
M€ de 2017 à 2021, hors programme
343 dont le niveau de restes à payer est justifié par
la chaîne de dépenses liées au Plan France très haut débit).
Tableau n° 4 :
évolution des restes à payer de la mission
Économie
depuis 2017
(CM, en M€)
En M€
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Évolution 2022
Total
2 329
2 555
2 502
2295
1832
1703
- 7 %
Programme 343
2 225
2 395
2 365
2 140
1 704
1 393
- 18 %
Total hors programme 343
104
161
138
155
127
311
144 %
Programme 134
61
108
79
100
58
231
302 %
Programme 220
36
43
44
44
49
48
- 2 %
Programme 305
7
10
15
12
21
31
50%
Source : RFFiM.
25
Hors dépenses exceptionnelles liées au CAS PFE en 2022.
COUR DES COMPTES
28
B -
Une mission dont les crédits pour 2023 dépassent le plafond figurant
dans le projet de loi de programmation pour 2023-2027
Les dépenses de la mission
Économie
présentent une augmentation rapide qui s’explique
en premier lieu par le poids récurrent des dépenses exceptionnelles depuis 2020. Aux dépenses
liées à la crise sanitaire et économique (2020, 2022) se sont ajoutés les versements au CAS PFE
(2021, 2022) puis les dépenses liées au plan « Destination France » et au plan de relance et de
résilience (2022, 2023).
Le poids des dépenses de guichet liées au coût de l’énergie pour les entreprises augmente
aussi. La LFI pour 2023 prévoit ainsi 4
Md€ au titre des ai
des aux entreprises énergo-intensives.
Ainsi, les crédits de la mission en LFI 2023 dépassent déjà de 4,2
Md€
(hors reports) le plafond
figurant dans le projet de loi de programmation des finances publiques pour 2023 à 2027
26
,
alors que pourraient s’y ajout
er 2,9
Md€ demandés en report.
Graphique n° 8 :
évolution des dépenses pilotables de la mission
Économie
(Md€)
Source
: Cour des comptes d’après données des projets de loi de finances pour 2023 et de loi de programmation des finances
publiques pour les années 2023 à 2027
Certains facteurs pourraient encore accentuer la pression à la hausse des dépenses
d’intervention dans les années à venir. La compensation carbone devrait connaître à partir de
2024 une forte augmentation puisque le prix de la tonne de CO
2
, qui se répercute avec deux ans
de décalage sur le coût de la compensation, est passé de 25,09 €/tCO
2
en 2021 à 54 €/tCO
2
en
2022 (+ 115 %).
De plus, les crédits de fonctionnement
27
de la mission, globalement stables depuis 2021,
augmentent de 303 M€ à compter de 2023
en lien avec les missions de service public réalisées
par la Banque postale au titre de l’accessibilité bancaire (programme 305). Si la trajectoire
26
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027 déposé à l’Asse
mblée
nationale le 26 septembre 2022.
27
Hors versements au CAS PFE.
3,7
4
4,2
1,65
1,62
1,78
2,13
1,71
1,56
1,54
2,68
2,26
3,57
7,69
3,98
4,20
0
2
4
6
8
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
Plafonds prévus par les
LPFP 2014-2019 puis 2018-
2022
Plafonds indiqués par le
projet de LPFP 2023-2027
dépenses hors CAS
Pensions, CAS PFE et fonds
de concours
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
29
indicative pour 2023-2027 prévoit une baisse graduelle de ces versements, ils pourraient
demeurer supérieurs à 250
M€ par an jusqu’en 2027. Par ailleurs, la compensation attribuée à
La Poste au titre du service universel postal, à hauteur de 520 M€, devient une dépense
récurrente pérenne.
Enfin, le plafond des emplois de la mission, en diminution continue depuis 2014, est de
nouveau en augmentation dans le cadre de la LFI pour 2023, et les dépenses de masse salariale
ont augmenté en 2022 après avoir diminué durant la période 2017-2021.
La direction du budget indique cependant qu’aucun risque budgétaire ayant un
impact sur
les exercices à venir n’a été identifié en 2022.
Chapitre II
Points d’attention p
ar programme
I -
Programme n° 134
Développement des entreprises
et régulation
A -
Un montant de crédits ouverts trop important en 2022
Si 2,9 Md€ ont été prévus en 2022 pour financer l’aide exceptionnelle aux entreprises du
secteur des travaux publics (80 M€) et l’aide aux entreprises très consommatrices d’énergie
(2,91
Md€)
28
du fait de la guerre en Ukraine, les aides versées à ce titre n’ont cependant atteint
que 77
M€ en 2022 (2,6
% des crédits disponibles). Selon la direction du budget, la budgétisation
initiale s’explique par la volonté de rassurer les acteurs économiques
avec un chiffrage large dans
un contexte de forte incertitude sur l’évolution des prix de l’énergie d’une part, et par la difficulté
à anticiper les stratégies d’adaptation des entreprises pour limiter leurs pertes économiques
d’autre part. Les facteurs li
mitant le recours à ces aides étaient pourtant prévisibles.
D’une part, «
la flambée des prix ne se répercute ni immédiatement ni intégralement sur
les prix de l’énergie payés par les entreprises
»
29
.
En effet, la hausse des prix de l’énergie peut
être limitée ou différée selon les contrats conclus entre les entreprises et les fournisseurs. Selon
les données déclaratives collectées par l’Insee fin 2022,
58 % des entreprises industrielles
disposaient d’un contrat de fourniture en électricité non exposé à une
augmentation des prix en
2022 (53 % pour le gaz)
30
.
Par ailleurs, le mécanisme de l’ARENH
31
et plusieurs mesures
fiscales ont contribué à atténuer la hausse du prix pour les entreprises. Ainsi, alors que la hausse
du prix de l’électricité
vendue en gros au prix spot a connu une hausse de 564 % entre août
2021 et août 2022, l’indice des prix pour l’électricité vendue aux entreprises
n’a
augmenté que
28
Aides annoncées par le Premier ministre dans le cadre du Plan de résilience le 16 mars 2022.
29
Insee, note de conjoncture du 15 décembre 2022, p. 8. Enquête disponible en ligne : Les entreprises face à la
hausse des prix de l’énergie : des situations et des réactions contrastées
.
30
A l’inverse, 42 % des entreprises industrielles avaient un contrat exposé à la hausse des prix de l’électricité en
2022 : 21 % avaient un contrat indexé sur les prix de marché, et 21 % avaient un contrat à prix fixe sur durée
contractuelle arrivant à échéance avant la fin de 2022. Les autres entreprises disposent de contrats au tarif
réglementé de vente, ou indexé sur celui-
ci, ou de contrats à prix fixe sur une période excédant l’année 2022.
31
Accès régulé à l’électricité nucléaire historique.
COUR DES COMPTES
32
de 13 % sur cette même période.
32
Or, aux termes de l’encadrement européen des aides d’É
tat
33
,
l’augmentation des prix devait atteindre +100 % pour déclencher le versement de l’aide.
Alors que le dispositif d’aides défini en juillet 2022 ciblait précisément les entreprises
ayant subi une perte d’exploitation ou une baisse d’excédent brut d’exploi
tation
34
due à la
hausse des prix de l’énergie, un nombre limité d’entreprises se sont trouvées dans cette situation
dès 2022.
De plus, si l’encadrement européen prévoyait
un critère de
perte d’exploitation ou d
e
baisse de l’EBE pour les aides plafonnées à 25 M€ et 50
M€ par entreprise
35
, les conditions du
décret du 1
er
juillet 2022 se sont avérées plus restrictives en retenant également ce critère pour
les aides plafonnées à 2 M€. Ces
règles visant à éviter tout e
ffet d’aubaine
ont entraîné des
formalités nombreuses
et complexes pour l’ensemble des entreprises, ce qui a pu en dissuader
certaines, d’autant plus qu’il existait d’autres dispositifs de soutien en trésorerie plus simples à
mobiliser (prêts « résilience
» garantis par l’
État, reports de charges).
Enfin, c
ertaines entreprises confrontées à la hausse des prix de l’énergie ont pu être en
mesure de répercuter cette hausse dans leurs prix de vente, ou ont arrêté leur activité avant la
dégradation de leur EBE.
L’essentiel des crédits ouverts au mois d’avril demeuraient disponibles en août 2022, les
aides versées pour la première période (mars-mai 2022) ayant été limitées à 24
M€.
Ainsi,
l’ouverture de crédits à hauteur de
1,5 Md
€ en août 2022, qui se sont ajou
tés aux 1,5 Md
prévus en avril, apparaît en décalage avec
l’évolution des prix de l’énergie,
les besoins des
entreprises et le niveau des crédits disponibles à
l’été
2022.
B -
Un niveau de crédits très élevé pour l’année 2023
au titre du plan de résilience
Concernant les aides aux entreprises très consommatrices d’énergie en 2023, un montant
de 4
Md€ a été inscrit à la suite d’un amendement présenté par le Gouvernement
36
à la loi de
finances, auxquels pourraient s’ajouter près de 3
Md€ de crédits reportés de
l’exercice 2022.
Les dépenses relatives à ces aides progressent rapidement depuis le début 2023. Les
versements effectués du 1
er
au 31 janvier 2023 s’élèvent ainsi à 51 M€, contre 61,5 M€ pour
toute l’année 2022. De plus, 1
562 demandes ont été reçues concernant les mois de septembre
et octobre 2022, contre 1 366 demandes pour l’ensemble des périodes antérieures. Par ailleurs,
les plafonds de chaque régime d’aide ont été portés à 4 M€, 50 M€ et 150
M€ pour les dépenses
supportées à compter de septembre 20
22 (contre 2 M€, 25 M€ et 50
M€ auparavant), et certains
32
Insee, note de conjoncture du 15 décembre 2022 précitée. P
rix de production de l’industrie
pour
l’électricité
vendue en gros au prix spot (IPPI spot), et
prix de production de l’industrie pour l’électricité vendue aux
entreprises1 (IPPI B-to-B).
33
Encadrement temporaire de crise pour les mesures d’aide d’État visant à soutenir l’économie à la suite de l’agression
de la Russie contre l’Ukraine, communication de la Commission européenne du 23 mars 2022 (2022/C 131 I/01)
.
34
Excédent brut d’exploitatio
n dit « gaz et électricité
», qui diffère légèrement de l’EBE classique.
35
Encadrement temporaire de crise pour les mesures d’aide d’État visant à soutenir l’économie à la suite de l’agression
de la Russie contre l’Ukraine, communication de la Commission e
uropéenne du 23 mars 2022 (2022/C 131 I/01).
36
Amendement n° II-3107.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
33
opérateurs publics y sont désormais éligibles
37
. Enfin, le critère de hausse du coût de l’énergie
est abaissé à + 50 %, contre + 100 % auparavant.
Cependant, le niveau des crédits ouverts et demandés en report pour 2023 apparaît élevé
à plusieurs égards.
En effet, ces montants reposent sur l’hypothèse d’un taux de recours de
90
% des entreprises éligibles et des demandes concernant tous les mois de l’année 2023.
Or, de 17 % à 25 % des entreprises indus
trielles disposent d’un contrat d’électricité dont
le prix ne dépend pas du prix de marché (entre 18 % et 21 % concernant la métallurgie, la
chimie, la production de bois et de papier) selon les données recueillies par l’Insee en novembre
2022
38
. Par ailleu
rs, 27 % de ces entreprises ne renouvelleront leur contrat d’électricité à prix
fixe qu’au second semestre 2023 (23
% pour le gaz), et 17 % le renouvelleront après 2023 (32 %
pour le gaz). Ainsi, l’hypothèse d’un taux de recours de 100 % pour toute l’année
2023, retenue
par la DGE, est en décalage avec les déclarations des entreprises industrielles.
De plus, si certaines conditions ont été assouplies, la condition liée à la dégradation de
l’EBE subsiste pour les aides plafonnées à 50 M€ et 150 M€. Or, de no
mbreuses entreprises
pourraient répercuter la hausse des prix de l’énergie
sur leurs prix de vente, limitant ainsi la
dégradation de leur EBE. Selon l’Insee, 35 % des entreprises industrielles envisagent de réduire
leurs marges en 2023, mais 65,5 % prévoie
nt d’augmenter leurs prix de vente
39
.
Enfin, le taux de rejet des demandes demeure élevé (57 % des demandes traitées pour la
période de septembre-octobre 2022), de nombreuses demandes étant incomplètes ou ne
satisfaisant pas les critères d’attribution. Cer
taines entreprises énergo-intensives verront par
ailleurs le prix de l’énergie limité par d’autres dispositifs tels que l’«
amortisseur électricité »
40
et le PGE Résilience
, prolongé jusqu’au 31 décembre 2023.
Ainsi, la DGE a indiqué
que l’estimation du coû
t du dispositif et de la consommation des
crédits en 2023 serait mise à jour afin de prendre en compte la récente décrue des prix du gaz
ainsi que
la mise en place d’autres dispositifs
, qui devraient limiter le recours et le coût du
guichet d’aide aux
entreprises énergo-intensives
.
37
Décret n° 2023-189 du 20 mars 2023 modifiant le décret n° 2022-967 du 1
er
juillet 2022 instituant une aide
visant à compenser la hausse des coûts d'approvisionnement de gaz naturel et d'électricité des entreprises
particulièrement affectées par les conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine.
38
Insee, note de conjoncture du 15 décembre 2022 précitée.
39
Question n° 16 de l’enquête. Plusieurs réponses étaient possible
s. cf. Insee, note de conjoncture du 15 décembre
2022 précitée.
40
Décret n°2023-61 du 3 février 2023
. Aide à destination des TPE disposant d’un compteur d
'une puissance
supérieure à 36 kVA.
COUR DES COMPTES
34
II -
Une prolongation des aides du Fonds de solidarité qui
n’avait pas été budgétée en loi de finances initiale pour 2022
Certaines aides du Fonds de solidarité, créé le 25 mars 2020 dans le contexte de la crise
sanitaire et économique, ont été versées en 2022 à partir des crédits de la mission
Économie
.
En effet, le programme 357 -
Fonds de solidarité
de la mission
Plan d’urgence face à la crise
sanitaire
créé à cet effet n’a pas disposé en 2022 de crédits suffisants.
Le Gouvernement ayant annoncé
41
la clôture du Fonds de solidarité à compter du
30
septembre 2021, le PLF pour 2022 n’avait prévu aucune ouverture de crédits nouveaux sur
le programme 357
42
. Le projet annuel de performance indiquait ainsi que les restes à payer
estimés à fin 2021 (23,7
Md€) étaient déjà intégralement couverts par des crédits de paiement.
Or, le Gouvernement a prolongé l’aide «
coûts fixes »
43
à plusieurs reprises
44
et les
entrepr
ises ont pu déposer leurs demandes à ce titre jusqu’au 15 juin 2022
45
. En mai 2022, le
montant des versements prévus a dépassé les crédits disponibles du programme 357. La
première loi de finances rectificatives pour 2022 n’a cependant pas ouvert de nouveau
x crédits
sur ce programme : elle a procédé à l’annulation de 500 M€ sur le programme 357 et à
l’ouverture de 794
Md€ sur le programme 134. De fait, les dépenses du programme 134 liées
au Fonds de solidarité se sont établies à 685,7
M€ en 2022, dont 395,7 M€ concernant les aides
dites « coûts fixes
» et 160 M€ pour l’aide dite «
fermeture »
46
.
L’administration explique le transfert des dépenses sur le programme 134 par la
disparition du programme 357 de la mission
Plan d’urgence face à la crise sanitaire
à compter
du PLF pour 2023. Il était cependant possible de maintenir les aides du Fonds de solidarité sur
le programme prévu pour leur versement jusqu’à la fin de l’année 2022, tout en supprimant ce
programme à compter de 2023. Par ailleurs, l’absence de cré
dits sur le programme 357 dans le
cadre de la loi de finances pour 2022 contraste avec les informations disponibles en décembre
2021. En effet, la création des aides « coûts fixes rebond »
47
et « nouvelle entreprise rebond »
48
en novembre 2021, ainsi que l’ouverture de l’aide «
coûts fixes » à toutes les entreprises sans
condition de taille en octobre 2021
49
, étaient de nature à entrainer des dépenses supplémentaires
pour 2022 et motivaient la demande de crédits sur ce programme en loi de finances initiale.
41
Communiqué de presse n°1315 du 30 août 2021 «
Point sur l’accompagnement de l’Etat des secteurs
économiques affectés par la crise sanitaire ».
42
«
L’extinction du fonds de solidarité à compter du 30 septembre 2021 explique l’absence d’ouverture de crédits
en PLF 2022 », PAP du programme 357 annexé au PLF pour 2022, p 23.
43
Le décret n°2021-310 du 24 mars 2021 institue une « aide visant à compenser les coûts fixes non couverts des
entreprises dont l'activité est particulièrement affectée par l'épidémie de covid-19 ». Complémentaire à l'aide
versée dans le cadre du Fonds de Solidarité, cette aide permet de couvrir 70 % de l'excédent brut d'exploitation
(EBE) quand il est négatif (90
% pour les micros et petites entreprises) dans la limite de 10 M€ sur
une période
initialement prévue de janvier à septembre 2021.
44
Décret n°2021-1087 du 17 août 2021.
45
Décret n°2022-111 du 2 février 2022.
46
Décret n° 2021-1664 du 16 décembre 2021.
47
Décret n°2021-1430 du 3 novembre 2021.
48
Décret n°2021-1431 du 3 novembre 2021.
49
Communiqué de presse n°1315 du 30 août 2021 précité.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
35
III -
Programme n° 220
Statistiques et études économique
A -
Le respect du contrat d’objectifs et de moyens 2019
-2022
L’Insee a conclu, en
2019
, un contrat d’objectif et de moyens avec la direction du budget
et le secrétariat général des ministères économiques et financiers, pour les années 2018-2022.
Dans son rapport de 2022 sur l’Insee
50
, la Cour indiquait que
le COM de l’Insee reprend les
grandes orientations stratégiques
[…]
issues du projet Insee 2025,
assorties d’une trajectoire
pluriannuelle en crédits (article 6) et en emplois (article 7)
51
: baisse d’un peu plus de 4
% des
effectifs en équivalents temps plein (ETP) sur la période, et quasi-stabilisation de la masse
salariale (- 1
%). Il comporte également un engagement de l’Insee à augmenter de 20
% ses
ressources propres (article 12), et à établir une cartographie des risques et un plan de contrôle
interne (article 13). En contrepartie, le document prévoit un allégement du contrôle a priori
des engagements et actes de personnel (article 8) et du calendrier de programmation et de suivi
budgétaires (article 9) ainsi que des dispositions plus favorables que le « droit commun » en
matière de fongibilité asymétrique (article 10) et de taux de mise en réserve initiale des crédits
(article 11)
.
Le rapport de la
Cour notait que le contrat d’objectif et de moyens était respecté, ce que
confirment les dernières données 2022, en termes de trajectoire budgétaire et de trajectoire
d’emplois, ainsi qu’au regard des jalons fixés (à l’exception du programme de modernisati
on
de la gestion du répertoire Sirene, dont l’achèvement est reporté).
50
Cour des comptes, «
Institut national de la statistique et des études économiques, exercices 2016-2021
»,
observations définitives.
51
L’ensemble de ces crédits sont retracés par le programme 220 «
Statistiques et études économiques », dont le
périmètre co
mprend essentiellement l’Insee, ainsi que la rémunération des élèves fonctionnaires qui suivent leur
scolarité initiale au sein d’une des deux écoles du groupe des écoles nationales d’économie et statistique (GENES),
l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (l’ENSAE) et l’École nationale de la
statistique et de l’analyse de l’information (l’ENSAI)
. Son directeur général est le responsable de ce programme.
COUR DES COMPTES
36
Tableau n° 5 :
la trajectoire budgétaire prévue par le COM
et la consommation par l’Insee (en M€)
52
2018
2019
2020
2021
2022
Prévision
Réalisé
Prévision
Réalisé
Prévision
Réalisé
Prévision
Réalisé
Prévision
Réalisé
AE HT 2
88,9
74,6
71,5
64,9
61,8
59,9
70,5
47,4
63,9
60
CP HT2
79,5
67,2
69,9
64,9
64,3
59,5
65,9
42,5
66,8
67,1
CP T2
HCAS
271,6
270,1
269,5
269
268,5
266,7
269,4
267,8
268,1
271
Source : Cour des comptes, INSEE
Tableau n° 6 :
détail
des ressources propres perçues par l’Insee sur la période
allant de 2016 à 2021 (en milliers d’euros)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Fonds de concours
1 257,1
1 149,5
2 463,9
1 122,9
2 734,6
2 415,0
2 117,4
Dont les contributions
de l’UE
(Eurostat)
1 257,1
1 059,6
2 424,8
1 122,9
2 641,5
2 415,0
2 117,4
Dont le fonds pour l’insertion
des personnes handicapées
dans la fonction publique
-
89,9
39,1
-
93,1
-
-
Attributions de produits
14 480,9
7 742,5
8 642,5
8 848,2
6 312,1
5 550,4
4 916,1
Dont l’identifiant d’entité
juridique (LEI)
1 347,4
2 997,2
4 847,1
2 964,9
3 117,1
3 028,1
3 350,1
Dont les autres
rémunérations de certains
services rendus par l’Insee
13 450,7
4 726,6
3 753,2
5 818,8
3 153,2
2 554,3
1 566,0
Dont les produits de cessions
42,8
18,7
42,2
64,5
41,8
68,1
46,2
Total
16 098,0
8 892,0
11 106,4
9 971,1
9 046,7
7 965,5
7 033,5
Prévisions COM
Moyenne 2016/2018 retenue
(hors effets de la loi pour une
république numérique)
= 9 000
9 450
9 900
10 350
10 800
Sources : Cour des comptes, INSEE
52
À l’instar des prévisions établis par le COM, les autorisations de produ
its et fonds de concours ont été déduites
des réalisations.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
37
Seule l’augmentation des ressources propres de 20
% n’était pas respectée. L’année 2022
n’a pas fait exception sur ce point. La Cour recommandait d’ailleurs de «
préciser la doctrine
concernant les prestations payantes et les moyens nécessaires à leur réalisation, [et de]
réactualiser le barème des prestations sur mesure
». L’Insee précise à cet égard qu’un travail
de réactualisation de la tarification est engagé e
t devrait déboucher sur la publication d’un arrêté
au 1
er
semestre 2023.
Au regard de ce bilan, un nouveau contrat est en cours de discussion pour la période 2023-
2025. La Cour recommandait, «
en vue de la fixation d’une nouvelle trajectoire pluriannuelle
des moyens, [d’]affiner les prévisions d’évolution des activités, [de] documenter les charges
administratives des répertoires détachables des besoins statistiques et [d’]approfondir les
estimations des gains de productivité
». La nouvelle trajectoire pluriannuelle de moyens, arrêtée
dès juin 2023, a permis, d’affiner les prévisions d’évolution des activités et d’approfondir les
estimations des gains de productivité. Selon l’Insee, ces gains seront faibles, compte tenu de
ceux réalisés sur la période 2016-2022 (baisse de près de 7
% du plafond d’emplois).
B -
Une année 2022 qui marque le retour à une activité normale
Pour les crédits hors titre 2, l’exécution s’élève à 73,9 M€ en CP, en hausse de 23,5
M€
par rapport à 2021. Cette augmentation correspond à la réintégration des crédits permettant la
réalisation de l’enquête annuelle de recensement, reportée en 2021 en raison de la crise
sanitaire. Ce report s’était traduit par la quasi
-disparition des dépenses liées à la dotation
forfaitaire de recensement et des d
épenses connexes à l’enquête (19,5
M€). L’augmentation
s’explique aussi par la réalisation du recensement en Polynésie et le versement pour ce faire
d’une subvention de 2,6 M€ à l’institut de statistique de Polynésie française.
Le schéma d’emploi, fixé à
-
67 ETP, n’a été exécuté qu’à hauteur de
-35,4 ETP. Cette
sous-
réalisation s’analyse toutefois au regard de la surexécution des années précédentes et
constitue l’une des souplesses de gestion permises par le COM. Le plafond annuel d’emplois
n’en est pas moi
ns respecté (4 960 ETPT pour 5 028 autorisés), du fait des choix de gestion
opérés par la direction, avec des recrutements opérés essentiellement en fin d’année qui n’ont
pesé qu’à la marge sur le plafond d’emplois.
IV -
Programme n° 305
Stratégies économiques
Hors titre 2, les dépenses sont en baisse sensible par rapport à 2021 (-
29,5 M€), en raison
principalement du retour à un rythme de décaissement normal pour l’action 04 –
Économie
sociale, solidaire et responsable
53
et, plus substantiellement, par la poursuite de la baisse de la
rémunération de la Banque de France.
53
En raison d’une mise à disposition tardive des crédits en 2020, des reports importants avaient été réalisés sur
l’exercice 2021. L’exécution 2021 n’est donc pas représentative en termes de décaissement, puisqu’un rattrapage
s’était opéré sur les dépenses au titre de 2020
COUR DES COMPTES
38
A -
La rémunération de la Banque de France poursuit sa baisse
La rémunération de la Banque de France pour la gestion des procédures de
surendettement, qui représente la majorité des dépenses du pro
gramme, fait l’objet d’un contrat
de performance signé avec l’État. Un nouveau contrat a été signé en octobre 2021 pour la
période 2022-2024. Il indique dans son préambule que le montant arrêté pour la rémunération
de 2021 à hauteur de 222 M€ a été établi sur la base d’un nombre de dossiers de surendettement
estimé à 140 000.
In fine
la volumétrie s’est révélée inférieure et s’est établie à 121
000 dossiers.
En application des modalités d’ajustement du contrat de performance à la volumétrie réelle dans
les cas où le nombre de dossiers serait supérieur ou inférieur à 5 000 par rapport à celui
mentionné dans l’échéancier, les montants prévus pour 2023 ont été revus par avenant
54
.
Le coût des prestations liées au surendettement est demeuré stable entre 2021 et 2022. La
diminution de celui-
ci sur la durée s’est accompagnée d’une baisse du nombre de dossiers de
surendettement, qui semble se stabiliser depuis 2020 à un niveau représentant environ 50 % de
celui de 2011. Contrairement à ce qui était attendu pour la période post-crise sanitaire, aucune
hausse n’est observée en 2022 et le volume de dossiers devrait s’établir à 115
000, contre
130 000 initialement prévus.
Graphique n° 9 :
évolution du nombre de dossiers de surendettement
et de la rémunération de la Banque de France (base 100 en 2011)
Source : Cour des comptes, responsable de programme
54
Avenant du 5/09/22
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
39
Sur l’exercice 2022, la rémunération des prestations accomplies pour le compte de l’État
a diminué de 2
% et s’établit à 217,6 M€ (
cf
. annexe 4). La dotation poursuit la baisse amorcée
en 2013, favorisée par la réalisation du plan de modernisation
Ambitions 2020
. La baisse de
4,4 M€ est principalement due aux économies afférentes à la tenue de compte du Trésor
(-10,1
M€), qui a plus q
ue compensé les augmentations observées sur les autres postes de
dépense
55
ainsi que l’intégration au programme 305 de la tenue du secrétariat du Comité
consultatif du secteur financier (CCSF) pour 1,5 M€.
B -
Le financement de l’économie sociale, solidaire et
responsable
Le montant des crédits du titre 6 exécutés s’est établi à 21,8 M€ en CP (49,3 M€ en 2021)
dont 18,3 M€
56
pour l’action n°04 qui porte, depuis 2021, les crédits de soutien à la politique
en matière d’économie sociale, solidaire et responsable (ES
SR).
Cette action vise à financer, d’une part, le développement de l’économie sociale et
solidaire (ESS) et le soutien à l’investissement à impact social (IIS), d’autre part, les dispositifs
locaux d’accompagnement (DLA) permettant de renforcer les entrep
rises et associations de
l’ESS.
L’écart avec les montants consommés en 2021 s’explique par les reports dont le volume
est passé de 35 M€ de CP en 2021 à 3,5 M€ en 2022. Les montants disponibles au titre de
l’année 2022 correspondent désormais à l’étiage o
rdinaire de cette action. Les DLA ont en outre
bénéficié d’une inscription de CP supplémentaires en LFI (+1,7 M€), portant les crédits
disponibles, reports compris, à 22,7 M€ de CP. L’écart constaté entre
ces crédits et la
consommation 2022 s’explique
notamment par des décalages de paiement pour certains
dispositifs, principalement les contrats à impact, partenariats entre le public et le privé destinés
à favoriser l’émergence de projets sociaux et environnementaux innovantes, qui n’ont pas pu
se finaliser sur 2022 et ont fait
l’objet d’une demande de report sur 2023.
C -
L’analyse de la performance
Après une année 2021 marquée par l’évolution des objectifs de performance, pour tenir
compte notamment de l’atteinte des cibles par la DG Trésor, l’architecture des
objectifs et
indicateurs de performance est restée stable en 2022.
Le programme compte ainsi trois objectifs associés à six indicateurs relatifs à la qualité
de l’analyse et des prévisions économiques et fiscales (deux indicateurs), l’efficacité du réseau
de la DG Trésor (deux indicateurs) et le traitement du surendettement par la Banque de France
(deux indicateurs). L’évaluation du résultat des indicateurs liés aux prévisions économiques et
fiscales, mesurée par le premier objectif, est difficile à apprécier
, particulièrement pour l’année
2022 marquée par une hausse de l’inflation du fait des conséquences de la guerre en Ukraine
55
Monnaies métalliques neuves
: + 1,1 M€, adjudications + 1,1 M€, droit au compte + 1,9 M€, pour les plus
significatives.
56
Sur un total de 19 M€ au titre de l’action 04.
COUR DES COMPTES
40
sur les prix de l’énergie et des matières premières. S’agissant des autres objectifs,
ils ont tous
été atteints.
L’efficacité du r
éseau international de la DG Trésor est mesurée par deux indicateurs
instauré en 2021
. Le premier mesure l’expertise du réseau et son implication dans les travaux
auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du
Fonds mo
nétaire international (FMI) et évalue le taux de réponse aux demandes d’avis qui lui
sont adressées. La prévision fixée à 93 % a été dépassée (97 %) pour la deuxième année
consécutive, conduisant à
maintenir l’interrogation formulée l’an dernier sur
le maintien de
l’indicateur et son éventuelle reformulation. Le second indicateur mesure la qualité de
l’animation des communautés d’affaires françaises à l’étranger au moyen d’un questionnaire
de satisfaction. La cible, fixée à 75 %, a également été dépassée (82 %) pour la deuxième fois,
malgré une baisse de 6 points qui pourrait refléter une appréciation différente dans un contexte
de forte instabilité économique.
L’efficacité du traitement du surendettement est mesurée à travers deux indicateurs
, le
délai moyen de traitement et son efficience.
Le délai moyen de traitement des dossiers de surendettement
devrait s’établir à 4,5 jours, soit
une hausse significative par rapport à 2021 (3,6), mettant un terme à trois années consécutives de
baisse. La productivité retrouve son niveau de 2020, soit 215 dossiers par agent, contre 241 en 2021.
L’indicateur relatif à l’efficience du traitement des dossiers est mesuré par le coût unitaire
de traitement.
En 2021, pour la première fois depuis la création de l’indicateur, le coût complet
du traitement d’un dossier de surendettement s’est établi à 911 €, un niveau inf
érieur à celui de
la cible initialement fixée en LFI
57
. Ce coût est remonté à 979 € en 2022, correspondant
exactement au niveau attendu. Cette augmentation, qui doit cependant être confirmée par un
chiffrage définitif, s’explique en partie par la légère dim
inution du nombre de dossiers déposés,
compte tenu du niveau élevé des coûts fixes dans le process de traitement des dossiers de
surendettement.
57
Source
: PAP 2023, donnée inférieure à l’estimation transmise l’an dernier.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
41
Graphique n° 10 :
évolution du coût complet de traitement des dossiers de
surendettement traités par la Banque de France entre
2013 et 2022 (en € par dossier)
Source : Cour des comptes, projets annuels de performance, responsable de programme
Données 2022 estimatives.
V -
Programme n° 343
Plan France très haut débit
A -
Une trajectoire de décaissement des
réseaux d’initiative publiqu
e
(RIP) en léger ralentissement
Le plan France très haut débit a été initialement financé par les crédits du PIA 1 versés
au fonds national pour la société numérique (FSN), fonds sans personnalité juridique géré par
la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Doté de 900
M€ par l’ex
-programme 323, le fonds
a été abondé par les crédits du programme 343 depuis 2015, pour subventionner, à hauteur de
2,48
Md€, les «
réseaux d’initiative publique » (RIP)
du plan
. En 2021, 240 M€ ont été ouverts
en LFI dans le cadre du plan de relance sur le programme 364
Cohésion
58
. Au total, le soutien
de l’État s’élève
, sur la période 2010-2022, à 3,57 Md
€, dont 3
,47 Md
€ au titre du guichet
RIP
59
.
1,96 Md€ de crédits ont été effectivement décaissés.
Au titre du programme 343, le FSN a bénéficié des versements de 2,48 Md€ en AE et
1,1
Md€ de CP au 31 décembre 2022.
58
Les chiffres de ce paragraphe sont repris de l’avenant n°1 du 9 janvier 2023 à la convention à la convention du
10 décembre 2021 entre l’État et la CDC relativ
e à la gestion des fonds du plan « France très haut débit ».
59
Total des consommations d’AE au 31/12/22.
871
859
904
996
1033
977
982
1053
911
979
865
860
883
811
943
949
970
979
750
950
1150
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Estimation
2022
coût complet - réalisation
coût complet -cible
COUR DES COMPTES
42
106 M€ ont été engagés, dont 88,7 M€ au titre de l’action I (RIP), à partir d’AE qui ont
fait l’objet de reports successifs depuis l’exerc
ice 2020
60
et destinés à financer les
raccordements dits complexes
61
. 17,3 M€ engagés au titre de l’action 2, ont permis de couvrir
les restes à payer des appels à projets « Cohésion numérique des territoires » et « Continuité
territoriale numérique ».
Le financement des projets en cours de déploiement a connu un léger ralentissement en
2022, après une accélération en 2021 liée à un rattrapage post-
crise sanitaire. 417,5 M€ de CP,
dont 400 M€ au titre des RIP
62
ont ainsi été versés au FSN (-4 % par rapport à 2021), soit 79 %
des crédits disponibles. Le ralentissement est cependant marqué par rapport à la programmation
initiale (622 M€ de CP prévus en LFI, 112 M€ annulés en LFR2), et se manifeste par la non
-
consommation de 110 M€ de CP. Il s’explique par une act
ualisation à la baisse des demandes
des collectivités territoriales et par un décalage dans le temps de leurs besoins de décaissements
sur les RIP
63
.
S’agissant du FSN
64
, 3,36
Md€ d’AE ont été consommés au titre du guichet RIP pour
1,69 Md€ de CP versés depuis la création du fonds, dont respectivement 2,37 Md€ et 939
M€
issus du programme 343. En 2022, le FSN a perçu un versement de 400
M€ de CP issus du
programme 343 au titre des RIP
65
et a reversé
393,5 M€ aux destinataires finaux.
60
Report de 110 M€ d’AE.
61
Une enveloppe de 150
M€ a été définie pour financer la création des infrastructures nécessaires aux
raccordements. 61,3 M€ ont été ouverts en LFI 2023 afin couvrir la totalité de l’enveloppe.
62
Les 17,5 M€ de l’action 2 du programme se décomposent en 3,2 M€ au titre des frais
de fonctionnement du plan
et des frais
de gestion de la CDC et 14,3 M€ au titre des autres projets.
63
En conséquence de quoi une demande de report est formulée dans la limite du plafond de 3% des crédits LFI,
soit 18,7 M€ de CP
.
64
Source : données CDC.
65
Sur les 417,5 M€ versés au FSN depuis le Programme 343, 400 M€ étaient destinés aux projets RIP
stricto
sensu
. S’y ajoutent 3,2 M€ au titre des frais de gestion de la CDC (plus précisément 669 k€
de frais de gestion
stricto sensu
et 2,5 M€
de frais de fonctionnement du Plan
) et 14,3 M€ pour financer les
projet Cohésion numérique
territoriale (CNT) et Continuité territoriale numérique (CTN)
. Sur ces 417,5 M€, le FSN en a décaissé 409,6 M€
au titre du programme 343 en 2022 dont 393,5 M€ au titre des RIP
stricto sensu
.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
43
Tableau n° 7 :
consommation des crédits au titre du Plan France très haut débit
(en M€)
Consommation
au 31/12/2021
(en cumul)
Consommation
au 31/12/2022 (en
cumul)
Prévisionnel 2023
(en cumul)
Enveloppe cible
(en cumul)
AE
CP
AE
CP
AE
CP
AE
CP
PIA 1
PFTHD
830,2
798,8
830,2
798,8
830,2
798,8
830,2
798,8
dont guichet RIP
747,9
747,4
747,9
747,4
747,9
747,4
747,9
747,4
hors PFTHD
54,8
28
52,4
30,1
45,9
44,4
45,9
44,4
P 343
PFTHD
2 394,8
690,5
2 500,94
1 108,02
2 571,35
1 523,86
2 581,5
2 612,9
dont guichet RIP
2 394,8
690,5
2 483,43
1 090,50
2 545,96
1 503,28
2 546,0
2 546,0
P 364
PFTHD
240
0
240,00
50,00
240,00
120,00
240,0
240,0
dont guichet RIP
240
0
240,00
50,00
240,00
120,00
240,0
240,0
Total
PFTHD
3 465,0
1 489,3
3 571,14
1 956,82
3 641,55
2 442,66
3 651,7
3 651,7
dont guichet RIP
3 382,7
1 437,9
3 471,33
1 887,90
3 533,86
2 370,68
3 533,9
3 533,4
Source : RFFIM
Un pilotage budgétaire en cours de simplification
Le plan France très haut débit bénéficie de crédits du programme 364, conformément au
cahier des
charges de l’appel à projets RIP publié le 8 janvier 2021. Ces dépenses sont éligibles
à un remboursement par les crédits européens de l’instrument financier européen de relance, la
« Facilité pour la reprise et la résilience » (FRR), dont les financements ne peuvent cependant
se cumuler avec les autres financements européens comme les fonds structurels. Dès lors, ne
sont imputés sur les crédits du programme 364 que les projets pour lesquels aucun autre
cofinancement européen n’est prévu (exclusion du fonds
européen de développement régional
en particulier).
À la suite des remarques formulées par la Cour des comptes depuis 2019
66
sur la nécessité
d’une meilleure traçabilité des crédits du
plan « France très haut débit » et sur la suppression
des fonds sans personnalité juridique tels que le FSN, une mesure de périmètre a conduit à la
rebudgétisation sur le programme 343 des
crédits PIA (pour 21,8 M€
en AE=CP) présents sur
le FSN et affectés au plan France très haut débit. Les crédits inscrits sur la nouvelle action 2
correspondent à la trésorerie résiduelle de la CDC sur ces crédits. Ils financent les appels à
projet Cohésion numérique territoriale (CNT) et Continuité territoriale numérique (CTN), ainsi
que les frais de fonctionnement y afférents (frais de gestion de la CDC et marchés de prestations
intellectuelles).
En 2022, 14,3 M€ ont été décaissés au titre des appels à projet CTN et CNT
67
.
La CDC a reversé au budget général le solde du FSN qui s’est finalement élevé à
35,83
M€.
Il ne subsiste désormais plus aucun crédit de l’ex
-programme 323 du PIA au titre du
plan France très haut débit. Des ouvertures de crédits sur le programme 343 viendront compléter
l’ouverture de 22
M€ de 2022 afin de couvrir l’ensemble des restes à
payer sur ces projets. Un
montant de 3,3€ (AE=CP) a ainsi été ouvert en LFI pour 2023.
66
Note d’analyse de l’exécution budgétaire 2020 de la mission
Économie,
p 40, Note d’analyse de l’exécution
budgétaire 2021 de la mission
Économie,
p 38.
67
Les crédits non consommés s’élèvent à 3,6 M€ en AE=CP et sont demandés en reports afin de couvrir les
prochains décaissements des appels à projet CTN et CNT en 2023.
COUR DES COMPTES
44
Le transfert de la gestion administrative et financière du plan France très haut débit à
l’ANCT
68
est effectif au 1
er
janvier 2023
69
. Une convention de mandat de gestion pour compte
de tiers est en cours de finalisation et se substituera à la convention entre l’État et la CDC. La
simplification des circuits financiers qui en découle met en œuvre une recommandation de la
Cour
70
sur l’amélioration de la gestion des crédits du
plan. Le FSN cesse donc
d’être le véhicule
financier du plan, mais subsiste néanmoins pour la gestion extinctive et résiduelle de divers
projets.
B -
Une évaluation de la performance refondue et améliorée
L’objectif de performance a évolué entre les PAP 2021 et 2022. L’objectif initial visait à
«
couvrir intégralement la France en accès très haut débit d’ici 2022
». Les données définitives
permettant de mesurer l’atteinte de cet objectif ne seront disponibles qu’à compter de mars 2023.
Les données du 3
e
trimestre 2022 suggèrent cependant qu’il sera atteint. Si 83% des locaux sont
éligibles au très haut débit par
le biais d’une technologie filaire, l’ensemble du territoire
métropolitain est couvert par des offres hertziennes alternatives ou par satellite à haute capacité.
Le nouvel objectif fixé par le PAP 2022 prévoit la généralisation de la couverture en fibre
optique sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2025. L’indicateur nouvellement définit est le
suivant : «
Nombre cumulé de locaux (foyers et entreprises) éligibles à la FttH
71
au titre de
l’année N dans la zone d’initiative publique France entière
». La prévision 2022 s’établissait à
9,4 millions de locaux raccordés. Les dernières données disponibles (troisième trimestre 2022)
se montent à 10,8
millions. Le PAP ne permet toutefois pas de disposer d’une vision consolidée
des crédits du programme 343 et du programme 364
Cohésion
de la mission
Plan de relance
,
qui auraient pu bénéficier d’un indicateur commun. Le RAP 2022 devrait cependant s’enrichir
des décaissements du programme 364, donnant ainsi une vision complète des crédits exécutés
au titre du plan France très haut débit.
VI -
Programme n° 367
Financement des opérations
patrimoniales envisagées en 2021 et en 2022 sur le compte
d’affectation spéciale «
Participations financières de l’État
»
En 2022, le CAS PFE a perçu deux abondements à partir du programme 367 de la mission
Économie
pour un total de 11,46 Md€ (cf. 1.3
.2) : 1,75 Md
le 25 mars 2022 préalablement à
l’augmentation de capital d’EDF et 9
,71 Md
le 26 octobre 2022 préalablement au lancement
de
l’offre publique d’achat simplifiée de l’
É
tat sur l’entreprise. Les opérations financées à
68
Les coûts de fonctionnement de l’ANCT sont couverts par la subvention pour charge de service public du
programme 112. La LFI 2023prévoit également le relèvement, à hauteur de 4 ETP, du plafo
nd d’emplois de
l’ANCT pour faire face à sa nouvelle mission.
69
Avenant n°11 du 9 janvier 2023 à la convention du 10 décembre 2021 entre l’État et la Caisse des dépôts et
consignations relative à la gestion des fonds du plan « France très haut débit ».
L’ANCT est partie à cet avenant.
70
Rapport public annuel 2021
Tome II : «
L’héritage de l’ex
-agence du numérique : de grandes ambitions, une
mise en ordre nécessaire », mars 2021, recommandation n° 2.
71
“Fiber to the home”, ou “Fibre optique jusqu'au domicile”
.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
45
travers ce programme ont également concerné Orano et le Laboratoire français du
fractionnement et des biotechnologies (LFB)
72
.
Comme la Cour l’a déjà souligné à propos de l’exercice 2021, la réalisation de c
es
versements depuis la mission
Économie
n’est pas conforme au principe de spécialité des crédits.
En effet, aux termes de la loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances (LOLF),
«
une mission comprend un ensemble de programmes concourant à une politique publique
définie […]. Un programme regroupe les crédits destinés à mettre en œuvre une action ou un
ensemble cohérent d'actions relevant d'un même ministère et auquel sont associés des objectifs
précis [...] ainsi que des résultats attendus et faisant l'objet d'une évaluation
. »
73
.
Or,
l’ouverture de crédits sur la mission
Économie
pour «
doter le CAS PFE en recettes
en fonction des besoins d'intervention identifiés pour 2021
» pour des «
opérations à la fois
récurrentes et/ou nouvelles
[…] susceptibles d’intervenir au cours de l’exercice
»
74
n’est pas
rattachable à une politique publique déterminée. La diversité des secteurs concernés par ces
opérations et l’absence d’indicateurs de performance propres au programme 367
soulignent
également la non-conformité de ce programme au principe de spécialité des crédits.
Aucun crédit n’a été ouvert en lois finances pour 2023 sur ce programme, qui n’a
cependant pas été supprimé.
72
Outre les opérations concernant EDF, les autres opérations financées ont concerné notamment le rachat de titres
Orano à Areva à hauteur de 638 M€ (
contre
92 M€
évalués initialement) et la libération à hauteur de 100
M€ du
solde de l’augmentation de capital du
LFB,
souscrite par l’Etat en décembre 2021
.
73
Art. 7 de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances.
74
PAP 2022 de la Mission
Économie,
p. 152
.
Chapitre III
Moyens consacrés
par l’État à la politique d
e soutien
aux entreprises et à l’économie
I -
Les dépenses fiscales
Les dépenses fiscales rattachées à la mission
Économie
sont estimées à 18,5 Md€
75
en
2022, en diminution de 6 % (-
1,1 Md€) par rapport à 2021. Elles représentent ainsi 55
% des
moyens complets de la mission en 2022 (et 83 % hors crédits destinés au CAS PFE).
A -
Une diminution liée à un effet de périmètre
concernant la fiscalité de l’électricité
La diminution du coût estimé des dépenses fiscales rattachées à la mission
Économie
entre 2021 et 2022 résulte essentiellement de la neutralisation des dépenses fiscales en faveur
des entreprises grandes consommatrices d’énergie, qui entraîne une baisse de 1,3
Md€ de leur
coût estimé
par rapport à l’année précédente.
En effet, des taux réduits de taxe sur la
consommation finale d’électricité (TCFE) étaient
accordés depuis 2015 aux entreprises grandes consommatrices d’énergie par rapport au tarif de
référence de 22,5 €/MWh. Or, le tarif de référence et les tarifs réduits ont tous été ramenés à
0,5
€/MWh
76
à compter du 1
er
février 2022 dans le cadre du « bouclier tarifaire ».
Cet alignement des tarifs neutralise le coût de ces mesures, qui résultait de l’écart entre le
tarif de référence et les tarifs réduits. Pour autant, la direction de la législation fiscale indique
que ce volet du « bouclier tarifaire » a globalement diminué de 6,4
Md€ les recettes de l’
État
en 2022
77
. Cette mesure a été prolongée pour 2023
78
.
75
Cf. annexe 3 concernant le chiffrage de dépenses fiscales pour 2022.
76
Soit le tarif minimum permis par les directives européennes concernant les entreprises. Art. 29 de la loi n° 2021-
1900 du 30 décembre 2021 de finances pour 2022.
77
Soit une baisse de 6,4 Md€ concernant la TCFE, et une baisse de 0,8 Md€ de recettes de TVA compensée par
une hausse de 0,8 Md€ de recettes d’impôts sur les sociétés et sur le revenu.
78
Art. 64 de la loi 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023.
COUR DES COMPTES
48
Hors mesures liée
s aux entreprises grandes consommatrices d’énergie, les dépenses
fiscales de la
mission augmentent de 0,1 Md€ (+
0,8 %).
Les principales baisses concernent le crédit d’impôt compétitivité
-emploi (CICE, -
0,7
Md€) et les dépenses fiscales en voie d’extinction (
-
0,1 Md€). Les principales hausses
concernent les taux réduits de TVA pour les secteurs de la restauration et du tourisme
(+ 0,4
Md€) et les mesures liées à la crise sanitaire et économique (+ 0,5 Md€), dont le coût se
répercute avec un an de décalage sur le budget de l’
État.
Hors CICE et mesures liées à la crise sanitaire et économique, le coût des dépenses
fiscales de la mission
Économie
devrait progresser de 0,4 % (37
M€) en 2023.
Le coût des taux de TVA réduits concernant la restauration et le tourisme est estimé à
5,1
Md€ pour 2023 (+
5 % par rapport à 2022), et les diverses mesures poursuivant un objectif
isolé (cf. 3.1.2) progresseraient de 0,2 Md€ (+
13 %).
B -
Une présentation qui connaît une amélioration mais reste perfectible
La présentation des 64 dépenses fiscales du programme 134 a été améliorée dans le PAP
de la mission
Économie
au PLF 2023
par l’ajout d’une section qui les regroupe selon
sept
catégories, correspondant à cinq politiques publiques et à deux catégories regroupant les
mesures en cours d’extinction et les mesures poursuivant un objectif isolé. Cette section
réunit
en outre des indications concernant les objectifs et les bénéficiaires des mesures fiscales.
Ce regroupement par politiques publiques, recommandé en 2022
79
par l’Inspection
générale des finances (IGF, cf. 3.1.3) et dont la Cour fournissait un exemple depuis 2021
80
,
constitue une avancée pour la lisibilité de dépenses fiscales. La Cour a appliqué cette typologie
à la chronique des dépenses fiscales depuis 2013 (cf. graphique n°11).
79
Inspection générale des finances, Suivi et mesure de la performance des dépenses fiscales du programme 134,
juin 2022, 340 pages
80
Cour des Comptes, notes d’exécution budgétaire de la mission
Économie
en 2020 et 2021, respectivement p. 53
et 48.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DE SOUTIEN AUX EN
TREPRISES ET À L’ÉCO
NOMIE
49
Graphique n° 11 :
évolution des dépenses fiscales de la mission
Économie
par politique publique
depuis 2013 (en M€)
Source : Cour des comptes. Note : Les dépenses de la catégorie «
mesures éteintes ou en voie d’extinction
» sont ici distinguées
en 3 ensembles : CICE, mesures liées à la crise sanitaire, et autres mesures en voie
d’extinction. Les mesures des programmes
305 et 343 sont comptabilisées au sein de mesures poursuivant un objectif isolé
.
La présentation des dépenses fiscales dans les différents documents budgétaires
reste cependant morcelée et perfectible.
D’une part, aucun document annexé au PLF 2023 ne permet de saisir l’évolution du total
des dépenses fiscales sur plusieurs exercices en un document unique. Le total estimé pour 2022
est indiqué par les
Voies et Moyens
, dans un tableau où il n’est pas comparé aux exerc
ices
antérieurs. A l’inverse, les totaux pour 2021
-2023 sont mis en perspective dans le PAP 2023 de
la mission, mais pour chaque programme et non à l’échelle de la mission.
Par ailleurs, quelques incohérences affectent la présentation des montants figurant dans
le PAP 2023 de la mission. D’une part, les tableaux listant les mesures de chaque programme
indiquent des totaux qui différent de la somme de coûts qui y sont présentés. Le total figurant
pour les mesures du programme 134 est ainsi de 18
168 M€ pour
2022 et de 9
578 M€ pour
2023, mais l’addition des coûts de chaque mesure totalise 17
656 M€ pour 2022 et 7
337
M€
(soit respectivement 512 M€ et 2
241 M€ d’écart)
81
. Quelques discordances apparaissent au
sein du PAP entre le tableau listant les mesures et leur présentation par politiques publiques.
Ainsi, le chiffrage 2022 du crédit d’impôt pour la création des jeux vidéo est estimé à 43 M€
p.
39 mais à 57 M€ p.53.
Enfin, le
tableau présentant les mesures en voie d’extinction indique
81
PAP de la mission
Économie
annexé au PLF pour 2023, tableau pp 38 à 46.
0,7
0,7
0,8
0,7
0,7
0,7
1,2
2,5
1,7
1,5
1,6
1,2
1,0
0,8
0,8
0,8
1,0
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,5
0,5
0,6
0,6
0,7
0,8
0,7
0,8
0,8
1,0
1,0
4,2
3,2
3,2
3,5
3,7
4,0
4,2
3,7
4,4
4,8
5,1
1,0
1,3
1,3
1,6
1,5
1,4
1,2
1,5
1,3
1,1
1,6
0,8
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
2,9
3,4
6,4
12,4
12,9
15,7
19,4
19,2
8,7
6,9
6,2
1,0
7,9
13,4
19,2
20,8
24,7
28,3
28,5
18,9
19,6
18,5
10
0
5
10
15
20
25
30
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
CICE
Mesures exceptionnelles liées à la
crise sanitaire
Autres mesures éteintes ou en
voie d’extinction
Soutien aux entreprises grandes
consommatrices d’électricité
Soutien à la restauration et au
tourisme
Soutien à l'investissement dans les
fonds propres des entreprises
Mesures favorisant la transmission
d’entreprises
Régime fiscal en faveur des
impatriés (0,2 Md€ / an)
Mesures poursuivant un objectif
isolé
Total
COUR DES COMPTES
50
qu’elles sont non chif
frées pour 2022
82
, alors que les mesures constituant cet agrégat sont bien
chiffrées en 2022 dans le tableau d’ensemble
83
.
Si elle évolue dans un sens favorable, la présentation des dépenses fiscales au sein du
PAP de la mission
Économie
peut encore être améliorée. La section présentant les mesures du
programme 134 par politiques publiques pourrait inclure les dépenses fiscales des programmes
305 et 343, et donner le détail des mesures en voie d’extinction. Ainsi, le tableau qui liste
longuement les mesures
au sein d’une présentation confuse pourrait être supprimé.
C -
Une évaluation des dépenses fiscales initiée en 2022
Conformément à la recommandation formulée par la Cour au terme de son analyse de la
gestion 2021
84
, des travaux en vue de l’évaluation des dépens
es fiscales de la mission ont été
initiés en 2022. L’Inspection générale des finances (IGF) a ainsi remis au ministre de
l’économie un rapport
85
synthétisant les évaluations disponibles et contenant des propositions
pour améliorer leur présentation en lois
de finances, réformer certaines d’entre elles et évaluer
les mesures les plus coûteuses lorsque les informations existantes sont trop limitées.
La présentation des mesures en lois de finances devrait s’effectuer selon l’IGF «
de la
même manière que pour les crédits budgétaires
»
86
, en les regroupant par politiques publiques
et en leur appliquant
des indicateurs permettant d’évaluer l’atteinte des objectifs poursuivis.
Cette
mise en œuvre
a été partiellement initiée au PLF pour 2023 avec le regroupement des
mesures par
politiques publiques et l’introduction d’un
indicateur de performance concernant
les mesures fiscales de soutien aux entreprises électro-intensives.
Concernant l’évaluation et le suivi des dépenses fiscales, l’IGF propose qu’elles soient
soumises à la même gouvernance que les crédits budgétaires en les soumettant aux conférences
budgétaires et budgétaires et de performance. Cela doit permettre «
de revoir le stock des
dépenses fiscales
», de conduire les évaluations manquantes, et
d’interr
oger la pertinence des
mesures dont les effets sont connus, afin, le cas échéant, «
proposer leur évolution ou leur
suppression
»
87
. La mission conduite en 2022 a entamé ce travail en étudiant 32 mesures du
programme 134 représentant 93,2 % du coût total des dépenses fiscales
88
. Elle indique la qualité
des informations disponibles et propose des évolutions lorsque les évaluations existantes le
permettent. En effet, certaines dépenses fiscales ont déjà été évaluées à plusieurs reprises
89
.
L’IGF identifie ainsi
13 mesures qui devraient faire l’objet d’une évaluation approfondie
et 7 mesures qui devraient faire l’objet d’une réforme.
82
PAP de la mission
Économie
annexé au PLF pour 2023, tableau n°1 p 46.
83
PAP de la mission
Économie
annexé au PLF pour 2023, tableau pp 38 à 46.
84
Cour des comptes,
Note d’analyse de l’ex
écution budgétaire 2021 de la mission
Économie
,
p 51.
85
Inspection générale des finances,
Suivi et mesure de la performance des dépenses fiscales du programme 134
,
juin 2022, 340 pages.
86
Inspection générale des finances, rapport précité, p 7.
87
Inspection générale des finances, rapport précité, p. 16.
88
Inspection générale des finances, rapport précité, Annexe IV, p 6.
89
Tels que les rapports présentés par l’IGF en 2009 et 2019, le rapport présenté par l’IGAS et l’IGF en 2015 et le
rapport du Comité d’évaluation des dépenses fiscales et des niches sociales rendu en 2011.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DE SOUTIEN AUX EN
TREPRISES ET À L’ÉCO
NOMIE
51
C’est notamment le cas pour certains dispositifs soutenant la transmission et les fonds
propres des entreprises. Ainsi, la mesure associée au pacte « Dutreil »
90
, dont le chiffrage
(500
M€) n’a pas évolué depuis 2011, devrait être soumise à une évaluation. Par ailleurs,
certaines mesures de soutien à l’investissement en fonds propres dans les entreprises visaient à
compenser les effet
s de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et de la taxation des revenus
du capital selon le barème de l’impôt sur le revenu. La transformation de l’ISF en impôt sur la
fortune immobilière (IFI) et l’établissement du prélèvement forfaitaire unique (PF
U) en ont
donc atténué la nécessité. À cet égard, il est proposé de supprimer la réduction d’impôt
concernant les souscriptions dans des fonds d’investissements de proximité (FIP)
91
, et d’évaluer
l’effet des mesures de soutien aux FIP dans les entreprises c
orses
92
et à l’investissement direct
dans les jeunes entreprises
93
.
Concernant certains taux réduits de TVA, la mission relève par ailleurs que «
des
évolutions du taux intermédiaire, voire un reclassement en taux normal, devraient être
envisagés si les secteurs concernés ne répondent pas aux objectifs de politique publique
attachés à ces dépenses fiscales
»
94
.
Ainsi, le taux de TVA
95
réduit concernant la restauration sur place «
n’a pas eu les effets
escomptés sur les prix, l’emploi et l’investissement da
ns les structures, comme le soulignent les
nombreuses évaluations
»
disponibles sur le sujet
96
. L’IGF préconise «
d’utiliser des
indicateurs de suivi de la restauration (chiffre d’affaires, profitabilité, emploi, conditions de
travail, qualité de service)
» pour adapter les outils de soutien à ce secteur et «
d’étudier les
effets que pourraient avoir le retour à un taux normal ou une hausse du taux intermédiaire
»
97
.
Par ailleurs, les taux de TVA réduits concernant les hôtels
98
et les campings
99
devraient être
évalués compte tenu de leur coût. Concernant la seconde mesure, l’IGF relève que l’objectif
social d’aide aux vacances des ménages peu aisés pourrait être atteint «
par des mesures
davantage ciblées qu’un taux de TVA réduit
»
100
.
Concernant l’exonération d’i
mpôt de la
90
Mesure n° 300204 -
Exonération d’impôt sur les sociétés de la valeur nette de l’avantage en nature consenti par
les personnes morales pour transférer
gratuitement à leurs membres la jouissance d’un bien meuble ou immeuble
.
91
Mesure n°110228 -
Crédit d’impôt au titre de la souscription de parts de fonds d’investissement de proximité
.
92
Mesure n°110245 -
Crédit d’impôt au titre de la souscription de parts de fonds d’investissement de
proximité investis dans les entreprises corses.
93
Mesure n° 110216 -
Crédit d’impôt au titre des souscriptions en numéraire a
u capital initial ou aux augmentations
de capital de PME européennes, dit « IR Madelin ».
94
Inspection générale des finances, rapport précité, p. 20.
95
Mesure n°730221- Taux de 10
% applicable aux ventes à consommer sur place, à l’exception des ventes de
boissons alcooliques.
96
Inspection générale des finances, rapport précité, p. 19. Voir notamment les travaux suivants : Institut des
politiques publiques,
Qui a bénéficié de la baisse de la TVA dans la restauration en 2009 ?
mai 2018 ; Conseil des
prélèvements obligatoires,
La TVA comme instrument de politique économique
, rapport particulier, juin 2012 ;
Insee,
La réponse des prix à la baisse de la TVA dans le restauration en France
, juin 2014 ; Comité de suivi du
contrat d’avenir dans la restauration,
Bilan
du contrat d’avenir dans la restauration
, novembre 2012 ; Assemblée
nationale,
Rapport d’information relatif aux conséquences de la baisse de la TVA dans la restauration
, octobre
2010 ; Sénat,
La TVA à taux réduit dans la restauration
, rapport d’informati
on, octobre 2010
97
Inspection générale des finances, rapport précité, annexe IV, p 12.
98
Mesure n° 730205 - Taux de 10 % pour la fourniture de logements dans les hôtels.
99
Mesure n° 730206 - Taux de 10 % applicable à la fourniture de logements dans les terrains de camping classés.
100
Inspection générale des finances, rapport précité annexe IV, p 29.
COUR DES COMPTES
52
contribution patronale aux chèques vacances
101
, qui comporte des effets anti-redistributifs,
l’IGF recommande d’étudier sa transformation en dépense budgétaire ciblée sur les ménages
modestes. Enfin, la mission considère que 9 dépenses non-chiffrées au PLF 2022 doivent être
à l’avenir chiffrées, ou bien supprimées (cf. annexe 5).
L’évaluation des dépenses fiscales, recommandée par la Cour, a ainsi été initié en 2022
et des améliorations ont été apportées concernant leur présentation dans le PAP de la mission
Économie
annexé au PLF pour 2023. Ces évolutions doivent être poursuivie afin de réformer
les mesures jugées inefficaces et d’évaluer les dépenses les plus coûteuses dont les effets ne
sont toujours pas connus.
II -
Les opérateurs et les taxes affectées
La mission finance trois opérateurs
102
: l
Agence nationale des fréquences (ANFr),
Business France et l
Institut national de la propriété intellectuelle (INPI). Le financement de la
mission
Économie
s
élève à 123,77
M€ de subventions pour charges de
service public (SCSP).
Les recettes de l
INPI proviennent presqu
exclusivement de redevances pour services rendus,
cet opérateur ne percevant pas de SCSP.
A -
Une exécution conforme aux prévisions
Les crédits de paiement destinés aux opérateurs ouverts en LFI 2022
s’élevaient à
125,22
M€
103
sur le programme 134.
101
Mesure n° 120112 - Exonération de la contribution patronale et de la participation financière du comité
d’entreprise et des organismes à caractère social au f
inancement des chèques vacances
102
À compter de la LFI 2023, le programme 134 portera les crédits destinés au tourisme, et notamment la
subvention pour charge de service public de l’opérateur Atout
-France.
103
S’agissant de Business France, les moyens
alloués au titre du plan de relance ont été versés à partir du
programme 363
Compétitivité. Les mesures d’accompagnement à l’exportation ont été prolongées jusqu’à fin
2022, mais la totalité des crédits a été versée en 2020 et 2021.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT
À LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX ENTREPRISE
S ET À L’ÉCONOMIE
53
Tableau n° 8 :
ressources budgétaires des opérateurs au titre du programme 134
Développement des entreprises et régulation
(en M€)
2021
2022
LFI
2022/
2021
Exécution
2022/ 2021
Taux
d’exécution
2022
LFI
Exéc.
LFI
Exéc.
Business France
87,6
87,2
85,12
85,1
- 2,83%
- 2,41 %
99,98 %
ANFr
40,1
39,2
40,1
39,07
0,00 %
- 0,33 %
97,43 %
Total
127,7
126,4
125,22
123,77
- 1,94 %
- 2,08 %
98,84 %
Source/note : Cour des comptes, Secrétariat général des ministères économiques et financiers
Le taux d’exécution s’élève à 98,8
%, soit un niveau comparable à celui de 2021. La
subvention versée à Business France poursuit sa trajectoire descendante tant en budgétisation
qu’en exécution. La subvention versée à l’ANFr pours
uit sa lente diminution (- 0,3%).
III -
Un plafond d’emplois respecté
Le plafond d’emploi des opérateurs est respecté.
Il s’élevait à 2
485 ETPT en LFI,
auxquels il convient d’ajouter 40 ETPT temporaires de Business France dédiés au plan de
relance, soit au total 2 525 ETPT. La baisse de 8 ETPT par rapport au plafond de la LFI 2021
combine les schémas d’emplois positifs de l’INPI (+
14) et négatifs pour l’ANFr (
- 2 ETP) et
de Business France (- 20 ETP).
L’exécution fait apparaître un différentiel de 25 ETPT par
rapport au plafond autorisé,
hors plan de relance. Ce volant est en diminution pour la quatrième année consécutive
(- 41 ETPT en 2021, -88 ETPT en 2020, -
120 ETPT en 2019). Il n’est ainsi que de 2 ETP pour
l’INPI (soit 747), qui a connu une hausse signifi
cative de ses effectifs pourvus (+ 28 ETP),
après les deux hausses consécutives de son plafond d’emploi. En outre, l’INPI a obtenu, dans
le cadre du débat sur le PLF 2023, un nouveau relèvement de son plafond d’emplois avec une
correction de + 2. Cette hausse de 25 ETPT en deux ans
104
se justifie par le déploiement du
nouveau guichet unique et du registre général des formalités d’entreprises qui a cependant été
reporté, le dispositif précédent Infogreffe ayant été réactivé début 2023 en raison des difficultés
rencontrées par l'INPI.
104
Auxquels s’ajouter
ont +17 ETP au PLF 2023, soit +69 entre 2020 et 2023.
COUR DES COMPTES
54
IV -
Points d’attention concernant l’INPI et Business France
A -
L’INPI
L’INPI est un établissement public dont la mission principale est d’instruire, délivrer,
gérer et centraliser les droits de propriété industrielle relatifs aux brevets, marques, dessins et
modèles s’exerçant sur le territoire français, sous la tutelle du ministère en charge de l’économie
(DGE). Son action s’inscrit dans le cadre de la loi PACTE
105
, qui a réformé le système de la
propriété industrielle, et d’un contrat d’
objectif et de performance (COP) pour la période 2021-
2024 signé en février 2021.
L’année 2022 a été marquée par les travaux liés à la mise en place du guichet unique des
formalités d’entreprises et la création du registre général des données des entrepri
ses, prévus par
les articles 1 et 2 de la loi PACTE. Le guichet unique a été ouvert aux grand public (entreprises
et particuliers) le 1
er
janvier 2022, en parallèle du maintien des dispositifs des six réseaux de
centres de formalités des entreprises (CFE) dont la fermeture est intervenue le 31 décembre 2022.
Les deux dispositifs ont donc coexisté au cours de cette année de transition. Deux décrets publiés
en 2022 ont précisé les modalités d’application du registre national des entreprises (RNE), qui
devait être opérationnel au 1
er
janvier 2023, en dépit de difficultés récurrentes
106
. Ces difficultés
se sont poursuivies et ont occasionné de nombreux dysfonctionnements, conduisant à reporter le
déploiement et à rétablir le dispositif antérieur, Infogreffe,
jusqu’au 30 juin 2023. Le montant des
droits seront identiques à ceux qui existent dans le cadre des registres actuels.
L’opérateur n’étant destinataire d’aucune subvention budgétaire, ses recettes proviennent
presque exclusivement de redevances pour services rendus
107
. En 2022, leur montant est estimé à
179,1 M€ en exécution (180,7 M€ l’année précédente). La LFI pour 2022 ayant plafonné ces
recettes à 94 M€ (
-
30 M€ par rapport à 2021), 85,1
M€ de redevances devraient être reversées au
budget général de l’État, contre 56,7 en 2021. Le solde budgétaire devrait être négatif et s’établir
à -
20,2 M€ pour un résultat net comptable de
-
11,6 M€. Ce déficit sera couvert par un prélèvement
sur les réserves de l’INPI, dont le niveau demeure élevé (211
M€ au 31 décemb
re 2022).
La perception des redevances qui générait d’importants excédents de gestion avait
conduit la Cour à formuler six recommandations en 2019. Une première réponse a été apportée
avec l’intégration des taxes INPI dans le périmètre des taxes affectées
plafonnées, afin de mieux
maîtriser les dépenses de l’établissement et à prévenir l’accumulation excessive de réserves.
Elle a été complétée par la mise en place d’une comptabilité analytique appliquant la
méthodologie des coûts complets, dont les résultats ont été présentés au conseil
d’administration en juin 2022. Ils permettent de mieux comprendre le modèle économique de
l’INPI et d’identifier les activités génératrices de revenus et au contraire celles qui, en raison de
choix de politiques publiques, j
ustifient un effort financier de la part de l’établissement.
105
Loi n°2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et à la transformation des entreprises
106
Selon le troisième rapport
du comité de suivi et d’évaluation de la loi PACTE de France Stratégie,
«
l’INPI
continue à signaler des difficultés liées au plafonnement de ses ressources propres et du renforcement de ses
ressources humaines »
.
107
Ces redevances sont versées par les entreprises à l’occasion de l’accomplissement de ses missions statutaires,
telles que le dépôt de marque ou l’enregistrement de brevets, le reste provenant de prestations de services.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DE SOUTIEN AUX EN
TREPRISES ET À L’ÉCO
NOMIE
55
B -
Business France
Les recettes de Business France proviennent de ressources propres (295 M€ en incluant
les salaires des VIE, contre 251 M€ en 2021) et de financements publics (93,4 M€) constitué
s
quasi-
exclusivement en 2022 de subvention pour charges de service public (SCSP, 58,4 M€ de
subventions avaient été versés en 2021 à partir du tire 6). En 2022, la SCSP intègre une
subvention complémentaire de 450
000 € ayant pour objet l’amplification à l’international de
la marque
French Tech
. Ce montant
est issu d’un mouvement au sein du programme en
provenance de la direction générale des entreprises (DGE).
Les SCSP sont portées par le programme 134 (85,1 M€ en exécution 2022, dont 0,45
M€
pour la marque
French Tech
financés par redéploiement de crédits), le programme 112
Impulsion et coordination de la politique d’aménagement du territoire
(4,7 M€)
et du
programme 149
Compétitivité et durabilité de l’agriculture, de l’agroalimentaire,
de la forêt,
de la pêche et de l’aquaculture
(3,6
M€)
. La SCSP allouée au titre du programme 134 diminue
conformément au COM en lien avec les efforts d’optimisation de la dépense
108
. Le montant de
la dotation a ainsi baissé de 2,9 % par rapport à 2021 et de 19,6 % depuis
2015. L’exécution
2022 devrait cependant se solder par un déficit important (-
42,5 M€), qui s’explique par le
décalage entre les encaissements du plan de relance (2020 et 2021) et les décaissements, qui
interviennent en 2022 et jusqu’à la fin du premier
semestre 2023.
L’opérateur connait également une diminution de son plafond d’emploi (cf.
supra
).
Tableau n° 9 :
s
ubvention versée à Business France depuis le programme 134 (en M€)
Subvention
P. 134
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2022/2015
LFI
108,8
101,4
97,8
95,1
92,8
90,1
87,6
85,2
-21,8%
Exécution
105,4
96,2
92,1
93,8
92,3
89,7
87,2
84,7
-19,6%
Source : Cour des comptes. Pour 2020, montant hors plan de relance
La gestion de l’opérateur en 2022 a été à nouveau marqué par la crise sanitaire et les
conséquences de la guerre en Ukraine. Il a mis en œuvre le volet export du plan de relance,
prolongé dans le cadre du plan de résilience, jusqu’à expiration complète des
crédits
intégralement versés en 2021 à partir du programme 363
Compétitivité
.
Un nouveau contrat d’objectif et de moyen doit être élaboré pour couvrir les années 2023
et suivantes.
Ce travail devrait permettre d’engager la nécessaire transformation de l’offre de
service que la Cour appelait de ses vœux, au vu notamment de la fragilité du modèle
économique de l’agence
109
.
108
Objectif 5 : amé
liorer l’efficience de la dépense publique et contribuer aux efforts de rationalisation de l’État
et de ses opérateurs à l’étranger.
109
Les di
spositifs de soutien à l’exportation.
Une efficacité à renforcer, un modèle à repenser. Cour des comptes,
rapport public thématique, octobre 2022.
COUR DES COMPTES
56
C -
La fiscalité affectée à certains organismes
Encadrée par la LOLF
110
, la création de taxes affectées constitue une dérogation au
principe d’universalité budgétaire. L’annexe
Voies et moyens
des PLF (tome I) recense plus de
300 taxes affectées, celles-
ci n’étant que rarement rattachées aux missions budgétaires.
Pour la mis
sion, leurs principaux affectataires sont l’INPI, les chambres du commerce et
de l’industrie (CCI) et les chambres régionales des métiers et de l’artisanat (CRMA), les centres
techniques industriels et organismes assimilés ainsi que l’Autorité des marchés
de financiers
(AMF)
111
et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR)
112
.
1 -
Les centres techniques industriels (CTI) et organismes assimilés
Les CTI et organismes assimilés rattachés à la mission sont financés essentiellement par
des taxes
affectées, parfois par dotation budgétaire et, pour l’un d’entre eux par voie de
contribution volontaire obligatoire (CVO)
113
. Les taxes affectées, qui ont été déplafonnées en
2021, pourraient avoir eu un rendement de 196,3
M€ (contre 166,1 M€ en 2021 et
131,7
M€ en
2020). Ce niveau, supérieur à ceux constatés au cours des cinq années précédentes (la moyenne
annuelle sur la période 2017-
2020 est de 140 M€)
, traduit à la fois la reprise économique et le
déplafonnement du montant des taxes affectées. En 2022, l
’Institut français du textile
habillement et
l
e Centre technique de la teinturerie et du nettoyage (CTTN)
114
continuent
toujours à percevoir des dotations budgétaires (6,9
M€
versés en 2022)
115
.
Tableau n° 10 :
évolution des dotations budgétaires et des taxes affectées
pour les centres techniques industriels
(1)
Montant (en M€)
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Dotations budgétaires
10,7
6,6
5,4
6,0
4,1
4,6
Taxes fiscales affectées
145,2
146,8
137,9
131,7
166,1
196,3
Total
155,8
153,4
143,3
137,7
170,2
200,8
(1
) Hors Institut français de la mode (IFM). Source : RFFIM
110
Art. 2 de la loi organique n° 2001-692 du 1 août 2001 relative aux lois de finances.
111
Droits et contributions pour frais de contrôle plafonnés à 101,5
M€ en 202
1 pour une exécution de 117
M€.
Pour 2022, le plafond est fixé à 106 M€, pour un produit estimé à 118,5 M€ (
source : PLF 2023
)
112
Contributions pour frais de contrôle plafonnés à 195 M€ en 202
1 pour une exécution de 207,1
M€.
Pour 2022,
le plafonnement est inchangé, la prévision d’exécution s’élève à 218,5 M€.
113
Il s’agit de l’i
nstitut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA).
114
La mise en place de la taxe fiscale affectée a été reportée au PLF 2023.
115
Le montant concerne également l’Institut français de la mode, qui n’est pas un centre technique industriel, pour
2,4 M€.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DE SOUTIEN AUX EN
TREPRISES ET À L’ÉCO
NOMIE
57
Un rapport parlementaire de mai 2019 sur les CTI et CPDE
116
préconisait l’abandon des
dotations budgétaires et un financement exclusif par ressources affectées. Le Gouvernement a
parallèlement redéfini un cadre de travail avec les CTI avec la conclusion de 15 contrats
d’objectifs et de performance (COP) pour la période 2020
-2023. Dans ce cadre, le mécanisme
de plafonnement des taxes affectées a été supprimé pour la majeure partie des CTI
117
. Ce
déplafo
nnement devait être sans effet sur les ressources des centres, le niveau d’activité des
CTI-
CPDE se situant dans l’épure des plafonds précédemment fixés.
L
’augmentation constatée en 2022 résulte d’un changement de périmètre de la taxe et
de
l’extension de
celle du CTI des industries mécaniques
118
aux importations, se déployant
progressivement sur 2021 et 2022, conjugués
à l’effet de l’inflation.
2 -
Les organismes consulaires
Les CCI et les CMA bénéficient de taxes affectées plafonnées, dont la Cour soulignait
récemment la justification incertaine
119
. La loi Pacte a confié à CCI France la répartition de la
taxe pour frais de chambre (TFC) en fonction des besoins des territoires et des missions
prioritaires définies en commun entre l’État et le réseau des CCI. Cett
e affectation des
ressources se double d’une trajectoire dégressive du taux d’imposition, réévaluée par un
protocole d’accord en raison de la crise sanitaire
120
, afin de répercuter sur les entreprises la
baisse du plafond fixé pour les deux composantes de la TFC
121
(1,05 Md€ en 2015, 675 M€ en
2019 et 2020, 575
M€ en 2021, 525 M€ en 2022
).
En 2022, les prévisions de rendement de la TA-CFE se sont révélées inférieures au
plafond, fixé à 299 M€
122
. Un amendement en LFR 2 a permis de ramener ce plafond au niveau
de recettes attendues, et de relever, à due concurrence, le plafond de TA-CVAE, dont le
rendement était à l’inverse plus élevé qu’attendu.
À défaut, CCI France aurait enregistré un
manque à gagner de 29 M€.
Dans son rapport public 2021 précité, la Cour s’int
errogeait sur la viabilité du nouveau
modèle économique visé tel qu’il découle de l’ambition de la loi PACTE, ainsi que sur le
pilotage des réseaux et sur la stratégie. Le nouveau contrat d’objectifs et de performance qui
devrait être signé en 2023, précisera la nature et le montant des ressources, fiscales ou non,
116
Mme Anne-Laure Cattelot (députée), M.
Bruno Grandjean (président Alliance pour l’industrie du futur),
M.
Tolo, (président groupe SIS)
personnalités qualifiées-, CGE, IGF, rapport «
Plateformes d’accélération vers
l’industrie du futur : organisation, missions et financements des centres techniques industriels (CTI) et comités
professionnels de développement économique (CPDE)
», mai 2019.
117
Les contrats d’objectifs et de performance n’ont pas été signés avec le centre technique du papier (CTP) et
l’ITERG.
118
Article 154 de la LFI 2021
119
Les chambres de commerce et d’industrie et les chambres de métier et de l’artisanat
: des réseaux en mutation,
in avenir à mieux définir
. Cour des comptes, rapport public annuel 2021.
120
Communiqué de presse du 13 octobre 2020
121
La TFC se compose de la taxe additionnelle à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (TA-CVAE) et de la
taxe additionnelle à la cotisation foncière des entreprises (TA-CFE). Le taux de TA-CVAE est fixé 3,46 % pour les
impositions au titre de 2021 ; il a été relevé à 6,92 % par la LFI 2023 pour tenir compte de la suppression de la CVAE. Le
taux de TA-
CFE est demeure régionalisé, l’application d’un t
aux national, fixé à 0,89 %, a été repoussée à 2024.
122
Au I de l'article 46 de la loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012 révisée.
COUR DES COMPTES
58
attribuées au réseau des CCI en fonction des missions de service public qui leur sont confiées
et de la capacité des CCI à initier de nouvelles activités génératrices de recettes. La suppression
programmée de la CVAE conduira nécessairement à revoir les modalités de financement des
CCI. Quoi qu’il en soit, la Cour maintient son observation suivant laquelle «
les décisions à
venir devront s’appuyer sur une évaluation de la mise en œuvre des disposi
tions de la loi
PACTE relatives aux réseaux consulaires, trois ans après sa promulgation, mais aussi sur une
analyse précise du rôle et de l’utilité des CCI et des CMA pour les entreprises et notamment
les plus petites d’entre elles, qui connaissent de pro
fonds bouleversements de leur
environnement et de leur modèle économique »
.
Dans le cadre du protocole d’accord signé
en 2020
entre l’État et le réseau des CCI, ce
dernier s’est engagé à renforcer sa mobilisation dans la mise en œuvre du plan de relance pa
r
des actions financées
via
les taxes affectées sans facturation aux entreprises ou à l’État en
matière de transformation numérique et écologique et de soutien aux PME industrielles. Le
réseau des CCI a signé une convention à hauteur de 1,5 M€ avec l’État dans le domaine
numérique
123
et une convention à hauteur de 7,5 M€ pour aider à la transition écologique des
artisans
124
. Il a également mis en œuvre l’aide en faveur des entreprises multi
-services situées
en zone rurale touchées par la crise sanitaire
125
(3
M€
).
V -
Les fonds sans personnalité juridique
À la suite de la recommandation adressée par la Cour
126
, le responsable de la fonction
financière ministériel (RFFiM) a produit un recensement des fonds sans personnalité juridique
(FSPJ) rattachés à la mission et communiqué les montants de leurs décaissements. Trois
dispositifs sont ainsi présentés : le Fonds national pour la société numérique (FSN), le fonds de
réaménagement du spectre (FRS) et le fonds d'innovation sociale (FISO 2).
Le solde de trésorerie du FSN (35,8 M€) a été réint
égré au budget général
(programme 343) en 2022, conformément à la recommandation
127
de la Cour concernant la
lisibilité des ressources du le plan France très haut débit. Le FSN cesse donc
d’être le véhicule
financier de ce plan mais subsiste pour la gestion extinctive de divers projets (cf. 2.5.2).
Concernant le FISO 2, qui
permet d’accorder des avances récupérables et des
prêts
entreprises portant
des projets socialement innovants, le RFFiM indique qu’il n’est pas
considéré comme un FSPJ par l’administration
. Pourtant, le FISO satisfait aux critères utilisés
par la DGFiP
128
pour identifier les FSPJ
: le dispositif a mobilisé des crédits de l’
État, est géré
par un tiers extérieur à l’
É
tat (Bpifrance) tout en restant contrôlé par l’
État.
Ce dispositif avait été
créé en 2019 pour prendre la suite du FISO 1 et octroyer jusqu’à
11 M€ d’aides aux entreprises. Cependant, aucune aide n’a été versée par le FISO 2 depuis
2019. Les instances de pilotage du fonds ne se sont réunies ni en 2021 ni en 2022, contrairement
123
260 096 entreprises sensibilisées, 16 340 accompagnées (données direction du budget au 01/12/22).
124
252 903 entreprises sensibilisées, 17 165 accompagnées.
125
70 644 entreprises avaient été sensibilisées et 14 629 accompagnées.
126
Cour des comptes,
Note d’analyse de l’exécution budgétaire 20
21 de la mission
Économie
,
p 62.
127
Cour des comptes,
Note d’analyse de
l’exécution budgétaire 20
21 de la mission
Économie
,
p 35-38.
128
DGFiP, note relative à la typologie et au traitement comptable des fonds sans personnalité juridique.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’É
TAT À LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX ENTREP
RISES ET À L’ÉCONOMI
E
59
aux dispositions de la convention de gestion
129
. Ce dispositif étant inactif, il convient de clôturer
le FISO 2 et de restituer au budget de l’
Ét
at l’abondement réalisé en 2019 (1 M€).
Enfin, le FRS, géré par l’ANFr, permet d’isoler la comptabilité des opération
s de
réaménagement du spectre radioélectrique
130
et d’avancer les dépenses nécessaires aux travaux,
qui sont ensuite remboursées par les nouveaux utilisateurs des fréquences concernées.
Aucune norme budgétaire ou comptable ne s’oppose à la réintégration des
opérations du
FRS au sein du budget de l’
État, celui-ci pouvant verser des avances ou réaliser des opérations
pour compte de tiers. L’administration indique cependant que FRS, dans sa forme actuelle,
permet une gestion fluide des opérations de réaménagement, avec un suivi opérationnel et
financier regroupé au sein de l’ANFr.
Enfin, la Cour note que le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), dont le
fonctionnement a été critiqué à plusieurs reprises
131
, est mis en extinction en 2023. Aucun
décaissement
n’est prévu en 2023
: les 3,5
Md€ de ressources en numéraire seront transférés en
2023 au CAS PFE, tout comme les dotations en actions EDF et Thalès
132
_______________________ RECOMMANDATION UNIQUE _______________________
La Cour recommande de p
oursuivre en 2023 l’évaluation des dépenses fiscales les pl
us
coûteuses, chiffrer le coût des dépenses fiscales de façon plus complète et entamer une revue
préalable à leur réforme le cas échéant (direction du budget, direction de la législation fiscale,
responsables de programme).
129
Convention du 1er août 2019 entre l’État et Bpifrance Financement relative au fonds d’in
novation sociale 2.
130
Le FRS est prévue par l’art. R. 20
-44-11 9° du Code des postes et des communications électroniques.
131
Cour des comptes,
Le budget de l’État en 2018, résultats et gestion
, mai 2019 p 161,
Note d’analyse de
l’exécution budgétaire 20
20 de la mission
Économie, p 65.
132
Cf. Cour des comptes,
Note d’analyse de l’exécution budgétaire 20
22 du CAS PFE.
Annexes
COUR DES COMPTES
62
Annexe n° 1.
s
uivi des recommandations formulées au titre de l’exécution
budgétaire 2021
Recommandation formulée
dans la note d’exécution
budgétaire 2021
Réponse de
l’administration
Analyse de la Cour
Appréciation
par la Cour de
degré de mise
en œuvre
1
Poursuivre l’amélioration des
documents budgétaires
présentant l’état
d’avancement du plan très
haut débit et des ressources
mobilisées (programme 343 -
Plan France très haut débit et
programme 364 - Cohésion et
crédits du PIA 1) et mettre en
œuvre la simp
lification du
pilotage et du suivi des
projets en confiant à l’ANCT
la gestion administrative et
budgétaire des crédits.
La direction du budget
considère que l’architecture
des ressources mobilisées
est rationalisée : les crédits
résiduels du PIA 1 destinés
au PFTHD ont fait l’objet
d’une mesure de
rebudgétisation en LFI 2022.
Seuls subsistent désormais
deux vecteurs de
financement : les
programmes budgétaires 343
et 364 (relance).
Par ailleurs, le transfert à
l’ANCT de la gestion
administrative et financière
du PFTHD est en cours de
finalisation via l’élaboration
de la convention afférente.
La direction générale des
entreprises ajoute que le
RAP 2022 sera enrichi des
décaissements du
programme 364 donnant
ainsi une vision complète
des crédits exécutés sur les
différents supports
budgétaires.
Le secrétariat général des
ministères économiques et
financiers précise que le
transfert de la gestion
administrative et financière
des fonds du PFTHD à
l’ANCT entraîne une
réduction du nombre de
services intervenant dans la
gestion du plan, dont le
Secrétariat général pour
l’investissement et la CDC.
La réduction du nombre de
parties concernée simplifie
les procédures et permet à la
DGE une évaluation plus
fiable des besoins de
financements et un suivi
budgétaire moins complexe.
Le reversement au budget de
l’État du solde des crédits du
FSN destinés au financement
du PFTHD constitue un
progrès en matière de
transparence de
l’information.
Il reste toutefois regrettable
que les crédits de ce plan ne
soient pas intégralement
réunis sous un même
programme, en l’occurrence
le 343, dont l’intitulé est
pourtant explicite.
L’imputation sur deux
programmes est justifiée par
l’administration par des
nécessités opérationnelles
liées aux différents flux de
financement européens, qui
ne sont pas cumulables. Il
aurait pu être répondu à cette
contrainte par des process
internes qui, au demeurant,
devront être mis en place par
l’ANCT, désormais
opérateur unique pour le
déploiement de ce plan, mais
l’identification des crédits du
plan de relance présente
toutefois un intérêt. Dès lors
que le RAP permettra de
cumuler les dépenses des
deux programmes afin
d’offrir une vision
exhaustive du plan, la qualité
de l’information est jugée
suffisante.
Mise en œuvre
ANNEXES
63
2
Initier en 2022 l’évaluation
des dépenses fiscales les plus
coûteuses, chiffrer le coût des
dépenses fiscales de façon
plus exhaustive et compléter
les documents budgétaires de
la mission (PAP, RAP), en
précisant les objectifs
poursuivis par les dépenses
fiscales.
L’IGF a conduit en 2022
une mission concernant 69
dépenses fiscales du
programme 134. Ces
dépenses fiscales sont
présentées par politiques
publiques dans le PAP de la
mission
Economie
. Les
dépenses concernant les
entreprises grandes consom-
matrices d’électricité sont
évaluées selon un indicateur
de performance à compter
de 2023.
L’IGF considère que
certaines dépenses ont fait
l’objet d’évaluations
suffisamment précises pour
motiver leur réforme voire
leur suppression. Elle
préconise d’évaluer certaines
autres mesures coûteuses et
dont l’efficience est très
incertaine, et d’inclure les
dépenses fiscales dans la
même gouvernance que les
crédits budgétaires.
Partiellement
mise en œuvre
3
achever en 2022 le
recensement des fonds sans
personnalité juridique (FSPJ)
liés à la mission pour
procéder à leur revue
d’ensemble, et produire un
suivi de leurs décaissements.
L’administration a recensé
les FSPJ liés à la mission.
Elle a considéré en 2021 que
le Fonds pour l’innovation et
l’industrie (FII) n’est pas un
FSPJ et considère que le
FISO
n’est pas un FSPJ.
L’administration a produit
un suivi des décaissements
des fonds recensés.
Sous réserve du désaccord de
l’administration concernant
le FII et le FISO, les fonds
de la mission sont recensés et
l’administration est en
mesure de suivre leurs
décaissements.
Mise en œuvre
COUR DES COMPTES
64
Annexe n° 2.
évolution de la rémunération de la Banque de France
au regard des prestations effectuées
Tableau n° 11 :
coûts engagés par la Banque de France pour les missions effectuées
pour le compte de l’État (en M€)
Prestations
(M€)
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Surendettement
220,9
220,4
216,2
214,5
212,1
209,1
192
159
154,7
137,6
132,3
132,1
Tenue du
compte
du Trésor
96,3
86,3
80,9
79,1
80,4
80,5
80,1
81,8
75,5
75,5
74,2
64,1
Monnaies
métalliques
neuves
8,2
7,9
8
6,6
6,6
6,6
6,6
6,3
5,3
5,3
5
6,1
Adjudications
3,1
1,4
2,3
2,1
2,1
2,2
2,2
2,2
2,4
2,4
2,4
3,5
Accords de
consolidation
des dettes des
États étrangers
1,7
1,8
1,9
1,9
2
2
2,1
2,1
2,1
2,1
1,5
1,7
Comité
monétaire
de la zone franc
0,8
0,8
0,8
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,6
0,7
Droit au compte
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
6
6
7,9
Secrétariat du
CCSF
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
s.o.
1,5
Coût total de la
prestation
330,9
318,6
309,9
304,9
303,9
301,1
283,7
252,1
240,7
229,6
222
217,6
Montant
remboursé par
l'État
316,6
316,7
304,6
290
272,7
250
249,2
244
240,7
229,6
222
217,6
Déficit de
compensation
14,3
1,9
5,3
14,9
31,2
51,1
34,5
8,1
0
0
0
0
Minoration
du dividende
0
0
0,7
2,8
5,8
9,5
6,8
1,62
0
0
0
0
Source/note : Direction générale du Trésor
ANNEXES
65
Annexe n° 3.
estimation des dépenses fiscales de la Mission
Économie
en 2022
Mesures
2022 (M€)
Mesures du programme 134
18 409
Dont mesures sur impôts d'Etat
17 656
Dont mesures sur impôts locaux et subsidiaires
241
Dont mesures pérennes ayant eu un coût chiffré pour les exercices
2019-2021 mais non chiffrées pour 2022 dans le PAP 2023
512
n°120124
115
n°120504
37
n°140117
250
n°150708
110
Mesure du programme 305 (n°230411)
47
Mesure du programme 343 (n°920301)
15
Total du coût 2022
18 471
COUR DES COMPTES
66
Annexe n° 4.
dépenses fiscales non chiffrées
entre 2020 et 2022
Intitulé
440104
Exonération en faveur des petits porteurs détenant moins de 5 % du capital
ou des droits de vote d’une société d’investissements immobiliers
cotée (SIIC)
200307
Application du taux réduit d’imposition aux répartitions d’actifs effectuées par des fonds
communs de placement à risques (FCPR) dont le portefeuille est composé de manière
prépondérante de titres de sociétés non cotées
210307
Exonération
des dons reçus par une entreprise ayant subi un sinistre survenu à la suite d’une
catastrophe naturelle ou d’un événement
ayant des conséquences dommageables
230601
Application du taux réduit d’imposition aux distributions d’actifs effectuées, directement
ou
indirectement, par certaines sociétés de capital-risque
520209
Abattement de 300 000
€ sur la valeur du fonds ou de la clientèle d’une entreprise
individuelle ou de parts ou actions de société pour la liquidation des droits de mutation
à titre gratuit en cas de donations aux salariés
530211
Exonération de droit d’enregistrement pour les acquisitions de droits sociaux effectués
par une société créée en vue de racheter une autre société
530212
Application d’un abattement de 300
000
€ sur la valeur du
fonds ou de la clientèle
en cas de cession en pleine propriété de fonds artisanaux, de fonds de commerce,
570101
Exonération, sous certaines conditions, du droit proportionnel ou progressif dû : -
pour les apports purs et simples faits à une personne morale passible
de l’impôt
sur les sociétés par une personne non passible de cet impôt ; -
lorsqu’une personne morale
non passible de l’impôt sur
les sociétés devient passible de cet impôt
570102
Exonération du droit proportionnel ou progressif de mutation sur les apports
à titre onéreux d’entreprises individuelles faits à des sociétés
passibles
de l’impôt
sur les sociétés