Divers flux sont récupérés par les filières (ou associations pour les vêtements et les
vieux livres) et valorisés, à l’exception des gravats enfouis en CET de classe III, et le tout-
venant, enfoui en CET de classe II.
Le Sytevom a élargi progressivement la nature des produits collectés en mettant en
place en 2004-2005 des recyclages spécifiques pour des déchets particuliers comme les
cartouches d’imprimantes, les téléphones mobiles, les boites métalliques, les bouchons de
liège. En 2007, il a mis en place une collecte avec recyclage des D3E (déchets d’équipements,
électriques et électroniques en fin de vie), qui porte en 2009 sur un volume non négligeable de
1 909 tonnes.
Le Sytevom a également décidé de développer le recours aux ressourceries
22
. À cette
fin, deux déchetteries ont été équipées de caissons de collectes spécifiques. Les objets
présentant encore une valeur ajoutée sont récupérés par une association puis réparés et
revendus à faible prix.
Pour les déchetteries du Sytevom, le taux de valorisation était de 48 % en 2007 (avec
gravats) pour une moyenne nationale de 43 %.
►
Les déchets verts ont fortement augmenté. Ces déchets sont valorisés sur des
plateformes centralisées, mais le Sytevom a engagé une étude avec la chambre d’agriculture
en vue de mettre en place des filières de valorisation locales par co-compostage (mélange de
broyat de déchets verts avec des effluents d’élevage). Les objectifs sont de développer une
filière de proximité, de limiter les transports et de réduire les coûts de gestion. L’étude de
faisabilité a identifié 12 exploitations agricoles susceptibles de participer à l’opération, de
repérer les surfaces d’épandage potentielles et d’appréhender les coûts. En 2009, des déchets
verts de huit déchetteries ont été attribués à des agriculteurs locaux en vue de leur valorisation
par méthanisation ou co-compostage.
22
Centre destiné à favoriser la réduction à la source, la réutilisation, le recyclage, le compostage des déchets
ainsi que la répartition, l’échange et la revente de produits usagés.
29/88
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SYTEVOM
En 2009, le Sytevom a également procédé à l’aménagement d’une plateforme dédiée
aux déchets verts dans l’enceinte d’une déchetterie, ce qui permet de séparer les flux de
circulation. L’extension de ce type d’aménagement à d’autres sites est à l’étude.
►
Le « tout-venant » pose un problème particulier car il n’est pas valorisé mais enfoui.
Le Sytevom a essayé de limiter le volume de ce flux. Une collecte du tout-venant « bois » a
ainsi été mise en place en 2004. Elle porte sur des déchets techniquement non compostables
car traités chimiquement ou comportant divers autres éléments que le bois. Les déchets sont
broyés pour être ensuite utilisés comme combustibles de substitution dans les installations de
fabrication de panneaux. Le volume ainsi détourné du tout-venant et valorisé a atteint
7 121 tonnes en 2009.
Le volume du « tout-venant » qui reste à traiter n’en reste pas moins significatif
puisqu’il est d’environ 16 479 tonnes en 2009 et constitue le premier flux de collecte en
déchetterie. Le plan départemental révisé en 2000 prévoyait le tri de ce flux en vue d’en
incinérer une partie : une étude en 2004 mentionnait la possibilité d’incinérer 10 000 tonnes
sur 15 000. L’étude d’optimisation menée en 2008 évoque la possibilité d’extraire et de
recycler une part du tout-venant : films, polystyrène. Cela n’a toutefois pas été réalisé et le
tout venant reste pour l’instant enfoui. Un tri préalable nécessiterait de disposer d’une benne
supplémentaire, ce que les déchetteries ne permettent pas actuellement. Le Sytevom envisage
donc de traiter les déchets verts hors déchetteries (plateformes de traitement), ce qui
permettrait de libérer une benne.
Afin de ne pas réduire la durée d’exploitation prévisionnelle du CET de Vadans, géré
par le Sytevom, ces déchets sont enfouis depuis 2005 dans des CET gérés par des exploitants
privés : Faverney, Fontaine-les-Clerval (Doubs), Corcelles-Ferrières (Doubs), pour des coûts
à la tonne respectifs de 66,21 €, 69,03 €, et 75,21 € en 2008 (TGAP de 8,21 €/tonne
comprise). Les coûts d’enfouissement du site de Vadans évalués par le Sytevom sont
inférieurs (56 €/tonne, TGAP comprise).
Le tri du « tout-venant », prévu par le plan départemental, n’a pas été effectué. La
chambre recommande la mise en oeuvre rapide des solutions étudiées par le Sytevom.
Dans ses réponses au rapport d’observations provisoires de la chambre, le président du
Sytevom indique qu’une démarche est actuellement initiée à l’échelle de la Franche-Comté
afin de mutualiser les gisements et susciter de nouvelles filières, produisant des combustibles
de substitution pour l’industrie. Des filières de valorisation sont également recherchées
concernant le placoplâtre et le PVC.
8.5
Traitement et valorisation énergétique
Les différents types de traitement et de valorisation réalisés au cours de la période sont
récapitulés dans le tableau ci-après.
30/88
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Tableau 6 : Modes de traitement et de valorisation
2005
2006
2007
2008
2009
Tonnes
%
Tonnes
%
Tonnes
%
Tonnes
%
Tonnes
%
France
(2007)
Valorisation
matière
29 624 22,7 %
32 375 24,2 %
33 554
24,6 %
34 807
25,5 %
35 921
26,5 %
20,0 %
Valorisation
organique
11 194
8,6 %
12 285 9,2 %
13 820
10,1 %
14 692
10,7 %
15 598
11,5 %
13,5 %
Valorisation
énergétique
0
0,0 %
2 766 2,1 %
40 907
30,0 %
41 093
30,1 %
44 595
32,9 %
29,0 %
Enfouissement
(CET classe II)
79 099 60,6 %
76 626 57,3 %
38 507
28,3 %
36 149
26,4 %
28 460
20,9 %
31,5 %
Enfouissement
inertes (CET
classe III)
10 638
8,1 %
9 696 7,2 %
9 462
6,9 %
9 958
7,3 %
11 017
8 %
4,5 %
Total
130 557
133 748
136 250
136 699
135 591
(1)
S’y ajoute pour 1,5 % l’incinération sans valorisation
Source : CRC
Les modes de traitement ont évolué au cours de la période : le recyclage et la
valorisation organique ont progressé (voir supra), la valorisation énergétique était inexistante
jusqu’à la mise en service du centre de valorisation des déchets de Noidans-le-Ferroux en
2007. Près de 80 000 tonnes de déchets étaient alors enfouis, majoritairement sur le CET de
classe II de Vadans (soit les 2/3 du total en 2003, un peu moins ensuite). À partir de la mise
en service du CVD, 30 % des déchets ont fait l’objet d’une valorisation énergétique et les
deux tiers des déchets ménagers du Sytevom font l’objet d’une valorisation, par recyclage,
compostage ou production d’électricité. Cette proportion a encore augmenté en 2009
puisqu’une partie des déchets a été valorisée dans les installations du SERTRID au lieu d’être
enfouie. La proportion de déchets enfouis reste toutefois non négligeable puisqu’elle
représente 20,9 % hors inertes en 2009. Le Sytevom s’est rapproché des moyennes nationales
pour ce qui concerne la valorisation énergétique (29 % en 2007). Cette valorisation
énergétique restera relativement faible par rapport aux potentialités, compte tenu de
l’éloignement du principal centre urbain et des entreprises consommatrices d’électricité.
La directive européenne 2006/12/CE du 5 avril 2006 révisée en 2008 établit des
priorités hiérarchisées en matière de gestion des déchets : l’option à privilégier est la
prévention, suivie du réemploi, du recyclage, des autres formes de valorisation, et enfin, de
l’élimination sans danger. La valorisation énergétique est donc considérée comme préférable
à l’enfouissement. Néanmoins, le Grenelle de l’environnement a conduit à formuler fin 2007
un objectif de réduction commun à ces deux formes de traitement (diminution de 15 % d’ici à
2012). Il est prévu pour cela notamment d’étendre la taxe générale sur les activités polluantes
(TGAP) à l’incinération, et de limiter les capacités nouvelles d’incinération.
La mise en place du centre de valorisation des déchets a permis au Sytevom de réduire
les tonnages enfouis et donc de parvenir à une meilleure valorisation des déchets. Néanmoins,
selon le Grenelle de l’environnement, l’incinération, même avec production de chaleur ou
d’électricité, ne constitue plus une voie à privilégier. Pour atteindre les objectifs de
diminution de l’enfouissement et de l’incinération fixés par le législateur
23
, le Sytevom n’a
aujourd’hui pas d’autre voie que celle de la prévention et du renforcement du tri sélectif.
23
Loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement
(article 41).
31/88
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SYTEVOM
9
LA RÉALISATION DU CENTRE DE VALORISATION DES
DÉCHETS (CVD) DE NOIDANS-LE-FERROUX
Afin de faciliter la compréhension des remarques présentées ci-après, un historique de
cette opération aux multiples rebondissements est présenté en Annexe 4.
9.1
Le site d’implantation du CVD
9.1.1
Le changement de site
Le plan départemental d’élimination des déchets de 1996 avait retenu deux sites
possibles d’implantation : Port-sur-Saône et Vesoul. Après l’abandon du site de Port-sur-
Saône, les critères d’implantation ont été assouplis dans le plan départemental révisé en 2000.
Ils sont fixés comme suit :
« le site doit répondre aux conditions fixées par le plan départemental :
-
Implantation de préférence à proximité du barycentre
du
département dans la mesure du possible pour l’économie du
système.
-
Desserte avec des infrastructures suffisantes.
-
Proximité d’un poste source 63 kW si possible. »
En 2000 et 2001, la préfecture de Haute-Saône et le Sytevom ont sollicité à différentes
reprises des candidatures des communes du département, sans résultat. En 2001, la commune
de Noidans-le-Ferroux, à une vingtaine de kilomètre au sud-ouest de Vesoul, s’est portée
candidate pour accueillir l’usine de traitement, ce qui a permis de relancer le dossier.
Le projet a continué à susciter de nombreuses contestations par des communes
périphériques, des associations ou des particuliers. Le permis de construire et l’autorisation
préfectorale d’exploiter ont fait l’objet de plusieurs contentieux au tribunal administratif, sans
toutefois aboutir à l’annulation des actes en cause. Pour ce qui concerne le choix du site, le
tribunal administratif de Besançon a estimé qu’il ne méconnaissait pas les critères de choix du
plan départemental qui ont été rappelés ci-dessus.
Quelques remarques peuvent être faites sur ce point.
La notion de « barycentre » du département n’a jamais été précisément définie, mais
un tel exercice aurait été largement dépourvu d’intérêt pratique compte tenu du faible nombre
de communes disposées à accueillir un tel équipement. Le choix s’est donc porté sur une
commune volontaire proche de Vesoul, ville-préfecture située approximativement au centre
du département.
Le choix du site a largement contraint les possibilités de valorisation énergétique, et
non l’inverse. La distance du site par rapport à la ville la plus peuplée du département
(Vesoul) n’a pas permis d’utiliser la production de chaleur pour des installations de chauffage
urbain, envisagée dans le plan départemental, non plus que la production d’énergie pour les
entreprises consommatrices qui avaient fait l’objet d’un recensement lors des études
préalables (le plus gros consommateur était situé sur le précédent site de Port-sur-Saône). Les
résultats de valorisation énergétique sont donc réduits.
32/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Il s’agit là toutefois d’une situation largement subie par le Sytevom.
9.1.2
Les conséquences du changement de site
L’ouverture du centre de valorisation des déchets aura ainsi pris 13 ans à compter de la
mise en place du Sytevom en 1993, délai lié en grande partie au changement de site
d’implantation. Les conséquences de ce retard sont importantes :
-
jusqu’en 2006, les déchets ont du être enfouis, ce qui constitue évidemment
une solution moins satisfaisante pour l’environnement ;
-
compte tenu des volumes en cause, il a été nécessaire de réaliser des travaux
afin d’accroitre les capacités du centre d’enfouissement technique de Vadans,
dont le Sytevom a récupéré la gestion en 2002 (réalisation d’une sixième
alvéole). D’autres sites d’accueil, non gérés par le Sytevom, se sont trouvés
plus vite saturés et ont du fermer, comme celui de Pusey ;
-
compte tenu de l’éloignement de certains centres d’enfouissement, les circuits
de transports se sont trouvés allongés, générant surcoûts, nuisances et une
empreinte carbone accrue du fait de la circulation des camions. La carte des
flux reproduite en Annexe 5 montre ainsi qu’en 2003, le Sytevom utilisait trois
centres d’enfouissement, dont deux situés dans l’ouest du département ou au-
delà (centre de Pontailler-sur-Saône en Côte d’Or). Ces deux centres ont
accueilli un volume important de déchets provenant des quais de transfert
situés dans l’est du département et donc très éloignés (26 500 tonnes provenant
de Saint-Sauveur, Echenans, Cubry).
Par ailleurs le changement de site a eu des conséquences financières. La chambre avait
déjà constaté, dans son précédent rapport, que 246 662 € avaient été dépensés entre 1994 et
1997 en frais d’études pour la réalisation du centre. En intégrant les paiements réalisés depuis,
et notamment le marché de construction passé avec la CNIM et résilié en 2003
24
, ces
dépenses s’élèvent à 946 889 €
:
études de faisabilité des sites, études préalables, prestations
de conseil, assistance à maîtrise d’ouvrage, frais engagés par la CNIM. Il s’agit d’une perte
sèche, car les prestations réalisées n’étaient pour l’essentiel pas ré exploitables pour le
nouvea
charge les dépenses de raccordement au réseau pour un montant de 1 049 000 €.
9.1.3
Les relations financières avec la commune d’implantation
u site.
Enfin, l’éloignement d’un poste source EDF a contraint le Sytevom à prendre à sa
L’article 90 de la loi de finances pour 2006 (loi n° 2005-1719 du 30 décembre 2005) a
ouvert la possibilité pour les communes qui accueillent sur leur territoire des installations de
traitement des déchets ménagers d’instaurer une taxe sur les déchets réceptionnés. Cette taxe
était initialement fixée à 3 € la tonne. Ces dispositions sont codifiées aux articles L. 2333-92 à
24
186 364 € HT payés depuis 2000.
33/88
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SYTEVOM
L. 2333
5 € la tonne. Par courrier du 5 mars 2007, les deux communes ont alors
sollicit
dans-
le-Ferr
cette perte de revenus importante, une convention tripartite
SYTEV
Une convention a ainsi été signée le 17 décembre 2007. Elle prévoit le versement
d’une «
mmunes, fixée de manière forfaitaire comme
suit :
Au titre de l’année 2006
dans-le-Ferroux : 7 262 €
Au titre de l’année 2007
-
commune de Noidans-le-Ferroux : 106 600 €
-
commune de Raze : 16 400 €
-96 du code général des collectivités territoriales
25
. Les communes situées à moins de
500 m des installations peuvent également bénéficier de cette taxe.
Par délibération des 15 mai 2006 et 19 juin 2006, les communes de Noidans-le-
Ferroux et Raze ont décidé de faire application de ces dispositions et d’instaurer cette taxe à
3 € la tonne. Toutefois, la loi de finances pour 2007 du 21 décembre 2006 a réduit cette taxe
en la limitant à 1,
é du Sytevom une convention pour compenser la différence. Les termes de ce courrier
sont les suivants :
« La loi de finances instaurant une taxe sur les déchets traités sur le site de Noi
oux a été modifiée à la baisse après nos engagements réciproques. Nos engagements
sont pourtant les mêmes quant à l’accueil des installations sur la commune de Noidans.
Pour compenser
OM-Commune de Noidans-le-Ferroux-Commune de Raze devrait être approuvée par
les différentes parties. »
compensation financière » aux deux co
:
-
commune de Noi
-
commune de Raze : 1 117 €
et des suivantes :
25
La rédaction actuelle de ces dispositions est la suivante.
Article L. 2333-92 du CGCT
:
(L. n° 2005-1719 du 30 déc. 2005, art 90)
Toute commune peut, par délibération
du conseil municipal, établir une taxe sur les déchets réceptionnés dans
(L. n° 2006-1666 du 21 déc. 2006, art.
73-I, 2°)
« une installation de stockage de déchets ménagers et assimilés, soumise à la taxe générale sur les
activités polluantes visée à l'article 266 sexies
du code des douanes, ou d'incinération de déchets ménagers,
installée sur son territoire et non exclusivement utilisée pour les déchets produits par l'exploitant. »
La taxe est
due par l'exploitant de l'installation au 1er janvier de l'année d'imposition.
(L. n° 2006-1666 du 21 déc. 2006, art. 73-I, 2°)
« Peuvent établir la taxe mentionnée au premier alinéa les
communes sur le territoire desquelles l'installation ou l'extension d'un centre de traitement des déchets
ménagers ou assimilés est postérieure au 1er janvier 2006 ou résulte d'une autorisation préfectorale obtenue
antérieurement au 1er juillet 2002 ainsi que celles qui ont bénéficié, avant le 1er juillet 2002, d'une aide versée
par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie en faveur d'une telle installation ou extension en
application des articles 22-1 et 22-3 de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975
relative à l'élimination des déchets et
à la récupération des matériaux. »
En cas d'installation située sur le territoire de plusieurs communes, leurs conseils municipaux, par délibérations
concordantes, instituent la taxe et déterminent les modalités de répartition de son produit. Le montant total de la
taxe acquittée par l'exploitant est plafonné à
(L. n° 2006-1666 du 21 déc. 2006, art. 73-I, 3° et II, applicable aux
impositions perçues à compter du 1
er
janv. 2007)
« 1, 5 € » la tonne entrant dans l'installation.
Article L. 2333-93
:
(L. n° 2005-1719 du 30 déc. 2005, art 90)
La taxe est assise sur le tonnage de déchets
réceptionnés dans l'installation.
Article L. 2333-96 :
(L. n° 2005-1719 du 30 déc. 2005, art 90)
Si l'installation visée à l'article L. 2333-92
est
située à moins de 500 mètres du territoire d'une ou plusieurs communes limitrophes de celle qui établit la taxe,
celle-ci doit être instituée par délibérations concordantes des conseils municipaux des communes concernées
prévoyant la répartition de son produit entre ces communes.
34/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
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Le Sytevom avait préalablement sollicité l’avis du préfet sur ce dispositif. Celui-ci avait
indiqué par courrier du 23 juillet 2007 que les délibérations prises par les communes en 2006
restaient en vigueur mais que le montant de 3 € la tonne devait être écrêté en conformité avec
la loi. Il avait indiqué également qu’une convention d’indemnisation pouvait être envisagée,
sous réserve qu’elle se fonde sur des critères d’indemnisation distincts de ceux prévus par la
loi.
nt complet de l’usine), multipliés par le taux de 3 € (8 379 €
en 20
uhaitant héberger cet équipement. Une forme
d’ind
indue de
61 50
souhait de mettre fin à la convention. La chambre prend acte de ces engagements.
du projet de construction du centre de valorisation
Or, ce n’est pas le cas en l’espèce. La convention ne précise aucunement quels seraient
les critères d’indemnisation, distincts de ceux prévus par la loi ; l’existence d’un préjudice lié
au fonctionnement de l’usine n’est pas alléguée ni a fortiori démontrée. Aucun contentieux
n’a été engagé à ce sujet. En réalité, le courrier des deux communes montre que l’objectif
poursuivi est de maintenir un niveau de compensation financière correspondant à l’ancienne
rédaction de la loi (3 € la tonne au lieu de 1,5 € la tonne). En dépit de leur caractère
forfaitaire, les compensations versées correspondent précisément aux tonnages réceptionnés
dans l’usine et visés par la convention (2 793 tonnes en 2006, et 41 000 tonnes en 2007,
première année de fonctionneme
06, et 123 000 € en 2007).
Dans leur réponse aux observations provisoires de la chambre, les communes de
Noidans-le-Ferroux et de Raze ont souligné toutes les difficultés qu’elles avaient rencontrées
lorsque Noidans-le-Ferroux a décidé d’accueillir le centre de valorisation des déchets. Elles
rappellent que sans cette candidature, le centre n’aurait vraisemblablement pas pu être
construit, aucune autre commune ne so
emnisation leur parait donc légitime.
La chambre n’ignore pas les difficultés rencontrées en 2000-2001 pour déterminer le
lieu d’implantation du centre de valorisation des déchets, mais constate qu’aujourd’hui les
communes concernées ne justifient pas d’un préjudice permettant de percevoir une
indemnisation allant au-delà de la taxe instituée par la loi. Elle estime que la convention du
17 décembre 2007 est irrégulière et que le Sytevom acquitte à ce titre une somme
0 € par an. La chambre demande au Sytevom de mettre fin à cette convention.
Dans ses réponses au rapport d’observations provisoires, le président du Sytevom a pour
sa part indiqué qu’il serait proposé au conseil syndical de mettre fin à cette convention. Les
communes de Noidans-le-Ferroux et de Raze ont également informé la chambre de leur
9.2
La conduite
des déchets (CVD)
9.2.1
Le dimensionnement de l’équipement
Le CVD comprend une unité de valorisation én
ergétique (UVE) et un centre de tri.
►
L’unité de valorisation énergétique (UVE)
La question du gisement à traiter et du dimensionnement de l’équipement avait été
abordée dès les premières études réalisées à la mise en place du Sytevom. Une étude réalisée
par un cabinet en 1994 proposait la réalisation d’une unité de 105 000 ou 82 000 tonnes par
an. Le premier appel d’offres lancé par le Sytevom en 1995 portait ainsi sur une usine
35/88
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d’incinération de 85 000 tonnes avec une variante à 105 000 tonnes. Le dimensionnement de
l’usine à 82 000 tonnes par an provient des préconisations du plan départemental de 1996. Le
plan avait retenu des prévisions de tonnages d’ordures ménagères (y compris verre) à environ
87 000 tonnes à horizon 2015. Le reste à traiter avait été chiffré précisément à 82 000 tonnes
par an. Le marché de construction passé en mai 1998 avec l’entreprise CNIM, portait donc sur
la réali
ce dernier cas, le tonnage à
traiter
e, en juin 2002, le Sytevom a relancé la
procéd
de contentieux et d’annulation
suscept
lles (études et réalisation d’une deuxième ligne de four pour
41 000
nnes). Aujourd’hui, seule la tranche ferme a été réalisée et le bâtiment a été mis en
service en décembre 2006.
sation d’un équipement d’une capacité de 82 000 tonnes par an, capacité qui faisait à
l’époque l’objet de débats.
Le plan révisé en 2000 est moins précis sur ce point. Il indique (page 53) que :
« le
centre de valorisation énergétique devra accepter les tonnages restant à traiter tels que
mentionnés dans les tableaux de la page 44 b et 44 c, pour les différents horizons (2002, 2005
et 2010). La valorisation énergétique retenue est la production d’électricité ou la production
de chaleur, voire la cogénération.»
Les tableaux visés figurent en Annexe 6. Sur la base des
objectifs de valorisation fixés, ils évaluent le « reste à traiter » à 55 000 tonnes environ à
l’horizon 2010, dont 45 000 tonnes de déchets ménagers, auxquels s’ajoutent 10 000 tonnes
« d’encombrants incinérables, acceptés en déchetteries, après avoir retiré les monstres
incinérables »
. Il n’était pas prévu de traiter les boues de station d’épuration. Par contre, la
possibilité d’intégrer les déchets industriels banals (DIB) était évoquée et la décision était
renvoyée au maître d’ouvrage de l’opération, le Sytevom. Dans
serait porté à 72 000 tonnes, le chiffrage étant estimé imprécis pour les DIB. Par la
suite, le Sytevom n’a, en fait, jamais envisagé de traiter les DIB.
Après l’abandon du site de Port-sur-Saône en 2000 et le choix de Noidans-le-Ferroux
en 2001, le Sytevom a conservé le marché de construction passé avec l’entreprise CNIM pour
le faire exécuter sur un nouveau site, sans modification du projet. L’existence d’une clause de
dédit de 762 000 € en cas de résiliation par le maître de l’ouvrage n’est sans doute pas
étrangère à cette décision. Courant 2003, le marché a finalement été résilié à la demande de
l’entreprise, et donc sans indemnité. Dans l’intervall
ure administrative en déposant une demande de permis de construire et une demande
d’autorisation d’exploiter, sur des bases inchangées.
En janvier 2004, le préfet a accordé l’autorisation d’exploiter pour un volume limité à
41 000 tonnes d’ordures par an, alors que le permis de construire avait été délivré en juin
2003 par le maire de Noidans-le-Ferroux pour un projet de 82 000 tonnes par an. Dans sa
séance du 31 mars 2004, le comité syndical a alors examiné plusieurs scénarios possibles, sur
la base d’une étude du cabinet « Trivalor ». Le « reste à traiter incinérable » était alors chiffré
à 74 650 tonnes pour 2003 et 72 640 en prévision 2007, soit un niveau supérieur aux objectifs
du plan départemental. Le comité syndical a choisi de réaliser un bâtiment correspondant au
permis de construire déposé et à une capacité de 41 000 tonnes : la possibilité de réaliser
ultérieurement une seconde tranche de 41 000 tonnes sans nouveau permis de construire était
ainsi préservée, sous réserve de l’obtention d’une autorisation préfectorale d’exploiter pour un
tonnage complémentaire. Les autres hypothèses ont été écartées pour deux raisons : elles
conduisaient soit à solliciter de nouvelles autorisations administratives (permis de construire
ou autorisation d’exploiter), ouvrant de nouvelles possibilités
ibles de remettre une nouvelle fois en cause l’intégralité du projet ; elles ne
permettaient pas de faire face aux futurs besoin de traitement.
Sur cette base, un nouveau marché de construction a été passé fin 2004 avec la société
TIRU. Ce marché prévoit la réalisation d’une tranche ferme (capacité à 41 000 tonnes) et de
deux tranches conditionne
to
36/88
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SYTEVOM
et
C
a)
t le gisement à traiter, qui datent de 1996, et alors que les données
b)
c)
jours pas d’incinération compte tenu de la
d)
on du marché
e)
vélée à posteriori une bonne décision. Elle a en effet
préservé toutes les possibilités futures d’extension ou non de la capacité de
l’usine en fonction de l’évolution réelle des tonnages, qui ont dans les faits
ent diminué.
érimètre du Sytevom,
com
te présentation historique amène plusieurs constats :
L’usine est entrée en service plus de dix ans après les estimations
concernan
sur les tonnages n’étaient alors pas entièrement fiables (absence de pesée
sur 40 % des tonnages). Sur une telle durée, l’exercice de prévision est très
aléatoire.
Le plan révisé en 2000 revoyait à la baisse les prévisions de tonnages à
incinérer en les chiffrant à 55 000 tonnes. Néanmoins, le Sytevom est resté
par la suite sur la configuration initiale à 82 000 tonnes. Il a constaté en effet
que les objectifs du plan n’étaient pas atteints et que le « reste à traiter »
serait plus important que prévu. Début 2004, avant le lancement des
marchés, il a adopté une attitude réaliste et prudente en se basant sur les
dernières estimations disponibles, qui chiffraient le reste à traiter à plus de
70 000 tonnes à l’horizon 2007. La crainte d’être en sous-capacité a prévalu.
La définition du « reste à traiter » est restée imprécise tout au long de la
période. Le « tout-venant » de déchetteries a souvent été intégré dans le
« reste à traiter » ; or, il ne peut pas être incinéré systématiquement pour des
raisons techniques, et doit alors être enfoui. L’étude Trivalor de 2004
précitée mentionne ainsi la possibilité d’incinérer 10 000 tonnes sur 15 000,
mais en 2010, il n’y avait tou
configuration des déchetteries. Au moins à court terme, les besoins
prévisionnels en 2004 étaient donc inférieurs à 70 000 tonnes. Les débats
ont été peu clairs sur ce point.
Les risques contentieux permanents ont favorisé le « gel » du projet dans la
configuration qu’il avait acquise au moment de la conclusi
avec la CNIM en 1998. Pour le Sytevom, modifier le projet nécessitait de
nouveaux marchés ou autorisations administratives, ce qui était susceptible
d’ouvrir de nouveaux contentieux et d’hypothéquer le projet.
La décision de passer un marché à tranche conditionnelle, imposée au
Sytevom par la décision préfectorale de limiter l’autorisation d’exploiter à
41 000 tonnes, s’est ré
notablem
►
Le centre de tri
L’objectif de création d’un centre de tri adjacent à l’unité de valorisation énergétique
est apparu dans le plan départemental de 1996. À l’époque, il était prévu de le dimensionner à
11 000 tonnes. Dans le plan révisé en 2000, la capacité prévisionnelle du centre passe à
17 000 tonnes. Elle correspond aux besoins estimés de l’ensemble du p
y
pris l’agglomération de Vesoul (CCAV). Néanmoins, comme cela a été vu
37/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
précédemment, la CCAV a continué à gérer le recyclage des produits de sa collecte, confiés
au centre de tri de la société Fers et métaux situé à Noidans-les-Vesoul.
Le centre de tri traite actuellement environ 11 000 tonnes de déchets par an. Le
volume de déchets traités est contraint par l’organisation des équipes : 11 000 tonnes
correspondent théoriquement au travail de deux équipes, l’équipement étant inemployé un
tiers du temps. Néanmoins, en augmentant la vitesse de tri et en faisant appel à des renforts en
personnel, l’exploitant a pu rester à une équipe. La mise en place d’une nouvelle équipe ne se
raitée par l’exploitant (COVED-IDEX) à la société Fers et métaux dans son centre de tri
de No
ytevom (Cf. partie
.2).
tifié et qu’il soit nécessaire de recourir à un sous-traitant.
ans ses réponses aux observations provisoires de la chambre, l’ordonnateur indique
que le Syte
ruction d’un centre de tri interdépartemental que
dans l’objectif d’une prise en compte des bassins de vie Héricourt/Lure limitant ainsi les
transferts et tra
9.2.2
es marchés publics
utefois été abandonné
et la c
justifie que si le volume traité passe à 17 000 tonnes. Le Sytevom souhaite aujourd’hui
obtenir l’autorisation préfectorale en vue de traiter des déchets issus d’autres départements. Le
Territoire de Belfort et le nord du Doubs rencontrent en effet un problème de sous-capacité.
Des études sont en cours afin de mutualiser les équipements.
La gestion des gros cartons pose actuellement un problème au centre de tri. Elle
nécessite un pré-tri manuel à même le sol, dans de mauvaises conditions de travail pour les
agents. Le Sytevom envisage donc d’externaliser la gestion des cartons. Celle-ci pourrait être
sous-t
idans-les-Vesoul. Parallèlement, la CCAV confierait la gestion de ses déchets au
Sytevom (environ 1 600 tonnes). Cette solution permettrait de conserver une activité au centre
de tri géré par Fers et métaux, les autres flux devant être transférés au S
5
La chambre relève que la conception du centre de tri n’a pas été satisfaisante pour le
tri des papiers-cartons : il n’est pas normal que le centre ne permette pas de traiter l’intégralité
du gisement iden
Elle note également que le Sytevom étudie la construction d’un centre de tri mutualisé
avec le Territoire de Belfort et le nord du Doubs. Sans remettre en cause l’intérêt de cette
réflexion, elle note qu’actuellement, les installations de tri du Sytevom ne sont pas utilisées à
pleine capacité.
D
vom n’est intéressé par la const
nsports de déchets.
L
1°) Les modes de consultation retenus
Le Sytevom a envisagé successivement plusieurs montages pour les marchés de
conception, de construction et d’exploitation du centre de valorisation des déchets.
Le Sytevom a dans un premier temps souhaité traiter dans un même marché la
conception, la construction et l’exploitation du centre. Les deux premiers appels d’offres
lancés regroupaient donc ces trois prestations, pour que l’équipement soit conçu dès l’origine,
en optimisant les conditions de son exploitation future. Ce montage a to
onstruction et l’exploitation ont été confiées à deux prestataires distincts, par des
marchés conclus respectivement en janvier et en juin 2005. Toutefois, l’exploitant a été
associé à la réalisation du chantier en 2005-2006 : la phase 1 du marché de conception et
construction prévoyait le suivi des études et de la réalisation du centre.
38/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Pour l’appel à concurrence lancé en avril 2004 et concernant la conception et la
construction du centre, le Sytevom a par contre maintenu le principe de l’attribution à un
même prestataire. Il s’agit d’une exception à la règle fixée par la loi du 12 juillet 1985 relative
à la ma
la
concep
ître de l’ouvrage est
égalem
Sytevo
La chambre constate que la mise en oeuvre d’une procédure de dialogue compétitif a
ermis d’améliorer la
a ainsi favorisé une meilleure maîtrise du coût
’opéra on. L
ssoci
ts au chantier a également permis d’intégrer
ès en amont les contraintes d’exploitation. Sur le tri des gros cartons évoqué supra, elle n’a
toutefo
L
moire
technique
y
compris :
les
garanties
techniques
et
des procédés et équipements proposés, les
t l’évolutivité de l’installation (pondération 4) ;
à la
société
îtrise d’ouvrage publique et ses rapports avec la maîtrise d’oeuvre privée (loi MOP),
selon laquelle la mission de maître d’oeuvre est distincte de celle d’entrepreneur, exception
autorisée par le décret n° 86-520 du 14 mars 1986. Le recours à un marché de conception-
construction est motivé par les spécificités de cet équipement de type industriel, dont
tion exige de faire appel à la technicité propre aux opérateurs économiques.
Le marché porte sur la réalisation de l’ensemble du centre de valorisation des déchets
(unité de valorisation énergétique et centre de tri). Toutefois, la conception du processus de tri
a été confiée à une autre entreprise : Noell Reggiane, pour un montant de 1 567 428 € HT.
Pour la dévolution de ce marché, le Sytevom a choisi de mettre en oeuvre la procédure
dite de « dialogue compétitif » qui venait d’être créée par le code des marchés publics publié
en 2004. À la différence de l’appel d’offres, cette procédure permet dans une première phase
de recueillir les observations des candidats sur le cahier des charges (programme fonctionnel),
et ainsi de définir les solutions techniques les plus appropriées. Le ma
ent plus à même de préciser ses besoins et de faire évoluer le projet des candidats en
conséquence. La mise en compétition elle-même intervient dans une seconde phase, une fois
le cahier des charges amendé. Trois entreprises ont participé à cette procédure : CNIM et
EIFFAGE (groupement), VINCI et TIRU, VINCI proposant également une variante. Le
m a organisé des auditions, et de nombreux échanges ont eu lieu.
Les choix techniques ont pu être affinés. Le Sytevom a finalement opté pour un four
oscillant d’une puissance thermique de 11 000 Th/h, un équipement de traitement des fumées
de type sec au bicarbonate, et un groupe turboalternateur d’une puissance de 2,5 MW environ.
p
conception du projet, et
ti
’a
ation des futurs exploitan
d
tr
is pas permis d’éviter une erreur de conception.
2°) Le choix du titulaire
es critères d’attribution retenus par le Sytevom étaient les suivants :
- qualité technique et environnementale des prestations appréciées sur la base du
contenu
du
mé
environnementales apportées, la qualité
possibilités d’extension e
-
coût global de traitement à la tonne intégrant investissement et exploitation
(pondération 3) ;
-
coût d’investissement (pondération 2) ;
-
délais (pondération 1) ;
Le marché a été attribué par la commission d’appel d’offres en décembre 2004
TIRU, pour une tranche ferme de 30 144 000 € HT et une tranche conditionnelle 1 et 2
(étude et réalisation d’une deuxième ligne de four) de 14 285 000 € HT.
39/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Le montant du marché attribué est supérieur au montant du précédent marché attribué
à la CNIM (25 M€), ce qui peut s’expliquer par l’évolution des conditions économiques.
a chambre observe qu’au cours de la période sous contrôle, le Sytevom a su
s’entou
bien des procédures de consultation complexes,
auss b
. Il a ainsi amélioré la fiabilité juridique de ses
décisions, qui avait été problématique au cours de la période antérieure (plusieurs marchés
annulés
9.2.3
Les coûts d’opération
Le bilan final de l’opération de construction du centre de valorisation des déchets se
le tableau ci-dessous.
7 : Bilan financier de la constr
centre de v
orisation des déc
ts (en €)
ses (HT)
Recettes (HT
L
rer de conseils extérieurs pour mener à
i
n techniquement que juridiquement
ie
ou relancés), comme la chambre l’avait noté dans son précédent rapport.
présente comme indiqué dans
Tableau
uction du
al
he
Dépen
)
Plateforme foncière
647 552
dont acquisition
171 667
dont voirie (marché Sacer)
270 601
dont réseau (marché STPI)
158 316
Centre de tri (hors
exploitation)
bâtiment et hors
2
121 974
dont process et condi
1 575 450
440 000
Ademe
tionnement
dont presse à paquets
38 400
40 000
Coved (cession presse à balles)
dont presse à balle
282 394
Dépenses (HT)
Recettes (HT)
Unité d'incinération des or
ménagères (hors exploitati
dures
on)
3
5 916 089
dont études
Subventio
conseil général
2 929 293
3 000 000
ns
dont marché CVD - Tiru
31 757 231
7 420
Chambre d'agriculture
dont exportation électricité
1 026 360
Total
38 685 616
3 487 420
Source : Sytevom
La contribution financière la plus élevée est la subvention versée par le département de
la Haute-Saône, qui s’élève à 3 000 000 €. L’Ademe a également versé une subvention de
440 000 € pour la réalisation de l’étude sur le processus de tri. Le coût total de l’équipement
hors subventions est de 35 198 196 € HT. L’équipement a été autofinancé à hauteur de 9,3
M€, et des emprunts ont été contractés à hauteur de 25,9 M€.
40/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Le principal marché est le marché passé avec la société TIRU, qui représente à lui seul
plus de 80 % du coût total. Les différences par rapport aux montants du marché passé
initialement tiennent pour partie à la mise en oeuvre des clauses d’actualisation des prix.
Les coûts d’opération ont été maîtrisés par le Sytevom et les délais de réalisation de
oral d’autorisation, la mise en service devait
uipement a été mis en service en décembre 2006.
n dépit de ses faibles moyens en personnel, le Sytevom a mené à bien correctement cette
opé
l’équipement, respectés. Selon l’arrêté préfect
intervenir au plus tard en janvier 2007 : l’éq
E
ration de construction pourtant complexe.
9.3
L’exploitation du CVD
9.3.1
Le choix des modes de gestion des équipements
Les services du Sytevom ont examiné les différents modes de gestion envisageables
e disposer d’un poste à temps plein sur le centre. Il fait plus facilement
nt jugés plus faibles dans le cadre d’une gestion
pérateurs privés
ée, du fait d’un niveau de tonnage traité
l’exploitation de l’unité de valorisation énergétique du centre de valorisation des
échets, le Sytevom n’a pas conduit une réflexion similaire à celle qui a porté sur le centre de
i, et a choisi de confier la prestation à une société privée, mais la technicité de la prestation à
aliser rendrait problématique une gestion en régie directe : peu d’usines de ce type sont
érées en régie directe et les rares cas de régie correspondent à des situations « historiques »
anciennes.
pour le centre de tri : gestion en régie (régie personnalisée ou régie à autonomie financière) ou
par un prestataire privé, au regard en particulier de la gestion des ressources humaines, de la
maintenance et du coût de gestion. Le Sytevom a retenu un mode de gestion par prestataire
privé dans le cadre d’un marché public, mode de gestion en vigueur pour la plupart des
centres de tri en France (158 sur 195). Les principales raisons de ce choix sont les suivantes :
-
un prestataire privé est plus à même d’optimiser les ressources humaines. Disposant
d’un réseau, il peut mutualiser les personnels d’encadrement pour lesquels il n’est pas
nécessaire d
face aux problèmes d’absentéisme fréquents dans les centres de tri en raison de la
difficulté des taches et de leur caractère peu qualifié : mise en place de mesures
incitatives, remplacement par du personnel du réseau de l’entreprise. Un prestataire
privé peut également faire appel plus facilement à des personnels en situation
d’insertion.
-
les risques d’arrêt de la production so
privée. Le Sytevom fait état de taux de disponibilité des équipements de 90 % des
temps de production en moyenne chez les opérateurs privés contre 75 à 80 % en régie.
Cela peut tenir à la mutualisation des connaissances chez les o
favorisant une plus grande maîtrise technique des équipements, le partage de pièces,
des délais d’intervention plus courts.
-
les coûts seraient plus faibles en gestion priv
supérieur
(meilleure
maintenance
des
équipements) :
105,4
€/tonnes
contre
115,6 €/tonnes pour 8 000 tonnes traitées selon l’estimation réalisée.
La chambre porte une appréciation positive sur la démarche de réflexion du Sytevom
en vue d’appréhender le meilleur mode de gestion de l’équipement. Elle a permis au conseil
syndical de faire un choix en connaissance de cause.
Pour
d
tr
ré
g
41/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
9.4
La problématique du deuxième four
Après la délivrance de la première autorisation préfectorale d’exploiter limitée à
41 000 tonnes par an, le Sytevom avait déposé une nouvelle demande en vue de
l’élargissement de cette autorisation à 70 000 tonnes. Fin 2008, une nouvelle autorisation
préfectorale a été délivrée pour 65 000 tonnes. Dans ses réponses au rapport d’observations
provisoires, le président actuel a précisé que bien qu’opposé à cette extension, il n’avait pas
eu le temps de faire valoir ses arguments auprès du conseil départemental de l’environnement
et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) car il était alors élu depuis très peu de
temps. L’extension de l’usine était possible par la mise en jeu de la tranche conditionnelle
pré
orogée jusqu’en 2010). Néanmoins, le
nou
e cette possibilité et a privilégié la
recherche d’un partenariat avec le syndicat de traitement du Territoire de Belfort, le Sertrid.
nes maximum, correspondant au secteur Est du territoire du syndicat de manière à
limite
ixte
d’étud
esure où les deux collectivités avaient préalablement indiqué leur volonté de
collaborer, et où les prestataires potentiels étaient peu nombreux. Néanmoins, de telles
pro
ats de
col
doit
être soulignée.
nvisagé était de
78
l’ins
provenance
traitement du Sytevom et repoussée. Deux scénarios avaient été comparés :
vue au marché de construction passé avec TIRU (pr
veau président, n’a pas souhaité mettre en oeuvr
9.4.1
Le marché passé avec le Sertrid
Un appel d’offres a ainsi été lancé en vue de la réalisation du traitement thermique avec
valorisation énergétique des déchets ménagers. Le tonnage annuel était estimé à
12 000 ton
r les circuits de transports. Plusieurs entreprises ont retiré le dossier de consultation,
mais seul le syndicat de traitement du département du Territoire de Belfort (syndicat m
es et de réalisation pour le traitement intercommunal des déchets, SERTRID) a déposé
une offre.
Le SERTRID étant seul candidat s’est vu attribuer le marché sur la base d’une
proposition de 85 €/tonne (auxquelles s’ajoute la TGAP pour un taux de 7 € à l’époque).
La chambre constate que cette procédure était régulière. La consultation avait un aspect
formel dans la m
cédures de consultation ne sont pas systématiquement mises en oeuvre entre syndic
lecte et de traitement des ordures ménagères, et la rigueur de la démarche du Sytevom
9.4.2
Les conditions économiques de collaboration avec le SERTRID
L’hypothèse d’une collaboration avec le Sertrid avait été évoquée à différentes reprises
par le Sytevom. En mars 2006, le Sertrid avait fait parvenir une proposition au Sytevom en
vue du traitement de 28 000 tonnes de déchets ménagers. Le coût e
€ HT/tonne. Le Sertrid sollicitait également la mise en place d’un partenariat pour
tallation d’un centre de tri permettant de traiter de 5 500 à 9 000 tonnes de déchets en
du Territoire de Belfort. Cette proposition avait été examinée par la commission
42/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
-
un coût de traitement à la tonne de 68 € pour une unité de valorisation
énergétique (UVE) de 70 000 tonnes (39,5 € la tonne en fonctionnement et
e de 79 € pour une UVE de 41 000 tonnes (34 € la tonne en
sur le fait que les coûts de gestion à la tonne
se réduis
s à traiter. Or, à cet égard, le
conte
inué : il était de 60 000 tonnes en
2008
es apportés au Sertrid contribuent
à l’am
t si le Sytevom parvient à récupérer la
partie
ourrait
souhaiter modifier ses tarifs ou ne pas soumissionner lors de la prochaine consultation. Dans
ses
ue le prochain
a
e sens.
28,5 € la tonne en investissement pour le remboursement des emprunts, le
montant de l’investissement supplémentaire étant chiffré à 15 M€). Le coût total
de traitement était dans cette hypothèse de 4,7 M€.
-
un coût à la tonn
fonctionnement et 45 € la tonne en investissement)
26
; un coût de traitement à la
tonne de 78 € pour les 29 000 tonnes restantes à traiter au Sertrid, soit un coût
total de 5,5 M€.
La commission traitement estimait donc que la proposition du Sertrid conduisait à
un surcoût de 0,7 M€. Le raisonnement est fondé
ent si l’on augmente la capacité de traitement de l’usine, en raison de l’existence de
frais fixes. Cela est exact mais suppose que l’usine fonctionne à pleine capacité. Il n’est
toutefois pas tenu compte des coûts de transport.
À ces considérations s’ajoutait le fait que le Sertrid souhaitait mettre en place un
partenariat dans le domaine du tri et utiliser les installations de tri du CVD, ce que le Sytevom
estimait ne pas pouvoir offrir.
Fin 2008, après de nouvelles discussions avec le Sertrid, le Sytevom a revu sa
position et décidé de conclure un partenariat sur la base d’un coût de traitement de 85 € la
tonne, soit un niveau supérieur à la proposition de 2006. La chambre ne considère pas pour
autant qu’il s’agisse d’un mauvais choix économique. En effet les estimations de coût sont
étroitement dépendantes des projections réalisées sur les tonnage
xte a évolué et le volume de déchets à traiter a dim
et de 55 967 tonnes en 2009
27
. Par ailleurs, les volum
ortissement de ses installations, aujourd’hui en surcapacité.
La solution retenue présente toutefois des faiblesses.
Il subsiste d’abord des incertitudes sur le caractère durable de la réduction du volume
des déchets à traiter, qui pourra augmenter notammen
incinérable du tout venant des déchetteries, comme il en a le projet. La question de
l’incinération des déchets actuellement enfouis au CET de Vadans pourra également se poser
(déchets produits localement par le Sictom de Gray).
La collaboration avec le Sertrid reste également précaire, car elle est simplement
contractuelle. La durée du marché est d’un an, renouvelable une fois, et le Sertrid p
réponses au rapport d’observations provisoires, l’ordonnateur a indiqué q
rché serait passé pour une durée plus longue : la chambre l’encourage dans c
m
10
LA SITUATION FINANCIÈRE DU SYTEVOM
Le Sytevom dispose d’un budget principal ainsi que, depuis 2007, d’un budget annexe
pour la régie déchetteries, qui réalise des transports de certains flux de déchetteries en lieu et
place des entreprises privées (Cf. infra partie
). Ce budget monte en puissance
progressivement au fur et à mesure du recrutem
11.2
ent de nouveaux chauffeurs et de la prise en
26
Aujourd’hui, ce coût est évalué à 73,29 €/tonnes HT (TGAP comprise), se décomposant en 28,77 € en
investissement et 44,52 € en fonctionnement (données 2008).
27
41 310 tonnes incinérées au CVD, 11 373 tonnes enfouies à Vadans, 3 285 tonnes incinérées à Bourogne.
43/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
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charge de nouveaux flux, mais il représente encore une part réduite de l’ensemble des
dépenses du Sytevom
es comptes est donc
entrée sur le budget principal.
gie déc
apitre
Sec
(5,1 % en 2009) (voir Tableau 8). L’analyse d
c
Tableau 8 : Budget annexe « ré
hetteries » (en €)
Ch
tion Fonctionnement
2007
2008
2009
011
Charges à caractères général
135 977
262 636
406 426
54 582
114 821
158 232
dont carburants
51 060
102 725
dont locations mobilières
159 499
012
Charges de
assimilés
personnel et frais
67 926
176 951
357448
65
Autres charges de
ion courante
gest
2
1
67
Charges exceptionnelles
1 057
Total dépenses
203 906
439 588
764
32
9
013
4
05
6 035
70
Ventes de produits fabriques prestation
207
39
431
29
6
1
38 112
188 861
2
dont ventes de produits résiduels
32 795
vités annexes
dont autres produits acti
193 678
30 360
74
Subventions d’exploitation
713 130
75
Autres produits de gestion courante
196
1240
77
Produits exceptionnels
4 125
6 414
Total recettes
208 044
435 450
764 932
Source : comptes de gestion
10.1
La section de fonctionnement
10.1.1
Les dépenses de fonctionnement
L’évolution des dépenses de fonctionnement depuis 2004 est retracée dans le tableau ci-
après.
44/88
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Tableau 9 : Section de fonctionnement-Budget principal-dépenses (en €)
Chapitre
2004
2005
2006
2007
2008
2009
VMA
011 Charges à caractère général
8 031 568
7 779 404
8 534 604
9 317 050 10 039 820
11 167 177
6,81 %
60 Achats et variation de stocks
20 877
40 597
495 788
2 660 233
409 187
468 779
86,32 %
61 Services extérieurs
7 463 803
6 955 664
7 053 118
6 190 518
9 081 288
9 569 954
5,10 %
62 Autres services extérieurs
129 488
169 014
159 091
188 631
335 557
911 514
47,74 %
63
Impôts, taxes et versements
assimilés
417 401
614 129
826 607
277 668
213 789
216 930
-12,27 %
637
Autres impôts, taxes et vers.
assimilés (autres organismes)
354 674
412 142
621 218
210 680
166 105
160 520
-14,66 %
012 Charges de personnel
713 243
885 713
1 016 338
956 297
1 231 549
1 111 159
9,27 %
621 Personnel extérieur au service
450 073
595 063
648 824
504 560
771 174
644 834
7,46 %
633
Impôts, taxes et versements
assimilés
3 382
3 588
4 564
5 639
5 594
5 330
9,53 %
64 Charges de personnel
259 789
287 062
362 950
446 098
454 780
460 995
12,15 %
65
Autres charges de gestion
courante
155 456
360 662
216 308
429 906
320 792
350 782
17,68 %
66 Charges financières
67 207
113 662
203 423
767 567
841 236
920 126
68,77 %
67 Charges exceptionnelles
17 532
0
231
2 218
78 282
5 525
-20,62 %
68
Dotations aux amortissements
et provisions
1 065 012
1 007 171
996 853
1 308 930
1 011 736
528 334
-13,08 %
042
Sous-total opération d'ordre
entre sections
1 065 012
1 007 171
996 853
1 315 930
1 011 736
528 334
-13,08 %
Dépenses réelles de
fonctionnement
10 050 019
10 146 611
10 967 758
12 781 969 13 523 415 14 083 102
6,98 %
Source : comptes de gestion
et compte administratif 2009.
Le niveau global des dépenses augmente sur la période, de 10 M€ à 14 M€.
Cette augmentation provient pour l’essentiel de l’accroissement des charges à
caractère général. À compter de 2007, le Sytevom a dû assumer en particulier la charge des
marchés d’exploitation du centre de valorisation : marché avec l’entreprise Idex pour l’unité
de valorisation énergétique (2 404 711 € en 2007 et 2 805 820 € en 2008) ; marché passé avec
le groupement Coved/Idex pour le centre de tri (950 311 € en 2007 et 1 172 204 € en 2008).
Les charges de personnel sont également en hausse, ce qui correspond au
renforcement des effectifs du Sytevom : création d’un poste de chargé de mission prévention
et d’un maître composteur, postes cofinancés par l’ADEME. Le Sytevom comprend au total
dix postes, auxquels s’ajoutent les chauffeurs de la régie déchetteries progressivement mise en
place à compter de 2007, et dont les rémunérations sont comptabilisées sur le budget annexe
de cette régie. En dehors de la problématique particulière de la régie déchetteries, le Sytevom
apparaît correctement dimensionné en personnel. Une partie importante de son activité a été
initialement consacrée à la construction du CVD (en particulier un ingénieur), mais
progressivement, d’autres missions sont montées en charge telle la prévention ou la gestion
des autres équipements.
Enfin, les charges financières sont en augmentation, compte tenu des emprunts
contractés par le Sytevom pour financer ses investissements.
45/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Le Sytevom établit une comptabilité analytique ventilant les coûts et les recettes par
service, annexée au compte administratif (Cf. infra, partie 11). La ventilation synthétique des
coûts et des recettes correspondantes est la suivante, pour le fonctionnement (année 2009
comparée à l’année 2004) :
Tableau 10 : Recettes et dépenses de fonctionnement par service
2004
2009
Services
dépenses
recettes
solde
dépenses
recettes
solde
Autre mouvts
fin.
1 051 765
807 301
-244 464
0
4 647 904
4 647 904
Charges et
produits
72 254
3 806 125
3 733 871
4 604 894
4 604 894
Siège
350 651
24 719
-325 932
535 305
169 658
-365 647
Assemblée
locale
43 963
0
-43 963
57 358
0
-57 358
Bulletins
d'informations
103 531
0
-103 531
161 559
107 036
-54 523
Associations
diverses
13 284
0
-13 284
8 085
-8 085
Frais
communs OM
0
0
0
714 591
5 641 613
4 927 022
Usine
d'incinération
766
0
-766
5 259 711
856 716
-4 402 995
Quais de
transfert
641 134
20 315
-620 819
757 866
13 125
-744 741
PAV
1 581 589
1 210 108
-371 481
917 598
2 588 823
1 671 225
Déchetteries
3 315 265
466 913
-2 848 352
4 584 500
328 827
-4 255 673
Centre de
stockage
2 850 767
5 345 249
2 494 482
919 338
100 643
-818 695
Collecte
sélective PAP
25 045
1 211
-23 834
167 189
0
-167 189
Totaux
10 050 014
11 681 941
1 631 927
14 083 100
19 059 239
4 976 139
Source : comptes administratifs.
En 2009, les coûts sont pour l’essentiel concentrés sur deux types d’équipements :
l’usine d’incinération (CVD) d’une part (5,3 M€)
et les déchetteries d’autre part (4,6 M€). Par
ailleurs, les coûts de tous les équipements sont orientés à la hausse (points d’apport
volontaire, quais de transfert, déchetteries) à l’exception de ceux du centre d’enfouissement
(CET de Vadans), dont l’activité s’est réduite. Les points d’apport volontaire génèrent
aujourd’hui des recettes supérieures au coût de gestion, ce qui n’était pas le cas en 2004. Le
Sytevom dispose des mêmes données pour l’investissement.
46/88
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SYTEVOM
10.1.2
Les recettes de fonctionnement
L’évolution des recettes de fonctionnement du Sytevom est retracée dans le tableau
suivant.
Tableau 11 : Section de fonctionnement-Budget principal-recettes
2004
2005
2006
2007
2008
2009
VMA
013 Atténuation de charges
160
768
632
6 941
16 206
70
Produits du domaine et
ventes diverses
5 997 673
5 934 532
6 252 482
7 194 684
7 767 359
7 340 100
4,12 %
73 Impôts et taxes
0
0
0
0
0
74
Dotations, subventions et
participations
4 805 660
5 914 454
7 077 275
5 309 234
6 800 483
7 048 054
7,96 %
75
Autres produits de gestion
courante
3 723
7 329
6 887
8 706
11 038
7 266
14,31 %
76 Produits financiers
21 765
55 405
53 225
83 699
0
77 Produits exceptionnels
821 192
789 547
763 435
801 838
738 985
391 445
-13,77 %
79 Transferts de charges
31 768
9 368
0
0
0
002
Excédent de fonctionnement
reporté
5 803 968
6 401 872
3 260 308
3 097 156
Total recettes
17 485 908
19 113 273
17 414 245
16 502 258
15 334 071 14 786 865
-3,30 %
Recettes réelles de fonctionnement
11 681 941
11 941 499
14 153 937
13 405 102
15 334 071 14 786 865
4,83 %
Source : comptes de gestion. Données 2009 provisoires.
Les recettes de fonctionnement du Sytevom proviennent pour l’essentiel des syndicats
et communautés de communes adhérentes. Leur participation prend deux formes :
-
une contribution par habitant qui a été majorée à plusieurs reprises depuis la création
du Sytevom. D’un montant de 14,48 € par habitant en 2000, elle a été portée à 16 € en
2003, 17 € en 2005, 18 € en 2006 et enfin 18,70 € en 2009.
-
une contribution instituée en 2002 lors de la prise de la compétence « traitement » du
Sytevom, et destinée à financer le transport et le traitement des déchets. Elle est
déterminée en fonction du tonnage des déchets apportés par chaque adhérent du
Sytevom. Elle était en 2009 de 94 € la tonne.
Le tableau suivant montre la part relative de ces deux contributions dans les recettes du
Sytevom. Elle varie selon les années entre 63 % et 78 % des recettes du Sytevom.
47/88
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SYTEVOM
Tableau 12 : Principales recettes de fonctionnement du Sytevom
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Cotisation adhérents (€/hab)
3 897 475
4 132 988
4 350 914
4 365 957
4 364 019
4 617 135
% des recettes totales
33 %
35 %
31 %
33 %
28 %
31 %
Contributions adhérents au traitement et
transfert (€/tonne)
5 063 098
4 948 002
5 156 422
5 583 578
5 233 788
5 246 179
% des recettes totales
45 %
41 %
38 %
43 %
35 %
35 %
Tarif d'enlèvement des déchets industriels
et commerciaux
246 847
297 087
225 221
239 636
157 468
172 436
% des recettes totales
2 %
2 %
2 %
2 %
1 %
1 %
Autres ventes de produits finis
(valorisation)
687 729
689 443
870 839
1 258 931
858 216
810 456
% des recettes totales
6 %
6 %
6 %
9 %
6 %
6 %
Total recettes fonctionnement
11 681 941
11 941 499
14 153 937
13 405 102
15 334 071
14 786 865
Source : CRC
Le Sytevom bénéficie également de recettes provenant de l’achat des déchets recyclés
par les filières industrielles, ainsi que du soutien à la valorisation accordé par Éco-Emballages
ou Adelphe. Les valeurs de reprise par les filières peuvent fluctuer en fonction des cours de
marché de ces « matières premières secondaires ».
Enfin, le Sytevom perçoit des recettes spéciales pour les déchets industriels banals
récoltés dans les déchetteries, qui sont acceptés sous certaines conditions (quantités
autorisées, type de véhicules autorisés, jours de dépose). Le montant du tarif a été augmenté
progressivement pour passer à 18 € HT le m
3
en 2008. L’accueil de ces déchets n’est pas une
obligation légale, car leur élimination relève normalement de sites professionnels dédiés, mais
dont le nombre est insuffisant en Haute-Saône. Son produit est faible (157 466 €). La gestion
de ce dispositif, qui nécessite une facturation particulière, est lourde, à la fois pour les services
du Sytevom et ceux de la paierie départementale, en raison des montants importants
d’impayés. Un décompte réalisé par le Sytevom montre que les recettes perçues auprès des
professionnels ne couvrent pas les frais de gestion : l’accueil des DIB est donc une mission
facultative que le Sytevom remplit en lieu et place des professionnels, à perte. Une action est
programmée avec les autres syndicats de traitement de la région et les chambres consulaires
afin de mieux maîtriser les flux.
Les recettes du Sytevom sont en augmentation entre 2004 et 2008 puisqu’elles passent
de 11,6 M€ à 15,3 M€. Cette augmentation provient :
-
de recettes nouvelles : la mise en service du centre de valorisation des déchets a
permis au Sytevom de bénéficier en 2008 de 915 509 € de produits de vente
d’électricité à EDF ;
-
de l’augmentation des participations des collectivités, qui passent de 3,8 M€ à 4,3 M€
(cotisation par habitant) et de 5 M€ à 5,2 M€ (transport et traitement) ;
-
de l’augmentation des tonnages recyclés, qui permet de bénéficier de participations en
hausse des repreneurs et des organismes de soutien : les points d’apport volontaire ont
ainsi contribué aux recettes à hauteur de 2,9 M€ en 2008 contre 1,2 M€ en 2004, et les
déchetteries de 0,7 M€ en 2008 pour 0,6 M€ en 2004 ;
-
le Sytevom a également perçu en 2007 et 2008 des subventions importantes de
l’Ademe pour l’opération de compostage individuel et d’Éco-Emballages pour l’étude
d’optimisation (1,9 M€) ;
48/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
L’exercice
2009
marque
néanmoins
une
inflexion
puisque
les
recettes
de
fonctionnement diminuent et passent à 14,8 M€ en raison de la baisse des recettes de
valorisation en provenance des filières de valorisation, ainsi que de la baisse des tonnages
confiés par les syndicats.
10.1.3
Résultats de fonctionnement et épargne brute
Les résultats de fonctionnement sur la période figurent dans le Tableau 13. Ils sont
largement positifs sur la période, avec toutefois un fléchissement en 2007. Le haut niveau des
résultats cumulés traduit la politique du Sytevom qui a volontairement fixé les contributions
des communes à un niveau lui permettant d’autofinancer autant que possible les équipements
à venir. Les déchetteries ont ainsi été complètement autofinancées, et le CVD à hauteur de
9,3 M€.
L’évolution de l’épargne brute est retracée dans le Tableau 15. Les différences entre
épargne brute et résultat de l’exercice proviennent de la prise en compte des dépenses d’ordre
(amortissement) pour le calcul du résultat. L’épargne brute représente la somme effectivement
disponible pour investir.
La chambre observe
que l’épargne brute, bien que fluctuante, est restée sur la période
à des niveaux élevés, ce qui résulte largement du niveau des contributions des membres du
syndicat, qui lui assurent des ressources stables.
Néanmoins, en 2009, l’épargne brute s’est nettement dégradée, sous l’effet de
l’augmentation des charges d’exploitation du CVD et de la diminution des recettes.
10.1.4
Les prévisions budgétaires et leur réalisation
Une comparaison entre les prévisions budgétaires et les réalisations en fonctionnement
est présenté dans le Tableau 13.
Tableau 13 : Taux d’exécution des dépenses – Section de fonctionnement (en €)
2004
2005
2006
2007
2008
2009
VMA
Prévisions budgétaires
21 808 643
18 966 373
16 741 001
17 831 006
18 765 428
19 020 186
-2,7 %
Titres émis
11 681 940
12 711 401
14 153 936
13 405 102
15 334 070
14 786 865
4,8 %
Recettes
pourcentage de réalisation
53,6 %
67,0 %
84,5 %
75,2 %
81,7 %
77 ,7 %
7,7 %
Autorisations budgétaires
17 254 423
19 198 923
16 740 250
17 830 772
18 765 428
19 020 185
2,0 %
Mandats émis
10 050 019
10 147 666
10 967 758
12 788 969
13 523 414
14 083 102
7,0 %
Dépenses
pourcentage de réalisation
58,2 %
52,9 %
65,5 %
71,7 %
72,1 %
74,0 %
4,9 %
Résultat de l'exercice A
1 631 921
2 563 735
3 186 177
616 133
1 810 656
703 763 ,12
-15,5 %
Résultat reporté
B
5 803 967
7 435 888
8 965 606
6 446 485
3 713 288
5 496 822
-1,1 %
Résultat affecté
C
0
1 034 017
5 705 298
3 349 329
27 123
1 224 448
Résultat cumulé
D = A+B-C
7 435 888
8 965 606
6 446 485
3 713 288
5 496 821
4 976 137
-7,7 %
Source : comptes administratifs et comptes de gestion.
Bien qu’en augmentation sur la période, les taux de réalisation sont faibles pour une
section de fonctionnement. En dépenses, cela peut s’expliquer en partie par les provisions
semi-budgétaire inscrites aux budgets primitifs pour la post-exploitation du centre de stockage
de Vadans qui n’ont pas donné lieu à mandatement (voir les développements spécifiques ci-
49/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Le Sytevom doit s’attacher à améliorer la sincérité de ses prévisions.
10.1.5
Les provisions et garanties constituées pour la post-exploitation du
CSDU de Vadans
La fermeture du CSDU de Vadans, maintenant prévue pour 2014, donnera lieu comme
pour tout centre d’enfouissement à des travaux de post-exploitation :
-
réaménagement final : couverture, drainage, étanchéité, végétalisation ;
-
suivi à long terme : suivi technique des tassements, des biogazs et des lixiviats,
analyse des effluents.
Ce suivi est destiné à prévenir les risques de pollution durant une période de 30 ans.
Cette post-exploitation donne lieu à un provisionnement et à un cautionnement
bancaire. Les deux mécanismes doivent être bien distingués car ils n’ont ni le même objet ni
la même traduction financière et comptable. Seules les modalités de provisionnement
appellent une remarque de la chambre : le cautionnement, rendu obligatoire par l’article L.
516-1 du code de l’environnement a été régulièrement effectué par le Sytevom.
Le Sytevom a également provisionné les charges futures de post-exploitation qu’il devra
assumer, sur la base de l’article R. 2321-2 du code général des collectivités territoriales selon
lequel la collectivité peut décider de constituer des provisions
« dès l’apparition d’un risque
avéré »
. Selon l’article R. 2321-3 du même code, les provisions donnent lieu à inscription
d’une dotation au compte 68 en section de fonctionnement sans contrepartie en recettes
d’investissement : il s’agit alors de provisions dites « semi-budgétaires ». Toutefois, la
collectivité peut opter pour un régime de provisions « budgétaires » : dans ce cas, elle inscrit
également une recette en section d’investissement. Dans les deux cas, la collectivité doit
équilibrer la dotation au compte 68 (dépense d’ordre ne donnant pas lieu à décaissement) par
la mobilisation de recettes réelles de fonctionnement. Mais dans le second, elle ne peut
équilibrer la section d’investissement par une recette d’ordre, et doit inscrire d’autres recettes
sur cette section (budgétisation de la recette).
Après des interrogations ayant donné lieu à consultation de la préfecture de Haute-
Saône, le Sytevom a décidé d’inscrire une dotation au budget primitif 2008 pour une somme
de 3 333 551 € au compte 6815. Elle n’a pas donné lieu à inscription d’une recette
correspondante en section d’investissement. La collectivité a donc appliqué le régime de droit
commun de la provision semi-budgétaire. Ce mécanisme est plus rigoureux puisqu’il conduit
à financer réellement la dotation aux provisions. Néanmoins, la collectivité a omis de
procéder au mandatement de cette somme. L’instruction M14 prévoit pourtant un
mandatement dans ce cas (Tome 2, Titre 3, partie 3.1) :
« L'ordonnateur émet un mandat au compte 68 pour constituer la dotation. Le comptable
enregistre le mandat dans la comptabilité budgétaire et débite dans sa comptabilité générale
50/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
le compte 68 par le crédit du compte de provision à terminaison 1 (15..1, 29..1, 39..1, 49..1 et
59..1.) ».
Seul le comptable mouvemente alors un compte 15 non budgétaire, pour faire apparaître
l’opération au bilan. La dépense apparaît au compte administratif, mais pas la recette
d’investissement. Dans le cas d’une provision budgétaire, un titre serait émis et la recette
apparaitrait en recettes d’investissement au compte administratif.
Par ailleurs, l’article R. 2321-2 du code général des collectivités territoriales prévoit
également que :
« Le montant de la provision, ainsi que son évolution et son emploi, sont retracés sur
l’état des provisions joint au budget et au compte administratif. »
Néanmoins, aucune annexe de ce type n’est réalisée par le Sytevom.
Après communication du rapport d’observations provisoires de la chambre,
l’ordonnateur a procédé au mandatement de la somme provisionnée au compte 6815 afin de
régulariser la situation.
10.2
La section d’investissement
Les dépenses et recettes d’investissement en prévision et en réalisation sont présentées
dans le Tableau 14.
Tableau 14 : Taux d’exécution des dépenses – Section d’investissement (en €)
2004
2005
2006
2007
2008
2009
VMA
Prévisions budgétaires
8 162 114
22 229 672
26 461 330
17 435 529
2 857 870
3 974 258
-13,4 %
Titres émis
1 252 485
10 688 145
21 033 411
15 125 362
1 617 279
1 917 649
8,9 %
Recettes
Taux d’exécution
15,3 %
48,1 %
79,5 %
86,8 %
56,6 %
48,3 %
Autorisations budgétaires
8 162 114
22 229 672
26 461 330
17 435 529
2 857 870
2 841 054
25,8 %
Mandats émis
2 591 079
12 893 444
21 143 424
11 803 155
2 723 359
1 648 359
-19,0 %
Dépenses
Taux d’exécution
31,7 %
58,0 %
79,9 %
67,7 %
95,3 %
58,0 %
Résultat de l'exercice
A
-1 338 593
-2 205 298
-110 013
3 322 206
-1 106 079
269 290
-4,70 %
Résultat reporté
B
304 576
-1 034 017
-3 239 316
-3 349 329
-27 123
-1 133 203
-172,6 %
Résultat affecté
C
-
-
-
-
-
Solde d'exécution cumulé
D = A+B-C
-1 034 017
-3 239 316
-3 349 329
-27 123
-1 133 203
-863 913,20
-3,5 %
Source : comptes administratifs et comptes de gestion
Les résultats d’investissement de l’exercice évoluent de - 1,3 M€ en 2004 à - 1,16 M€
en 2008 avec des fluctuations entre 2005 et 2007 qui s’expliquent par une hausse des recettes
et dépenses correspondant à la construction du centre de valorisation et de tri entre 2005 et
2007. L’existence de résultats d’investissement négatifs est normale, en particulier si la
collectivité augmente ses investissements.
Les niveaux d’exécution sont inégaux et parfois faibles, ce qui est plus
compréhensible en section d’investissement qu’en section de fonctionnement, car la
réalisation des dépenses dépend des aléas de chantier. Néanmoins, à compter de 2004-2005,
les montants prévisionnels de l’opération de construction du CVD étaient connus, et le
calendrier de construction a été respecté. Les prévisions de dépenses auraient donc du donner
lieu à une meilleure réalisation.
51/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
10.3
L’équilibre financier du Sytevom
Tableau 15 : Tableau d’équilibre financier du Sytevom (en €)
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Recettes réelles de fonctionnement (a)
11 681 940
11 941 499
14 153 936
13 405 102
15 334 070
14 411 334
Dépenses réelles de fonctionnement (b)
8 998 254
10 147 666
9 970 904
11 480 038
12 511 678
13 553 369
Epargne brute (c=a-b)
2 683 686
1 793 833
4 183 031
1 925 063
2 822 392
857 964
Remboursement brut de la dette
115 942
121 752
125 840
4 807 599
528 807
553 350
Remboursement emprunts anticipés
0
0
0
0,00
0
Epargne nette (e=c-d)
2 567 744
1 672 081
4 057 191
-2 882 535
2 293 585
304 614
Recettes d'investisst hors emprunt (f)
200 720
2 054 128
1 264 925
717 102
578 420
26 220
Recettes disponibles à l'investisst (g=e+f)
2 768 464
3 726 209
5 322 117
-2 165 433
2 872 005
330 834
Dépenses d'investisst hors rembst (h)
2 475 136
12 123 542
21 017 584
6 995 556
2 194 552
582 229
Besoin de capitaux externes (i=h-g)
-293 327
8 275 581
15 695 467
9 160 990
-677 452
251 394
Produits des emprunts hors refinanct (j)
0
7 600 000
13 066 333
9 750 000
0
Variation du fonds de roulement (k=j-i)
293 327
-675 581
-2 629 134
589 009
677 452
-251 394
Fonds de roulement (l)
6 401 871
5 726 290
3 097 156
3 686 165
4 363 618
4 112 224
Source : CRC.
Comme constaté supra, l’épargne brute s’est maintenue à un niveau élevé jusqu’en
2008, ce qui a permis d’autofinancer en grande partie le CVD.
Du fait de la construction du CVD, l’investissement s’est fortement accru sur la
période, passant de 2,5 M€ en 2004 à 21 M€ en 2006, avant de décroitre à nouveau à 2,2 M€
en 2008. Le Sytevom a donc eu besoin de capitaux externes et a commencé à emprunter en
2005, ce qu’il ne faisait pas auparavant. Le remboursement de cette dette commence à partir
de 2007. Néanmoins, cette année là, le remboursement brut de la dette connaît un pic anormal
de 4,8 M€ car un emprunt de 4,5 M€ a été mobilisé à tort et remboursé quelques semaines
plus tard.
Le montant de la dette atteint 26,5 M€ fin 2008 et la capacité de désendettement
28
est
de 9,4 ans. Elle était de 14 ans en 2007. Ce ratio est dégradé par rapport à l’année 2004
(0,6 ans) car le Sytevom était à cette époque très peu endetté. La dégradation est normale car
la collectivité s’est endettée pour financer cet investissement exceptionnel. Il restera toutefois
à surveiller car la dette du Sytevom, jeune et longue, sera faiblement amortie dans les
prochaines années. Par contre, l’épargne brute peut être plus fluctuante. Ainsi en 2009, la
baisse de l’épargne brute entraine une détérioration mécanique de la capacité de
désendettement, qui passe à trente ans.
Le fonds de roulement était très élevé en début de période (6,4 M€ en 2004). Cela
correspond à une situation « historique » du Sytevom, qui avait anticipé la réalisation du CVD
depuis de nombreuses années et sollicité de ses adhérents des contributions destinées à
financer ce futur investissement. Ce point avait été évoqué par la chambre au cours de son
précédent contrôle : ce niveau élevé était justifié par la perspective des importants
investissements futurs.
Le fonds de roulement a diminué entre 2004 et 2006, passant de 6,4 M€ à 3,1 M€. Il
réaugmente par la suite pour atteindre 4,3 M€ en 2008, et 3,9 M€ en 2009. Il reste
globalement à un niveau élevé, ce qui peut surprendre. En effet, ce fonds de roulement aurait
pu être absorbé par la réalisation du CVD. Cela ne signifie pas que le Sytevom ait mobilisé
28
La capacité de désendettement est le ratio dette/épargne brute. Elle s’exprime en nombre d’années. Elle
mesure le nombre d’années que la collectivité mettrait pour rembourser sa dette si elle y consacrait toute son
épargne brute.
52/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Dans ses réponses au rapport d’observations provisoires, l’ordonnateur indique qu’une
épargne brute élevée s’avère aujourd’hui moins justifiée compte tenu de l’abandon du projet
de second four. Il estime que la contrainte du Sytevom est avant tout de s’assurer que la
capacité de désendettement générée sur les prochains exercices est cohérente avec la durée
d’amortissement technique de l’équipement, qui serait précisément de trente ans.
La chambre souligne toutefois que ce raisonnement n’est valable que dans l’hypothèse
où le Sytevom ne procède ni à de nouveaux emprunts ni à des renégociations conduisant à
allonger la durée résiduelle d’amortissement au-delà de la durée d’amortissement technique.
Sa marge de manoeuvre se trouve donc réduite pour financer de nouveaux investissements par
l’emprunt.
10.4
La gestion de la dette
10.4.1
L’évolution de l’encours d’emprunts
L’évolution de la dette du Sytevom est retracée dans le Tableau 16.
Tableau 16 : Evolution de l'encours de dette du Sytevom (en €)
2 004
2 005
2 006
2 007
2 008
2 009
Encours au 01/01
1 792 273
1 676 331
9 154 579
22 095 071
27 037 472
26 508 665
Remboursement de la
dette en capital
115 942
121 752
125 840
4 807 599
528 807
553 350
dont 1641+1643
115 942
121 752
125 840
4 807 599
528 807
553 350
dont ONB au
1641
0
0
0
0
0
0
dont CLTR
0
0
0
0
0
0
dont autres dettes
0
0
0
0
0
0
Emprunts nouveaux de
l'année
0
7 600 000
13 066 333
9 750 000
0
0
dont 1641+1643
0
7 600 000
13 066 333
9 750 000
0
0
dont CLTR
0
0
0
0
0
0
Encours au 31/12
1 676 331
9 154 579
22 095 071
27 037 472
26 508 665
25 955 315
Source : CRC. Données 2009 provisoires.
En 2007, un emprunt de 4 500 000 € a été mobilisé à tort puis remboursé
intégralement au cours de l’exercice. Il apparaît sur les lignes « emprunts nouveaux » et
« remboursement de la dette en capital », mais cela n’a pas d’incidence sur le niveau
d’encours en fin d’exercice.
La dette du Sytevom s’est fortement accrue depuis 2005 puisqu’elle est passée de
1,6 M€ début 2005 à 26,5 M€ en 2008 et 25,9 M€ en 20009. Comme mentionné
précédemment, cette augmentation de l’encours de dette est liée à la construction du CVD,
qui s’est étalée sur les années 2005 et 2006 et dont le coût total hors subventions est de
35,2 M€. L’équipement a été autofinancé à hauteur de 9,2 M€.
53/88
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SYTEVOM
En 2004, les seuls emprunts du Sytevom étaient ceux transférés par le Sictom de Gray
à l’occasion de la reprise du centre de stockage de Vadans, et contractés auprès du Crédit
agricole. Le capital restant dû correspondant à ces emprunts était de 1 170 735 € fin 2008.
Les emprunts contractés directement par le Sytevom ont la particularité d’avoir fait
l’objet d’engagements contractuels bien antérieurs à la mobilisation effective du capital,
puisque les premiers contrats remontent à l’année 1999, alors que les fonds n’ont été appelés
qu’au cours des exercices 2005, 2006 et 2007.
Les contrats d’emprunts ont également été modifiés à de nombreuses reprises au cours
de la période. On peut évoquer en fait trois « générations » de produits.
En 1999, le Sytevom a organisé une consultation auprès de plusieurs établissements
bancaires pour un besoin de financement estimé à 25 916 332 € qui correspondait au projet tel
qu’il devait être réalisé à Port-sur-Saône. Le Sytevom a retenu l’offre de l’établissement
Dexia et a conclu un contrat d’emprunt « Presame » pour la totalité des besoins prévus. Ce
contrat comportait une phase de mobilisation et une phase d’amortissement, sa durée totale
était de 23 ans. La phase de mobilisation permet dans un premier temps de tirer les fonds et
éventuellement de les rembourser de manière souple, en fonction des besoins financiers de la
collectivité, c'est-à-dire du rythme de réalisation des dépenses liées à la construction de
l’équipement. Le taux d’intérêt est fixé sur la base de l’indice EONIA auquel s’ajoute une
marge. La phase d’amortissement est celle de la mobilisation complète de l’emprunt puis de
son remboursement. Elle comportait plusieurs « tranches » d’emprunts, dont les intérêts
étaient déterminés sur la base de taux que l’on peut qualifier de « classiques »
29
.
Compte tenu du retard pris pour la construction du CVD, ces « tranches » d’emprunt
n’ont en fait pas été mises en oeuvre. Elles ont fait l’objet de renégociations à la reprise du
projet sur le site de Noidans-le-Ferroux. Les taux d’intérêt ont été définis par des formules
plus sophistiquées introduisant notamment des barrières
30
. Ces dispositions n’ont toutefois
pas été mises en oeuvre puisqu’au cours de la phase contractuelle de mobilisation, les contrats
ont été à nouveau modifiés.
Ces nouvelles modifications se sont échelonnées entre 2007 et 2009 : le volume global
du capital à emprunter a changé et la durée des contrats a été allongée pour passer à une
trentaine d’années. Le mode de calcul des intérêts a été modifié : le Sytevom est alors passé à
des emprunts dits « structurés ». Le Tableau 17 retrace de manière synthétique l’historique de
la mobilisation des emprunts et de l’évolution des contrats.
29
T4M + 0,18 % ; Euribor + 0,12 % jusqu’à 20 ans ; TAM/TAG + 0,17 % jusqu’à 20 ans ; taux fixe : sur
cotation.
30
6 M€ : 1
ère
phase de 15 ans avec un taux fixe de 4,75 % si l’Euribor 3 mois est inférieur ou égal à 5 % ;
Euribor 3 mois + marge de 0,12 % si l’Euribor 3 mois est supérieur à 5 % ; 2
ème
phase de 15 ans, taux fixe de
4,75 %. 5,9 M€ : 1
ère
phase de 10 ans, si le Libor USD 3 mois est inférieur ou égal à 6,5 %, taux fixe de 4,6 % ;
sinon, Libor USD 3 mois + marge maximum de 0,12 % ; 2
ème
phase de 20 ans, taux fixe de 4,6 % ; 14 M€ : 1
ère
phase de 10 ans, 2xEuribor 12 mois post-fixé + 1,75 %. 7,5 M€ :
54/88
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SYTEVOM
Tableau 17 : Financement CVD – Récapitulatif synthétique des mouvements de fonds et des modifications
contractuelles
2005
2006
2007
Cumul
%
mobilisé/
souscrit
TOTAL MOBILISE
7 600 000
13 066 333
5 250 000
25 916 333
Vérif.
25 916 333
11 916 333
n° 983445/
984267
11 916 332
3 500 000
n° 235526
3 500 000
10 500 000
n° 240516
15 000 000
30 416 332
25 916 333
Valeur totale prêts souscrits
30 416 332
85.21%
Valeur disponible sur prêts
4 499 999
Ecrit.
Initiaux
Consolidé
100.00%
Ancien n°
6 000 000
6 000 000
229050/
237094
6 000 000
T 166
4 800 000
T 261
1 200 000
Ancien n°
1 600 000
4 316 333
5 916 333
229058/
237067
T 262
800 000
5 916 333
T 315
800 000
T 5
2 500 000
T 38
800 000
T 39
1 016 333
Ancien n°
982608
3 500 000
100.00%
nouv. n° 235526
14 000 000
consommé
T 78
1 650 000
pour 3,5 M€
T 217
1 850 000
(prêt clôturé)
Ancien n°
5 250 000
5 250 000
70.00%
229139
7,5 M€
refinancé à
4,5 M€
T 199
850 000
n° 985595
T 243
3 400 000
T 359
1 000 000
Refinancement
T 1
1 000 000
pour un
T 53
3 000 000
complément
T 171
1 250 000
de 10,5 M€
T 329
4 500 000
-4 500 000
Total enveloppe
prêts souscrits
7 600 000
13 066 333
5 250 000
85.21%
Vérif.
25 916 333
Financement
CVD - Récapitulatif synthétique des mouvements de fonds et des modifications contractuelles
Nouveau contrat Tofixia CMS Eur
Flexi (n° 258 470 puis 266434) conclu
le 24/09/2009 sur le
capital restant dû
(5 088 008 €)
Emprunt mobilisé puis remboursé sur
le même exercice. Nouveau contrat
Coryalis + Dual Eur CHF monétaire
(n° 253768 ) conclu le 30/11/2007
pour 4 500 000 €. N'a toujours pas été
mobilisé.
Contrats n° :
Emprunts d'un montant cumulé de
8 750 000 € regroupés dans un
nouveau contrat Dual USD JPY Fixe
(n° 984942 puis n° 258 753) conclu le
26/01/2007.
Dernière renégociation des contrats fin
2009
Nouveau contrat Tofixms + Flexi
(n° 264012) passé le 22/12/2008 sur le
capital restant dû
(11 350 907€)
Source : tableau Sytevom complété par CRC
L’évolution des contrats d’emprunts du Sytevom appelle les commentaires suivants.
55/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
10.4.2
Le rythme de mobilisation des emprunts
Comme vu supra, le Sytevom n’a que partiellement réduit son fonds de roulement au
cours de la période. Ce fonds de roulement important s’est traduit par une trésorerie
structurellement excédentaire
31
. Au 31 décembre 2008, la trésorerie du Sytevom était par
exemple de 3 576 097 €. Une trésorerie aussi importante pouvait permettre à la collectivité de
retarder le moment de réaliser les emprunts, et ainsi de diminuer ses frais financiers. La
reprise des résultats antérieurs cumulés des deux sections (fonds de roulement), toujours très
positifs, permettait comptablement d’équilibrer la section d’investissement sans inscription
d’emprunts.
Cette trésorerie réduisait également l’intérêt du recours aux lignes de trésorerie
prévues en première phase de contrats d’emprunts (phase de mobilisation avec paiements
d’intérêts basés sur l’EONIA).
10.4.3
Le montant du capital emprunté
Le Sytevom s’est engagé contractuellement dès 1999 sur un volume global d’emprunt,
ensuite modifié à plusieurs reprises. Le niveau de ses engagements s’avère aujourd’hui trop
élevé. En effet, le niveau de sa trésorerie reste très élevé. De plus, un contrat d’emprunt de 4,5
M€ a été souscrit en 2007 mais n’était pas mobilisé à la fin de l’enquête de la chambre.
Comme cela a été indiqué, le capital a été mobilisé une première fois en 2007, mais il a
ensuite été remboursé quelques semaines plus tard, le Sytevom n’ayant en réalité pas de
besoin de financement à cette hauteur. Après de nouveaux réaménagements contractuels, le
Sytevom se trouve aujourd’hui engagé par un contrat intitulé
« Coryalis + Dual Eur CHF
monétaire ».
Le capital de cet emprunt doit être appelé en décembre 2010, mais la direction
du Sytevom estime ne pas avoir besoin de ce nouveau financement. Il aurait pu en effet
financer la réalisation de la seconde ligne d’incinération, mais le Sytevom y a pour l’instant
renoncé.
Le Sytevom s’est donc engagé contractuellement de manière trop prématurée, ce qui l’a
empêché d’ajuster ses emprunts aux besoins de financement.
10.4.4
La durée des emprunts
Entre 1999 et 2007, la durée contractuelle des emprunts (variable selon les clauses
précises des différents contrats) est passée de 23 ans à 27 ou 30 ans, sans lien avec des
modifications de la durée d’amortissement de l’équipement ou de la situation financière du
Sytevom. Il convient de rappeler que l’allongement des durées de remboursement peut réduire
le montant du remboursement annuel en capital et ainsi améliorer l’épargne nette à court
terme, mais conduit globalement à un coût d’emprunt plus élevé.
31
La trésorerie à une date t est égale au fonds de roulement diminuée du besoin en fonds de roulement. La
trésorerie peut également être appréhendée comme le fonds de roulement corrigé du décalage entre l’émission
des titres et des mandats par l’ordonnateur et leur encaissement ou décaissement par le comptable.
56/88
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SYTEVOM
10.4.5
Les risques liés aux emprunts structurés
►
Les emprunts « structurés » contractés par le Sytevom sont des emprunts comportant
plusieurs phases dont les caractéristiques sont les suivantes. Dans un premier temps, la
collectivité bénéficie de taux bonifiés par rapport au marché. Dans un second temps, elle
conserve ou non ce taux bonifié selon des évolutions d’indices de marchés financiers. Si ces
évolutions sont défavorables, la collectivité paie un taux dégradé, généralement calculé au
moyen d’un coefficient multiplicateur. En d’autres termes, la collectivité obtient à court terme
des taux plus faibles, au prix d’une exposition à un risque défavorable d’évolution de ces taux
à plus long terme
32
.
►
La dette du Sytevom est composée quasi-exclusivement d’emprunts structurés. Fin
2008, ce type d’emprunts représentait 95,5 % de l’encours, et début 2010, la situation n’avait
pas fondamentalement évolué. L’encours de dette du Sytevom apparaît donc beaucoup trop
peu diversifié.
►
Les caractéristiques des produits en cours fin 2009 sont récapitulées dans le Tableau
18.
32
En d’autres termes, la collectivité vend une option à la banque, alors qu’habituellement, les collectivités
achètent des options aux établissements bancaires pour se prémunir de risques de marchés.
57/88
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SYTEVOM
58/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Tableau 18 : Caractéristiques des emprunts structurés contractés par le Sytevom (phase d'amortissement)
Nom du contrat
Coryalis + Dual Eur CHF monétaire
Tofixms+ Flexi
Tofixia CMS EUR Flexi
Dual USD JPY Fixe
N° de contrat
253768
264012
266434/258470
258753/984942
Capital refinancé
figurant au contrat (1)
4 500 000
11 350 907
5 088 008
8 750 000
Capital restant du au
27/10/2009
11 350 907
5 088 008
8 480 014
Durée globale
30 ans
27 ans
27 ans 4 mois
30 ans
date de signature
30/11/2007
22/12/2008
24/09/2009
26/01/2007
date de mise en place
20/12/2010
01/03/2009
01/03/2010
23/04/2008
Durée
5 ans (20/12/2015)
2 ans (1/3/2011)
4 ans et 4 mois (1/07/2014)
20 ans (1/3/2027)
Si change Dollar/Yen
≥
90,
Taux de 3,47 %
Phase 1
Taux
d'intérêt
Euribor 12 mois post fixé - 0,54 %
Taux fixe = 2,99 %
Taux fixe = 3,94 %
Sinon 3,47 % +
20 %x(90/(Dollar/Yen) -
1))
Durée
15 ans (20/12/2030)
15 ans (1/3/2026)
14 ans (1/07/2028)
10 ans (1/3/2037)
Si change EUR/Franc Suisse
≥
1,40,
Euribor 12 mois postfixé - 0,54 %
Si CMS Eur 30 ans -
CMS Eur 2 ans
≥
0 %,
Taux de 2,99 %
Si CMS 30 ans Eur
≤
7,5 %
Taux = 3,94 %
Phase 2
Taux
d'intérêt
Sinon Euribor 12 mois postfixé -
0,54 % + 50 %x[(1,40/(Eur/CHF))-1]
Sinon 4,49 % - 5x[CMS
30 ans - CMS 2 ans]
Sinon 3,94 % -5x[CMS Eur
30 ans - 7,50 %]
Taux fixe = 3,47 %
Durée
10 ans (20/12/2040)
10 ans (1/3/2036)
9 ans (1/07/2037)
Phase 3
Taux
d'intérêt
Euribor 12 mois post fixé - 0,54 %
Taux fixe = 2,99 %
Taux fixe = 3,94 %
(1)
À la différence des trois autres contrats, le contrat Coryalis + Dual Eur CHF monétaire porte sur des fonds qui n'ont pas encore été mobilisés par le Sytevom
Source : CRC
Indices sous-jacents
1
Indices zone euro
2
Indices inflation française ou inflation
zone euro ou écart entre ces indices
3
Écarts d’indices zone euros
4
Indices hors zone euro. Écart d’indices
dont l’un est un indice hors zone euro
5
Écart d’indices hors zone euro
-
Dual USD JPY Fixe : hors charte
►
Le contrat « Dual USD JPY Fixe », qui représentait à lui seul 42,8 % de l’encours
de dette fin 2008 apparait particulièrement risqué. Il est coté « hors charte » car ce document
prévoit que les établissements bancaires renonceront à l’avenir à proposer des taux évoluant
en fonction de la valeur relative de devises. La valeur des monnaies peut en effet s’avérer
particulièrement volatile et imprévisible. Le contrat prévoit que le cours pris en compte est
«le
cours de change de l’USD en YEN tel que publié sur l’écran Reuters, page FEDSPOT 10AM
MIDPOINTS (ou tout autre source ou référence qui s’y substituerait), sous l’égide de la
Les contrats du Sytevom peuvent sur cette base être cotés comme suit, par ordre de
risque croissant :
-
du taux de change entre le Yen et le Dollar dans le contrat « Dual USD JPY Fixe ».
►
Ces différents index sont soumis à des fluctuations de marché totalement étrangères
à l’activité du Sytevom. Pour apprécier les risques liés à ces différents produits, il est possible
d’utiliser la grille d’analyse figurant dans la charte de bonne conduite signée fin 2009 entre
les établissements bancaires, l’Etat et des représentants des collectivités territoriales. Elle
permet de classer les prêts structurés selon le double critère de l’indice sous-jacent (de 1 à 5
selon un ordre de risque croissant) et de la structure du produit (de A à E selon un ordre de
risque croissant).
Tous les emprunts sauf le « Dual Yen/Dollar » comprennent une première phase avec un
taux bonifié par rapport aux conditions du marché. Dans une deuxième phase, les taux
peuvent dépendre :
-
Coryalis + Dual Eur CHF monétaire : hors charte
-
Tofixms Flexi : 3
E
-
Tofixia CMS EUR Flexi : 1 E
-
du niveau des taux longs (CMS 30 ans) par rapport à une barrière fixée à 7,5 % dans le
contrat « Tofixia CMS EUR Flexi » ;
-
de l’écart entre les taux longs et les taux courts (CMS 30 ans et CMS 2 ans) dans le
contrat « Tofixms+ Flexi » ;
-
du taux de change entre l’Euro et le Franc Suisse dans le contrat « Coryalis + Dual Eur
CHF monétaire » ;
59/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Structures
A
Échange de taux fixe contre taux variable ou
inversement. Échange de taux structuré contre
taux variable ou taux fixe (sens unique). Taux
variable simple plafonné (cap) ou encadré
(tunnel)
B
Barrière simple. Pas d’effet de levier
C
Option d’échange (swaption)
D
Multiplicateur jusqu’à 3 ; multiplicateur jusqu’à
5 capé
E
Multiplicateur jusqu’à 5
Federal Reserve Bank of New York, 15 jours avant la date d’échéance d’intérêts ».
Ainsi,
pour la prochaine échéance annuelle du 1
er
mars 2011, si le dollar s’échange le 11 février
2011 à un cours supérieur à 90 yen, les intérêts seront calculés sur la base du taux de 3,47 %.
Par contre, si le dollar s’échange à un niveau inférieur, le Sytevom paiera un taux majoré. Si
par exemple le dollar s’échange contre 72 yen, le taux applicable sera de 8,47 %.
L’historique des cours entre les deux monnaies depuis 2008 est retracé sur la Figure 2
Figure 2 : Évolution du cours Dollar/Yen depuis 2008
Source : bourse.jdf.com
On peut constater que depuis juin 2010
1
, le cours du Dollar est tombé en dessous de
90 Yens. Si cette situation se reproduit le 11 février 2011, le Sytevom devra payer une annuité
dégradée. Le même raisonnement s’appliquera pour chaque annuité, pendant 15 ans. Il s’agit
donc largement d’une sorte de tirage aléatoire effectué un jour donné, dans lequel le Sytevom
se trouve exposé à la volatilité des marchés des changes, qui est très élevée.
►
Un autre facteur de risque provient de la durée des périodes pendant lesquelles les
indices sous-jacents déterminent le taux d’intérêt. La durée globale des contrats est importante
puisqu’elle est de 27 à 30 ans selon les contrats. Les périodes pendant lesquelles les taux
dépendent des fluctuations d’indices sont quant à elles de 14 à 19 ans, ce qui est
particulièrement long. Il est bien évident que plus ces durées sont longues, plus la probabilité
que la collectivité doive s’acquitter d’échéances dégradées est importante. Par exemple, pour
le contrat Yen/Dollar, cette période est de 19 ans. Pour le contrat « Tofixms Flexi » basé sur
les écarts de taux longs et taux courts (CMS 30 ans et CMS 2 ans), la durée est de 15 ans. On
peut rappeler que par le passé, ces taux se sont fortement rapprochés (2000) ou inversés
(début des années 1990, 2008) à plusieurs reprises. En cas de nouvelle inversion, la
collectivité paiera des échéances dégradées.
►
les possibilités de sortie des contrats sont réduites.
Les modalités de fixation de
l’indemnité due dans ce cas sont définies dans les termes suivants dans les contrats (exemple
du contrat Dual USD JPY Fixe) :
« Jusqu’à la date d’échéance d’intérêts du 1/03/2036 exclue, l’emprunteur peut
procéder, dans les conditions fixées ci-après, au remboursement anticipé total du prêt à une
1
Et jusqu’au 8 octobre 2010, date de délibéré du présent rapport.
60/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
date d’échéance d’intérêts, sous réserve de notifier sa décision à Dexia Crédit Local au
moins 35 jours avant ladite échéance, par lettre recommandé avec accusé de réception.
Le remboursement anticipé s’effectue contre le règlement d’une indemnité, à payer ou
à recevoir par l’emprunteur, qui a pour objet d’assurer l’équilibre financier du contrat entre
les deux parties.
L’indemnité de remboursement anticipée est établie par Dexia Crédit Local en tenant
compte des conditions prévalant sur les marchés financiers, 10 jours ouvrés avant la date du
remboursement anticipé. Par jour ouvré, il faut entendre un jour où le système Trans-
European Atomated real-time Gross settlement Express Transfer (TARGET) est ouvert. Si la
date ainsi déterminée ne correspond pas à un jour où les banques sont ouvertes à Paris, la
date retenue sera le jour précédent où celles-ci sont ouvertes à Paris (ci-après le jour de la
fixation »).
Le jour de fixation, Dexia Crédit Local demande préalablement à deux établissements
de référence sur ces marchés de calculer le montant de l’indemnité à régler par la partie
débitrice à l’occasion du remboursement anticipé du prêt.
L’indemnité de remboursement anticipé retenue est la moyenne arithmétique de ces
deux indemnités.
Le montant de l’indemnité de remboursement anticipé ainsi retenu est communiqué à
l’emprunteur le jour de fixation avant 11H00. Ce même jour, l’emprunteur fait part de sa
décision par écrit à Dexia Crédit Local avant 11H30. En cas de réponse négative ou à défaut
de réponse dans ce délai, le remboursement anticipé n’a pas lieu. »
La pénalité ou « soulte » due par la collectivité si elle souhaite mettre fin au contrat
dépend ainsi de l’estimation de la valeur de rachat du contrat qui sera faite par consultation
d’autres établissements bancaires. Un tel dispositif d’évaluation apparaît peu transparent. En
effet, il n’existe pas de marché organisé permettant de connaître, de façon publique et
objective, la valeur de ces contrats. La collectivité n’a donc aucun moyen de contrôle de cette
estimation réalisée de manière confidentielle entre établissements bancaires, et qui est à
prendre ou à laisser mais ne peut faire l’objet d’aucune discussion commerciale. Dans les
faits, les expériences malheureuses d’autres collectivités montrent que dès que les indices
d’un contrat ont connu une évolution dégradée, la valeur de la soulte devient dissuasive,
empêchant toute rupture du contrat.
La négociation fait l’objet d’une préparation en amont mais la collectivité dispose
ensuite d’un temps excessivement court pour se décider, puisqu’elle n’a qu’une demi-heure.
►
La renégociation de deux contrats en 2008 et en 2009
En décembre 2008, le Sytevom a procédé à la renégociation d’un prêt « Dual fixe
flexi » basé sur le cours du Franc Suisse par rapport à l’Euro, transformé en « Tofixms +
flexi » qui constitue un produit de pente fondé sur les écarts entre taux courts et les taux
longs. En septembre 2009, une nouvelle renégociation a conduit à transformer un autre
emprunt « Tofixms + flexi » en produit « Tofixia CMS eur flexi », basé non plus sur l’écart
des taux longs et des taux courts mais sur le niveau des taux longs par rapport à une barrière
de 7,5 %.
Cette renégociation a donc abouti à substituer aux anciens prêts deux nouveaux
emprunts structurés basés sur des indices différents.
Ces opérations ont permis de faire « remonter » les produits vers une cotation moins
risquée selon la charte de bonne conduite évoquée supra. Il ne s’agit pourtant que d’une
61/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
diversification limitée compte tenu de l’encours du Sytevom, qui reste composée quasi
exclusivement de produits structurés, dont deux produits basés sur des évolutions de cours de
change.
►
La renégociation en cours début 2010
Comme cela a été indiqué précédemment, le Sytevom souhaite aujourd’hui sortir du
contrat « Coryalis + Dual Eur CHF monétaire » d’un montant de 4,5 M€. Le capital doit
contractuellement être mobilisé en décembre 2010, mais le Sytevom estime ne pas avoir
besoin de ces fonds. Le groupe Dexia réclame toutefois à ce titre une indemnisation. Dans un
document transmis au Sytevom en février 2010, il propose que le Sytevom mobilise ces
4,5 M€, qui feraient ensuite l’objet d’un remboursement anticipé dans les jours suivants. Les
clauses contractuelles relatives au calcul de l’indemnité de remboursement anticipé,
identiques à celles évoquées plus haut (cotation par deux établissements de crédits),
trouveraient alors à s’appliquer. Cette opération donnerait lieu à un refinancement de
l’ensemble de l’encours du Sytevom à cette date (y compris les 4,5 M€), en trois nouveaux
lots, à des conditions financières modifiées : le lot 1 serait basé sur un taux optionnel indexé
sur le cours de change Yen/Dollar (hors charte de bonne conduite) ; le lot 2 serait basé sur un
taux optionnel à barrière sur écart de CMS Euro (score charte : 3 E) ; le lot 3 serait basé sur
un taux optionnel à barrière sur le Libor USD (score charte : 4 E).
La chambre relève que le Sytevom est aujourd’hui exposé au paiement d’une indemnité
au titre de cet emprunt de 4,5 M€ alors qu’il n’a bénéficié d’aucun service financier, le capital
n’ayant pas été mobilisé. Dexia crédit local fait valoir de son côté que s’il n’y a pas eu de
mise à disposition de fonds, il a été d’ores et déjà nécessaire pour l’établissement de s’adosser
pour pouvoir offrir au Sytevom la perspective du financement contractualisé.
La chambre s’étonne par ailleurs que soit proposé au Sytevom un nouvel engagement
contractuel pour un emprunt coté « hors charte de bonne conduite», alors que les
établissements bancaires signataires de la charte ont explicitement exclu, à l’avenir, de
proposer ce type de produits basé sur la référence à des valeurs relatives de devises, même
dans des opérations de renégociation, classiquement analysées comme des nouveaux contrats.
Dans ses réponses aux observations provisoires de la chambre, le président du
Sytevom a indiqué qu’il envisageait de saisir le médiateur pour les emprunts à risques des
collectivités territoriales
1
.
►
L’assemblée délibérante a manqué d’informations
Par délibération du 24 février 1999, le conseil syndical du Sytevom a délégué à son
président sa compétence en matière de souscription d’emprunts. Un contrat d’emprunt
« Presame » a été passé par la suite le 21 décembre 1999 pour un montant de 25 916 332 €.
Une délibération du 19 juin 2002 autorise la signature d’un avenant au contrat « Presame », et
prévoit que dans un souci de diversification de l’encours, le Sytevom pourra demander à
Dexia d’autres modalités financières que celles prévues dans le contrat initial. Le conseil
syndical s’est ensuite à nouveau prononcé sur les emprunts au cours de sa séance du
17 février 2005. Dans une première délibération, le conseil syndical renouvelle la délégation
faite au président du Sytevom pour la gestion des emprunts, dans des termes beaucoup plus
précis qu’auparavant. Par une seconde délibération, le conseil syndical autorise la signature de
nouveaux contrats d’emprunt remplaçant les précédents. Ces contrats, évoqués plus haut,
1
Nommé par le Premier ministre, le médiateur est chargé de faciliter le dialogue entre les collectivités locales
qui connaissent des difficultés avec les emprunts à risques et les banques. Sur la base d’un diagnostic, il
recommande des pistes de solutions en vue de trouver un accord équilibré. Ses recommandations ne sont pas
contraignantes pour les collectivités locales ou pour les banques.
62/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
comportent des taux plus élaborés que les précédents. Les caractéristiques de ces emprunts
sont précisément décrites dans la délibération, à l’exception de celles d’un emprunt
complémentaire de 7,5 M€. Par la suite, le conseil syndical n’a plus été amené à se prononcer
sur la question des emprunts.
L’analyse de ces délibérations montre que l’organisation des compétences en matière
d’emprunt n’est pas cohérente. L’assemblée a ainsi délibéré à deux reprises sur des contrats
d’emprunts (19 juin 2002 et 17 février 2005), alors qu’elle s’était dessaisie de cette
compétence pour la confier au président. Cette pratique a néanmoins permis d’informer
l’assemblée délibérante. En revanche, le président n’a pas rendu compte à l’assemblée de
l’exercice de la compétence déléguée, contrairement à ce qu’impose le code général des
collectivités territoriales. Ainsi, pour la conclusion de la « troisième génération de produits » à
partir de 2007-2008, le conseil syndical n’a eu aucune information. Il s’agit pourtant des
produits les plus risqués.
10.5
Conclusion sur la situation financière
La situation financière du Sytevom peut être qualifiée de satisfaisante. Les
contributions de ses membres lui assurent des ressources relativement stables. Néanmoins, les
données de l’exercice 2009 montrent une diminution de l’épargne brute.
Le Sytevom doit également s’attacher à améliorer les taux d’exécution de ses
prévisions budgétaires qui sont trop faibles.
Enfin, la gestion de la dette apparaît très peu satisfaisante.
L’encours de dette du Sytevom est composé en quasi-totalité (95,6 % fin 2008) de
produits structurés qui permettent de bénéficier dans un premier temps de taux estimés
intéressants (bien que le Sytevom ne dispose d’aucun élément de comparaison sur ce point),
mais qui l’exposent dans une seconde phase, beaucoup plus longue, au risque de paiement
d’échéances d’intérêts dégradées. Les risques liés à ces produits n’ont pas été mesurés par le
Sytevom, qui ne dispose pas en interne de moyens d’expertise spécialisés. L’un de ces
produits, qui représente 42,8 % de l’encours fin 2008, est basé sur l’évolution des cours du
dollar et du yen. Il apparaît particulièrement risqué et sa commercialisation est dorénavant
exclue par la charte de bonne conduite signée fin 2009 entre les établissements bancaires,
l’État et des représentants des collectivités territoriales.
La mobilisation de ces produits a laissé subsister une trésorerie importante, et on peut
donc estimer qu’elle a été prématurée. Une meilleure gestion de sa trésorerie aurait
certainement permis à la collectivité d’économiser des frais financiers sans s’exposer à des
risques particuliers.
Tous les emprunts structurés ont été contractés auprès du même établissement
bancaire. Le Sytevom s’en trouve pour une longue durée dans une situation de dépendance
commerciale vis-à-vis de cet établissement, et sans grande marge de manoeuvre pour
renégocier les contrats.
Au cours de l’année 2009, la collectivité a renégocié certains emprunts, mais n’est
parvenue qu’à une diversification limité, l’encours restant composé quasi-exclusivement de
produits structurés, avec un unique établissement bancaire.
Dans ses réponses aux observations provisoires, le président du Sytevom, tout en
reconnaissant la toxicité de ces produits,
relativise leur dangerosité en soulignant
63/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
qu’actuellement seul le taux d’intérêt du contrat Yen/Dollar est susceptible de se détériorer en
fonction des fluctuations de ces deux devises. Pour les autres contrats, les taux sont figés
jusqu’en 2012, 2015 et 2016. Cela laisserait le temps au Sytevom de profiter des taux réduits
des premières années et de procéder aux sécurisations si nécessaire ou d’arbitrer les emprunts
« hors charte de bonne conduite » en crédits structurés moins complexes. Il indique que pour
ce faire, il a sollicité l’assistance d’un cabinet spécialisé.
La chambre considère pour sa part qu’eu égard à l’importance des produits structurés
dans son encours, et à la présence de deux prêts fondés sur les cours de devises étrangères, la
dette du Sytevom ne peut en aucune façon être considérée comme sécurisée. Elle souligne que
compte tenu des conditions de sortie des contrats préalablement exposées, les prêts structurés
sont en réalité des produits rigides qui laissent peu de possibilités réelles d’arbitrage au
Sytevom.
11
LA CONNAISSANCE ET LA MAÎTRISE DES COÛTS DE
GESTION
11.1
Les outils de suivi des coûts
11.1.1
Les outils « externes : compta-coûts et e-coûts
►
Compta-coût
est une méthode développée par l’ADEME pour extraire de la
comptabilité publique des informations standardisées sur les coûts de gestion du service
public d’élimination des déchets, selon une logique de flux de déchets (ordures ménagères,
recyclables secs, déchets des déchetteries) et d’étapes techniques de gestion (collecte, tri,
traitement). Compta-coûts s’appuie sur les principes de la comptabilité analytique. Le
dispositif fournit des éléments de comparaison et d’appréciation agrégés des coûts.
Les services du Sytevom procèdent de manière rigoureuse à la saisie des données
financières à partir des comptes administratifs, ce qui constitue un travail lourd. En effet, de
nombreuses charges telles que les frais de personnel doivent être réparties entre les flux et les
équipements, selon des clés de répartition souvent complexes. La synthèse de ces données
financières est constituée par une matrice standard de présentation des coûts, présentée en
Annexe 7. Ce tableau fait par exemple ressortir un coût de gestion des ordures ménagères
résiduelles de 70,4 € HT/tonne en 2007 (coût aidé HT, c'est-à-dire coût complet diminué des
produits). Ces données sont toutefois difficiles à exploiter car d’une part, les données
comparatives fournies par l’ADEME sont peu nombreuses en raison de l’alimentation inégale
de la base de données par les collectivités, et d’autre part, le périmètre de compétence des
collectivités n’est pas identique. Ainsi, le coût précité comprend le traitement mais n’inclut
pas la collecte et ne comprend qu’une partie du transport. Il ne correspond donc pas à un coût
de gestion. Le Sytevom n’exploite donc pas les données de compta-coûts.
►
E-coûts
est un logiciel élaboré par l’entreprise Éco-Emballages qui permet, à partir
de données techniques (nombre de bennes, de bacs, de salariés) de calculer le coût de la
collecte et du traitement. Sa finalité est plus économique que celle de compta-coût. Bien que
certains de ses personnels aient suivi une formation, le Sytevom ne procède pas à
l’alimentation régulière d’E-coûts. Ses résultats ne sont en effet pas jugés satisfaisants en
raison de l’existence de données remplies « par défaut » sans capacité d’intervention du
gestionnaire. Les recettes et les frais de communication ne sont pas non plus pris en compte.
Toutefois, pour la conduite de l’étude d’optimisation réalisée en 2007, financée par Éco-
64/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
Emballages, un prestataire privé a saisi l’ensemble des données concernant le Sytevom et ses
adhérents. Après réintégration de données hors e-coûts (communication, recettes), le coût de
gestion moyen des ordures ménagères (tous flux confondus) avait alors été estimé en 2006 à
59,8 € HT/habitant (coût aidé, le coût complet étant de 80,6 € HT). Toutefois, le centre de
valorisation des déchets de Noidans-le-Ferroux n’était pas encore entré en service.
La chambre note qu’un travail rigoureux est accompli pour la saisine des données dans
le logiciel Compta-coûts de l’ADEME.
11.1.2
Les outils « internes » de suivi des coûts
Le Sytevom a développé par ailleurs ses propres outils de suivi des coûts. Les données
correspondantes sont présentées d’une part en annexe au compte administratif, et d’autre part
dans le rapport d’activité.
1°) Les annexes au compte administratif
Elles ont été présentées supra dans la partie consacrée à l’analyse financière. L’objet
de ces documents est de préciser aux adhérents du Sytevom à quelles dépenses leurs
contributions sont consacrées. Il s’agit donc essentiellement d’une décomposition entre d’une
part, les coûts de transfert et de traitement des ordures ménagères, financés par la contribution
de 89 € HT à la tonne, et d’autre part les autres frais (collecte sélective par apport volontaire,
déchetteries, études, communication et frais de structure), financés par une contribution non
proportionnelle au tonnage (18 €/habitant en 2008). Ces coûts sont respectivement de
21,63 € TTC par habitant et 18 € TTC par habitant en 2008 (hors amortissement et hors frais
de structure).
Ces données ne permettent pas d’appréhender les coûts de manière exhaustive dans la
mesure où dans un souci de simplification, il n’est pas procédé à une ventilation de toutes les
charges et recettes communes. Néanmoins, elles permettent de disposer d’une information
intéressante sur les coûts et recettes directes des équipements. La chambre porte une
appréciation positive sur les démarches entreprises.
2°) Les données présentées dans le rapport d’activité
Le Sytevom dispose de données sur l’activité et les coûts de ses différents
équipements présentées synthétiquement chaque année dans son rapport d’activité :
déchetteries, collecte sélective, quais de transfert, unité de valorisation énergétique, centre de
stockage de Vadans.
►
Les déchetteries
Le Sytevom dispose de données de coûts et de recettes par type de flux pour chaque
déchetterie. Les données consolidées pour l’année 2008 figurent dans le tableau en Annexe 8.
Le coût global est de 63,46 €/tonne (15,29 € par habitant), soit 46,56 €/tonne déduction faite
des recettes des filières. Il est naturellement très variable selon les difficultés de traitement et
les conditions économiques de reprise par les filières. Par exemple, le coût de traitement
moyen à la tonne des déchets toxiques et des huiles est très élevé (317 € en 2008), ce qui
génère un coût global non négligeable (217 574 € en 2008), en dépit d’un faible tonnage. À
l’inverse, le traitement des ferrailles est beaucoup plus intéressant, et peut même permettre un
65/88
Chambre régionale des comptes de Franche-Comté – Rapport d’observations définitives –
SYTEVOM
bénéfice selon les conditions économiques de reprise, comme en 2008. On peut noter
également le coût moyen élevé de transport et de traitement du tout venant, qui est de 98,64 €
la tonne en 2008.
L’évolution des coûts de traitement depuis 2002 est retracée dans le Tableau 19.
Tableau 19 : Coûts de traitement des déchetteries
(données rapport d'activité)
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Tonnages
33 275
39 697
45 213
50 054
52 169
54 832
58 232
Coût traitement
2 237
958
2 826
515
3 129
897
3 520
101
3 871
469
3 839
160
3 695
520
Dont frais personnel
394 218
452 109
429 180
494 351
596 451
562 607
812 162
Nombre de visites
370 720
442 645
490 893
542 421
580 919
590 532
629 860
Coût moyen/tonne
67,25
71,2
69,22
70,33
74,12
69,8
63,46
Coût/habitant
9,5
12,13
13,45
15,12
16,05
15,89
15,29
(données hors amortissement)
Amortissement
NC
387 389
388 000
388 000
387 389
598 832
NC
Coût traitement hors amortissement
2 237
958
2 439
126
2 741
897
3 132
101
3 484
080
3 839
160
3 695
520
Coût moyen/tonne hors amortissement
67,26
61,44
60,64
62,57
66,78
70,02
63,46
Source : Sytevom. Données HT
La présentation des données par le Sytevom pose problème dans la mesure où selon
les années, l’amortissement des déchetteries est comptabilisé (de 2003 à 2006) ou non (2002,
2007, 2008), ce qui ne permet pas une comparaison d’une année sur l’autre. Les coûts hors
amortissement sont donc donnés dans la deuxième partie du tableau.
Le coût global s’inscrit à la hausse, ce qui reflète en premier lieu l’augmentation des
volumes traités. Le coût à la tonne connaît une diminution entre 2002 et 2004, avant de
réaugmenter par la suite. Cette hausse reflète l’augmentation des frais de personnel
(personnels mis à disposition par les communes et dont les rémunérations sont remboursées
par le Sytevom). Elle provient également de la hausse des volumes et des coûts de traitement
du tout-venant, qui sont supérieurs à la moyenne des coûts annuels de traitement
(98,64 €/tonne en 2008 pour un coût moyen de 63,46 €). Cette hausse n’est que partiellement
contenue par la mise en place d’une collecte spécifique pour le bois, d’un coût de traitement
de 58,98 € en 2008. En 2008, le coût moyen diminue, malgré la hausse des frais de personnel.
Les conditions de reprise des ferrailles et des papiers-cartons ont été cette année-là plus
favorables.
Le coût de collecte sélective et de traitement en déchetteries est inférieur au coût de
traitement par enfouissement ou valorisation énergétique, car le recyclage génère des recettes.
Sur la base d’une évaluation du coût de traitement à 89 €/tonne, l’exploitation des déchetteries
génère ainsi une économie estimée à 1 486 734 € en 2008.
Le Sytevom dispose également des coûts par déchetterie, qui sont présentées en
annexe 9 pour l’année 2006, dernière année disponible : il existe une certaine hétérogénéité
des coûts de gestion à la tonne. Certaines déchetteries drainent des volumes assez faibles et
enregistrent des coûts à la tonne élevés. Trois déchetteries se situent ainsi au dessus de
90 €/tonne :
Champlitte
(100,32 €/tonne),
Faucogney
(91,25
€/tonne)
et
Ternuay
(109,07 €/tonne).
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Par ailleurs, le Sytevom réalise pour chaque déchetterie des bilans annuels d’activité
retraçant l’évolution de la fréquentation, des tonnages collectés, de l’optimisation des bennes.
Ils permettent d’évaluer et d’optimiser l’organisation. Néanmoins, les données techniques
sont ici prises en compte plus que les données de coût.
La chambre constate que le Sytevom dispose d’outils pertinents pour suivre l’activité
et le coût des déchetteries. Toutefois, les rapports d’activité devraient indiquer si les coûts
sont calculés hors amortissement pour permettre l’analyse plus pertinente des évolutions. De
plus, les informations sur les coûts de chaque déchetterie ne font pas l’objet d’une diffusion
puisqu’elles ne figurent ni dans le rapport annuel d’activité, ni dans les bilans d’activité de
chaque déchetterie.
►
Les coûts de collecte sélective
Pour les matériaux hors verre (hors CCAV), le coût de la collecte en points d’apport
volontaire est de 1 788 041 € HT en 2008, alors que les recettes émanant des filières et d’Éco-
Emballages sont de 2 084 333 € HT. Il existe donc une recette de collecte sélective pour le
Sytevom. Néanmoins, le Sytevom n’assume qu’une partie des coûts de collecte, une autre
partie étant assurée par les syndicats qui collectent en porte-à-porte. Le Sytevom leur reverse
une partie des recettes, en fonction des performances de tri sélectif de chaque syndicat.
Pour la collecte du verre, le coût de la collecte est de 328 987 € en 2008, avec un
reversement des sociétés verrières de 306 406 €, soit un faible coût résiduel de 22 580 €.
►
Les coûts de traitement
Le Sytevom présente dans son rapport d’activité des coûts annuels de gestion pour le
centre de stockage de Vadans (CET de classe 2), et depuis sa mise en service en 2007, pour
l’unité de valorisation énergétique (UVE) de Noidans-le-Ferroux.
Les données de rapport d’activité ne sont toutefois pas totalement cohérentes avec
celles du compte administratif.
Pour l’UVE, les coûts de fonctionnement présentés dans le rapport d’activité sont de
44,52 € HT/tonne et dans les annexes au compte administratif de 64,27 € HT (dépenses 68,06
– recettes 3,79). De plus, les modalités d’amortissement de l’équipement ne sont pas encore
déterminées et de ce fait, ne sont pas incluses dans les annexes au compte administratif. Le
coût d’investissement mentionné dans le rapport d’activité est celui de l’annuité d’emprunt
(capital + intérêts). Outre le fait que les intérêts sont en réalité une charge de fonctionnement,
cette présentation a l’inconvénient d’introduire un élément de coût lié aux modalités de
gestion de la dette. Comme on l’a vu, les intérêts de la dette du Sytevom peuvent fluctuer
fortement en fonction d’indicateurs financiers totalement étrangers à la gestion de
l’équipement. Il serait donc plus pertinent de faire la distinction entre ce coût financier et un
coût technique d’équipement en introduisant la charge d’amortissement.
Pour le CET de Vadans, les deux présentations ne sont pas non plus homogènes, en
particulier pour la prise en compte de l’investissement. L’annexe au compte administratif
mentionne une charge d’amortissement et une charge annuelle pour la post-exploitation. Le
rapport d’activité intègre quant à lui d’une part un coût total d’investissement rapporté au
volume traité sur le site, et d’autre part un coût de post-exploitation sur 30 ans calculé de
manière différente. La chambre estime que ces documents devraient être harmonisés.
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11.2
La mise en place de la régie « déchetteries »
Le suivi par le Sytevom de ses coûts de gestion peut être illustré par la mise en place
de la « régie déchetterie ».
Cette régie, déjà évoquée
supra,
est issue d’une réflexion engagée en 2006 sur la
comparaison des avantages et des inconvénients d’une gestion confiée à une entreprise privée
par marché public ou assurée en régie interne par des services du Sytevom. La comparaison a
porté en particulier sur les coûts de gestion. La prestation était alors réalisée par un prestataire
privé dans le cadre d’un marché public venant à échéance en septembre 2006 et le Sytevom
avait constaté que la concurrence limitée entre les entreprises de transport contribuait à la
hausse de ses charges. Il a chiffré le coût de la prestation en interne à 278 500 € HT
(recrutement de trois chauffeurs, acquisition de trois camions et de deux remorques,
installation d’un lieu de stockage et de regroupement, frais de fonctionnement). Ce coût a été
comparé à la proposition de prestataires privés, soit 282 700 € HT. Le conseil syndical en a
conclu que les coûts étaient comparables dans les deux hypothèses, mais qu’une régie interne
comportait plusieurs avantages, parmi lesquels : une souplesse d’organisation permettant
d’évacuer les bennes des déchetteries en dehors des horaires d’ouverture et d’optimiser les
convois sur l’ensemble des déchetteries avec la possibilité d’actions correctives rapides
notamment en fonction du taux de remplissage des bennes.
Une régie non personnalisée dotée d’un budget propre a ainsi été mise en place en
2007. Conformément au CGCT, sa gestion est assurée par le conseil syndical du Sytevom,
après avis d’un conseil d’exploitation spécifique. L’objet de la régie a été défini de manière
large, de façon à permettre l’extension de son activité à la gestion de nouveaux flux, en
fonction du renouvellement des marchés. L’activité de la régie ayant un caractère industriel et
commercial, le personnel est placé sous statut privé, les autres règles de gestion sont celles
des collectivités publiques. Par ailleurs, un système de facturation interne entre le budget
principal et le budget de la régie valorise les moyens mis à disposition de la régie par le
Sytevom (camions, chauffeur remplaçant, technicien), ou inversement, les prestations
effectuées ponctuellement par les agents de la régie et ne se rattachant pas strictement à ses
missions (déplacement de conteneurs d’apport volontaire par exemple).
Le bilan dressé fin 2007 montre une amélioration du taux de remplissage des bennes.
Le coût a été inférieur aux prévisions et aux coûts proposés par des prestataires, ce qui
s’explique en partie par le nombre de chauffeurs recrutés (deux), inférieur à ce qui était prévu.
Compte tenu de ce bilan, le Sytevom a alors lancé une nouvelle étude sur la mise en régie de
la gestion de deux nouveaux flux dont les marchés venaient à échéance en mars 2008 : les
matériaux inertes et le tout-venant. Parallèlement à cette étude, des appels d’offres ont permis
de comparer les coûts des prestataires privés à celui de la gestion en régie. Il a finalement été
décidé d’assurer la gestion en régie du transport de ces déchets, ce qui a pris effet courant
2008.
L’activité de la régie s’est ainsi progressivement élargie. Pour le transport et le
traitement de la ferraille, du bois et des déchets verts, il a toutefois été décidé de continuer à
faire appel à des prestataires privés. La régie dispose aujourd’hui de sept chauffeurs. Un
technicien du Sytevom a été rattaché à la régie à partir de septembre 2008, puis un second en
mars 2009.
La chambre porte une appréciation positive sur la démarche du Sytevom. Le syndicat a
été capable d’analyser ses coûts de gestion et d’étudier les meilleures modalités de gestion sur
la base de simulations rigoureuses.
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Toutefois, la mise en place d’une régie est moins facilement réversible que la gestion
par marché public. Cette formule n’a donc d’intérêt que si la maîtrise des coûts de gestion est
durable, ce qui suppose un suivi rigoureux et un management performant des équipes mises
en place.
12
LA SITUATION DU PERSONNEL
L’administration du Sytevom s’est progressivement renforcée depuis sa création,
passant de deux agents en 1994 à 10, fin 2009. À ces 10 agents s’ajoute le personnel de la
régie déchetterie : sept chauffeurs et deux techniciens.
Cette augmentation des effectifs est cohérente au regard de l’augmentation progressive
des missions du Sytevom et de son activité. Cette augmentation d’activité, liée en partie à la
construction du centre de valorisation des déchets (achevée en 2007), tient aussi à la charge de
gestion accrue de l’ensemble des équipements et à la montée en puissance des actions de
prévention des déchets. Par ailleurs, les recrutements opérés dans le cadre de la régie
déchetteries obéissent à une logique différente d’internalisation de prestations auparavant
confiées à des prestataires privés.
La situation des personnels du Sytevom se caractérise par une très grande hétérogénéité
statutaire et par un nombre important de contractuels. Hors régie, quatre agents du Sytevom
sur 10 sont contractuels. Pour ses recrutements, le Sytevom a très souvent fait appel à des
contractuels, et plus rarement à des titulaires de la fonction publique. Il a aussi recours à des
agents en emplois-jeunes pour exercer des fonctions « d’ambassadeur » de tri. Certains sont
restés au Sytevom, et ont pu être titularisés.
Les contrats des agents non-titulaires sont très diversifiés puisque l’on trouve des
contrats de droit public à durée déterminée, des contrats de droit public à durée indéterminée
conclus en application de la loi n° 2005-843 du 26 juillet 2005 portant diverses mesures de
transposition du droit communautaire de la fonction publique (personnels en contrat à durée
déterminée depuis plus de six ans), un recrutement direct réalisé en application de l’article 47
du statut
1
(directrice générale des services) et un contrat de droit privé à durée indéterminée
(non rattaché à la régie déchetterie).
Certains contrats appellent des observations. Il convient au préalable de rappeler que le
recrutement de personnel non titulaire est réservé à des cas délimités par l’article 3 de la loi du
26 janvier 1984 : remplacement momentané de titulaires, vacances d’emploi, besoin
saisonnier ou occasionnel, absence de cadre d’emploi, absence de candidatures d’agents
titulaires pour la catégorie A.
2
1
Article 47 de la loi n° 84-53 du 26 juillet 1984.
2
« Les collectivités et établissements mentionnés à l'article 2 ne peuvent recruter des agents non titulaires pour occuper des emplois
permanents que pour assurer le remplacement momentané de fonctionnaires autorisés à exercer leurs fonctions à temps partiel ou
indisponibles en raison d'un congé de maladie, d'un congé de maternité, d'un congé parental ou d'un congé de présence parentale, ou de
l'accomplissement du service civil ou national, du rappel ou du maintien sous les drapeaux, de leur participation à des activités dans le
cadre de l'une des réserves mentionnées à l'article 74, ou pour faire face temporairement et pour une durée maximale d'un an à la vacance
d'un emploi qui ne peut être immédiatement pourvu dans les conditions prévues par la présente loi.
Ces collectivités et établissements peuvent, en outre, recruter des agents non titulaires pour exercer des fonctions correspondant à un besoin
saisonnier pour une durée maximale de six mois pendant une même période de douze mois et conclure pour une durée maximale de trois
mois, renouvelable une seule fois à titre exceptionnel, des contrats pour faire face à un besoin occasionnel.
Par dérogation au principe énoncé à l'article 3 du titre Ier du statut général, des emplois permanents peuvent être occupés par des agents
contractuels dans les cas suivants :
1° Lorsqu'il n'existe pas de cadre d'emplois de fonctionnaires susceptibles d'assurer les fonctions correspondantes ;
2° Pour les emplois du niveau de la catégorie A, lorsque la nature des fonctions ou les besoins des services le justifient.
[…]
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1°) Poste d’assistante au pôle administratif
Mme A. a bénéficié de plusieurs contrats successifs d’un an entre le 23 août 1999 et le
2 octobre 2006, date à laquelle le Sytevom a conclu avec elle un contrat de droit public à
durée indéterminée sur la base de l’article 3 de la loi du 26 janvier 1984 (alinéas 7 et 8). Entre
1999 et 2004, elle assumait des fonctions d’agent administratif pour une durée de travail
hebdomadaire de 20 heures, puis entre 2004 et 2006, des fonctions de rédacteur pour une
durée de travail de 31 h 30.
Le motif de recrutement n’apparaît pas clairement sur les contrats successifs. Les
contrats font référence à l’article 3 de la loi du 26 janvier 1984, mais ne précisent pas l’alinéa
en cause. Il est fait référence à la délibération du 18 juillet 1994 du comité syndical autorisant
la signature de contrats notamment en cas de surcroit d’activité, mais aussi à celle du 4 mai
1996 portant création d’un poste d’agent administratif à temps réduit. Les contrats comportent
une mention incomplète indiquant :
« considérant qu’il est nécessaire de recruter un agent
administratif pour faire face à …. »
, mention également incomplète sur les contrats
concernant d’autres personnes. Le Sytevom a précisé que le recrutement de Mme A. était
motivé par un surcroit d’activité. Toutefois, le renouvellement régulier des contrats sur une
période de 7 ans montre qu’il ne s’agissait pas de surcroit temporaire d’activité mais bien
d’un besoin permanent. Le recours à un agent non-titulaire n’apparaît donc pas conforme à
l’article 3 de la loi du 26 janvier 1984. Le fait qu’il ne s’agissait pas d’un emploi à temps
complet ne faisait pas obstacle à l’engagement d’un titulaire.
La conclusion d’un contrat à durée indéterminée a régularisé la situation.
2°) Poste de secrétaire du pôle technique
Mme B. a été recrutée en 2005 pour des besoins occasionnels en application de
l’article 3 alinéa 2 de la loi du 26 janvier 1984. Elle a ensuite été recrutée en qualité d’agent
administratif non-titulaire pour une durée d’un an par contrat du 4 juillet 2005. Le contrat a
été renouvelé une fois. Le motif de ce deuxième recrutement n’est pas précisé dans le contrat
mais il s’agissait en fait de permettre à Mme B. de passer le concours d’adjoint administratif,
ce qu’elle a fait. Elle a été titularisée en avril 2007, le poste ayant été créé en mars 2007.
Dans ce cas également, les besoins sont qualifiés dans un premier temps de
temporaires, alors qu’ils s’avèrent en fait permanents. Le recours à un agent non-titulaire était
donc discutable.
Les agents recrutés conformément aux quatrième, cinquième et sixième alinéas sont engagés par des contrats à durée déterminée, d'une
durée maximale de trois ans. Ces contrats sont renouvelables, par reconduction expresse. La durée des contrats successifs ne peut excéder
six ans.
Si, à l'issue de la période maximale de six ans mentionnée à l'alinéa précédent, ces contrats sont reconduits, ils ne peuvent l'être que par
décision expresse et pour une durée indéterminée.
Lorsque ces agents sont recrutés pour occuper un nouvel emploi au sein de la même collectivité ou du même établissement, l'autorité
territoriale peut, par décision expresse, et dans l'intérêt du service, leur maintenir le bénéfice de la durée indéterminée prévue au contrat
dont ils étaient titulaires, si les nouvelles fonctions définies au contrat sont de même nature que celles exercées précédemment.
[…] ».
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3°) Poste de chargé de mission prévention
Dans le cadre du plan national de prévention des déchets du 11 février 2004, le
Sytevom a reçu de l’Ademe une subvention pour recruter un chargé de mission dont le rôle
est de mettre en place des actions de prévention à la source. La convention conclue à cette fin
avec l’Ademe pour une durée de trois ans définit le profil du chargé de mission à recruter. Le
conseil syndical a décidé de recruter un agent contractuel de niveau ingénieur pour une durée
de 3 ans : le recours à un contractuel était une des conditions du financement du poste.
Le procès-verbal d’examen des candidatures montre que sur 6 candidats reçus en
entretien, 4 ont été écartés notamment car ils étaient lauréats du concours d’ingénieur
territorial, ce qui rendait difficile leur recrutement comme contractuel. Un agent non-titulaire
a finalement été recruté pour trois ans à compter du 1
er
février 2007.
Ce processus de sélection apparaît paradoxal et peu transparent vis-à-vis des
candidats, les annonces publiées dans la presse ne précisant pas cette condition de
recrutement. Néanmoins le Sytevom pouvait légalement recruter un agent contractuel dès lors
qu’il s’agissait d’un poste temporaire créé pour une durée de trois ans.
4°) Poste de maître composteur
Pour ce poste, le Sytevom bénéficie également d’une aide de l’Ademe. Les actions en
faveur du compostage domestique entrent en effet dans le cadre du plan national de soutien au
compostage domestique. La convention passée entre le Sytevom et l’Ademe prévoit que le
poste doit être pourvu par contrat à durée déterminée, et un courrier de juin 2007 précisait que
le Sytevom pourrait bénéficier du financement d’une aide de 50 % au bénéfice
« d’une
structure relais externe ou interne (hors salaires de personnels titulaires de la fonction
publique territoriale) à la collectivité. ».
Le souci de l’Ademe est vraisemblablement de
financer des actions nouvelles et non des actions déjà mises en oeuvre par la collectivité par
des moyens pérennes. Cela a conduit à recruter un agent non-titulaire ; d’ailleurs, les
candidatures de titulaires correspondant au profil recherché étaient peu nombreuses. Le
candidat recruté en novembre 2008 a donc bénéficié d’un contrat d’un an.
Le Sytevom avait initié ce recrutement dès décembre 2007, en créant un poste de
maître composteur de catégorie C, pour une durée que son conseil syndical n’avait pas définie
(en l’absence de précision il convient donc de considérer qu’il s’agit d’un emploi permanent).
Toutefois, compte tenu du niveau de responsabilité souhaité, la personne recrutée a en fait été
engagée sur un poste vacant de technicien, créé par une délibération du 11 décembre 2002.
Le Sytevom a donc recruté, sur un poste à caractère permanent, un agent non-titulaire,
en contradiction avec la délibération créant un poste de maître-composteur, et sans en justifier
le motif au regard de l'article 3 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984.
5°) Poste d’ingénieur
Pour ce poste d’ingénieur chargé du suivi des installations de traitement et du pilotage
d’un réseau de 31 déchetteries, le Sytevom a conclu un contrat à durée indéterminé de droit
privé suite à un courrier (évoqué supra) du centre de gestion [du 21 janvier 2009] refusant
d’enregistrer l’avis de vacances en raison du caractère du service, estimé être de nature
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industriel et commercial. Cette qualification impliquait en effet que les personnels du
Sytevom soient tous placés sous statut privé. Le Sytevom a ainsi disposé d’un agent isolé sous
statut privé alors que les 9 autres sont placés sous statut public.
Compte tenu du fait que le caractère industriel et commercial de l’activité du Sytevom
n’est pas démontré (Cf. partie 6), la chambre estime que ce statut privé ne se justifie pas et
que le contrat doit être considéré comme étant de droit public.
6°) Postes de technicien régie déchetteries
Deux agents contractuels (niveau technicien supérieur) ont été recrutés par le Sytevom
puis basculés sur la régie déchetteries en septembre 2008 et mars 2009, Mme C. et M. D. Ils
sont ainsi passés d’un contrat à durée déterminée de droit public à un contrat à durée
indéterminée de droit privé.
Or, l’affectation d’un deuxième technicien à la régie déchetteries paraît excéder les
besoins de ce service. Pour Mme C., ce choix découle pour partie de la recherche d’une
solution statutaire plus durable, l’intéressée ayant malheureusement échoué au concours de