La Cour des comptes décerne son Prix de thèse 2023

Le Prix de thèse 2023 a été remis le 26 juin par le Premier président Pierre Moscovici et la Procureure générale honoraire Catherine Hirsch, en présence des membres du jury. Il visait à récompenser des thèses soutenues en 2021 et 2022. Ce sont plus de 50 thèses qui ont été déposées suite à l’appel à candidatures diffusé en janvier.
Un jury, composé à parts égales d’universitaires et de membres de la Cour des comptes, a évalué les thèses et a abouti au palmarès suivant :
•    Premier prix ex aequo : Dorothée Kapsambelis, pour sa thèse en sciences de gestion intitulée « Modélisation d’événements climatiques extrêmes sur les productions agricoles à horizon 2050 : Application à la gestion économique du risque », soutenue le 12 juillet 2022 à l’Institut Agro Rennes-Angers. La lauréate, par ailleurs diplômée de l’Institut Agro Montpellier, est actuellement analyste risques au sein de la Caisse Centrale de Réassurance ;
•    Premier prix ex aequo : Manon de Saint-Léger, pour sa thèse en droit intitulée « L’articulation des procédures pénale et fiscale », soutenue le 13 décembre 2022 à l’Université de Bordeaux. La lauréate, par ailleurs diplômée d’un master de l’Université de Bordeaux en droit pénal, termine actuellement sa formation d’élève avocate ;
•    Prix spécial : Marcos Azevedo, pour sa thèse en sociologie intitulée « Domestiquer le handicap psychique ? Pratiques et expériences de l’accompagnement dans le logement en santé mentale », soutenue le 1^er décembre 2022 à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris. Le lauréat, par ailleurs psychologue et ATER à l'Université Sorbonne Paris Nord, poursuit actuellement ses travaux de recherche au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS) ainsi qu’à l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS). À cet égard, s’expriment dans ce palmarès, et tout à la fois, une diversité disciplinaire, une diversité de genre et une diversité géographique.

À propos des thèses primées
La thèse de Dorothée Kapsambelis a été réalisée sous la direction de Jean Cordier, professeur à l’Institut Agro-Rennes-Angers et de David Moncoulon, directeur du département R&D et modélisation de la Caisse Centrale de Réassurance. Elle s’intéresse à l’exposition des productions végétales aux aléas climatiques, et développe des outils pour mieux y faire face d’un point de vue financier. A partir de données de Météo France et du GIEC, dont le jury a relevé la richesse, elle simule à horizon 2050 l’intensité et la fréquence des sécheresses extrêmes et leurs conséquences sur les pertes de récoltes, et estime alors, de façon prospective, les coûts pris en charge par l’État, les assureurs et les agriculteurs eux-mêmes. Outre la qualité des recommandations opérationnelles, la thèse suit une construction et un raisonnement parfaitement convaincants, et adopte un prisme pluridisciplinaire riche et maîtrisé.

La thèse de Manon de Saint Léger a été réalisée sous la direction d’Evelyne Bonis, professeure agrégée à l’Université de Bordeaux. Elle interroge la légitimité et la légalité du cumul des procédures fiscale et pénale qui peuvent s’appliquer à un même fraudeur fiscal. Elle exploite de façon judicieuse la jurisprudence supranationale (Cour européenne des droits de l'homme et Cour de justice de l'Union européenne) et nationale (Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat, Cour de cassation), ainsi que la doctrine pénale et fiscale. Le jury a été sensible également à la pertinence et à la précision des pistes d'amélioration qui y sont formulées, dans une thèse limpide et intelligente qui cherche également à se rendre utile.

La thèse de Marcos Azevedo a a été réalisée sous la direction d’Isabelle Ville, directrice d’études à l’EHESS et directrice de recherche à l’INSERM, et de Nicolas Henckes, chargé de recherches au CNRS. Elle s’intéresse à l’accompagnement des personnes atteintes de troubles psychiques en dehors des établissements de soin classiques, et en particulier à domicile. Le jury a apprécié l’investissement pour collecter un matériau riche et complexe, que ce soit à travers des longs séjours immersifs, des entretiens et des portraits très détaillés qui sont dressés des acteurs en jeu. La thèse jette en particulier la lumière sur l’expérience sociale et identitaire du handicap, et sur les effets pervers des pratiques de ciblages et de tri des candidats à l’accompagnement. Les résultats seront sans nul doute précieux pour éclairer les politiques publiques relatives au handicap.