L’organisation des soins de premier recours en Nouvelle-Calédonie doit s’appuyer sur les centres médico-sociaux en structurant la réponse apportée aux besoins croissants de la population.
La chambre territoriale de la Nouvelle-Calédonie a participé à une enquête pilotée par une formation commune à la Cour des comptes et aux chambres régionales et territoriales des comptes relative à l’organisation territoriale des soins de premier recours.
L’écart entre les besoins de soins de la population et l’offre de soins de premier recours se creuse
En Nouvelle-Calédonie, l’espérance de vie, inférieure à celle de la métropole atteint 77,8 ans en 2019. Selon les projections de l’ISEE, les plus de soixante ans devraient constituer en 2030 plus d’un cinquième de la population. La prévalence de maladies chroniques est élevée, alors même que l’effet du vieillissement sur la structure par âges de la population calédonienne devrait encore l’aggraver.
Or l’offre de soins de premier recours est inégalement répartie, ce qui accentue les difficultés à répondre aux demandes. Cette offre de soins est en effet concentrée sur le sud de la Nouvelle-Calédonie, en particulier autour de Nouméa.
Les délais de rendez-vous sont jugés élevés par les usagers-patients, la possibilité même d’obtenir un accès aux soins est assez souvent réduite : 20 % des adultes limitaient en 2021 leurs visites auprès de professionnels de santé en raison des difficultés d’accès aux soins.
Des interventions diversifiées quant à leurs objectifs mais dont la mise en œuvre doit être pilotée
Toutefois, le territoire dispose d’atouts : il bénéficie d’un réseau dense de centres médico-sociaux, reconnu des professionnels, et une stratégie globale d’évolution de l’offre sanitaire a été adoptée pour la décennie 2018-2028 avec le plan « Do Kamo ». La gradation des centres médico-sociaux, selon leur rôle dans l’offre de soins, n’est pas encore clarifiée et leur rôle en matière d’urgence, leurs horaires d’ouverture pour garantir une amplitude accrue d’accueil, et enfin la supervision des antennes par des médecins sans leur présence permanente doivent être revus. La mise en oeuvre plan « Do Kamo » est insuffisamment pilotée.
Des interventions à mettre sous tension de résultat par le suivi d’indicateurs spécifiques
Une politique centrée sur l’organisation des soins de premier recours doit reposer, au niveau du territoire, sur la détermination d’objectifs opérationnels et de cibles précises, fondés sur des indicateurs robustes et disponibles. Pour les soins non programmés, un indicateur pertinent est la réduction des passages aux urgences peu justifiés. Pour les soins programmés, la part des pathologies chroniques prises en charge par des équipes référentes, ou pour « l’aller-vers », la réduction de la part des personnes sans soins dans l’année sont aussi des indicateurs de suivi possibles.
Pour chaque segment des soins de premier recours, des actions spécifiques, parfois déjà envisagées ou programmées dans le plan stratégique Do Kamo, doivent être mises en œuvre et leurs responsables clairement désignés. Une gestion mutualisée des professionnels de santé, incluant le cas échéant des psychologues, peut être organisée au niveau des provinces.
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