2
/
2
En application de l’article R. 241-18, je vous demande d’informer le greffe de la date de
la plus proche réunion de votre assemblée délibérante et de lui communiquer en temps
utile copie de son ordre du jour.
Enfin je vous précise qu’en application des dispositions de l’article R. 241-23 du code
précité, le rapport d’observations est transmis au préfet ainsi qu’au directeur régional
des finances publiques.
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à l’assurance de ma considération
distinguée.
Yves COLCOMBET
Président de la chambre régionale
des comptes de la Martinique
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
RAPPORT D'OBSERVATIONS DEFINITIVES
SUR LA GESTION DE LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC DE L’EAU ET DE
L’ASSAINISSEMENT AVEC LA SOCIETE MARTINIQUAISE DES EAUX (SME)
Année 2009 et suivantes
Ordonnateur :
-
M. Philippe GRAND, directeur général
RAPPEL DE LA PROCEDURE
La chambre a inscrit à son programme 2015 l'examen de la gestion de la délégation de
service public de l’eau et de l’assainissement avec la société martiniquaise des eaux
(SME) à partir de l'année 2009. Par lettre en date du 11 mars 2015, le président de la
chambre en a informé M. Philippe GRAND, directeur général. L’entretien préalable
prévu à l’article L. 243-1 du code des juridictions financières s’est tenu le 17 juin 2015,
avec M. GRAND.
Lors de sa séance du 5 janvier 2016, la chambre a formulé des observations
provisoires qui ont été adressées à l’ordonnateur, le 25 février qui en a accusé
réception le 29 février 2016.
La SME a répondu aux observations de la chambre par courrier du 28 avril 2016,
enregistré au greffe de la chambre le 2 mai 2016.
La chambre a entendu le 27 juin 2016, à sa demande, le responsable de la SME,
M. Philippe GRAND, accompagné de M. Jean-Paul DUCHARNE, conseil juridique
auprès du directeur général de la Société Lyonnaise des Eaux, société-mère de la
SME.
Après avoir entendu le rapporteur, la chambre a arrêté, le 28 juin 2016 le présent
rapport d'observations définitives.
Le rapport a été communiqué par lettre du 31 août 2016 à M. Philippe GRAND
directeur en fonction. Le destinataire disposait d'un délai d'un mois
pour faire parvenir
à la chambre sa réponse aux observations définitives.
La réponse suivante a été enregistrée :
M. Philippe GRAND, directeur général, par courrier du 18 août 2016 enregistré au
greffe le 1
er
septembre 2016.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
2
Ce rapport devra être communiqué par le directeur à l’assemblée délibérante lors de la
plus proche réunion suivant sa réception. Il fera l’objet d’une inscription à l’ordre du
jour, sera joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donnera lieu à
un débat.
Ce rapport sera, ensuite, communicable à toute personne qui en ferait la demande et
mis
en
ligne
sur
le
site
internet
des
juridictions
financières
www.ccomptes.fr/guadeloupe-guyane-martinique
.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
3
S O M M A I R E
SYNTHESE
...................................................................................................................................
5
RECOMMANDATIONS
.................................................................................................................
7
PARTIE 1 : EAU POTABLE
1.
PRESENTATION DU SERVICE
..........................................................................................
9
1.1.
L
A PRODUCTION
:
DEUX USINES ET DES ACHATS D
’
EAU
.....................................................
9
1.2.
L
E STOCKAGE
:
LES STATIONS DE POMPAGE ET LES RÉSERVOIRS
......................................
9
1.3.
L
A DISTRIBUTION
:
LE RÉSEAU ET SES ÉQUIPEMENTS HYDRAULIQUES
................................
9
2.
L’ECONOMIE GENERALE ET LE MANAGEMENT DE LA DSP
.....................................
10
2.1.
P
RÉSENTATION DE LA
SME
..........................................................................................
10
2.2.
L’
ÉCONOMIE GÉNÉRALE DU CONTRAT
............................................................................
10
2.3.
L
E CONTRÔLE ET LE MANAGEMENT DU CONTRAT
............................................................
11
3.
LA PERFORMANCE DU SERVICE RENDU AUX USAGERS
.........................................
12
3.1.
L
A QUALITÉ DE L
’
EAU ET LE RENDEMENT DU RÉSEAU
......................................................
12
3.1.1.
La qualité de l’eau est très bonne
..........................................................................
12
3.1.2.
La performance du réseau se situe parmi les meilleures de la Martinique
...........
12
3.1.3.
Le nouveau contrat fixe un taux de rendement en fort retrait
................................
13
3.2.
L
ES INTERRUPTIONS DE SERVICE SONT ENCORE TROP NOMBREUSES
..............................
14
3.3.
L
E PRIX DE L
’
EAU RESTE ÉLEVÉ
,
LES FACTURES PEU COMPRÉHENSIBLES ET LES IMPAYÉS
IMPORTANTS
.............................................................................................................................
14
4.
L’EQUILIBRE FINANCIER DE LA DSP
............................................................................
16
4.1.
L
A FIABILITÉ DES COMPTES DE LA
DSP
..........................................................................
16
4.1.1.
Les produits et les charges indirects
.....................................................................
16
4.1.2.
Les charges calculées
...........................................................................................
16
4.1.3.
Les imputations des produits aux exercices concernés
........................................
18
4.1.4.
Le biais créé par les fonds de travaux
...................................................................
18
4.2.
L
ES PRODUITS
..............................................................................................................
19
4.2.1.
Vue générale des produits de la délégation
..........................................................
19
4.2.2.
La facturation aux abonnés constitue la principale ressource du service
.............
19
4.2.3.
La vente d’eau en gros : des recettes incertaines et en diminution
......................
21
4.2.4.
Les produits accessoires
.......................................................................................
22
4.2.5.
Les travaux exclusifs
.............................................................................................
22
4.2.6.
Les autres produits
................................................................................................
22
4.3.
L
ES CHARGES
..............................................................................................................
23
4.3.1.
Le personnel : des charges importantes pour une durée de travail réduite
..........
24
4.3.2.
Les achats d’eau
....................................................................................................
26
4.3.3.
La sous-traitance
...................................................................................................
27
4.3.4.
Les autres dépenses
.............................................................................................
27
4.3.5.
Les services centraux
............................................................................................
27
4.3.6.
Les créances douteuses
........................................................................................
28
4.3.7.
La garantie pour continuité de service
...................................................................
28
4.4.
L
E RÉSULTAT DE LA DÉLÉGATION
...................................................................................
28
5.
L’ENTRETIEN ET LE RENOUVELLEMENT DU RESEAU
...............................................
29
5.1.
L
A DÉFINITION ET LA RÉPARTITION DES TRAVAUX
............................................................
29
5.1.1.
Les travaux d’entretien : une compétence du délégataire
.....................................
29
5.1.2.
Les travaux de renouvellement : une compétence partagée
................................
30
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
4
5.1.3.
Les travaux de renforcement et d’extension : une compétence partiellement
transférée au délégataire
....................................................................................................
30
5.2.
L
A RÉALISATION DES TRAVAUX
......................................................................................
31
5.2.1.
Le taux de renouvellement du réseau est faible
....................................................
31
5.2.2.
Le renouvellement des compteurs reste encore insuffisant
..................................
31
5.3.
L
E SUIVI FINANCIER DES TRAVAUX
.................................................................................
31
5.3.1.
Le suivi des dépenses de renouvellement dans le cadre de la dotation de
renouvellement ou du « fonds de renouvellement »
..............................................
32
5.3.2.
Le suivi des dépenses dans le cadre du fonds de travaux de déplacements de
canalisation et d’améliorations
...............................................................................
34
PARTIE 2 : ASSAINISSEMENT
6.
LA PERFORMANCE DU SERVICE RENDU AUX USAGERS
.........................................
36
6.1.
U
N ACCÈS RESTREINT AU SERVICE D
’
ASSAINISSEMENT COLLECTIF
..................................
36
6.2.
L
A QUALITÉ DE L
’
ASSAINISSEMENT EST MÉDIOCRE
..........................................................
36
6.2.1.
La qualité de l’épuration
........................................................................................
36
6.2.2.
L’évacuation des boues se fait conformément à la réglementation mais à un tarif
élevé
.......................................................................................................................
37
6.2.3.
La qualité des réseaux et de la collecte est très médiocre
...................................
38
6.3.
L
A RELATION AVEC LES ABONNÉS EST CORRECTE
...........................................................
38
7.
L’EQUILIBRE FINANCIER DE LA DSP
............................................................................
38
7.1.
L
ES PRODUITS AUGMENTENT FORTEMENT EN RAISON DE L
’
AUGMENTATION DES TARIFS
....
38
7.2.
L
ES CHARGES AUGMENTENT FORTEMENT
......................................................................
40
GLOSSAIRE
...............................................................................................................................
42
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
5
SYNTHESE
L’exploitation des services d’eau potable et d’assainissement collectif du périmètre du
syndicat intercommunal du centre et du sud de la Martinique (SICSM) est assuré par la
Société martiniquaise des eaux (SME, filiale de la Lyonnaise des Eaux) par le biais
d’un contrat de délégation de service public depuis 1977. Pendant la période sous
revue, deux contrats ont permis de gérer le service, le premier signé en décembre
2002 pour une période de 12 ans à compter du 1
er
janvier 2003 et le second signé en
mars 2015 pour une période de 12 ans à compter du 1
er
avril 2015.
La délégation de la gestion suppose un contrôle de la part de la collectivité délégante
sur l’entreprise délégataire. Jusqu’à maintenant le contrôle a été essentiellement
technique. Le suivi financier continu de la DSP reste encore largement défaillant.
L’eau produite est de très bonne qualité. Le rendement du réseau, de 73 %, reste un
des meilleurs en Martinique mais en dessous des obligations de résultat fixées par le
contrat de 81 %, pour l’ensemble de la période jusqu’en 2014. Le départ des
communes de Lamentin et de Saint-Joseph permet de ne pas comptabiliser les pertes
sur réseau au-delà des compteurs de vente en gros. Le rendement doit
mécaniquement augmenter de 4 % en 2015. Malgré cela, l’objectif est limité à 75 %
dans le nouveau contrat. Un objectif souhaitable serait de 80 % dans la configuration
actuelle du réseau et de la vente en gros.
Le prix de l’eau en Martinique est l’un des plus chers de France avec une facture
annuelle moyenne de 352 € (pour 120 m
3
) hors assainissement, comparé à une
moyenne nationale de 240 €. Avec le contrat de 2015, le prix pour les consommateurs
particuliers a diminué, au détriment des gros consommateurs (entreprises et
collectivités). Au total, sur la période 2009-2015, le prix de l’eau potable aura augmenté
du double de la moyenne nationale. Le nouveau contrat instaure, quant à lui, une
augmentation du prix de l’assainissement collectif de 26 %. Ainsi pour l’usager des
services d’eau potable et d’assainissement collectif, l’augmentation sur la période
2009-2015 aura atteint près de 30 % et de 2014 à 2015, 8,5 %. La part des charges de
personnel est un des éléments explicatifs du prix de l’eau.
S’agissant du service d’eau potable, une des attributions essentielles du délégataire
est l’entretien et le renouvellement du réseau. Le contrat de 2003 y avait ajouté un
fonds de travaux spécifique au déplacement des canalisations et à l’amélioration du
réseau. Une part importante des travaux a donc été confiée au délégataire à un prix
fixé d’avance, sans possibilité d’adaptation aux prix du marché. Malgré l’importance
des sommes dépensées, le renouvellement du réseau est faible puisqu’il stagne à
0,3 %, correspondant à un renouvellement complet au bout de 350 ans. Le
renouvellement des compteurs a été également insuffisant, ce qui a donné lieu à une
demande de pénalité du SICSM à la SME de plus de 550 000 € à la fin de l’année
2015. En outre, les documents permettant le suivi de ces travaux, le compte annuel de
résultat d’exploitation (CARE) et le rapport annuel du délégataire (RAD) se révèlent
invérifiables et incohérents. Si, dans le contrat de 2015, le fonds de travaux de
déplacement a été supprimé, le fonds de travaux pour le renouvellement est conservé.
Les comptes présentés par le délégataire ne présentent pas la réalité des coûts du
service rendu à l’usager. Une annexe explicative est fournie à l’appui des CARE mais
les dispositions qui s’y trouvent, au demeurant peu explicites, ne peuvent pas
s’appliquer à la délégation. Une partie importante des charges comptabilisées sont des
charges indirectes, c’est-à-dire communes à différents contrats détenus par la SME et
répartie en fonction de la valeur ajoutée de chaque contrat.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
6
Plus le contrat est bénéfique pour l’entreprise, plus les charges mises à la charge du
délégant et donc des consommateurs, sont importantes.
Ainsi, pour la seule année 2014, il apparaît que la délégation qui lie la SME avec le
SICSM a supporté plus de 500 000 € de charges indirectes de personnel au-delà de la
proportion de charge indirecte annoncée par l’entreprise au moment de la soumission
de son offre. D’autres charges apparaissent anormalement imputées au compte de la
délégation, comme la garantie de continuité ou des provisions pour créances
douteuses qui paraissent excessives. Les résultats affichés dans les CARE sont donc
bien en dessous de la profitabilité réelle du contrat.
S’agissant de l’assainissement, l’accès au service d’assainissement collectif est
restreint puisqu’il ne concerne que 40 % des habitants du périmètre du SICSM. La
qualité de l’assainissement est médiocre avec près d’un tiers des stations d’épuration
qui dysfonctionnent, du fait de la vétusté de certaines installations dont la
responsabilité incombe au SICSM mais, aussi, du fait du défaut d’entretien réalisé par
le délégataire.
Le nouveau contrat signé en mars 2015, outre l’augmentation très importante des
tarifs, prévoit un fort accroissement des charges comptabilisées. Cette augmentation
concerne notamment l’évacuation des boues des stations d’épuration, dont le
traitement est assuré exclusivement par l’unité de compostage « Terraviva », exploitée
également par la SME pour un coût important alors même que l’équipement a été
financé à 50 % par des financements publics.
Le SICSM doit résolument mettre en oeuvre la perception de la taxe sur les abonnés
raccordables mais non raccordés. Il doit mettre en oeuvre le raccordement d’office qui,
seul, permettra d’atteindre l’objectif d’un taux de raccordement de 80 % en 2020.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
7
RECOMMANDATIONS
__
1. Faire contrôler annuellement l’ensemble des installations afin de détecter les
dysfonctionnements ou les atteintes au patrimoine avant qu’ils deviennent un
problème qui imposera l’intervention de la seule collectivité publique.
2.
a. Renforcer l’expertise financière interne du service de contrôle du SICSM afin de
suivre plus précisément les paramètres économiques de la délégation de
service public.
b. Renforcer l’équipe de contrôle de la collectivité délégante par un contrôle de
gestion approfondi, voire incisif.
3.
a. Augmenter l’objectif du rendement de réseau à 80 % au lieu de 75 % et revenir
à un indice linéaire de perte maximal de 4,8 m
3
/km/jour.
b. Mettre en place des compteurs de ventes d’eau en gros, afin d’apprécier les
volumes vendus réels et le rendement sur chacun des réseaux.
4. Faire évoluer la forme de la facture et du règlement de service, ainsi que les
rapports d’informations, tels le rapport annuel du délégataire ou le rapport sur le
prix et la qualité du service, dans le sens d’une plus grande information tant des
élus que des usagers du service de l’eau, sur les modalités et le calcul de la
redevance pour prélèvement de la ressource en eau.
5. Introduire dans le contrat des dispositions qui clarifient les données d’exploitation
réelles de la délégation et rééquilibrent le contrat en termes d’information financière
sur le service ; si les dispositions évoquées dans l’annexe explicative du compte
annuel de résultat d’exploitation (CARE) ne sont pas applicables, il conviendra de
les actualiser.
6.
Demander une certification des comptes par contrat de DSP.
7.
Faire identifier l’ensemble des charges et des produits financiers dans les comptes
de la délégation.
8. Obtenir une réduction des charges indirectes par une comptabilisation plus fine de
l’affectation du personnel aux fonctions et au contrat auquel il est rattaché et faire
mettre en place une comptabilité analytique du personnel.
9.
Demander l’identification des prestations fournies par le siège, soit qu’elles fassent
l’objet d’une facturation forfaitaire, soit qu’elles fassent l’objet d’une facturation
détaillée, et vérifier la réalité de ces prestations.
10. a. Mettre en place une cellule de veille sur les prix pratiqués dans le secteur des
travaux sur réseaux et équipements afin d’ajuster périodiquement le bordereau
des prix.
b.
Prévoir la clause d’ajustement requise dans le contrat.
11. Exiger une cohérence entre les documents, une transparence sur la production des
données comptables (notamment les clés de répartition) et une traçabilité des
données transmises permettant un réel suivi du fonds de renouvellement.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
8
12. Mettre la station de Pays Noyé en conformité avec la réglementation pour ne pas
prendre le risque de pénalités.
13. a. Percevoir la taxe sur les raccordables non raccordés, inscrire au contrat la
communication des données de consommation des raccordables non raccordés
potentiels.
b.
Mettre en oeuvre le raccordement d’office qui, seul, permettra d’atteindre le taux
de raccordement de 80 % sur cinq ans.
14. Obtenir la diminution du coût d’évacuation des boues en diminuant les coûts de
transports et par l’utilisation, le cas échéant, du centre de valorisation organique
(CVO) situé au Robert afin de réduire encore le coût de transports pour certaines
stations.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
9
PARTIE 1 : EAU POTABLE
1.
PRESENTATION DU SERVICE
La SME produit en moyenne 88 % de l’eau dont elle a besoin dans le cadre du contrat
avec le SICSM (18,3 millions de mètres-cubes), 55 % venant de l’usine de Rivière
Blanche, 33 % de l’usine de Directoire. 12 % de ses besoins viennent de l’eau achetée
à l’usine de la Capot, propriété du département.
Par ailleurs, elle exporte de l’eau pour la commune de Schoelcher (communauté
d’agglomération du centre delà Martinique-CACEM) et pour le Syndicat des communes
du Nord Atlantique (SCNA), pour 5,6 % du volume total qu’elle gère.
1.1.
La production : deux usines et des achats d’eau
Tableau n° 1 : Volume produit et acheté (m
3
)
Volume d’eau produit
et acheté
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Usine Rivière Blanche 10 060 216
9 838 495 10 212 478 10 061 468 10 160 341
9 564 489
Usine Directoire
5 369 267
5 447 962
5 603 755
5 852 097
5 983 003
5 500 239
Achats d'eau
3 580 625
2 786 834
2 774 410
3 061 593
2 185 812
3 186 690
Total
19 010 108 18 073 291 18 590 643 18 975 158 18 329 156 18 251 418
Source : Rapport annuel du délégataire (RAD)
1.2.
Le stockage : les stations de pompage et les réservoirs
Les équipements gérés par la SME sont nombreux en raison du périmètre étendu et de
la configuration géographique de collines qui nécessitent des points de relèvement.
Tableau n° 2 : Equipements de stockage
Nombre de réservoirs de
stockage
Nombre de stations de
pompage
Nombre de surpresseurs
157
67
33
Source : RAD
1.3.
La distribution : le réseau et ses équipements hydrauliques
Le réseau se caractérise par un linéaire important qui est relativement récent. La
majorité du linéaire (près de 1 500 km) est composée de diamètre 100 à 200 mm en
PVC ou en polyéthylène haute densité (PEHD). Il y a également 80 km de linéaire
supérieurs à 500 mm en fonte.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
10
Tableau n° 3 : Equipements de réseau
Linéaires de réseau (km)
Equipements hydrauliques
(nombre)
Compteurs (nombre)
Hors branchements
Branchements
Vannes
Vannes de
vidanges
15 mm
plus de 15 mm
2 113
660
6
970
3 690
92 274
1 973
Source : RAD
2.
L’ECONOMIE GENERALE ET LE MANAGEMENT DE LA DSP
2.1.
Présentation de la SME
La SME a été créé le 1
er
janvier 1977, Co filiale à parité, de la Lyonnaise des eaux et
de la Compagnie générale des eaux. Par une décision du 11 juillet 2002, la Haute
autorité de la concurrence a demandé au ministre de l’économie d’enjoindre aux
sociétés Lyonnaise des Eaux et Compagnie générale des eaux de faire cesser leurs
participations dans des filiales communes, telles la Société martiniquaise des eaux.
Cette décision a été motivée par l’abus de position dominante que constituaient ces
participations croisées.
Ce n’est qu’après l’obtention du contrat de délégation de service public avec le SICSM
que les sociétés précitées ont mis fin à leur participation dans la SME, qui est devenue,
en 2010, une filiale à 100 % de la société Lyonnaise des Eaux. Cette dernière société
est elle-même filiale du groupe SUEZ Environnement, deuxième groupe mondial dans
le domaine de la gestion de l’eau et des déchets. SUEZ Environnement fait partie du
groupe ENGIE (ex-groupe GDF-SUEZ).
2.2.
L’économie générale du contrat
Le contrat de DSP signé le 19 décembre 2002 avait prévu une exploitation du service
pour une durée de 12 ans, du 1
er
janvier 2003 au 31 décembre 2014. Le cadre
juridique est fixé par l'article L. 1411-2 du code général des collectivités territoriales
(CGCT) qui dispose que les conventions de délégation de service public doivent être
limitées dans leur durée. Cette durée doit être déterminée en fonction des prestations
demandées au délégataire afin de lui permettre d’amortir les investissements
effectués. La durée assez longue de 12 ans n’est pas disproportionnée dans le cas
d’un contrat d’affermage qui implique également la prise en charge par le délégataire
d’une partie des travaux d’entretien et de renouvellement des installations.
La chambre avait eu à se prononcer en 2012 sur un troisième avenant au contrat de
DSP sur l’eau potable et sur un premier avenant sur le contrat de DSP sur
l’assainissement. Sur l’eau, l’avenant avait pour objet de mettre en place la télérelève
pour un budget supplémentaire de 6,5 M€, d’automatiser les vannes de distribution de
certains réservoirs pour 605 000 € et d’assurer l’étanchéité de deux réservoirs pour
395 000 €. Sur l’assainissement, l’avenant avait pour objet la réhabilitation de trois
stations d’épurations (4,27 M€), la réhabilitation du réseau (4,2 M€) et la mise en place
d’une station d’épuration aux Anses d’Arlet (3,7 M€). Il s’agissait donc de mettre en
place des « ilots concessifs » dans les contrats d’affermage initiaux.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
11
La chambre avait émis le 3 avril 2012, un avis défavorable sur la conclusion de
l’avenant n°3 à la DSP eau et un avis défavorable sur la conclusion de l’avenant n°1 au
contrat de DSP pour l’assainissement. La chambre avait relevé que deux des trois
conditions, posées par le Conseil d’Etat pour la régularité d’un avenant, n’étaient pas
remplies. En effet, l’avenant ne doit pas modifier substantiellement l’un des éléments
essentiels de la délégation, «
tels que la durée ou le volume d’investissement mis à la
charge du délégataire
». S’agissant de la durée, le contrat d’eau par exemple, passait
de 12 à 16 ans, soit une augmentation d’un tiers qui constitue une modification
substantielle du contrat. En outre, le volume ajouté par l’avenant était de 7,5 M€ pour
un volume total sur 12 ans de 13,8 M€, ce qui représente également une modification
substantielle du volume d’investissements mis à la charge du délégataire. Il en était de
même pour le contrat d’assainissement. En outre, l’avenant ne doit pas porter sur des
investissements qui relèvent normalement du délégataire, comme des travaux de
renouvellement, par exemple. Or, la chambre a constaté qu’une partie de ces travaux
relevait du délégataire.
Le SICSM avait finalement pris acte des observations de la chambre et renoncé à
signer les avenants.
Le cadre juridique actuel est un contrat signé le 20 mars 2015 par lequel le SICSM
confie la gestion par affermage du service d’eau potable au délégataire, la SME, pour
une durée de 12 ans à compter du 1
er
avril 2015.
2.3.
Le contrôle et le management du contrat
Suite à un audit organisationnel effectué en 2012, le SICSM a mis en place un service
de contrôle autonome, rattaché à la direction générale adjointe. Outre la directrice
générale adjointe, il est composé de trois agents, deux techniciens et un attaché, qui
étaient déjà en fonction dans la collectivité et affectés à des tâches de contrôle de la
DSP.
Le SICSM s’est fait assister par un cabinet de conseil pour évaluer et développer les
compétences de contrôle de ce service. Le cabinet a effectué en avril 2012 un bilan
des contrôles effectués et a défini les axes de progrès. Il ressort de ces observations
que le contrôle effectué est avant tout centré sur les compétences des agents et donc
revêt une nature essentiellement technique. L’analyse de l’évolution des équilibres
financiers, l’exploitation des données financières et la veille juridique apparaissent
comme des axes de progrès significatifs. Le consultant indiquait que les comptes
annuels de résultat d’exploitation (CARE) ne sont pas exploités en raison d’un défaut
de méthode.
Le consultant proposait de travailler sur l’élaboration d’un document cadre qui définit
les rôles et organise les modalités d’échanges de données entre services, sur
l’élaboration d’outils d’aide au contrôle et notamment sur des tableaux de bord, des
tableaux de veille juridique et la mise en place de modules spécifiques de formation.
Le consultant a proposé d’effectuer un suivi rigoureux des anomalies détectées afin
que la SME fasse le nécessaire dans l’année. Il a proposé de coordonner l’action du
service avec la SME pour vérifier l’état des réservoirs avant lavage, c’est-à-dire une
fois que la cuve est vide. Le consultant a mis en avant que les réfections de voirie à
Saint-Joseph et au Lamentin étaient tardives et donc habituellement réalisées par les
communes alors que la charge en incombe au fermier.
La plupart des observations faites restent encore pertinentes. Certains outils d’aide au
contrôle ont été mis en place, comme les tableaux de bord et les fiches de patrimoine,
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
12
et des formations ont été organisées. Cependant, l’expertise du service dans le
domaine financier reste toujours largement en deçà de ce qui est nécessaire pour
assurer un contrôle efficace des données transmises par le délégataire. En matière
technique, le contrôle annuel de toutes les installations est tout juste mis en place et la
coordination avec le délégataire pour la vérification des installations vidées est encore
défaillante.
Recommandation n° 1
Faire contrôler annuellement l’ensemble des installations afin de détecter les
dysfonctionnements ou les atteintes au patrimoine avant qu’ils deviennent un
problème qui imposera l’intervention de la seule collectivité publique.
Recommandation n° 2
a.
Renforcer l’expertise financière interne du service de contrôle du SICSM afin
de suivre plus précisément les paramètres économiques de la délégation de
service public.
b.
Renforcer l’équipe de contrôle de la collectivité délégante par un contrôle de
gestion approfondi, voire incisif.
3.
LA PERFORMANCE DU SERVICE RENDU AUX USAGERS
3.1.
La qualité de l’eau et le rendement du réseau
3.1.1. La qualité de l’eau est très bonne
La qualité de l’eau est contrôlée par l’agence régionale de santé (ARS). Selon ses
mesures, l’eau potable distribuée aux usagers est de très bonne qualité.
On distingue les paramètres physico-chimiques (nitrates, nitrites, chlorures, sulfates,
aluminium…) et les paramètres bactériologiques (coliformes, streptocoques, etc). Il est
noté en 2009, 2010 et 2011, un dépassement sur le paramètre aluminium à la sortie de
l’usine de Rivière Blanche.
Le taux de conformité microbiologique était de 99,7 % en 2013 et en 2014. Le taux de
conformité physico-chimique était de 97,4 % et 100 % en 2014, soit un taux
sensiblement égal à la moyenne nationale. Des autocontrôles sont également
effectués par la SME, notamment sur la turbidité, le taux d’aluminium, de chlore et le
Ph de l’eau.
La protection de la ressource en eau progresse ; l’indice affiché est en augmentation
depuis 2011 (50).
3.1.2. La performance du réseau se situe parmi les meilleures de la Martinique
La question du rendement du réseau est importante pour une question de coût du
service
mais,
aussi,
pour
une
question
de
sécurité
et
de
continuité
d’approvisionnement. En effet, plus le rendement est important, moins il y a nécessité
de couper l’eau en cas de pénurie de ressource, notamment en saison sèche.
L’ancien contrat avait prévu, en son article 24, une obligation de résultat concernant le
rendement, fixé contractuellement à 81 % à partir de 2006 inclus et un indice linéaire
de fuite inférieur à 4,4 m
3
/jour/km. La rédaction de la clause sur la pénalité en cas de
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
13
non atteinte du rendement contractuel est ainsi rédigée : «
Si le rendement du réseau
moyen sur deux ans est inférieur à Rdt0 et que l’indice linéaire de fuite moyen sur deux
ans est supérieur à ILF0 pour le dernier ou l’avant-dernier exercice du contrat, une
pénalité définie à l’article 55 s’applique
». La pénalité ne peut donc être appliquée qu’à
la toute fin du contrat.
Tableau n° 4 : Rendement du réseau
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Rendement contractuel
81,0 %
81,0 %
81,0 %
81,0 %
81,0 %
81,0 %
81,0 %
81,0 %
Rendement du réseau réalisé
73,2 %
77,5 %
75,6 %
77,2 %
74,8 %
72,4 %
73,3 % 73,0 %
ILF contractuel (m
3
)
4,4
4,4
4,4
4,4
4,4
4,4
4,4
4,4
ILF constaté (m
3
)
6,0
4,9
4,8
4,2
4,6
5,3
4,8
4,8
Source : Rapport annuel du délégataire (RAD)
Il ressort des données du rapport annuel du délégataire que les rendements de réseau
n’ont pas été atteints et que, sur une durée de huit ans, l’indice linéaire de fuite
contractuel n’a été respecté qu’une année (2010).
Le SICSM a calculé le montant de la pénalité due au titre des années 2013 et 2014,
qui représente 1 304 443 € et 1 204 699 €. Ces montants ont fait l’objet d’une
demande officielle à la SME, envoyée par courrier du 14 octobre 2015.
3.1.3. Le nouveau contrat fixe un taux de rendement en fort retrait
Le rendement se définit comme le volume vendu divisé par le volume produit. Si la
SME vend 73 litres sur 100 litres produits, le rendement est de 73 %.
Le contrat de 2002 avait fixé un objectif contractuel de rendement de réseau de 81 %.
Au 31 décembre 2014 le rendement n’était que de 73 %. Le SICSM et la SME ont revu
à la baisse l’objectif de rendement contractuel qui n’est plus que de 75 % dans le
nouveau contrat.
En outre, les modalités de calcul du rendement induites par le changement de
périmètre du SICSM doit amener à revoir à la hausse les objectifs de rendement. En
effet, dans la configuration d’avant le 1
er
janvier 2015, la SME vend de l’eau à
l’ensemble des clients abonnés du périmètre du SICSM, c’est-à-dire que la production
vendue tient compte des pertes sur l’ensemble du réseau, des usines jusqu’aux
particuliers, notamment ceux du Lamentin et de Saint-Joseph. Depuis le 1
er
janvier
2015, la SME vend de l’eau aux abonnés de toutes les communes sauf au Lamentin et
à Saint-Joseph. Concernant ces deux communes, la vente d’eau est mesurée aux
compteurs de sortie du réseau du SICSM et d’entrée du réseau de la CACEM. Ainsi,
sur les communes du Lamentin et de Saint-Joseph, l’eau est vendue sans tenir compte
des pertes sur le réseau jusqu’à l’abonné. Il en résulte une augmentation
mathématique des volumes vendus pour un volume produit constant.
Cette augmentation mécanique du volume vendu peut être évaluée à un peu moins
d’un million de mètres-cubes, soit un vingtième à un vingt-cinquième du volume
produit. Le rendement devrait ainsi augmenter automatiquement d’au moins 4 %. Il
devrait donc atteindre 78 % environ alors que l’objectif de rendement est désormais
fixé à 75 %.
De plus, le contrat stipule, dans son article 21.2 que l’objectif de rendement est
conditionné par la mise en place de dispositifs d’écoutes sur le réseau à la charge du
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
14
délégant. L’objectif de rendement n’est opposable qu’une fois ces dispositifs,
nombreux (plus de 480) et coûteux, mis en place par le SICSM.
S’agissant de l’indice linéaire de perte, on retrouve la même logique de moindre
exigence de rendement. Alors que l’indice linéaire de perte est de 4,8 m
3
/km/jour au
31 décembre 2014, l’objectif fixé est de 6,95 pour 2015-2016 avec une réduction
progressive jusqu’à 6,30 pour les années 2020 à 2027. Cette anomalie devrait être
corrigée.
Recommandation n° 3
a.
Augmenter l’objectif du rendement de réseau à 80 % au lieu de 75 % et
revenir à un indice linéaire de perte d’au maximum 4,8 m3/km/jour.
b.
Mettre en place des compteurs de ventes d’eau en gros, afin d’apprécier les
volumes vendus réels et le rendement sur chacun des réseaux.
3.2.
Les interruptions de service sont encore trop nombreuses
On recense le nombre de coupures d’eau liées au fonctionnement du réseau public
dont les abonnés concernés n’ont pas été informés à l’avance, à travers un indicateur
dénommé «
Fréquence d’interruptions de service non programmées
». Cette fréquence
est très élevée. Le taux de réclamation s’est envolé en 2013 après des années
relativement calmes.
3.3. Le prix de l’eau reste élevé, les factures peu compréhensibles et les
impayés importants
L’analyse de la composition du prix de l’eau permet d’attribuer à chacune des fonctions
et à chacun des acteurs le montant versé par l’usager.
Graphique n° 1 : Composantes d’une facture d’eau
Source : RAD
219 €
74 €
47 €
12 €
Facture type de 2014 : 352 €
(120 m
3
)
Exploitation (SME)
Investissement (SICSM)
Protection de la ressource
(Office de l'eau)
Taxes (région et Etat)
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
15
On observe une augmentation importante du prix de l’eau sur la période avec une
diminution très récente du prix pour les ménages. Le nouveau contrat instaure cette
baisse qui est la contrepartie d’une hausse sur les gros consommateurs (collectivités,
entreprises).
Tableau n° 5 : Prix de l’eau au mètre-cube (pour 120 m
3
)
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evol 2015/2010
SME - SICSM
2,70
2,74
2,83
2,86
2,93
2,75
1,85%
National
1,91
1,94
1,96
2,00
2,03
1,97
3,1 %
Source : RAD
Si l’on ajoute le prix payé pour l’eau à celui de l’assainissement collectif, on constate
que la facture est en hausse de près de 30 % sur la période.
Tableau n° 6 : Facture d’eau et d’assainissement au mètre-cube (pour 120 m
3
)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evolution
2015/2009
Eau
2,59
2,70
2,74
2,83
2,86
2,93
2,75
6,1 %
Assainissement collectif
1,93
2,29
2,36
2,39
2,43
2,45
3,09
60,1 %
Prix global
4,52
4,99
5,10
5,22
5,29
5,38
5,84
29,2 %
Source : RAD
Le prix du service de l’eau et de l’assainissement collectif est élevé par rapport au prix
constaté au niveau national, de 4,21 € en 2014.
On observe au niveau national une tendance à l’augmentation des impayés sur l’eau,
puisqu’en 2013 le taux était à 1,42 %, soit deux fois le taux de 2009. S’agissant du
service d’eau potable géré par la SME pour le SICSM, on observe une relative stabilité
autour de 5,5 %, soit quatre fois le niveau d’impayés au niveau national.
Par ailleurs, l’Office de l’eau (ODE) a instauré la redevance pour prélèvement de la
ressource en eau par délibération du 16 décembre 2004. La redevance est assise sur
les prélèvements d’eau et collectée par les exploitants des réseaux. Le taux est fixé à
cinq centimes par mètre-cube d’eau collectée. La taxe est répercutée intégralement
par l’exploitant sur la facture de l’usager. En fonction du rendement du réseau, l’usager
doit payer un surcoût pour atteindre la somme demandée par l’ODE. Cette somme
représente ainsi neuf centimes pour les usagers du réseau exploité par la SME pour le
SICSM.
Il appartient aux différents partenaires de la gestion de l’eau, la SME comme le SICSM,
d’informer les usagers des règles relatives aux modalités de calcul de la redevance
pour prélèvement de la ressource et de faire apparaître, d’une part, le taux décidé par
l’ODE et, d’autre part, le surcoût de la redevance lié à la performance du réseau. Or,
l’usager n’est pas informé des modalités de calcul de cette redevance sur sa facture.
En outre, il ressort que le règlement de service mis en oeuvre par la SME et le SICSM
ne fait pas apparaître les modalités de calcul de cette redevance.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
16
Recommandation n° 4
Faire évoluer la forme de la facture et du règlement de service, ainsi que les
rapports d’informations, tels le rapport annuel du délégataire ou le rapport sur le
prix et la qualité du service, dans le sens d’une plus grande information, tant des
élus que des usagers du service de l’eau, sur les modalités et le calcul de la
redevance pour prélèvement de la ressource en eau.
4.
L’EQUILIBRE FINANCIER DE LA DSP
4.1.
La fiabilité des comptes de la DSP
Dans les CARE, la société délégataire présente ses méthodes d’élaboration des
comptes annuels. Elle indique notamment que «
le CARE prend en compte deux
particularités essentielles du métier de délégataire de service public : la première de
ces particularités est la mutualisation des moyens et matériels,
[…]
la seconde
particularité est la nécessité de faire se correspondre sur des documents annuels, les
dépenses dont certaines sont susceptibles de varier fortement d’une année à l’autre et
des recettes qui ont, au contraire, été fixées d’avance pour la durée du contrat ».
On retrouve ces deux particularités dans les comptes à travers les produits et charges
indirects et les charges calculées ; 43 % des charges ne sont pas directement
imputables au contrat et ne peuvent être retracées, si tant est qu’elles le puissent,
qu’indirectement, selon des méthodes complexes et peu transparentes.
4.1.1. Les produits et les charges indirects
La mutualisation des moyens de la société sur différents contrats qu’elle détient va
entrainer une comptabilisation des produits et des charges directes du contrat, comme
les recettes du service, les dépenses d’énergie, les achats d’eau, et des produits et
charges indirectes du contrat, comme notamment les frais généraux, d’encadrement et
de structure. Ces charges indirectes sont réparties entre les différents contrats détenus
par la société délégataire au prorata de la valeur ajoutée de chacun de ces contrats.
Dans le cadre de la DSP d’eau, ces charges représentent près de 20 % des charges
(2013). Il convient de noter que la part du contrat d’eau potable avec le SICSM dans la
valeur ajoutée totale produite par la SME varie dans des proportions significatives,
passant de 68,4 % à 92,9 %. Les charges indirectes ont ainsi augmenté de 23,5 %
entre 2009 et 2013 alors que les produits n’ont augmenté que de 14,9 %, diminuant
d’autant le résultat de la délégation, de façon artificielle, sans lien avec le service rendu
et l’équilibre propre du service.
4.1.2. Les charges calculées
La correspondance entre les dépenses et les recettes ne sont pas forcément en
adéquation sur chacune des années, ce qui amène le délégataire à inscrire dans les
CARE
des
«
charges
économiques
calculées ».
Ce
sont
des
charges
d’investissements réalisés par le délégataire et
« ces charges économiques permettent
d’affecter à chaque investissement
[…]
le coût de financement correspondant
1
».
Dans le cas de la DSP d’eau, ces charges représentent 23 % des charges (2013).
1
Annexe du CARE.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
17
S’agissant de la garantie pour continuité de service et le programme contractuel de
renouvellement, le rapport annexé au CARE indique que leur «
traduction économique
[…]
est le lissage économique des dépenses prévisionnelles sur la durée du contrat.
Les valeurs
[…]
sont le résultat d’un calcul actuariel des montants des dépenses
prévisionnelles sur la durée du contrat à partir d’un taux de financement dont la valeur
est présentée en annexe A2. Si le plan technique de renouvellement révèle une
dépense régulière sur la durée, la méthode de représentation est une moyenne
arithmétique
».
S’agissant du fonds contractuel de renouvellement, l’annexe du CARE indique «
Un
décompte contractuel est alors tenu qui borne strictement les obligations des deux
parties. Dans le CARE figure le montant de la « dotation » au fonds contractuel, qu’il ait
donné lieu à engagement ou non
».
La comptabilisation des investissements contractuels et des charges du domaine privé
suit la même logique.
L’annexe A2 indique pour la période 2009-2013 un «
taux de financement des
investissements
» identique de 3,54 %. Une étude de la banque de France montre que
le taux de financement des grandes entreprises et holdings est de 2 % en moyenne
depuis 2009, avec des taux inférieurs à 1,5 % depuis 2013.
Les valeurs indiquées correspondent à un «
lissage économique des dépenses
prévisionnelles sur la durée du contrat
». On doit rappeler que le lissage des données
comptables est une des techniques de la «
gestion des données comptables
». La
gestion des données comptables peut se définir comme un traitement des données
comptables qui vise à moduler les résultats en imputant les produits à l’exercice qui en
a le plus besoin et en diminuant les charges. La gestion des données comptables se
fonde sur la « conception de la comptabilité comme instrument de la stratégie générale
de l’entreprise ou de ses dirigeants
2
», avec comme motivation d’induire les
partenaires en erreur. L’auteur nous indique que suite aux opérations de gestion des
données comptables, « l
es états financiers ne présenteront plus une image fidèle de la
situation financière de l’entreprise
3
».
En l’espèce le lissage des données conduit à présenter des résultats probablement
sous-évalués et lissés sur la durée du contrat, masquant la réelle rentabilité du contrat
sur chacune des années de la délégation. L’absence d’information de la collectivité sur
une partie des comptes met le délégataire «
en mesure d’augmenter le niveau de sa
rémunération sans que la personne publique n’en soit informée ou exige une
contrepartie matérielle correspondante
4
».
Interrogée sur ce point, la SME indique que ces dispositions ne sont pas applicables
au contrat du SICSM, que ces dispositions concernent plutôt les contrats concessifs.
2
La gestion des données comptables, une revue de la littérature, H. Stlowy et G. breton,
janvier 2003.
3
Idem.
4
Jean-Baptiste Vila, recherches sur le rôle de l’amortissement pour rationaliser la
rémunération du cocontractant, in Contrats et marchés publics n°5, mai 2010.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
18
Recommandation n° 5
Introduire des dispositions dans le contrat qui clarifient les données
d’exploitation réelles de la délégation et rééquilibrent le contrat en termes
d’information financière sur le service. Si les dispositions évoquées dans
l’annexe explicative du CARE ne sont pas applicables, il conviendra de les
actualiser.
4.1.3. Les imputations des produits aux exercices concernés
Les produits accessoires connaissent une augmentation importante en 2012 et 2013.
La SME explique cette soudaine augmentation par la migration en août 2011 du
logiciel de facturation aux clients, migration rendue nécessaire par le décroisement des
participations des sociétés SUEZ environnement et Veolia dans la SME. Cela a généré
des régularisations sur les années antérieures, faussant par là même les résultats qui
sont sous-évalués de 2009 à 2011 et surévalués de 2012 à 2013.
Recommandation n° 6
Demander une certification des comptes par contrat de DSP.
4.1.4. Le biais créé par les fonds de travaux
Le CARE peut s’analyser en trois parties :
-
une partie de pure exploitation du réseau,
-
une partie qui concerne les travaux,
-
une partie réservée aux reversements aux collectivités publiques (Office de
l’eau notamment).
La partie réservée aux collectivités publiques est neutre sur le compte puisque l’on
retrouve les mêmes montants en produits et en charges. Elle doit en être enlevée pour
avoir une vue plus précise du compte de la délégation.
La partie qui concerne les travaux est composée de deux fonds : le fonds de
renouvellement et le fonds de travaux. Apparaissent en charge la dotation que la SME
verse à ces fonds et en produits les facturations faites au SICSM et aux clients
(particuliers ou entreprises). Les « résultats » de ces fonds dépendent du montant des
travaux facturés chaque année. Si la SME facture plus sur une année que le montant
de la dotation du fonds, le résultat sera positif et impactera positivement le CARE tout
entier. Inversement, si la SME fait peu de travaux une année, elle fera apparaître un
résultat déficitaire du fonds et donc impactera négativement le CARE. Ces fonds sont
également suivis à part, dans le RAD, et de façon inversée par rapport au CARE, avec
en produits la dotation du fonds et en charge les travaux effectués.
Le
CARE
inclut
donc
une
sorte
de
« section
d’investissement »
(travaux
d’investissement et non pas d’entretien) intégrée à la comptabilité globale du CARE,
qui peut avoir tendance à fausser les résultats du CARE.
Le mécanisme du fonds de travaux n’a pas été repris dans le nouveau contrat.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
19
4.2. Les produits
4.2.1. Vue générale des produits de la délégation
Tableau n° 7 : Produits d’exploitation (montants en euros)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
variation
2014/2009
Produits d'exploitation (A)
25 746 486
28 563 723
28 315 947
29 116 251
29 571 786
30 356 664
17,9 %
Facturation aux abonnés
(tarif fermier)
20 208 642
21 497 909
21 206 256
22 204 107
21 845 099
22 351 524
10,6 %
dont prime fixe (cpteurs)
3 657 216
3 744 423
3 942 680
4 204 891
4 296 505
4 390 075
20,0 %
dont consommation
16 551 426
17 753 486
17 263 576
17 999 216
17 548 594
17 961 449
8,5 %
Facturation vente en gros
976 244
631 153
793 054
438 177
577 426
265 621
- 72,8 %
Travaux à titre exclusif
3 672 596
5 449 237
5 480 964
5 108 847
5 287 702
6 221 547
69,4 %
branchements
1 336 560
1 424 620
1 368 295
1 683 455
1 070 914
1 529 842
14,5 %
autres travaux
3 181
fonds de travaux
2 336 036
4 024 617
4 112 669
3 422 211
4 216 788
4 691 705
100,8 %
Produits accessoires
856 576
985 424
835 673
1 365 120
1 861 559
1 517 972
77,2 %
frais de mutation
333 773
381 540
376 788
494 839
496 125
425 613
27,5 %
fermetures
105 351
131 431
121 931
314 979
854 550
511 964
386,0 %
relance et recouvrement
265 462
317 721
256 773
395 401
327 607
443 975
67,2 %
frais d'intervention
86 358
91 558
62 653
7 817
9 226
10 084
- 88,3 %
autres prestations
65 632
63 174
17 528
152 084
174 051
126 336
92,5 %
Source : CARE
Graphique n° 2 : Recettes du délégataire
Source : CARE
4.2.2. La facturation aux abonnés constitue la principale ressource du service
La formule paramétrique d’évolution des tarifs est la suivante :
Facturation aux
abonnés
74%
vente en gros
2%
Travaux à titre
exclusif
18%
Produits accessoires
6%
Recettes du délégataire
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
20
0,15
+ (
0,49
ICHT-En
+ 0,03
351107n
+ 0,20
FSD2
+ 0,12
TP10a
)
ICHT-E0
351107ind0
FSD2
indice0
TP10a
ind0
On notera que le tarif applicable aux abonnés évolue selon une formule paramétrique
qui comprend pour 49 % l’évolution des salaires. Or, les rémunérations du personnel
ne représentent que 37 % des dépenses de la délégation, hors reversement aux
organismes publics et hors travaux. Sur les travaux, les dépenses de personnel
représentent 24 % des dépenses
5
. La formule survalorise donc, de façon injustifiée, la
part de salaires dans la formule paramétrique de l’évolution des tarifs de l’eau.
Tableau n° 8 : Tarification de l’eau potable
Part fixe (abonnement)
Contrat
2003
Année 2014
Evol
Contrat
2015
2015/2014
2015/2003
15 mm
14,87
21,64
45,5 %
22,00
1,7 %
47,9 %
20 mm
25,49
37,10
45,5 %
37,00
- 0,3 %
45,2 %
30 mm
42,49
61,84
45,5 %
62,00
0,3 %
45,9 %
40 mm
74,36
108,22
45,5 %
108,00
- 0 ,2 %
45,2 %
60 mm
138,09
200,96
45,5 %
200,00
- 0 ,5 %
44,8 %
80 mm
191,20
278,25
45,5 %
276,00
- 0 ,8 %
44,4 %
100 mm
382,40
556,51
45,5 %
551,00
- 1 ,0 %
44,1 %
150 mm
855,00
1 244,28
45,5 %
551,00
- 55,7 %
- 35,6 %
200 mm et plus
1 710,00
2 488,56
45,5 %
551,00
- 77,9 %
- 67,8 %
Part proportionnelle (consommation)
Contrat
2003
Année 2014
Evol
Contrat
2015
2015/2014
2015/2003
0-25 m
3
0,87
1,20
37,9 %
1,07
- 10,8 %
23,0 %
26-3 000 m
3
1,61
1,60
- 0,6 %
1,50
- 6,3 %
- 6,8 %
3 000-6 000 m
3
1,11
1,67
50,5 %
1,50
- 10,2 %
35,1 %
6 000-12 000 m
3
0,79
1,14
44,3 %
1,50
31,6 %
89,9 %
12 000-24 000
0,79
44,3 %
1,50
31,6 %
89,9 %
24 000 et plus
0,47
0,68
44,7 %
1,50
120,6 %
219,1 %
Source : Contrats de DSP
S’agissant de la part fixe, les tarifs ont fortement augmenté, plus rapidement que
l’inflation, la valeur de 14,87 € pour la location semestrielle d’un compteur de diamètre
courant en 2003 correspondrait à 17,76 € avec l’inflation générale. Elle est fixée à 22 €
à compter du 1
er
janvier 2015.
S’agissant de la part variable liée à la consommation d’eau, les tarifs ont encore plus
fortement augmenté puisque l’évolution est de 38 % contre une inflation de 19,4 % sur
la période 2003-2015, ce qui donnerait une valeur actualisée de 1,04 € le mètre-cube à
la fin 2014, contre 1,20 € pour la tranche de 0 à 25 m
3
. L’évolution est donc sensible,
malgré la baisse de 5 % du prix du mètre-cube d’eau (jusqu’à 50 m
3
) décidée à la suite
des événements de 2009.
5
Tableau de suivi analytique de la dotation de renouvellement pour 2013 (source : SICSM).
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
21
Tableau n° 9 : Tarif de l’eau potable - part du délégataire (montants en euros)
Volume (m
3
)
Prix unitaire
2015
montant 2015
montant 2014
Abonnement
22,00
44,00
43,28
Consommation 0-25 m
3
50
1,07
53,50
60,50
Consommation 26-3 000 m
3
70
1,50
105,00
113,40
Total
202,50
217,18
Prix au m
3
1,69
1,81
Evolution
- 6,8 %
Source : contrat de DSP
Le nouveau contrat opère un basculement des financements vers les plus gros
consommateurs : les consommateurs domestiques voient la part perçue par le
délégataire baisser, et ce sont les collectivités, les industries et les commerces qui
prennent en charge une plus grande partie du coût du service. Cependant, compte
tenu de la proportion des gros consommateurs
6
, soit 13,6 % du total des volumes
consommés
7
, et de l’augmentation des tarifs les concernant, les produits de la
tarification ne diminuent pas.
On notera cependant que cette opération de basculement des financements est
risquée car la base des gros consommateurs est moins large et plus fluctuante que
celle des abonnés domestiques.
4.2.3. La vente d’eau en gros : des recettes incertaines et en diminution
La SME vend de l’eau à la CACEM pour les communes du Lamentin, de Saint-Joseph
et de Schoelcher. Cette dernière commune est alimentée seulement en partie par le
SICSM (un tiers). La vente d’eau en gros est profitable puisque le coût de production
de l’eau est situé entre 0,10 et 0,20 € par mètre-cube. L’eau est vendue 0,60 € le
mètre-cube dont 0,20 € pour le SICSM et 0,40 € pour la SME. Après la reprise du
service par Odyssi au 1
er
janvier 2014 il était prévu que la SME continue à assurer des
ventes en gros à un tarif fixé à 0,56 € le m
3
(dont 0,20 € devaient revenir au SICSM et
0,36 € à la SME).
On observe une diminution de cette recette du fait de la stabilité des prix et de la
baisse des volumes d’eau vendus. En effet, les volumes d’eau vendus pour la
commune de Schoelcher ont baissé de 64 %, la SMDS, fermier de la CACEM achetant
l’eau en priorité à Odyssi, sa régie, depuis l’année 2009.
Tableau n° 10 : Vente d’eau en gros (m
3
)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Volume
976 244
631 153
793 054
438 177
577 426
265 621
Source : CARE
Un contentieux s’est formé entre le SICSM et la CACEM à propos de la propriété des
usines du SICSM. Le 10 décembre 2014, la CACEM a annoncé que les usines lui
appartenaient et a demandé un arbitrage au préfet. La CACEM a assigné le SICSM
6
Plus de 6 000 m
3
.
7
RPQS 2013, p. 10.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
22
devant le tribunal de grande instance (TGI) en référé le 22 mai 2015. Le président du
TGI a débouté la CACEM.
Afin de ne pas risquer une coupure dans l’approvisionnement de l’eau des deux
communes, le SICSM s’est engagé auprès de la SME, en cas de défaut de paiement
de la CACEM, à lui régler les montants dus à partir de trois mois de retard sans
adosser cet engagement à un accord avec la CACEM. Le SICSM s’est ainsi mis dans
une situation de risque important.
Outre la question conjoncturelle de la propriété des usines et du paiement de l’eau en
gros par la CACEM, se pose le problème structurel du principe même de la vente à la
CACEM. En effet, il n'est pas sûr que la CACEM soit obligée de procéder à des achats
d’eau en gros puisqu’elle dispose sur le territoire de Saint-Joseph de l’usine de Durand
qui pourrait fournir 80 % de la consommation d’eau de cette commune. Elle sera même
capable d’alimenter 90 % des besoins en eau pour cette commune avec des travaux
supplémentaires. L’économie du contrat est fragilisée par cette perspective.
4.2.4. Les produits accessoires
Ce sont les frais de mutation et résiliation, d’ouverture et de fermeture de compteurs,
de relance et de recouvrement, de frais de déplacement pour impayés.
Ces produits ont augmenté de 1 M€ entre 2009 et 2013, passant de 0,8 M€ à 1,8 M€.
Les produits de fermeture de compteur ont été multipliés par huit. Il s’agit pour
l’essentiel de rattrapage d’années antérieures.
4.2.5. Les travaux exclusifs
Les recettes des travaux exclusifs correspondent au montant total hors TVA des
travaux réalisés dans le cadre du contrat, par application du bordereau des prix
annexés au contrat. Les prestations telles que la fourniture et la pose de compteurs
sont affectées dans les recettes des travaux exclusifs.
Une analyse du bordereau des prix montre que les prix sont élevés, en moyenne de
30 % plus cher, sur un échantillon représentatif de produits et de prestations rendus
par la SME par rapport à un échantillon de bordereau de prix sur des délégations en
France continentale
8
.
4.2.6. Les autres produits
Les principales sources de trésorerie productrices de revenus financiers sont la
conservation des redevances (reversées à l’ODE) pendant une certaine période de
temps et les produits des fonds de travaux et de renouvellement. Une grande partie de
ces produits revient donc au contrat passé avec le SICSM. Il importerait de
communiquer la part des produits financiers provenant du contrat signé avec le SICSM
sur l’eau potable et sur l’assainissement.
La SME indique que le contrat induit un coût financier puisque la SME a l’occasion,
d’après les indications données par la SME, d’actionner la convention de trésorerie
avec le groupe Lyonnaise des eaux. Mais dans ce cas, il conviendrait d’identifier les
coûts de trésorerie supportés par la SME et qui se répercutent sur le contrat du
SICSM.
8
Notamment, le syndicat des eaux d’Ile-de-France, le SIAEP de Tarnos-Boucau-Ondres-
Saint Martin de Seignanx, etc.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
23
Recommandation n° 7
Faire identifier l’ensemble des charges et des produits financiers dans les
comptes de la délégation.
4.3. Les charges
Les charges de la délégation, telles qu’elles ressortent des CARE, en neutralisant le
versement aux organismes publics (SICSM au titre de la surtaxe et office de l’eau),
sont récapitulées dans le tableau suivant.
Tableau n° 11 : Les charges de la délégation
2009
2010
2011
2012
2013
2014
% de
variation
2014 / 2009
Charges d'exploitation -
Total (B)
26 292 700
27 387 114
27 395 100
28 902 909
29 283 387
32 781 639
24,7 %
Personnel
6 996 035
7 273 208
7 886 808
8 157 475
8 712 573
9 699 068
38,6 %
Electricité
755 045
719 308
732 568
799 444
753 384
819 340
8,5 %
Achat d'eau en gros
2 374 730
1 906 157
1 803 801
2 160 808
1 558 080
2 129 499
- 10,3 %
Produits de traitement
706 026
579 412
663 044
510 624
601 770
513 853
- 27,2 %
Analyses
114 840
90 597
106 518
106 902
89 502
138 737
20,8 %
Autres achats
591 726
423 834
632 160
873 505
699 893
721 191
21,9 %
Sous-traitance
3 834 641
6 239 065
6 012 219
4 542 929
5 062 898
6 492 213
69,3 %
Impôts et taxes
287 104
323 436
363 878
346 459
401 277
440 250
53,3 %
Autres dépenses dont
3 323 957
3 165 275
2 745 111
3 099 334
2 886 771
2 910 668
- 12,4 %
véhicules
652 235
767 779
883 023
790 735
671 464
638 244
- 2,1 %
autres fournisseurs
349 193
429 191
418 891
1 237 667
1 331 225
1 397 075
300,1 %
dép div (assurance,
informatique, prov, divers)
2 177 600
1 850 166
1 443 197
1 070 932
884 082
875 349
- 62,3 %
frais télécommunication
144 929
118 139
Contribution des services
centraux et recherche
704 833
928 599
940 176
Créances douteuses,
irrécouvrables
1 426 729
654 148
583 614
1 192 372
899 271
1 648 317
15,5 %
Domaine concédé
(investissement)
168 825
170 514
172 220
189 797
181 965
181 965
7,8 %
Autre élément d'inves
(loyer, redevances)
419 712
518 592
254 347
401 516
507 601
415 896
- 0,9 %
garantie continuité du
service
50 000
193 401
250 000
programme contractuel de
renouvellement
1 739 200
1 812 656
1 768 865
1 849 409
1 892 007
1 885 430
8,4 %
fonds de travaux
3 554 130
3 510 912
3 619 947
3 774 101
3 857 796
3 845 036
8,2 %
Source : CARE
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
24
Graphique n° 3 : Dépenses du délégataire
Source : CARE
4.3.1. Le personnel : des charges importantes pour une durée de travail réduite
Des charges en forte augmentation
Dans son mémoire technique remis par la SME en tant que soumissionnaire pour le
contrat de DSP de 2003, la société avait décomposé le coût analytique de son
personnel en fonction des types d’activités.
Personnel
30 %
Electricité
3 %
Achat d'eau en gros
5 %
Produits de traitement,
analyses
5 %
Sous-traitance
17 %
Impôts et taxes
1 %
Véhicules, assurance,
informatique, telécom
10 %
Services centraux
et recherche
3 %
Créances douteuses,
irrecouvrables
3 %
Investissement
(renouvellement, fonds
de travaux)
23 %
Dépenses du délégataire
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
25
Tableau n° 12 : Coût analytique du personnel (montants en euros)
Coût
moyen
par an
Usines
Réservoir
ou
pompage
Exploitation
réseau
Gestion
clientèle
Travaux
Total
nombre
d'agents
Charges
directes
de
personnel
Charges
réparties
Total
coût
Ingénieurs
96 000
0,5
0,5
0,5
0,5
2,0
192 000
Encadremen
t services
clients
64 000
5,5
5,5
352 000
Agents de
maîtrise /
encadrement
d'exploitation
62 000
1,0
2,5
8,0
1,0
0,5
13,0
806 000
Electroméca
niciens
46 000
4,5
8,0
12,5
575 000
Agent
service client
44 000
11,5
11,5
506 000
Métreur /
Dessinateurs
42 000
0,5
2,5
1,5
3,0
7,5
315 000
Ouvrier
qualifié
39 000
2,0
25,0
17,0
4,0
48,0
1 872 000
Femme de
service
26 000
1,0
1,0
2,0
52 000
Total
6,0
13,5
37,0
38,0
7,5
102,0
4 670 000 1 093 278 5 763 278
Coût de personnel
317 000
670 000
1 650 000
1 720 000
313 000
Source : mémoire technique de la SME.
Tableau n° 13 : Evolution des dépenses de personnel
2009
2010
2011
2012
2013
Evol
2013/
2009
Charges
directes
Charges
indirectes
Charges
directes
Charges
indirectes
Charges
directes
Charges
indirectes
Charges
directes
Charges
indirectes
Charges
directes
Charges
indirectes
5 273 326
1 722 709
5 096 402
2 176 806
5 642 737
2 244 071
6 530 535
1 626 940
6 861 737
1 850 836
24,5 %
Charges réparties
26,4 %
3,1 %
- 27,5 %
13,8 %
7,4 %
Charges directes
-3,4 %
10,7 %
15,7 %
5,1 %
30,1 %
Source : CARE
Par rapport au mémoire technique présenté lors de la soumission des offres, les
charges directes de personnel sont, en 2013, plus élevées de 47 % par rapport à 2003.
On observera que le mémoire technique prévoyait 102 ETP sur l’eau potable. En 2014,
ils étaient 113 ETP environ, soit une augmentation de 11 %. Le coût d’un ETP était en
moyenne de 45 784 € en 2003, en 2014, il est de 60 723 €, soit 33 % de plus. Au
regard de l’indice des salaires de l’eau
9
, l’augmentation n’aurait dû être que de 26 %. Il
y a donc un relatif dérapage de l’effectif et des rémunérations, qui est un facteur
important du surcoût de l’eau. A titre de comparaison, un agent d’exploitation avec
15 ans d’expérience a un coût moyen de 45 000 € en France hexagonale et de
69 000 € à la SME.
Les charges indirectes sont plus élevées de 108 % en 2014 par rapport à la proposition
faite dans le mémoire technique. Cela révèle une appréciation sous-évaluée dans le
mémoire technique ou bien un décompte trop important dans le CARE. On peut aussi
attribuer cette différence à la comptabilisation de ces charges indirectes au prorata de
la valeur ajoutée des contrats. Si le contrat avait gardé la valeur ajoutée indiquée
initialement, les charges indirectes n’auraient représenté que 23 % des charges totales
9
Indice ICHT, devenu en décembre 2008 ICHT-rev T.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
26
de personnel et se seraient établies à 1 707 539 €, soit 567 446 € de moins que dans
le compte 2014. C’est sans doute là, la somme « en trop » que payent les clients
(abonnés uniquement à l’eau et non à l’assainissement
10
) de la SME en raison de la
part que leur contrat occupe dans la valeur ajoutée totale de la SME.
Sur la période considérée, soit 2009 à 2013, les charges de personnel augmentent de
24,5 %, soit 10 points de plus que l’évolution des produits. Cette évolution est d’ailleurs
plus le fait des charges directes de personnel que des charges indirectes, puisque les
charges directes augmentent de 30,1 %.
L’année 2014, dernière année du contrat, est atypique. Les dépenses de personnel
bondissent de 1 M€, soit près de deux fois et demi l’augmentation annuelle moyenne
sur la période 2009-2013. Rien ne justifie cette augmentation dont une partie,
400 000 € est liée à l’augmentation des charges indirectes.
Les charges indirectes de personnel, c’est-à-dire qui ne peuvent être rattachées
spécifiquement au contrat ne devraient pas être trop importantes car il semble aisé de
rattacher chaque agent à un service et à un contrat. Certains travaillent sur d’autres
contrats, comme le personnel d’encadrement ou certains techniciens. Sur la période
sous revue, la part des charges indirectes dans les charges totale de personnel est de
33 %. Un agent sur trois n’est pas identifié comme travaillant spécifiquement pour le
contrat, ce qui semble beaucoup. Cela est supérieur au taux annoncé par la SME dans
son mémoire technique (23 %).
Une durée de travail faible
S’agissant du temps de travail, la durée légale du travail est de 35 heures par semaine,
soit 1 607 heures sur l’année depuis le 1
er
janvier 2002. Les 35 heures ne sont ni une
durée maximale ni une durée minimale, c’est la durée au-delà de laquelle se
déclenchent les heures supplémentaires. Dans les faits, la durée de travail en France
pour les salariés à temps complet se situe autour de 38 heures. En outre, l’horaire de
la semaine de travail est fonction du nombre de jours d’« aménagement et de réduction
du temps de travail » (ARTT) choisi.
Au sein de la SME, la durée du travail apparaît faible puisque le temps moyen travaillé
des 172 agents affectés aux contrats du SICSM est de 1 308 heures en 2014. Pour les
agents à plus de 1 200 heures par an, c’est-à-dire ceux dont on peut considérer qu’ils
ont travaillé sur l’année entière et à temps complet, le temps moyen est de
1 545 heures.
Recommandation n° 8
Obtenir une réduction des charges indirectes par une comptabilisation plus fine
de l’affectation du personnel aux fonctions et au contrat auquel il est rattaché et
faire mettre en place une comptabilité analytique du personnel.
4.3.2. Les achats d’eau
La SME achète de l’eau en gros à Odyssi et à Schoelcher à 0,60 € le mètre-cube.
Les achats d’eau sont en baisse sous l’effet conjugué de l’optimisation du
fonctionnement des usines de production et de la baisse des volumes vendus. Le gain
10
Pour les abonnés à l’assainissement, le mouvement joue plutôt en sens inverse, puisque la valeur
ajoutée du contrat d’assainissement est beaucoup plus faible.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
27
pour la délégation est de 816 000 € entre 2009 et 2013, les achats d’eau ayant baissé
de 34 % sur la période.
4.3.3. La sous-traitance
La SME sous-traite les activités qui ont une moindre valeur ajoutée. Il s’agit des
terrassements, des réfections de chaussées, de la pose d’enrobés, de la fourniture de
béton, de l’hydrocurage. Elle sous-traite également certains travaux et des activités
techniques comme certains branchements simples, les espaces verts.
La SME indique que les dépenses de sous-traitance augmentent principalement du fait
de l’augmentation des activités travaux
11
. Cependant si les travaux augmentent de
13,7 % sur la période 2009-2013, les dépenses de sous-traitance augmentent de
31,5 %. On observe une très forte augmentation de la sous-traitance en 2014, de
33 %.
4.3.4. Les autres dépenses
Elles concernent les véhicules, assurances, informatique, télécommunication. Ces
dépenses sont en légère baisse sur la période. La SME explique cette évolution par le
changement dans le mode de financement du parc automobile, préférant le système
de location longue durée qui lui permet de défiscaliser ses investissements
12
. Elle
indique que l’intégration dans le groupe SUEZ Environnement a permis de renégocier
les contrats notamment pour ce qui concerne les télécommunications.
4.3.5. Les services centraux
Le poste de charge « services centraux » comprend l’ensemble des prestations
d’assistance et de conseil réalisé par le siège social. Il s’agit par exemple de
prestations informatiques, de prestations de la direction administrative et financière qui
met au point et fait évoluer les contrats, les prestations du service achat, la convention
de trésorerie. Les services centraux, comme tous les autres frais indirects, sont
imputés aux différents contrats au prorata de la valeur ajoutée de chacun des contrats.
S’agissant de la SME, le montant global des services centraux est de 2 % du chiffre
d’affaires arrondi de la société
13
. Ainsi pour 2013, le chiffre d’affaires de la SME a été
arrondi à 50 M€ et le montant de charge de service centraux est de 1 M€ réparti au
prorata de la valeur ajoutée du contrat du SICSM, soit 928 599 €. La SME paye cette
contribution à la société Lyonnaise des Eaux, sous la forme d’une facture de 250 000 €
payée chaque trimestre. Le support juridique de cette facturation est une convention de
groupe signée entre la SME et la Lyonnaise des Eaux. A aucun moment un détail de
cette somme n’est donné. La SME paye en outre certaines prestations spécifiques
délivrées par le siège, notamment dans le domaine informatique.
On constate que ces dépenses ne sont identifiées dans le contrat qu’à partir de 2012,
pour un montant de 928 000 € représentant 3,2 % des dépenses de la délégation. Il est
impératif que ces dépenses puissent être justifiées.
11
CARE 2010.
12
CARE 2010.
13
D’après la SME, le chiffre habituel de contribution des filiales à la Lyonnaise des Eaux est de 2,5 % du
chiffre d’affaires.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
28
Recommandation n° 9
Demander l’identification des prestations fournies par le siège, soit qu’elles
fassent l’objet d’une facturation forfaitaire, soit qu’elles fassent l’objet d’une
facturation détaillée et rendre compte à la collectivité délégante de la réalité de
ces prestations.
4.3.6. Les créances douteuses
Les impayés à un an se situent à environ 5,7 % du montant des ventes. Le montant
réel des impayés est cependant bien en deçà de ce taux puisque certains abonnés
prennent plus d’un an pour régler leurs factures d’eau. La SME a provisionné une
somme correspondant à 951 227 € en moyenne sur la période 2009-2013, soit 4,4 %
des recettes moyennes de la facturation aux abonnés. En 2014, le montant est de
1,65 M€, soit 73 % de plus que cette moyenne. Appliqué au taux moyen de la provision
sur la période 2009-2013, le montant de la provision devrait être de 983 467 €, soit
plus de 700 000 € de moins que le montant inscrit dans le CARE.
4.3.7. La garantie pour continuité de service
S’agissant de la «
garantie pour continuité de service
», il s’agit d’un mode de
financement largement critiquable en raison du fait que cette comptabilisation
fonctionne comme une assurance prise par le délégataire et ne donne donc pas lieu à
un reversement en cas de dépense inférieure aux inscriptions prévues. C’est une
charge qui ne peut être contrôlée par le délégant et qui peut être versée à fonds
perdus au délégataire.
Cette garantie apparaît subitement dans les comptes 2011 de la délégation et ne fait
que croître ensuite, passant de 50 000 € à 250 000 € en 2013. Cette somme est
supprimée dans le CARE 2014.
4.4.
Le résultat de la délégation
Le résultat de la délégation, tel qu’il apparaît dans le CARE, est le suivant :
Tableau n° 14 : Résultat de la délégation (CARE)
Source : CARE
Ce résultat ne reflète pas la réalité de la rentabilité du contrat. Après ajustement des
charges indirectes uniquement sur le personnel, suppression de la garantie de
continuité de service public et ajustement de la provision pour créances douteuses, la
marge de la SME s’établit à 4,2 M€ sur la période au lieu d’une perte de 400 000 €
affichée par la société.
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Produits d'exploitation
(A)
25 746 486
28 563 723
28 315 947
29 116 251
29 571 786
30 356 664
Charges d'exploitation
- Total (B)
26 292 700
27 387 114
27 395 100
28 902 909
29 283 387
32 781 639
MARGE (C)= A-B
- 546 214
1 176 609
920 847
213 342
288 399
- 2 424 975
TAUX DE MARGE
(D)=C/A
- 2,1 %
4,1 %
3,3 %
0,7 %
1,0 %
- 8,0 %
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
29
Tableau n° 15 : Résultat de délégation (partiellement corrigé)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Produits d'exploitation
(A)
25 746 486
28 563 723
28 315 947
29 116 251
29 571 786
30 356 664
Charges d'exploitation -
Total (B)
25 782 856
26 382 480
26 398 859
28 584 591
28 760 751
31 549 367
MARGE (C)= A-B
- 36 370
2 181 243
1 917 088
531 660
811 035
- 1 192 703
TAUX DE MARGE
(D)=C/A
- 0 ,1 %
7,6 %
6,8 %
1,8 %
2,7 %
- 3,9 %
Source : Chambre régionale des comptes (CRC)
Le résultat corrigé de 2014, dernière année du contrat, ne tient pas compte de
l’augmentation majorée des charges directes de personnel, qui augmentent de près de
600 000 € alors que l’augmentation moyenne constatée pour la période précédente est
inférieure à 400 000 €. Il ne tient pas compte de l’augmentation de la sous-traitance,
fixée à 6,5 M€ alors que la moyenne pour la période antérieure se situe aux alentours
de 5 M€.
La SME conteste ce calcul en indique que le résultat de la DSP sur l’eau potable est de
0,96 M€ sur la période, soit 0,39 % du chiffre d’affaires, en substituant les dotations au
titre des investissements et du renouvellement par le décaissé et en comptabilisant les
créances dites « irrécouvrables ». Mais ces éléments ne sont pas étayés, notamment
les créances la provision pour créances douteuses qui augmente fortement en 2014.
La SME a déclaré vouloir désormais comptabiliser les impayés en flux, selon un
rythme trimestriel.
5.
L’ENTRETIEN ET LE RENOUVELLEMENT DU RESEAU
L'entretien et le renouvellement ont pour objet d'assurer la continuité du service et
d'éviter un vieillissement anormal des installations. Ils sont complémentaires de
l'amortissement que doit engager la collectivité pour le remplacement à terme de ses
installations.
Les sociétés délégataires pratiquent l’amortissement des biens en cas de concession.
Pour les affermages, les sociétés ne pratiquent l’amortissement que dans le cas où
elles devront procéder au renouvellement d’un bien durant la période sous contrat et
quand le renouvellement n’est pas prévu dans le cadre d’un fonds de renouvellement.
Dans le cas de la SME, le fonds de renouvellement se substitue aux amortissements
dans le compte de la délégation.
5.1.
La définition et la répartition des travaux
L’enjeu de la définition et de la répartition des travaux est important. Une imprécision
sur ces points laisse la collectivité dans une négociation permanente avec le
gestionnaire du réseau qui finalement impose ses solutions. Elle ne permet donc pas
un contrôle efficace.
5.1.1. Les travaux d’entretien : une compétence du délégataire
Les dépenses d’entretien du réseau sont confiées en totalité au délégataire, comme il
est d’usage dans les contrats d’affermage. La rédaction du contrat de 2015 est plus
précise sur l’étendue des travaux mis à la charge du délégataire et donne
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
30
théoriquement plus de latitude au délégataire sur les réseaux intérieurs et le génie civil,
intégrant par exemple dans la compétence du délégataire l’entretien des réseaux
intérieurs de plus de 6 mètres et de moins de 12 mètres. Le nouveau contrat se
conforme aux standards de ce type de contrat pour la compétence du délégataire sur
le remplacement et la réhabilitation des éléments de canalisation : il est compétent sur
les canalisations d’une distance inférieure à 12 mètres, contre 18 mètres dans le
précédent contrat.
5.1.2. Les travaux de renouvellement : une compétence partagée
Globalement le contrat de 2015 est plus précis, plus opératoire que celui de 2003. Il
permet à la collectivité de reprendre en main directement certains travaux. La
réalisation du programme de renouvellement reste à la charge du délégataire, avec un
montant de la dotation actualisée à 1,8 M€ par an à partir de 2015. L’obligation pour le
délégataire de rendre compte de l’utilisation de la dotation est renforcée.
5.1.3. Les travaux de renforcement et d’extension : une compétence partiellement
transférée au délégataire
Les travaux d’extension et de renforcement relèvent, dans le cas de l’affermage, de la
compétence de la collectivité maître d’ouvrage. Elle y procède par des marchés soumis
aux règles de la concurrence, définies par le code des marchés publics et la
jurisprudence nationale et européenne.
Le contrat de 2003 avait cependant prévu un aménagement de cette compétence, en
confiant un certain nombre de travaux au délégataire. Ainsi, l’article 35 du contrat
prévoyait que, dans la limite de 100 mm de diamètre, le renforcement doit être
considéré comme du renouvellement.
Surtout, le contrat de 2003 avait mis en place un
« fonds de travaux de déplacement
des canalisations et d’améliorations
14
».
La mise en place d’un fonds de travaux
répond traditionnellement à la préoccupation pour les responsables du service, SICSM
ou SME, de disposer rapidement d’un outil financier permettant de faire les travaux
d’urgence suite à des ruptures de réseau ou à des dysfonctionnements perturbant la
continuité du service. Le fonds de travaux mis en place par la SME a un champ
d’intervention élargi puisqu’il couvre la réfection d’équipements (usines, génie civil,
chaussées, réservoir, etc.), des déplacements de canalisations, des raccordements
aux réseaux des ouvrages construits par la collectivité, du renouvellement de réseaux.
Outre ces travaux, le fonds est utilisé pour les travaux réalisés en urgence. Ce
périmètre large avait été conçu en raison, d’après la collectivité, du fait que le SICSM
n’était pas configuré pour faire autant de travaux. Cependant, il s’agit de travaux de
remplacement, d’extension et de renforcement réalisés notamment à l’occasion de
déplacement de canalisations et de travaux d’amélioration du réseau, travaux qui, si on
était dans le cas d’un affermage strict, incomberaient à la collectivité publique.
Le fonds a l’avantage pour le délégataire de dégager tout au long du contrat une
trésorerie qui est placée et dont le produit revient en partie à alimenter le fonds
15
. Il y a
donc un partage des revenus de la trésorerie entre le fonds et la SME. S’agissant du
solde du compte, la SME s’est préservée de tout risque en prévoyant la possibilité de
ne pas réaliser les travaux «
dès lors que leur réalisation conduirait à un solde négatif
en fin de contrat
». La rédaction, trop générale, de cette clause pose d’ailleurs le
14
Article 7-5 du contrat de 2003.
15
Les produits financiers répercutés sur le fonds sur la période 2009-2013 restent cependant inférieurs à
20 000 €.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
31
problème de la responsabilité et du risque réel que doit prendre le délégataire dans la
gestion d’un service de ce type.
Ce fonds a en revanche l’inconvénient majeur de servir à financer des opérations qui
sont réalisées uniquement par la SME, sans publicité ni mise en concurrence, à partir
de bordereaux de prix qui peuvent ne plus correspondre aux prix du marché.
Recommandation n° 10
a.
Mettre en place une cellule de veille sur les prix pratiqués dans le secteur
des travaux sur réseaux et équipements afin d’ajuster périodiquement le
bordereau des prix.
b.
Prévoir la clause d’ajustement requise dans le contrat
5.2.
La réalisation des travaux
5.2.1. Le taux de renouvellement du réseau est faible
S’agissant du renouvellement du réseau, l’indice stagne à moins de 0,3 % du réseau
renouvelé par an, c’est-à-dire un réseau complètement renouvelé en 350 ans, ce qui
est sans rapport avec la durée de vie des canalisations. En 2014, il est de 0,42 % Ce
taux est plus faible qu’au niveau national si on prend la moyenne des cinq dernières
années (0,4 %), d’autant que le rythme de renouvellement devrait être supérieur en
Martinique compte tenu des contraintes climatiques et géologiques.
5.2.2. Le renouvellement des compteurs reste encore insuffisant
L’article 18-3 du contrat de 2003 fixe un âge moyen des compteurs et un âge maximal,
que le délégataire s’engage à respecter sous peine de pénalité. Il est stipulé que l’âge
moyen des compteurs doit être à la fin du contrat, de 9 ans et l’âge maximal, de
15 ans, pour les compteurs standard (15 mm). L’âge moyen est difficile à déterminer,
n’étant pas explicitement défini dans le contrat et n’étant pas indiqué dans le rapport
annuel du délégataire qui renseigne une case globale : compteurs de 2000 et
antérieurs. Cependant, il ressort des rapports du délégataire que, même si un
rattrapage a été effectué les dernières années du contrat, l’âge maximal était dépassé
pour encore 5,5 % du parc des compteurs du SICSM, soit 5 191 compteurs, au
31 décembre 2014. Au 31 mars 2015, nouvelle date de fin du contrat, à l’issu de
l’avenant du 24 décembre 2014, le nombre de compteurs de plus de 15 ans était de
2 897, soit environ 3% des compteurs.
Le SICSM a évalué la pénalité applicable à 552 027 €. Un courrier en ce sens a été
envoyé à la SME le 14 octobre 2015. Il apparaît cependant qu’un certain nombre
d’installations doivent être mises en conformité préalablement au renouvellement des
compteurs.
5.3.
Le suivi financier des travaux
Les travaux attribués à la SME à titre exclusif sont les travaux qui font l’objet d’un
paiement sur bordereau des prix. Ce sont des travaux exclusifs, par opposition à ceux
réalisés dans le cadre d’appels d’offres lancés par le SICSM. On y inclut par exemple
les branchements. Ces derniers seront facturés au propriétaire du branchement, c’est-
à-dire pour partie aux abonnés et pour partie au SICSM.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
32
Ils représentent une part très significative des produits de la délégation, soit 18 %, en
2013, des produits de la délégation hors produits collectés pour les organismes publics
(ODE, etc.). Cette proportion est loin de celle qui avait été évaluée à la signature du
contrat puisque le produit moyen des travaux attribués à titre exclusif était estimé à
moins de 8 % dans le compte annuel de résultat d’exploitation prévisionnel.
Quand c’est la collectivité qui est maître d’ouvrage des opérations, elle est soumise au
droit de la concurrence pour la passation des marchés. Ce n’est pas le cas quand le
délégataire est maître d’ouvrage. Il y a donc un risque que le fermier ne recherche pas
forcément les entreprises qui offriraient les meilleurs prix pour les prestations
demandées.
Dans l’élaboration du programme de travaux, on peut déjà remarquer que la collectivité
n’a pas véritablement la main. En effet, l’article 31 du contrat de 2003 stipule que
« Les
sommes nécessaires au financement des travaux de renouvellement sont calculées
sur la base du programme prévisionnel de renouvellement proposé par le fermier »
. Le
syndicat ne dispose donc pas d’une base sur laquelle il peut avoir une vision objective
des coûts réels de renouvellement.
Pour encadrer les risques de dérapage financier, le contrat prévoit plusieurs
dispositions : les dépenses de renouvellement ne comportent que des dépenses
directes (charges de personnel, sous-traitance, engins, fournitures), à l’exclusion de
toute autre dépense, notamment les frais généraux
16
. En outre le contrat indique que
les dépenses font l’objet d’un suivi analytique permettant à la collectivité de vérifier que
les dépenses sont justifiées et ne sont pas d’un montant abusivement élevé.
Un tableau de suivi des dépenses de renouvellement est en effet transmis à la
collectivité, qui détaille les sommes dépensées, par nature de dépenses. Il ne fait pas
apparaître de frais généraux. La sous-traitance constitue, d’après ces documents,
37 % des dépenses.
5.3.1. Le suivi des dépenses de renouvellement dans le cadre de la dotation de
renouvellement ou du « fonds de renouvellement »
Il s’agit de dépenses réalisées dans le cadre d’un programme de renouvellement et qui
porte sur quatre types d’intervention :
-
le renouvellement du « patrimoine visible » : portail, clôture, réservoirs, etc.
-
le renouvellement des accessoires électromécaniques et hydrauliques
(vannes, sondes, débitmètre, robinets, etc.),
-
le renouvellement du réseau (branchements non renouvelés à l’occasion
d’extension, de déplacement ou de renforcement),
-
le renouvellement des compteurs des abonnés.
Par rapport aux types d’interventions réalisées, les travaux se répartissent ainsi :
16
Article 31 du contrat de 2003.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
33
Tableau n° 16 : Types d’investissements de renouvellement des réseaux (montants en euros)
Type d’investissements
2013
Patrimoine visible
485 172
Accessoires hydrauliques et réseau
305 361
Branchements
531 031
Compteurs d’abonnés
628 338
Total
1 949 902
Source : RAD
Les RAD antérieurs à 2013 n’ont pas précisé cette répartition.
En 2013, les dépenses se répartissaient, selon leur nature, de la façon suivante :
Tableau n° 17 : Nature des dépenses de renouvellement (montants en euros)
Type de dépense
Montant
Proportion
Personnel
515 962
23,9 %
Achat
55 231
2,6 %
Véhicules
103 986
4,8 %
Stocks
692 200
32,0 %
Sous-traitance
794 124
36,7 %
Total
2 161 503
100,0 %
Source : SME
Le montant total est supérieur à celui des travaux en raison de montants négatifs sur le
deuxième tableau, correspondant à des travaux en cours pour lesquels l’opération
n’est pas encore close.
Selon les chiffres du CARE, sur la période, le montant des travaux réalisés est inférieur
de 2 530 700 € à la dotation du fonds.
Tableau n° 18 : Le fonds de renouvellement (CARE), en euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul
Produits
Dotation du fonds
1 739 200
1 812 656
1 768 865
1 849 409
1 892 007
1 885 430 10 947 567
Charges
Travaux réalisés
1 336 560
1 424 620
1 368 295
1 686 636
1 070 914
1 529 842
8 416 867
Solde
402 640
388 036
400 570
162 773
821 093
355 588
2 530 700
Source : CARE
Cependant, les montants retracés dans le rapport annuel du délégataire sont différents
des montants inscrits en charges au compte annuel de résultat d’exploitation, ainsi que
le montre le tableau suivant :
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
34
Tableau n° 19 : Le fonds de renouvellement (RAD), en euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul
Produits
Dotation du
fonds
1 739 200 1 722 656 1 775 439 1 851 199 1 892 821 1 886 912
10 868
227
diff avec CARE
0
-
90 000
6 574
1 790
814
1 482
-
79 340
Charges
Travaux
réalisés
1 614 142 1 777 140 1 876 176 1 746 663 1 949 903 2 873 374
11 837
398
diff avec CARE
277 582
352 520
507 881
60 027
878 989 1 343 532 3 420 531
Solde
125 058
- 54 484
- 100 737
104 536
- 57 082
- 986 462
- 969 171
Source : CARE
L’importance des divergences entre les inscriptions du CARE et le RAD conduit à
s’interroger sur la fiabilité générale des CARE et notamment du résultat.
5.3.2. Le suivi des dépenses dans le cadre du fonds de travaux de déplacements
de canalisation et d’améliorations
Le montant de la dotation du fonds de travaux a augmenté de 43 % sur la durée 2003-
2013. L’année 2014 marque une stagnation. Les travaux réalisés dans le cadre du
fonds de travaux ont augmenté et le volume sur la période 2009-2014 est
considérable.
Selon les chiffres du CARE, sur la période, le montant des travaux réalisés était
inférieur jusqu’au 31 décembre 2013 de 204 565 € à la dotation du fonds, sommes
destinées à revenir au SICSM en fin de contrat. En 2014 un rattrapage semble s’être
opéré.
Tableau n° 20 : Fonds de travaux (CARE)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul
Evol
2013/2009
Produits
Dotation du
fonds
3 554 130
3 510 912
3 619 947
3 774 101
3 857 796
3 845 036
22 161 922
8,5 %
Charges
Travaux
réalisés
2 336 036
4 024 617
4 112 669
3 422 211
4 216 788
4 691 705
22 804 026
80,5 %
Solde
1 218 094
- 513 705
- 492 722
351 890
- 358 992
- 846 669
- 642 104
Sources : CARE
Le suivi du fonds de travaux pose plusieurs difficultés. Le contrat prévoit un suivi
analytique des dépenses du fonds de travaux. La SME fournit à la collectivité un
tableau de décompte de factures par opération
17
. La SME facture au SICSM les
travaux réalisés dont le montant compense à peu près la dotation que fait la SME au
fonds. L’analyse de ces factures montre que ces factures sont difficilement
contrôlables par la collectivité. Une partie des sommes est appuyée de factures
d’achats (location de bennes, sous-traitance, mise en décharge, réactifs, etc.) et une
17
Dans le RAD.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
35
autre partie comprend les charges assumées en régie par la SME : personnel, stocks.
La répartition des charges directes de personnel est assurée à partir des déclarations
des agents qui attestent des heures travaillées sur chacune des opérations. La
répartition des charges indirectes de personnel (qui fait partie de la rubrique « frais de
structure » des factures) sur les différentes opérations de travaux se fait au prorata de
ces frais sur chacune des opérations, avec une clé de répartition.
Un tel mécanisme est opaque, puisqu’il est impossible d’exercer un contrôle sur les
heures réellement travaillées par les agents de la SME et donc sur la part de personnel
incluse dans la facturation. En outre, la répartition des frais indirects se fait sur la base
d’une clé de répartition dont la conception et l’utilisation sont obscures.
Par ailleurs, le montant des factures papiers d’achat ne correspond pas au montant
des factures entrées dans le décompte fait au SICSM dans le RAD qui lui est
communiqué, certaines factures correspondant à des prestations communes à
différentes opérations sont réparties entre ces différentes opérations.
Il résulte des comptabilisations évoquées une complexité qui fait obstacle à un contrôle
effectif.
En outre, les montants retracés dans le rapport annuel du délégataire sont différents
des montants inscrits en charges au compte annuel de résultat d’exploitation, ainsi que
le montre le tableau suivant :
Tableau n° 21 : Fonds de travaux (RAD)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Cumul
Produits
Dotation du fonds
3 544 630
3 510 912
3 618 487
3 772 892
3 857 721
3 845 679
22 150 321
diff avec CARE
- 9 500
0
- 1 460
- 1 209
- 75
643
- 11 601
Charges
Travaux réalisés
2 336 036
4 024 817
4 288 596
3 949 746
4 299 630
4 836 594
23 735 419
diff avec CARE
0
200
175 927
527 535
82 842
144 889
931 393
Solde
1 208 594
- 513 905
- 670 109
- 1 76 854
- 441 909
- 990 915
- 1 585 098
Sources : RAD
La SME explique ces différences par la comptabilisation différente dans les deux
documents, la comptabilisation du CARE intégrant les encours des années N et N+1,
c’est-à-dire les travaux engagés mais n’ayant pas encore donné lieu à facturation. La
présentation différente dans les deux documents induit un manque de lisibilité des
documents destinés à la collectivité.
Le fonds de travaux a disparu dans le nouveau contrat signé entre le SICSM et la SME
en 2015. Cependant, le manque de lisibilité et de traçabilité perdure pour le fonds de
renouvellement.
Recommandation n° 11
Exiger une cohérence entre les documents, une transparence sur la production
des données comptables (notamment les clés de répartition) et une traçabilité
des données transmises permettant un réel suivi du fonds de renouvellement.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
36
PARTIE II : ASSAINISSEMENT
6.
LA PERFORMANCE DU SERVICE RENDU AUX USAGERS
6.1.
Un accès restreint au service d’assainissement collectif
La population desservie par l’assainissement collectif est estimée à 65 321 habitants
sur une population totale sur le périmètre du SICSM de 161 099 habitants. Il n’y a donc
que 40 % de la population qui bénéficie du service de l’assainissement collectif.
Si l’on compare la performance en terme de couverture de la population, il faut
comparer le nombre d’abonnés desservis par le service et le nombre d’abonnés
potentiels, c’est-à-dire ceux qui sont situés sur une zone d’assainissement collectif,
qu’ils bénéficient du service ou non. Le ratio est de 58 % : sur 100 personnes pouvant
bénéficier du service, car situées en zone d’assainissement collectif, seules 58 sont
raccordées. Le potentiel d’amélioration est donc important.
6.2.
La qualité de l’assainissement est médiocre
La qualité de l’épuration nécessite des améliorations et la performance du réseau est
très médiocre.
6.2.1. La qualité de l’épuration
Sur les 36 stations d’épuration du SICSM, deux stations ne disposent pas de système
de collecte conforme aux normes en vigueur, celle de Pays-Noyé (Ducos) et celle de
Moulin à vent (Le Robert). Il s’agit cependant de stations importantes, représentant
près de 30 % des charges de pollution. S’agissant de la conformité des équipements,
trois stations n’ont pas les équipements conformes et représentent également près de
30 % des charges de pollutions. Le taux de conformité est en progression en raison
des travaux de réhabilitation des stations.
La station d’épuration de Pays-Noyé, qui traite les effluents de Ducos, a fait l’objet d’un
arrêté préfectoral de mise en demeure de mise aux normes en raison de
dysfonctionnements importants ne permettant pas de respecter la directive
n°91/271/CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires qui
impose des obligations de collecte et de traitement des eaux usées. Cet arrêté
demandait que soient prises deux mesures : d’une part, déposer avant le 31 décembre
2013, un dossier au titre de la loi sur l’eau pour les travaux de mise en conformité et
d’autre part réaliser ces travaux avant le 31 juillet 2015. Ces deux dates avaient été
préalablement suggérées par le SICSM par une lettre du 5 septembre 2012.
Cependant, ce n’est qu’un an plus tard, soit le 23 septembre 2013 que le SICSM a pris
contact avec la CACEM pour lui demander d’étudier la possibilité de transférer les
eaux usées de la commune de Ducos vers une station d’épuration de la CACEM. Ce
retard pris n’a pas permis au SICSM de respecter les délais qu’il avait pourtant lui-
même suggérés prenant le risque de se voir appliquer les mesures prévues dans
l’article L. 216-1 du code de l’environnement ainsi que les sanctions pénales prévues
par les articles L.216-9, L. 216-10 et L. 216-12 du même code. Depuis lors des
réunions avec la CACEM ont été organisées mais aucun accord entre les deux
structures n’est encore intervenu.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
37
Parmi les 36 stations d’épuration (STEP) du SICSM, une dizaine de STEP
dysfonctionnent notablement. On notera, aux Anses d’Arlet : Bourg ; au Diamant :
Dizac, Taupinière, Cherry ; à Saint-Esprit : Petit Fond ; au Robert : Four à chaux,
Pointe-Lynch, Moulin à vent, Courbaril ; à Rivière Pilote : Manikou ; à Ducos : Canal.
La moitié des STEP, soit 18 équipements, n’évacuent officiellement aucune boue ou
presque, ce qui signifie, soit que l’épuration n’enlève rien de la pollution, soit que les
matières extraites de l’eau souillée sont évacuées ou dispersées dans des conditions
non conformes, ce qui revient à annuler une grande partie de l’intérêt de ces
équipements.
Ces dysfonctionnements trouvent leur origine dans la vétusté des STEP, compétence
du SICSM, mais aussi dans le défaut d’entretien ou de réparations, charge qui revient
au délégataire. Ainsi la station de Courbaril au Robert n’avait jamais été nettoyée.
Dans son rapport, issue de la visite de contrôle du 23 avril 2012, la police de l’eau
(DEAL), note un certain nombre de dysfonctionnements sur la station de Petit Fond,
relevant directement de la compétence de l’exploitant des stations. Il est indiqué que
les deux pompes sont tombées en panne tour à tour, l’une étant restée en panne
plusieurs mois. Déjà en 2010, les agents de la police de l’eau avaient constaté sur
cette même station l’absence de clôture, l’absence de capot sur la cuve, des fils
électriques à même le sol, soit des manquements importants aux règles de sécurité,
situation qui perdurait depuis plus d’un an. La police de l’eau avait mis en demeure la
SME de corriger ces manquements.
On peut cependant constater d’importantes améliorations sur les dernières années du
contrat, de la situation générale de certaines STEP et notamment une dynamique
d’amélioration reconnue sur l’auto-surveillance des STEP, effectuée par la SME.
Recommandation n° 12
Mettre la station de Pays Noyé en conformité avec la réglementation pour ne pas
prendre le risque de pénalités.
6.2.2. L’évacuation des boues se fait conformément à la réglementation mais à un
tarif élevé
La SME a choisi d’évacuer les boues des stations d’épuration vers l’usine de
compostage des boues d’épuration Terraviva, exploitée par la SME. Cette installation,
subventionnée par l’ADEME et le FEDER, a aussi bénéficié de mesures de
défiscalisation, pour un total de financement public de 50 %. Malgré ces aides, le coût
de traitement s’élève à 106 € la tonne
18
, soit nettement au-dessus des prix proposés
par des unités de traitement du même type en métropole, soit environ de 70 € la tonne.
L’équipement, propriété de la société Fénelon Immobilier, a été financé à hauteur de
50% par des financements publics (fonds de l’ADEM et du FEDER) et à 50 % par des
financements privés, soit 2 560 405 €. Le coût d’exploitation est élevé et comprend
notamment un loyer, payé par la SME, d’un montant annuel de 300 000 €, soit 35 % du
chiffre d’affaire de l’équipement. Une partie des équipements a été défiscalisée par la
société exploitante. En outre, l’accès à l’équipement se fait par un pont dont le
dimensionnement est inadapté au transport de fortes charges et induit des coût
importants pour les exploitants de l’usine Terraviva.
Si L’ensemble des boues d’épuration sont traitées par cette unité, il peut y avoir des
solutions complémentaires. Ainsi, le centre de valorisation des déchets organiques
(CVO), géré par le syndicat mixte de traitement et de valorisation des déchets
18
Contrat de 2015, article 38-3.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
38
(SMTVD) est mieux placé pour l’évacuation des boues de certaines stations. Cette
solution n’est toutefois que très partielle compte tenu des faibles capacités et du type
de boue acceptée par le CVO (boues liquides).
6.2.3. La qualité des réseaux et de la collecte est très médiocre
La baisse du montant de la surtaxe pose clairement le problème du financement des
installations.
Le maintien de la qualité du réseau et de la collecte dépend à la fois du délégataire et
de la collectivité publique. Le délégataire est chargé de l’entretien et du fonctionnement
des ouvrages et ainsi est responsable de la « maintenance préventive et corrective des
ouvrages et équipements
19
». Il est également responsable des réparations et d’une
partie du renouvellement. La collectivité publique est responsable du renforcement et
de l’extension des réseaux ainsi que d’une partie du renouvellement. En outre,
l’équilibre du contrat conditionne les ressources financières qui reviennent au
délégataire et celles qui reviennent à la collectivité délégante.
6.3.
La relation avec les abonnés est correcte
Il ressort que peu d’usagers contestent le service rendu, soit en termes de demandes
d’indemnisation, soit en termes de réclamation. En revanche, le paiement effectif du
service est très perfectible puisque les impayés sont deux fois supérieurs à la moyenne
nationale.
7.
L’EQUILIBRE FINANCIER DE LA DSP
Le contrat principal de la DSP d’assainissement apparait comme déficitaire jusqu’à
2016. Plusieurs facteurs expliquent le redressement des comptes de la délégation.
7.1.
Les produits augmentent fortement en raison de l’augmentation des tarifs
Le nouveau contrat qui est effectif en 2015 prévoit un doublement des recettes en
raison d’une part de l’augmentation des tarifs de l’assainissement et d’autre part, du
versement par le SICSM d’une recette nouvelle liée aux habitants non raccordés au
réseau.
19
Contrat d’affermage de 2004, article 28-6.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
39
Tableau n° 22 : Les produits de la délégation
2012
2013
2014
2015 prév
2016 prév
2017 prév
% de
variation
2017/2012
Produits d'exploitation
(A)
4 129 549
3 903 473
4 346 401
7 441 732
8 297 633
8 441 123
104,4 %
Facturation aux abonnés
(tarif fermier)
3 962 727
3 739 791
4 218 419
7 372 887
7 642 852
7 883 417
98,9 %
dont prime fixe (compteurs)
1 205 668
1 216 597
1 284 630
1 853 860
1 936 234
2 012 203
66,9 %
dont consommation
2 757 059
2 523 194
2 933 789
5 519 027
5 706 618
5 871 214
113,0 %
Travaux à titre exclusif
166 822
163 682
127 982
Branchements
4 108
-1 748
autres travaux
105 786
15 652
129 730
Fonds de travaux
61 036
143 922
0
Produits accessoires
68 845
82 379
80 704
Prestation « raccordables
non raccordés « (RNR)
versée par SICSM
572 402
477 002
Source : Rapport annuel du délégataire et comptes d’exploitation provisoire (à partir de 2015)
Le
nouveau
contrat
prévoit
une
augmentation
considérable
du
tarif
de
l’assainissement. Le tarif applicable à la consommation jusqu’à 25 m
3
augmente de
22 % entre 2014 et 2015, pour les consommations au-delà de 26 m
3
, l’augmentation
est de 65 %.
Tableau n° 23 : La tarification (montants en euros)
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evolution
sur la
période
Part fermière
Abonnement (HT) annuel
25,45
25,53
26,74
27,29
27,99
28,29
30,00
17,9 %
m3 0-25 m
3
/ semestre
0,96
0,96
1,00
1,03
1,05
1,07
1,30
35,2 %
m3 au-delà de 26 m
3
/
semestre
0,96
0,96
1,00
1,03
1,05
1,07
1,76
83,1 %
Part collectivité
Abonnement (HT) annuel
8,50
8,50
8,50
8,50
8,50
8,50
8,50
0,0 %
m
3
0-25 m3/ semestre
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,0 %
m
3
au-delà de 26 m
3
/
semestre
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,57
0,0 %
Total 120 m
3
(avec TVA
et octroi de mer) et
abonnement
1,93
2,29
2,36
2,39
2,43
2,45
3,09
60,1 %
Source : contrat DSP 2015, rapports du délégataire.
L’augmentation des recettes est également due à la mise en place de la participation
au financement de l’assainissement collectif (PFAC), taxe créée par la loi du 14 mars
2012 et applicable aux propriétaires d’immeubles situés dans les zones de
raccordement obligatoire.
La prestation « RNR » (prestation de raccordement des non raccordés) est la
traduction financière d’un accord pris entre la SME et le SICSM.
L’article L. 1331-1 du code de la santé publique, issu de la loi du 12 juillet 2010, prévoit
que
« Le raccordement des immeubles aux réseaux publics de collecte disposés pour
recevoir les eaux usées domestiques et établis sous la voie publique à laquelle ces
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
40
immeubles ont accès
[…]
est obligatoire dans le délai de deux ans à compter de la
mise en service du réseau public de collecte. »
.
Le même article précise :
« Il peut être décidé par la commune qu'entre la mise en
service du réseau public de collecte et le raccordement de l'immeuble ou l'expiration du
délai accordé pour le raccordement, elle perçoit auprès des propriétaires des
immeubles raccordables une somme équivalente à la redevance instituée en
application de l'article L. 2224-12-2 du code général des collectivités territoriales. »
.
Enfin l’article R. 2224-19-11 du CGCT prévoit que «
Le produit des sommes exigibles
au titre du troisième alinéa de l'article L. 1331-1 et des articles L. 1331-2, L. 1331-3,
L. 1331-6, L. 1331-7, L. 1331-8 et L. 1331-10 du code de la santé publique s'ajoute au
produit des redevances ainsi qu'aux autres recettes du service d'assainissement,
notamment celles correspondant aux aides et primes d'épuration versées par les
agences de l'eau, pour être affecté au financement des charges de ce service »
.
Les propriétaires situés en zone de raccordement qui n’ont pas fait les travaux de
raccordement doivent donc payer la redevance au-delà d’un certain délai et cette
redevance fait partie des produits du service d’assainissement. La loi a prévu que le
versement de cette taxe se fait au profit de la collectivité. Cependant, le SICSM a
choisi, dans le contrat de DSP, de reverser la plus grande partie de ces produits au
délégataire du service ainsi que le précise l’article 54-3 du contrat qui stipule que «
le
syndicat
rémunère
le
délégataire
pour
l’activité correspondante
et
à
titre
d’intéressement en lui versant une somme équivalente à la part délégataire de la
redevance d’assainissement pour toute somme équivalente à la redevance
d’assainissement encaissée par le syndicat, ainsi que le cas échéant le prix des
branchements réalisés d’office par le délégataire et perçu après des propriétaires
».
La taxe équivalent redevance est une taxe difficile à percevoir dans la mesure où elle
nécessite de connaître les consommations réalisées par chacun des abonnés, et pour
cette raison rarement mise en oeuvre. Le SICSM a eu l’occasion d’actionner la taxe
envers certains abonnés (sociétés ou collectivités publiques), sans aller au bout de la
démarche et percevoir la taxe. La taxe est perçue par la collectivité chargée de la
compétence. L’intéressement accordé par le SICSM à la SME déroge à cette règle et a
pour objectif d’inciter l’exploitant à communiquer les données pour pouvoir mettre en
application la taxe. La taxe apparaît comme un intéressement sans contrepartie d’une
charge. L’intérêt, tant pour le SICSM que pour la SME, est de voir augmenter le
nombre d’abonnés à l’assainissement collectif. Pour cette raison, il est impératif que le
SICSM aille au bout de la logique de l’assainissement collectif en mettant en oeuvre le
raccordement d’office des habitations, au frais des propriétaires, seul moyen
d’augmenter le taux de raccordement et d’obtenir que le service soit équilibré
financièrement.
Recommandation n° 13
a.
Percevoir la taxe sur les raccordables non raccordés, inscrire au contrat la
communication des données de consommation des raccordables non
raccordés potentiels.
b.
Mettre en oeuvre le raccordement d’office qui, seul, permettra d’atteindre le
taux de raccordement de 80% sur cinq ans.
7.2.
Les charges augmentent fortement
Un certain nombre d’augmentation de charges sont surprenantes : montant du poste
de personnel, coût de l’évacuation de boues.
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
41
Tableau n° 24 : Les charges de la délégation (montants en euros)
Source : Rapport annuel du délégataire et comptes d’exploitation provisoire (à partir de 2015)
On peut observer une augmentation très importante du poste « évacuation des
boues » entre la période 2012-2014 et la période du nouveau contrat 2015-2017,
puisque le montant de charges inscrites est multiplié par plus de six, passant de
260 000 € en moyenne à 1 680 000 € en moyenne, pour devenir le deuxième poste de
charges. Une augmentation importante s’explique par la mise en service de nouvelles
stations d’épuration. De même les chiffres faibles pour les années 2012-2014
correspondent en partie à une connaissance déficiente des boues évacuées et un
mauvais fonctionnement des stations. Cependant, la différence entre les montants
reste pour partie inexpliquée, d’autant que les nouvelles stations sont prévues pour
produire des boues plus sèches et donc moins lourdes. L’utilisation de l’usine de
compostage de Terraviva, exploitée également par la SME est susceptible d’inciter la
SME à davantage valoriser les boues dans cet équipement.
On observe parallèlement une diminution de la sous-traitance. Elle peut s’expliquer en
partie par le recours à des moyens de transport mieux adaptés pour les boues
d’épurations : l’utilisation de gros volumes de chargements plutôt que le recours à de
nombreux sous-traitants chargeant de petits volumes, en relation avec le pont d’accès
trop étroit à l’équipement.
Recommandation n° 14
Obtenir la diminution du coût d’évacuation des boues en diminuant les coûts de
transports et par l’utilisation, le cas échéant, du centre de valorisation organique
(CVO) situé au Robert afin de réduire encore le coût de transports pour certaines
stations.
2012
2013
2014
2015
2016
2017
% de
variation
2017/2012
Charges d'exploitation -
Total (B)
5 940 186
5 750 591
6 685 513
8 350 104
8 311 577
8 243 461
38,8 %
Personnel
1 670 474
1 810 860
2 138 605
2 897 349
2 867 267
2 671 546
59,9 %
Electricité
475 110
504 179
667 506
732 797
750 071
767 742
61,6 %
Produits de traitement
50 461
45 793
94 830
69 109
70 491
71 901
42,5 %
Achat d'eau
74 866
131 381
117 396
127 499
130 049
132 650
77,2 %
Analyses
37 964
48 979
34 062
69 400
70 788
72 203
90,2 %
Télécom télégestion
44 227
54 182
70 684
79 224
80 809
82 425
86,4 %
Divers (assurances, locaux,
informatique…)
132 725
104 865
100 844
127 476
122 600
125 051
- 5,8 %
Véhicules déplacements
289 666
268 472
233 777
319 176
325 560
332 071
14,6 %
Sous-traitance
1 477 563
1 443 663
1 688 355
1 046 119
915 510
939 582
- 36,4 %
Evacuation boues
274 528
201 574
310 070
1 630 767
1 682 477
1 735 603
532,2 %
Autres achats
80 713
60 310
81 533
Dotation renouvellement
674 285
602 377
615 976
700 107
721 146
733 486
8,8 %
Dotation biens propres du
fermier
33 990
29 537
20 963
36 255
35 343
34 410
1,2 %
Dotation biens de reprise
20 001
52 715
52 715
Fonds de travaux
41 928
44 827
46 025
Impôts et taxes
47 288
47 912
49 834
70 512
71 923
73 361
55,1 %
Créances douteuses,
irrécouvrables
321 083
104 927
124 247
258 051
259 857
260 153
- 19,0 %
Frais de siège
193 314
194 038
238 091
186 043
207 441
211 028
9,2 %
Rémunération BFR
220
245
249
CRC de la Martinique - rapport à fin d’observations définitives – Délégation de service public SICSM - SME
42
GLOSSAIRE
351107 :
Indice de prix de production de l’industrie française, tarif électricité.
ARS :
Agence régionale de santé
CACEM : Communauté d’agglomération du centre de la Martinique
CAF :
Capacité d’autofinancement
CARE :
Compte annuel de résultat d’exploitation
CG :
Compte de gestion
CGCT :
Code général des collectivités territoriales
CRC :
Chambre régionale des comptes
CVO :
Centre de valorisation des déchets organiques
DSP :
Délégation de service public
EPCI :
Etablissement public de coopération intercommunal
ETP :
Equivalent temps plein
FSD :
Indice Frais et services divers
H2S :
Sulfure d’hydrogène
ICHT :
Indice du coût horaire du travail
ODE :
Office de l’eau
ONEMA :
Office national de l’eau et des milieux aquatiques
RAD :
Rapport annuel du délégataire
RNR :
Raccordables non raccordés
RPQS :
rapport sur le prix et la qualité du service
SCNA :
Syndicat des communes du Nord Atlantique
SICSM :
Syndicat intercommunal du Centre et Sud de la Martinique
SIG :
système d’information géographique
SME :
Société martiniquaise des eaux
SMTVD :
Syndicat mixte de traitement et de valorisation des déchets
SPANC :
Service public d’assainissement non collectif
STEP :
Station d’épuration
TGI :
Tribunal de grande instance
TP10a :
Index travaux publics, canalisations, assainissement, adductions d’eau.