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Parc d’activités La Providence –
Kann’Opé –
Bât. D - CS 18111
97181 LES ABYMES CEDEX
Tél. 05 90 21 26 90
Courriel : « antillesguyane@crtc.ccomptes.fr »
Site internet : « www.ccomptes.fr/fr/antilles-guyane »
5
RAPPORT
D’OBSERVATIONS
DEFINITIVES
ET SA REPONSE
COMMUNE DU ROBERT
(Département de la Martinique)
Exercices 2019 et suivants
Le présent document a été délibéré par la chambre le 19 septembre 2024
COMMUNE DU ROBERT
2
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
..............................................................................................
2
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
5
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
7
PROCÉDURE
..................................................................................................................
9
1
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LES SARGASSES
................................
11
1.1
La présence des algues sargasses dégrade l’environnement et constitue
un réel danger pour la santé publique
...............................................................
11
1.1.1
Face à cette menace sanitaire, écologique et économique, deux
plans nationaux « Sargasses » ont été lancés
..........................................
13
1.2
L’ampleur du phénomène a nécessité une adaptation de la gouvernance
territoriale pour la lutte contre l’échouage des algues sargasse
.......................
13
1.2.1
Le maire est l’acteur majeur de la lutte contre les algues sargasses
.......
13
1.2.2
Le volet sargasses du plan communal de sauvegarde doit être
actualisé
...................................................................................................
14
1.2.3
Cap Nord Martinique apporte un soutien déterminant à la
commune du Robert
................................................................................
15
1.2.4
La création d’un groupement d’intérêt public doit permettre
une
mutualisation des moyens de lutte contre les algues sargasses
...............
16
1.3
Particulièrement touchée par les échouages d’algues sarg
asses, la
commune a mis en œuvre une stratégie de collecte volontariste et
diversifiée
.........................................................................................................
17
1.3.1
Le Robert est fortement exposé aux conséquences nocives de
l’échouage des algues sargasses
..............................................................
17
1.3.2
Avec sa stratégie de collecte qui allie ramassage à terre et collecte
directe en mer
..........................................................................................
18
1.3.2.1
Les opérations classiques de ramassage à terre s’effectuent partiellement en
régie dans des délais raisonnables
..........................................................................
18
1.3.2.2
Une stratégie innovante et sans équivalent de collecte des algues sargasses
en mer 19
1.4
Un effort important d’investissement, largement financé par l’État,
l’Union européenne, la CTM et Cap Nord, dont l’efficience ne peut
cependant pas encore être évaluée
....................................................................
21
1.4.1
Des moyens matériels nouveaux pour le ramassage terrestre et la
collecte en mer
........................................................................................
21
1.4.2
Les moyens humains pour le ramassage en mer
.....................................
21
1.4.3
Des moyens très largement subventionnés par l’État et les autres
collectivités
..............................................................................................
22
1.4.3.1
La commune du Robert a bénéficié de soutiens financiers importants
...................
22
1.4.3.2
Plus de la moitié des subventions versées ne sont pas perçues par la
commune
................................................................................................................
23
COMMUNE DU ROBERT
3
1.4.4
En l’absence d’informations relatives aux tonnages collectés et à
la
durée d’utilisation des matériels, l’efficience des moyens mis en
œuvre ne peut pas être appréciée
.............................................................
23
1.4.5
En dépit des outils de communication dont elle dispose, la
commune du Robert n’informe pas suffisamment sa population
............
24
1.4.5.1
Météo France diffu
se régulièrement un bulletin d’alerte sur les risques
d’échouage des algues sargasses
............................................................................
24
1.4.5.2
Les publications du réseau Madininair informent les communes de
Martinique sur les risques d’émanation de gaz H
2
S et NH3
...................................
24
1.4.5.3
La commune a été confrontée à de nombreuses reprises à la présence de
taux élevés de H
2
S
..................................................................................................
25
1.5
Les relations de la commune avec les différents prestataires ne respectent
pas le cadre réglementaire
................................................................................
26
1.5.1
Les marchés de fourniture des barrages révèlent une situation
monopolistique
........................................................................................
26
1.5.1.1
Un calendrier retardé en raison de contraintes administratives
..............................
27
1.5.1.2
Le respect inégal des règles de publicité pour les marchés relatifs aux
barrages 28
1.5.2
La gestion du stockage des algues sargasses collectées à terre est
erratique et le
s prestations d’aménagement s’effectuent en dehors
des règles de la commande publique
.......................................................
29
1.5.2.1
Un pilotage perfectible de la gestion des lieux de stockage
...................................
29
1.5.2.2
Les prestations d’enlèvement des algues sargasses et d’aménagement du site
de stockage s’e
ffectuent hors marché
.....................................................................
30
1.6
Les projets de valorisation des algues sargasses sont à l’arrêt
.........................
32
2
LA QUALITÉ DE L’INFO
RMATION FINANCIÈRE ET LA FIABILITÉ
DES COMPTES
.....................................................................................................
35
2.1
La qualité de l’information budgétaire et financière est inégale
......................
35
2.2
Des efforts importants restent à mener en matière de fiabilité des
comptes et de sincérité des prévisions budgétaires
..........................................
36
2.2.1
Les taux
d’exécution budgétaire ne sont pas satisfaisants
......................
36
2.2.2
L’affectation des résultats de fonctionnement n’est pas conforme à
la réglementation
.....................................................................................
36
2.2.3
L’inventaire n’est pas fiable
....................................................................
37
2.2.4
L’indépendance des exercices n’est pas respectée
..................................
37
2.2.5
Les comptes
d’attente ne sont pas régulièrement apurés
........................
38
2.2.6
Le principe de prudence et de constitution de provision n’est pas
systématiquement respecté
......................................................................
38
2.2.7
Les immobilisations amortissables ne sont pas correctement suivies
.....
39
2.2.7.1
L’amortissement des subventions reçues
...............................................................
39
2.2.7.2
L’amortissement des frais d’études
........................................................................
40
2.2.7.3
L’apurement du compte 23 «
Immobilisations en cours
»
......................................
40
3
LA SITUATION FINANCIÈRE
...........................................................................
42
3.1
La situation financière est marquée par une capacité d’autofinancement
insuffisante qui s’amenuise en 2023
................................................................
42
3.2
Les produits de gestion affichent une progression régulière
............................
43
COMMUNE DU ROBERT
4
3.2.1
Les ressources fiscales sont en hausse, mais demeurent en deçà du
niveau moyen de la strate démographique
..............................................
44
3.2.1.1
Des bases fiscales peu dynamiques en dépit du recours à une prestation de
services destinée à leur mise à jour
........................................................................
44
3.2.1.2
La marge de manœuvre de la commune est limitée
................................................
45
3.2.2
Les ressources institutionnelles en progression depuis 2021
..................
45
3.2.3
Les ressources d’exploitation ne sont pas
optimisées
.............................
45
3.3
Les charges de gestion progressent plus vite que les produits de gestion
........
46
3.3.1
La commune n’est pas parvenue à contenir les charges à caractère
général en 2023
.......................................................................................
47
3.3.2
La commune doit réduire les subventions qu’elle verse
.........................
47
3.3.3
La gestion des ressources humaines est coûteuse et entachée
d’irrégularités
..........................................................................................
48
3.3.3.1
La masse salariale est plus élevée que la moyenne des communes
martiniquaises
.........................................................................................................
48
3.3.3.2
L’effectif relève majoritairement de la catégorie C de la filière technique
............
48
3.3.3.3
La structure de l’effectif résulte d’une politique d’insertion et de résorption
de l’emploi précaire
................................................................................................
49
3.3.3.4
Les mises à dispositions ne sont pas conformes aux dispositions
réglementaires
........................................................................................................
49
3.3.3.5
Les dispositions relatives au versement de la prime exceptionnelle
« COVID » ont été détournées
...............................................................................
50
3.3.3.6
La gestion du personnel est particulièrement onéreuse
..........................................
51
3.4
Le financement de l’investissement s’effectue par le prélèvement sur le
fond de roulement et le recours à l’emprunt
.....................................................
52
3.4.1
Les dépenses d’équipement laissent une large part aux travaux en
régie
.........................................................................................................
52
3.4.2
De nombreux projets sont inachevés ou abandonnés
..............................
53
3.4.3
La construction de la médiathèque révèle un retard et des surcoûts
conséquents
.............................................................................................
53
3.4.3.1
Le reste à charge de la commune est revu à la hausse
............................................
54
3.4.3.2
Le suivi budgétaire et financier de ce projet ambitieux est inadapté
......................
55
3.5
La situation bilancielle est fragile
....................................................................
55
3.5.1
L’endettement demeure modéré en dépit de nouveaux emprunts
...........
55
3.5.2
La trésorerie s’améliore après deux années de forte tension
...................
56
Annexe n° 1. Bulletin de surveillance et de prévision d’échouages des
sargasses pélagiques pour la Martinique
..........................................................
58
Annexe n° 2. Interprétation des concentrations journalières de H2D et
recommandations à la population (définition du Haut Conseil de Sa
..............
59
Annexe n° 3.
Atlas communal de la gestion des échouages
.................................
60
Annexe n° 4. Niveau de risques
d’échouages des algues par sites
........................
61
Annexe n° 5.
Nombre de jours de location de matériels pour le ramassage
en fonction des bulletins de Météo France
.......................................................
62
Annexe n° 6.
GLOSSAIRE
...................................................................................
63
COMMUNE DU ROBERT
5
SYNTHÈSE
Le Robert est une commune du littoral atlantique (46 km de côtes), dans
l’aire
d’attraction
de Fort-de-France. Elle est membre de la communauté
d’
agglomération du Pays
Nord Martinique (Cap Nord Martinique). Son
nombre d’habitants s’établit
à 21 435 au
1er janvier 2024. Depuis 2011, ses habitants et son économie (notamment la pêche artisanale
et ses diversifications) pâtissent des échouements massifs d
’algues
sargasses. Celles-ci libèrent
lors de leur putréfactio
n des gaz toxiques dans l’air
(H2S et NH3), ainsi que
de l’arsenic (As)
dans le sol, éléments qui présentent un danger sanitaire et environnemental.
La stratégie communale de lutte contre les sargasses
L’intensification du phénomène des échouages des algues sargasses a conduit l’État à
travers les plans Sargasses 1 et 2 à organiser une réponse en urgence, puis mettre en œuvre une
politique de planification et de coopération territoriale afin d’aider les communes comme le
Robert, acteur principal de lutte contre les algues sargasses, en Martinique.
La commune est particulièrement exposée aux risques sanitaires. Un dispositif de
prévention concernant les risques d’échouement et les émissions de gaz a été mis en place. La
politique de stockage ne prend pas en compte la composante environnementale de cette
politique en exposant la préservation du site à des risques de pollution. Surtout, la dimension
sanitaire et la sécurité des populations qui peuvent y accéder librement n’est pas prise en
compte, celle-ci
n’alertant
pas la population malgré ses obligations en la matière.
Grace à d’importantes subventions, la commune a mis en œuvre une stratégie de lutte
diversifiée à terre et en mer. Elle est précurseure en la matière. Mais, faute de suivi et, en
particulier, de quantification des tonnages récoltés, son efficience ne peut être appréciée. Le
taux de subventionnement est de 88% pour les actions sargasses
sur la période sous revue.
Cependant, la commune doit impérativement renforcer le suivi des subventions pour en
s’assurer de leur perception. En effet, sur 3,4
millions d’euros accordés entre 2019 et 2022, près
de 1,9 million restaient à percevoir fin 2023.
Dans ses relations contractuelles avec les fournisseurs de barrages ou les sociétés
responsables de la collecte et du stockage, la collectivité méconnait la réglementation des
marchés publics.
La situation financière tendue
L’analyse de la situation financière montre que les charges à caractère général maîtrisées
jusqu’en
2022 connaissent une envolée en 2023. En effet, les décisions prises en matière de
ressources humaines obèrent la capacité d’autofinancement de la commune
dans la mesure où
les charges de personnel représentent 73 % des dépenses courantes de fonctionnement.
La commune dispose d’une marge de manœuvre fiscale limitée, ses taux d’imposition,
étant supérieurs aux taux moyens communaux au niveau départemental. Les ressources
d’exploitation ne sont pas optimisées par celle
-ci qui met à disposition gratuitement les
structures communales et des activités sportives.
COMMUNE DU ROBERT
6
Positive sur toute la période, la capacité d’autofinancement brute demeure inférieure à
15
% des produits de gestion. Depuis 2021, les ressources d’investissement disponibles ne sont
plus suffisantes po
ur couvrir les dépenses d’équipement en raison principalement de la
construction d’une médiathèque dont les nombreux aléas ont généré des retards et des surcoûts
importants. Parallèlement, la commune peine à mobiliser les subventions d’investissement. Le
t
aux de réalisation des recettes d’investissement est en moyenne de 31,5
% sur la période
examinée.
COMMUNE DU ROBERT
7
RECOMMANDATIONS
(classées dans l’ordre de citation dans le rapport)
Recommandations (
régularité
)
Totalement
mis en
œuvre
Mise en
œuvre en
cours
Mise en
œuvre
incomplète
Non mis
en œuvre
Page
Recommandation n
o
2 :
Conformément aux articles
L. 2212-1 et L. 2212
2 du CGCT, le maire doit utiliser les
moyens de communication à la disposition de la commune
afin d’informer, la population sur les risques d’échouage
des algues sargasses et les risques liés aux émanations de
gaz H2S.
X
26
Recommandation n
o
3 :
Mettre en conformité le site de
stockage Aulnay-sous-Bois conformément aux pouvoirs de
police du maire prévus par les articles L. 2212-1 et
L. 2212-2 alinéa 1° et 5° CGCT.
X
30
Recommandation
n
o
4 :
.
Respecter
les
règles
de
publicité, de mise en concurrence et de computation des
seuils conformément aux articles R. 2121-1, R. 2121-6 et
R. 2121-7 du code de la commande publique
.
X
31
Recommandation n
o
5 :
Produire en lien avec le
comptable
public
un
inventaire
fiabilisé
des
immobilisations
communales en concordance avec l’état
de l’actif en application de l’article 53 du décret n°
2012-
1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire
et comptable publique.
X
37
Recommandation
n
o
6 :
Mettre
fin
aux
mises
à
dispositions illégales
d’agents non titulaires en contrat à
durée déterminée en se conformant, à l’article L.
516-1 du
code de la fonction publique.
X
50
Recommandations (
performance
)
Totalement
mis en
œuvre
Mise en
œuvre en
cours
Mise en
œuvre
incomplète
Non mis
en œuvre
Recommandation n
o
1 :
Mettre en place un suivi de la
quantité de sargasses collectée par voie terrestre ou
maritime.
X
24
Recommandation
n
o
7 :
Adopter
une
délibération
adaptant le tableau des effectifs aux emplois pourvus.
X
51
Recommandation n° 8 :
Adopter un plan pluriannuel
d’investissement
(PPI) adapté aux capacités financières,
et de conduite et de réalisation de projets.
X
55
* Voir notice de lecture
COMMUNE DU ROBERT
8
NOTICE DE LECTURE
SUR L
’AVANCEMENT DE LA MISE EN ŒUVRE DES
RAPPELS AU DROIT ET DES RECOMMANDATIONS
Les recommandations de régularité (rappels au droit) et de performance ont été arrêtées après examen des réponses écrites et des pièces justificatives
apportées par l
ordonnateur en réponse aux observations provisoires de la chambre.
Totalement mise en
œuvre
L
’organisme contrôlé indique avoir mis en œuvre la totalité des actions ou un ensemble complet d’
actions permettant de répondre
à la recommandation, même si les résultats escomptés n
ont pas encore été constatés.
Mise en œuvre en cours
L
’organisme contrôlé affirme avoir mis en œuvre une partie des actions nécessaires au respect de la recommandation et indique
un commencement d
exécution. L
organisme affirme, de plus, avoir l
intention de compléter ces actions à l
avenir.
Mise en œuvre
incomplète
L
’organisme contrôlé indique avoir mis en œuvre une partie des actions nécessaires sans exprimer d’
intention de les compléter
à l
avenir.
Non mise en œuvre
Trois cas de figure :
-
l’
organisme contrôlé indique ne pas avoir pris les dispositions nécessaires mais affirme avoir l
intention de le faire ;
- ou il ne précise pas avoir le souhait de le faire à l
avenir ;
- ou il ne fait pas référence, dans sa réponse, à la recommandation formulée par la chambre.
COMMUNE DU ROBERT
9
PROCÉDURE
Le contrôle des comptes et de la gestion de la commune du Robert, à compter de 2020
jusqu’à la période la plus récente a été ouvert par lettres du président de la chambre régionale
des comptes de Martinique, adressées le 15 novembre 2023 à M. Farell FRANCOIS-
HAUGRIN, maire et ordonnateur en fonctions, et le 31 janvier 2024 à l’ancien ordonnateur
jusqu’au 31
octobre 2023, M. Alfred MONTHIEUX.
Le contrôle a porté sur
la situation financière et, dans le cadre d’une enquête régionale,
sur la politique de lutte contre la pollution des sargasses.
En application de
l’
article L. 243-1 du code des juridictions financières, les entretiens
de fin de contrôle ont eu lieu le 8 avril 2024 avec l’ordonnateur en fonctions et le 10 avril 2024
avec son prédécesseur.
La chambre, dans sa séance du 4 juin 2024, a arrêté les observations provisoires. Elles
ont été communiquées à l’ancien ordonnateur
M. Alfred MONTHIEUX
et à l’ordonnateur en
fonction M. FRANCOIS-HAUGRIN au moment de leur notification. Les deux ordonnateurs
ont répondu par deux courriers strictement identiques en date du 4 septembre 2024, enregistrés
au greffe le 6 septembre 2024.
Des extraits ont également été adressés à douze tiers, pour ce qui les concernait. Un seul
d’entre eux a répondu, l’association
Madininair par courrier en date du 22 juillet 2024,
enregistré au greffe le 4 septembre 2024.
Après examen des réponses, la chambre, dans sa séance du 19 septembre 2024, a arrêté
les observations définitives suivantes.
COMMUNE DU ROBERT
10
Carte n° 1 :
Les communes de la Martinique
Source : Wikipédia
Le Robert est une commune du littoral atlantique (46 km
de côtes), dans
l’aire
d’attraction
de Fort-de-France. Elle est membre de la communauté
d’
agglomération du Pays
Nord Martinique (Cap Nord Martinique).
Le Robert est la troisième commune la plus peuplée après Fort-de-France et le
Lamentin. Son
nombre d’habitants s’établit
à 21 435 au 1
er
janvier 2024. La population a connu
une baisse significative de 6,76
% par rapport à l’année 2014
.
Sa superficie est de 47,3 km
2
, avec une densité de population de 457,2 habitants par
km
2
, ce qui est supérieur à la densité moyenne de la Martinique (327 habitants par km
2
).
Le taux de la population active est passé de 68,1 % en 2009 à 73,5 % en 2020 (date du
dernier recensement). Le taux de chômage a diminué de 19,7 % en 2009 à 18,6 % en 2020.
L’
économie locale e
st principalement la pêche, l’agriculture (bananes, produits
maraîchers) et une activité industrielle située
dans le parc d’activité (agroal
imentaire, chimie,
ameublement etc.). Depuis 2011, ses habitants et son économie (notamment la pêche artisanale
et ses diversifications) pâtissent des échouements massifs d
algues sargasses. Celles-ci libèrent
lors de leur putréfaction des gaz toxiques dan
s l’air
(H
2
S et NH3), ainsi que
de l’arsenic (As)
dans le sol, éléments qui présentent un danger sanitaire et environnemental.
COMMUNE DU ROBERT
11
Origine de la prolifération des sargasses : la mer des sargasses (
Illustration de Mark Garrison).
1
LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LES SARGASSES
1.1
La présence des algues sargasses dégrade l’environnement et constitue
un réel danger pour la santé publique
L’échou
ement des algues sargasses
Les sargasses sont des algues brunes pélagiques ayant fait l’objet de plusieurs
études scientifiques ces dernières années. Leur origine serait « la petite mer des sargasses
» située au large du golfe du Mexique. Leur croissance et leur développement seraient
favorisés par un apport important de nutriments principalement de potassium et de nitrate
provenant des rivières Congo e
t de l’Amazone, associé aux conditions climatiques
(élévation de température, baisses de la pression de l’air).
Carte n° 2 : Origine de la prolifération des sargasses
La quantité de sargasses dans l'océan Atlantique a atteint un niveau record entre
décembre 2022 et janvier 2023, avec une quantité estimée à 8,7 millions de tonnes.
L’impact écologique de ces algues peut être positif lorsque, regroupées
, en mer,
en nappes, elles font office de dispositif de concentration de poissons (DCP) dérivants et
permettent aux pêcheurs d’effectuer des prises parfois conséquentes (thons, daurades,
etc.).
En revanche, les surfaces recouvertes par les nappes stagnantes en bord de rivage
entrainent une forte dégradation de la qualité de l’eau
en raison de
l’oxydation naturelle
de la matière organique de ces algues provoquant une raréfaction de l’oxygène, et
constituent un obstacle au processus de photosynthèse indispensable à la survie des
coraux et herbiers. Les fonds marins sont ainsi profondément détériorés, ainsi que la
qualité de l’eau. Les écosystèmes (mangroves, lieux de pontes) sont significativement
perturbés.
De plus, les échouements constituent une menace majeure pour la santé,
l’environnement et l’économie, notamment touristique. Au
-delà d
’un délai de 72 h après
leur arrivée sur les côtes et sans ramassage, leur décomposition provoque un dégagement
de gaz, notamment de l’hydrogène sulfuré (H
2
S) par fermentation, qui à faibles doses,
COMMUNE DU ROBERT
12
répand une odeur particulièrement nauséabonde et, à doses plus importantes, peut devenir
toxique voire mortelle. La capacité des sargasses à piéger des métaux lourds tel que
l’arsenic constitue un danger potentiel pour les opérations de traitement et de valorisation
de celles-ci et peut avoir des incidences environnementales non négligeables en termes
de pollution notamment.
Ce phénomène a également des conséquences sur l’activité touristique de pêche
et d’aquaculture. Au rang des dommages subis sont également recensés la détérioration
des fonds marins, de la qua
lité de l’eau, des machines, des systèmes de climatisation, des
composants électroniques des ordinateurs et l’usure précoce des outils de travail. La
perturbation des écosystèmes (mangroves, lieux de pontes) est également observée.
En matière de santé publique, l
’exposition à
l’arsenic
peut provoquer des cancers de la
peau, de la vessie et des poumons.
Lorsque les doses augmentent, d’autres conséquences
peuvent s’observer
: des effets neurologiques tels que les troubles de la coordination et la perte
de l
’odorat. Ils sont décrits pour des expositions à des concentrations d’H2S de l’ordre de
200 ppm. Des conséquences plus graves sont évoquées à partir de 500 ppm, avec des décès
possibles par arrêt cardiaque à des concentrations de l’ordre de 1
000 ppm (observés dans des
espaces confinés tels que des égouts).
Une des rares études cliniques menées, «
Effets sanitaires de la décomposition des
algues sargasses échouées sur les rivages des Antilles françaises
»
1
, témoigne des
conséquences médicales sur un échantillon
d’habitants
des Antilles. Les données préliminaires
collectées sur 12 mois par le groupe de travail «
Sargasses
» au centre hospitalier universitaire
de Martinique (CHUM), ont permis de décrire les caractéristiques cliniques de 154 patients
exposés lors des épisodes d’échouage des algues en 2018.
Ceux-ci se plaignaient surtout de
troubles neurologiques non spécifiques (80 %), digestifs (77 %), respiratoires (69 %), oculaires
(64 %), ORL (53 %) et psychologiques (33 %).
Les dégagements de gaz ont des conséquences sur la vie quotidienne des populations
proches des zones d’échouage.
Les machines, les systèmes de climatisation, les composants
électroniques et les ordinateurs subissent une usure précoce.
Les bancs et les échouages ont des conséquences néfastes dans le domaine de la pêche,
activité économique particulièrement importante pour Le Robert. En effet, les poissons meurent
pris au piège de ces accumulations d’algues
.
1
Source : service de réanimation polyvalente, service de réanimation médicale et toxicologique,
département de la recherche clinique du centre hospitalier universitaire (CHU) de Fort-de-France ; service de
réanimation polyvalente du centre hospitalier général Andrée Rosemond de Cayenne ; fédération de toxicologie
de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris,
(CHU Lariboisière) ; Université de Paris ; INSERM UMRS 1144)
COMMUNE DU ROBERT
13
1.1.1
Face à cette menace sanitaire, écologique et économique, deux plans nationaux
« Sargasses » ont été lancés
Le premier plan national de prévention et de lutte contre les sargasses 2018-2021 (plan
Sargasses I) avait pour vocation de «
présenter l’organisation
générale des moyens à engager et
des actions à mener dans les zones affectées. Il prévoit les modalités d’engagement de
l’ensemble des moyens publics et privés susceptibles d’être mis en œuvre lors de ces
interventions ».
Le phénomène d’échouements massifs
s’inscrivant dans une perspective de longue
durée et de montée en puissance, un second plan national de prévention et de luttes contre les
sargasses 2022-2025 (plan Sargasses II) a été engagé.
Alors que le premier plan avait pour objectif une gestion de crise face aux échouages
des sargasses, le second vise une réponse plus structurelle, de la prédiction des échouements à
la valorisation des algues, face à ce phénomène récurrent et à ses conséquences. La plan
sargasses II accorde une place significative à
l’échelon local
.
1.2
L’ampleur du
phénomène a nécessité une adaptation de la gouvernance
territoriale pour
la lutte contre l’échouage des algues sargasse
1.2.1
Le maire
est l’
acteur majeur de la lutte contre les algues sargasses
Le maire est l’autorité de police
administrative. Ses pouvoirs de police générale
2
lui
permettent de mener des missions de sécurité, de tranquillité et de salubrité publiques. Il a
compétence pour les
exercer sur l’ensemble du territoire communal, y compris sur le domaine
public maritime. Cette
compétence s’exerce sur le rivage de la mer jusqu’à la limite des eaux,
et
sur les plans d’eau
.
Les algues ne sont pas classées dans la catégorie des déchets. Cette indétermination
n’emporte
toutefois
pas l’exonération de la responsabilité du maire et sa compétence
pour
surveiller les plages concernées, organiser rapidement la collecte des sargasses échouées et
prévoir leur stockage dans des conditions empêchant la contamination des sols.
2
Articles L. 2212-1 et L. 2212-2 alinéa 1° et 5° du code général des collectivités territoriales.
COMMUNE DU ROBERT
14
La nature juridique des algues sargasses
L’article
L. 541-1-1 du c
ode de l’
environnement définit le déchet comme «
toute
substance ou tout objet ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se
défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de
se défaire
». Le même article considère
le détenteur de déchets comme «
le producteur du déchet ou toute autre personne qui se
trouve en possession des déchets
».
La liste des déchets énoncée dans l’annexe II de l’article R
. 541-8 du même code
permet d’id
entifier chaque type par un code à six chiffres faisant référence au secteur de
production du déchet. Les dangereux sont signalés par une étoile après le code. Les
algues sargasses ne figurent pas dans cette nomenclature.
Cependant, une étude de
l’Agence d
e la transition écologique
3
(ATE), considère
que c
es algues répondent à la définition de l’article L
. 541-1-1 du code de
l’environnement et qu’elles acquièrent
ainsi le statut de déchets au moment où elles sont
collectées sur le littoral dans la perspectiv
e de s’en défaire.
En outre, cette étude menée sur les algues fraîches et sur des échantillons
d’algues maturées (4 à 11 mois), témoigne de l’évolution
dans le temps de leur
dangerosité sur les milieux naturels. La sargasse fraîche pourrait ainsi être classée dans
la catégorie HP 14
4
concernant les matières écotoxique
5
.
D’après les
tests effectués, les
algues maturées pourraient être classées comme des déchets non dangereux.
1.2.2
Le volet sargasses du plan communal de sauvegarde doit être actualisé
Sous la responsabilité du maire, le plan communal de sauvegarde (PCS) est un outil
réalisé à l'échelle communale pour planifier les actions des acteurs communaux de la gestion
du risque en cas d'évènements majeurs naturels, technologiques ou sanitaires.
Ces plans complètent les plans Orsec. Ils sont obligatoires dans les communes couvertes
par un plan de prévention des risques naturels (PPRN), ce qui est le cas pour celle du Robert.
Le plan Sargasses I (2018-2022) précise que «
la mise en œuvre de la planification
départementale par le préfet ne décharge pas les maires de leur responsabilité pour protéger la
population
». Les préfets veillent à encourager l’intégration de dispositions spécifiques à la
gestion des algues sargasses dans les PCS.
Le PCS
est mis à jour par l’actualisation de l’annuaire opérationnel. Il est révisé en
fonction de la connaissance et de l’évolution des risques ainsi que des modifications apportées
aux éléments. Dans tous les cas, le délai de révision ne peut excéder cinq ans.
3
Source : SARGASSES-HP-EMIS, rapport final « Evaluation de la dangerosité des algues sargasses »,
rapport final, publié en avril 2023.
4
HP14 « Ecotoxique » : substances et préparations qui présentent ou peuvent présenter des risques
immédiats ou différés pour une ou plusieurs composantes de l’environnement.
5
Règlement (UE) 2017/997 du 8 juin 2017.
COMMUNE DU ROBERT
15
Or, le volet «
Sargasses
» du PCS du Robert date de 2018. La chambre rappelle à la
commune
qu’elle doit
actualiser ce plan.
1.2.3
Cap Nord Martinique apporte un soutien déterminant à la commune du Robert
La commune du Robert est membre de la communauté
d’agglomération du Pays Nord
Martinique (Cap Nord Martinique). Cet établissement public de coopération intercommunal
(EPCI) regroupe 18 communes sur les 32 que comptent
l’île.
Dans le cadre d’
une «
convention de mise à disposition descendante de matériel sans
remboursement
», signée le 12 juin 2020, l
EPCI apporte un soutien logistique à quatre
communes (Sainte Marie, la Trinité, le Marigot et le Robert) en moyens de collecte mécanisée
et de transport. Les matériels suivants sont concernés :
Tableau n° 1 :
Matériels mis à disposition par Cap Nord Martinique
Matériels mis à disposition
Quantité
Bennes en acier de 20m
3
8
Camions de 26 tonnes de PTAC équipé d’un bras hydraulique
3
Camion de 26 tonnes de PTAC équipé d’un bras et d’une grue
hydraulique
1
Tractopelles sur pneus
3
Mini pelle hydraulique sur chenilles
1
Véhicule utilitaire léger type mule
1
Source : Convention du 12 juin 2020
Les EPCI contrairement aux communes ne disposent pas de compétences générales. Ils
ne peuvent donc exercer que celles qui leur ont été explicitement transférées, soit par la loi, soit
par les communes membres.
Toutefois, le pouvoir de police générale du maire ne peut en aucun cas être transféré au
président d’un EPCI. Seuls les pouvoirs de police spéciale limitativement
énumérés à
l’article
L. 5211-9-2 du code général des collectivités territoriales (CGCT)
peuvent faire l’objet
d’un transfert.
Ainsi, l
’intervention de
Cap Nord Martinique dans la lutte contre les
échouements des algues sargasses pourrait être rattachée à
l’
une de ses compétences
optionnelles, prévues à
l’article 7.2
-2 de ses statuts : la protection et la mise en valeur de
l’environnement et du cadre de
vie.
Le maire disposant seul des pouvoirs de police qu’il ne peut
déléguer, une éventuelle intervention d
e l’EPCI au regard de l’article 7.2
-2 des statuts, ne
pourrait être fondée que sur un objectif de protection environnementale.
COMMUNE DU ROBERT
16
1.2.4
L
a création d’un
g
roupement d’
intérêt public doit permettre une mutualisation
des moyens de lutte contre les algues sargasses
Le GIPSPAM Martinique
Lors du comité de pilotage extraordinaire sur le plan national de lutte contre les
sargasses, présidé par Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outres
mers le 1
er
août 2022, il a été décidé de mettre en place,
dès l’automne 202
2, un opérateur unique de
gestion par territoire pour concentrer les moyens et permettre plus de souplesse dans
l’allocation des ressources publiques. La création d’un «
Service public anti-sargasses
»
a donc été acté.
La création d’un
groupement d’intérêt
public service public anti-sargasses
Martinique (GIPSPAM), dont la convention constitutive,
élaborée par l’État et la
collectivité territoriale de Martinique (CTM), a été lancé le 12 août 2022.
Les 3 EPCI partenaires ont été invités à intégrer ce
groupement dans l’intérêt du
territoire et de leur population. La convention a été adoptée par les collectivités membres
du futur GIP :
par la CTM le 27 octobre 2022 ;
par la communauté d'agglomération du centre de la Martinique (CACEM), le 19
décembre 2022 ;
par CAP NORD, le 22 décembre 2022 ;
par la
communauté d’agglomération de l’espace sud de la Martinique
(CAESM), le 2
mars 2023.
Cette convention prévoit une répartition en trois collèges, constitués des membres
contributeurs du groupement, qui participent aux dépenses dont les droits statutaires :
l’
État avec 8 représentants ;
la CTM avec 4 représentants ;
les trois EPCI, un représentant par EPCI.
Des personnes qualifiées avec voix consultative :
l’
association des maires de Martinique ;
l’Université
des Antilles ;
l’
Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).
Les missions du GIP sont multiples :
la lutte contre l’échouage des sargasses, les
problèmes générés sur la santé des Martiniquais et les conséquences sur l'activité de la
pêche.
COMMUNE DU ROBERT
17
Les priorités sont les suivantes :
coordonner, par une programmation pluriannuelle, la mise en œuvre des opérations de
prévention, de ramassage, de transport, de stockage et de valorisation ;
informer et accompagner les habitants victimes des échouages des sargasses ;
être l’interlocuteur unique des partenaires financiers et institutionnels
;
recueillir et diffuser l’ensemble des données relatives à la prévention, à la recherche et
à la coopération régionale.
Après plus d’un an de préfiguration, le
g
roupement d’
intérêt public sargasses a
tenu son assemblée générale le 21 novembre 2023. À cette occasion, le budget du GIP a
été présenté. 500 000 euros de fonctionnement sont alloués pour la première année
notamment pour se doter de locaux et de matériel. Le financement est assuré à 80 % par
l’
État, à 11 % pour la CTM et à 9 % par les trois EPCI.
Le GIP
n’a pas vocation à se substituer aux communes, mais à soutenir et
concentrer les moyens aux services des collectivités. Il doit faciliter le partage de
l’i
nformation et la mutualisation des ressources documentaires. De plus, il doit exercer
un rôle d’animateur, d’expert et de coordonnateur de l’ensemble des actions
de rôle de
maitre d’ouvrage ou ma
î
tre d’ouvrage délégué.
Dans le procès-
verbal de l’assemblée
générale (AG) du 21 novembre 2023, il est précisé que «
la question de la maîtrise
d’ouvrage d’action mutualisée est prédominante, le GIP
doit avoir pour ambition le
déploiement d’une action globale trop morcelée. Le GIP doit aussi proposer une réponse
opé
rationnelle efficiente à l’échelle du territoire, notamment vis
-à-
vis de l’enjeu
sanitaire
».
1.3
Particulièrement touchée par les échouages d’algues sargasses, la
commune a mis en œuvre une stratégie de collecte volontariste et
diversifiée
1.3.1
Le Robert est
fortement exposé aux conséquences nocives de l’échouage des
algues sargasses
La commune est particulièrement affectée par
l’
échouement des algues sargasses. Sur
46 kilomètres de côtes, 42 kilomètres, soit plus de 91 % de son
littoral, sont susceptibles d’ê
tre
touchés et seize sites ont été identifiés dans l’
atlas communal de gestion des échouages
6
, comme
particulièrement exposés aux risques.
Ce document établi par la Direction de l’environnement,
6
Cf. annexe n° 3 : atlas communal de gestion des sargasses.
COMMUNE DU ROBERT
18
de l’aménagement et du Logement (DEAL) –
« Mission Sargasses »
, détermine quatre niveaux
de risque : faible, moyen, fort et majeur.
Ainsi, comme le montre le tableau «
niveaux de risques d’échouage des algues
sargasses par site
»
7
, 56 % des sites, sont exposés à un risque majeur, 19 % sont exposés à un
risque fort, 19 % sont exposés à un risque moyen et 1, soit 8 % est exposé à un risque faible.
Méthodologie de calcul du risque d’échouage d’algues sargasses sur les sites à enjeu de
Martinique (atlas communal des échouages de sargasses (mars2022)
L’enjeu sanitaire est
calculé à partir de trois indicateurs :
o
le nombre de bâtiments potentiellement touchés par les algues
sargasses ;
o
l’altitude de ces bâtiments
;
o
la présence d’établissement
s
sensibles (écoles, crèches etc…).
L’aléa sargasse est évalué au regard de deux
indicateurs :
o
la fréquence et l’intensité des arrivées de sargasses
;
o
la quantité maximale observée des sargasses.
Le risque représente le croisement de l’enjeu avec l’aléa et est gradué en quatre
niveaux associés à une couleur :
Niveaux de risque
Faible
Moyen
Fort
Majeur
Source : atlas communal des échouages de sargasses (mars 2022 (DEAL)
1.3.2
Avec sa stratégie de collecte qui allie ramassage à terre et collecte directe en
mer
1.3.2.1
L
es opérations classiques de ramassage à terre s’effectuent partiellement en
régie
dans des délais raisonnables
La collecte à terre est effectuée par les agents des services techniques communaux dont
quatre chauffeurs de pelles mécaniques et quatre de camions. Des locations de pelles
mécaniques avec chauffeurs viennent en renfort d
e cette équipe en période d’échou
ages
importants, les sites d’intervention étant nombreux.
Durant la période sous revue, trois sociétés ont régulièrement mis à disposition des
pelles mécaniques avec chauffeur. Le prix de la journée varie de 900 euros à 2 000 euros en
fonction du type de pelle utilisé (3,5 tonnes, 9 tonnes, 15 tonnes, long bras).
7
Cf. annexe n° 4 : niveau d
es risques d’échouages des algues par site
.
COMMUNE DU ROBERT
19
Les transports vers le site de stockage sont réalisés en régie avec trois camions et une
camionnette, complétés par
la mise à disposition d’un camion de C
ap Nord.
À
défaut de données sur l’activité de ramassage réalisé par les agents communaux, un
rapprochement a été effectué entre les bulletins de Météo France diffusés de mars à septembre
2021 (année d’invasion massive) et les jours de location des engins d’une soci
été
8
, principal
prestataire. Tous matériels confondus, cette société comptabilise 167 jours de location sur la
période qui inclut 12 samedis
9
.
Ce croisement de données montre une plus grande réactivité de la commune s’agissant
des risques « fort » et « très fort ».
Les mois d’avril et août 2021 qui comportaient chacun cinq
bulletins de risque « fort » enregistrent respectivement 22 et 21 jours de locations de matériels.
La période du 27 mai au 9 juin qui comportait deux bulletins de niveau « très fort » et un
bulletin de niveau « fort
» a mobilisé le matériel durant 12 jours dont deux samedis. L’absence
de ramassage ou un ramassage plus limité en niveau d
alerte jaune (risque moyen) sur la période
du 28 juin au 7
juillet pourrait s’expliquer par une arrivée
tardive des algues sur les rivages
puisque la période qui suit (du 8 juillet au 19 juillet) a connu trois bulletins risque « fort » qui
comprenait trois samedis.
1.3.2.2
Une stratégie innovante et sans équivalent de collecte des algues sargasses en mer
Depuis 2020, la commune a, après avoir expérimenté un dispositif de barrages flottants
déviant, imaginé par ses services en 2018, amélioré les techniques de ramassage des algues
sargasses. Celles-ci sont désormais orientées vers un point facilement accessible à terre grâce à
des barrages bloquant autorisant leur ramassage directement en mer.
En termes de linéaire, ces installations qui sont les plus importantes de toute la
Martinique,
s’étendent sur
6 km et sont installées sur quatre sites :
Pointe Savane ;
Pointe Lynch ;
Pointe la Rose ;
Sable Blanc ;
La commune prévoit d’installer cinq barrages supplémentaires
sur les sites :
Four-à-chaux ;
Pointe Jean-Claude ;
Pointe l’Écurie
;
8
En bleu dans le tableau en annexe n°5.
9
Cf. annexe n° 5 : n
ombre de jours de locations de matériels pour le ramassage d’algues
.
COMMUNE DU ROBERT
20
Pointe Melon ;
Pointe Roseaux.
Typologie des barrages
10
On distingue plusieurs types de barrages anti-sargasses : flottant avec ligne
d’ancrage
ou fixe avec des piquets.
Quant à leurs fonctions, ils peuvent être :
Bloquant avec deux missions :
confinement (les algues sargasses sont isolées sur un secteur côtier sensible) ;
rétention (accumulation des algues dans des poches) ;
Déviant :
transfert (report vers un autre site) ;
Convergent :
concentration (orientation vers un point de collecte à terre)
Sur les 16 sites identifiés comme particulièrement exposés aux risques, onze sont
inaccessibles ou peu accessibles et la collecte des sargasses échouées y est impossible, ce qui
rend impératif le recours aux barrages bloquant en mer.
Photo n° 1 :
Barrage flottant anti-sargasses bloquant
Source : chambre régionale des comptes
10
Source : d
octrine relative à l’instruction réglementaire et financière des
barrages anti-sargasses en
Martinique (DEAL).
COMMUNE DU ROBERT
21
Depuis 2023, un nouveau dispositif a
été mis en œuvre
. Il permet
d’
immerger les
sargasses en mer. Une
société est adjudicataire d’un marché d’
État expérimental, portant sur
des prestations de réductions des échouages et met à disposition de la commune une barge de
20 mètres de long. Celle-ci permet de stocker ces algues collectées le long des barrages
bloquants.
La barge est ensuite remorquée à environ 15 000 nautiques de la côte et les sargasses
immergées à une profondeur de 1 000 mètres. Cette technique
présente l’avantage de ne pas
exposer la population aux émanations d’H
2
S.
1.4
Un effort important
d’investissement, largement financé par l’
État,
l
’Union
européenne, la CTM et Cap Nord
, dont l’efficience ne peut
cependant pas encore être évaluée
1.4.1
Des moyens matériels nouveaux pour le ramassage terrestre et la collecte en
mer
Depuis 2015, la commune a acquis divers matériels
, avec l’aide de différents financeurs
.
Tableau n° 2 :
Matériels acquis par la commune
Matériels
Montant en euros TTC
Année d’acquisition
Camionnette à benne basculante.
54 000
2015
Mini pelle chargeur
60 000
2015
Pelle mécanique chargeur
124 700
2015
Bateau Lougarou n°1 Ramasseur d’algues
64 123
2019
Bateau Lougarou°2 Ramasseur d’algues n°2
213 457
2022
Chaland Barge
148 868
2022
Pelle mécanique Long Bras
248 000
2024
Source : commune du Robert
1.4.2
Les moyens humains pour le ramassage en mer
Le
Robert présente cette particularité en Martinique d’opérer un ramassage des algues
sargasses directement en mer avant leur échouage.
L’équipe de collecte est constituée de six agents en contrat d’insertion et de quatre
agents permanents de la commune. Ces derniers sont affectés spécifiquement à cette mission.
COMMUNE DU ROBERT
22
Leur responsable assure également la gestion du centre nautique. Certains agents ont leur
permis bateau et un diplôme de plongée sous-marine.
Photo n° 2 :
Bateau de collecte type Sargator
Source : chambre régionale des comptes
1.4.3
Des moyens très largement subventionnés par l’
État et les autres collectivités
1.4.3.1
La commune du Robert a bénéficié de soutiens financiers importants
Dès les tous premiers échouements en 2011, la commune a bénéficié de soutiens
financiers pour la lutte contre cette pollution.
Sur la période 2019-2023, conformément aux objectifs des plans Sargasses I et II,
l’Union
europée
nne, l’
État et Cap Nord
ont octroyé d’importantes subvention
s tant en
investissement qu’en fonctionnement.
Le soutien financier de la CTM est plus récent.
Les subventions versées ont concerné principalement l’acquisition de matériels pour la
collecte en mer et sur terre, l’installation et l’entretien des barrages. En 2023, les aides de
fonctionnement concernent l’enlèvement et l’évacuation des
algues sargasses vers le site
stockage, notamment la collecte réalisée par des entreprises.
COMMUNE DU ROBERT
23
1.4.3.2
Plus de la moitié des subventions versées ne sont pas perçues par la commune
Au vu des constats dressés par les financeurs fin 2023 et, au regard du faible taux
d’exécution budgétaire en recettes d’investissement, la commune doit impérativement renforcer
le suivi des subventions obtenues pour
s’
assurer de leur perception. Sur 3,4
millions d’euros de
subventions accordées entre 2019 et 2022, près de 1,9 million restait à percevoir fin 2023, soit
55 %. Les opérations étaient pourtant engagées à 100 %.
Faute de présenter les justificatifs de démarrage ou les bilans de réalisation des
opérations dans les délais et en l’absence de prorogation des actes attributifs de subvention, la
com
mune court le risque d’être privée de sommes conséquentes
. En effet, ces subventions
peuvent être frappées de caducité, ce qui la conduirait à
supporter l’intégralité des dépenses sur
ses fonds propres.
1.4.4
En
l’absence d’informations relatives aux tonnages co
llectés et à la durée
d’utilisation des matériels, l’efficience des moyens mis en œuvre ne peut
pas
être appréciée
Lors de l’
assemblée générale constitutive du GIPSPAM, le 23 novembre 2023, il a été
souligné, en direction de toutes les communes membres, que «
la gouvernance a besoin
d’indicateurs à commencer par la quantification des algues
sargasses collectées qui pour
l’heure se limite à la collecte en mer et en partie la collecte manuelle
».
Or, la commune
n’
a pas été en mesure de transmettre à la chambre les relevés des
tonnages d’algues
sargasses prélevés en mer et ramassés sur terre.
Selon la DEAL, chaque commune
dispose d’un
engin attitré auprès de Cap Nord qui ne
mobilise pas ses propres chauffeurs, mais assure l'entretien du matériel. Les seules données
dont disposerait l’EPCI
sont extraites de l'outil de réservation. La commune réserve puis
récupère l'engin avec son propre chauffeur. Dès lors, la seule information disponible est le
nombre de jours de réservation. Il n’est pas possible de connaître pour une journée, le nombre
de rotation du camion réservé et la quantité d’algues sargasses transportées.
Les sorties des bateaux ne sont pas enregistrées. Les carnets de bord concernant
l’activité des différents navires utilisés pour le ramassage des algues ne sont pas
remplis.
Aucun élément chiffré fiable
relatif à la collecte des sargasses n’a été produit. Seul
le
procès-verbal
de l’AG constitutive du 21 nov
embre 2023 indique que 3 950 m
3
d
’algues
,
collectées au droit des barrages, auraient été réimmergés au large à cette date.
La chambre s’étonne de l’absence d’un
suivi des quantités ramassées et des moyens
mobilisés. Sur la période examinée, le coût de cette politique avoisine pourtant les 4,5 millions
d’euros
11
, soit 13 % du budget communal. Aussi, la chambre constate q
ue l’
on ne peut pas
11
Ce coût comprend
l’acquisition de matériels, la collecte externalisée, l’installation et l’entretien des
barrages.
COMMUNE DU ROBERT
24
évaluer
l’efficience du dispositif
. Dans sa réponse aux observations provisoires, la commune a
indiqué mettre en place à partir du 15 septembre 2024,
un suivi de la quantité d’algues sargasses
et du lieu de collecte.
Recommandation n° 1
(Performance)
: : Mettre en place un suivi de la quantité de
sargasses collectée par voie terrestre ou maritime.
1.4.5
En dépit des outils de communication dont elle dispose, la commune du Robert
n’informe pas
suffisamment sa population
1.4.5.1
Météo France diffuse régulièrement un bulletin d’alerte sur les risques d’échouage
des algues sargasses
La commune est destinataire deux fois par semaine des bulletins de surveillance et de
prévision d’échou
ement des algues, publiés par Météo France. Ces bulletins donnent une carte
d
es zones de risque d’échouage pour les
quatre prochains jours, avec un indice de confiance
dans la prévision. La publication indique aussi la tendance pour les deux semaines à venir.
Le bulletin détermine quatre niveaux
de risque d’échouage représentés par des codes
couleur appliqués aux zones côtières concernées
12
.
En 2020, 11
bulletins prévoyant des risques d’échouage
« fort » ont été publiés. Ce
chiffre a grimpé à 25 bulletins en 2021 puis 22 en 2023. En 2020, le service de Météo France a
publié quatre bulletins qui annonçaient un risque d’échouage
«
très fort
» et trois sur les années
2021 et 2022. Dans 70 % des signalements concernant un risque «
très fort
»,
l’indice de
confiance s’établissait à
quatre sur cinq.
Or,
la commune n’a pas mis en œuvre de communication à destination
de sa population,
malgré les outils dont elle dispose (site internet, compte Facebook et compte X).
1.4.5.2
Les publications du réseau Madininair informent les communes de Martinique sur
les risques d’émanation de gaz H
2
S et NH3
Le plan Sargasses II insiste sur le nécessaire renforcement de la veille sanitaire en
développant le réseau de capteurs répartis sur les territoires les plus exposés. Conformément à
la mesure 6 de ce plan, («
financement pluriannuel du réseau de capteurs incluant a minima
l’entretien et le remplacement des capteurs, ainsi que le suivi par les associations en charge du
réseau
»), un réseau de mesures continues a été installé.
12
Cf. annexe n° 1
: carte des risques d’échouement pour les 4 prochains jours
.
COMMUNE DU ROBERT
25
Madininair
Créée en 1998, Madininair est une association loi de 1901, qui a été la première
structure à bénéficier de l’agrément du
m
inistère de l’
é
cologie, de l’
énergie, du
développement durable et de la mer,
pour la surveillance de la qualité de l’air en
Martinique. Son organe délibérant associe quatre collèges
: l’
État, les collectivités
locales, les industriels, les associations et des personnes qualifiées. Madininair est chargée
de surveiller et mesurer les polluants atmosphériques en tout point du territoire.
Le réseau permet à tous les acteurs de la santé (des décideurs, des institutions et
de la population)
de bénéficier d’une communication relative aux quantités d’H
2S et NH3
mesurées dans
l’environnement proche des zones d’échouage. Ces informations
contribuent à la veille sanitaire et aident les autorités compétentes à mettre en œuvre leur
stratégie de gestion de l’échouage des sargasses (priorisation des enlèvements, mise en
œuvre d’évent
uelles mesures spécifiques de protection des populations, etc..).
Concernant la commune du Robert, six stations destinées à mesurer les
émanations des gaz H2N et NH3 sont installées sur les sites suivants :
Baie Cayol ;
Four à Chaux ;
Pointe Hyacinthe ;
Pointe Savane ;
Pontalery ;
Sable Blanc.
Le choix des sites d’implantation des capteurs est décidé par l’A
gence régionale de la santé
(ARS), en concertation avec la commune concernée. Madininair est consulté au titre de son
expertise.
1.4.5.3
La commune a été confrontée à de nombreuses reprises à la présence de taux élevés
de H
2
S
Les analyses de Madininair montrent de fréquents épisodes au cours desquels les
émanations de H
2
S ont été supérieures à un taux de 5 ppm, seuil pour lequel est recommandé
aux populations de se tenir éloignées des zones à risque et de ne pas se placer sous le vent des
émissions de gaz.
Ainsi, en 2021, Madininnair a relevé 34 épisodes
d’émanations supérieures à 5
ppm. Ils
se sont concentrés principalement sur la zone de Four à Chaux et dans une moindre mesure sur
la zone de Pointe Hyacinthe. Un des épisodes a atteint le 5 septembre 2021 un taux maximum
de 9,58 ppm.
En 2022, Madininnair a relevé 17 prises de mesures supérieures à 5 ppm, toujours sur
les deux mêmes zones, avec un maximum de 9,8 ppm atteint le 13 septembre 2022. Plus de 280
concentrations entre 1 ppm et 5 ppm de H
2
S ont été relevées essentiellement sur les sites de
Four à Chaux, de Pointe Hyacinthe et Pontalery.
COMMUNE DU ROBERT
26
En 2023, les capteurs ont enregistré des taux de concentration supérieurs à 5 ppm le
16 juin 2023 à Four à Chaux (5,16 ppm) et le 5 juillet 2023 à Pointe Hyacinthe (7,81 ppm).
Madininair indique dans ses relevés 75 épisodes de concentration de H
2
S dans l’air situés entre
1 et 5 ppm sur les sites de Four à Chaux, Pointe Hyacinthe et Pontalery.
Comme pour les prévisions d’échouages, la commune n’utilise pas ses outils
pour
prévenir sa population à l’occasion de mesures de H
2
S supérieures à 5 ppm, alors même que
Madininair communique les concentrations en H
2
S et NH3 à la population tous les jours via le
site internet de Madininair, par un communiqué journalier représentant une cartographie des
concentrations en H
2
S et NH3 sur les 16 sites du réseau sargasses.
Recommandation n° 2
(Régularité)
: Conformément aux articles L. 2212.1 et L. 2212-2
du code général des collectivités territoriales, le maire doit
utiliser les moyens de communication à la disposition de la
commune, afin d’informer la population sur les risques
d’échouages des algues sargasses et les risques liés aux
émanations de gaz H2S.
1.5
Les relations de la commune avec les différents prestataires ne
respectent pas le cadre réglementaire
1.5.1
Les marchés de fourniture des barrages révèlent une situation monopolistique
Les règles de publicité et de mise en concurrence
Les marchés publics inférieurs à 40 000 euros HT
13
(25 000 euros
HT jusqu’en
décembre 2019) peuvent être conclus sans publicité ni mise en concurrence préalables, à
condition que l’acheteur public veille à choisir une offre pertinente et à ne pas contracter
systématiquement avec la même entreprise.
Les marchés de travaux d’un montant inférieur à 100
000 euros HT conclus entre
le 9 décembre 2020 et le 31 décembre 2022 sont également concernés par cette dispense
de mise en concurrence en application des dispositions de
l’article 142 de la loi
n° 2020-1525 du 7
décembre 2020 d’accélération et de simplification de l’action publique
(dite loi ASAP), selon les mêmes conditions.
Entre 40 000 et 90 000 euros HT, les collectivités doivent recourir à une
procédure adaptée dont elles déterminent librement les modalités en fonction des
caractéristiques des besoins à satisfaire, du nombre d’entreprises susceptibles d’y
répondre et des circonstances de l’achat. La publicité doit également être adaptée à celles
-
ci.
13
Articles L. 2112-1 et R. 2112-1 du code de la commande publique.
COMMUNE DU ROBERT
27
À partir de 90 000 euros
HT, la publicité par insertion d’une annonce au Bulletin
officiel des annonces des marchés publics (BOAMP) ou dans un journal d’annonces
légales est obligatoire. Au-delà de 221 000 euros HT pour les fournitures et services, ou
5 548 000 euros HT pou
r les travaux, les acheteurs publics doivent recourir à l’une des
procédures formalisées prévues par la règlementation.
1.5.1.1
Un calendrier retardé en raison de contraintes administratives
L
a commune a publié un avis d’appel à la concurrence dans le journal d’annonces légale
France-Antilles les 23 août et 4 septembre 2018 pour la réalisation en mer de barrages anti-
sargasses. À
l’issue de
cette consultation, un marché comportant six lots a été notifié le
29 janvier 2019 pour un total de 1 263 512,80 euros TTC.
Le délai d’exécution de sept semaines à compter du 26
juillet 2019,
n’a
pu être respecté
en raison du retard subi dans l’obtention des autorisations d’occupation temporaire (AOT) du
domaine public maritime. Les AOT ont été délivrées pour les lots n° 1 (Pointe Savane), n° 5
(Pontaléry
Nord)
et
n° 6
(Sable
Blanc)
respectivement
les
18 novembre 2019,
4 septembre 2020 et 21 février 2020.
Faute d’AOT,
un avenant du 15 janvier 2021 supprime les lots 3 (Pointe Jean-Claude)
et 4 (Pointe La Rose), réduisant le marché à quatre lots.
1.5.1.1
Le premier avenant modifie significativement le contenu du marché
Outre la suppression de deux lots, l’avenant intègre des modifications techniques
demandées par la commune portant notamment sur la longueur de certains barrages et sur leur
typologie (bloquant ou déviant).
À incidence financière globale inchangée, cet avenant augmente très significativement
le montant des quatre lots restants comme il suit :
COMMUNE DU ROBERT
28
Tableau n° 3 :
Marché alloti + avenant pour la réalisation des barrages en mer
N° Lot
Sites
Montant initial
Nouveau
montant
Taux
d’augmentation
1
Pointe Savane
247 829,23
289 966,70
17,0%
2
Pointe Lynch
226 740,29
320 601,49
41,4%
3
Pointe Jean-Claude
218 975,31
4
Pointe la Rose
105 002,57
5
Pontaléry
329 293,14
449 439,34
36,5 %
6
Sable Blanc
135 672,26
203 506,27
49,99 %
Total
1 263 512,80
1 263 512,80
Source : décision du maire n° 2019/02 du 25 janvier 2019 et avenant du 15 janvier 2021
Le maintien du montant de 1 263 512
€ ne permet pas de démontrer le bouleversement
de l’économie du marché
du fait de la simple augmentation des lots conservés.
1.5.1.2
Le respect inégal des règles de publicité pour les marchés relatifs aux barrages
F
ort de l’expertise développée sur le te
rritoire de la commune, le prestataire a déposé
un brevet d’invention publié le 9
septembre 2022. Il occupe ainsi une position quasi
monopolistique pour l’installation des barrages anti
-sargasses au Robert.
En 2023, trois marchés lui ont été attribués pour un montant total de 1 362 195 euros.
Celui
14
pour la construction de cinq barrages supplémentaires pour un montant de
1 045 612 euros
HT a bien fait l’objet d’une publication BOAMP
le 3 octobre 2022. En
revanche,
à défaut d’avoir obtenu des
pièces justificatives, la chambre constate que
l’obligation
de publicité pour les deux premiers marchés
d’un
montant respectif de 89 619 euros et
226 963,04 euros
n’a pas été respectée
.
L’analyse du cahier des charges d
u marché
pour l’installation des nouveaux barra
ges
montre que la commune a tiré des leçons de son expérience passée. En effet, celui-ci prévoit
«
un contrat de maintien en condition opérationnelle (MCO) de l’ensemble des barrages anti
-
sargasses installés dans la baie du Robert »
durant trois ans, avec notamment, la formation du
personnel communal afin
d’assurer le premier niveau de maintenance préventive ou curative.
L’option déviant ou bloquant du barrage est dès le départ envisagé
e dans le cahier des clauses
administratives particulières (CCAP).
14
Marché notifié le 11 avril 2023.
COMMUNE DU ROBERT
29
1.5.2
La gestion du stockage des algues sargasses collectées à terre est erratique et les
prestations d’aménagement s’effectuent en dehors des règles de la commande
publique
1.5.2.1
Un pilotage perfectible de la gestion des lieux de stockage
Lors de l’
AG constitutive du GIPSPAM du 21 novembre 2023, il a été indiqué « que la
question du stockage aujourd’hui
[est le] parent pauvre de la stratégie globale de gestion est
fondamentale ».
Sans véritable cadre juridique, l
a commune a tout d’abord assuré le stockage sur un
terrain de football appartenant à un particulier dans la Mansarde lieu-dit «
Au Penchant
». En
2019, ce dernier souhaitant
l’
affecter à une activité commerciale a demandé la libération de sa
propriété.
Depuis,
le stockage s’effectue sur un terrain appartenant au domaine privé de l’
État,
géré par l’Office
national des forêts (ONF), et pour partie à la commune dans le quartier
Reynoird.
Une convention d’occupation temporaire a été signée avec l’ONF
avec pris
e d’
effet
le 1
er
janvier 2022. Elle doit se terminer le 31 décembre 2024. Son accès est malaisé et, en cas
de pluies, il est peu praticable, voire inatteignable,
car les véhicules s’embourbent.
Photo n° 3 :
Site actuel de stockage des sargasses collectées
Source : chambre régionale des comptes
Le lieu de stockage n’est pas
clôturé, et aucun panneau n’avertit la population de la
dangerosité du site et n’interdit l’accès au périmètre.
En outre, la protection des sols n’est pas
COMMUNE DU ROBERT
30
assurée et le terrain, dont seule une petite parcelle est empierrée, est exposé à un risque de
pollution à
l’arsenic et aux chlorures, notamment de sodium.
Toutefois, une nouvelle localisation est envisagée dans un futur proche, sur un terrain
du domaine public de
l’
État et sur le territoire communal en limite de ce dernier. Il présente
l’avantage d’être
plus grand et plus facilement accessible. Le coût de son aménagement est
évalué approximativement à 2
M€
. Ce terrain sera mutualisé avec les autres communes,
notamment Le François.
La gestion des algues collectées, puis leur stockage a été jusqu’à présent
entrepris dans
le cadre de l’urgence. Cependant, après plusieurs années d’exposition à ce phénomène et
compte tenu des études scientifiques attestant de la toxicité des sargasses fraiches, la commune
du Robert doit assurer une meilleure gestion de son site de stockage actuel.
Recommandation n° 3
(Régularité)
: Mettre en conformité le site de stockage Aulnay-
Sous-Bois conformément aux pouvoirs de police du maire
prévus par les articles L. 2212-1 et L. 2212-2 alinéa 1° et 5° du
code général des collectivités territoriales.
1.5.2.2
Les prestations d’enlèvement des
algues
sargasses et d’aménagement du site de
stockage s’effectuent hors marché
Les règles de computation des seuils imposent aux acheteurs de déterminer la nature et
l’étendue de leurs besoins avec précision
15
. Ils ne peuvent se soustraire à ces règles en scindant
leurs achats ou en utilisant des modalités de calcul de la valeur estimée du besoin autres que
celles prévues par la règlementation. Cette dernière oblige à prendre en compte la valeur totale
des travaux se rapport
ant à une opération, et, s’agissant des fournitures et services, la valeur
totale annuelle des fournitures ou des services qui peuvent être considérés comme homogènes,
soit en raison de leurs caractéristiques propres, soit parce qu’ils constituent une unit
é
fonctionnelle.
En dépit de la récurrence du phénomène,
la commune n’a pas de réelle politique d’achat
pour l’enlèvement des sargasses et l’aménagement du site de stockage. De 2019 à 2021
, les
prestations relatives à l’enlèvement ont été effectuées hors m
arché principalement par trois
entreprises. En trois ans, le montant total de ces achats est de 696 408,25 euros
16
. Le montant
annuel des prestations s’élève respectivement à 165
408,25 euros, 183 229,28 euros et
348 024,57 euros en 2021, soit, pour cette dernière année, un montant au-dessus du seuil de la
procédure formalisée, qui aurait dû conduire la collectivité à publier ce marché.
15
Article 27 du code des marchés publics, articles 20 et suivants du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif
aux marchés publics puis articles R. 2121-1 et suivants du code de la commande publique.
16
Cf. annexe n° 6 : enlèvement des algues sargasses
commandes hors marchés. Ces dépenses, correspondant à
la location de pelles mécaniques, ont été imputées en 2019 sur le compte 6135 «
Locations mobilières
» et depuis
2020, sur le compte 615231 «
Voiries
».
COMMUNE DU ROBERT
31
En août 2022, cette dernière a signé un accord-cadre à bons de commande multi-
attributaires avec quatre prestataires pour l'enlèvement des algues sargasses échouées, pour un
montant annuel maximum de 210 000 euros. Ce marché fût de courte durée (6 mois). Les offres
reçues à l’issue de la
publication
d’un nouveau marché ont été déclarées
infructueuses en raison
d’un fort renchérissement, imputable selon la commune à la prise en compte
dans le prix des
soumissionnaires
de l’usure prématurée du matériel.
Depuis
, l’enlèvement des
algues sargasses
se poursuit hors marché.
S’agissant de l’aména
gement du site de stockage, des factures du même montant sont
imputées au compte 2312 «
Agencements et aménagements de terrains
» en 2022 alors qu’il
s’agit manifestement de location de pelles mécaniques donc de dépenses de fonctionnement
17
.
En raison de cette imputation erronée, ces dépenses seront automatiquement exclues du calcul
du FCTVA à percevoir en 2024 au titre
des dépenses d’investissement effectuées en 2022
, ce
qui pénalise la commune.
Les prestations réalisées hors marché ont atteint 174 793,50 euros en 2022, dont une
facture
d’une
société pour un montant de 52 080 euros. Elles sont supérieures au seuil de
40 000 euros au-dessus duquel une publicité adaptée était requise. En 2023, le total des mandats
émis au profit d
’une seule et même société,
s
’élève à 236
909,75 euros. Il aurait également
nécessité une publicité, dans la mesure où les prestations dépassaient le seuil de 221 000 euros
HT
en vigueur pour la passation d’un marché formalisé de fournitures et services.
Afin de répondre à un besoin récurrent de même nature, la commune effectue ainsi des
achats fractionnés, d’un montant annuel supérieur aux seuils ci
-dessus rappelés. En
«
saucissonnant
» depuis
plusieurs années les dépenses relatives à l’enlèvement et au stockage
des sargasses, elle se soustrait aux obligations concurrentielles et favorise les mêmes
entreprises.
La chambre rappelle que,
si l’attribution d’un marché public sans publicité ni mise en
concurrence est possible, elle ne peut se faire que dans le respect des seuils en vigueur et dans
un cadre limité, afin d’éviter des situations
anti concurrentielle. La souplesse donnée à
l’acheteur en matière de commande publique n’autorise pas celui
-ci à contracter sans se
préoccuper du bon emploi des deniers publics. Il revient notamment à la commune de veiller à
ne pas contracter systématiquement avec un même opérateur économique même si, s’agissant
de la gestion des algues sargasses, dans la mesure où il y en a plusieurs en concurrence. Sur la
période de 2019 à 2023, les prestations hors marché
s’élèvent à plus de 1,
4
million d’euros
,
dont plus de 1,1
million d’euros pour l’évacuation et le stockage des algues.
Recommandation n° 4
(Régularité) :
Respecter les règles de publicité, de mise en
concurrence et de computation des seuils conformément aux
articles R. 2121-1, R. 2121-6 et R. 2121-7 du code de la
commande publique.
17
Cf. annexe n° 7 : aménagement du site de stockage
commandes hors marchés.
COMMUNE DU ROBERT
32
1.6
Les projets de valorisation
des algues sargasses sont à l’arrêt
Le plan Sargasses I précisait qu
’«
en 2018, 90 % des algues collectées sont stockées
sans valorisation ».
Depuis
, il n’existe
pas au Robert et plus largement en Martinique, de dispositif de
valorisation des algues échouées et stockées. Plusieurs pistes ont été envisagées dans le cadre
de valorisations agroalimentaire, énergétique et thérapeutique, ou de
l’épandage avec des
perspectives plus ou moins prometteuses.
Le principe du compostage a également
fait l’objet de recherches en Martinique, d’une
part sur la plateforme Terra Viva à Ducos et d’autre part au
centre de valorisation des sargasses
au Robert,
où des travaux d’ada
ptation ont été menés et un protocole expérimental a été établi
avec un exploitant.
Schéma n° 1 :
Schéma synthétique représentant les différentes voies de valorisation explorées
Source : ADEME
Une société avait présenté un projet ambitieux de traitement de 35 000 tonnes de
s
argasses, s’appuyant
sur
des travaux menés sur l’élimination des algues
vertes en Bretagne,
dont la nocivité est similaire.
Il n’a pas abouti.
Une des principales difficultés réside dans le fait, que certaines voies de valorisation
nécessitent une ressource «
propre
». Or, avec plus de 95 % de la collecte effectuée à terre, les
algues recèlent
des quantités non négligeables de sable et ponctuellement d’autres encombrants
(déchets plastiques, etc.) ou même des résidus de chlordécone. La capacité des sargasses à
piéger des métaux lourds tel que l’arsenic
, constitue un danger potentiel pour les opérations de
traitement et de valorisation et peut avoir des incidences environnementales non négligeables
en termes de pollution.
COMMUNE DU ROBERT
33
Les conclusions d
’une
étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
18
prennent le contrepied de cette appréciation et nuance la nocivité des éléments chimiques dans
le processus de valorisation des algues sargasses.
L’étude Ecotoxicologie et Economie des Sargasses
(Eco3Sar)
Ce projet mené par le CNRS et financé par
l’ADEME
, a pour
ambition d’analyser
la composition des radeaux de sargasses pour y rechercher d’éventuels contaminants aussi
bien chimiques, qu’organiques ou biologiques susceptibles de constituer une sou
rce de
contamination au cours du processus de valorisation.
L’étude considère que l’amendement (apport de matériaux à un sol pour améliorer
les qualités agronomiques) est une procédure viable aux Antilles françaises
et qu’il est
donc pertinent d’étudier a
vec précision les contaminations ou décontaminations au cours
du processus de transformation. Deux campagnes d’échantillonnages ont eu lieu en 2018
et 2019, et
ont permis d’analyser 230 lots couvrant la façade atlantique et des sites de
stockage en Martinique.
Les auteurs indiquent que les taux de concentration des métaux présents dans les
sargasses (cadmium, chrome, cobalt, cuivre, nickel, plomb, zinc, mercure et methyl-
mercure) «
ne sont pas un obstacle à la valorisation des algues sargasses sous la forme
d’amendement organique
».
Cette
étude s’est
également
intéressée à l’analyse des représentations sociales pour
l’utilisation des produits de valorisation des sargasses. L’enquête souhaitait mettre à jour
les degrés d’acceptabilité de l
eur transformation en amendement.
Trois situations ont été identifiées :
l
’indifférence expliquée par l’insensibilité à des potentiels risques sanitaire
;
la vigilance constante due à la volonté de comprendre une situation complexe
et grave ;
le refus pour des acteurs sociaux vivant cette nuisance au quotidien.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’intensification du phénomène des échouages des algues sargasses a conduit l’
État à
travers les plans Sargasses 1 et 2 à organiser une réponse en urgence, puis
mettre en œuvre
une politique de planification et de coopération territoriale afin d’a
ider les communes comme
le Robert, acteur principal de lutte contre les algues sargasses, en Martinique.
18
Etude : Ecotoxicologie et Economie des Sargasses, Eco3Sar, CNRS, novembre 2020.
COMMUNE DU ROBERT
34
La commune est particulièrement exposée aux risques sanitaires. Un dispositif de
prévention concernant les risques d’échouement et les émissions de gaz a été mis en place
.
Toutefois, la commune en n’alertant
la population ne respecte pas ses obligations en la matière.
Grace à d’importantes subventions, la commune a
mis
en œuvre une stratégie de lutte
diversifiée à terre et en mer. Elle est précurseur en la matière. Mais, faute de suivi et, en
particulier, de quantification des tonnages récoltés, son efficience ne peut être appréciée.
Le taux de subventionnement est de 88%
pour les actions sargasses
sur la période sous
revue. Cependant, la commune doit impérativement renforcer le suivi des subventions pour en
s’assurer de leur perception. En effet, sur 3,4
millions d’euros accordés entre 2019 et 2022,
près de 1,9 million restaient à percevoir fin 2023. Au cours de la période contrôlée, elle a
engagé 1,4 M
d’euros
pour ces prestations.
Dans ses relations contractuelles avec les fournisseurs de barrages ou les sociétés
responsables de la collecte et du stockage, la collectivité méconnait la réglementation des
marchés publics.
La politique de stockage ne prend pas en compte la composante environnementale de
cette politique en exposant la préservation du site à des risques de pollution. Surtout, la
dimension sanitaire et la sécurité des populations qui peuvent y accéder librement
n’est pas
prise en compte.
Si la recherche scientifique a permis le développement de nombreux projets de
valorisations des algues sargasses, aucune application concrète n’a été mise en œuvre
à ce
jour.
COMMUNE DU ROBERT
35
2
LA QUALITÉ
DE L’INFORMATION FI
NANCIÈRE ET LA
FIABILITÉ DES COMPTES
Le second alinéa de l
’article 47
-2 de la Constitution du 4 octobre 1958, dispose que «
les comptes des administrations publiques sont réguliers et sincères. Ils donnent une image
fidèle du résultat de leur gestion, de leur patrimoine et de leur situation financière ».
Conformément aux normes professionnelles définies par la Cour des comptes, il
appartient à la chambre d’apprécier, dans le cadre du présent contrôle, la régularité e
t la sincérité
des comptes de la commune.
Jusqu’au 31
décembre 2022, celle-ci
appliquait l’instruction comptable et budgétaire
M14. Par une délibération du 27 octobre 2022, elle a opté pour le passage à la M57 au
1
er
janvier 2023.
La commune a adopté un règlement budgétaire et financier. Toutefois, compte tenu du
nombre d’irrégularités relevées
infra
, la chambre
l’
invite à appliquer son règlement et à mettre
en place un dispositif de contrôle interne destiné à atténuer les risques financiers et budgétaires.
En réponse, la commune indique
vouloir s’équiper d’un logiciel et recruter un agent afin de
renforcer le service comptabilité.
La direction financière est composée de cinq agents de catégorie C dont un chef de
service comptabilité/paie, trois assistants de gestion comptable et un gestionnaire chargé du
calcul et du mandatement de la paie. Ces agents sont placés sous l’autorité du directeur général
adjoint des services, chargé à la fois des finances et des services techniques. Il prend
personnellement en charge la préparation du budget et le calcul de la masse salariale à partir
des éléments communiqués par la directrice des ressources humaines. Cette organisation
centralisée fait craindre une perte de savoir-
faire en cas d’indisponibilité prolongée
ou de départ
du directeur.
2.1
La qualité de l’information budgétaire et financière est inégale
À
l’exception de celui de 2022, l
es budgets primitifs
ne fournissent pas l’information
prévue sur nombre de postes budgétaires. En 2022, ils étaient de 618. De nombreuses annexes
patrimoniales sont également absentes
telle l’annexe B2 «
Méthodes utilisées pour les
amortissements
».
Les opérations d’investissement n’étant pas individualisées dans les budgets et les
comptes administratifs, le suivi d’exercice en exercice n’a
pas pu être facilement appréhendé.
La chambre rappelle à la commune que la qualité de la présentation des documents
budgétaires contribue à la bonne information des membres du conseil municipal et des citoyens.
La production des états annexes est obligatoire et ils doivent comporter les informations exigées
conformément aux articles L. 2312-1 et L. 2313-1 du CGCT.
COMMUNE DU ROBERT
36
2.2
Des efforts importants restent à mener en matière de fiabilité des
comptes et de sincérité des prévisions budgétaires
2.2.1
Les taux d’exécution budgét
aire ne sont pas satisfaisants
L’analyse de l’exécution budgétaire permet de comparer les
crédits votés et les mandats
et titres de recettes effectivement émis.
Le taux d’exécution budgétaire est acceptable en section
de fonctionnement (en moyenne 93 % en dépenses et 96 % en recettes). En revanche, avec un
taux moyen d’exécution sur la période de 39
% en dépenses et 31 % en recettes, la chambre
constate la faiblesse des réalisations en matière d’investissement. En 2022,
le taux d’exécution
est de 37,8 % en dépenses et de 22 % en recettes. En incluant les restes à réaliser, il est de
83,5 % en dépenses et de 39,3 % en recettes. Au compte administratif de 2022, 2 816 975 euros
de recettes d’équipement ont été annulées dont 2
000 000
d’euros d’emprunt
. Ce ralentissement
de l’exécution budgétaire est imputable principalement aux
aléas du projet de construction
d’une médiathèque. Programmé en 2020, sur deux ans, pour un montant de 5,4
millions d’euros,
le taux d’avancement de l’opération avoisinait 50
% fin 2023.
Afin de présenter un budget sincère et dans un souci de bonne gestion, la commune doit
améliorer la qualité de
l’exécution
budgétaire afin de limiter les écarts significatifs entre les
budgets votés et les montants effectivement exécutés. La commune invoque le versement tardif
des subventions pour expliquer la faiblesse du taux d’exécution budgétaire. Pour autant, même
en incluant les restes à réaliser en recettes, le taux demeure faible.
2.2.2
L’affectation des résultats de fonctionnement n’est pas conforme à l
a
réglementation
Selon l'article R. 2311-12 du CGCT, l'excédent de la section de fonctionnement doit
couvrir en priorité le besoin de financement de la section d'investissement apparaissant à la
clôture de l'exercice précédent. Le besoin de financement se compose du résultat de la section
d'investissement corrigé des restes à réaliser. Dans sa réponse aux observations provisoires
l’ordonnateur indique que les restes à réaliser sont repris au budget primitif et que si on ajoute
les restes à réaliser (RAR) à
la part de l’excédent de fonctionnement affecté au financement de
l’investissement c’est
-à-
dire à l’article 1068, on fait une double reprise. Cette analyse révèle
une mauvaise appréhension par la commune des règles d’affectation des résultats. En effet,
contrairement à la réponse
de l’ordonnateur,
le montant de l’excédent de fonctionnement affecté
à section d’investissement, au compte 1068, doit couvrir le déficit comptable de ladite section
mais également le solde déficitaire des restes à réaliser à la clô
ture de l’exercice précédent.
Durant la période sous revue, la commune pratique la reprise anticipée au budget
primitif des résultats antérieurs et des restes à réaliser.
Cependant, l’affectation des résultats des
exercices 2019 à 2022 n’est pas conforme aux prescriptions de l’article R.
2311-12 du CGCT.
En effet, la part de l’excédent de fonctionnement affecté à la section d’investissement n’intègre
pas les restes à réaliser.
COMMUNE DU ROBERT
37
Chaque année, une part importante des résultats excédentaires de la section de
fonctionnement a été affectée en report au sein de la même section, alors que le besoin de
financement en section d’investissement n’était pas
couvert.
2.2.3
L’inventaire n’est pas fiable
Selon l’instruction budgétaire et comptable M57, la responsabilité du suivi
des
immobilisations incombe, de manière conjointe, à l’ordonnateur qui tient l’inventaire et au
comptable qui tient l’état de l’actif et le compte de gestion (en particulier la balance), ces trois
documents devant correspondre. La correspondance repose largement sur la qualité des
échanges d’informations entre
les deux parties
, sur la base de l’attribution par l’ordonnateur
d’un numéro d’inventaire aux actifs immobilisés
.
La commune a produit un inventaire physique et comptable de ses biens à la date du 28
décembre 2023. Parallèlement, le comptable public a produit
l’état de l’actif arrêté en janvier
2024. Leur
rapprochement s’est révélé particulièrement malaisé en raison d’un imparfaite
lisibilité de l’état de l’actif. Des discordances
sont apparues au niveau de certains comptes. Par
exemple, cet état
fait apparaître des frais d’études (compte 2031) datant pour certains de 2007
à 2010 alors qu’à l’inventaire le compte 2031 démarre à l’exercice 2015. Ces frais d’
études sont
destinés à disparaître du bilan en étant virés au compte de réalisation des travaux ou amortis sur
cinq ans.
Par ailleurs, la commune a produit une liste dans laquelle elle dénombre l’acquisition
de 147 climatiseurs entre 2019 et 2023 et la réforme de plus de 150 matériels informatiques
(écran, imprimante, unité centrale). Or, le recensement des appareils ayant subi les effets
corrosifs des algues sargasses n’a pas été effectué
.
Le service financier a déclaré ne pas être informé de la sortie de ces matériels, (récupérés
par un tiers). La liste produite ne comportant pas le numéro
d’inventaire de chaque bien, la
vérification de leur sortie n’a pas été rendue possible.
Des corrections doivent être effectuées sur ces documents afin de les mettre à jour et en
concordance. La commune, qui indique envisager un recrutement pour mettre à jour
l’inventaire
, doit
se rapprocher du comptable public afin d’ajuster leurs documents comptables.
Recommandation n° 5
(Régularité) :
Produire en lien avec le comptable public un
inventaire fiabilisé des immobilisations communales en
concordance avec l’état de l’actif en application de l’article 53
du décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion
budgétaire et comptable publique.
2.2.4
L’indépendance des exercices n’est pas respectée
L’instruction budgétaire et comptable
M14 puis M57 prévoit le rattachement des
charges et des produits à l’exercice,
en vertu du
principe d’indépendance des exercices.
Cette
COMMUNE DU ROBERT
38
opération a pour objet de réintégrer dans la section de fonctionnement toutes les charges
correspondant à des services faits et tous les produits correspondant à des droits acquis qui n'ont
pu être comptabilisés. Il permet ainsi de dégager le résultat comptable de l’exercice.
Les comptes administratifs ne comportent ni dépenses, ni recettes rattachées, ni de restes
à réaliser en section de fonctionnement alors que sur la période examinée les grands livres
comptables enregistrent de nombreuses factures pour la plupart de l’exercice précédent
.
Une telle situation
affecte le résultat de l’exercice et peut conduire à une analyse
financière erronée. En effet, la
capacité d’autofinancement
brute est indûment majorée si toutes
les charges se rapportant à un exercice ne sont pas comptabilisées. Ainsi, plus de 270 000 euros
de factures mandatées en 2022 dataient de 2021.
2.2.5
Les comptes d’attente ne sont pas régulièrement apurés
La tenue et la régularisation des comptes d’attente (chapitre 47) sur lesquels sont
enregistrés les paiements et les encaissements effectués avant émission de mandats et de titres
de recettes, conditionnent également la sincérité des comptes. En effet, à défaut d’apurement
avant la clôture de l’exercice, c’est l’ensemble de la comptabilité, si les montants sont
significatifs, qui risque de ne pas refléter fidèlement la situation financière, le résultat pouvant
être sous-évalué ou surévalué à due concurrence.
Au 31 décembre 2023
19
, 282 088
euros d’encaissements avant émission de titres de
recettes comptabilisées entre 2017 et 2022 aux comptes 4718 et 47138 «
recettes à classer ou
à régulariser
» ne sont pas régularisés. De même, le solde du compte 47218 «
Dépenses à
régulariser
», correspondant à des paiements avant mandatement, comptabilisés entre 2016 et
2022, s’élevait à 655
625 euros.
Cette situati
on, que la commune justifie par l’absence des pièces justificatives, fausse
les résultats des exercices antérieurs et leur régularisation tardive aura pour conséquence de
reporter sur l’exercice 2024 ou
les suivants plus de 373 000 euros de dépenses.
La chambre rappelle à la commune
qu’il lui appartient de se rapprocher du poste
comptable,
afin de procéder à l’émargement et à l’apurement régulier des comptes d’attente
dont le solde devrait être nul au 31 décembre de chaque année.
2.2.6
Le principe de prudence et
de constitution de provision n’est pas
systématiquement respecté
Sur la période sous-revue, les budgets primitifs ne comportent aucune provision pour
dépréciation des comptes de tiers. Dans sa réponse aux observations
, l’ordonnateur indique
avoir entamé le
travail d’apurement des comptes d’attente, sans pour autant avoir produit
d’éléments justifiant ce début de régularisation des comptes.
19
Données du 11 janvier 2024.
COMMUNE DU ROBERT
39
Or, l’article R.
2321-2-
3° du CGCT précise qu’une provision doit être constituée par
délibération de l’assemblée délibé
rante, lorsque le recouvrement des restes à recouvrer sur
comptes de tiers est compromis malgré les diligences faites par le comptable public à hauteur
du risque d’irrécouvrabilité estimé par la collectivité à partir d’informations communiquées par
ce dernier.
Leur constitution permet d’anticiper la charge qui sera constatée lors de l’admission
en non-valeur.
Selon les informations communiquées par le comptable public, des titres de recette pris
en charge entre 2007 et 2016, pour montant total de 255 727,60 euros, sont irrécouvrables
compte tenu que «
les poursuites se sont avérées infructueuses et les perspectives de
recouvrement inexistantes
».
La collectivité n’a pas donné suite à la demande d’admission en
non-valeur de ces créances formulée par le comptable le 31 juillet 2023.
L’absence de comptabilisation aboutit
au maintien
à l’actif du bilan des montants qui
pourraient se révéler insincères
puisqu’irrécouvrables
.
L’ordonnateur et le comptable devront s’accorder sur les créances définitivement
irrécouvrables,
afin qu’elles soient admises en non
-valeur.
L’ordonnateur
doit constituer annuellement des provisions pour dépréciation des
comptes de tiers lors du vote du budget primitif. Celles-ci ont pour effet de diminuer la valeur
comptable des éléme
nts d’actif. Elles doivent donner lieu à reprise, au compte de résultat, quand
la créance est devenue définitivement irrécouvrable. La chambre rappelle que les créances à
annuler ne doivent pas être confondues avec des créances irrecouvrables.
2.2.7
Les immobilisations amortissables ne sont pas correctement suivies
Selon les articles L. 2321-2, 27° et R. 2321-1 du CGCT, les communes dont la
population est supérieure ou égale à 3
500 habitants ont l’obligation d’amortir certaines de leurs
immobilisations, ces dépenses étant considérées comme des dépenses obligatoires.
2.2.7.1
L’amortissement des subventions reçues
Aux termes de l’article L.
2321-2,
28 du CGCT, l’amortissement des subventions
d’équipement versées est obligatoire. Leur durée dépend de l’
immobilisation
qu’ell
es ont
financée.
De 2019 à 2023, les sous-divisions du compte 131 «
Subventions d’investissement
rattachées à des actifs amortissables
» ne sont pas mouvementées. L’ensemble des subventions
sont imputées aux compte 132 «
Subventions d’investissement ratta
chées à des actifs non
amortissables
».
Cette situation est contraire aux dispositions des instructions budgétaires et comptables
M14 et M57 qui prévoient que les subventions d’équipement reçues sont à imputer à la
subdivision du compte 131 et doivent fair
e chaque année l’objet d’une reprise à la section de
COMMUNE DU ROBERT
40
fonctionnement
et
disparaître
ainsi
du
bilan
parallèlement
à
l’amortissement
de
l’immobilisation.
Sur la seule question des algues
sargasses, la commune a acquis ou est en voie d’acquérir
plusieurs matériels amortissables,
financés par des subventions d’investissement (bateaux,
ramasseur d’algues, pelles mécaniques, pelle
s long bras). Certains de ces engins sont en cours
d’amortissement
mais pas la subvention qui les a financés.
2.2.7.2
L’amortissement des frais
d’études
Les frais d’études (compte
2031) devraient être transférés au compte d’immobilisation
en cours concerné lors de leur comptabilisation (compte 21 ou 23). Si ces études ne sont pas
suivies de réalisations, elles doivent alors être amorties (le compte 6811
« Dotations aux
amortissements des immobilisations incorporelles et corporelles »
est débité par le crédit du
compte 28031
«
Frais d’études
»)
sur une durée de cinq ans maximum et sorties du bilan une
fois amorties. Sur la période sous revue, le montant du compte 2031 est en moyenne de
2,7
millions d’euros. Seuls 1
597
euros ont été transférés au compte d’amortissement 28031.
Ainsi, la commune ne procède pas régulièrement à l’apurement du compte 2031 et de
nombreuses études non suivies de réalisatio
n sont encore inscrites à l’actif du bilan. Leur
amortissement sur cinq
ans représenterait une somme de l’ordre de 500
000 euros à inscrire au
chapitre 28
« Amortissement des immobilisations ».
La chambre
l’
invite à se rapprocher du comptable public afin de procéder à la correction
des manquements
constatées sur les exercices antérieurs s’agissant de l’amortissement des
subventions d’équipement reçues et de l’amortissement des frais d’études.
2.2.7.3
L’apurement du compte 23 «
Immobilisations en cours
»
La chambre a vérifié si les opérations de transfert des immobilisations en cours (compte
23) vers des comptes d’immobilisations corporelles
, ont bien été réalisées durant toute la
période. Au bilan d’entrée de 2022, le solde du compte 23 est débiteur de 115
071 631 euros.
Seuls 10 627 euros ont été transférés en 2021 au compte 21.
Le maintien d’immobilisations mises en service dans les comptes d’immobilisations en
cours, empêche l
amortissement
de celles qui doivent l’être,
entravant ainsi leur entretien ou
leur renouvellement.
En conclusion, l’examen de la qualité de l’information comptable et financière révèle
des dysfonctionnements qui remettent en cause la qualité globale des comptes de la commune.
La commune doit améliorer la tenue du bilan afin de donner une image plus fidèle de son
patrimoine.
COMMUNE DU ROBERT
41
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La qualité de l’information financière est lacunaire
: les actes budgétaires ne
comportent pas toutes les annexes réglementaires ou parfois de manière incomplète. La qualité
des prévisions budgétaires doit être améliorée
L’analyse de la fiabilité des comp
tes révèle de nombreux manquements : le principe
d’indépendance des exercices n’est pas respecté
; des montants significatifs de recettes et de
dépenses demeurent sur des comptes d’attente
;
le risque d’irrécouvrabilité des créances n’est
pas provisionné.
La valeur du patrimoine ne peut pas être déterminée avec précision,
faute d’un
inventaire physique et comptable en concordance avec l’état de l’actif et faute de suivi des
immobilisations amortissables.
L’ensemble de ces manquements concourent à altérer la
sincérité des comptes et des
résultats
, fragilisant l’analyse financière
.
___________________________________________________________________________
COMMUNE DU ROBERT
42
3
LA SITUATION FINANCIÈRE
L’analyse financière a été réalisée sur la période 2019
-2023 à partir des comptes de
gestion. Les comparaisons à la strate démographique font référence à celle des communes de
20 000 à 50 000 habitants appartenant à un groupement fiscalisé. Les ratios sont calculés sur
22 096 habitants, correspondant à la population légale en vigueur au 1
er
janvier 2022.
Cette analyse comporte toutefois des limites du fait de
l’absence de fiabilité des comptes
développée
supra
. Sous cette réserve importante, elle
est effectuée dans la perspective d’évaluer
les marges de manœuvre disponibles
d’apprécier
les risques.
3.1
La situation financière est m
arquée par une capacité d’autofinancement
insuffisante qui s’amenuise en 2023
Tableau n° 4 :
Grands équilibres financiers
en €
2019
2020
2021
2022
2023
Produits de gestion (A)
34 562 313
33 890 510
35 059 960
36 603 378
38 935 179
Charges de gestion (B)
32 239 441
32 011 028
34 206 894
33 527 781
37 220 875
Excédent brut de fonctionnement (A-B)
2 322 872
1 879 482
853 067
3 075 597
1 714 304
en % des produits de gestion
6,7%
5,5%
2,4%
8,4%
4,4%
+/- Résultat financier
-307 134
-179 746
-232 956
-163 878
-95 472
= CAF brute
2 015 739
1 699 736
472 042
2 865 652
1 607 303
en % des produits de gestion
5,8%
5,0%
1,3%
7,8%
4,1%
- Annuité en capital de la dette
1 427 601
872 435
1 341 304
1 298 968
1 278 533
= CAF nette ou disponible (C)
588 138
827 301
-869 262
1 566 684
328 771
+Recettes d'inv. hors emprunt (D)
1 449 322
3 444 118
1 651 168
1 637 040
4 674 316
= Financement propre disponible (C+D)
2 037 459
4 271 419
781 906
3 203 724
5 003 087
Financement propre dispo / Dépenses
d'équipement (y c. tvx en régie)
75,6%
153,2%
20,3%
92,2%
138,4%
- Dépenses d'équipement (y compris
travaux en régie)
2 694 826
2 788 431
3 856 559
3 473 785
3 615 556
- Participations et inv. financiers nets
10 000
0
0
298 820
0
= Besoin (-) ou capacité (+) de financement
propre
-667 366
1 482 988
-3 074 653
-568 881
1 387 530
Nouveaux emprunts de l'année (y compris
pénalités de réaménagement)
0
0
2 000 000
0
3 000 000
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du
fonds de roulement net global
-667 366
1 482 988
-1 074 653
-568 881
4 387 530
Trésorerie nette
2 458 873
544 383
749 862
2 358 376
3 425 241
COMMUNE DU ROBERT
43
Source : Logiciel ANAFI d'après les comptes de gestion
La situation financière est tendue. L’augmentation plus
importante des charges de
gestion en 2023 (+11 %) par rapport à celle des produits de gestion (+6 %), a généré une baisse
de l’excédent brut de fonctionnement de 3
075 597 euros à 1 714 304 euros (-44 %). Cela
résulte en particulier d’une hausse sensible d
es dépenses de personnel, mais aussi des charges
à caractère général
. Les produits de gestion n’ont progressé que de 3
% sur la période en dépit
du dynamisme de la fiscalité spécifique
à l’
outre-mer (taxe sur les carburants et octroi de mer)
qui représente près de 55 % des ressources fiscales propres de la commune. Le caractère volatile
de ces ressources fragilise l’équilibre financier pérenne du budget communal.
Bien que positive sur toute la période, la capacité d’autofinancement brute (CAF
brute)
représente en moyenne 4,8 % des produits de gestion. Elle est très en-deçà du seuil prudentiel
de 15 %, défini par les juridictions financières comme
nécessaire pour qu’une politique
d’investissement soit considérée comme soutenable. Même à son meilleur niveau en 2022, elle
ne représente que 7,8 % des produits de gestion contre 10,6 % pour les communes de
Martinique de plus de 10 000 habitants.
Les dépe
nses d’équipement d’un montant total de 16,4
millions d’euros ont été
financée
s principalement par un prélèvement sur le fonds de roulement et par l’emprunt.
La collectivité a contracté un emprunt de 3
millions d’euros en 2023
, alors que la
capacité de financement était de 1,3
million d’euros. Ce montant supérieur au besoin a contribué
ainsi à augmenter son fonds de roulement de 4,3
millions d’euros fin 2023.
Si la trésorerie nette
a augmenté, néanmoins, durant toute la période, elle représente moins 30 jours de charges
courantes.
3.2
Les produits de gestion affichent une progression régulière
Tableau n° 5 :
Evolution des produits de gestion
en €
2019
2020
2021
2022
2023
Ressources fiscales propres (nettes des restitutions)
24 976 083
24 947 083
26 144 948
27 375 200
29 298 031
+ Fiscalité reversée
1 012 749
920 265
1 414 447
697 175
826 832
= Fiscalité totale (nette)
25 988 832
25 867 348
27 559 395
28 072 375
30 124 863
+ Ressources d'exploitation (dont produits exceptionnels
réels*)
466 978
279 186
189 803
323 422
375 523
+ Ressources institutionnelles (dotations et participations)
6 611 936
6 671 405
6 500 147
6 912 209
7 574 839
+ Production immobilisée, travaux en régie
1 494 568
1 072 571
810 616
1 295 372
859 954
= Produits de gestion (A)
34 562 313
33 890 510
35 059 960
36 603 378
38 935 179
Source : Logiciel ANAFI d'après les comptes de gestion
COMMUNE DU ROBERT
44
Les produits de gestion ont progressé de 3 % par an et de 12,7 % de 2019 à 2023. Ils
sont composés à 75,2 % de ressources fiscales propres, parmi lesquelles 53,6 % de fiscalité
spécifique outre-mer. Les ressources institutionnelles ont progressé de 14,6 % représentant une
part de 19,5
% en 2023. Les ressources d’exploitation évoluent à la hausse depuis 2022 sans
atteindre cependant le niveau de 2019. Elles enregistrent une baisse de 19,6 % sur la période.
3.2.1
Les ressources fiscales sont en hausse, mais demeurent en deçà du niveau
moyen de la strate démographique
Les ressources fiscales propres, nettes des restitutions, ont progressé de 17,3 %. Elles
s’établissent
à 29,2
millions d’euros en 2023 contre 24,9
millions d’euros en 2019.
À compter
de 2021, la progression du produit s’explique par la suppression de la taxe d’habitation sur les
résidences principa
les, compensée par le transfert aux communes d’une part de
la fiscalité
départementale sur les propriétés bâties.
En 2023, la commune bénéficie d’une évolution
significative des bases grâce à la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives. À la suite de la
réforme de la taxe d’habitation,
sous-compensée, elle bénéficie donc
d’un
coefficient correcteur
au titre duquel elle perçoit un produit supplémentaire (203 366 euros en 2023). Même après
l’application de
celui-ci, le produit fiscal de la taxe foncière sur les propriétés bâties demeure
en dessous de la moyenne de la strate (484 euros par habitant contre 671 euros pour la strate).
Les ressources fiscales représentent 1 239 euros par habitant en 2022 contre 1 364 euros pour
les communes de la Martinique.
En matière de fiscalité reversée, la commune est bénéficiaire du fonds de péréquation
des ressources intercommunales et communales (FPIC). Elle a encaissé 366 746 euros en 2023.
Elle est contributrice au fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR) à
hauteur de 464 143 euros. Après une baisse significative en 2022 (782 085 euros) suite au
transfert de la compétence «
Promotion du tourisme
»
, l’
attribution de compensation versée par
Cap Nord Martinique
, s’est élevée à 924
229 euros en 2023.
3.2.1.1
Des bases fiscales peu dynamiques en dépit du recours à une prestation de services
destinée à leur mise à jour
La commune n’a pas bénéficié de l’élargissement des bases qu’elle escomptait. En effet,
afin de mettre à jour celles-ci, elle a signé le 10 mai 2018 un contrat de prestation de services
avec un auto-entrepreneur dont la mission était le recensement des foyers non répertoriés au
fichier des bases fiscales et la mise à jour de celui-ci. La durée de ce contrat était de quatre mois
et son coût de 6 000 euros par mois, soit 24 000 euros.
Le contrat ne prévoyait aucun bilan final. Les bases du foncier bâti
n’ont
progressé que
de 2,2 % entre 2019 et 2021. Elles représentent 848 euros par habitant en 2022, alors que la
moyenne de la strate au niveau national se situe à 1 505 euros.
COMMUNE DU ROBERT
45
3.2.1.2
La marge de manœuvre de la
commune est limitée
Les taux des impôts locaux sont inchangés sur la période. Excepté pour la taxe
d’habitation
en 2022, les taux sont supérieurs aux taux moyens communaux au niveau
départemental.
En 2022
, le potentiel fiscal qui permet d’apprécier les ressources fiscales libres d’emploi
que peut mobiliser la commune est de 8,3
millions d’euros, soit environ
377 euros par habitant.
Cependant, le coefficient de mobilisation du potentiel fiscal
20
qui mesure le niveau de pression
fiscale qui est exercé sur les contribuables par rapport à la moyenne nationale (plus le
coefficient de mobilisation du potentiel fiscal est supérieur à 1, plus la pression fiscale est forte),
était de 1,43 en 2022.
Compte tenu du niveau de ses taux, la commune dispose donc de peu de marges de
manœuvre pour augmenter ses recettes fiscales
, sauf à élargir s
es bases d’imposition.
3.2.2
Les ressources institutionnelles en progression depuis 2021
Les ressources institutionnelles constituent la deuxième composante des produits de
gestion.
Depuis 2021, le montant des participations et autres attributions de l’État, augmentent
pour atteindre 7,5
millions d’euros en 2023
, contre 6,6 millions en début de période.
La dotation globale de fonctionnement (DGF), la dotation d’aménagement, la dotat
ion
de groupement de communes, les remboursements des emplois aidés et les remboursements
d’exonérations d’impôts locaux
, sont les principales recettes du budget. Les recettes
supplémentaires en 2023 proviennent de la perception de la dotation générale de
décentralisation (406 221 euros) et du FCTVA (379 582 euros).
3.2.3
Les ressources d’exploitation ne sont pas optimisées
Les recettes des produits des services et du domaine sont faibles (10 euros par habitant
en 2022 contre 109 euros pour la strate). Elles proviennent principalement des droits de place
(marchands ambulants, marché), des activités proposées par le service des sports et de la crèche
municipale. Ces produits représentent moins de 1 % des produits de gestion et affichent une
tendance baissière en 2020 et 2021, en raison du ralentissement des activités et des grands
rassemblements sur le territoire communal
durant la crise sanitaire, à l’exemple du tour des
Yoles et de l’échouage massif des algues sargasses.
Le budget communal est privé de recettes potentielles, notamment celles liées à la
fréquentation de
l’
Îlet Madame par les plaisanciers, les touristes et les résidents (
jusqu’à 250
personnes par jour en période touristique).
Ce site frappé par l’érosion est protégé par un arrêté
20
Le coefficient de mobilisation du potentiel fiscal est le rapport entre les recettes fiscales et le potentiel fiscal
communal. Le potentiel fiscal est déterminé par application aux bases communales des taxes directes locales du
taux moyen national d
imposition.
COMMUNE DU ROBERT
46
préfectoral de biotope
21
du 22 octobre 2002 et par un arrêté ministériel du 28 juillet 2007
portant inscription de cet espace naturel.
Dans le cadre d’une convention signée avec l’
État en
août 2022
d’une durée de
18 ans, la collectivité assure la gestion opérationnelle,
l’amén
agement, la surveillance du site et de la zone de baignade. Toutefois, les dispositions de
la convention interdisent la perception
d’une quelconque recette tirée de la fréquentation de
l’
Îlet
22
. En 2022, les seules dépenses d’analyse de l’eau et de rémunération du personnel de
surveillance de la baignade et de la brigade des îlets se sont élevées à environ 120 000 euros.
Par ailleurs, la commune met à disposition des administrés, des scolaires et des
associations, le centre nautique « Félix MERINE » pour la pratique des activités nautiques. Ces
activités sont encadrées directement par les services communaux ou par deux associations qui
perçoivent les frais d’adhésion. La commune indique qu’une t
entative de démocratisation de
ces activités donne
lieu à la fixation d’un tarif dans le cadre de la création d’une école
municipale de voile. Cependant, au regard des prestations proposées par les associations,
aucune inscription n’a été enregistrée et
le
projet a été abandonné. Depuis une dizaine d’année,
le centre nautique est également devenu le centre opérationnel de la gestion des sargasses en
mer.
La chambre invite la commune à
optimiser ses ressources d’exploitation en mettant fin
à la mise à disposition gratuite des équipements communaux.
3.3
Les charges de gestion progressent plus vite que les produits de gestion
Tableau n° 6 :
Evolution des charges de gestion
en €
2019
2020
2021
2022
2023
Charges à caractère général
3 543 543
3 290 451
3 353 807
3 317 766
4 194 653
+ Charges de personnel
23 429 492
23 783 567
25 805 125
25 363 758
27 405 133
+ Subventions de fonctionnement
(dont subventions exceptionnelles*)
4 433 885
4 368 236
4 256 047
4 288 066
5 062 369
+ Autres charges de gestion (dont
charges exceptionnelles réelles*)
832 520
568 775
791 915
558 190
558 719
= Charges de gestion (B)
32 239 441
32 011 028
34 206 894
33 527 781
37 220 875
Source : logiciel ANAFI d'après les comptes de gestion
La progression des charges de gestion était relativement modérée de 2019 à 2022
(5,9 %). En 2023, elles augmentent de 11 %. Cette croissance se répartit sur tous les postes de
21
Les arrêtés de protection de biotope visent à protéger les habitats nécessaires à l'alimentation, à la
reproduction, au repos ou à la survie d'espèces protégées.
22
L’
article 9 de cette convention indique que
« Le Maire ne peut en aucun cas percevoir des produits.
L’
Îlet Madame, espace naturel protégé est ouvert au public à titre gratuit ».
COMMUNE DU ROBERT
47
dépenses : charges à caractère général (+26,4 %), frais de personnel (+8 %), subventions de
fonctionnement (+18,1 %).
Le ratio de rigidité des charges structurelles, qui évalue les dépenses incompressibles,
telles celles de personnel et les participations obligatoires, est en moyenne de 72 %. Ce
pourcentage très élevé témoigne d’un
e forte contrainte budgétaire. La maîtrise de ce ratio ne
pourra résulter que d’une diminution significative des dépenses de personnel notamment de
celles relatives aux contractuels.
L’évolution de la
masse salariale des non-titulaires est plus
forte que celle du personnel titulaire (24,6 % contre 16,4 %).
3.3.1
L
a commune n’est pas parvenue à contenir les charges à caractère général en
2023
Les charges à caractère général
étaient globalement contenues jusqu’en 2022, en dépit
de fortes hausses de certains postes de dépenses en lien avec la gestion des algues sargasses :
carburant, locations mobilières (engins et camions), entretien et réparations, matériel roulant,
vêtements de travail.
En 2023, les charges à caractère général augmentent de 26,4 %. Certaines lignes sont
plus significativement touch
ées. Il s’agit plus particulièrement des contrats de prestation
s de
services (+131
%) suite aux nouveaux marchés pour l’enlèvement des sargasses
et pour la
fourniture et
l’entretien des barrages
, des locations immobilières (+95 %) dues à de nombreuses
locations de pelles mécaniques en raison
d’une arrivée plus intense des
algues. Les dépenses de
publicité, publications et relations publiques connaissent une progression significative
(+173 %) en raison des annonces relatives aux marchés publics et de communiqués dans les
médias, mais surtout des fêtes et cérémonies qui sont passées de 15 898 euros en 2021 à
86 014 euros en 2022 puis à 229 092 euros en 2023, dont 154 802 euros pour la seule fête
patronale.
3.3.2
La commune doit réduire les subventions qu’elle verse
En 2022, la commune consacrait 15 % de ses dépenses réelles de fonctionnement aux
charges
d’intervention (contingents + subventions)
, contre 23,9 % pour les communes
martiniquaises de même strate. En revanche, en euros par habitant, le montant des subventions
versées était de 194 euros contre 107 euros en moyenne pour les communes de la strate, au
niveau national. En 2023, les autres charges de gestion courante connaissent une augmentation
importante.
Il s’agit principalement des indemnités des élus
(+17 %), de la subvention versée à
la caisse des écoles (+21 %) et des subventions aux associations dont le montant passe de
681 266 euros à 800 791 euros, dont 475 000 euros pour une de celles-ci.
La chambre invite la commune à réduire ces dépenses, en réinterrogeant par exemple le
périmètre et le montant de ses subventions.
COMMUNE DU ROBERT
48
3.3.3
La gestion des ressources humaines est coû
teuse et entachée d’irrégularité
s
3.3.3.1
La masse salariale est plus élevée que la moyenne des communes martiniquaises
Les charges de personnel représentent en moyenne 75 % des dépenses réelles de
fonctionnement. À titre de comparaison, en 2023, le taux moyen des charges de personnel pour
l’ensemble des communes de la Martinique, représente 64,5
%
23
des charges de
fonctionnement.
L
’évolution de la masse salariale
a été de 4 % par an et de 17 % sur la période
2019-2023. De 25,3
millions d’euros en 2022, les charges totales de personnel s’élèvent à
27,4
millions d’euros en 2023. Le
glissement vieillesse technicité (GVT)
24
, les mesures
gouvernementales et
la mise en œuvre
du dernier volet du régime indemnitaire (RIFSEEP
25
) ne
suffisent pas à expliquer cette croissance. Cette situation qui résulte également de l’application
d’un plan annuel de
titularisations, ainsi que du recrutement de nombreux contrats aidés ne
respecte pas
les engagements de la commune envers l’A
gence française de développement
(AFD). Ceux-ci prévoyaient le redressement de l
a capacité d’autofinancement d’ici fin 2023,
notamment par la maîtrise de la masse salariale et la réorientation de la stratégie de gestion des
ressources humaines. La prospective financière de l’AFD pour 2021
-2023 fixait le plafond des
charges de personnel à 25 088 000 euros en 2022 et 24 759 000 euros en 2023. Elles se sont
élevées à 25 363 758 euros en 2022. En 2023, les dépenses atteignent plus de 27,5 millions
d’euros
La chambre constate que la commune n’a pas mis en œuvre les mesures préconisées par
l
’AFD
pour réduire les charges à caractère général et les dépenses de personnel. Le maintien
d’une telle trajectoire
devrait entraîner un amenuisement de s
a capacité d’autofinancement.
3.3.3.2
L’effectif relève majoritairement de la catégorie C de la filière techni
que
En décembre 2023, la commune employait 711 agents dont 363 fonctionnaires, 229 non
titulaires et 100 emplois aidés. L’effectif se caractérise par un taux élevé de personnels non
permanents (47 %) et de personnel de catégorie C (92 %). Plus de 60 % de celui-ci appartient
à la filière technique, dont 56 % de fonctionnaires. À titre de comparaison, au 31 décembre
2019
26
, la part des catégories C dans la fonction publique territoriale était de 75 % (81 % dans
les organismes communaux). 45 % des agents communaux relevait de la filière technique.
23
382 millions de dépenses de personnel / 590 millions de charges de fonctionnement d’après les données
d’avril 2024 de la DGFIP.
24
Le GVT est un indicateur de l’év
olution de la masse salariale qui permet de valoriser les avancements
d’échelons et de grades, les promotions internes ainsi que les remplacements des agents en fin de carrière par des
agents avec moins d’ancienneté.
25
Le RIFSEEP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de
l’engagement professionnel) est le nouvel outil indemnitaire de référence qui remplace la plupart des primes et
indemnités existantes dans la fonction publique.
26
Synthèse nationale des rapports au comité technique sur l’état des collectivités territoriales.
COMMUNE DU ROBERT
49
3.3.3.3
La structure de l’effectif résulte d’une politique d’insertion et de
résorption de
l’emploi précaire
La structure de l’effectif résulte du choix du Robert de mener une politique d’insertion
des personnes en difficulté
sur le marché de l’emploi
.
Elle s’exerce au travers divers dispositifs
:
recrutements d’emplois aidés, plan annuel de titularisation, emplois saisonniers dans le cadre
du dispositif «
Un job, un saisonnier
» proposé par la CTM. La commune contribue également
à l’exécution des peines de travaux d’intérêt général à la demande de l’administration
pénitentiaire.
Chaque année, un plan de titularisation est mis en œuvre.
Entre 2019 et 2023, 40 agents,
en poste de façon discontinue depuis plusieurs années, en contrat de droit privé, puis de droit
public, ont été titularisés
majoritairement au grade d’adjoint technique territorial.
Ces titularisations annuelles sont facilitées par un nombre important
d’emplois vacan
ts.
En effet, le «
tableau des postes budgétaires occupés par des fonctionnaires
» au
13 janvier 2023 indiquent que 270 emplois
l’
étaient, dont 145 à la filière technique. Seule une
liste nominative des «
titularisables
» est établie annuellement
par l’ordo
nnateur. Aucune
délibération du conseil municipal
n’a été produite
pour approuver ces titularisations. Ainsi
grâce à ce volant
d’emplois
permanents
non pourvus, l’ordonnateur prive l’assemblée
délibérante de sa compétence exclusive, qui est celle de créer les emplois. Cette situation prouve
également que les crédits votés au budget ne correspondent pas aux emplois créés, alors que
toute création d’emploi
devrait entraîner une inscription budgétaire, que celui-ci soit ou non
pourvu. La
chambre constate d’ail
leurs que la
commune n’aurait incontestablement pas la
capacité financière de budgéter l’ensemble de ces emplois.
S’agissant du dispositif
«
Un job, un saisonnier
», le nombre de contrats est passé de 13
en 2022 à 75 en 2023. Cette augmentation s’explique
par le fait que la commune a validé tous
les besoins exprimés par ses services,
sans en avoir anticipé le coût budgétaire de l’ordre de
225 000 euros.
La chambre s’interroge sur ces recrutements
importants décorrélés des besoins et des
capacités financières de la commune.
3.3.3.4
Les mises à dispositions ne sont pas conformes aux dispositions réglementaires
Six agents sont mis à disposition du c
entre communal d’action sociale (CCAS)
dont
deux non-titulaires.
Par ailleurs, 73 agents d’animation et de resta
uration sont mis à disposition
de la caisse des écoles (CDE) en 2019. Son effectif atteint 204 en 2022, dont plusieurs agents
en contrat à durée déterminée et 114 contrats « Parcours Emploi Compétences » (PEC).
Selon
l’article L
. 516-1 du code de la fonction publique, seul un contractuel en contrat
à durée indéterminée peut être mis à disposition d’un établissement public administratif
pour
exercer des fonctions de même nature que celles exercées dans la collectivité ou l'établissement
qui l'emploie.
COMMUNE DU ROBERT
50
Dans
les faits, la commune recrute directement du personnel qu’elle met irrégulièrement
à disposition
de ces deux établissements. S’agissant de la CDE, elle justifie ces affectations par
la nécessité de respecter les normes d’encadrement et de qualification dé
finies par le cadre
règlementaire pour percevoir les subventions
de la caisse d’allocations familiales.
La commune doit
mettre fin aux mises à disposition illégales d’agents non titulaires en
contrat à durée déterminée.
Recommandation n° 6
(Régularité) :
Mettre fin aux mises à disposition illégales
d’agents non titulaires en contrat à durée déterminée en se
conformant à l’article L.
516-1 du code de la fonction publique.
3.3.3.5
Les dispositions relatives au versement de la prime exceptionnelle « COVID » ont
été détournées
L’article 11
de la loi du 25 avril 2020
27
, tel que précisé par le décret d’application du
14 mai 2020
28
, a autorisé les collectivités territoriales et leurs établissements publics à verser
en 2020 une prime exceptionnelle aux fonctionnaires et aux agents contractuels de droit public
ayant été particulièrement mobilisés pendant l'état d'urgence sanitaire
29
. Pour en bénéficier, il
faut que l'exercice des fonctions en raison des sujétions exceptionnelles auxquelles l’agent a été
soumis pour assurer la continuité du fonctionnement des services, ait conduit à un surcroît
significatif de travail, en présentiel ou en télétravail ou assimilé. Les modalités d'attribution de
la prime exceptionnelle, dont le montant légal ne peut dépasser 1 000
€, sont définies par
délibération de l'organe délibérant.
Par une délibération du 13 avril 2021, prise en application de ces dispositions, la
commune du Robert a décidé de «
l’attribution d’une prime exceptionnelle pour assurer la
continuité de service dans le cadre de l’épidémie de COVID 19 (l
ors du 1
er
confinement) ». La
délibération a également précisé que les agents exclus réglementairement du dispositif,
pouvaient
prétendre à l’octroi d’un repos compensateur et qu’ils
pouvaient opter pour celui-ci
ou le versement de cette prime exceptionnelle.
Selon la même délibération, le versement de la prime devait intervenir en une seule fois,
et son montant consistait en un forfait journalier de 25 euros par jour et par agent. Au final, une
centaine d’agents ont bénéficié
de ce dispositif en mai 2021. Le
montant total des primes s’est
élevé à 40 525 euros. Les montants individuels vont de 100 euros à 700 euros.
27
Loi n° 2020-473 du 25 avril 2020 de finances rectificative pour 2020.
28
Décret n° 2020-570 du 14 mai 2020 relatif au versement d'une prime exceptionnelle à certains agents
civils et militaires de la fonction publique de l'État et de la fonction publique territoriale soumis à des sujétions
exceptionnelles pour assurer la continuité des services publics dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire déclaré
pour faire face à l'épidémie de covid-19.
29
D
éclaré par l’effet de l'article 4 de la loi n°
2020 290 du 23 mars 2020 d'urgence pour faire face à
l'épidémie de covid 19.
COMMUNE DU ROBERT
51
En introduisant le repos compensateur, la collectivité a détourné les dispositions
réglementaires qui ne prévoyait pas cette possibilité. Cette disposition a pu bénéficier à des
agents non titulaires de droit privé et a renchéri le coût pour la collectivité.
3.3.3.6
La gestion du personnel est particulièrement onéreuse
La gestion du personnel, au formalisme lacunaire et pour partie irrégulière, se révèle
coûteuse
, qu’il s’agisse des titularisations (258
000 euros en 2021-2022), des emplois
saisonniers (300 000 euros en 2022-2023), du personnel mis à disposition du CCAS
(222 762 euros en 2022) et de la CDE (2 942 777 euros en 2022).
La commune du Robert est confrontée au vieillissement de son effectif. En effet, la
tranche d’âge la plus représentée e
st celle de 50 à 60 ans. Des pathologies, comorbidités et
maladies professionnelles, entraînent de nombreuses contre-indications médicales, voire des
inaptitudes au poste de travail. Elle doit ainsi faire face à des reclassements, réaffectations,
recommandés par la médecine préventive. Certains postes de travail nécessitent
« une aide
humaine »
, soit un deuxième agent, voire un troisième agent dans les cas les plus extrêmes.
Entre 2019 et 2022, la commune comptabilise 2
573 jours d’absences pour maladie pour
40 agents, soit une moyenne de 64 jours par agent.
La chambre invite cette dernière à maîtriser ses charges de personnel, afin que leur part
dans les dépenses réelles de fonctionnement ne soit pas supérieure à la moyenne des communes
de la Martinique.
Pour y parvenir, elle doit d’une part, s’affranchir de la fonction de «
buvard
social
» dans laquelle elle s’est el
le-même enfermée et qui la conduit à multiplier les emplois
peu qualifiés.
D’
autre part, elle doit clarifier ses relations avec la CDE
s’agissant des dépenses
scolaires et périscolaires qu’elle supporte en lieu et place de cet organisme
, tout en lui versant
chaque année une subvention de fonctionnement conséquente. A titre de comparaison, il ressort
de la «
présentation fonctionnelle des comptes de 2022 des communes de 3 500 habitants et
plus par strate
» que les dépenses de fonctionnement destinées à
l’enseignement, la formation
et l’apprentissage pour l’ensemble des communes de 10
000
habitants et plus s’élevaient à
7,6 millions en 2022. Au Robert, elles ont atteint 8,7
millions d’euros.
Par ailleurs, la chambre recommande à la commune d
adopter une délibération adaptant
le tableau des effectifs aux emplois pourvus, de sorte
qu’il
constitue le support à la projection
et au suivi de la masse salariale, à l’anticipation de
s départs à la retraite,
ainsi qu’aux
perspectives de promotion et de mobilité professionnelle fixées dans les lignes directrices de
gestion 2021-2025. Dans sa réponse aux observations provisoires, la commune a manifesté son
intention de prendre une délibération chaque année
lors du dernier conseil municipal de l’année.
Recommandation n° 7
(Performance)
: Adopter une délibération adaptant le tableau des
effectifs aux emplois réellement pourvus.
COMMUNE DU ROBERT
52
3.4
Le financement de l’investissement s’effectue par le prélèvement sur le
fond de roulement et le recours à l’emprunt
Tableau n° 7 :
Financement des investissements 2019-2023
en €
2019
2020
2021
2022
2023
+CAF nette ou disponible
30
588 138
827 301
-869 262
1 566 684
328 771
+Recettes d’investissement hors emprunts
1 449 332
3 444 118
1 651 168
1 637 040
4 674 316
=Financement propre disponible
2 037 459
4 271 419
781 906
3 203 724
5 003 087
Dépenses d'équipement
2 694 826
2 788 431
3 856 559
3 473 785
3 615 556
Besoin (-) ou capacité (+) de financement
propre
-667 366
1 482 988
-3 074 653
-568 881
1 387 530
Nouveaux emprunts de l'année
0
0
2 000 000
0
3 000 000
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du
fonds de roulement net global
-667 366
1 482 988
-1 074 653
-568 881
4 387 530
Source : logiciel ANAFI d'après les comptes de gestion
Le financement de l’investissement fait appel à la ressource d’emprunt en 2021 et 2023
pour un total de 5
millions d’euros.
En 2023, cette recette se révèle excessive au regard de la
capacité de financement de 1,3
million d’euros,
dégagée durant ce même exercice. Cet emprunt
a contribué significativement
à l’augmentation du fonds de roulement
, qui avait été mobilisé
pour un total de 2,3
millions d’euros en 2019, 2021 et 2022.
3.4.1
Les dépenses d’équipement laissent une large part aux travaux en régie
En montant cumulé sur la période de 2019 à 2023, la commune a réalisé 16,4 millions
d’euros de dépenses d’équipement, dont 5,5
millions de travaux en régie (34 %). Ces derniers
ont représenté 55 % des dépenses
d’équipement en 2020 et 37
% en 2022. Ils ont concerné à
titre principal les bâtiments et chemins communaux.
La
construction d’une médiathèque
, la gestion des algues sargasses (barrages, engins),
l’aménagement du territoire (constitution d’une réserve foncière
), le désenclavement des
quartiers, les travaux de réparation et d’équipement des école
s constituent les autres dépenses
d’équipement.
Les dépenses d’équipement sont en moyenne de 3,6
millions depuis 2021. En 2022,
elles représentaient 157 euros par habitant contre 364 euros au niveau national. Pour la strate
30
Capacité d’autofinancement nette = CAF
brute -
remboursement du capital de l’emprunt
.
COMMUNE DU ROBERT
53
des communes martiniquaises de 20 000 habitants à 50 000 habitants, ce montant était de
142 euros.
Elles ont été financées à hauteur de 93 % par des ressources propres alimentées par les
subventions d’investissement (40
%), la capacité d’autofinancement nette (15
%), ainsi que les
produits de cessions (12
%). Les recettes tirées de la taxe d’aménagement et du fonds de
compensation de la TVA (FCTVA) représentent (15 %). En 2023, la base de celui-ci a été
réduite par l
’État
de 502 857 euros correspondant à des dépenses réalisées en 2021, exclus du
montant éligible dont 248 058 euros étaient des frais de maintenance ou de nettoyage.
Par ailleurs, du fait de la proportion des travaux en régie, non retenus dans le périmètre
d'éligibilité du FCTVA automatisé en vigueur depuis janvier 2021, la commune enregistre
également un manque à gagner au regard du montant des dépenses d’équipement r
éalisées. À
titre de comparaison, une collectivité ayant réalisé le même montant de dépenses, sur une année
de moins, a perçu 1,9
millions d’euros
de FCTVA contre 1,2
millions d’euros pour
le Robert.
3.4.2
De nombreux projets sont inachevés ou abandonnés
Fin 2022, 75 % des recettes restant à recouvrer concernent la construction de la
médiathèque et 20 %
la gestion de l’échouement des sargasses. Parallèlement, il ressort des
pièces produites par la commune, qu’au 31
août 2023, sur 2,4 millions de dépenses engagées,
66 % relèvent de la gestion de ces algues et 23 % de la construction de la médiathèque. Aussi,
ces dépenses réduisent
fortement la capacité d’investissement
pour
d’autres projets.
Par ailleurs,
de nombreuses subventions ne sont pas recouvrées comme en témoigne un courrier de la
préfecture de la Martinique, en date du 27 mars 2023, faisant état de 2
millions d’euros de
subventions attribuées de 2018 à 2022 non réclamées. De même, le «
Tableau des subventions
ACTC accordées par la CTM de 2006 à 2021
», édité le 27 décembre 2023, comporte sur la
période de 2012 à 2020 également plus de 2
millions d’euros de subventions
, pour lesquelles le
justificatif de démarrage n’a pas été fourni.
En outre, contrairement à ce qui est indiqué par
l’ordonnateur dans sa réponse aux observations provisoires, les modalités d’attribution et de
versement des subventions par les financeurs, ne remettent pas en cause les constats de la
chambre, qui s’appuient sur les carences de la commune
.
3.4.3
La construction de la médiathèque révèle un retard et des surcoûts conséquents
Un concours restreint pour l’attribution d’un marché de maîtrise d’œuvre pour la
création d’une médiathèque, par voie de réhabilitation/extension du bâtiment de l’ancienne
école Félix LICAN s’est déroulé du 4
mai 2015
31
.
La date d’achèvement de l’opération était
fixée à la mi-juillet 2017.
L’acte d’engagement arrête l’estimation provisoire des travaux de construction à
3 764 000 euros. Une délibération du 29 septembre
2016, approuvant l’avant
-projet détaillé,
31
D
ate de l’avis de concours au 15 décembre 2015, date de notification du marché de maîtrise d’œuvre
.
COMMUNE DU ROBERT
54
approuve un coût
d’objectif
de 4 627 011,79 euros dont 3 995 002,47 euros pour les dépenses
liées aux marchés de travaux.
L
’avis de publication des marchés
date du 16 avril 2019. Une délibération du
27 février 2020 approuve les marchés de travaux, composés de six lots, pour un montant total
de 5 459 703,36 euros HT. Un avenant n° 1, approuvé par une autre délibération du
23 février 2023, porte le montant des travaux à 5 769 504 euros. Ce nouveau coût, résultant de
plusieurs modifications techniques, est supérieur au seuil de tolérance de dépassement de 2 %
(5 568 897,43
euros) autorisé par l’article 18 du
cahier des clauses administratives particulières
(CCAP).
De plus, l
’incidence financière de l’avenant n°
1 pour les lots « VRD », gros-
œuvre et
menuiserie est respectivement de 18,3 %, 16,6 % et 25,9 %.
La chambre rappelle à la commune que les dispositions de
l’article R.
2194-8 du code
de la commande publique proscrivent ces modifications. Elles sont en effet supérieures à la
marge accordée (15 % du montant du marché initial pour les marchés de travaux).
Selon les derniers
éléments communiqués par la commune, le coût d’objectif serait
passé de 4 627 011 euros, approuvé par le conseil municipal le 29 septembre 2016, à
6 818 183 euros.
Si la crise sanitaire a pu bouleverser pendant quelques mois l’intervention des
entreprises sur le chantier et l’exécution de la mission de maîtrise d’œuvre, elle ne suffit pas à
expliquer à elle seule le dépassement des délais ainsi que celui
de l’enveloppe budgétaire
. Cette
situation résulte d’un pilotage défaillant de l’opération
. Une sous-estimation initiale des travaux
due à une mauvaise prise en compte des contraintes particulières de ce type de bâtiment est
également à l’ori
gine de la situation actuelle du projet, toujours inabouti. Les marchés de
travaux ont été passés avec un retard conséquent entrainant les surcoûts dus aux effets de la
crise sanitaire sur le secteur du bâtiment. Le marché du lot 1 (VRD) a été résilié et la pose de la
charpente (lot 2A) a subi plus de huit mois de retard en raison des défaillances du titulaire du
lot n °1.
U
n contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage
signé en novembre 2023 entre la commune
et une
société d’économie mixte
pour
relancer l’opé
ration, en arrêt depuis plusieurs mois,
permet de confirmer les défaillances dans le pilotage initial de ce projet.
3.4.3.1
Le reste à charge de la commune est revu à la hausse
Selon, le plan de financement établi
sur la base de l’estimation prévisionnelle de
l’op
ération en septembre 2016, la participation communale était prévue à hauteur de
462 701 euros (10 %). Le projet de rapport sur les orientations budgétaires de 2024 prévoit une
dépense totale restant à réaliser de 3,8
millions d’euros sur la période 2024
-2025 et une recette
totale de subvention restant à réaliser de 2,1
millions d’euros, soit un besoin de financement de
1,7
million d’euros (40
%). Faute de subventions complémentaires, ce projet risque
d’hypothéquer
davantage
la capacité d’investissement de l
a commune déjà insuffisante, la
commune devant trouver un financement de 1,7 million d’euros
.
COMMUNE DU ROBERT
55
3.4.3.2
Le suivi budgétaire et financier de ce projet ambitieux est inadapté
Il ressort des rapports d’orientations budgétaires de 2019 à 2021
,
que l’opération
aurait
dû être conduite selon la procédure des autorisations de programme et de crédits de paiement
(AP/CP). Celle-ci
n’a pas été véritablement mise en place en raison d’une longue période de
suspension du projet. De 2021 à 2023, des sommes conséquentes figurent dans les comptes en
dépenses et recettes restant à réaliser.
L’inscription
de ceux-ci, peu conciliable avec une gestion
pluriannuelle des crédits, a contribué à augmenter le besoin de financement de la section
d’investissement autrement dit, en l’espèce, à ac
croître son déficit qui est passé de
995 965 euros en 2020 à 2 415 374 euros en 2021 puis à 6 046 955 euros en 2022.
Selon les orientations budgétaires de 2024, la gestion en autorisation de programme et
en crédits de paiement est à nouveau envisagée sur la période 2024-2026.
Recommandation n° 8
(
Performance
) : Adopter un plan pluriannu
el d’investissement
(PPI), adapté aux capacités financières, de conduite et de
réalisation de projets.
3.5
La situation bilancielle est fragile
3.5.1
L’endettement demeure modéré en dépit de nouveaux
emprunts
L’encours de la dette s’établit à
9,3
millions d’euros fin 202
3, soit 429 euros par
habitant. En 2022, le montant était de 995 euros par habitant pour les communes de même strate
au niveau national et de 916
euros pour l’ensemble de la Martinique
. La capacité de
désendettement de la collectivité
32
est de 5,8 années en 2023.
Dans le cadre du protocole financier signé avec l’AFD pour le redressement des comptes
sur la période de 2021-2023, la commune a mobilisé un emprunt de 2
millions d’euros en 2021.
En 2023, l’AFD lui a octroyé un prêt de 4
millions d’euros avec un
premier versement de
3
millions d’euros. Le versement du solde étant conditionné
au respect de la trajectoire fixée et
à la justification avant le 31 décembre
2023, d’un volume de dépenses d’investissement
supérieur ou égal à 5
millions d’euros
(hors amortissement de la dette en capital).
Cet emprunt a été accordé alors que la
commune a indiqué que le protocole n’avait pas
encore fait l’objet du suivi programmé
. Les comptes de 2023 montrent que les engagements
pris pour la réduction des dépenses de fonctionnement n’ont pas été respectés. S’agissant des
dépenses d’investissement réalisées en 2023, elles s’élèvent à 2,7
millions d’euros. Le rapport
32
La capacité de désendettement, ratio qui compare le stock de dette à la capacité d’autofinancement brut, exprime
en nombre d’années le temps nécessaire pour rembourser la dette si l’intégralité de l’autofinancement brut y était
consacrée.
COMMUNE DU ROBERT
56
d’orientations budgétaires de 2024 prévoit le report
au budget primitif de 2024 de 938 556 euros
de dépenses d’investissem
ent. Ce montant, auquel sont additionnées les autres dépenses
prévues, est insuffisant pour justifier le versement
par l’AFD du solde de l’emprunt de
4
millions d’euros.
C
es emprunts de l’AFD sont remboursables sur 20 ans, avec un différé de 3 ans, soit u
n
début de remboursement en 2024 pour l’emprunt de 2
millions d’euros et 2026 pour
celui de
3
millions d’euros.
3.5.2
La trésorerie s’améliore après deux années de forte tension
Tableau n° 8 :
Trésorerie et fonds de roulement
en €
2019
2020
2021
2022
2023
Fonds de roulement net global
2 438 528
3 921 516
2 846 863
2 277 982
6 665 512
- Besoin en fonds de roulement global
-20 345
3 377 132
2 097 001
-80 394
3 240 270
=Trésorerie nette
2 458 873
544 383
749 862
2 358 376
3 425 241
en nombre de jours de charges courantes
27,6
6,2
8,0
25,6
33,5
Source : Logiciel ANAFI d'après les comptes de gestion
La trésorerie au sens financier du terme, résulte de l’écart entre fonds de roulement
(moyen de financement à long terme) et le besoin en fonds de roulement (différence entre les
créances et les dettes à court terme). Exprimée en nombre de jours de charges courantes, il est
admis
qu’elle
couvre ordinairement à minima 30 jours de charges courantes
. Jusqu’en 2022, ce
seuil
n’est jamais atteint. Le niveau de la trésorerie est particulièrement faible en 2020 et 2021
couvrant moins de 10 jours. Cette situation s’explique par l’augmentation du besoin en fonds
de roulement en raison d’un volume de restes à recouvrer et de dépense
s à régulariser plus
important
33
. En dépit d’une forte reconstitution du fonds de roulement en 2023,
en faveur de
l’excédent d’emprunt,
la trésorerie se situe à 33,5 jours de charges courantes, juste au-dessus
du seuil évoqué, ce qui est le
reflet d’une sit
uation bilancielle fragile.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’analyse de la situation financière montre que les charges à caractère général
maîtrisées jusqu’en 2022 connaissent une envolée en 2023.
En effet, les décisions prises en
matière de ressources humaine
s obèrent la capacité d’autofinancement de la commune
dans la
mesure où les charges de personnel représentent 73 % des dépenses courantes de
fonctionnement.
33
Le solde débiteur des comptes de redevables ainsi que celui des dépenses payées sans mandatement
préalable augmentent le besoin en fonds de roulement
COMMUNE DU ROBERT
57
La commune dispose d’une marge de manœuvre fiscale limitée, ses taux d’imposition,
étant supérieurs aux taux moyens communaux au niveau départemental. Les ressources
d’exploitation ne sont pas optimisées
par celle-ci qui met à disposition gratuitement les
structures communales et des activités sportives.
Positive sur toute la période,
la capacité d’aut
ofinancement brute demeure inférieure à
15
% des produits de gestion. Depuis 2021, les ressources d’investissement disponibles ne sont
plus suffisantes pour couvrir les dépenses d’équipement en raison principalement de la
construction d’une médiathèque don
t les nombreux aléas ont généré des retards et des surcoûts
importants. Parallèlement, la commune peine à mobiliser les subventions d’investissement. Le
taux de réalisation des recettes d’investissement est en moyenne de 31,5
% sur la période
examinée.
Le fonds de roulement net global (FRNG) est positif sur toute la période sous revue en
dépit
des
prélèvements
annuels
destinés
à
combler
l’insuffisance
des
ressources
d’investissement disponibles.
L’endettement de la commune est modéré
malgré de nouveaux emprunts mobilisés en
2023.
Sa trésorerie est sous tension car inférieure ou juste proche du seuil prudentiel de
30 jours de charges courantes
jusqu’en 2022. Son niveau élevé en 2023 n’est que la résultante
d’un emprunt mobilisé
sans nécessité compte tenu du besoin de financement de la section
d’investissement
.
___________________________________________________________________________
COMMUNE DU ROBERT
58
Annexe n° 1.
Bulletin de surveillance et de prévision d’échouages des sargasses
pélagiques pour la Martinique
Source : Météo France
COMMUNE DU ROBERT
59
Annexe n° 2.Interprétation des concentrations journalières de H2D et
recommandations à la population (définition du Haut Conseil de Sa
Couleurs
Taux
de
H
2
S
mesuré en 24h00
Interprétation sanitaire
Recommandations à la population
<0.003 ppm
Les niveaux de H
2
S n’ont pas été
mis en évidence avec les moyens
techniques utilisés
0.003 à 0.07ppm
Les niveaux de H2S relevés
peuvent
entrainer
des
gênes
respiratoires chez les personnes
sensibles et vulnérables.
de 0.07 à 1 ppm
Les niveaux de H2S relevés
peuvent
entrainer
des
gênes
respiratoires chez les personnes
sensibles et vulnérables.
La population est invitée à suivre les
informations diffusées sur les échouages
d'algues et à consulter régulièrement les
niveaux de concentrations d'hydrogène
sulfuré (H2S) disponibles sur les sites de
l'ARS et de Madininair. Dès la perception
d'odeurs, les personnes vulnérables sont
invitées à se tenir éloignées des zones de
décomposition des algues et à éviter d'être
sous le vent des émissions des gaz
1 à 5ppm
L’appa
rition de symptômes type
maux de tête, irritations oculaires,
irritations
de
la
gorge
est
probable
dans
la
population
générale. Les personnes sensibles
et vulnérables peuvent présenter
une gêne et des signes plus
importants à ces niveaux
La population est invitée à se tenir éloignée
des zones de décomposition des algues.
Adressez-vous à votre médecin ou à votre
pharmacien si vous présentez les symptômes
suivants: les yeux ou la gorge qui piquent,
des larmoiements, des maux de tête, une
difficulté respiratoire, de la toux, des
démangeaisons
des
vomissements
des
vertiges. Il est conseillé aux personnes
vulnérables de ne pas séjourner sous le vent
des émissions de gaz et d'éviter l'exposition
aux
autres
substances
irritantes
ou
allergisantes en air intérieur (fumée du
tabac).
>5pp
L’apparition de symptômes type
maux
de
tête,
irritations
oculaires, irritations de la gorge
est
probable
au
sein
de
l’ensemble de la population. Les
personnes
sensibles
et
vulnérables peuvent présenter
une gêne et des signes plus
importants à ces niveaux.
Il
est
conseillé
à
l’ensemble
de
la
population de se tenir éloigné des zones à
risque et de ne pas se placer sous le vent des
émissions de gaz. Adressez-vous à votre
médecin ou à votre pharmacien si vous
présentez les symptômes suivants: les yeux
ou la gorge qui piquent, des larmoiements,
des
maux
de
tête,
une
difficulté
respiratoire, de la toux, des démangeaisons
des
vomissements
des
vertiges.
Eventuellement, contactez le Centre 15.
Les personnes vulnérables sont invitées à
consulter leur médecin pour adapter ces
recommandations à leur cas particulier
Source : HCSP
COMMUNE DU ROBERT
60
Annexe n° 3.
Atlas communal de la gestion des échouages
Source : DEAL
COMMUNE DU ROBERT
61
Annexe n° 4.
Niveau de risques d’échouages des algues par site
s
Sites
Niveaux de risque
Sites
Niveaux de risques
Pointe Jean-Claude
Moyen
Pontalery
Majeur
Petit Gallion
Majeur
Four à Chaux
Fort
Baie de Cayol
Majeur
Pointe Royale
Moyen
Pointe Rouge
Majeur
Pointe Sable Blanc
Majeur
Pointe Melon
Fort
Pointe Hyacinthe
Majeur
Quartier réunion
Faible
Pointe Bocoya Est
Moyen
Pointe Lynch
Majeur
Pointe Roseau Est
Fort
Bourg du Robert
Majeur
Pointe La Rose
Majeur
Source : Atlas communal de gestion des échouages de sargasses (03/03/2022)
COMMUNE DU ROBERT
62
Annexe n° 5.
Nombre de jours de location de matériels pour le ramassage en
fonction des bulletins de Météo France
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
1
1
1
1
1
1
1
2
2
2
2
2
2
2
3
3
3
3
3
3
3
4
4
4
4
4
4
4
5
5
5
5
5
5
5
6
6
6
6
6
6
6
7
7
7
7
7
7
7
8
8
8
8
8
8
8
9
9
9
9
9
9
9
10
10
10
10
10
10
10
11
11
11
11
11
11
11
12
12
12
12
12
12
12
13
13
13
13
13
13
13
14
14
14
14
14
14
14
15
15
15
15
15
15
15
16
16
16
16
16
16
16
17
17
17
17
17
17
17
18
18
18
18
18
18
18
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
21
21
21
21
21
21
21
22
22
22
22
22
22
22
23
23
23
23
23
23
23
24
24
24
24
24
24
24
25
25
25
25
25
25
25
26
26
26
26
26
26
26
27
27
27
27
27
27
27
28
28
28
28
28
28
28
29
29
29
29
29
29
29
30
30
30
30
30
30
30
31
31
31
31
31
31
31
Niveau de risque
Faible
Moyen
Fort
Très fort
Source : Chambre régionale des comptes
COMMUNE DU ROBERT
63
Annexe n° 6.
GLOSSAIRE
ADEME
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
AFD
Agence française de développement
AOT
Autorisation temporaire d'occupation du domaine public
AP
Autorisation de programme
ASAP
Loi d'accélération et de simplification de l'action publique
BFR
Besoin en fonds de roulement
BOAMP
Bulletin officiel des annonces des marchés publics
CACEM
Communauté d’agglomération centre Martinique
CAF
Capacité d'autofinancement
CCAP
Cahier des clauses administratives particulières
CCAS
Centre communal d’action sociale
CDE
Caisse des Ecoles
CGCT
Code général des collectivités territoriales
CP
Crédit de paiement
CTM
Collectivité territoriale de Martinique
DEAL
Direction de l’environnement, de l’amén
agement et du Logement
DCE
Dossier de consultation des entreprises
DETR
Dotation d’équipement des territoires ruraux
DGD
Dotation générale de décentralisation
DSIL
Dotation de soutien à l’investissement local
EBF
Excédent brut de fonctionnement
EPCI
Etablissement public de coopération intercommunale
FCTVA
Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée
FEDER
Fonds européen de développement régional
FNGIR
Fonds national de garantie individuelle des ressources
FRNG
Fonds de roulement net global
GIP
Groupement d’intérêt public
GIPSPAM
Groupement d’Intérêt Public du Service Public Anti Sargasses
GVT
Glissement vieillesse technicité
HCSP
Haut conseil de santé publique
ONF
Office National des Forêts
COMMUNE DU ROBERT
64
PCS
Plan communal de sauvegarde
PEC
Parcours emploi compétences
PPI
Plan pluriannuel d’investissement
RIFSEEP
Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de
l’expertise et de l’engagement professionnel
SEM
Société d’économie mixte
VRD
Voies et réseaux divers
Chambre régionale des comptes de Martinique
Parc d’activités La Providence –
Kann’Opé –
Bât. D
CS 18111
97181 LES ABYMES CEDEX
Adresse mél. antillesguyane@crtc.ccomptes.fr
www.ccomptes.fr/fr/crtc-antilles-guyane