Le syndicat mixte des transports urbains du Grand Nouméa (SMTU) connaît une situation financière très compromise, avant même la crise de 2024, appelant à revoir le financement et l’exploitation du réseau Taneo dans le cadre d’une stratégie en matière de mobilité dans le Grand Nouméa à actualiser.
Une situation financière et de trésorerie très compromise, avant même la crise induite par les évènements survenus depuis mai 2024
Le syndicat mixte des transports urbains du grand Nouméa (SMTU) a été créé en 2010 en tant qu’autorité organisatrice des transports unique de l’agglomération. Il a permis la mise en place, sous le nom Tanéo, d’un réseau de transport en commun unifié et modernisé, doté d’un système de billettique novateur et d’une ligne de transport en commun en site propre. Quoique inférieure aux prévisions initiales, la fréquentation du réseau était en nette croissance jusqu’à mai 2024. Cependant, malgré une contribution importante des usagers couvrant 40 % des charges d’exploitation constituées principalement de la rémunération des délégataires, les recettes d’exploitation n’ont pas atteint le niveau espéré. Les investissements liés à cette opération ont toutefois conduit à une forte augmentation de la dette du syndicat mixte, qui atteignait 16,6 MdF CFP fin 2023. La trésorerie du syndicat présente une situation dégradée qui ne pourra être résolue que par un nouvel accord des collectivités membres sur leurs contributions et un cadre contractuel d’exploitation renouvelé, le syndicat étant engagé par les emprunts contractés.
Des contrats de délégation de service public dont certaines clauses n’ont pas été appliquées
Le cadre contractuel pour l’exploitation du réseau Tanéo est marqué par une certaine complexité, compte tenu du choix de scinder en deux lots la délégation de service public et du mode de calcul, mal défini dès la signature des contrats et jamais actualisé depuis, des clauses de suivi de la performance des délégataires. Ces clauses n’ont pas été mises en œuvre, remettant en cause le fondement juridique des contrats. En effet, une délégation de service public doit comporter un élément de risque basé sur l’exploitation, ce qui n’a pas été le cas en l’espèce, la rémunération ayant un caractère forfaitaire.
Un cadre stratégique à redéfinir pour la mobilité dans le grand Nouméa
Les enjeux de mobilité dans le grand Nouméa demeurent prégnants. Leur prise en compte doit s’inscrire dans un cadre stratégique permettant de définir les perspectives de développement des transports urbains ainsi que les mesures propres à favoriser le report modal. Or, ce cadre fait aujourd’hui défaut, la démarche de révision du plan de déplacements urbains du grand Nouméa menée entre 2017 et 2020 n’ayant pas abouti, et ce malgré une dépense de 23 MF CFP. Une réflexion sur le dimensionnement et les modalités d’exploitation du réseau de transports en commun, à mener avec l’ensemble des collectivités compétentes en matière de mobilité, est d’autant plus nécessaire que les graves troubles à l’ordre public survenus depuis mai 2024 ont fortement impacté le réseau, conduisant notamment à une importante augmentation du tarif à la charge des usagers et à une diminution significative de l’offre de service.
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