FLERS, Hyacinthe Jacques de la MOTTE-ANGO,
marquis de
Né le 1er jour complémentaire an XI, 19 septembre 1803, à Versailles (Yvelines), décédé le 30 janvier 1866 à Bruxelles (Belgique).
La famille de la Motte-Ango a deux branches. Il est issu de la branche de la Motte-Lezeau, dite aussi des marquis de Flers. Elle est apparentée à Saint François de Paule (1416-1507).
Fils d’Hyacinthe Jacques Pierre de la Motte-Ango (28/7/1778-24/1/1835), maître de poste au Mans (Sarthe) et de Marie Joséphine Hortense La Flèche de Grandpré (Paris 30/8/1778-18 frimaire an XIV, 9/12/1805 Versailles), mariés le 20 ventôse an VIII, 11 mars 1800, à Versailles.
Petit-fils de Pierre François de Paule de la Motte-Ango, comte de Flers (La Trinité-des-Laitiers, Orne, 6/9/1747-23/5/1802 Versailles), organiste au Mans, et de Jacqueline Louise Rosalie Le Goué de Richemont (Le Mans 1740 ? -18/8/1815 Versailles), décorée de l’ordre du Lys, mariés le 23 août 1777. Petit-fils de Victor Pantaléon La Flèche de Grandpré (Cap Français 1736-4/10/1784 Paris), capitaine de milice, et de Françoise Elisabeth Bivet (Cap-Français, Saint-Domingue, 3/4/1736-9/1/1832 Versailles), mariés le 15 juillet 1758 à Cap-Français (Cap Haïtien), bénéficiaire d’indemnités pour les colons dépossédés.
Arrière-petit-fils d’Ange Hyacinthe de la Motte-Ango, comte de Flers (Villebadin, Orne, 29/1/1719-25/4/1788 Flers, Orne), officier de cavalerie, louvetier général du duché d’Alençon, conservateur des chasses du comte de Provence, et de Magdeleine Charlotte Chertemps de Seuil, baronne des Réaulx (4/7/1722-21/9/1755 Paris), mariés le 9 juin 1744 à Paris, paroisse Saint-Sulpice. Arrière-petit-fils de Jacques Louis Le Goué de Richemont, gentilhomme servant de la Reine, membre des assemblées de la noblesse du Maine en 1789, et de Suzanne Rousseau de Paradis, mariés avant 1740. Arrière-petit-fils de Jacques René La Flèche de Grandpré (Saint-Germain-en-Laye 1670- ?), avocat au Parlement de Paris, puis conseiller au Conseil supérieur à Cap-Français, à Saint-Domingue, et d’Elisabeth Durand de Forluches, mariés avant 1731. Arrière-petit-fils d’Alphonse Jacques Bivet (? -22/5/1770 Cap-Français ?), propriétaire d’une indigoterie, et de Françoise Elisabeth Fouché, mariés le 14 septembre 1738 à Cap-Français ?
Frère de Ferdinand Joseph (Versailles 13 frimaire an XIV- ?)
Neveu de Jacques de Grandpré (Paris 1731-4/6/1809 Versailles), vicaire général du diocèse d’Angoulême, réfractaire pendant la Terreur, arrêté et condamné à la déportation en 1798, détenu à Rochefort (Charente-Maritime), curé de la paroisse Notre-Dame de Versailles en 1802, chanoine de la cathédrale de Versailles. Petit-neveu de Louis Charles de la Motte-Ago, vicomte et général de Flers (Paris 1754-1794, sur l’échafaud), commandant en chef de l’armée des Pyrénées Orientales jusqu’au 6 août 1793, guillotiné cinq jours avant le 9 thermidor.
Epouse le 7 juin 1835 à Paris Elena Maria Vitali (Venise, Italie, 13/10/1809-11/6/1888 Cour-sur-Loire, Loiret), fille de Spiro Vitali (Zante, Iles Ioniennes, Grèce, 1782-1852 Odessa, Ukraine ?), noble de Venise, sénateur de Zante, l’un de chefs de la guerre d’indépendance de la Grèce, partisan de l’attribution de la couronne hellénique au duc de Nemours, fils de Louis Philippe 1er, et d’Eleonora di Colloredo, mariés avant 1809.
Petite-fille de Giovanni Vitali, sénateur de Zante (Iles Ioniennes, Grèce), et d’Elena Condostavlo, mariés en 1775, famille originaire de l’ile de Chio. La famille Vitali est l’une des plus anciennes de la République de Venise.
Père d’Hyacinthe Camille Spiro François de Paule (Paris 29/3/1836-2/11/1893 Paris 8ème), marié le 16 juillet 1859 à Blois à Gabrielle Marie Bergevin (Saint-Gervais-la-Forêt, Loir-et-Cher, 28/10/1836-15/12/1915 Saint-Germain-la-Forêt), auteur d’ouvrages sur le roi Louis-Philippe et le comte de Paris, et de Jean Robert Raoul de la Motte Ango, comte de Flers (Paris 17/1/1846-27/2/1907 Paris 8ème), sous-préfet de Pont-l’Evêque (Calvados), inspecteur général des services administratifs du ministère de l’intérieur, lieutenant dans la garde mobile du Loir-et-Cher, gravement blessé à la bataille de Patay (Loiret) en 1871, chevalier de la Légion d’honneur en 1871, marié le 1er août 1871 à Marie Louise Marguerite de Rozière (1851-ap. 1907 ?). Grand-père de l’auteur dramatique Robert de Flers (Pont-l’Evêque, 25/11/1872–30/7/1927 Vittel, Vosges), de l’Académie française, président de la Société des auteurs dramatiques, commandeur de la Légion d’honneur en 1926, marié le 22 juin 1901 à Paris (8ème) à Geneviève Marie Evelina Sardou (1875-1958), ami de Marcel Proust. Arrière-grand-père de François de Flers (Paris 1902-1986), inspecteur des finances, président directeur général de la Banque d’Indochine, président d’honneur d’indosuez, commandeur de la Légion d’honneur.
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Etudes au collège de Pau.
Directeur des postes militaires en 1823, participe à la campagne d’Espagne, capitaine d’état-major de la Garde nationale en 1824, aide de camp du maréchal Oudinot, commandant en chef de la Garde nationale.
Aspirant à la Cour en 1831, vérificateur des archives de la liste civile, conseiller référendaire de 2ème classe le 27 mars 1835. Reçu en audience particulière par le roi Louis-Philippe le 7 avril 1835. Révoqué le 1er mai 1848 par le gouvernement provisoire, réinstallé le 9 juillet 1849, conseiller référendaire de 1ère classe en 1860, démissionne le 7 décembre 1861.
Extrait de son éloge par le Procureur général de Casabianca en 1867 : « Appartenant à la haute société parisienne, il collabore régulièrement et anonymement à divers journaux étrangers, notamment l’Indépendance Belge, le Journal de Genève, le Journal de Dresde, le Journal de Hambourg et la Gazette de Leipzig. Elles concernent tantôt la vie mondaine à Paris, les personnalités du monde politique, de la haute finance, de la diplomatie et surtout de la Cour impériale, tantôt les décisions du Gouvernement de Napoléon III en matière de politique intérieure et de relations internationales. Les chroniques du marquis de Flers attribuent à Napoléon III la volonté de détruire l’œuvre des traités de 1815, de modifier les frontières de la France, d’envahir et peut-être d’annexer la Belgique, voire de chercher des agrandissements territoriaux du côté de la Sardaigne et des Iles Baléares. La politique de l’Empereur à l’égard de l’Italie est, aussi vivement critiquée. Un autre des journaux étrangers, la Gazette d’Augsbourg, auquel collabore le marquis de Flers, n‘est pas moins hostile au régime politique de la France. Sa collaboration à cette presse étrangère, sans être de notoriété publique, est plus ou moins connue, tant dans son milieu professionnel que dans les salons privés. A la suite de l’attentat d’Orsini le 14 janvier 1858, le Gouvernement croit devoir réagir avec vigueur, avec le vote par le Corps législatif de la « loi de sûreté générale », du 27 février 1858, qui crée et punit de prison des délits nouveaux, notamment « les manœuvres ou intelligences à l’intérieur ou à l’étranger qui tendent à troubler la paix publique ou à exciter à la haine ou au mépris du Gouvernement de l’Empereur ». C’est comme coupable de ce dernier délit et pour ses écrits hostiles à Napoléon III, publiés à l’étranger, qu’est inculpé le marquis de Flers. En vertu du privilège de juridiction que lui assure son statut, il est traduit devant la première Chambre de la Cour d’appel de Paris. Défendu par l’avocat et homme politique orléaniste Armand Dufaure, ancien ministre du roi Louis-Philippe et futur président du Conseil au début de la Troisième République. L’avocat général Chaix d’Est-Ange, qui a déjà requis la peine de mort contre Orsini, accuse le conseiller référendaire de Flers d’avoir manqué à son serment de fidélité à l’Empereur. Après avoir fait une allusion très remarquée au serment de fidélité à la République qu’avait prêté Napoléon III, Maître Dufaure s’efforce de prouver que le marquis de Flers n’a pas manqué à son serment et que rien de ce qui émane de sa plume ne « signale l’homme de parti ». Après avoir dénoncé les conditions anormales dans lesquelles ont eu lieu les perquisitions effectuées au domicile du marquis de Flers et la saisie de ses papiers personnels, sans que l’on ait dressé procès-verbal de cette opération, Maître Dufaure analyse les correspondances entretenues par son client avec l’étranger. Il s’attache surtout à montrer que les critiques adressées à la politique extérieure de Napoléon III visent une attitude de révision des traités de 1815 « hautement proclamée par l’Empereur et son gouvernement ». Enfin, Maître Dufaure s’efforce de répondre à la question : le marquis de Flers est-il un homme de parti comme l’affirme le procureur général ? Mais l’avocat ne tente pas de dissimuler les options politiques prononcées par son client. Cette plaidoirie ne réussit pas à persuader la Cour d’appel de l’innocence du prévenu. Faisant application de l’article 2 de la loi du 27 février 1858, la Cour condamne le marquis de Flers à deux mois d’emprisonnement, 2 000 francs d’amende et aux trois-quarts des frais envers l’Etat. Ainsi condamné, il ne veut pas mettre ses collègues, qui ont dû se réunir en Chambre du Conseil pour statuer sur son cas, dans la pénible obligation de prononcer son éventuelle destitution. Par une lettre adressée le 7 décembre 1861 au Premier Président Barthe, publiée par le Journal des Débats le même jour, il le prie d’accepter sa démission de conseiller référendaire ».
Adjudicataire avec la Compagnie O’Neill en 1845 de la concession du chemin de fer de Fampoux à Hazebrouk, dissoute en 1847. Avait constitué une célèbre collection d’autographes.
Domiciles : 356, Saint-Honoré (1er), 3, boulevard Saint-Martin (3ème), 30, rue du Mont-Thabor (1er)
Publications : Bugg, ou les javanais, mélodrame en trois actes (avec Benjamin Antier et Félix de Coisy, créé à l’Ambigu-Comique, 18 septembre 1828) ; Le suicide d’une jeune fille, drame en trois actes, imité de l’allemand (avec B. Antier, Théodore Nézel et H. Decomberousse, créé au Théâtre du Panthéon, 19 juin 1832) ; Le Cinquième acte, drame-vaudeville en trois actes (avec B. Antier, créé à l’Ambigu-Comique, 9 février 1833) ; Les beignets à la Cour, comédie en deux actes mêlés de chants (avec B. Antier, Palais Royal, 25 mars 1835) ; Les chiens du Mont Saint-Bernard, mélodrame en cinq actes (avec B. Antier, créé à l’Ambigu-Comique, 24 août 1838, traduit en espagnol en 1841) ; Les voilà bien tous ! Vaudeville en un acte (avec B. Antier) créé au théâtre de la Gaîté, 6 novembre 1844.
Bibliographie : article nécrologique dans « le Figaro », n° 1166 du 19 avril 1866.