1
S2021-2107
DEUXIEME SECTION
OBSERVATIONS DEFINITIVES
(Article R. 143-11 du code des juridictions financières)
LA SOCIETE D’ECONOMI
E MIXTE
D’AMENAGEMENT ET DE
GESTION DU
MARCHE D’INTERET
NATIONAL DE LA REGION
PARISIENNE (SEMMARIS)
Exercices 2011 à 2019
Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés,
a été délibéré par la Cour des comptes, le 27 octobre 2021.
En
application de l’article L. 143
-1 du code des juridictions financières, la communication de
ces observations est une prérogative de la Cour des comptes, qui a seule compétence pour
arrêter la liste des destinataires.
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T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
2
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D’INTERET NATIONAL D
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3
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE
....................................................................................................................
5
RECOMMANDATIONS
..............................................................................................
9
INTRODUCTION
...................................................................................................
11
1
DES MISSIONS ET UN STATUT « SUI GENERIS
» FIXES PAR L’ETAT
..12
1.1
Un fait acquis
: la SEMMARIS chargée d’une mission de service public
....
12
1.2
Un statut
sui generis
défini par le législateur et le pouvoir réglementaire
.....
13
1.3
Un statut juridique qui reste cependant à clarifier
..........................................
15
1.4
La nécessaire préservati
on des intérêts de l’Etat et de la SEMMARIS
.........
17
2
UNE REORGANISATION D
E L’ACTIONNARIAT CAR
ACTERISEE PAR
LE RETRAIT PARTIEL D
E L’ETAT
................................................................
20
2.1
Les changements de l’actionnariat en 2018
...................................................
20
2.2
Une modification de la gouvernance
..............................................................
21
2.2.1 Les administrateurs de la SEMMARIS
...........................................................
21
2.2.2
La représentation de l’Etat au conseil d’administration
..................................
22
2.2.3
Les modalités du contrôle de l’Etat
.................................................................
24
2.2.3.1
Le commissaire à l’aménagement du MIN de la région parisienne
......................
24
2.2.3.2
L’absence de mobilisation d’autres instances
de contrôle de l’Etat
.....................
25
2.3
Une autonomie croissante de la société
..........................................................
26
2.3.1 Les feuilles de route
........................................................................................
27
2.3.2
Les comités du conseil d’administration
.........................................................
29
2.3.3 La gestion des ressources humaines
................................................................
29
2.3.3.1
La réorganisation managériale
.............................................................................
29
2.3.3.2
La hausse des effectifs et des avantages accordés aux salariés
............................
30
2.3.3.3
Les rémunérations les plus élevées
.......................................................................
33
3
UNE DIVERSIFICATION CROISSANTE
.........................................................
34
3.1
Les activités à l’international
.........................................................................
34
3.1.1 La modification des statuts de 2015
................................................................
34
3.1.2 Conseil, « joint-ventures » et licence de savoir-faire
......................................
35
3.2
Le groupe SEMMARIS et la délégation de service public pour le MIN de
Toulouse
.........................................................................................................
38
3.2.1 Bureau Rungis International
............................................................................
38
3.2.2
Les conditions de l’engagement de la SEMMARIS dans la DSP du MIN de
Toulouse
..........................................................................................................
40
3.2.3
La constitution et l’organisation de LUMIN’Toulouse, filiale de la
SEMMARIS pour ses 51 % de participation
...................................................
42
3.2.4
Les premières difficultés d’exécution de la DSP
............................................
43
3.3
Le document d’orientation de 2019
...............................................................
45
4
UNE FONCTION FINANCIERE ET COMPTABLE STRUCTUREE, UNE
SITUATION PATRIMONIALE PREOCCUPANTE
.........................................
47
4.1
Une fonction financière et comptable structurée
............................................
47
4.1.1 Une organisation financière stabilisée
.............................................................
47
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4
4.1.2 Le contrôle de gestion et la gestion des risques financiers
..............................
48
4.1.3 Une harmonisation des redevances selon la nature des contrats à poursuivre 49
4.2
Une situation économique favorable, une situation patrimoniale
préoccupante
...................................................................................................
51
4.2.1 Une information comptable insuffisante
.........................................................
51
4.2.2
Une situation économique favorisée par l’absence de redevance
...................
53
4.2.2.1
Une rentabilité croissante
.....................................................................................
53
4.2.2.2
Des résultats globalement positifs mais qui stagnent en fin de période, avant
même la crise sanitaire
.........................................................................................
55
4.2.2.3
Les résultats consolidés du groupe
.......................................................................
56
4.2.3 Une situation patrimoniale préoccupante en fin de période
............................
57
4.2.3.1
Des immobilisations dédiées quasi-exclusivement au domaine concédé
.............
57
4.2.3.2
Des créances en augmentation
..............................................................................
58
4.2.3.3
Des capitaux propres composés majoritairement du droit du concédant
..............
59
4.2.3.4
Les dettes et les provisions pour risques et charges
.............................................
60
4.2.4 La dégradation récente des indicateurs financiers de la SEMMARIS
............
60
5
UN PLAN D’INVESTISSE
MENT AMBITIEUX, UN FINANCEMENT A
PRECISER
...........................................................................................................
62
5.1
Un programme d’investissements massif jusqu’en 2035
...............................
62
5.2
Un financement des investissements basé sur des ressources propres
insuffisantes
....................................................................................................
63
5.3
Un calcul de rentabilité incomplet
.................................................................
64
5.4
Une meilleure maîtrise des procédures de la commande publique
................
66
6
LA GESTION DE LA CRISE SANITAIRE PAR LA SEMMARIS
..................
68
6.1
Les interventions de la SEMMARIS au cours de la crise sanitaire
...............
69
6.1.1 Une société préparée à la gestion de crise
.......................................................
69
6.1.2 La gouvernance de crise
..................................................................................
69
6.1.3 Une continuité de fonctionnement de la SEMMARIS et du MIN préservée .. 70
6.2
Les effets de la crise sanitaire sur l’activité du marché
..................................
71
6.2.1 Des impacts variables selon les productions
...................................................
71
6.2.2
Des efforts d’adaptation et de réorientation des flux
......................................
72
6.2.3 Un soutien financier aux entreprises du MIN sous
forme d’abandons de
créances
...........................................................................................................
73
ANNEXES
....................................................................................................................
75
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5
SYNTHÈSE
Le marché d’intérêt national (MIN)
de Paris-Rungis constitue le marché central de
Paris, destiné à alimenter les professionnels de toute la région. Il est le plus grand marché de
produits agricoles au monde avec 9
Md€ de chiffre d’affaires
, 24 000 passages journaliers du
producteur à l’acheteur final, et un bassin de 18 millions de consommateurs.
Le MIN est géré par la société d’économie mixte d’aménagement et de gestion du
marché d’intérêt
national de la région parisienne (SEMMARIS) dans
laquelle l’Etat détient
33,34 % du capital, qui génère plus de 120
M€ de chiffre d’affaires en 2019 et emploie plus de
250 salariés en 2021.
Lors du contrôle précédent, la Cour avait constaté une gestion prudente, une maîtrise
des charges permettant de dégager un bénéfice croissant, un endettement limité malgré le
volume important d’investissements et une trésorerie conséquente. Elle observait toutefois que
la SEMMARIS «
ne dégagerait pas de tels bénéfices si elle devait financer le foncier qu’elle
occupe et les charges induites ». Ce constat a été approfondi afin
d’éclairer
la nature des
difficultés que la société doit maintenant affronter.
Des missions et un statut « sui generis
» fixés par l’Etat
Les relations juridiques entre l’Etat et la SEMMARIS, au
sujet de la mission confiée à
la société de l’aménagement et de la gestion du MIN de Rungis
et de ses zones accessoires, sont
dérogatoires du droit commun. La SEMMARIS est régie par un statut « sui generis », encadré
par de nombreuses dispositions législatives et réglementaires
; ce dernier peut s’apparenter à
un service d’intérêt économique général au sens de la règlementation
européenne.
Plusieurs questions pendantes, qui emportent des conséquences importantes en matière
économique, financière et comptabl
e, restent à clarifier, dans l’intérêt de l’Etat comme de la
SEMMARIS. Tel est le cas des taxes foncières au titre desquelles l
’Etat a une dette qui atteint
185
M€.
S’agissant des
zones annexes (zone B)
qui comprennent les installations utiles au
fonctionnement du marché de gros constituant la zone A, la remise à plat des concessions et
sous-
concessions de terrain s’avère urgente, de manière à pouvoir
rendre disponible au plus
vite, si nécessaire, les terrains utiles à une extension du marché de gros.
Un actionnariat profondément réorganisé
Les changements successifs de gouvernance au sein du conseil d’administration de la
SEMMARIS ont réduit la représentation
de l’Etat
, qui est désormais actionnaire à hauteur de
33,34
% et titulaire d’une simple minorité
de blocage.
Cette situation se double de la sous-utilisation ou même de la non-utilisation des
instruments traditionnels de contrôle dont
l’Etat
peut disposer. Le dialogue entre les services
représentés au conseil d’administration n’est en effet pas suffis
ant pour fonder les orientations
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stratégiques que l’Etat doit donner à la société, à qui a été confiée une mission concourant à
la sécurité alimentaire du pays.
La société a procédé à une réorganisation managériale qui s’est accompagnée d’un
accroissement des effectifs. Celui-
ci a entraîné une hausse de la masse salariale, assortie d’un
large développement de l’épargne salariale, de l’intéressement et de la participation.
Une diversification des activités
en France et à l’étranger
La SEMMARIS s’est lancée
depuis longtemps dans des projets internationaux, dont le
portage a évolué pour privilégier la licence de savoir-faire, lucrative et moins risquée que
certaines « joint-ventures ».
Elle valorise également son savoir-faire en Europe et en France, le dernier exemple en
date étant celui du MIN de Toulouse. Toutefois, dans ce cas, elle a choisi pour y répondre la
constitution d’un groupe avec deux partenaires reprenant en
délégation de service public
(DSP) la gestion du marché lui-même et de sa zone logistique. La rentabilité étant très faible
pour cette
zone, il est légitime de s’interroger sur l’avantage procuré dans ce contexte
à la
SEMMARIS
, qui aurait pu se contenter d’apporter
son assistance au seul marché de gros.
Dans tous les cas, la diversification des activités de la SEMMARIS ne saurait avoir pour
conséquence de mettre en péril la situation financière du groupe au sein duquel sont
comptabilisés les intérêts de l’Etat dans le cadre du MIN de Paris
-Rungis.
Une fonction financière et comptable à améliorer, une situation
financière à surveiller
En l’absence d’inventaire physique, la SEMMARIS n’a
pas procédé à la réévaluation
de ses actifs, pourtant prévue par la réglementation comptable, mais non obligatoire. Ainsi, les
administrateurs ne disposent pas
d’une image
fidèle du patrimoine de la société conforme à la
réalité du marché immobilier sans que ce point, malgré son importance,
n’ait été
relevé par les
commissaires aux comptes. La démarche actuelle de contrôle interne ne permet ni de sécuriser
les op
érations comptables du groupe SEMMARIS ni d’informer régulièrement les
administrateurs de la performance du dispositif de maîtrise des risques. La Cour a relevé des
informations insuffisantes dans les comptes de la société
qui n’
ont
fait l’objet
ni de réserves ni
d’observations
de la part des commissaires aux comptes.
Malgré une amélioration de la situation par rapport au contrôle précédent de la Cour,
la démarche
d’harmonisation
des redevances perçues par la SEMMARIS n
’
est pas achevée et
certains secteurs
d’activité bénéficient
encore
d’une tarification inférieure aux charges
supportées par la société, nonobstant une meilleure utilisation de la comptabilité analytique.
La rentabilité économique de la SEMMARIS, apparemment favorable, se trouve
bonifiée par
l’absence de redevance sur l’utilisation des terrains du MIN de Rungis et
l’allongement artificiel de la durée d’amortissement
de certains biens immobilisés, et ce au-
delà des limites habituellement retenues. La situation patrimoniale de la société tend cependant
à se dégrader en fin de période
: la capacité d’autofinancement n’a pas permis de financer les
investissements de la société, le fonds de roulement est devenu négatif en 2019 et la trésorerie
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D’INTERET N
ATIONAL DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
7
nette (disponibilités)
ne couvre plus qu’environ un mois
d’activité en 2019. En l’absence de
financements externes, cette situation
pourrait s’a
ggrav
er à l’avenir compte tenu du niveau
important des investissements prévus par la société et de l’allongement du délai de paiement
des clients, fragilisés financièrement par la crise sanitaire.
Un plan d’investissement
ambitieux, un financement à préciser
Le conseil d’administration a approuvé un plan d’investissement sur la période 2015
à
2025 d’un montant d’environ 1
Md€ compte tenu d’une participation financière
des opérateurs
du marché à parts égales
avec l’Etat, qui pourrait être prolongé jusqu’en 2035 et porté à
1,8
Md€. Toutefois, ces investissements, notamment ceux situés à l’extérieur du marché,
pourraient présenter des risques économiques et/ou juridiques non négligeables pour la
société. En outre, ses ressources propres ne lui permettant pa
s de financer l’ensemble des
investissements, la SEMMARIS doit impérativement établir un plan de financement détaillé sur
la période d’investissem
ent visée et revoir les instruments utilisés (subventions, emprunts et
augmentation de capital).
Par ailleurs, les administrateurs ne disposent pas de toutes les informations nécessaires
à l’approbation des projets d’investissement. La SEMMARIS devra donc rapidement revoir sa
mét
hodologie d’évaluation de la rentabilité financière des investissements et proposer aux
administrateurs différentes options et modes de financement associés. Elle devra également
présenter régulièrement aux administrateurs une comparaison de la rentabilité effective des
investissements réalisés avec les hypothèses définies initialement ainsi que, le cas échéant, une
analyse fine des écarts constatés.
En revanche, les procédures de marchés publics sont désormais respectées par la
SEMMARIS malgré quelques défauts résiduels relevés par la Cour.
Une continuité des missions assurée pendant la crise sanitaire
La crise sanitaire survenue en 2020,
d’une
ampleur inédite, a éprouvé le fonctionnement
du marché de Rungis et la capacité de la SEMMARIS à assurer la continuité de son activité
dans des conditions dégradées. La préparation aux crises de la SEMMARIS, la mobilisation de
ses équipes et les efforts d’accompagnement des entreprises du MIN en difficulté ont
toutefois
permis d’assurer la continuité opérationnelle d
u marché, qui a pu jouer pleinement son rôle
dans la sécurité des approvisionnements alimentaires. La SEMMARIS est en outre intervenue
en appui des 1 200 entreprises hébergées sur le marché, en contribuant à la recherche de
débouchés alternatifs et surtout en consentant des abandons de créances conséquents pour
celles les plus pénalisées par les mesures sanitaires nationales.
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9
RECOMMANDATIONS
Recommandation n°
1 :
(MEFR - 2022) Soumettre la SEMMARIS au contrôle général
économique et financier (CGEFI).
Recommandation n°
2 :
(MAA et MEFR - 2022) Définir les objectifs stratégiques de
l’Etat
vis-à-vis de la SEMMARIS
et les assortir d’indicateurs de suivi
.
Recommandation n°
3 :
(SEMMARIS - 2022) Dissoudre la filiale Bureau Rungis
International et intégrer son patrimoine à la SEMMARIS.
Recommandation n°
4 :
(SEMMARIS - 2022) Intégrer les filiales dans la démarche de
contrôle interne, s’assurer que les risques pouvant
avoir une incidence sur les comptes font
l’objet d’un plan d’action et informer chaque année le conseil d’administration de l’efficacité
du contrôle interne.
Recommandation n°
5 :
(Préfet du Val-de-Marne, SEMMARIS - 2022) Abrog
er l’arrêté du
29 mars 1978 et mettre fin au système de perception de cotisations par la SEMMARIS pour le
compte du GREFEL et de la SOGERIS.
Recommandation n°
6 :
(SEMMARIS - 2022) Etablir
un inventaire physique de l’ensemble
des biens comptabilisés à l’actif du bilan et procéder régulièrement à son actualisation et à son
rapprochement avec les états financiers.
Projet de recommandation n°
7 :
(SEMMARIS - 2022) Revoir la méthode d
’évaluation de la
rentabilité financière des investissements et proposer pour chaque projet plusieurs options ainsi
que le plan de financement associé.
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10
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11
INTRODUCTION
Le marché international de Rungis est un marché d’intérêt national (MIN) situé
selon
son texte fondateur, le décret du 13 juillet 1962, à parts quasi-égales dans les communes de
Rungis et de Chevilly-Larue, dans le département du Val-de-Marne. Il constitue le marché
central de Paris, destiné à alimenter les professionnels de toute la région. Le MIN est le plus
grand marché de produits agricoles au monde avec 9
Md€ de chiffre d’affair
es, 24 000 passages
journaliers,
du producteur à l’acheteur final, et un bassin de 18 millions de consommateurs.
D’une superficie de 23
4 hectares, avec près de 73 hectares couverts (dont 47 hectares
de bâtiments
à usage commercial), le MIN est géré par la SEMMARIS, société d’économie
mixte d’aménagement et de gestion du marché d’intérêt de Rungis, dans laquelle l’Etat détient
33,34 % du capital, qui génère plus de 120
M€ de chiffre d’affaires en 2019 et emploie un
peu
plus de 250 salariés en 2021. Il est approvisionné par camions, trains ou avions, en provenance
de toute l’Europe. Il est divisé en cinq secteurs
: les fruits et légumes, les poissons et crustacés,
la viande, les produits laitiers et les fleurs. Il est particulièrement alimenté en fruits et légumes,
produits de la mer et produits d’élevages. Avec onze bâtiments, répartis sur 66 hectares, le
secteur des fruits et légumes est, de loin, le plus important.
Le dernier contrôle ayant donné lieu à suites en 2012, et la mission de la SEMMARIS
ayant depuis été prorogée jusqu’à 2049 par la loi n°
2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance,
l’activité et l’égalité des chances économiques, la situation de la société a été examinée sous les
angles juridique, actionnarial, économique, financier, comptable et des investissements, afin de
faire le point sur une période riche en évolutions.
Il est à noter que le contrôle s’arrête à
l’exercice 2019, les comptes 2020 n’ayant pas été approuvés par l’assemblée générale avant
le
délibéré de la Cour sur les observations provisoires.
La partie 1
présente le cadre juridique dans lequel s’exerce l
a mission de la SEMMARIS
et la partie 2
analyse la réorganisation de l’actionnariat.
Les actions de diversification de
l’activité de la
société, tant à l’international qu’en France ou encore sur le MIN lui
-même
et/ ou ses potentialités d’extension
, sont examinées dans la partie 3. La partie 4 est consacrée à
l’analyse financière, ce qui permet d’appréhender les enjeux des différents plan
s
d’
investissement de la SEMMARIS
sur l’évolution de sa situation financière (partie 5).
Enfin, le présent contrôle étant associé à l’enquête thématique de la Cour relative à la
sécurité alimentaire en période de crise sanitaire, la partie 6 traite de la réponse de la
SEMMARIS aux conséquences de la crise sanitaire
sur l’activité du marché.
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12
1
Des missions et un statut « sui generis
» fixés par l’Etat
L’Etat a choisi en 1958 d’organiser le marché de gros de l’Ile
-de-France sous la forme
d’un service public bien que l’initiative privée ne
fût pas défaillante. De manière constante, il a
organisé pour la gestion du MIN de Rungis un régime juridique
sui generis
fondé
essentiellement sur des textes réglementaires, destiné à sécuriser
l’approvisionnement
de la
capitale en produits frais et de qualité. Il a, en particulier,
confié l’exploitation du service à
la
société d’économie mixte créée
à cet effet (alors que le décret n° 58-767 du 25 août 1958 portant
organisation générale des marchés d’intérêt national lui ouvrait d’autres possibilités
), et
participe toujours à son capital.
1.1
Un fait acquis : la SEMMARIS chargée
d’
une mission de service
public
Le décret du 13 juillet 1962 crée le MIN de Rungis en distinguant expressément deux
zones : le marché de gros hors tout commerce de détail (zone A), et la zone B qui comprend les
«
installations utiles au fonctionnement du marché
». Il s’agit essentiellement des
raccor
dements ferroviaires et routiers mais également d’entreprises, à la condition que leur
activité présente un lien direct avec celles du marché et qu’elles passent des conventions avec
la SEMMARIS pour leur installation et leur fonctionnement.
En vertu de l’
article 2 du décret du 27 avril 1965, la SEMMARIS assure, dans les
conditions définies par le décret du 25 août 1958 portant organisation générale des MIN et en
tant que de besoin par des conventions passées avec l'Etat, l
’
aménagement et la gestion du
marché de gros créé par l
’
article 1
er
du décret du 13 juillet 1962 ainsi que de toutes installations
se rapportant directement à l
’
activité du marché (zone A). Après la dissolution de la
SAGAMIRIS, la SEMMARIS
a repris sa mission prévue à l’article 4 du décret de 1965, i.e.
l’
aménagement et la gestion de la zone B du MIN qui comprennent les installations utiles au
fonctionnement du marché de gros constituant la zone A ; cette évolution paraît logique car la
SEMMARIS assumait déjà depuis 1965, en vertu de ce même article 4, la responsabilité
technique et économique de l'ensemble que forment le marché et sa zone annexe.
Les textes qui servent de support à cette mission sont tous des textes législatifs ou
réglementaires, hormis la convention du 23 février 1967 modifiée par un avenant du
27 juin 1980 prévoyant que :
-
la société est le promoteur chargé de diriger la procédure d’indemnisation des
expropriations relatives aux terrains de l’Etat
1
;
- les terrains de la zone A (
appartenant à l’Etat pour environ 60
% suite aux
expropriations et, pour le reste,
concédés à l’Etat par le département de la Seine) sont
mis à la disposition de la société contre 1 franc annuel, leur prise de possession se faisant
au fur et à mesur
e de la réalisation des aménagements nécessaires par l’Etat
;
1
La SEMMARIS indique qu’elle détiendrait toujours à ce jour une créance sur l’Etat, au titre de la
SAGAMIRIS, d’un montant de 1
490 133,54 FF soit 227 169,39
€.
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E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
13
-
les ressources sont calibrées pour assurer l’équilibre de l’exploitation au cas où les
tarifs appliqués aux opérateurs seraient modifiés à la baisse par décision ministérielle ;
- le 1
er
octobre de chaque année, doit être soumis au commissaire du gouvernement et
au contrôleur d’Etat un état prévisionnel des ressources et charges pour l’exercice
suivant,
de même que tout document qu’ils estiment utiles dont, pour le 1
er
mai, les
comptes annuels N-1 et pour le 1
er
octobre les comptes du 1
er
semestre ;
-
les bâtiments, constructions et installations sont propriété de l’Etat dès leur édification
ou acquisition
, mais doivent être conservés en parfait état d’entretien par la société qui
a la charge
d’assurer les travaux y compris ceux incombant normalement au propriétaire
et de l’ensemble des assurances nécessaires
;
- la convention est conclue alors pour 30 ans (
jusqu’au
22 février 1997), mais est
reconductible pour 30 ans en l’absence de dénonciation par l’une des parties (donc au
moins jusqu’au 22 février 2027). Par a
venant du 27 juin 1980, la période de 30 ans a été
remplacée par 50 ans, le premier terme était donc reporté jusqu’au 22 février 2017
et le
deuxième à 2067.
Un arrêté interministériel du 27 février 2003, et non un deuxième avenant, a toutefois
fixé le nouveau terme en 2034 (soit 69 ans à compter de la publication du décret de 1965), puis
l’a
rticle 199 de la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l
’
activité et l
’
égalité des
chances économiques a précisé que «
la mission d'aménager et de gérer le marché d'intérêt
national de Paris-Rungis ainsi que toutes les installations se rapportant directement à l'activité
de ce marché est confiée par l'Etat à la société d'économie mixte d'aménagement et de gestion
du marché d'intérêt national de la région parisienne jusqu'au 31 décembre 2049
» (soit 84 ans
à compter de la publication du décret de 1965).
Enfin, le décret n° 2004-260 du 23 mars 2004 portant application de l'article 83 de la loi
de finances rectificative pour 2002 et modifiant le décret n° 65-325 du 27 avril 1965 prévoit
que les dispositions de la section III du chapitre Ier du titre Ier du livre II du code du domaine
de l'Etat sont applicables aux titres d'occupation du domaine public compris dans la zone A du
MIN de Paris-Rungis, qui peuvent devenir constitutifs de droits réels.
Depuis 2004, l’article L.
730-1 du code de commerce dispose expressément que les
marchés d’intérêt national (MIN
) sont des services publics.
1.2
Un statut
sui generis
défini par le législateur et le pouvoir
réglementaire
Le décret du 25 août 1958 et les textes ultérieurs relatifs aux MIN, codifiés au code du
commerce, n’évoquent jamais les termes de concession ou de délégation de service public
qua
nd il s’agit du
MIN de Paris-
Rungis, qui bénéficie d’un statut particulier
car sa mission lui
est confiée - en dernier ressort par la loi - sans plus de précision. Tous les acteurs se comportent
depuis l’origine comme si l’Etat l’
avait fait par voie de concession
2
.
2
La SEMMARIS a toujours considéré que la concession est le régime comptable le plus adapté, et les
administrateurs, dont ceux de l’Etat, n’ont jamais remis en cause cette opinion. Pourtant, ce sujet a fait l’objet
L
A SOCIETE D’ECONOMIE
MIXTE D’AMENAGEMENT
ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
14
La succession des lois, ordonnances et décrets dont ceux codifiés au code de commerce
montre que le MIN de Paris Rungis est traité à part
3
des MIN gérés par les collectivités
territoriales qui peuvent expressément être organisés en régie ou par délégation de service
public et doivent alors respecter les textes relatifs aux délégations inscrits au CGCT.
Autre spécificité du MIN de Paris Rungis, la surabondance des textes législatifs et
réglementaires concernant la SEMMARIS par rapport aux conventions. En fait, une seule
convention
a été signée entre l’Etat et la SEMMARIS, qui remonte à 1967 et
elle
n’a eu qu’un
seul avenant en 1980 devenu obsolète si bien que, depuis plus de quarante ans, plus aucune
convention ni avenant n’ont été conclus même s’agissant d’un aménagement de leur durée.
Enfin, le contenu même de cette convention de 1967 portait sur des points «
non réglés
»
par la règlementation générale, y compris sa durée :
- la mission de promoteur
pour l’indemnisation des anciens propriétaires des parcelles
nécessaires à l’édification du marché, terminée depuis longtemps
;
- la constatation de la mise à disposition des terrains
de l’Etat ou concédés à celui
-ci par
l’actuel département du Val
-de-Marne, achevée elle aussi ;
-
l’assurance de disposer des ressources nécessaires à l’équilibre de l’exploitation
, y
compris par décision ministérielle. Ces dispositions sont maintenant reprises,
développées et adaptées à l’évolution économique des MIN régionaux, aux articles
L. 761-3 et R. 761-6 du code de commerce
prévoyant l’information des collectivités
« délégantes » (terme utilisé seulement dans leur cas) ou de leurs groupements, ainsi
que du conseil régional ;
- la communication de divers documents budgétaires, financiers et comptables. Ces
dispositions sont également reprises par le code de commerce, aux articles L. 761-3 et
R. 761-5 mais, comme au point précédent se montrent plus adaptées au cas des MIN
régionaux.
La convention de 1967 comporte trois types de dispositions toujours en vigueur,
d’autant que l’application des dispositions correspondantes du code de commerce concerne
pour l’essentiel les seize autres MIN que Rungis en ra
ison du caractère exceptionnel de ce
dernier :
-
le soutien de l’exploitation en cas de décisions ministérielles défavorables (article 4
4
) ;
d’interventions directes ou indirectes, sans susciter de réactions particulières de l’Etat pour clarifier la nature de
ses relations ave
c la SEMMARIS. Notamment l’avis du Conseil d’Etat
- Section des finances - n° 362 417 du
28 juillet 1998
, selon lequel il n’existe pas de contrat de concession entre l’Etat et la SEMMARIS.
3
Article D. 762-1 du code de commerce : «
En application du premier alinéa de l'article L. 761-2,
l'aménagement et la gestion du marché d'intérêt national de Paris-Rungis sont organisés par l'Etat
».
Le rapport précédent avait émis une recommandation n°
5 sur la nécessité d’élaborer le bilan des MIN
prévu par l’article L
761-5 du code de commerce, «
assorti de propositions
opérationnelles concernant l’avenir
des MIN et des périmètres de référence
». Ce bilan, effectivement réalisé en 2012, n’a pas été communiqué à la
Cour par la DGPE qui ne l’a pas retrouvé ou n’en dispose pas. Il est maintenant, au vu des options poursuiv
ies par
la SEMMARIS, inopérant sinon obsolète.
4
«
Au cas où les ressources de la société (…) se révèleraient insuffisantes pour assurer l’équilibre
financier du Marché en raison d’une réduction de droits et redevances décidée par le ministre de l’économie
et
des finances et le ministre de l’agriculture,
ces ministres devraient prescrire toute mesure en vue de rétablir cet
équilibre
». Dans le cas des autres MIN, la base de l’intervention ministérielle est seulement constituée d’un
« déséquilibre grave » ca
usé par l’exploitation du marché
; des mesures correctrices peuvent être prises par le
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
15
-
les documents financiers à fournir aux représentants de l’Etat (article 5). Sous réserve
d’un dépoussiérage lié à
l’évolution des pratiques, elle précise les documents concernés
(notamment budgets prévisionnels et tous documents permettant de les éclairer, comptes
annuels) ;
- les conséquences budgétaires, financières et comptables de la prise en charge des
réalisations faites pour le MIN.
L’article 6 indique en effet, en conformité avec la
convention de 1964 signée entre l’Etat et le département de la Seine, que «
les bâtiments,
constructions et installations réalisés ou acquis par la société sont propriété de l’Etat
dès leur édification ou mise en place ou de leur acquisition par la société
». Même si
les obligations de la SEMMARIS sont précisées (
parfait état d’
entretien y compris
travaux relevant normalement du propriétaire, provisionnement et assurances), cet
article pousse à la conclusion selon laquelle les biens concernés devraient se trouver
dans les comptes de l’Etat, alors qu’ils se trouvent actuellement dans ceux de la SEM.
En tout cas, cette disposition clôt depuis 1967 un potentiel débat sur la dichotomie entre
biens de retour et biens de reprise : tous les biens appartiennent
ab initio
à l’Etat, ce qui
explique d’ailleurs l’insistance de la convention sur l’état de parfait entretien dans lequel
la SEMMARIS doit les maintenir.
1.3
Un statut juridique qui reste cependant à clarifier
L
a Cour s’est déjà penchée
dans son précédent contrôle sur certains aspects du problème
posé par l’absence de cadre juridique clair. A l’appui du rapport de 2012,
trois des cinq
communications du Procureur général ont abordé le sujet du non-paiement des taxes foncières
sur les terrains mis à disposition de la SEMMARIS et de la taxe sur les bureaux, locaux
commerciaux et locaux de stockage en Ile-de-France, que ce soit par la société ou les opérateurs
du MIN de Rungis, ce qui leur octroyait des avantages par rapport à des entreprises concurrentes
situées en dehors du périmètre valorisé entre 30 et 60
M€ par an
. Tout en tenant compte de
l’existence de charges
potentiellement
liées à l’accomplissement par la SEMMARIS de ses
obligations de service public, ces communications ont évoqué le fait que la concurrence pouvait
être faussée par des aides d’Etat non déclarées à l’Union européenne et par conséquent
l’existence d’un risque juridique
,
la SEMMARIS n’ayant pas été traitée comme u
n SIEG
sécurisant le non-paiement des taxes.
Resté inerte depuis lors sur ce sujet pourtant essentiel,
l’Etat
devrait tirer les
conséquences de
l’existence d’un
e qualification éventuelle en SIEG de nature à justifier des
compensations à la SEMMARIS, par exemple l’absence
concrète de redevance
–
celle prévue
par la convention de 1967 est limitée à un franc par an - ou le paiement des loyers des terrains
par l’Etat (au lieu de la société ou des grossistes)
. Depuis la crise sanitaire et la montée en
puissance des thèmes de la souveraineté alimentaire et du caractère culturel du « repas
français », son intérêt pour la continuité de la distribution de produits frais est renouvelé. Tout
gestionnaire, et ce n’est qu’en cas de carence de sa part dans les trois mois que les ministres de tutelle peuvent
relever d'office les redevances existantes, créer des recettes nouvelles, réduire les dépenses et, d'une manière
générale, prendre toutes dispositions propres à rétablir l'équilibre.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENA
GEMENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
16
concourt donc à caractériser l’existence d’un service public indispensable pouvant faire l’objet
d’une exception
légitime aux règles de concurrence.
Ce préalable permettrait ensuite de revoir la qualification des relations Etat-
SEMMARIS dont découle le mode actuel de comptabilisation des immobilisations et en
conséquence la structure même des comptes sociaux de la SEMMARIS.
Sans modification de la convention de 1967, cette clarification pourrait comporter les
points suivants :
- l
’
Etat
aurait l’obligation d’
intégrer ces biens dans son patrimoine ;
- en contrepartie il ne pourrait plus être constaté de « droits du concédant » au passif ni
« d
’
immobilisations concédées
» à l’actif du bilan de la SEM
;
-
il n’y aurait plus non
plus « d
’
amortissements de caducité » à inscrire par la SEM en
plus des amortissements classiques - ceux-ci étant dans les comptes de l'Etat -, ce qui
achèverait de réduire les comptes sociaux de la société à leur plus simple expression ;
- il ne serait plus besoin de ce fait d
’
extension indéfinie de la durée de gestion par la
SEM, ce qui est la seule solution trouvée pour résoudre le problème de l'importance des
amortissements de caducité en période d
’
investissement massif ;
L’organisation juridique, financière et comptable du M
IN doit se montrer le plus adaptée
et efficace possible
; or, plusieurs décennies après sa mise en œuvre, son modèle se montre
défaillant dans la comptabilisation des immobilisations de l’Etat et les modalités de leurs
amortissements. Il est impératif de p
rotéger les intérêts de l’Etat actionnaire et propriétaire en
stabilisant les règles comptables appliquées, ce qui n’est pas le cas avec le pis
-aller des
amortissements de caducité.
La réflexion que la Cour appelle de ses vœux permettrait de résoudre les p
roblèmes
suivants :
- si la gestion du MIN continuait à être confiée à la SEM en ayant régularisé la situation
des installations, constructions et ouvrages terminés, ainsi que les recettes obtenues des
opérateurs pour le compte de l’Etat (droits de premier
accès, par exemple, à faire
percevoir en recettes par des comptes de tiers), il faudrait prévoir un système de
rémunération au bénéfice de la SEM « chargée de mission » ;
- il faudrait également considérer les moyens à lui fournir pour réaliser les travaux
d’entretien prévus à la convention de 1967 et les modalités comptables à choisir
. Rien
n’empêche
rait que ces travaux soient traités en utilisant des comptes de tiers en
dépenses.
L’APE
rappell
e que la qualification éventuelle en SIEG relèverait d’une déc
ision
formelle de l’Etat sous le contrôle de la Commission européenne, et nécessiterait une instruction
approfondie. Il resterait une difficulté qui concerne le plan Rungis 2025 qui se veut un levier
pour des investissements réalisés par les opérateurs du
marché à l’euro l’euro
: si ces
investissements ne sont pas détachables des immobilisations appartenant à l’Etat, celui
-ci
devrait indemniser les opérateurs qui les ont réalisés s’ils ne sont pas déjà amortis.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
17
1.4
La nécessaire préservation des intérêts de
l’Etat et de la
SEMMARIS
Plusieurs questions pendantes, qui emportent des conséquences importantes en matière
économique, financière et comptable, devraient être clarifiées, dans l’intérêt de l’Etat comme
de la SEMMARIS.
Tel est le cas des taxes foncières.
Contrairement à l’état du droit, nulle personne physique ou morale n’est actuellement
redevable des taxes foncières sur les terrains concédés à l’Etat. Il n’en est
pas fait mention dans
la convention de 1967 avec SEMMARIS, ce qui devrait conduire l’Et
at à les prendre en charge.
Le rapport précédent de la Cour avait déjà fait état du fait que, si les collectivités percevaient
bien leurs taxes foncières, aucun produit n’était versé au compte d’avances aux collectivités
territoriales pour permettre ce paiement
5
.
La SEMMARIS a demandé une analyse juridique au Bureau Francis Lefebvre en juin
2015. Cette analyse, sans surprise, rappelle que les terrains d’emprise d’un MIN sont considérés
par la doctrine administrative comme ne pouvant pas bénéficier d’exonération
de l’impôt
foncier dès lors que les immeubles sont productifs de revenus pour les personnes publiques
propriétaires, soit par le versement d’une redevance si minime soit
-
elle, soit par l’incorporation
gratuite des édifications réalisées ; que s'il est démontré que les termes de cette convention
prévoient un transfert de propriété automatique au propriétaire du sol, celui-ci est réputé
redevable de la taxe foncière pour l’immeuble et les investissements qui y sont réalisés
; enfin
que les parties à la convention sont libres de prévoir la refacturation de la taxe foncière acquittée
par la collectivité redevable au délégataire de service public, ce qui n’a pas été prévu à
l’encontre de la SEMMARIS par la convention de 1967. Il existe toutefois une exception qu
i
concerne les bénéficiaires de droits réels, droits qui permettent de conférer à leur titulaire les
prérogatives dévolues ordinairement au propriétaire ; or il existe sur le périmètre du MIN un
certain nombre de titulaires de droits réels qui devraient régler, outre la taxe pour création de
bureaux, commerces et entrepôts en Île-de-
France (TCBCE), l’impôt foncier correspondant.
La DGFiP a fait parvenir à la Cour un récapitulatif des dettes de taxes de l’Etat
: elles
atteignent à ce jour environ 185
M€, dont pour le commissaire à l’aménagement du MIN de la
5
Il avait également relevé qu
’aucun redevable d
e la taxe pour création de bureaux, commerces et entrepôts
en Île-de-France (TCBCE)
n’était identifié, si bien qu’elle n’était pas payée.
Cette taxe est perçue pour la
construction, la reconstruction, la transformation ou l’agrandissement de locaux de bureaux, de locaux
commerciaux et de locaux de stockage situés en Île-de-France, et devrait en conséquence concerner au moins
certains des investissements faits sur le MIN
. Elle est due par le propriétaire des locaux ou le titulaire d’un droit
réel
portant sur ces locaux à la date de délivrance de l’autorisation de construire
, donc a pri
ori l’Etat et les titulaires
de droits réels (Prosdim, Mandar, Rungis Plus Dupa, opérateurs qui ont construit leurs bâtiments et dont les
banques avaient exigé des garanties pour octroyer des prêts du fait des montants importants à financer). La
SEMMARIS a
indiqué au cours de la contradiction qu’elle s’acquitte bien de la taxe pour création de bureaux ou
de commerces (TCB-
IDF) liées aux permis de construire qu’elle dépose, sans toutefois en apporter la preuve
; ces
paiements n’ont pas été identifiés dans le
s comptes.
LA SOCIETE D’ECONOMI
E MIXTE D
’AMENAGEMENT ET DE G
ESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
18
région parisienne 2 359 949,13
€
6
, et ne sont pas exclusives de celles du ministère de
l’agriculture qui portent sur 171
691 959,18
€ pour les exercices 1994 à 2019, sans oublier
11 118 374
€ globalement au titre de France domaine et de la direction de l’immobilier de
l’Etat
7
. Ce problème pourrait être de nature essentiellement politique
: si en effet l’Etat allait au
bout de sa logique et cessait de payer leurs taxes foncières aux collectivités, celles-ci en seraient
définitivement privées et risqueraient d’engager un contentieux.
La DGCL a été interrogée sur le déséquilibre persistant du compte d’avances, sans
avoir apporté de réponse.
L’
aménagement de la zone B pose également des problèmes particuliers :
Les terrains d’assiette ont été acquis par l’État en 1963 dans le cadre des déclarations
d’utilité publique et, à ce titre, entrent dans le champ des terrains couverts par la convention du
23 février 1967 qui organise la mise à disposition au franc s
ymbolique des terrains de l’État à
la SEMMARIS. Pour mémoire, ils avaient été vendus en 1968 à la SAGAMIRIS qui les a loués
à la Société de la gare routière de Rungis (SOGARIS
8
) en 1975 (échéance le 31 octobre 2020),
avec droit pour cette dernière de le sous-louer à des tiers dont, pour le dernier en date, le groupe
Veolia.
Lors de la dissolution de la SAGAMIRIS en 1987, l’État a racheté les terrains sans
modifier le bail en cours détenu par la SOGARIS. Par une convention dite « précaire » signée
le 17 décembre 1990 en application de la convention du 23 février 1967 expressément citée, il
les a ensuite mis à la disposition de la SEMMARIS afin de lui permettre d’encaisser les loyers
payés par la SOGARIS (895 000 FF en 1975, devenus 200 000
€ annuels). Cette c
onvention a
été dénoncée le 16 novembre 2016 afin que l’État récupère une partie des terrains pour les
mettre à la disposition de la Société du Grand Paris (construction de la gare de Thiais, ligne 14),
ce qui a posé le problème du sort des sous-locataires de la SOGARIS, a priori précaires mais
qui ont tout de même demandé une indemnisation sans que la Cour ait pu déterminer si celle-
ci leur avait finalement été accordée, ce qui la conduit à réitérer sur ce point sa question à la
préfète du Val-de-Marne dans le cadre de la contradiction.
Si le décret de 1965 complétant et modifiant le décret de 1962 confie l’aménagement de
la zone B à la SAGAMIRIS (disparue depuis), il définit les pouvoirs de son gestionnaire
(désormais la SEMM
ARIS) d’une manière assez large
: la SAGAMIRIS assure l’aménagement
et la gestion de la zone B en vertu de conventions passées avec l’État et la SEMMARIS, et
celle-ci «
assume la responsabilité technique et économique de l’ensemble que forment les
zones » A et B.
Le pouvoir d’aménagemen
t de la zone B hors gare de Thiais est donc en principe dévolu
à la SEMMARIS ; notamment, toute modification du règlement du lotissement de la zone B
dépend de l’agrément de cette société. Toutefois, c
e pouvoir a des limites, car le décret
6
1 587 291,90
€ à l’Haÿ
-les-Roses pour les exercices 1991 à 2000 puis 2004 à 2012, 58 769,32
€ à
Choisy-le-Roi pour les exercices 1999 à 2015, 713 997,91
€ à Villejuif pour les exercices 1994 à 2008. Le
représentant du commissaire ne comprend pas exactement à quel titre, mais ses questions au ministère des finances
sont restées sans réponse.
7
Pour rappel, lors du contrôle précédent, elles se limitaient à 101
M€.
Les comptables interrompent la
prescription quadriennale sur l’ensemble de ces dett
es chaque année.
8
Société privée à capitaux publics, dont 49,5 % de la ville de Paris, 30,5 % pour les départements des
Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne et 17,7 % du groupe Caisse des dépôts.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
19
n° 84- 1082 du 4 décembre 1984 modifiant le décret du 22 juillet 1961 a confié «
en tant que
de besoin
» l’aménagement et la gestion des terrains des zones A et B du MIN de Rungis au
commissaire à l’aménagement du marché d’intérêt national de la région parisienne
(CAMINRP). Ces textes organisent en conséquence un régime particulier de gestion des biens,
dérogatoire au régime général de gestion du domaine de l’État.
C’est dans ce panorama
complexe que se situe la question de l’utilisation des terrains de la zone B, dépenda
nt selon
toute vraisemblance du domaine privé de l’Etat puisqu’ils ont servi depuis 1975 à
l’aménagement d’une zone d’activité privée
ne relevant pas d’une mission de service public
(zone logistique, implantation de Veolia) sans être déclassés
9
. Ils sont en effet convoités à
d’autres titres que les réalisations du Grand Paris
: pour l’extension éventuelle du MIN, pour
la
mis
e en œuvre
du volet « Halle des trésors gastronomiques » complémentaire de la Cité de la
gastronomie, ainsi que pour des projets d’amén
agement du sud de la région parisienne (cf. 3.3.).
L’APE a précisé qu’elle sera attentive dans les prochains mois à ce que le zonage des activités
du MIN soit mis à jour afin de permettre son développement, alors que le marché ne disposera
bientôt plus
d’e
space suffisant
(le taux d’occupation s’élève à 97
%). La Cour considère que,
sans remettre en cause un mode de gestion qui a fait ses preuves et qui associe capitaux publics
et privés, une clarification des questions pendantes, à partir de la notion de se
rvice d’intérêt
économique général, serait de nature à le sécuriser.
____________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE_________________________
Les relations juridiques entre l’Etat et la SEMMARIS, au sujet de la mission confiée à
la société de l’aménagement et
de la gestion du MIN de Rungis et de ses zones accessoires en
1965, sont spécifiques. Avec un statut « sui generis », voulu par le législateur et le pouvoir
réglementaire, la gestion du MIN
peut s’apparenter à
un
service d’intérêt économique général
(SIEG) au sens du droit européen.
Certaines questions pendantes, qui emportent des conséquences importantes en matière
économique, financière et comptable, doivent cependant
être clarifiées, dans l’intérêt de l’Etat
comme de la SEMMARIS
: c’est l
e cas du paiement des loyers des terrains mis à disposition
par les collectivités locales, paiement effectué
par l’Etat (au lieu de la société ou des
grossistes), de la détermination du redevable des taxes foncières sur ces terrains, comme de la
future utilisation de la zone B du MIN qui comprend les installations utiles au fonctionnement
du marché de gros constituant la zone A.
La remise à plat des concessions et sous-concessions de terrain doit être effectuée sans
délai, de manière à pouvoir rendre disponible au plus vite, si nécessaire, les terrains
nécessaires à une extension du marché de gros.
9
La SEMMARIS estime au contraire que ces terrains sont essentiellement privés et que leur maîtrise
passe par acquisition ou prise à bail ; un travail serait en cours sur différentes hypothèses, sans retenir celle de la
domanialité privée de l’Etat.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
20
2
UNE REORGANISATION D
E L’ACTIONNARIAT
CARACTERISEE PAR LE RETRAIT PARTIEL DE
L’ETAT
Au cours des années sous revue, le capital de la société a été recomposé : au terme de
cette recomposition,
l’Etat est passé de la situation d’actionnaire principal
- en ajoutant à sa
participation celle de la Caisse des dépôts et consignations - à une position de minorité de
blocage.
2.1
Les changements de l’actionnariat en 2018
L’E
tat a, en 2007, cédé une partie de sa participation au capital de la SEMMARIS au
groupe Altarea COGEDIM, en envisageant de lui céder le reste quelques années plus tard.
Parallèlement, il lui a cédé la créance d’actionnaire qu’il détenait sur la SEMMARIS
; Altarea
l’a immédiatement apportée à la société qui l’a rémunéré par une augmentation de capital
réservée. Au terme de cette opération, finalisée le 16 novembre 2007, le groupe Altarea est
devenu le principal actionnaire avec 33,34 % du capital, suivi par
l’Etat avec 32,16
%. Les
participations de la ville de Paris, du département du Val-de-Marne, de la Caisse des dépôts et
des professionnels sont restées stables à respectivement 13,19 %, 5,60 %, 4,60% et 11,11 % du
capital.
A la fin de
2008, l’Etat a toute
fois acquis 4 536 actions auprès de divers actionnaires
privés (dont la part est de ce fait descendue à 9,93 %) pour porter sa participation au même
niveau qu’Altarea, soit 33,34
% du capital ; ainsi, adossé à la participation de la Caisse des
dépôts et co
nsignations, l’Etat
redevenait le principal actionnaire,
même s’il laissait à Altarea
une minorité de blocage.
Le précédent rapport de la Cour notait que les administrateurs
d’Altarea
avaient obtenu
que toute décision sur un investissement important soit prise à la majorité qualifiée, leurs
préoccupations étant, d’une part
,
que tout nouvel investissement produise une rentabilité d’au
moins 10 % et
d’autre part
, que la SEMMARIS soit à même de produire une augmentation
significative de dividendes. Ils considéraient toutefois que le foncier géré par la SEMMARIS
était insuffisamment valorisé par rapport aux fonds propres apportés par le groupe.
On constate en conséquence une évolution dans la détention des actions environ une
dizaine d’année
s après les modifications au capital de 2007-2008 :
- Altarea a cédé, en juillet 2018, à Crédit Agricole Assurances (CAA), le contrôle de la
holding Alta Rungis qui détenait sa participation de 33,34 % au capital de la
SEMMARIS. Ladite holding, désormais dénommée Predi Rungis, reste détenue à
hauteur de 15 % par Altarea qui continue à conserver deux administrateurs au titre de
personnalités qualifiées, l’un pour Altarea même, l’autre pour la société Alta
Faubourg
10
;
10
L’Agence des participations de l’Etat affirme avoir été consultée sur ce montage et l’avoir validé.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
21
- la Caisse des dépôts et consignations a cédé la même année sa participation de 4,60 %
à Predica prévoyance dialogue, société anonyme du groupe Crédit Agricole qui élabore
des solutions d’assurances dans les domaines de la retraite et de la dépendance. Cette
société a acquis 0,02
% d’actions en s
us auprès de professionnels en 2019.
Dès fin 2018, la participation principale de 37,94
% n’est donc plus dans les mains de
l’Etat et de son établissement financier, mais entre
celles du groupe Crédit agricole qui semble
ne pas avoir les mêmes préoccupatio
ns qu’Altarea COGEDIM
; l’Agence des participations de
l’Etat (APE)
le considère comme
un actionnaire de long terme. L’Etat se retrouve
toutefois,
comme en 2007, dans la position de second actionnaire mais
dispose d’une minorité de blocage
au cas où la ville de Paris et le département du Val-de-Marne ne souhaiteraient pas lui apporter
leur appoint pour obtenir une majorité absolue de 52,13
% à l’assemblée générale
. Mais il
n’existe toujours pas, bien que la
Cour l’ait appelé de ses vœux dans son précédent contrôle, de
pacte d’actionnaires publics.
Un nombre non négligeable d
’
actions est en déshérence : en 2019, les actionnaires que
la SEMMARIS n’arrivait pas à contacter depuis au moins 10 ans étaient au nomb
re de 258 sur
un total général de 528 (48,86 %), pour 13 418 actions sur un total de 386 741, soit 3,47 % du
capital ; cette situation reste inchangée au 31 décembre 2020. La SEMMARIS indique avoir
entamé en 2021 une campagne de recherche des actionnaires en déshérence.
2.2
Une modification de la gouvernance
2.2.1
Les administrateurs de la SEMMARIS
La question de l’actionnariat de la SEMMARIS se double, pour l’Etat, par celle de la
modification profonde apportée par l’ordonnance n°
2014-948 du 20 août 2014 relative à la
gouvernance et aux opérations sur le capital des sociétés à participation publique.
Les administrateurs, y compris le président du conseil d’administration (CA)
initialement nommé en 2012 par l’Etat, élu et réélu à la présidence par l’assemblée général
e en
2016 et en 2020, sont 17, ce qui respecte les dispositions du code du commerce qui fixe leur
nombre entre 3 et 18. Il ne faut en effet pas compter parmi eux le représentant du personnel ni
les censeurs.
Le nombre d’administrateurs peut paraître élevé.
Surtout, la question de la
représentation des divers administrateurs par rapport à la participation des actionnaires au
capital reste atypique :
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22
Tableau n° 1 :
Représentation au conseil d’administration
et actionnariat
% des actions
Administrateurs
% de la
représentation au
CA
Etat administrateur désigné
33,34 %
1
5,88 %
Etat administrateurs proposés
4
23,53 %
Predica prévoyance dialogue
4,62 %
1
5,88 %
Predi Rungis
33,34 %
4
23,53 %
CAA
Altarea
Alta Faubourg
Ville de Paris
13,19 %
1
5,88 %
Département 94
5,60 %
1
5,88 %
Professionnels
9,91 %
4
23,53 %
Source : SEMMARIS, calculs Cour
La ville de Paris reste sous-représentée
11
et les professionnels sur-représentés, leurs
quatre administrateurs formant presque le quart du CA (soit 2,4 fois leur participation). La
question avait été abordée lors du contrôle précédent, pour souligner que cette position
constituait une force pour la négociation en matière de
tarifs notamment, mais n’a
pas évolué
depuis 2012.
En effet, la SEMMARIS rappelle que cette répartition s’explique par la volonté
de l’Etat d’associer les grossistes à la création du MIN et au transfert des Halles de Paris.
2.2.2
La représentation de l’Etat au conseil d’administration
L’Etat est légèrement sous
-représenté, ses administrateurs constituant un peu plus de
30 % des voix par rapport à 33,34 % du capital
: il s’agit d’une conséquence des dispositions
de l’ordonnance de 2014. Depuis son entrée en vigueur, l’Etat administrateur ne peut désigner
directement qu’un représentant dans les organes délibérants des sociétés dont il détient
directement à lui seul plus de 10
% du capital (article 4), ce qu’il a fait à la SEMMARIS.
Cependant, au sein du CA des sociétés dont il détient seul directement de 10 % à 50 % du
capital, un ou plusieurs sièges, dans la limite d'un nombre proportionnel à sa participation, sont
réservés à des membres qu’il peut proposer (article 6).
11
Un mécanisme de correction existe, à l’article 11 des statuts, si la part des sièges des collectivités locales
dans le conseil est supérieure à leur part globale en capital ; dans ce cas, le nombre
total d’administrateurs désignés
doit être tel que la part des sièges des collectivités revienne à leur part dans le capital. Rien de tel si la part des
sièges est inférieure ; pourtant,
si l’on devait appliquer un mécanisme de proportionnalité, ville de P
aris et
département
du
Val-de-Marne
pourraient
disposer
de
3
sièges
(17
x
18,79
%).
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23
Appliqué à la SEMMARIS, ce système a permis de conserver le nombre antérieur
d’administrateurs de l’Etat, soit cinq, avec l’accord de l’assemblée générale pour quatre d’entre
eux. Toutefois, son application a été anticipée
12
.
Le choix de s
es administrateurs montre que l’Etat est ouvert aux expérience
s
professionnelles diverses :
- la directrice adjointe puis le directeur adjoint des participations Services et finances de
l’Agence des participations de l’Etat
, nommés par arrêtés ministériels des 3 septembre
2019 et 1
er
juin 2021 ;
-
l’administrateur le plus ancien encore en fonction, nommé par arrêté du 9 septembre
2014 et reconduit ensuite par l’assemblée générale, est président du directoire de
l’aéroport
Marseille-Provence ;
-
la directrice de l’audit et des risques du groupe La Poste jusqu’au 31 mars 2018
(retraitée depuis) avait été proposée par l’Etat en 2015
; son mandat a été accepté par
l’assemblée générale ordinaire de mai 2016 et prolongé en 2020
;
- la nouvelle directrice des affaires publiques de Veolia a été proposée pa
r l’Etat en
2019. Passée par la direction du Trésor, l’APE puis le cabinet du ministre de l’industrie
et de l’énergie avant d’entrer à Veolia en 2012
;
- enfin le chef du service Compétitivité et performance environnementale de la DGPE
au MAA, a été proposé début 2018.
Les administrateurs de l’Etat ne comptent donc plus que deux représentants ministériels
« fonctionnaires en poste
» sur cinq, l’un pour le ministère de l’économie et des finances et
l’autre pour le ministère chargé de l’agriculture (soit les
ministères de tutelle), au lieu de trois
auparavant. L’Etat, par ses dernières propositions de représentants à l’assemblée générale, a
montré une volonté de diversifier les profils mais se prive de représentants de services utiles à
la résolution de difficultés, notamment les problèmes fonciers
13
.
Consultée sur les modalités de travail au sein de la représentation de l’Etat, l’APE a fait
savoir qu’elle travaillait «
main dans la main
» avec la DGPE de même qu’avec les collectivités
locales
; elle dit s’inter
roger à ce stade sur la nécessité de consulter, ponctuellement ou plus
12
L’article 34 de l’ordonnance fixait au lendemain de la première assemblée générale ordinaire (AGO)
qui suit le 1
er
janvier 2017 l’application de son titre II relatif à la gouvernance. Lors du CA du 26 novembre 2015,
le président a proposé d’en anticiper l’application comme l’article 34 en offre la possibilité aux sociétés où l’Etat
détient moins de la moitié du capital, au motif que «
cette anticipation apparaît utile pour assurer la continuité
des mandats des représentants de l’Etat au sein de la SEMMARIS
». Cette proposition, aboutissant à avancer le
changement de mode de désignation des administrateurs représentant
l’Etat à l’AGO suivant le conseil, soit à
l’AGO du 31 mai 2016 et au début du deuxième mandat du président, a été adoptée à l’unanimité.
13
Pour rappel, la Cour avait recommandé, dans le rapport particulier précédent, que «
l’Etat définisse les
objectifs st
ratégiques qu’il entend assigner à la SEMMARIS et qu’il mette en place un pilotage organisé pour la
préparation des conseils d’administration et des échéances importantes, associant l’ensemble des services
intéressés par l’activité de la SEMMARIS, y compri
s sur les questions foncières
» (Recommandation n° 3). Le
texte du rapport avait mentionné la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS)
pour représenter
l’Etat en tant que concédant, la
direction générale de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes (DGCCRF)
du fait des missions de contrôle qu’elle exerce sur les entreprises du MIN
ainsi
que les services vétérinaires (direction générale de l’alimentation
- DGAL).
L’arrivée d’un nouveau PDG était
également perçue comme l’occasion de conforter l’engagement de l’Etat dans l’entreprise.
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D’INT
ERET NATIONAL DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
24
régulièrement, la région Ile-de-France en raison de ses prérogatives économiques croissantes et
des nécessités de l’aménagement du territoire.
La DGPE, de son côté, confirme échanger beaucoup et sans formalisme avec l’APE
depuis 2018, sur les ordres du jour du CA et les
retours d’information provenant notamment
des comités de gouvernance connexes (cf. 2.3.2.). Il y aurait convergence de vues sur de
nombreux sujets, y compris les points de vigilance. A la différence de l’APE, le représentant
de la DGPE ne participe toutefois pas au plus important de ces comités.
Tout cela
n’indique pas une structuration forte de la représentation de l’Etat au conse
il,
ni une préparation en amont et efficace des dossiers importants pour l’Etat.
L
’APE
fait valoir que son représentant au CA, seul représentant direct
de l’Etat
, veille
à maintenir un dialogue régulier avec les administrateurs proposés par l’Etat
et plus
particulièrement la présidente du comité d’audit
; t
outefois, en accord avec la DGPE, l’APE
souhaite à l’avenir intensifier la coordination entre les deux services par une réunion régulière
entre les équipes en amont des comités et plus seulement des administrateurs, cela dès les
prochaines échéances.
Cette position est confirmée par le MAA, qui précise qu’afin d’aller plus
loin, DGPE et APE comptent davantage formaliser leurs relations en instituant un calendrier de
réunions régulières impliquant les équipes au-delà de leurs deux administrateurs.
2.2.3
Les modalités du contrôle de l’Etat
L’Etat n’utilise pas les moyens de contrôle qui restent
à sa disposition.
2.2.3.1
Le commissaire à l’aménagement du MIN de la région parisienne
Cette mission a été confiée au préfet du Val-de-Marne, en pratique au sous-préfet de
l’Haÿ
-les-Roses, par le décret n° 61-836 du 22 juillet 1961. Le commissaire a mené les
opérations de cession et d’aménagement et depuis
, doit être consulté sur tout projet
d’aménagement et d’implantation d’instal
lations industrielles ou commerciales intéressant la
zone pour en vérifier la compatibilité avec les activités du MIN. En pratique, il n’a plus de
responsabilité que sur la portion des terrains de l’Etat relevant de sa compétence (environ 60
%
de la superf
icie du MIN) ou sur les questions relevant du périmètre de l’enceinte du MIN, même
s’il conserve des pouvoirs importants sur la zone B (cf.
1.4.).
La sous-préfète intervient régulièrement
au conseil d’administration
pour rappeler, aux
professionnels que la
mise à disposition gratuite par l’Etat de ses propres terrains ou de ceux
qui lui ont été concédés permet de maintenir des tarifs de loyers bas, et aux actionnaires que la
SEMMARIS a une mission de service public qui lui permet peu d’intervention
s étrangères à
cette mission. Elle informe également le conseil des évolutions du territoire Grand-Orly-Seine-
Bièvre (réflexion stratégique partagée entre les établissements publics
14
, les entreprises et les
collectivités locales pour mixer les activités de la zone, transition écologique, enjeux de la ligne
14
Dont l
’établissement public d’aménagement Orly
-Rungis-Seine amont (EPA ORSA), à la gestion
fédérée depuis le 1
er
novembre 2017 avec Grand Paris Aménagement, établiss
ement public de l’Etat à caractère
industriel et commercial.
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25
de fret ferroviaire Perpignan-Rungis), ou souligne la coloration culturelle du MIN depuis que
le « repas des Français
» a fait l’objet d’un classement de l’UNESCO au patrimoine immatériel
de l’humanité.
L
e commissariat bénéficie, par l’intermédiaire du programme 333 «
Moyens mutualisés
des administrations déconcentrées » des financements nécessaires au paiement des loyers à la
ville de Paris et au département du Val-de-Marne d
es terrains concédés à l’Etat par l’ancien
département de la Seine
15
. Ces loyers représentent chacun 35 618,19
€ par an et n’ont pas été
revalorisés depuis les années 1960. S
’ils l’étaient à la valeur économique actuelle de la zone,
les crédits octroyés à la préfecture seraient largemen
t insuffisants, mais les collectivités n’ont
jamais utilisé la possibilité de la révision des loyers dus. C’est une chance pour les finances de
l’Etat, mais aussi pour les finances de la société, car la convention de 1967 ne lui demande le
versement que d’un franc symbolique pour la mise à disposition de l’ensemble des terrains et,
par contrecoup, pour les opérateurs du marché
: ces loyers n’ont donc pas à être répercutés dans
les loyers et redevances appliqués à ces utilisateurs finaux. Toutefois, leur niveau étant resté
particulièrement faible, cette répercussion n’aurait en réalité que peu de conséquences
financières, et la prise en charge par ces utilisateurs finaux permettrait de régler une anomalie
juridique, l’Etat étant contraint de prendre en charge
les loyers à la place de la société.
2.2.3.2
L’absence de mobilisation d’autres instances de contrôle de l’Etat
Il s’agit respectivement du commissaire du gouvernement et du «
contrôleur d’Etat
»,
auxquels la convention de 1967 toujours en vigueur fait référence.
Dans les sociétés dans lesquelles il dispose d’un représentant en application de l’article
4
de l’ordonnance de 2014, le ministre de tutelle «
peut désigner
» un commissaire du
gouvernement (article 15 de l’ordonnance)
.
Non seulement le ministre de l’écon
omie et des
finances ne l’a pas fait depuis 2014, mais la suppression de la fonction est en fait
ancienne. Or,
la convention la prévoit expressément et, en conformité avec l’ordonnance, cette mission
devrait être mise en place.
Par ailleurs, le contrôle d’Etat s’est mué en contrôle général économique et financier
(CGEFI) en 2005, et relève des dispositions du décret n° 55-733 du 26 mai 1955 modifié.
L’article 2 du décret prévoit que «
peuvent être soumis au même contrôle par décret contresigné
par les ministres chargés de l'économie et du budget
1° les organismes ou entreprises de toute
nature exerçant une activité d'ordre économique et bénéficiant du concours financier de l'Etat
sous une forme quelconque, notamment sous forme de participation en capital, de subvention,
de prêt, d'avance ou de garantie »
, ce qui est le cas pour SEMMARIS.
Or, la mission de «
contrôle d’Etat
» est de fait supprimée depuis 2004
16
. S
’agissant des
entreprises et organismes relevant de la compétence de l’APE (article 4 du décret de
1955
modifié), c
ela n’est autorisé que par décret contresigné par les ministres chargés de l’économie
15
Par décret du 9 septembre 1970 portant dévolution des biens, droits et obligations de l’ancien
département de la Seine, les terrains concédés par le département de la Seine à l’Etat par la conv
ention du
17 décembre 1964 sont transférés au département du Val-de-Marne, mais «
les produits et charges résultant de
ladite convention seront répartis par moitié entre le département du Val-de-Marne et la ville de Paris
».
16
Date du départ à la retraite
du dernier contrôleur d’Etat. La SEMMARIS n’explique l’absence de
contrôle d’Etat que par l’ouverture du capital en 2007.
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D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
26
et du budget, ces entreprises et organismes demeurant alors soumis aux vérifications de
l'inspection générale des finances. Aucun décret exonérant la SEMMARIS de ce contrôle
expressément prévu lui aussi par la convention de 1967 n’a toutefois été présenté à la Cour.
Dès lors, la SEMMARIS fait partie des organismes soumis au contrôle du CGEFI, qui
porte sur l’activité économique et la gestion financière de
l’
entreprise. I
l a pour objet d’analyser
ses risques et d'évaluer sa performance, tout en veillant aux intérêts patrimoniaux de l'Etat,
importants dans le cas du MIN de Paris-Rungis puisque, non seulement 60 % des terrains sur
lesquels le MIN est installé lui appartiennent, mais également parce que, du fait de la convention
de 1967, les bâtiments, constructions et installations sont propriété de l’Etat dès leur édification
ou acquisition sur ces terrains et ceux qui lui ont été concédés par la département de la Seine.
L’APE a indiqué
avoir pris bonne note de la recommandation de la Cour et procéder à
l’examen de l’opportunité du renforcement du contrôle de l’Etat sur la société, par exemple par
présence du CGEFI au CA. La direction du budget (DB) a aussi accueilli favorablement la
proposition de la Cour, pour plusieurs raisons :
-
«
d’une part, en l’absence de décret soumettant la société aux vérifications de
l’insp
ection des finances, il ressort que la SEMMARIS devrait, par défaut, être soumise
au contrôle économique et financier du CGEFI »
;
- dans le cadre de l
’«
appel à idées
» de la SEMMARIS sur le triangle de Gonesse (projet
dénommé « Agoralim »),
l’Etat doit se doter
«
des moyens de veiller à ses intérêts,
notamment patrimoniaux
, et «
évaluer la pertinence de la valorisation des biens
immobiliers inscrits à l’actif du bilan à leur coût historique
» ;
- enfin «
la démarche de gestion des risques reste perfectible
», puisque «
la société
devrait être en mesure de mettre à jour annuellement sa cartographie des risques
».
Selon la DB,
soumettre la SEMMARIS au contrôle du CGEFI permettra ainsi également
de diffuser les bonnes pratiques en matière comptable et financière
».
Recommandation n° 1.
(MEFR - 2022) Soumettre la SEMMARIS au contrôle général
économique et financier (CGEFi).
2.3
Une autonomie croissante de la société
Le changement de présidence de la société en faveur de
l’administrateur
proposé par
l’Etat début 2012 s’est produit au cours du précédent contrôle de la Cour.
Son mandat a depuis
été constamment renouvelé par les assemblées générales (8
èmes
résolutions des AGO des 30 mai
2012, 31 mai 2016 et 2 juin 2020), et il a également été, à deux reprises, réélu président
(délibérations n° 2016-009 du CA du 31 mai 2016 et n° 2020-008 du CA du 2 juin 2020).
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
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D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
27
Le président est
aussi directeur général de la SEMMARIS, possibilité ouverte par l’article 20
des statuts
17
.
2.3.1
Les feuilles de route
L’idée de la lettre de mission a été abandonnée dès le CA du 11 octobre 2012, qui retrace
les débats et l’accord autour d’une «
feuille de route » discutée entre actionnaires lors du
séminaire stratégique du 13 septembre 2012
; en revanche, il n’a plus jamais été question d’un
contrat d’objectif et de moyens.
La SEMMARIS insiste sur le fait que l’Etat ne détient plus qu’un tiers de ses actions,
que son PDG n’est plus nommé par voie réglementaire et qu’il n’est pas d’usage d’adresser une
lettre de mission à un CA comprenant différents actionnaires privés.
Elle précise qu’il
serait
«
pratiquement impossible aux administrations de tutelle d’évaluer
les orientations avant tout
commerciales et techniques d’une société dont la mission principale est l’aménagement,
l’entretien, la commercialisation et l’exploitation des halles du marché de Rungis
» et, «
en tout
état
de cause, le contrôle de l’Etat concédant devrait se concentrer sur l’exercice par la
SEMMARIS de la mission confiée par l’Etat concédant et non sur la gouvernance ou la gestion
stratégique de l’entreprise
». Pour la société, les objectifs annuels sont fixés au PDG par ses
divers comités.
La direction générale propose en conséquence des feuilles de route qui sont discutées et
approuvées par le CA. Même si les débats peuvent être riches, la proposition est un atout
considérable puisqu’elle oriente la discussion
; cette initiative devrait d’ailleurs revenir à l’Etat,
comme la recommandation n°
6 du rapport précédent l’avait établi dans le cadre des «
sujets à
traiter dans la perspective de l’échéance du traité de concession en 2034
».
Trois documents ont été fournis sur la période : 2012/2016 (travaux demandés par le
CA et étudiés en séance le 21 février 2012), 2017/2020 (réflexion issue du séminaire stratégique
de Milan - Exposition universelle - des 24 et 25 septembre 2015) puis 2020/2035 (réflexion
issue du séminaire stratégique de Rome - Nuit du cinéma - des 19 et 20 septembre 2019). Il ne
s’agit que de
présentations préparées par la direction générale, aucun document formalisé ni
aucune validation du conseil n’ont été fournis autre que le procès
-verbal de la séance associée
après débat entre administrateurs.
La dernière période prévue dépasse le cadre du mandat de l’actuel Président en
envisageant des perspectives financières à seize ans ; la feuille de route correspondante est
d’ailleurs dénommée «
document d’orientation
» (cf. 3.3.).
La « feuille de route » 2012/2016 est découpée en trois enjeux (« Soutenir le marché
physique », «
Développer l’offre de services
» et « Créer de nouveaux relais de croissance »),
17
Seules les délibérations de 2012 (adoptée avec une voix contre et deux abstentions) et de 2020 (adoptée
à l’unanimité) précisent que
M. Layani
s’est abstenu, celle de 2016 n’en faisant pas état. Elles n’indiquent en
revanche pas s’il s’est retiré de la salle du conseil.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMEN
AGEMENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
28
étudiés à travers l’examen du contexte et des projets. Ceux
-ci sont généraux
18
: aucun objectif
individualisable n’est donné et aucun indicateur ne permet de vérifier son exécution. Le procès
-
verbal du conseil du 21 février 2012 montre en fait qu’il s’agit d’un «
plan d’affaires
» élaboré
avant l’arrivée de M.
Layani, reprenant les investissements souhaitables à long terme «
au
regard du traité de concession dont l’échéance est fixée au 29 avril 2034
», et que les débats
ont surtout porté sur la nécessité ou non de mettre l’amortissement résiduel des équipements à
la charge des repreneurs en fin de concession (biens de reprise et biens de retour), ce qui posait
la question de la réponse des grossistes potentiellement repreneurs et, en filigrane, celle des
amortissements de caducité.
Le bilan effectué dans la présentation de la feuille de
route 2012/2016 n’est pas plus
précis. Le procès-verbal du conseil du 11 octobre 2012 évoque bien les indicateurs de suivi qui
«
seront proposés avant la fin de l’année 2012
», l’APE se déclare intéressée à participer à leur
définition s’agissant notamment des aspects financiers, mais ces indicateurs n’ont pas été
fournis à la Cour
19
. De même, l’objectif du séminaire de 2019 était de présenter «
les grands
axes de développement de 1a SEMMARIS à l’horizon 2035
», au nombre de quatre (cf. 3.3.).
Il s’agit do
nc des orientations stratégiques de la mission de la SEMMARIS, impulsées
par son PDG et non par l’Etat.
L’instruction n’a
toutefois
pas permis d’établir que l’Etat se
saisissait de ces séminaires auxquels il est associé pour formaliser ses attentes stratégiques.
Sur ce point, l’APE
«
étudi[e]
actuellement l’opportunité d’une plus grande
formalisation des attentes de l’Etat, qui pourrait prendre la forme d’une convention avec la
société dans le cadre du projet Agoralim
» (démarche de co-construction des différents services
de l’Etat avec suivi au niveau des services du P
remier ministre).
Selon le MAA, «
le portage des orientations stratégiques que l’Etat souhaite défendre
vis-à-
vis de la SEMMARIS relève de la responsabilité des représentants de l’Etat siégean
t au
CA
», alors que «
l’Etat n’est qu’actionnaire minoritaire
de la société
.
Dans ce contexte il n’est
pas envisageable pour l’Etat seul d’assigner au PDG des objectifs au moyen d’une lettre de
mission »
. L’importance du projet Agoralim par rapport au périmètre et au fonctionnement
actuel du marché lui semble néanmoins, «
l’occasion d’envisager une forme de
contractualisation entre l’Etat et la société autour des obligations et attentes au regard des
miss
ions de service public qui lui sont assignées. Le MAA s’associera à l’APE pour approfondir
cette piste qui ferait écho à la recommandation de la Cour
».
18
Par exemple « Modernisation du secteur fruits et légumes avec rentabilité attendue », « Restructuration
du secteur Horticulture & Décoration
: optimiser le nombre d’opérateurs fleurs et plantes pour une offre puissante
et concentrée ; dégager des ressources foncières pour des activités logistiques liées ou non au secteur »,
«
Optimisation des conditions d’achat des cli
ents du marché physique (péages et parking notamment) », ou encore
« Meilleure prise en compte, dans les tarifs, des résultats de la comptabilité analytique et de la valeur locative de
marché de chaque bâtiment » et « Renouvellement des opérateurs présents. Réflexion sur
d’autres
formats de
distribution ».
19
Les réponses au premier questionnaire ont seulement indiqué que «
les indicateurs financiers suivis
mensuellement sont le taux d’occupation du marché, le chiffre d’affaires (CA), l’excédent brut d’explo
itation
(EBE) et le ratio EBE/CA, les investissements du domaine concédé et le suivi du recouvrement clients.
(…).
Outre
ces indicateurs, d’autres indicateurs opérationnels sont en place
: suivi des volumes d’arrivages dans les
entreprises (suivi quotidien, hebdomadaire ou mensuel selon les entreprises)
; suivi annuel des chiffres d’affaires
des entreprises qui constitue le volume d’affaires du marché
; suivi de la fréquentation du marché (passages aux
péages, en distinguant les typologies d’usagers
: acheteurs, concessionnaires, prestataires ; suivi de la base
acheteurs de Rungis Accueil (nombre de clients actifs, création de comptes, renouvellement) ».
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
29
En revanche, la direction du budget accueille de nouveau favorablement cette
recommandation de la Cour car «
il importe que l’Etat, en tant qu’actionnaire principal,
se dote
d’indicateurs de suivi précis permettant de veiller à son intérêt économique
. En la matière, le
contrôle du CGEFI peut également s
’a
vérer déterminant, comme
il l’a (…)
été dans le champ
agricole lors de la né
gociation du COP 2021 de l’APCA
»
.
Il importe donc que soit dégagée une vision commune des intérêts de l’Etat par rapport
à la SEMMARIS.
Recommandation n° 2.
(MAA et MEFR - 2022) Définir les objectifs stratégiques de
l’Etat
vis-à-vis de la SEMMARIS et le
s assortir d’indicateurs de suivi.
2.3.2
Les comités
du conseil d’administration
Ces comités sont au nombre de deux
: comité d’audit (ex comité financier
, formation
financière restreinte du CA), et comité des nominations et des rémunérations créé en 2012. Le
fonctionnement et les apports de ces comités seront examinés dans les parties ou sous-parties
thématiques intéressées, mais il faut d’ores et déjà souligner que le PDG de la SEMMARIS
préside le comité des investissements, comité de gouvernance interne, selon la note de service
du 8 juin 2012.
En revanche, le comité d’audit est actuellement présidé par l’administratrice venant de
Veolia, qui a également repris cette fonction de son prédécesseur dans ce mandat de
représentant de l’Etat. Il ne semble pas
que le premier ait travaillé sur les hypothèses des
séminaires stratégiques, en tout cas ses comptes rendus
n’en font pas état
; en revanche, il
examine les investissements successifs, notamment au regard de leur rentabilité interne.
Quant au comité des nominations et rémunérations créé en 2012 comme le comité des
investissements, il est actuellement présidé par l’administrateur d’Altarea. Sa composition est
de quatre administrateurs depuis le 2 juin 2020, alors que son règlement intérieur du
4 avril 2013 en prévoit six : il faudra donc, soit procéder à des nominations complémentaires,
soit revoir la rédaction du règlement intérieur. La Cour
prend note de l’intention de la
SEMMARIS de traiter ce point
lors d’un prochain CA
.
2.3.3
La gestion des ressources humaines
Parallèlement à la nouvelle modification de l’actionnariat, l’organisation des services
de la SEMMARIS a été entièrement revue en 2018 et a contribué à l’augmentation de la masse
salariale avec de nouveaux recrutements.
2.3.3.1
La réorganisation managériale
Le
président s’
est entouré
d’un directeur général
-adjoint, de deux directeurs exécutifs
Opérations et Stratégie, du directeur financier et d’une directrice de cabinet.
LA SOCIETE D’ECONOMI
E MIXTE
D’AMENAGEMENT ET DE
GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
30
Sont créées six « business units (BU) » dépendant deux par deux du directeur général-
adjoint (Marché de Rungis - seule « direction
» évoquée à l’article 24 des statuts
-, et Directions
support), du directeur exécutif Opérations (Immobilière et International) et de la directrice
exécutive Stratégie (Développement, innovation et transformation et MIN de région), les buts
recherchés
étant de coordonner, impulser et faciliter la mise en œuvre des axes stratégiques
définis par la direction générale (cf. éléments relatifs aux ressources humaines en annexe n° 2)
et d’améliorer le fonctionnement autrefoi
s cloisonné de la société.
Dans le cadre de cette réorganisation, le PDG a recomposé le comité stratégique qui
définit la stratégie des cinq BU hors MIN de Rungis avec le directeur général-adjoint et les
directeurs exécutifs Opérations et Stratégie ; la directrice de cabinet et de la communication et
le directeur financier y sont systématiquement invités.
Le président a également recomposé le comité exécutif (COMEX) de la société, avec
les membres du comité stratégique, le directeur financier, les deux directeurs de BU
International et Immobilière, la directrice des affaires juridiques et générales, le directeur
commercial, la directrice des ressources humaines.
La Cour s’était étonné
e que la directrice du
marché de Toulouse en fasse partie selon le document mis à jour le 5 février 2021, car son
contrat de travail dépend du groupement LUMIN’Toulouse et non de la SEMMARIS
; il a été
précisé qu’elle ne fait pas partie du COMEX, mais qu’elle y est invitée
intuitu personae
afin de
coordonner l’action des deux marchés
.
Le PDG a réorganisé son équipe sans demander au CA, sur sa proposition en tant que
directeur général, de nommer une ou plusieurs personnes physiques - dans la limite de cinq -
chargées de l’assister avec le titre de
directeur général délégué (article 20 III des statuts), par
exemple les deux directeurs exécutifs Opérations et Stratégie. C
’est alors le conseil
d’administration qui aurait déterminé l’étendue et la durée des pouvoirs conférés aux directeurs
généraux délégués ainsi que leur rémunération, et non le président lui-même ; le conseil aurait
ainsi eu un contrôle direct sur les activités les plus importantes actuellement à la SEMMARIS,
c’est
-à-
dire le plan d’investissements et la DSP du MIN de Toulouse.
2.3.3.2
La hausse des effectifs et des avantages accordés aux salariés
La SEMMARIS n’est pas soumise à une convention collective du fait de sa constitution
historique, qui a donné à son personnel des statuts approuvés par arrêtés interministériels de
1975 et 1977. Toutefoi
s, alors, la part de l’Etat était majoritaire au capital
; le régime de
l’actionnariat ayant profondément évolué, il n’existe plus de raison impérative de conserver un
statut et de ne pas se soumettre à une convention collective, la SEMMARIS se présentant
d’ailleurs dans ses accords collectifs d’intéressement comme un simple «
gestionnaire
immobilier ».
Le règlement intérieur du personnel datant de 1993 a été actualisé en 2019.
Sur la période 2011 à 2019, l’effectif passe d’une moyenne mensuelle de 210 à 25
0
salariés (259 en 2020) pour accompagner l’évolution du MIN, soit une croissance de 19,05
% ;
la césure se place en 2015-2016, vraisemblablement pour la mise en place des plans
d’investissements. Parallèlement, les dépenses en matière de ressources humain
es croissent de
48,26 %, ce qui est dû essentiellement à deux postes : la masse salariale (+47,09 %), et
l’ensemble intéressement (+52
%), participation (+ 141 %) et épargne salariale (abondement
du plan d’épargne d’entreprise PEE, +212
%) :
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
31
Tableau n° 2 :
Effectifs et flux financiers destinés aux salariés
Effectifs
moyens
mensuels
Masse
salariale
dont
primes
Charges
sociales et
avantages
sociaux
Dont
intéres-
sement
Dont PEE
Partici-
pation
Total
2011
210
10 051 512
6 052 062
503 353
186 787
426 528
16 530 102
2012
209
11 205 854
6 707 559
445 958
297 516
547 108
18 460 521
2013
209
11 196 832
6 698 867
521 620
231 187
757 631
18 653 330
2014
213
10 891 326
6 788 913
693 608
269 325
726 886
18 407 125
2015
217
11 680 721
6 735 589
335 009
299 662
1 188 173
19 604 483
2016
222
12 277 462
7 531 888
504 300
466 081
1 163 061
20 792 411
2017
225
12 829 737
7 742 782
650 901
494 281
1 037 356
21 609 875
2018
232
13 432 684
8 118 371
895 350
502 178
824 954
22 376 009
2019
250
14 784 592
8 695 747
763 286
582 574
1 027 324
24 507 663
Evolution
2011-
2019
+19,05 %
+ 47,09 %
+ 43,08 %
+51,64 %
+211,89 %
+
140,86 %
+ 48,26°%
Source
: Rapports d’activité, calculs Cour
Face à ce constat, la SEMMARIS estime qu’entre 2011 et 2019 les charges de personnel
sont restées stables par rapport au chiffre d’affaires
(18,5 % en moyenne, mais sans compter la
participation)
. En 2018, la société a fait le choix d’internaliser la surve
illance du marché, ce qui
expliquerait
en grande partie l’évolution de l’effectif moyen
depuis 2017, 2019 étant la première
année pleine de l’internalisation de la surveillance.
Elle précise que le ratio chiffre
d’af
faires /effectif moyen mensuel a évolué à la hausse depuis 2011, passant de 435 295
€
en
2011 à 486 888
€
en 2020, soit une hausse de près de 12 % : les recrutements se sont donc
accompagnés d’un accroissement du chiffre d’affaires moyen dégagé par l’effectif. L’évolution
de l’effectif et de la masse salariale est également à mettre en parallèle avec l’évolution du
nombre d’acheteurs qui a cr
û de 20 % entre 2011 et 2019.
L
’évolution de la masse salariale de 2011 à 2019 provient
également
d’un effet qualité
dû à l’accroissement de la proportion de
cadres
20
et, s’agissant des rémunérations, des
appointements (+42 %), des heures supplémentaires (+70 %), et des primes (+82 %).
Sur les appointements, passés de 8,2
M€ à 11,7
M€ sur la période, il existe un effet
volume des recrutements et un effet revalorisation des points. La rémunération des salariés de
la SEMMARIS est encadrée par une grille de rémunération, chaque emploi étant lié à un statut
et une échelle découpée en échelons. À chaque échelon est affecté un nombre de points qui
définit la rémunération des salariés ; certains bénéficient de points personnels qui viennent
s’ajouter aux points de leur statut/échelle/échelon/indice pour moduler le calcul de leur
rémunération annuelle de base.
Les négociations salariales annuelles ont constamment revalorisé la valeur du point : de
6,48685 jusqu’à l’indice 623, 6,06024 entre les indices 624 et 850 et 5,50911 au
-delà au
1
er
octobre 2011, cette valeur est au 1
er
octobre 2020 de 7,31329 jusqu’à l’indice 623,
20
Sur la période 2011 à 2020, les cadres sont passés de 115 à 170 salariés (+47,83
%), alors que l’effec
tif
des agents de maîtrise est resté stable à 61 salariés et que les employés ont diminué de 31 à 26 salariés.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
32
6,83233 entre les indices 624 et 850 et 6,21098 au-delà. Ceci représente une augmentation de
la valeur du point en neuf ans de 12,74 %. Parallèlement, le nombre de points dégagés pour les
augmentations individuelles est passé de 1 100 à 1 800.
Quant aux primes, elles sont passées de 1,273
M€ en 2011
(15,47 % des appointements)
à 2,319
M€ (19,79
% soit une augmentation relative de 28 %), sans oublier la prime de pouvoir
d’achat
en 2018 de 97 250
€ et une nouvelle prime exceptionnelle versée avec la paie d’août
2020
21
. La politique salariale de la SEMMARIS est donc clairement orientée vers une
revalorisation des salaires et des rémunérations accessoires.
Se rajoute à ce premier ensemble deux accords collectifs d’entreprise instituant des
garanties complémentaires, l’une de remboursement de frais médicaux
, obligatoire mais
avantageuse pour les salariés qui ne règlent que 40 % des cotisations (le second membre du
couple étant couvert en qualité d’ayant
-
droit), l’autre de prise en charge des risques incapacité,
validité et décès, obligatoire et avantageuse elle aussi (exonération totale de cotisation des
salariés sous le plafond de la sécurité sociale, prise en charge des cotisations à 50 % par la
société entre 1 et 4 fois le même plafond).
Enfin, le triptyque épargne salariale/ intéressement (fonctio
n de l’
atteinte des
objectifs)/participation (fonction du bénéfice), mis en place pour la première en 2000 et les
deux autres en 2011, a été largement développé en raison de l’évolution des résultats de la
SEMMARIS d’une part, et de l’accroissement de l’abondemen
t de celle-
ci au PEE d’autre part
;
on observe sur la période plus qu’un triplement de cet abondement volontaire.
Il faut par ailleurs noter que l’intéressement est calculé en fonction de trois critères
:
l’évolution du résultat d’exploitation
(plus préci
sément de l’EBE)
, la maîtrise du recouvrement
des créances et le taux d’occupation des surfaces louables.
Compte tenu de la multiplicité des
critères, la rupture dans le recouvrement des créances en 2020
n’a pas
conduit à sa diminution
cette année-là. Par
ailleurs, l’intéressement plus la participation sont plafonnés à 14
% de la
masse salariale brute en 2018 et à 14,5 % en 2019 et en 2020, ce qui a été vérifié.
Le salaire moyen (dont primes) est ainsi de 59 138
€ en 2019 hors intéressement, PEE
et participation, éléments qui ajoutent un montant moyen par salarié de 9 493
€. Il est difficile
de comparer la situation des salariés de la SEMMARIS, société d’économie mixte à statut
; il
ressort toutefois des éléments dont dispose la Cour que des sociétés privées à convention
collective de taille supérieure (environ 400 salariés) enregistraient une rémunération moyenne
inférieure (environ 57 000
€
, certes en 2017), mais avec un montant moyen brut
d’intéressement/ participation très inférieur (250
€
toujours en 2017), année au cours de laquelle
la rémunération moyenne à la SEMMARIS, tous éléments compris, était de 66 721
€, soit 16
%
supérieure.
Les frais de mission et de déplacement et les frais de représentation sont remboursés au
réel sur présentation des factur
es et de l’ordre de mission, en application de diverses procédures
prévues par une charte. Ils doivent être raisonnables et justifiés, et sont soumis à validation du
supérieur hiérarchique, de la direction financière, et du président de la SEMMARIS.
21
Les primes de partage des profits, liées à l’attribution de dividendes aux actionnaires, ont été
abandonnées après 2014 ; la participation est alors passée de 726 886
€ en 2014 à
1 188 173
€ en 2015
.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
33
2.3.3.3
Les rémunérations les plus élevées
Les dix rémunérations les plus importantes concernent le PDG, les deux directeurs
exécutifs, le directeur général-adjoint, le directeur financier, le directeur des grands travaux, la
directrice des affaires juridiques et trois directeurs de BU (Immobilière, Innovation et
International). Le total de ces rémunérations atteint 1 815 945
€ en 2019
hors remboursement
de frais, ce qui paraît élevé dans une société telle que la SEMMARIS.
La société fait toutefois valoir que la part des dix meilleures rémunérations dans la masse
salariale totale est en nette diminution sur la période de contrôle, passant de 9,1 % de la masse
salariale totale en 2011 à 7,7 % en 2019 :
Tableau n° 3 :
Ratio des dix meilleures rémunérations/ charges de personnel
Source : SEMMARIS
Selon l’article 16 des statuts, le CA détermine le montant de la rémunération du
président «
s’il y a lieu
». Cette condition semble recouvrir le cas où le président est également
directeur général.
La rémunération du PDG
est composée d’une part fixe et d’une part variable,
déterminées toutes deux désormais par le comité des nominations et des rémunérations, installé
le 11 mars 2013 et validées en CA. La part variable est calculée en fonction de
l’accomplissement des objectifs annuels fixés a
u PDG ; basée sur la réalisation des objectifs
des feuilles de route pluriannuelles, elle dépend de critères quantitatifs et qualitatifs à peu ou
mal articulés avec les feuilles de route.
A l’issue d’un
examen par la Cour des modalités de fixation de la rémunération du
président, deux
observations s’imposent
:
- sur le plan formel,
rien n’indique
dans les PV du CA que le président
n’a pas pris part
au vote lors des délibérations le concernant. La SEMMARIS a indiqué avoir pris note du fait
que «
cette mention devra être systématiquement indiquée dans les PV à l’avenir
» et a fourni
le PV du CA du 4 mai 2021 où c
ette situation a pour la première fois fait l’objet d’une
observation de la part de l’administratrice de l’APE
et conduit le président à sortir de la salle
du conseil. En revanche, elle ne prévoit pas de modifier les statuts
en s’appuyant sur le fait que
l’article 4 de la charte de l’administrateur prévoit les conséquences d’un conflit d’intérêt
;
- le président perçoit 100 % de sa rémunération variable presque chaque année. Sa
rémunération globale peut dès lors
être considérée comme élevée pour une société d’environ
250 salariés, notamment par comparaison avec le plafond brut de rémunération de 450 000
€
de
s présidents de CA fixé à l’article 3 III du décret
n° 53-707 du 9 août 1953 modifié relatif au
contrôle de l'Etat sur les entreprises publiques nationales et certains organismes ayant un objet
d'ordre économique ou social.
En €
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Charges de personnel
16 103 574
17 913 412
17 895 699
17 680 239
18 416 310
19 809 351
20 572 519
21 551 056
23 480 339
Top 10
1 473 223
1 694 211
1 283 705
1 311 095
1 445 591
1 561 476
1 606 794
1 834 119
1 815 945
Ratio Top 10 / charges de personnel
9,1%
9,5%
7,2%
7,4%
7,8%
7,9%
7,8%
8,5%
7,7%
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
34
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Les changements successifs de gouvernance au sein du conseil d’administration de la
SEMMARIS ont modifié
la situation de l’Etat, actionnaire à hauteur de 33,34
% et donc
titulaire d’une simple minorité de blocage
: ayant abandonné un actionnariat majoritaire à
près de 70 %
, il n’a pas renoncé
à sa participation au capital de la société comme cela était
prévu au milieu des années 2000.
Cette évolution se double de la sous-utilisation des instruments traditionnels dont il peut
disposer. Mais le dialogue entre les
services représentés au conseil d’administration n’est pas
suffisant pour fonder les orientations stratégiques que l’Etat doit donner à la société, à qui a
été confiée une mission concourant à la sécurité alimentaire du pays.
La société a procédé à un
e réorganisation managériale qui s’est accompagnée d’un
accroissement des effectifs. Celui-
ci a entraîné une hausse de la masse salariale, assortie d’un
large développement de l’épargne salariale, de l’intéressement et de la participation.
3
UNE DIVERSIFICATION CROISSANTE
Les efforts en faveur d’une diversification croissante s’explique
nt par la réussite
commerciale du MIN, dont l’image de marque a pris beaucoup de valeur.
La SEMMARIS a,
en particulier,
développé ses actions à l’international et s’intéresse
également à la gestion
d
’autres marchés d’intérêt national, sa première expérience en la matière
étant la délégation de
la gestion du MIN de Toulouse.
3.1
Les
activités à l’in
ternational
3.1.1
La modification des statuts de 2015
Depuis la modification des statuts lors de
l’assemblée générale mixte du 21 mai
2015,
les activités de la société ont été étendues et sa dénomination modifiée en conséquence. Outre
la construction du MIN et de ses installations et constructions accessoires et leur exploitation
dans le cadre dudit marché, la SEMMARIS est désormais autorisée à :
- commercialiser son savoir-faire et valoriser la marque ainsi que le nom de domaine en
France et à l’étranger
;
-
participer, en France et à l’étranger, à toutes opérations pouvant se rapporter à tou
t ou
partie de son objet par voie de création de sociétés nouvelles, de souscriptions ou
d’achats de titres ou droits sociaux, d’achat d’actifs, de fusions ou par toute autre voie
;
- et généralement «
à toutes opérations commerciales, industrielles, immobilières ou
financières, en France et à l’étranger, se rattachant à tout ou partie de l’objet ci
-dessus
indiqué ou à tous autres objets similaires ou connexes et susceptibles de faciliter le
développement du MIN de Rungis et de la SEMMARIS
».
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
35
La SEMMARIS
s’
éloigne
de son cœur de métier, la mission de service public
de
l’exploitation du marché
, pour chercher des relais de croissance en dehors
, ce qu’elle conteste
en estimant au contraire qu’elle le complète
.
La modification des statuts a donné lieu à débats au sein du CA du 31 mars 2015.
Certains administrateurs s’étaient interrogés sur l’opportunité d’une telle création, la jugeant
peu adaptée au MIN
; d’autres avaient insisté sur le fait
que pour toutes les missions notamment
à l’étranger, l’avis et l’
approbation du conseil soient requis, que les seuils de présentation au
CA soient révisés à la baisse afin d’éviter
«
les désagréments du passé
» (joint-venture en
Chine) et que les actions supérieures à un certain montant soient régies par le règlement
intérieur du conseil afin que, dans l’intérêt de la SEMMARIS et du M
IN, elles soient débattues
et approuvées par ce même conseil.
L’idée générale était
que les statuts ne déséquilibrent pas
les types d’activités autorisés
aux dépens de celle de marché de gros.
Même s’i
l avait pris soin de préciser
qu’il
envisageait
d’entériner une réflexion
sur la
révision du règlement intérieur
22
, le président a confirmé sa volonté de soumettre la résolution
correspondante à l’AGM
.
L’engagement sur le fait
que les décisions de participer à la gestion
de marchés ou de prise de participation financière à l’étranger seront approuvées au cas par cas
par le CA ne sera de nouveau évoquée que lors du CA du 2 octobre 2019.
Par ailleurs, la dénomination de la société est désormais multiple («
Société d’économie
mixte d’aménagement et de gestion du marché d’intérêt national de la région parisienne
» -
SEMMARIS, ou encore «
Société anonyme d’économie mixte d
u marché international de
Rungis »), comme son nom commercial (« Rungis Marché international » ou « Marché
international de Rungis »), ce qui peut nuire à leur clarté et à leur signification et par voie de
conséquence à la facilité de leur protection juridique.
3.1.2
Conseil, « joint-ventures » et licence de savoir-faire
La SEMMARIS développe depuis longtemps des missions de conseil à l’étranger, en
Asie (notamment en Chine et en Inde), en Ukraine et en Russie, en Afrique, mais également
dans des pays européens
ainsi qu’
en France. Par exemple, la cellule de conseil de la
SEMMARIS « Rungis Consultant », service interne mis en place à cet effet, a réalisé en 2010
pour le Marché matinal de Bruxelles l’étude d’un plan de modernisation et de rénovation
d’ensemble
; au Royaume-Uni, un audit du projet de rénovation du marché de la ville de
Liverpool a été réalisé en 2014
; en Hongrie, en 2018, il s’agissait de réfléchir à un marché
destiné à l’exportation des produits hongrois vers les pays d’Europe centrale et vers l’Asie
comme point de départ des routes de la soie. Rungis Consultant propose aussi ses savoir-faire
aux marchés de gros en France, notamment en 2014 à Lille sur des sujets de vidéo surveillance
et de contrôle d’accès
; un contrat de conseil a été signé en 2016 avec la ville de Saint-Étienne
pour un diagnostic stratégique du MIN actuel, pour un montant de 13 000
€.
On constate, en lien avec la modification des statuts, une nette évolution des activités à
l’international de la SEMMARIS à compter de 2015
-2016.
22
La réflexion n’a pas été
engagée, le règlement intérieur datant du 27 novembre 2014. De même, les
seuils de présentation des projets au CA n’ont pas été abaissés depuis les demandes du groupe Alta
rea en 2007.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’IN
TERET NATIONAL DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
36
Les cas de la Chine et de l’Inde sont particuliers. La première pierre du nouveau marché
de gros de Shanghai, dont la SEMMARIS avait établi le plan d’ensemble, a été posée le
29 octobre 2007, et une convention a été signée en avril 2010 avec Shenzhen Agricultural
Products Company (SZAP) pour la création de la société mixte (joint-venture) sino-française
Shanghai Rungis Market Management Company ; le capital de cette société de 12 millions de
yuans était détenu par la SEMMARIS à hauteur de 33,4
%. L’activi
té de la joint-
venture s’est
toutefois rapidement heurtée à certaines difficultés et il a été décidé d
’
en sortir en raison de
l’impossibilité de facturer
les
prestations de conseil et en l’absence de perspectives de profit
(pertes de 75 696
€ en 2011, bénéfices d’environ 10
000
€
en 2012/2013). La SEMMARIS a
finalement vendu sa participation
à l’amiable en 2014
à Shenzhen HiGreen Investment
Management Co. Ltd qui en détenait déjà 20 % -sans
que la Cour n’ait de
précision sur le
résultat financier de cette opération- et a
retrouvé sa liberté d’action ainsi que les droits
d’utilisation de sa marque.
La SEMMARIS avait signé en juin 2010 un contrat d’étude avec le ministère de
l’agriculture de l’Etat de l’Haryana pour l’étude et la maîtrise d’œuvre d’un marché de gros à
Ganaur. Les études ont démarré dès septembre 2010, mais il a été décidé de ne pas prolonger
l’activité de conseil sur le projet de plateforme dans le
nord-o
uest de l’Inde du fait de l’absence
de coordination avec les autres marchés
et opérateurs assurant l’approvisionnement de la ville
de Delhi.
En 2012-2013, la SEMMARIS a donc recentré sa stratégie de conseil sur des projets
plus profitables (chiffre d’affaires de
350 000
€ en 2013
) en Russie, en Afrique du Sud, en
Thaïlande, enfin au Gabon.
En 2014, la SEMMARIS a testé un nouveau levier de croissance en passant du conseil
à la licence de ses expertises grâce à la notoriété de sa marque, sans investissement en fonds
propres ou obligations de moyens pour la société ; des discussions ont été menées avec la Chine,
la Russie (recadrage du modèle du nouveau marché de gros de Saint-Pétersbourg) et Dubaï. Au
Brésil, la SEMMARIS a été sollicitée pour les marchés de gros de São Paulo et de Rio de
Janeiro. En Côte d’Ivoire, un diagnostic de la
distribution alimentaire et l’évaluation de la
pertinence d’un marché de gros a été effectué en vue d’une organisation de l’approvisionnement
d’Abidjan.
L
e chiffre d’affaires réalisé par Rungis Consultant a été de 301
000
€.
Les années 2015 et 2016 sont marquées par le lancement du nouveau mode
d’intervention à l’international
de la société, le contrat de licence, en réalité assistance technique
portant transfert de savoir-faire
dans la réflexion, la conception, la construction et l’exploitation
d’un marché de gros développé dans le cadre de la mise en œuvre du schéma directeur national
considéré
23
. Les deux premiers contrats ont été signés en septembre 2015 avec Dubaï, puis en
décembre 2015 avec Moscou.
D’autres demandes (Kazakhstan, Maroc,
Philippines) ont fait
l’objet de missions
de conseil et de développement dans la perspective, si possible, de conclure
des contrats de licence. L
e chiffre d’affaires réalisé
par Rungis Consultant, sur la base de
l’avancement des travaux, s’est élevé
en 2015 à 580 000
€
et en 2016 à 2,41 M
€
.
23
Par le biais de l'accord global de licence, le partenaire bénéficie de l'exclusivité et des atouts de la
notoriété internationale de la marque RUNGIS, des services et des conseils du MI
N, d’
une intégration privilégiée
dans le réseau international des plateformes de Rungis, de la certification des bonnes pratiques agroalimentaires
et de la mise à disposition des systèmes d'information du MIN.
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37
L’année 2017 a été marquée par une forte activité commerciale concrétisée par la
signature de nombreux contrats :
marché d’Almaty au Kazakhstan, avec un investisseur
philippin MPIC (cofinancement de 600 000
€
du Fonds d
’
étude et d
’a
ide au secteur privé
FASEP
24
), au Bénin. L
e chiffre d’affaires réalisé par Rungis Consultant s’est élevé en 2017 à
0,64
M€ (
0,97
M€
prévus).
En 2018, les activités internationales se sont poursuivies avec un chiffre d’affaires de
2,16
M€. La SEMMARIS
a cherché à structurer des « têtes de ponts » sur des zones de
croissance estimées à fort potentiel, en Asie centrale sur les nouveaux corridors du commerce
qui reprennent les routes de la soie (Kazakhstan qui représente un chiffre d’affaires total de
2,35
M€ do
nt 0,62
M€ en 2019, et Ouzbékistan), ou en Asie du sud
-est (Vietnam et
Philippines).
L’année 2019 s’annonçait dans la continuité de 2018 sur le plan financier avec de bonnes
perspectives et un carnet de commandes de plus de 3
M€ d’études
: au Vietnam (avec un
financement FASEP de 415 000
€)
, en Egypte (étude stratégique de refonte du réseau national
des marchés de gros égyptien soutenue par l’
Agence française de développement, avec un
financement de 700 000
€ obtenu en 2020)
. L
e chiffre d’affaires
constaté de 1,46
M€ est
finalement en retrait sur les prévisions, les activités internationales étant soumises à des aléas à
la fois économiques, juridiques, administratifs, etc.
A l’issue de cette revue, il faut constater que l’
activité de conseil
à l’international n’est
pas isolée dans les comptes, ce qui ne facilite pas la détection des chiffres d’affaires concernés.
La structure ne dispose pas non plus d’autonomie, ce qui ne permet pas d’accéder aux éléments
permettant de définir sa rentabilité,
que le président définit en comité d’audit comme
« importante ».
La comptabilité analytique de Rungis Consultant de 2011 à 2019 a donc été demandée
mais est inexistante en 2017 en raison «
d’évolution des collaborateurs au sein de la direction
financière
». La Cour
n’a eu l’information qu’en 2017, le retraitement et l’analyse des données
n’ont pu être réalisés en raison de la faiblesse des effectifs qui y sont consacrés
. Sous cette
réserve, le tableau ci-après présente les coûts, directs et de structure, de la SEMMARIS. Sur la
période 2011-
2019 (hors 2017), le chiffre d’affaires cumulé
hors 2017 est de 7,7
M€ pour une
marge moyenne de 22 % :
Tableau n° 4 :
Chiffre d’affaires du conseil à l’international de 2011 à 2019
K€
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Chiffre d'affaires
167
304
350
301
585
2 407
967
2 166
1 452
Coûts
142
507
401
291
405
1 156
1 489
1 663
Résultat analytique
25
-203
-51
9
180
1 251
676
-211
Source : SEMMARIS
24
Outil mis en place par l'Etat français visant à faire bénéficier les pays en développement, et en particulier
les pays émergents, du savoir-faire des industriels et des ingénieries français (grands groupes et PME).
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38
3.2
Le groupe SEMMARIS et la délégation de service public pour le
MIN de Toulouse
3.2.1
Bureau Rungis International
Le groupe SEMMARIS
n’a été constitué qu’à compter de l’exercice 2017
et a alors
produit, pour la première fois, des comptes consolidés par intégration globale de ses filiales,
l’une ancienne
(Bureau Rungis International - BRI), les autres récentes (
LUMIN’To
ulouse,
MIN Toulouse Occitanie (MIN TO) et Toulouse Logistique Urbaine - TLU, cf.
infra
). Le
contrôle exclusif sur la BRI depuis 2001 et le dépassement des seuils prévus par le code de
commerce
25
auraient dû conduire la SEMMARIS à produire des comptes consolidés bien
avant 2017.
BRI est en effet une société civile immobilière (SCI) détenue à 100 % directement par
la SEMMARIS depuis 2001. Cette filiale avait été créée par des investisseurs institutionnels
dans les années 1970 pour la réalisation d’un
programme de bureaux sur des terrains privés
dont elle est propriétaire et, en 1981, la SEMMARIS, en substitution de l
’ex
-SAGAMIRIS,
avait acquis 90 % des parts de cette SCI. BRI possède un ensemble immobilier constitué de
21 141,25 m² de bureaux et de réserves, totalement loué à la SEMMARIS pour un montant de
2,7
M€ en 2019. Le chiffre d’affaires de cette filiale qui ne dispose d’aucun moyen propre
est
d’ailleurs pour l’
essentiel constitué des loyers perçus ; e
n outre, BRI bénéficie d’une avance à
long ter
me consentie par la SEMMARIS et approuvée par son conseil d’administration qui
s’élève, pour 2029, à 10,3
M€, afin de réaliser les travaux nécessaires à l’entretien des bâtiments
et aux investissements.
La SEMMARIS ayant présenté BRI comme « transparente », ses résultats intègrent en
conséquence ceux de la SCI
, qui règle l’impôt sur les sociétés
pour ses immobilisations
. C’
est
aussi
la raison pour laquelle, jusqu’en 2017, la
société a fait le choix de ne pas produire de
comptes consolidés, l’impact de la co
nsolidation potentielle des actifs de BRI étant considéré
comme « négligeable ».
25
Les groupes de sociétés dépassant deux des trois seuils suivants ont l’obligation d’établir des comptes
consolidés
: chiffre d’affa
ires supérieurs à 48
M€, total du bilan supérieur à 24
M€ et effectifs supérieurs à 250.
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39
Les flux financiers croisés entre la SEMMARIS et sa filiale sont présentés dans le
tableau suivant :
Tableau n° 5 :
Relations financières entre la SEMMARIS et la SCI BRI (en milli
ers d’€)
En milliers
d’euros
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Côté BRI
Loyers
versés
par
la
SEMMARIS à
la SCI BRI (CA
BRI)
2 401,3
2 521,6
2 637,1
2 592,6
2 570,1
2 559,1
2 572,1
2 638
2 693,7
Taxes foncières
payées
481,8
499,6
498
504
515,4
549,5
547,2
548,5
534,8
Rémunération
SEMMARIS
sur avances
8
13
0,570
0,412
26
62
93
96
96
Résultat BRI
1 287,9
1 367
1 530
1 656,8
1 506,2
1 292,8
913,3
1 056,7
1 177,3
Bénéfices
distribués
1 287,8
1 367
1 367
1 657
1 506,2
1 292,8
913,1
1 056,7
1 177,3
Investissements
engagés
203
1 550
4 000
4 400
760
900
2 730
Côté SEMMARIS
Avances
consenties à la
SCI BRI*
1 828,9
1 425,5
1 030,7
842,9
2 371,9
5 964,2
9 681,7
10 097,8
10 349,5
Rémunération
en %
0,44
0,91
0,05
0,05
1,73
1,04
0,96
0,95
0,93
Loyers
perçus
par SEMMARIS
sur occupants
3 357
3 340
2 630
2 610
2 670
2 900
3 180
3 200
3 620
Marge
sur
loyers
956
818
-7
17
100
341
608
562
926
En %
39,82
32,43
0,66
3,89
13,32
23,64
21,30
34,37
Travaux
refacturés à la
SCI BRI
31
140
34
1 554
3 999
4 037
500
283
140
*Note
: les chiffres de l’année N représentent en fait le solde des prêts et avances consentis net des prêts et avances
remboursés
Sources : Cour des comptes à partir des comptes sociaux et de divers documents fournis par la SEMMARIS
On peut effectuer plusieurs constatations sur la période :
-
les revenus tirés des avances d’actionnaires sont faibles, les taux appliqués dépassant
rarement 1 % (application du taux légal) ;
- en revanche,
bien qu’elle supporte la totalité des charges d’ent
retien, le risque de
vacance et la gestion des locaux, a SEMMARIS tire une marge confortable sur la
différence entre loyers des bâtiments payés et perçus, cette marge lui servant à conforter
ses résultats d’exploitation
;
- les loyers payés par la SEMMARIS
à la BRI pour l’occupation de ses locaux sont
l’unique résultat d’exploitation de la SCI
;
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40
- le résultat de celle-ci est déterminé par la soustraction de quelques postes, les taxes
foncières que la SCI règle pour ses immobilisations, la rémunération des avances de la
SEMMARIS pour travaux et les travaux eux-mêmes, que la SEMMARIS lui refacture.
La SCI ne dispose en effet d’aucun moyen propre, notamment en personnel
;
-
l’intégralité des résultats de la BRI, toujours positifs, sert au versement de
dividendes
à son actionnaire unique, la SEMMARIS.
Les relations financières entre la société et sa filiale sont donc lucratives pour la
première.
Compte tenu de la situation constatée qui masque mal la dépendance de la BRI, une
solution permettant de simplifier les relations de la société et de la SCI pourrait être de dissoudre
cette dernière puis
d’intégrer
son patrimoine
à la société mère, ce qui permettrait d’éviter les
mécanismes
d’allers
-et-retours
de loyers et d’avances d’actionnaires.
La SEMMARIS se dit
disposée à étudier les incidences financières, juridiques et fiscales de cette recommandation.
Recommandation n° 3.
(SEMMARIS - 2022) Dissoudre la filiale Bureau Rungis
International et intégrer son patrimoine à la SEMMARIS.
3.2.2
L
es conditions de l’engagement de la SEMMARIS
dans la DSP du MIN
de Toulouse
Positionné au
cœur
de la première région agroalimentaire de France (13
Md€ de CA) et
de la ville à la plus forte croissance démographique française, le marché était en panne de
croissance et d’attractivité
et Toulouse Métropole a souhaité redynamiser sa gestion par un
nouveau contrat de délégation de service public (DSP). La SEMMARIS estime que le MIN et
la zone logistique attenante, dite « du dernier kilomètre », ont un fort potentiel : le Grand
Marché regroupe 20 bâtiments sur 18 hectares et accueille 150 concessionnaires,
339 producteurs et 3 300 acheteurs ; 900 personnes y travaillent quotidiennement.
Soucieuse de faire fructifier son expérience dans un domaine parfaitement connu par
elle, la SEMMARIS s’est porté candidate.
Le projet a été finalisé lors du CA du
24 octobre
2016, pour une soumission à l’appel à la concurrence le 2
novembre. La commission
de délégation de service public de Toulouse métropole
s’est réunie le 7 novembre a décidé de
retenir la candidature de la SEMMARIS, admise à présenter une offre. Trois séances de
négociation ont été programmées en décembre.
Lors du CA du 7 mars 2017, le président est autorisé par voie électronique à remettre
l’offre sous la forme suivante
:
- taux de rentabilité interne (TRI) du projet global maintenu à 9 % ;
-
création d’u
n consortium structuré en une holding (LUMIN
’
Toulouse, futur porteur
de la DSP) constitué entre la SEMMARIS, Poste Immo et
la Caisse d’Epargne Midi
-
Pyrénées ;
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41
- investissement de 6,2
M€
à réaliser sur le MIN
26
et investissement de 28
M€ sur la
zone logistique de Fondeyre,
conditionné à l’obtention de l’ensemble des autorisations
administratives. La Poste doit
s’engager à occuper 45
% des surfaces logistiques à
construire ;
- le contrat de DSP précisera que les investissements de la zone de Fondeyre
constitueront des biens de retour et que le concédant aura l’obligation de reprendre les
biens non amortis à l’issue de la concession, a minima à un prix égal à leur valeur nette
comptable soit 11,5
M€
; que le délégataire pourra fixer les tarifs et leur indexation dans
le cadre d’une formule d’indexation qui combine des indices sectoriels, l’évolution des
coûts d’exploitation et l’évolution de la performance des entreprises dans leur secteur
;
que le concédant ne pourr
a s’opposer à la cession de la participation de la SEMMARIS
dans la société délégataire sauf si le repreneur ne présente pas toutes les garanties
professionnelles et financières pour assurer la gestion du service public, la continuité du
service public et
l’égalité des usagers
;
- sur la période de 22 ans prévue à compter du 1
er
juillet 2017, la rémunération proposée
au concédant sera composée d’un montant fixe de 30
000
€ pour frais de gestion, de
100 000
€ de redevance fixe et d’une redevance variable basée sur le chiffre d’affaires.
La redevance variable annuelle sera calculée par paliers ;
- Toulouse Métropole devra garantir 80 % de la dette, ce qui génèrera une économie sur
les conditions d’emprunts qui lui sera reversée. L’économie d’impôt sur les s
ociétés
engendrée par la réforme du taux d’IS (28
% à partir de 2019 vs 33 %) sera reversée à
Toulouse Métropole pendant la durée d’applicabilité de la loi de Finances 2017
;
- à
l’
échéance de la « concession »
, et dans l’
éventualité où le chiffre d
’
affaires global
réalisé sur sa durée est inférieur à celui prévu dans le compte d
’
exploitation prévisionnel
(annexe 16 du contrat), le concessionnaire s'engage à reverser 50 % de ce différentiel,
avec un montant maximal de 6
M€ et un minimum garanti de 2
M€ sous
forme de
complément de redevance.
L
’offre dép
osée le 23 mars a été adoptée par le conseil de Toulouse métropole le 13 avril
et a donné lieu à nouvelle délibération du CA le 20 avril, avec quelques précisions :
-
c’est seulement
dans l
’
éventualité où le chiffre d
’
affaires global réalisé sur la durée de
la concession serait compris entre 92 % et 100 % par rapport à celui prévu dans le
compte d'exploitation prévisionnel que le concessionnaire s
’
engage à reverser
proportionnellement ce différentiel, dans un montant maximal de 6
M€ et avec un
minimum garanti de 2
M€ sous forme de complément de redevance
, lui-même
conditionné au ver
sement par la collectivité de l’
indemnité correspondant à la part non
amortie du financement des ouvrages sur la zone logistique ;
-
l’économie sur les conditions d’emprunts sera reversée à Toulouse métropole sous
forme de redevance forfaitaire de 20 000
€ annuels
;
- la SEMMARIS apporte sa garantie solidaire à hauteur de 5
M€
par un système de
garanties et de contre-garanties complexe entre la future filiale, la société et le délégant.
26
L
es investissements pour les travaux de démolition et de construction s’échelonnent sur la période
2017-
2019. Les investissements pour l’entretien et
la maintenance représentent 838 000
€/an en 2017 et 2018, puis
751 000
€/an de 2019 à 2021, avant d’atteindre 312
000
€/an
.
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42
3.2.3
La constitution et l’organisation de LUMIN’Toulouse
, filiale de la
SEMMARIS pour ses 51 % de participation
La société
LUMIN’Toulouse
a été créée à la suite de l’attribution par le
conseil de
Toulouse Métropole pour une durée de 22 ans de la délégation de service public (DSP) portant
sur le MIN de Toulouse et la zone logistique de Fondeyre à un groupement constitué pour la
circonstance
27
. Elle est détenue à 51 % par la SEMMARIS, à 44 % par la Poste Immo et à 5 %
par la Caisse d’Epargne Midi
-Pyrénées.
En vertu de l’article 17.2 du pacte d’associés, l
a SEMMARIS a en conséquence apporté
2,55
M€ au titre du capital constitutif de LUMIN’Toulouse (
sur le total de 5
M€
réparti entre
4,5
M€ de prime d’émission et 500
000
€ de capital social)
; s
’agissant d’un groupement
nouveau, la nécessité de la constitution d’une prime d’émission n’apparaît pas évidente, puisque
ce montage financier est plutôt utilisé dans le cas d’une augmentation de capital
. Pour financer
les bes
oins immédiats de LUMIN’Toulouse, elle
est également, selon
l’article 17.2 ii du pacte,
amenée à porter environ 3,7
M€ d’avances en compte courant d’associés
28
.
LUMIN’Toulouse
a été substituée à l’attributaire (le groupement) comme
titulaire de la
DSP ; elle est elle-même constituée de deux filiales sociétés par actions simplifiées (SAS) :
MIN Toulouse Occitanie
(MIN TO) est en charge de la gestion et l’exploitation du MIN et
Toulouse Logistique Urbaine
(TLU) est en charge de la gestion et l’exploitation de
la zone LU,
donc des entrepôts :
Schéma n° 1 :
Groupement LUMIN’Toulouse
Source : SEMMARIS
Les règles de fonctionnement sont prévues à la fois dans les statuts et dans le pacte
d’actionnaires
qui régit l’organisation des décisions entre associés
. La SEMMARIS, actionnaire
majoritaire, dispose de cinq membres sur les neuf du comité stratégique chargé de la définition
des orientations du groupement, de sa politique et de celle des filiales dans le respect des
dispositions du p
acte d’associés, qu’elle préside
29
. Un PV de délibération est établi lors de
27
Cette opération de concentration au sens des articles L. 430-3 et suivants du code de commerce relatifs
à la concentration économique ont donné lieu à une décision
favorable de l’Autorité de la concurrence (
n° 17-
DCC-89 du 23 juin 2017
). L’avis souligne que, selon le pacte d’actionnaires présenté, l’accord de la SEMMARIS
sera toujours requis pour adopter les décisions stratégiques au sein du comité stratégique.
28
Un projet de convention était en cours de rédaction dans l’optique de le mettre à l’ordre du jour du
Comité stratégique de LUMIN’Toulouse de fin mai 2021. Le taux retenu est de Euribor 3 mois (flooré à 0
%) +
1,00 %.
29
Poste Immo désigne tr
ois membres et la Caisse d’Epargne un seul.
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43
chaque comité et signé par le président du comité et au moins un membre désigné par Poste
Immo.
Ce pacte définit les modalités de prise des décisions en son point 2.5 :
- décisions ordinaires prises à la majorité simple des membres présents, réputés présents
ou représentés ;
- décisions majeures prises à la majorité des 2/3 des membres présents, réputés présents
ou représentés
(validation des plans d’affaires, budgets de fonctionnement, tout
investissement de plus de 500 000
€, tous participations,
accords ou partenariats,
acquisition ou cession d’actifs, développement de la DSP au
-delà de ses limites
territoriales, emprunt ou prêt, types de garanties, modification de la DSP, sens de
certains votes du président de la holding, etc.).
Les investissements (environ 34
M€
: 6,2
M€ sur le MIN
et 28
M€ sur la zone LU)
,
l’adoption du budget et des comptes relèvent
donc obligatoirement de la compétence du comité
stratégique ; ils doivent respecter le contrat de DSP si bien
qu’
en cas de modification de
programme, la demande d’avenant
doit être présentée pour adoption à la collectivité Toulouse
Métropole.
Il faut également signaler que l’intégralité des bénéfices est reversée aux associés,
tout abondement aux réserves légales et facultatives une fois déduits.
Le président reçoit une rémunération déterminée par la collectivité des associés
(10 000
€ bruts annuels en vertu de l’article 21 des statuts)
et assume la direction générale de
la société (statuts, points 13.5 et 13.6). Il es
t assisté de deux directeurs généraux délégués, l’un
chargé de superviser l’activité du MIN de Toulouse qu’il désigne en qualité d’actionnaire
majoritaire (en fait le directeur général-adjoint de la SEMMARIS)
, l’autre chargé de superviser
l’activité de la
zone logistique désigné par Poste Immo.
3.2.4
Les premières difficultés
d’exécution de la DSP
Un point de situation sur le groupement LUMIN
’
Toulouse a été fait par son président
lors du CA du 28 septembre 2017. La DSP avait pris effet, le comité stratégique avait été
constitué et s’
était réuni le 7 septembre avant de présenter officiellement les feuilles de route
des deux filiales à l’occasion d’une conférence de presse.
Le groupement constate à cette occasion des données nouvelles entre la transmission du
doss
ier de consultation des entreprises (DCE) et le début de l’exploitation
risquant d’entraîner
une dégradation du chiffre d’affaires au moins en début de concession
: embauche de salariés,
sorties de bâtiments qui étaient jusque-là loués par Toulouse Métropole, obsolescence des outils
et logiciels informatiques essentiels à la gestion du MIN. Le groupement avait de son côté tenu
ses engagements quant aux déroulés des travaux et mises aux normes. Sur la partie MIN, un
assistant à maître d’ouvrage
avait été retenu pour la partie bâtiments
et les appels d’offre
s lancés
pour les mises aux normes urgentes et changement du contrôle d’accès
. Parallèlement à cette
politique de développement, un chantier d’amélioration des pratiques a
vait été lancé sur les
procédure
s d’achats, la gestion des stocks, la comptabilité analytique.
L’avenant n°
1 du 27 février 2019 prend effectivement en compte des modifications de
programme, délimite correctement le périmètre (le bâtiment dit « Métier de la bouche » en est
exclu car il f
ait partie d’un bail à construction et ne peut pas être inclus dans le périmètre de
MIN, d’autres emprises en sont également exclues pour permettre l’aménagement de quais pour
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44
les bus de desserte), adapte la grille tarifaire, précise les modalités de constitution des provisions
pour gros entretien et renouvellement
; il ne modifie toutefois pas le montant d’investissements
prévu sur le MIN, toujours chiffré à 6 193 000
€.
Le c
omité stratégique s’est
de nouveau réuni le 20 novembre 2017 afin d
’échanger
sur
l
e plan d’affaires
. A la suite des discussions, il a été convenu de retenir deux hypothèses
concernant le TRI : une haute à 8,31 %, taux issu de la signature de la DSP, et une basse à
7,01 %, minimum plancher acceptable pour le groupement. Il est précisé que c
e taux n’a aucune
incidence sur le programme de financement,
puisqu’il a pour seul intérêt d’indiquer un objectif
minimal raisonnable qui reste un bon rendement global, le TRI sur la partie MIN avoisinant les
20 %.
C’est
le taux de 7,01 % qui est actuellement présenté par la SEMMARIS
, qui s’en félicite
bien que le CA ait conditionné le dépôt de l’offre à un taux de 9
%.
Ces deux hypothèses sont en effet inférieures aux
taux évoqués lors du dépôt de l’offre.
La DSP devra donc être examinée à plus long terme afin de déterminer si les hypothèses
économiques initiales étaient tenables et si, surtout, le manque de rentabilité de la zone
logistique n’est pas susceptible de pénaliser l’ensemble du montage. Celui
-ci peut se montrer
défavorable pour la société, actionnaire majoritaire de la holding participant à 100 % dans les
deux sociétés filiales, dans la mesure où
l’équilibre financier global du projet est le même pour
le groupement et pour la SEMMARIS. Le taux de rentabilité interne (TRI) avant impôts sur
lequel la décision de poursuivre l’opportunité s’est fondée était disproportionné selon les
filiales : important pour le MIN lui-même (24 % envisagés initialement), mais aucune
rentabilité n’était calculable pour la zone
sous responsabilité Poste Immo sur la durée prévue.
La question se serait posée avec beaucoup moins d’acuité si l
a société
n’avait participé
qu’au redressement du MIN de Toulouse
, soit avec une filiale dédiée uniquement à cet objet,
soit directement par utilisation de sa licence de savoir-faire
comme elle l’a fait pour d’autres
MIN de France.
Dans cet ordre d’idées, il faut observer que LUMIN’Toulouse
a contracté en
juin 2018 un crédit à long terme d’environ 24
M€ en deux tranches afin de financer son plan
d’investissement
, les prêteurs se trouvant être
la Banque postale et la Caisse d’Epargne elle
-
même. Il faut toutefois observer que
les besoins d’endettement sont plus massifs pour la zone
du dernier kilomètre, dont le directeur délégué n’est pas nommé par la SEMMARIS, que pour
le MIN ; en outre, la SEMMARIS a dû accepter le nantissement des créances et le nantissement
des comptes titres, les cessions Dailly, le compte de réserve de la dette, afin de garantir
l’obtention du crédit par LUMIN’Toulouse.
Enfin, un avenant n° 2 a été préparé à la suite de la délibération de Toulouse métropole
du 22 octobre 2020 afin d’adapter les travaux de réalisation à la crise sanitaire et d’accompagner
les professionnels. Une réduction de redevance de 160 000
€
doit en particulier servir de support
à un dispositif de soutien co-
piloté avec LUMIN’Toulouse.
La SEMMARIS a fait valoir auprès de la Cour que les résultats financiers de
LUMIN’Toulouse sont en forte croissance. Entre 2018 et 2020, le chiffre d’affaires a progressé
de 4,6 % en moyenne annuelle pour atteindre 7,2
M€ en 2020 contre 6,6
M€ en 2018. L’EBE
est passé de 1,3
M€ en 2018 à 2,2
M€ en 2020, soit une croissance moyenne annuelle de 29
%.
LA SO
CIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMENT ET
DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
45
3.3
Le document d’orientation de 2019
Quatre chantiers de travail ont été identifiés par les services de la SEMMARIS afin de
lui trouver de nouvelles sources de croissance et de garantir au MIN de Rungis une pérennité à
long terme : (i) la densification et la diversification du périmètre dans les murs du MIN de
Rungis, objet des investissements du plan Rungis 2025 ; (ii) les nouveaux axes pour une
croissance plus forte de la SEMMARIS hors les murs ; (iii) le développement des activités en
région ; (iv) le développement des activités
à l’international.
Dans le PV du CA du 2 octobre 2019, le président ne revient que sur les chantiers les
plus novateurs -
les propositions propres à l’activité du
MIN dans les murs s’inscrivant dans la
continuité des développements de la feuille de route de Rungis 2025 -, à savoir (i) la proposition
d’extension du MIN à p
roximité
immédiate de Rungis, en particulier l’acquisition de foncier
tel que le secteur des entrepôts et des industries agro-alimentaires (zone SENIA), qui selon le
PV a emporté
l’approbation unanime des administrateurs
30
; (ii) la proposition de créer une
annexe au nord de l’Ile
- de-France pour y développer principalement des activités de logistique
sur le site de Gonesse, qui a
également fait l’objet d’une approbation générale nonobstant un
souhait des grossistes, de la ville
de Paris et de l’Etat de travailler l’articulation d
es activités de
Gonesse et de Rungis ; (iii)
s’agissant des pistes de développement en région, l
a réitération de
l’opération effectuée à Toulouse dans un autre M
IN de France, ou même la gestion
directe d’un
de ces marchés. Ces perspectives seraient des leviers de croissance indispensables à la
pérennisation du modèle de Rungis à long terme
qu’il ne faut pas
laisser à des concurrents
potentiels ; il faudrait donc
aller plus loin que la simple poursuite de l’activité traditionnelle e
t
pousser le développement hors les murs, anticiper ces projets de moyen- long terme (annexe
Nord), et saisir les opportunités foncières à proximité de Rungis comme les opportunités en
région et à l’international dès qu’elles se présentent
.
Les différents projets sur la zone SENIA
Le développement sur la zone SENIA est certainement celui qui pose le moins de problèmes de
fond quant à la nature de la mission de la SEMMARIS
, étant donné qu’il s’agit d’une partie (25 ha) d
es
terrains de la zone B du MIN (120 ha) qu
’elle a récupérés lors de l’absorption de la
SAGAMIRIS et
situés à proximité immédiate de la zone A. Toutefois, non seulement cette opération exige un
reclassement des 25 ha de la zone B à la zone A par décision réglementaire (passage au marché de gros),
mais une autre partie de
cette zone aux qualités urbaines dégradées est l’objet de projets
qui ont fait
resurgir des problèmes juridiques anciens.
L’établissement public d’aménagement Orly
-Rungis-Seine amont (EPA ORSA), responsable
de l’aménagement de
85 ha de la zone
classés opération d’intérêt national (OIN) en 2007,
souhaiterait
ainsi accompagner la création de la gare de la ligne 14 du Grand Paris express sur le site Pont de Rungis
par une opération d’aménage
ment combinant fonctions résidentielles, équipements publics et
intensification de l’activité économique, décidée en CA de l’EPA ORSA le 12 juillet 2018
; ce projet
trouve place dans la valorisation
du sud de Paris autour des infrastructures de l’aéroport d’Orly et du
MIN de Rungis, tout en remédiant aux dégradations urbaines constatées sur la zone B du MIN (projet
Grand Orly). Cette opération se heurte toutefois au règlement du lotissement de la zone B, incompatible
avec le
déploiement d’un projet urbain
de ce genre et qui, en outre, fait dépendre tout aménagement de
30
Les représentants des grossistes
préfèreraient cette hypothèse à celle de la création de l’Annexe nord à
laquelle ils ne sont pas attachés.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
46
l’agrément de la SEMMARIS. Dans l’attente d’une solution juridique sûre, un protocole d’accord a
donc
été signé le 10 mars 2020 entre le préfet du Val-de-
Marne, les maires de Thiais et d’Orly, le président
de la SEMMARIS e
t le directeur général de l’EPA ORSA
afin de trouver une solution mutuellement
avantageuse :
-
obtenir l’accord de la SEMMARIS pour la modification ou la suppression du règlement de
lotissement sur la zone du projet d’aménagement
urbain ;
- en même temps régler la question de la nature de la décision réglementaire (arrêté
interministériel ou décret) nécessaire au reclassement des terrains de la zone B utiles à la SEMMARIS.
Le conseil d’administration
du 28 novembre 2019 a permis un débat sur diverses
orientations, après
que la représentante du commissaire à l’aménagement
ait rappelé que la
SEMMARIS conserve un fondement public en dépit de sa forme de société anonyme
, qu’e
lle a
été créée par décret pour gérer le MIN sur une zone qui lui est affectée par l
’
Etat, et que si elle
acquiert de nouveaux terrains il faudra se poser la question de leur affectation et donc de leur
régime juridique. La question cruciale reste celle des moyens non seulement juridiques, mais
aussi financiers, dont la société peut disposer pour remplir les objectifs dans le cadre de la
stratégie qui devrait lui être assignée par l’Etat.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La SEMMARIS s’est lancée depuis longtemps dans des projets internationaux, qui ont
changé de nature pour privilégier la licence de savoir-faire, lucrative et moins risquée que
certaines joint-ventures.
Elle valorise également son savoir-faire en Europe et en France, le dernier exemple en
date étant celui du MIN de Toulouse. Toutefois, dans ce cadre, elle a plutôt répondu à la DSP
en choisissant
la constitution d’un groupe avec deux partenaires en DSP la gestion du marché
lui-même et de sa zone logistique. La rentabilité étant très faible pour la zone, il est légitime de
s’interroger sur l’avantage procuré dans ce contexte
à la SEMMARIS, qui aurait pu se
contenter d’apporter assistance au
seul marché de gros.
Dans tous les cas, la diversification des activités de la SEMMARIS ne peut avoir pour
conséquence de mettre en péril la situation financière du groupe au sein duquel sont
comptabil
isés les intérêts de l’Etat dans le cadre du MIN de Paris
-Rungis.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEME
NT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
47
4
UNE
FONCTION
FINANCIERE
ET
COMPTABLE
STRUCTUREE,
UNE
SITUATION
PATRIMONIALE
PREOCCUPANTE
4.1
Une fonction financière et comptable structurée
4.1.1
Une organisation financière stabilisée
La direction financière, rattachée au président directeur général de la société, comprend,
au 1
er
janvier 2021, 17 collaborateurs. Elle est composée d’un service comptable
31
et d’un
service de la performance et du contrôle de gestion
32
,
l’
ancienne direction de la performance et
du contrôle de gestion, créée en 2014, ayant été rattachée en 2019 à la direction financière.
Concernant les outils informatiques, le logiciel comptable n’a pas changé sur la période
(Talentia). En revanche, un appel d’offres a été lancé fin d’ann
ée 2020 pour le renouveler avec
une cible de mise en production au premier semestre 2022. D’autre part, en 2019, la
SEMMARIS a fait le choix de basculer la gestion des dépenses sur un logiciel dénommé
« ULIS », en remplacement du logiciel « MAGIC
» qui n’é
tait utilisé que par certains services.
La mise en production de cet outil et son
déploiement à l’ensemble des services
a été réalisé
début 2020.
Le principal événement affectant les comptes de la SEMMARIS est le prolongement de
la mission de la SEMMARIS j
usqu’au 31 décembre 2049. Les autres évènements financiers
notables sont la résiliation anticipée du contrat de la joint-venture Shanghai Rungis Market
Management, la mise en œuvre du plan d’investissements «
Rungis 2015-2025 », la reprise de
la gestion du
MIN de Toulouse en 2017, l’évolution en 2018 de l’actionnariat de la SEMMARIS
avec l’entrée au capital de Crédit Agricole Assurances et la crise sanitaire en 2020 conduisant
la SEMMARIS à procéder à des abandons de créances pour les entreprises les plus affectées
financièrement.
Les comptes annuels de la SEMMARIS sont établis conformément aux dispositions de
la législation française, aux principes et méthodes comptables définis par le plan comptable
général (PCG), tels que présenté par le règlement n° 2014-
03 de l’autorité des normes
comptables (modifié par le règlement n° 2015-06 du 23 novembre 2015). Conformément au
code de commerce et au PCG, les principes généraux sont appliqués, notamment les principes
de prudence, de permanence des méthodes, d’indépendance des exercices, d’importance
relative, de continuité d’exploitation et de bonne information. Durant la période contrôlée, les
comptes sociaux de la SEMMARIS ont été certifiés par les commissaires aux comptes sans
réserve.
31
Le service comptable comprend une cheffe comptable, un adjoint à la cheffe comptable, cinq
collaborateurs pour la comptabilité fournisseurs, quatre collaborateurs pour la comptabilité clients et deux
collaborateurs pour la trésorerie.
32
Le service performance et contrôle de gestion comprend une cheffe de service et un collaborateur.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
48
En outre, les comptes consolidés du groupe SEMMARIS ont été certifiés depuis 2017
par les mêmes commissaires aux comptes sans réserve. Les comptes consolidés sont établis
selon la réglementation comptable française, et plus particulièrement en conformité avec le
règlement CRC 99-02 du comité de la réglementation comptable. Compte tenu des incidences
importantes sur les immobilisations notamment, la société n’a pas souhaité utiliser les normes
internationales (IFRS) pour la production des comptes consolid
és. Elle n’a p
as non plus opté
pour la réévaluation des actifs corporels et financiers, prévue par le règlement CRC 99-02 mais
non obligatoire
. Cela aurait pourtant été l’occasion d’évaluer les biens immobilisés à leur juste
valeur (ou valeur d’utilité) et de donner ain
si aux actionnaires une image du patrimoine
de l’Etat
plus conforme à la réalité du marché immobilier. En effet, les biens
inscrits à l’actif du bilan
étant valorisés à leur coût d’acquisition
(ou coût historique)
, certains d’entre eux ont d’ores et
déjà une valeur nette comptable faible voire nulle. La SEMMARIS a fait valoir lors de la
contradiction
qu’il ne s’agit pas d’une obligation comptable, et que cette possibilité n’est
utilisée que par les entreprises en difficulté financière. En revanche, la direction du budget a
indiqué
que l’Etat, par l’intermédiaire
du CGEFI, doit se doter des moyens de veiller à ses
intérêts, notamment patrimoniaux et étudier la pertinence de la valorisation des biens
immobiliers inscrits à l’actif du bilan à leur coût historiq
ue.
Enfin, au cours de la période, il n’y a pas eu de changement de méthode comptable et la
société n’envisage pas de procéder à des changements dans un avenir proche.
4.1.2
Le contrôle de gestion et la gestion des risques financiers
Le service performance et contrôle de gestion qui comprend deux agents, est en charge
de la comptabilité analytique, du budget et des révisions budgétaires, du plan d’affaires et de
l’analyse des projets d’investissement. Il
élabore, par ailleurs, des tableaux de bord permettant
le suivi de certains indicateurs
: le taux d’occupation, le chiffre d’affaires, l’excédent brut
d’exploitation, les investissements du domaine concédé et le recouvrement des clients
, ce qui
compte tenu des moyens humains dont dispose ce service paraît ambitieux.
Par ailleurs, la SEMMARIS a progressivement mis en place des dispositifs de contrôle
interne pour maîtriser les processus qu’elle met en œuvre et s’assurer que les risques sont
maîtrisés. La directrice des affaires juridiques et générales et de la compliance, maintenant
rattachée hiérarchiquement au président,
bénéficie d’une position transversale sur l’ensemble
des directions « métier » de la société.
Le contrôle interne se matérialise par l’existence de méthodes, de règles et de procédures
et conc
erne l’ensemble des collaborateurs de la SEMMARIS. Ainsi, la
société a formalisé des
guides de procédures internes relatifs notamment aux achats, aux marchés, aux occupations du
domaine public, aux déplacements et à la politique en matière de cadeaux et
d’
invitation. Un
contrôle externe est réalisé par les commissaires aux comptes qui examinent une ou deux
procédures par an et présentent leurs recommandations au comité d’audit.
En outre, la société a élaboré une première carte des risques en 2014, actualisée en 2019,
dans le cadre de la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la
corruption et à la modernisation de la vie économique (« loi Sapin »). La carte des risques décrit
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AME
NAGEMENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
49
pour les différents processus
33
les risques bruts, les contrôles mis en place, les risques résiduels
et éventuellement les actions de maitrise des risques. A partir de cette carte, on peut conclure
qu’il n’existe pas de risque résiduel présentant une probabilité d’occurrence très élevée et que
très peu de ris
ques résiduels présentent une probabilité d’occurrence élevée.
La société indique
qu’un code de conduite intégrant des procédures d’alerte en cas d’infraction et des contrôles
associés est en cours de mise en place.
A ce stade, la démarche de maîtrise de
s risques, qui n’intègre pas les filiales de la
SEMMARIS, reste perfectible. Ni la carte des risques
, d’ailleurs incomplète,
ni le plan d’action
ne sont actualisés chaque année et présentés
au conseil d’administration. A titre d’exemple, les
risques liés au défaut de surveillance des comptes sont, selon la société, inexistants ou faibles
alors que de nombreuses anomalies comptables ont été constatées sur toute la période (cf.
infra
).
En outre, rien ne pallie la faiblesse des procédures comptables des filiales de la société, si bien
qu’
aucun risque financier
n’a été recensé
dans ce domaine (cf. 3.) ainsi que dans celui des
systèmes d
’information alors que le déploiement, en 2020, du nouveau
logiciel de gestion des
dépenses « ULIS » pourrait engendrer des risques liés au déversement des informations dans le
logiciel comptable.
Le plan d’action de maîtrise des risques est également perfectible
: il
n’identifie ni les acteurs ni le calendrier de mise en œuvre des a
ctions de maîtrise des risques.
La direction du budget souligne que la société devrait être en mesure de mettre à jour
annuellement sa carte des risques et que l’intervention du CGEFI devrait permettre de diffuser
les bonnes pratiques en matière comptable et financière.
A l’avenir, l’a
pproche par les risques devra se fonder sur une solide documentation des
processus comptables et financiers
et sur un dispositif d’identification et d’évaluation des
risques performant et susceptible de mieux cibler les actions de maîtrise des risques. En outre,
cette démarche devra être davantage orientée
vers la mesure de l’efficacité des actions mises en
œuvre
et les comptes rendus devront porter sur le groupe SEMMARIS dans son ensemble.
Enfin, les dispositifs de contrôle interne devront faire l’objet d’une évaluation
interne régulière.
Recommandation n° 4.
(SEMMARIS - 2022) : Intégrer les filiales dans la démarche de
contrôle interne, s’assurer que les risques
pouvant avoir une incidence sur les comptes
fo
nt l’objet d’un plan d’action
et informer chaque année le conseil d’administration de
l’efficacité du contrôle interne
.
4.1.3
Une harmonisation des redevances selon la nature des contrats à
poursuivre
Depuis le dernier contrôle de la Cour des comptes
34
, les droit
s d’occupation du domaine
reposent toujours sur deux types de contrats (concession ou précaires) avec, toutefois, une
diminution des contrats précaires au bénéfice des contrats de concession, comme le
recommandait la Cour. En revanche, la politique tarifaire des redevances perçues par la
33
Les processus présentés dans la carte des risques sont : Achats (passation des marchés publics),
délivrance des titres d’occupation du domaine public, ressources humaines (recrutement, rémunération),
international, relations publiques, comptab
ilité et politique en matière de cadeaux et d’invitations.
34
Qui avait donné lieu à la recommandation n° 2 : «
Limiter le recours aux contrats d’occupation précaire
et simplifier la tarification. Avoir une tarification cohérente avec les résultats de la comptabilité analytique »
.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
50
SEMMARIS, qui comprend deux catégories de tarifs (homologués ou indexés),
n’a
pas encore
suffisamment évolué. Les redevances homologuées, principalement pour les concessions,
représentent, en 2019, 76 % des redevances perçues par la société. Elles concernent
majoritairement le marché physique. Les redevances indexées, majoritairement pour les
contrats précaires, sont minoritaires. Elles concernent toutes les activités annexes ou connexes
au marché (accessoiristes, banques, zone de bureaux, centre administratif et une partie des
entrepôts). Ces redevances varient en fonction de l’évolution de l’indice du coût de la
construction,
publié par l’INSEE. En outre,
pour des cas précis, la SEMMARIS a créé une
red
evance spécifique afin d’accompagner la mise en place de certains dispositifs (protection et
sécurité du site de Rungis, innovation technologique et digitalisation du marché). Dans le cadre
de la digitalisation du marché
35
, le conseil d’administration du 20
avril 2017 a approuvé la
création d’une redevance digitale de 45
€ par mois (soit 540
€ par an).
Les tarifs et les redevances perçues par la SEMMARIS
font l’objet, chaque année
depuis
2017
, d’une approbation par le préfet, comme les textes le prévoient
36
. Si la fixation initiale
des tarifs tient en partie compte des investissements opérés par la SEMMARIS, leur évolution
annuelle est ensuite déterminée par les rapports de force au conseil d’ad
ministration, avec la
sur-représentation des grossistes dans la négociation tarifaire. Le niveau des tarifs pratiqués est
totalement décorrélé de la réalité économique du marché immobilier, les terrains du MIN étant
mis à disposition de la SEMMARIS à titre quasi gratuit.
Depuis 2011, les redevances homologuées et les charges refacturées aux opérateurs du
marché progressent respectivement de 42 % et de 23 % (cf. annexe n° 4)
compte tenu de l’effet
volume lié aux nouvelles constructions. En revanche, les redevances indexées progressent peu
sur la période ; leur quasi-
stabilité s’explique principalement par la transformation de contrats
précaires en traités de concession qui sont, le plus souvent, soumis à des tarifs homologués.
Depuis 2014, la SEMMARIS a mis en place, à partir de sa comptabilité analytique, de
nouvelles règles de refacturation des charges aux opérateurs du marché
37
. Ces nouvelles règles
ont pour objectif de réduire progressivement l’écart entre les charges supportées par la
société
et les charges refacturées aux opérateurs du marché. On constate, à partir du résultat analytique
de 2019 (cf. annexe n° 4), que les secteurs de la marée et des quais ferroviaires présentent un
déficit global de 1,8
M€ correspondant à la différence entre le chiffre d’affaires et les coûts
supportés par la SEMMARIS (droits d’occ
upation et charges). En 2014, le déficit, estimé par
la SEMMARIS à 6 % sur les charges refacturées, concernait principalement les secteurs de la
marée, de l’horticulture et de la décoration. En 2019, la situation s’est
nettement améliorée
puisque le déficit a été réduit à 1,2 % sur les charges refacturées et à 1,9 % sur les droits
d’occupation. Les efforts doivent être poursuivis afin, qu’à l’avenir, le recours aux contrats
précaires devienne une exception et que la tarification soit simplifiée et tende vers une
couverture complète, par secteur d’activité, des charges supportées par la SEMMARIS.
S
uite à la décision du conseil d’administration du 20 avril 2017, le président de la
SEMMARIS a la faculté d’accorder, sous conditions, d
es réductions temporaires de loyer de
25 % à 75 % aux entreprises en difficulté économique. Toutefois, ces dérogations tarifaires
35
Péages, fibre optique et Rungis Accueil.
36
L’article L. 761
-3 du code de commerce dispose que
« le tarif des redevances perçues auprès des
titulaires d’autorisation d’occupation ou des autres formes de contribution des usagers du
marché à son
fonctionnement est établi par le gestionnaire et approuvé par le préfet
».
37
La SEMMARIS facture aux opérateurs une prestation complète qui inclut des achats, et/ou des charges
externes et des coûts internes de gestion.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
51
mériteraient d’être formalisées afin de préciser les modalités et les conditions d’attribution de
ces avantages économiques aux opérateurs du marché. En outre, conformément à la charte de
bonnes pratiques de juin 2020, la SEMMARIS a mis en place des mesures de soutien
exceptionnelles qui consistent à suspendre temporairement le paiement des redevances pour les
entreprises fortement impactées par la crise sanitaire. En contrepartie, elle a bénéficié, en 2020,
d’un prêt garanti par l’Etat de 30
M€
, remboursé totalement en juin 2021.
Par ailleurs, la recommandation n° 4 du rapport précédent préconisait de supprimer la
cotisation perçue par la SEMMARIS pour le compte des sociétés anonymes GREFEL et
SOGERIS créées en 1978
, l’une pour étudier toute mesure de nature à faciliter la mise en œuvre
de la restructuration et l’autre pour gérer le fonds de restructuration
du secteur des fruits et
légumes
(le reliquat du fonds était d’environ 5
M€ en 2011)
. Le rapport indiquait que les
missions initiales de restructuration du GREFEL et de la SOGERIS étaient sans objet et que
ces sociétés gérées par les professionnels du marché ne servaient plus que de caisses pour des
investissements privatifs ; la régularité
juridique d’une cotisation au profit de ces sociétés,
rendue obligatoire par un arrêté du préfet du Val-de-Marne du 29 mars 1978 et gérée par la
SEMMARIS, était très incertaine. La société envisageait alors de mettre fin à ce mécanisme.
En lieu et place d’une suppression, la SEMMARIS a fourni la convention du 28 juillet
2015 entre les trois parties pérennisant le système antérieur, mais cette fois avec rémunération
de la société pour le service rendu. Il est donc proposé de réitérer la recommandation antérieure.
Recommandation n° 5.
(Préfet du Val-de-Marne, SEMMARIS - 2022) Abroger
l’arrêté
du 29 mars 1978 et mettre fin au système de perception de cotisations par la
SEMMARIS pour le compte du GREFEL et de la SOGERIS.
4.2
Une situation économique favorable, une situation patrimoniale
préoccupante
Sur la période contrôlée, l’audit des comptes de la SEMMARIS a été effectué par
les
cabinets suivants : KPMG Audit pour les exercices 2011 à 2018, Jean Pierre Tomsin pour
l’exercice 2011, Cailliau Dedouit et Associés pour les exercices 2012 à 2019 et Ernst & Young
Audit pour l’exercice 2019. Les commissaires aux comptes ont certifié, sans réserve, les
comptes sociaux comme les comptes consolidés.
4.2.1
Une information comptable insuffisante
L’examen des états financiers
de 2019 a permis de mettre en évidence que
l’utilisation
de certains comptes ne se fait pas dans le sens recommandé par la réglementation comptable. Il
s’agit
de comptes fournisseurs (comptes 401, 404 et 408) comptabilisés
à l’actif
du bilan pour
un montant de 297 553
€
et de comptes clients (comptes 411 et 416) enregistrés au passif du
bilan pour un montant de 1 167 759
€.
Par ailleurs, la comptabilisation des travaux de voirie en
charges et non en immobilisations a conduit à un redressement fiscal, en 2016, de 0,7
M€.
En
outre, le solde du compte 409120 « avances versées sur immobilisations
» n’a jamais été
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
52
comptabilisé en fin d’exercice dans un compte 238 d’immobilisations en cours
et certains
comptes de reprise de résultat
présentent, en fin d’exercice, des soldes contraires à la
réglementation comptable
38
.
Un rapprochement, en fin d’exercice, entre la balance et les états
financiers (bilan, compte de résultat) et des contrôles de cohérence sur le classement, le solde
des comptes et les imputations comptables auraient permis de corriger la plupart des défauts
constatés dans les comptes de la société.
Concernant les immobilisations concédées, la Cour a constaté que la prolongation de la
mission de la SEMMARIS jusqu’en 2049
a eu, notamment, pour effet de transférer des biens
non renouvelables en renouvelables et ainsi de comptabiliser à l’actif des amortissements
techniques
qui ne l’
étaient pas auparavant, sans que ces modifications aient donné lieu à
l’établissement de comptes
pro forma
sur les exercices précédents, comme le prévoit la
réglementation
; la société estime que ce n’est pas obligatoire et les
«
trois notes de l’annexe du
rapport financier de 2015 »
39
leur paraissent « suffisantes ». Pourtant, au vu des enjeux
significatifs de ces transferts d’immobilisations (130,6
M€) et des amortissements associés,
l’établissement de comptes
pro forma
aurait permis d’assurer une comparabilité av
ec les
exercices précédents. De plus,
la durée d’amortissement de certains
biens, modifiée à cette
même occasion, pouvait, parfois, dépasser les limites fixées par la réglementation comptable
(cf. 4.2.3.1), sans que ces changements ne soient justifiés par des dépenses ultérieures venant
augmenter le niveau de performance initial des biens. Les reports réguliers de la date
d’échéance de la mission de la SEMMARIS constituent un obstacle à la permanence des
méthodes comptables. Par ailleurs, des terrains et co
nstructions, comptabilisés à l’actif du bilan
pour un montant, en fin 2019, de 64
138 €
(en valeur brute), seraient, selon la SEMMARIS, des
biens propres. Or,
en l’absence de transmission à la Cour de document de propriété, il n’est pas
possible de vérifier le bien-
fondé de l’inscription à l’actif du bilan
de ces biens et de leur
valorisation.
En méconnaissance
d’une obligation légale
40
, la SEMMARIS ne dispose pa
s d’un
inventaire physique détaillé des biens immobilisés mis à jour chaque année, et les commissaires
aux comptes n’ont jamais fait de réserves à ce sujet
. Elle indique que «
conformément à la
réglementation comptable, l’inventaire physique n’est pas réal
isé chaque année
» ; en
revanche, la SEMMARIS et les commissaires aux comptes ont précisé que «
la société effectue
régulièrement des inventaires physiques des immobilisations avec l’aide du cabinet Roux (
en
2015 et en 2020)
». De surcroît, e
n l’absence de
rapprochement entre le tableau des
immobilisations et les états financiers, des écarts
41
, d’un montant global de 71
581
€, ont été
constatés au 31 décembre 2019.
38
Le compte 119 « report à nouveau débiteur » présente un solde créditeur de 6,8
M€ en 2018 et de
10,2
M€ en 2019. Le compte 409160 «
fournisseurs avances et acomptes versées » présente un solde créditeur de
52 993
€ en 2011, de 56
670
€ en 2013 et de 55
248
€ en 2014. Le compt
e 641401 « indemnités journalières »
présente chaque année un solde créditeur.
39
La note 3.1 « Principes
» est reprise chaque année à l’identique afin de définir la notion
d’amortissements de caducité et indiquer les durées d’amortissement technique. Les n
otes 5.2 et 5.3 sont les
tableaux d’évolution de la valeur brute des immobilisations corporelles et de variation des amortissements.
40
L’article L.
123-12 du code de commerce prévoit que «
toute personne physique ou morale ayant la
qualité de commerçant do
it contrôler par inventaire, au moins une fois tous les douze mois, l’existence et la valeur
des éléments actifs et passifs du patrimoine de l’entreprise. Elle doit établir des comptes annuels à la clôture de
l’exercice au vu des enregistrements comptables
et de l’inventaire
».
41
Ces écarts concernent le compte 218310 « matériel informatique » (1
875 €) et le compte 218450
«
œuvres d’art
» (69 706 €).
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53
En conséquence, des travaux complémentaires devront être réalisés afin de mettre en
adéquation la
durée d’amortissement de l’ensemble des biens avec leur durée d’utilisation
effective, en veillant au respect des limites définies par la réglementation comptable. La
SEMMARIS devra également mettre en place un inventaire physique des biens comptabilisés
à l’actif de son bilan, régulièrement actualisé, et procéder, chaque année, au rapprochement de
cet inventaire avec les états financiers de la société, afin d’assurer la fiabilité des montants
comptabilisés à l’actif
du bilan.
La DIE souscrit pleinement à la recommandation de la Cour
, en ajoutant qu’il s’agit
d’un enjeu plus global de qualité des comptes de l’Etat
; elle estime que les données d’inventaire
dont elle dispose semblent malaisées à interpréter pour déterminer les conditions d’occupation
et
le contrôle comptable des terrains domaniaux recensés. Elle envisage la constitution d’un
groupe de travail qui associerait, outre les autres services intéressés de la DGFiP, le ministère
de la griculture et la société concessionnaires, aux fins de
fiabilisaion de l’inventaire.
La Cour rappelle que l’absence d’inventaire physique établi régulièrement est
constitutive d’une irégularité comptable.
Recommandation n° 6.
(SEMMARIS - 2022) Etablir un inventaire physique de
l’ensemble des biens comptabilisés à l’actif du bilan
et procéder régulièrement à son
actualisation et à son rapprochement avec les états financiers.
4.2.2
Une situation économique favorisée par l’absence de redevance
Entre 2011 et 2019, les produits augmentent de manière plus importante que les charges.
La progression est de 27,4 % (soit + 28,4
M€) pour les produits et de 23
% (soit + 21,8 M€)
pour les charges (cf. annexe n° 3). Cependant, en 2015, la prolongation de la mission de la
SEMMARIS jusqu’en 2049 et le plan d’investissements Rungis 2025 ont des conséquen
ces
significatives sur les produits et charges d’exploitation notamment, rendant ainsi difficile la
comparaison avec les exercices précédents.
4.2.2.1
Une rentabilité croissante
Tableau n° 6 :
Evolution des indicateurs économiques
En M€
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Chiffre d’affaires (CA)
91,6
93,8
97,1
100,6
104,6
108,0
111,3
116,4
121,1
Valeur ajoutée (VA)
53,2
56,2
58,4
61,3
64,3
68,5
72,2
76,3
79,8
Excédent brut
d’exploitation (EBE)
35,8
36,9
39,0
42,0
44,6
47,2
50,2
53,2
54,9
EBE / CA
39,1 %
39,3 %
40,1 %
41,8 %
42,6 %
43,7 %
45,1 %
45,7 %
45,3 %
Sources: Cour des comptes à partir des comptes sociaux et des documents de la SEMMARIS
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54
En 2019,
le chiffre d’affaires de la SEMMARIS s’établit à 121,1
M€, soit une hausse
de 4,1 % par rapport à 2018 (+ 4,8
M€).
Entre 2011 et 2019, le chiffre d’affaires a progressé de
32,2 %, ce qui représente une hausse de 3,6
% en moyenne par an. Les droits d’occupation du
domaine public par les opérateurs du marché
représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires
de la soc
iété, l’autre moitié se répartissant entre les charges refacturées et les ventes de fluides
(29
%), les droits d’accès et de stationnement
42
(29 %) et les activités annexes
43
(4 %). Cette
progression est notamment due à une fréquentation soutenue du marché, à la politique
d’investissement de la société et, dans une moindre mesure, aux activités annexe
s, notamment
à l’international
qui a permis de générer
des produits s’
élevant à 1,5
M€ en 2019, contre 2,2
M€
en 2018. Toutefois, alors que le plan Rungis 2025 prévoyait une croissance de 25 % du chiffre
d’affaires sur la période 2016 à 2020, cette progression ne devrait être finalement que de 1
5 %.
Par rapport à 2019,
le chiffre d’affaires de 2020 (123,9
M€) n’a progressé que de 2,3
%, la crise
sanitaire ayant entraîné une diminution des passages aux péages et une quasi-interruption de
l’activité internationale au premier semestre.
En 2021
, le chiffre d’affaires est estimé par la
SEMMARIS à 130,2 M€, soit une progression de 5,1
% par rapport à 2020.
La valeur ajoutée progresse de 50 % entre 2011 et 2019, ce qui représente une hausse
moyenne annuelle de 5,6 %
. Cette tendance s’explique par une progression, sur la période, plus
importante du chiffre d’affaires (+ 32
,2 %) que des charges courantes (+ 7,7 %). Au sein de ces
charges, l
e nettoyage et l’entretien du marché représentent plus d’un tiers des dépenses
courantes de la société. Ce poste dont le montant s’élève à 14
M€ au 31 décembre 2019, a
progressé de 2 % sur la période.
L
’excédent brut d’exploitation (
EBE) progresse de 53,4 % entre 2011 et 2019, ce qui
représente une hausse de 5,9 % en moyenne par an, et ce malgré une hausse constante des
charges de personnel. Les impôts, taxes et versements assimilés sont restés assez stables sur la
période. Ils s’élèvent
à 1,4
M€ au 31 décembre 2019. Le taux d’EBE
44
progresse régulièrement
jusqu’en 2018 puis il diminue légèrement en 2019, l’augmentation du chiffre d’affaires ayant
été moins importante qu’en 2018. En 2020, le taux d’EBE est conforme à celui de 2018
(45,7 %). Les charges de personnel
45
(qui n’intègrent pas la participation)
ont progressé de
45,8
% sur la période. Elles enregistrent une hausse en début de période, passant de 16,1 M€ en
2011 à 17,9 M€ en 2013. Une légère diminution est constatée en 2014, puis de
nouveau, les
charges de personnel augmentent, passant de 18,4 M€ en 2015 à 23,5 M€ en 2019,
soit 19,4 %
du chiffre d’affaires, sous l’effet de l’internalisation de la surveillance du marché
. Cette
évolution
est favorisée par l’absence de
versement de toute redevance par la SEMMARIS pour
l’utilisation des terrains du MIN de Rungis
46
. Pour maintenir sa rentabilité économique, les
redevances sur ses propres opérateurs auraient dû progresser de plus de 50 % sur la période,
soit environ 4,6 % par an
; sinon, les taux réels d’EBE auraient été de 30
% en 2011 (contre
39,1 %) et 36,9 % en 2019 (contre 45,3 %).
42
Leur montant s’élève à 14,2 M€ au 31 décembre 2019, contre 11 M€ en 2011.
43
Les activités annexes comprennent les recettes liées à l’international et à la digitalisation du marché.
Leur montant s’élève au 31 décembre 2019 à 4,6 M€, en augmentation constante depuis 2015.
44
Le taux d’EBE correspond au rapport de l’EBE sur le chiffre d’affaires.
45
Les charges de personnel comprennent les salaires, les traitements, l’intéressement et les charges
sociales.
46
Ainsi, en se fondant sur la redevance due par LUMIN’Toulouse à Toulouse Métropole (parts variable
et fixe), la SEMMARIS se serait
acquittée, en 2019, d’une redevance de 10,3
M€ compte tenu de son chiffre
d’affaires, de la superficie du marché et de la valeur du m² de terrain à Rungis.
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D’INTERET
NATIONAL DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
55
4.2.2.2
Des résultats globalement positifs mais qui stagnent en fin de période,
avant même la crise sanitaire
Tableau n° 7 :
Evolution des résultats de la SEMMARIS
En M€
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Résultat d’exploitation
12,4
11,9
15,7
18,6
28,2
23,8
25,5
26,9
26,2
Résultat financier
0,8
2,6
2,2
2,6
2,2
1,8
1,1
1,1
0,9
Résultat exceptionnel
0,9
0,7
2,4
0,2
-0,7
2,8
1,1
-5,0
-2,5
Résultat net comptable
9,4
10,0
13,2
13,9
18,8
17,5
17,9
14,7
16,0
Sources: Cour des comptes à partir des comptes sociaux et des documents de la SEMMARIS
Entre 2011 et 2019, le résultat
d’exploitation enregistre une augmentation moyenne
annuelle de 12,4 %, passant de 12,4
M€ en 2011 à 26,2
M€
en 2019. En 2015, le résultat
d’exploitation s’élève à 28,2
M€, en progression de 51,2
% (soit + 9,6
M€) par rapport à 2014
,
sous l’effet des reprises d’amortissements de 11,4 M€ liées à
la prolongation légale de la durée
de la mission
de la SEMMARIS jusqu’en 2049.
La non-récurrence de ce mécanisme explique
la diminution du résultat d’exploitation
en 2016 par rapport à 2015. Entre 2016 et 2018, le
résultat d’exploitation augmente de 12,8
%, ce qui représente une progression moyenne
annuelle inférieure à la période précédente. Cette situation s’explique essentiellement par les
dotations aux amortissements et les provisions de caducité sur les immobilisations du domaine
concédé qui augmentent de 2,9
M€ sur cette période sous l’effet des investissements réalisés.
En 2019, on constate une inflexion du résultat de
–
0,7
M€ par rapport à 2018. Ceci s’explique
principalement par l’augmentation des amortissements du domaine concédé (+
1,6
M€), d’une
part et des abandons de créances irrécouvrables (+ 0,3
M€), d’autre part. Toutefois,
les
investissements prévus par la SEMMARIS
d’ici 2035
(900
M€) et
les abandons de créances sur
les entreprises touchées financièrement par la crise sanitaire pourraient impacter le résultat
d’e
xploitation de la société.
Le résultat financier progresse
entre 2011 et 2014 sous l’effet de l’augmentation des
dividendes versés par la filiale Bureau Rungis international (BRI). Sur le reste de la période, le
résultat financier diminue progressivement compte tenu de la baisse des dividendes encaissés
sur BRI (1,2
M€ en 2019 contre 1,7
M€ en 2014) et des
charges financières
47
(0,35
M€ en 2019)
liées aux lignes de crédit renouvelable
48
, contractées pour financer les investissements, mais
qui n’ont réellement été
tirées
qu’en 2020
pour un montant total de 10
M€
.
Le résultat exceptionnel est positif en début de période, puis à nouveau en 2016 et 2017.
En revanche, ce résultat, proche de l’équilibre en 2015, est déficitaire en 2018 et 2019. C
ette
situation est principalement due à la destruction ou la cession d’immobilisations corp
orelles.
Sur la période contrôlée
, ces sorties d’immobilisations ont occasionné des moins
-values de
47
Ces charges sont comptabilisées dans le compte 668 « autres charges financières »
48
Par contrat passé avec le Crédit agricole, la BNP et la Société générale, en date du 23 juin 2017, la
SEMMARIS dispose de deux lignes de crédit renouvelable de 60
M€ chacune, mises en place en 2017 pour la
première ligne et en 2020 pour la seconde. Les intérêts liés à ces lignes de crédit sont calculés par référence au
taux EURIBOR et la date d’échéance du contrat est fixée au 31 décembre 2026.
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56
2,2
M€ en 2018 et 7
M€ en 2019.
Le résultat exceptionnel aurait été encore plus dégradé si la
SEMMARIS avait comptabilisé les droits de première accession (DPA) réaffectés ainsi que les
travaux refacturés à la SCI BRI
en produits d’exploitation au lieu de produits exceptionnels
49
.
En faisant abstraction de l’exercice 2015 au cours duquel d’importantes reprises
d’amortissements ont été constatées
, le résultat net
augmente régulièrement jusqu’en 2017,
passant de 9,4
M€ en 2011 à 17,9
M€ en 2017, puis diminue en fin de période. Au 31
décembre
2019, le bénéfice net s’établit
à 16
M€, contre 14,7
M€ en 2018. Cette évolution négative par
rapport à 2017 est essentiellement due au résultat exceptionnel déficitaire en 2018, d’autant que
l’impôt sur les sociétés a diminué de 1,3
M€ entre 2019 et 2017 et que la participation des
salariés est restée stable.
4.2.2.3
Les résultats consolidés du groupe
Ces résultats sont les suivants pour la période 2017-2019 :
Tableau n° 8 :
Evolution du résultat net comptable du groupe SEMMARIS
En €
2017
2018
2019
SEMMARIS
17 873 111
14 742 240
16 047 497
BRI
913 259
1 056 699
1 177 283
MIN TO
226 134
444 117
736 942
TLU
-163 008
-256 207
-130 762
Groupe SEMMARIS
17 788 756
14 754 187
16 299 778
Sources: Cour des comptes à partir des comptes consolidés et des documents de la SEMMARIS
Le résultat net consolidé du groupe SEMMARIS a diminué de 8,4 % entre 2017 et 2019.
Cette dégradation est due pour partie à la filiale TLU qui a enregistré sur cette période un déficit
cumulé de 0,5
M€. Le départ progressif des occupants de l’actuelle zone logistique explique
cette si
tuation et la SEMMARIS n’escompte pas de résultat positif de sa filiale TLU avant 2021,
après la phase de construction (cf. annexe n° 3).
L’évolution du résultat net consolidé s’explique
surtout par celui de la société qui représente 99,6 % du résultat « groupe ».
49
Les comptes distinguent en effet les DPA dus pour la première fois par un opérateur économique, et
étalés sur la durée de sa
concession, inscrits en recettes d’exploitation, et les DPA réaffectés, repris par un autre
opérateur que l’opérateur initial, inscrits en recettes exceptionnelles. La lecture
-
et donc l’interprétation
- des
comptes en est affectée compte tenu de l’impor
tance relative de leurs montants respectifs : par exemple, en 2019,
les DPA sont enregistrés à hauteur de 793 488
€ et les DPA réaffectés à hauteur de 909
894
€. La situation était
encore plus déséquilibrée en 2017, où les DPA étaient quasiment inférieures de moitié aux DPA réaffectées
(678 149
€ contre
1 199 403
€). La SEMMARIS ne compte pourtant pas modifier cette situation comptable.
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57
4.2.3
Une situation patrimoniale préoccupante en fin de période
Au 31 décembre 2019, le total de bilan de la SEMMARIS s’élève à 674,5
M€. Il
progresse de plus d’un tiers par rapport à 2011 avec, à l’actif, une augmentation des
immobilisations (+205
M€ e
n valeur nette) et une baisse de la trésorerie (-39,6
M€) et, au passif,
une augmentation des autres fonds propres ou droits du concédant (+87,5
M€) et des capitaux
propres (+43
M€) compte tenu du plan
Rungis 2025 et des résultats nets excédentaires
enregistrés sur la période.
Au 31 décembre 2019, le bilan est majoritairement composé, à l’actif, d’immobilisations
et, au passif, de droits du concédant (cf. annexe n° 3).
Le
patrimoine
concédé
comprend
deux
catégories
d’immobilisations.
Les
immobilisations renouvelables, totalement amorties au plus tard à la fin de la concession,
bénéficient
d’amortissements
techniques
comptabilisés
à
l’actif
du
bilan
voire
d’amortissements de caducité. L
es immobilisations non renouvelables, comptabilisées
également à l’actif du bilan, bénéficient d’amortissements de caducité enregistrés au passif du
bilan de manière à avoir une valeur résiduelle nulle à la fin de la concession.
4.2.3.1
Des immobilisations dédiées quasi-exclusivement au domaine concédé
Au 31 décembre 2019, les im
mobilisations s’élèvent en valeur net
te à 609,1
M€. La
quasi-totalité de ces immobilisations concernent le domaine concédé, qui a augmenté de
188
M€, soit 48,1
%, sur la période, passant de 391
M€ en 2011 à 579,2
M€ en 2019, sous
l’effet du plan Rungis 202
5. Elles sont réparties en immobilisations corporelles non
renouvelables (371,7
M€), en immobilisations corporelles renouvelables (207,4
M€), et dans
une moindre mesure en immobilisations incorporelles non renouvelables
50
(91 326
€).
Les immobilisations propres à la SEMMARIS portées au bilan, représentant 4,9 % de
l’actif net immobilisé
, sont constituée
s d’actifs immobiliers
(terrains et constructions), de
matériels, de mobiliers, de logiciels
et d’immobilisations financières. Leur montant net s’élève
à 30
M€
en 2019, contre 13,1
M€ en 2011.
S’agissant des terrains, l’approfondissement de
l’instruction a permis à la société de s’apercevoir qu’un certain nombre de parcelles était à son
nom dans plusieurs actes notariés sans qu’elle les traite en tant que pr
opriétaire. Elle en conclut
qu’il s’agirait de ses seules propriétés, mais dans ce cas il lui faudrait déterminer, et indiquer à
la Cour, ce que sont les immobilisations décrites au bilan. Cette question se poursuit par celle
des taxes foncières que la SEM
MARIS devrait alors régler, alors qu’elle ne s’acquitte que de
la taxe locale sur les publicités extérieures (37 069
€ en 2019)
. Les immobilisations
incorporelles propres, dont le montant s’élève à 4,8
M€ en 2019, comprennent notamment les
investissements réalisés par la SEMMARIS dans le cadre de la mise en place, en 2018, de la
Marketplace, développée pour les concessionnaires.
La prolongation
de la mission de la SEMMARIS jusqu’en 2049
a eu des incidences
importantes sur le classement de près d’un tiers d
es biens concédés ainsi que sur leurs
50
Il s’agit de la marque «
Rungis actualités ».
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58
amortissements techniques et de caducité
51
. Ainsi, les travaux réalisés par la SEMMARIS, en
2015,
pour effacer les effets de l’ancienne limite de mission à 2034,
ont conduit à la mise en
place d’un dispositif lourd, com
plexe et pas toujours conforme à la réalité économique. Un
certain nombre d’immobilisations classées antérieurement en non renouvelables
, pour un
montant de 105,9
M€, ont été basculées en immobilisations renouvelables. A l’inverse, des
prestations accessoi
res d’un montant de 24,7
M€ considérées auparavant comme des
immobilisations renouvelables donc totalement amorties au plus tard en 2034, ont été reclassées
en immobilisations
non renouvelables en prolongeant leur durée d’amortissement de
20 ans. En
outre, pour des raisons de rentabilité économique, la société a fait le choix
, sans qu’il soit relevé
de manière critique par les commissaires aux comptes,
d’allonger artificiellement la durée
d’amortissement de certains bâtiments anciens jusqu’à 80 ans, ce qui permet d’atténuer l’impact
des amortissements sur le résultat ; o
r, la durée d’amortissement, correspondant à la durée
effective d’utilisation de
ces biens, ne peut excéder 50 ans. La SEMMARIS en conclut que la
limitation de la durée de vie d’un tel bien à
50 ans conduirait, en pratique, à constater des
amortissements techniques sur des biens anciens et dont le renouvellement n’est pas prévu dans
le plan d’investissement
. On voit là certaines conséquences des prolongations de la durée de la
« concession », et des pratiques comptables
qu’elles induisent
.
Par ailleurs, la SEMMARIS a réalisé, pour la première fois en 2019, une analyse des
immobilisations renouvelables totalement amorties au 31 décembre 2019 qui s’élèvent à
55,5
M€ en valeur brute. Parmi ces imm
obilisations totalement amorties, 19
M€
d’immobilisations ont été sorties du bilan en 2019 (détruites ou mises au rebut) et 14
M€
d’immobilisations devraient être renouvelées, conformément au plan Rungis 2025. La
SEMMARIS devait poursuivre ses investigations sur les autres immobilisations (22,5
M€) afin
de déterminer celles devant être sorties du bilan et celles devant faire l’objet d’un
renouvellement. La SEMMARIS indique que les travaux engagés sur les biens du domaine
concédé, totalement amortis en fin 2020, sont en cours de finalisation.
Enfin, la SEMMARIS dispose d’immobilisations financières dont le montant s’élève à
23,8
M€ en 2019, contre 12,6
M€ en 2011. L
a souscription, en 2017, au capital de la filiale
LUMIN
’
Toulouse (2,55
M€) et l’avance rémunérée au taux légal consentie à
la filiale BRI
(10,3
M€ en 2019)
, dans le cadre des travaux de rénovation de ses bureaux réalisés par la
SEMMARIS et refacturés à BRI,
expliquent l’essentiel de la progression de ce poste
.
4.2.3.2
Des créances en augmentation
L’actif circulant a diminué de 21
% sur la période, passant de 82,5
M€ en 2011 à
65,4
M€ en 2019. Au 31 décembre 2019, l’actif circulant, représentant moins de 10
% de l’actif
net, est composé à 67 % de créances d
’exploitation (43,9
M€)
et à 30,6 % de la trésorerie
(20
M€)
.
Les créances clients s’élèvent à 26,5
M€ au 31 décembre 2019 et représentent 4
% du
total de l’actif.
Elles ont progressé sur la période de 88 %, soit + 12,4
M€ par rapport à 2011.
Elles ont été dépréciées de 1,5
M€ en 2019, soit
6 % des créances clients. Afin de limiter les
risques d’impayés, la SEMMARIS a
actualisé, en 2016, ses procédures de recouvrement des
51
L’amortissement technique qui concerne les biens renouvelables est calcu
lé sur la durée de vie
résiduelle et non d’origine et la provision de caducité restant à amortir est étalée sur une durée plus longue.
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59
créances : le recouvrement amiable concerne les factures impayées depuis plus de 30 jours, le
recouvrement devient contentieux au-delà de 60 jours et
le contrat d’occupation est résilié au
-
delà de 90 jours. Selon la SEMMARIS, 90 % des redevances sont recouvrées et la phase
contentieuse ne concerne que 4 % des entreprises du marché.
On constate que le délai de recouvrement
52
des créances clients se situe, en fin de
période, au-dessus de la norme admise de 40 jours pour les entreprises du même secteur, passant
de 2,1 mois en 2011 à 2,7 mois en 2019. Malgré la crise sanitaire, les encours clients sont quasi
stables en 2020 par rapport à 2019 et les abandons de créances n’ont représenté que 4,3
M€ en
2020, la société les avait estimés à 10
M€.
Ceci découle des mesures de soutien exceptionnelles
mises en place en 2020 par la SEMMARIS au profit des entreprises impactées par la crise.
4.2.3.3
Des capitaux propres composés majoritairement du droit du concédant
Sur la période, les capitaux propres qui ont globalement
progressé d’un tiers, passant de
390
M€
en 2011 à 520,5
M€ en 2019,
sont composés à 77 % du droit du concédant (402,8
M€)
et à 23 % de la situation nette
53
(117,6
M€). Ils représentent, en 2019, 77
% du total du passif.
En 2019, le droit du concédant composé des amortissements de caducité (303
M€), des
subventions d’investissement (76,4
M€) et des provisions pour renouvellement (23,4
M€), a
augmenté de 28 % sur la période, soit + 87,5
M€.
En 2019, la situation nette, composée
majoritairement du report à nouveau (70,3
M€), a
progressé de 58 % sur la période (soit 43
M€
),
grâce aux résultats nets excédentaires enregistrés durant toute la période.
Sur la période, la SEMMARIS a versé à ses actionnaires 79
M€ de dividendes, ce qui
représente, en moyenne par an, 9,9
M€ de dividendes, soit 64,8
% du résultat net. On constate,
qu’à compter de 2015, la part des dividendes dans le résultat net de la société est croissante. En
2020, la SEMMARIS n’a pas versé de dividendes à ses actionnaires au ti
tre de son résultat net
de 2019 car la société a bénéficié des aides gouvernementales mises en place dans le cadre de
la crise sanitaire (prêt garanti par l’Etat et chômage partiel). Le tableau ci
-après retrace
l’évolution des di
videndes versés par la SEMMARIS :
Tableau n° 9 :
Evolution des dividendes versés par la SEMMARIS
En M€
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Résultat net
9,4
10,0
13,2
13,9
18,8
17,5
17,9
14,7
16,0
Dividendes
versés
4,7
5,0
6,0
6,6
23,9
10,5
11,0
11,3
0
Dividendes/
Résultat
49,9 %
49,9 %
45,5 %
47,4 %
127,3 %
60 %
61,6 %
76,9 %
0 %
Sources: Cour des comptes à partir des comptes sociaux et des documents de la SEMMARIS
52
Le délai de recouvrement correspond au rapport entre la moyenne des créances clients entre l’ouverture
et la clôture de
l’exercice et le chiffre d’affaires.
53
La situation nette comprend le capital, la prime d’apport, la réserve légale, les autres réserves, le report
à nouveau et le résultat de l’exercice.
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60
4.2.3.4
Les dettes et les provisions pour risques et charges
Les dettes financières qui comprennent essentiellement les emprunts et les dépôts et
cautionnements versés par les clients de la SEMMARIS, ont progressé de 19 % (soit 8
M€
), sur
la période. Elles représentent, en 2019, 7,4 % du passif (50,2
M€). Les emprunts ont
régulièrement diminué entre 2011 et 2016, puis augmenté en fi
n de période, sous l’effet du
financement du plan Rungis 2025. Ils s’élèvent, à fin 2019, à 25,7
M€,
quasi-stables par rapport
à 2011.
Les autres dettes qui représentent 9,8 % du passif de la société comprennent
essentiellement les dettes fournisseurs, les dettes fiscales et sociales et les dettes sur
immobilisations. Elles ont doublé sur la période, passant de 30,6
M€ en 2011 à 66
M€ en 2019
(soit + 35,4
M€). Les dettes sur immobilisations ont fortement augmenté à compter de 2016,
sous l’effet du plan Rungis 2025. Elles s’élèvent, en 2019, à 36,3
M€, contre 10,2
M€ en
2011.Les dettes fournisseurs s’élèvent, en 2019, à 11,7
M€, en progression de 23
%, soit
+2,1
M€ par rapport à 2011
(avec les dettes fournisseurs sur immobilisations, ce chiffre s’élève
à 33 M
€)
. On constate alors que le délai de règlement
54
des fournisseurs hors immobilisations
qui
s’établit en moyenne à 2,9 mois
sur la période 2011 à 2015,
s’est dégrad
é à 3,1 mois en fin
de période, le délai atteignant 3,4 mois en 2019 contre 2,8 en 2017. Les tensions sur la trésorerie
en fin de période pourraient expliquer ces retards de paiement. A l’avenir, la SEMMARIS devra
veiller u respect du délai réglementaire fixé à deux mois au
maximum afin de ne pas s’exposer
à des pénalités de retard, voire à des contentieux.
Enfin, les provisions pour risques et charges, de 0,4
M€ au 31 décembre 2019
, ont
diminué de -0,5
M€ par rapport à 2011. Elles correspondent à des litiges prud’homaux en cours
et aux médailles du travail.
4.2.4
La dégradation récente des indicateurs financiers de la SEMMARIS
Tableau n° 10 :
La CAF, le FDR, le BFR et la trésorerie
En M€
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
CAF
34,6
34,6
35,9
37,7
36,1
40,6
44,4
46,2
48,7
FDR
30,5
17,2
27,2
36,5
39,9
24,2
9,0
3,8
-36,4
BFR
-29,5
-32,4
-32,8
-32,0
-33,8
-33,5
-52,1
-52,0
-56,4
TRESORERIE
60,1
49,6
60,1
68,5
73,7
57,7
61,1
55,9
20,0
dont
disponibilités
3,7
3,2
1,3
13,1
27,2
16,5
30,1
38,8
7,0
Sources: Cour des comptes à partir des comptes sociaux et des documents de la SEMMARIS
Entre 2011 et 2019, la
capacité d’autofinancement (CAF) a régulièrement progressé,
passant de 34,6
M€ en 2011 à 4
8,7
M€ en 2019. Entre 2017 et 2019, le niveau de la CAF n’a
54
Le délai de règlement correspond au rapport entre la moyenne des
dettes fournisseurs entre l’ouverture
et la clôture de l’exercice et les achats et services extérieurs.
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61
toutefois pas été suffisant pour financer les investissements ; la SEMMARIS a été contrainte
de recourir à
d’autres ressources
. Cette situation pourrait
s’accentuer
compte tenu du niveau
important des investissements prévus par la société dans les années à venir (cf. infra 5.2).
Entre 2011 et 2016, le fonds de roulement, positif, a toujours été supérieur à trois mois
d’activité. En revanche, à parti
r de 2017, il diminue régulièrement pour devenir négatif en 2019
(-36,4
M€). Cette situation met en évidence l’insuffisance des ressources propres au regard des
investissements réalisés par la société.
L’augmentation
des financements externes (subventions
d’investissement, emprunts) et/ou la réduction des investissements prévus par la société
pourraient
permettre d’améliorer le fonds de roulement
, qui ne peut rester à un tel niveau.
Le cycle d’exploitation de la SEMMA
RIS est atypique avec un besoin en fonds de
roulement qui est resté négatif sur toute la période, passant même de -29,5
M€ en 2011 à
-
56,4
M€ en 2019
, et qui
s’expliqu
e par un encours fournisseurs plus important que celui des
clients. Une inversion de cette situation ou même un retour au BFR de 2016 engendrerait de
lourdes conséquences sur la trésorerie et des retards de paiement.
La trésorerie
55
est, au cours de la période examinée, toujours restée excédentaire en fin
d’exercice
même si elle est en diminution, passant de 60,1
M€ en 2011 à 20
M€ en 2019
(dont
7
M€ de disponibilités)
. Si, globalement, elle permet de couvrir plus de trois mois
d’activité
grâce aux valeurs mobilières de placement, la trésorerie nette (disponibilités) est faible car elle
ne permet de financer que 37 jours d’activité
en 2019. Par ailleurs, la SEMMARIS a contracté,
en 2017, une ligne de crédit renouvelable de 60
M€
, entraînant des charges supplémentaires
(frais financiers et commissions bancaires)
d’un montant global de 0,8
M€
sur la période 2017
à 2019, alors que ce crédit
n’a
pas été utilisé par la société au cours de la période sous contrôle.
Cela met en évidence des lacunes en matière de prévisions de trésorerie qui pourraient
s’accentuer avec l’augmentation
des investissements, des abandons de créances et
l’allongement du délai de paiement des clients fragilisés financièrement par la crise sanitaire.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
En l’absence d’inventaire physique, la SEMMARIS n’a
pas procédé à la réévaluation
de ses actifs, prévue par la réglementation comptable mais non obligatoire. Ainsi, les
administrateurs ne disposent pas d’une image
fidèle du patrimoine de la société conforme à la
réalité du marché immobilier sans que ce point, malgré son importance, ne soit relevé par les
commissaires aux comptes. La démarche actuelle de contrôle interne ne permet ni de sécuriser
les opérations comptables du groupe SEMMARIS ni
d’informer régulièrement les
administrateurs de la performance du dispositif de maîtrise des risques, la Cour ayant relevé
des informations insuffisantes dans les comptes de la société
qui n’
ont
fait l’objet
ni de réserves
ni d’observations
de la part des commissaires aux comptes.
Malgré une amélioration de la situation par rapport au contrôle précédent de la Cour,
la
démarche d’unification
des redevances perçues par la SEMMARIS n
’
est pas achevée.
C
ertains secteurs d’activité bénéficient
encore
d’une tarification inférieure au
x charges
supportées par la société, malgré une meilleure utilisation de la comptabilité analytique.
55
La trésorerie comprend les disponibilités et les valeurs mobilières de placement.
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62
La rentabilité économique de la SEMMARIS, apparemment favorable, bénéficie en fait
de
l’absence de redevance sur l’utilisation des terrains du MIN de Rungis et
de
l’allongement
artific
iel de la durée d’amortissement
de certains biens immobilisés, et ce au-delà des limites
autorisées. En revanche, la situation financière de la société tend à se dégrader en fin de
période
: la capacité d’autofinancement n’a pas permis de financer les investissements de la
société, le fonds de roulement est devenu négatif en 2019 et la trésorerie nette (disponibilités)
ne couvre plus qu’environ un mois d’activité en 2019. En l’absence de financements externes,
cette situation
pourrait s’a
ggrav
er à l’avenir compte tenu du niveau important des
investissements prévus par la société et de l’allongement du délai de paiement des clients,
fragilisés financièrement par la crise sanitaire.
5
UN PLAN D’INVESTISSE
MENT AMBITIEUX, UN
FINANCEMENT A PRECISER
5.1
Un programme d’investissements massif jusqu’en 2035
Le conseil d’administration du 30 septembre 2015 a approuvé le plan d’investissements
Rungis 2025 qui vise à adapter le marché à l’évolution de son environnement et à déployer
l’activité de l’entreprise en France et à l’international. Ce plan prévoit, sur la période 2015 à
2025, des investissements de la SEMMARIS, estimés à 510
M€, qui se répartissent de la
manière suivante : 82
M€ pour le marché physique
56
, 153
M€ pour le maintien de l’outil,
240
M€ pour l
e développement et 35
M€ pour
le domaine propre à la société. Ce plan prévoit
une participation financière des opérateurs
57
du marché à part égale avec la SEMMARIS,
portant ainsi la totalité du plan à près de 1
Md€ d’ici 2025. Le taux de rentabilité
(cf.
infra
)
attendu du plan d’investissements est estimé à
8,5 % avant impôts et charges financières. Ce
plan doit porter sur environ 220 000 m² répartis en 132 000 m² au titre de la densification et en
88 000 m² au titre de la réhabilitation de bâtiments existants. Il
prévoit notamment l’achèvement
du pavillon Bio et la restructuration de certains secteurs (porc, marée, horticulture et
décoration). Conformément aux statuts, t
ous les projets d’investissement supérieurs à 4
M€
doivent être soumis à l’approbation du
conseil d’administration.
La SEMMARIS estime que le chiffre d’affaires devrait atteindre 150
M€ en 2025, soit
une croissance de 50 % sur la période 2015 à 2025. La valeur ajoutée devrait atteindre près de
100
M€ en 2025, ce qui représente une croissance m
oyenne annuelle de 5,3
%. L’EBITDA
devrait progresser de 60
% pour s’établir à 70
M€ en 2025.
Le procès-verbal de la séance du
CA du 30 septembre 2015 établit que «
la CAF progresse de 5,3 % en moyenne par an sur la
56
Des investissements en faveur notamment des secteurs des fruits et légumes, des produits laitiers et des
produits carnés.
57
Les investissements à la charge des entreprises du marché portent essentiellement sur l’aménagement
intérieur des bâtiments.
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63
période et permet de financer 100
% du programme d’investissement
.
La SEMMARIS souhaite
néanmoins
avoir recours à l’endettement extérieur
», ce qui paraît effectivement une nécessité.
L
ors du conseil d’administration du 28 novembre 2019 qui fait suite au séminaire
des
actionnaires du 20 septembre 2019 à Rome, la SEMMARIS a en effet présenté un élargissement
du plan d’investissements à l’horizon 2035, une augmentation de l’enveloppe initiale des
investissements prévus d’ici 2025 qui passerait de 510
M€ à 6
33
M€ ainsi
que l’avancement de
certains projets
58
. Ainsi, le montant des investissements pour le marché de Rungis serait porté
à 901
M€ sur la période 2015 à 2035, l’enveloppe totale du plan Rungis 2035 devrait atteindre
1,8
Md€ investis à part égale par la SEMMARIS
et les opérateurs du marché. Ce nouveau plan
d’investissements,
qui a été présenté au
conseil d’administration
de mai 2021 et dont le taux de
rentabilité interne (TRI) est estimé par la SEMMARIS à 7,3 % avant impôts, est financé par les
deux lignes de crédit de 120
M€
au total.
En complément de ce programme d’investissements,
la SEMMARIS
envisage d’acquérir
des actifs immobiliers à proximité de Rungis
59
et/ou
d’espaces de logistique urbaine dans Paris ainsi que des prises de participation dans certains
marchés
60
et/
ou le développement des activités à l’international
61
.
5.2
Un financement des investissements basé sur des ressources
propres insuffisantes
A partir du tableau de financement (cf. annexe n° 4),
on constate qu’entre 2011 et 2019
la SEMMARIS a réalisé
des dépenses d’investissement d’un montant global de 371,2
M€,
dont
348,8
M€ sur le domaine concédé, c
e qui représente en moyenne 41,2
M€ pa
r an. Cette
moyenne passe à 53,8
M€ par an sur la période 2015 à 2019 sous l’effet du plan Rungis 2025.
Au 31 décembre 2019, la SEMMARIS a réalisé 102 % des investissements prévus au plan
(255,6
M€),
et 97 % (317,6
M€) au 31 décembre 2020.
Entre 2011 et 2019, les investissements ont été financés à partir de la CAF (358,8
M€),
des emprunts contractés notamment en 2017 et 2018 (34,4
M€), de diverses ressources
62
(29,2
M€) et des subventions d’équipement (9,8
M€). Des prélèveme
nts sur le fonds de
roulement (89,6
M€), essentiellement à partir de 2016, complètent le financement.
Par ailleurs,
la SEMMARIS a contracté, depuis 2017, deux lignes de crédit renouvelable de 120
M€ au total
,
dont l’échéance est prévue en fin 2026
, et qui représentent 13 % des investissements finalement
envisagés. Ceci met en évidence que, contrairement aux prévisions, la CAF
s’est
finalement
58
Il s’agit notamment du bâtiment I10 et de l’extension du pavillon Bio.
59
Les projets fonciers porteraient notamment sur la zone SENIA, adjacente au marché sur laquelle la
SEMMARIS prévoit 90 000 m² de constructions pour un investissement de 149
M€ (hors foncier) et un taux de
rentabilité estimé à 4,3 % avant impôts. Ils porte
raient également sur le développement d’une annexe au marché
de Rungis située au nord de l’Ile de France sur une superficie de 165
000 m² et un investissement de 282
M€ (hors
foncier) et un taux de rentabilité estimé à 6,3 % avant impôts. Il pourrait aussi
s’agir d’acquérir des terrains dans
les environs du marché de Rungis d’une superficie de 30
000 m² afin d’y construire des bâtiments pour un coût de
42
M€ et un taux de rentabilité estimé à 4,8
% avant impôts.
60
Quatre marchés régionaux ont été ciblés en priorité par la SEMMARIS : Nantes, Chateaurenard, Nice
et Montpellier.
61
Outre le contrat de licence, la SEMMARIS envisage deux options pour son développement à
l’international
: intervention en tant qu’opérateur et/ou prise de participation dans un fonds
tiers.
62
Il s’agit du compte courant BRI, des cautions et cessions d’immobilisations.
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D’ECONOMIE MIXTE D’
AMENAGEMENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
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64
révélée insuffisante pour le plan 2015-2025. C
ompte tenu de l’ampleur des investisse
ments
envisagés d’ici 2035
, une réflexion doit être rapidement menée sur les ressources externes
(subventions,
emprunts,
augmentation
de
capital)
nécessaires
au
financement
des
investissements prévus
jusqu’en 2035.
Enfin
, les investissements envisagés à l’extérieur du périmètre du MIN pourrai
ent poser
des problèmes financiers et
juridiques. Tout d’abord, le cadre permettant de définir la propriété
et l’affectation des terrains situé
s en dehors de la zone A, dans la zone SENIA surtout
, n’existe
pas à ce jour. Ensuite
, le développement en France ou à l’international, sous forme de prise de
participation notamment, pourrait exposer la SEMMARIS à des risques non négligeables.
5.3
Un calcul de rentabilité incomplet
La méthode - ou bien la présentation - retenue par la SEMMARIS pour le calcul de la
rentabilité d’un projet
d’investissement
est limitée au taux de rentabilité interne (TRI)
communiqué aux administrateurs avant et après impôt sur les sociétés, ce qui ne leur fournit
pas l’ensemble des informations nécessaires à la prise de décision
63
. En effet, les flux de
trésorerie (ou cash-flows)
64
générés par le projet d’
investissement, la valeur actuelle nette
(VAN)
déterminée sur la durée d’utilisation du bien
, qui seule permet de
savoir s’il y aura
retour
sur investissement, ne leur sont pas transmis
65
; les calculs sont au surplus biaisés par le fait que
la
durée d’utilisation du bien peut dépasser
la fin de la concession.
De surcroît, la SEMMARIS indique que le TRI est calculé en coûts complets. Or, de
l’examen des dossiers fournis, il ressort que
les coûts
n’intègrent
ni les charges fixes liées au
fonctionnement de la société (à la place, certains postes incluent une quote-part du temps passé
par les services associés dont la société n’a pas indiqué la détermination
) ni, le cas échéant,
l’e
mprunt et les charges associées, la SEMMARIS ne recourant pas à un financement par projet
mais à un financement global sur
l’ensemble du plan d’investissements
. Cela conduit donc à
surestimer leur
rentabilité d’autant que le taux d’occu
pation du bien
n’est pas non plus pris en
compte par la société : il est toujours porté à 100 %, ce qui ne peut pas correspondre à la réalité
en fonction de la date de mise en service du bien.
Conscient de certaines difficultés, le
comité d’audit
a commandé une étude sur les
méthodes de comptabilisation des TRI dont le résultat lui a été présenté au cours de sa réunion
du 18 septembre 2020. Le cabinet consulté est revenu sur les pratiques antérieures
qu’il a
indiquées comme étant basées sur un objectif de TRI moyen sur l
’
ensemble des investissements
productifs de 7,2 % avant impôts (feuille de route du séminaire de Rome). Il a préconisé que la
présentation des projets intè
gre l’exhaustivité des impacts attendus, apporte une description des
impacts de trésorerie sur les premières années, inclue plusieurs scénarii (construction nouvelle,
rénovation, réhabilitation, transfert, etc.), tous é
léments classiques d’un calcul de rentabilité
.
63
Le taux de rentabilité interne (TRI) est calculé sur les flux futurs de trésorerie générés par les
investissements. Il intègre les revenus et charges des nouvelles constructions ainsi que la baisse des revenus et les
charges associées aux démolitions. Il intègre également une hypothèse de renouvellement des investissements
réalisés en fonction de leur durée de vie estimée.
64
Ils correspondent au résultat net augmenté des amortissements.
65
Les rapporteurs s’en sont assurés en demandant les dossiers remis aux membres du comité d’audit puis
aux administrateurs.
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65
Ce constat souligne donc les insuffisances de la méthodologie antérieure, au détriment du choix
éclairé des investissements et excluant tout scénario alternatif notamment avec de la
réhabilitation. Cette méthodologie a pourtant déjà servi à engager la moitié de la durée du plan
Rungis 2025.
Au-delà des principes, certaines problématiques liées au modèle économique du marché
semblent, selon le cabinet, devoir
être clarifiées, à savoir la définition de l’enveloppe et du
périmètre des investissements à intégrer dans le calcul des TRI (allocation des coûts de
démolition, allocation des coûts de transfert, impacts à intégrer liés aux coûts engendrés par la
modification de la VRD, gestion des places de stationnement), puis le calcul des revenus à
associer au projet et le cas échéant, des revenus à déduire (pertes de loyers). Il a donc précisé
les objectifs
d’un outil de calcul et de contrôle de la rentabilité des in
vestissements réalisés
depuis 2017 : permettre,
à partir de la mise en service d’un bâtiment et pour une durée de trois
ans,
l’
évaluation annuelle des impacts réels des projets sur le compte de résultat et les flux de
trésorerie, la réconciliation des données réelles aux estimations présentées initialement en
comité, enfin, le cas échéant, le
suivi des impacts qualitatifs attendus avec la mise en place d’un
projet.
Cet outil a été bâti par la SEMMARIS pour les projets mis en service en 2020 et
communiqué
au comité d’audit
en avril 2021. Cependant, les TRI présentés sont parfois
meilleurs que les TRI prévisionnels. Sachant que certains projets ont des périodes de rentabilité
longues (par exemple projet A1 : 28 ans et demi indiqués sur la fiche projet), les biais de
présentation
au comité d’audit puis au conseil d’administration
peuvent
s’avérer
irréparables.
La SEMMARIS doit revoir et enrichir sa méthodologie de calcul de rentabilité des
investissements ; elle doit également proposer pour chaque projet plusieurs options
ainsi qu’un
plan de financement associé afin que les administrateurs soient mieux éclairés en amont, et
mener une analyse régulière sur les investissements passés afin de vérifier leur rentabilité
effective dans la durée par rapport aux hypothèses définies initialement.
La SEMMARIS ajoute qu’
«
en 2020 a été présenté le projet d’extension qui intègre la
présentation des cash-
flow prévisionnels sur les premières années, et l’ajout du seul scénario
du statu quo.
(…) L
es présentations futures intègreront également systématiquement la mention
de la durée de payback »
, autrement dit le délai de récupération du capital investi au bout duquel
la VAN est nulle, la somme des cash-flow actualisés étant alors
égale à l’investissement.
L’APE
«
encourage
l’entreprise à poursuivre
les efforts
(…) entrepris
en matière
(…) de mise en œuvre
de la nouvelle méthodologie
(…) pour
évaluer la rentabilité financière des investissements
».
Recommandation n° 7.
(SEMMARIS - 2022) : Revoir
la méthode d’évaluation
de la
rentabilité financière des investissements et proposer pour chaque projet plusieurs
options
ainsi qu’un plan de financement associé
.
LA SOCIETE D’ECONOMI
E MI
XTE D’AMENAGEMENT ET
DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
66
5.4
Une meilleure maîtrise des procédures de la commande publique
La SEMMARIS,
chargée d’u
ne mission de service public, est, à ce titre, un pouvoir
adjudicateur soumis au nouveau code de la commande publique
66
; dès lors, tout marché ou
toute concession passés par la société est soumis à ce code. Le rapport précédent avait déjà émis
une recommandation n° 1 de procéder à «
une révision profonde des modalités de passation des
marchés (…) pour mettre en place dans les meilleurs délais une procédure d’achat conforme
[aux] textes et en faire assurer la bonne application par le contrôle interne
»
, à l’époque
s’agissant du code des marchés publics de
2006.
Depuis 2013, la direction des affaires juridiques qui assure la gestion des marchés,
accompagne les directions opérationnelles dans la passation des achats. En outre, la
SEMMARIS a mis en place trois instances, en charge du suivi de la procédure, du choix des
prestataires et de l’attribution du marché
: comité des engagements, le comité restreint des
marchés et le comité des marchés
67
.
La procédure interne mise en œuvre par la SEMMARIS, conforme aux dispositions
réglementaires du code des marchés publics en vigueur, est la suivante :
-
achats ou concessions inférieurs à 25 000
€ HT
; consultation libre d’entreprises ou
de prestataires (2 devis pour les achats inférieurs à 6 000
€)
;
-
achats ou concessions compris entre 25 000
€ et 213
999,99
€ HT
: marché à
procédure adaptée
68
;
-
achats ou concessions supérieurs à 214 000
€ HT
: marché à procédure adaptée ou
formalisée
69
selon les seuils.
La SEMMARIS a formalisé ses procédures dans des notes de service et guide des
procédures internes actualisé. En outre, ell
e dispose d’une liste des marchés passés
,
d’un tableau
permettant d’assurer le suivi de l’ensemble des marchés
et la plateforme de dématérialisation
(MAXIMILIEN) permet d’assurer le suivi des marchés et des pièces afférentes
. En revanche,
l
es contrôles opérés sur les marchés ne sont pas formalisés et la société ne dispose pas d’outil
d’optimisation
des dépenses. Aucun marché
n’a fait l’objet de contentieux et aucun intérêt
morato
ire n’a été versé par la société
ou par les prestataires.
66
Il s’agit de l’ordonnance n°
2015-
899 du 23 juillet 2015 et de l’ordonnance n°
2016-65 du 29 janvier
2016 relativ
e aux contrats de concession, puis de l’ordonnance n°
2018-1074 du 26 novembre 2018 portant partie
législative du code de la commande publique et du décret n° 2018-1075 du 3 décembre 2018 portant partie
réglementaire du code de la commande publique.
67
Le comité des engagements, présidé par le PDG de la SEMMARIS, est chargé d’examiner et de se
prononcer sur toutes les dépenses supérieures à 30
000 €, en investissement et en fonctionnement.
Le comité restreint des marchés, présidé par le représentant de la direction opérationnelle, est compétent
pour tous les marchés compris entre 25
000 € et 213
999,99 €.
Le comité des marchés, présidé par le PDG de la SEMMARIS, est compétent pour tous les marchés
supérieurs à 214 000
€.
68
La publicité est obligatoire sur la plateforme de dématérialisation MAXIMILIEN et le marché est
soumis pour ouverture et attribution au comité restreint des marchés et pour validation de l’engagement au comité
des engagements.
69
La procédure est menée par le comité des marchés.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
67
Les contrôles réalisés par la Cour ont porté sur un échantillon de six marchés de
travaux
70
et deux marchés de services
71
, passés sous forme d’appel d’offres restreint (cinq
marchés) ou de marchés à procédure adaptée (trois marchés). De manière générale, il est loisible
de constater que des progrès sensibles ont été réalisés par rapport à la période de contrôle
précédente. La manière de communiquer les pièces, séquencée suivant les phases des
procédures, montre
dès l’abord
que celles-ci sont appliquées : les marchés des travaux ne
donnent ainsi
lieu qu’à observations ponctuelles. Par exemple, dans le cas du pavillon du porc,
il manque parmi toutes les pièces fournies celle relative au choix du maître d’œuvre
(MOE) ;
comme les autres pièces font référence aux cinq cabinets retenus pour la phase finale de
sélection (comité des marchés n° 16-026), à leurs offres, ou encore aux quatre lettres de rejet
de candidature, la Cour peut par déduction connaître le cabinet choisi.
En revanche, le marché de nettoyage des parties communes des bâtiments de vente aux
activités soumises à agrément sanitaire a été contracté sous forme d’appel d’offres restreint avec
l’entreprise AAF La Providence pour une durée de trois ans à partir du 1
er
mai 2016,
renouvelable par tacite reconduction
pour une durée d’un an, sans que sa durée totale ne puisse
excéder six ans. Ce marché, d’un montant annuel de 892
173
€ (hors taxes), a fait l’objet de
quatre avenants successifs
72
. Ces avenants ont introduit des prestations complémentaires qui
ont augmenté le montant annuel du marché de 11,05 % par rapport au contrat de base et compte
tenu de la clause de révision des prix
. Dans ces conditions, l’équilibre économique du marché
étant modifié de manière substantielle, la SEMMARIS aurait dû passer un autre marché avec
une nouvelle mise en concurrence. Cette situation met en évidence un défaut de recensement
des besoins et de contrôle interne.
Même si la SEMMARIS doit encore faire des progrès en matière de contrôle interne, il
n’y a pas lieu de maintenir une
recommandation au sujet de la commande publique.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Le conseil d’
administration a approuvé
un plan d’investissement sur la période 2015 à
2025 d’un montant d’environ 1
Md€
compte tenu d’une
participation financière des opérateurs
du marché à part égale, qui
pourrait être prolongé jusqu’en 2035 et porté
à 1,8
Md€.
Toutefois,
ces investissements, en particulier
ceux situés à l’extérieur du marché, pourrai
ent présenter
des risques économiques et/ou juridiques non négligeables pour la société. En outre, ses
ressources propres ne lui
permettant plus de financer l’
ensemble des investissements, la
SEMMARIS doit impérativement établir un plan de financement détaillé sur la période
70
Il s’agit des marchés suivants
: construction d’un bâtiment de produits horticoles (B1), réalisation de la
liaison entre les bâtiments BOD et DOD sur le secteur horticole et décoration, construction d’un entrepôt logistique
réfrigéré (FOA) au sein du secteur horticole et décoration, restructuration du bâtiment C1 (boutiques et cellules
témoins) et construction d’un bâtiment de vente destiné à accueillir les professionnels de l’activité «
porc », les
accessoiristes et saisonniers du secteur des produits carnés.
71
Il s’agit du marché de nettoyage des parties communes des bâtiments de vente aux activités soumises
à agrément sanitaire passé avec l’entreprise AAF La Providence en mai 2016 et du marché de nettoyage des
bureaux et partie
s communes des bâtiments de vente passé avec l’entreprise Atalian en avril 2018.
72
L’avenant n°
1 du 31 août 2016 a porté le prix des prestations à 913 277
€ hors taxes, l’avenant n°
2 du
22 mars 2018 a porté le prix des prestations à 992 311
€ hors taxes, l’avenant n°
3 du 15 mars 2019 a porté le prix
des prestations à 1 022 452
€ hors taxes et l’avenant n°
4 du 20 mars 2020 a porté le prix des prestations à
1 042 536
€ hors taxes soit + 16,85
%, alors que la SEMMARIS ne parvient qu’à une augmentation de
11 %.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEM
ENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
68
d’investissement visée
et revoir les instruments utilisés (subventions, emprunts, augmentation
de capital), le recours à un crédit renouvelable
pouvant, à terme, s’avérer plus onéreux qu’un
emprunt classique.
Par ailleurs, les administrateurs ne disposent pas de toutes les informations nécessaires
à l’approbation
des projets d’investissement. La SEMMARIS devra donc rapidement revoir sa
méthodologie d’évaluation de la rentabilité financière des investissements et proposer aux
administrateurs différentes options et modes de financement associés. Elle devra aussi
régulièrement proposer aux administrateurs une comparaison de la rentabilité effective des
investissements réalisés avec les hypothèses définies initialement ainsi qu’une analyse
fine des
écarts constatés, le cas échéant.
En revanche, les procédures de marchés publics sont désormais bien respectées par la
SEMMARIS malgré quelques défauts résiduels relevés par la Cour.
6
LA GESTION DE LA CRISE SANITAIRE PAR LA
SEMMARIS
De par les volumes qui transitent par le MIN de Rungis, celui-ci occupe une place
stratégique dans les approvisionnements alimentaires de la métropole parisienne et de la région
Ile-France. Selon les données de la SEMMARIS, le MIN distribue entre 53 et 60 % des volumes
alimentaires frais consommés dans la région et représente 30
% de l’offre d’entrepôts froids
d’Ile
-de-France
73
. 80 % des acheteurs fréquentant le marché sont domiciliés en Ile-de-France.
Aucune étude globale n’existe quant à la destination des
produits transitant par le marché, mais
cette part est par exemple estimée à 75
% s’agissant des produits de la mer.
40 % des denrées
alimentaires consommées à Paris transiteraient par le MIN de Rungis
74
. Selon des estimations
datant de 2009
75
, la moitié des ventes du MIN hors export était réalisée à destination des
détaillants commerces spécialisés : boucheries, poissonneries, primeurs) et des marchés forains,
25 % pour la restauration hors domicile et 15 % pour les grandes et moyennes surfaces.
Le MIN constitue par ailleurs une source importante de données sur les prix des produits
alimentaires
: il accueille à ce titre une équipe d’enquêteurs de la DRIAAF intervenant pour le
réseau des nouvelles des marchés (RNM), piloté par FranceAgriMer, qui effectue une
surveillance hebdomadaire des prix observés sur le marché.
Les importantes perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire liées aux
périodes de confinement survenues en 2020 ont nécessité des mesures de la part de la
SEMMARIS en vue de garantir la continuité du fonctionnement du marché.
L’activité des
entreprises présentes sur le marché traduit néanmoins les difficultés importantes de débouchés
liées à la fermeture ou la diminution de certains circuits de vente privilégiés (restauration hors
domicile, marchés de plein vent). Ces difficultés entraînent à leur tour un impact financier
73
Document d’orientation, septembre 2019
74
Ville de Paris,
Stratégie de Paris pour une alimentation durable
, 2018
75
AND International,
Le modèle économique du MIN de Rungis et ses perspectives d’évolution,
rapport
pour l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile
-de-France, juin 2011
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
69
immédiat non négligeable pour la SEMMARIS ; les effets à plus long terme de cette crise sur
les acteurs du marché et la stratégie de la SEM elle-même sont encore incertains.
6.1
Les interventions de la SEMMARIS au cours de la crise sanitaire
6.1.1
Une société préparée à la gestion de crise
De par son importance stratégique dans les approvisionnements alimentaires, le
maintien de la continuité du fonctionnement du marché de Rungis fait l’objet d’une vigilance
particulière. La SEMMARIS
disposait ainsi d’un plan de continuité d’activité lors du
déclenchement de la crise. Celui-
ci prévoyait parmi les risques le cas d’une pandémie grippale,
dont le risque d’occurrence était toutefois jugé faible. Les contraintes
logistiques spécifiques
liées à l’épidémie de COVID 19,
comme la nécessité du port du
masque généralisé, n’étaient
pas détaillées. Il prévoyait en revanche une revue des missions clé du marché à assurer en temps
de crise et a pu permettre aux équipes concernées de mieux anticiper les enjeux et risques.
Plusieurs retours d’expérience ont par
ailleurs été organisés par la société :
-
En amont de la crise, la survenue de crises récentes liées aux divers mouvements
sociaux ayant entraîné des perturbations dans les transports de la région parisienne
depuis 2019, ont donné lieu à des retours d’expé
rience organisés en coopération avec
une agence spécialisée dans la gestion de crise. Ceux-
ci ont, de l’avis de la
SEMMARIS, contribué à la préparation de ses équipes et à la mise à jour du plan de
continuité d’activité.
-
Un retour d’expérience a également été organisé à l’issue de la première vague de
l’épidémie afin de récolter les avis des utilisateurs finaux du marché, de recenser les
bonnes pratiques et d’identifier les points d’amélioration.
La SEMMARIS prévoit enfin
la tenue, à l’issue de la crise, d’
un nouveau retour
d’expérience afin d’adapter le cas échéant le plan de continuité d’activité.
6.1.2
La gouvernance de crise
La SEMMARIS a été impliquée à plusieurs niveaux dans les dispositifs de gouvernance
de crise institués dès le début de la pandémie :
Une cellule de crise a été mise en place à partir du 17 février 2020, composée des
directions concernées de la SEMMARIS
, des représentants professionnels des opérateurs, d’un
représentant de la médecine du travail et du conseil en risques de la SEMMARIS.
L’a
ction de la SEMMARIS
a par ailleurs fait l’objet d’une coordination
avec la
Préfecture du Val de Marne, la Préfecture de Région et le Secrétariat Général de la zone de
Défense Ile-de-France. Cette coordination a notamment permis la réquisition exceptionnelle
d’un entrepôt funéraire
sous froid pendant deux mois. Outre la mise à disposition gratuite de
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
70
l’entrepôt et la
gratuité des péages pour les familles et les entreprises de pompes funèbres, la
SEMMARIS a assuré la régulation des flux et gardiennage.
La SEMMARIS a enfin participé, via son directeur général, aux réunions de crise tenues
par les ministres en charge de l’économie et de l’agriculture et la cellule interministérielle de
crise (CIC), réunies quotidiennement en début de crise et regroupant les représentants des
principaux secteurs de la chaîne d’approvisionnement alimentaire (production agricole et
agroalimentaire, transport et logistique, distribution).
6.1.3
Une continuité de fonctionnement de la SEMMARIS et du MIN
préservée
L’
activité du MIN de Rungis, de par les flux importants de visiteurs (6,7 M en 2017,
dont 1,2 M d’acheteurs)
qu’il accueille et l’intervention de plus de 12
000 employés, pour le
compte de près de 1 200 entreprises, est susceptible de générer des risques de contamination
élevés. Le maintien du fonctionnement des différents pavillons a nécessité la mise en place de
mesures sanitaires en début de confinement, tels que des sas sanitaires de désinfection et le
respect des gestes barrière. Un arrêté du directeur général de la SEMMARIS, en date du
19 mars 2020, a défini des mesures particulières (renforcement des mesures existantes dans le
règlement intérieur, qui prévoit déjà le port de blouses et coiffes pour les usagers) et demandé
aux entreprises exerçant des activités considérées comme essentielles de prendre toutes les
mesures pour poursuivre leur activité
76
.
La SEMMARIS
a par la suite mis en œuvre les dispositions du
« protocole national
entreprise » publié le 3 mai 2020, et notamment les points suivants :
-
Recours au télétravail : des démarches à distance ont été introduites pour certaines
missions auparavant exercées en face à face (par exemple, dépôt et création de
dossier ; les modalités de travail internes ont été adaptées pour privilégier les
visioconférences.
-
Division des effectifs et alternance une semaine sur deux en cas de locaux partagés
-
Achat et fourniture d’équipements de protection individuels
;
-
Aménagement des flux pour limiter les croisements de personnes ;
-
Port du masque obligatoire à compter du 11 mai 2020. Cette obligation a donné à
lieu à 369 procès-
verbaux d’infraction
.
Les effets de ces mesures ont permis d’éviter la fermeture de pavillons, à l’exception de
celui dédié à l’horticulture pour plusieurs semaines lors du 1
er
confinement, en raison de l’arrêt
de l’ac
tivité et non des risques sanitaires.
Le taux d’absentéisme des personnels de la
SEMMARIS reflète un impact modéré de
la pandémie sur le fonctionnement de la société
: le taux global d’absentéisme atteint 7
% sur
l’ensemble de 2020, contre 3,1% en 2019
: pour les mois de mars et avril, le taux global atteint
76
Mesures particulières d’organisation du MIN de Paris
-Rungis dans le cadre de la lutte contre la
propagation du virus de la COVID 19, publiées le 19 mars 2020.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
71
14,3 % et 15
%, soit un niveau proche de celui enregistré, par exemple, dans l’industrie
agroalimentaire (13 %)
77
. Cette hausse s’explique pour moitié par un doublement de
l’absentéisme pour maladie, qu
i atteint 6,6 % en mars 2020 ; le reste de la hausse repose
notamment sur les conséquences non sanitaires de la crise (activité partielle
78
, absence liées à
la garde d’enfants).
6.2
Les effets
de la crise sanitaire sur l’activité du marché
6.2.1
Des impacts variables selon les productions
Les mesures sanitaires adoptées au cours de l’année 2020 ont fortement affecté les
débouchés habituels des entreprises présentes sur le marché : restauration collective,
restauration commerciale, commerces, marchés de plein vent, fleuristes.
L’impact varie d’une
filière à l’autre
:
-
Les filières les plus affectées sont les produits de la mer (volumes en baisse de 18 %
sur l’année, et jusqu’à 50
% de mars à mai 2020) ; les produits gastronomiques
(baisse des arrivages de 13 % e 2020)
; l’horticulture (baisse de plus de 25
% pour
les feuillages et fleurs coupées, de 5 % pour les plantes en pot) ; les fruits et légumes,
dont le volume de produits diminue de 9 % en 2020, avec un impact marqué lors des
deux confinements (-18 % en mars et mai, -27 % en novembre).
-
L’impact est moindre pour
les produits laitiers (diminution des volumes de 1 %) et
pour les produits carnés (baisse des volumes de 3 % en 2020). Pour ces derniers, si
le pavillon triperie a fortement souffert (-15 %) tout comme le pavillon de la volaille
(-7 %), les volumes augmentent pour les pavillons du porc (+6 %) et des viandes.
77
Enquête mensuelle ACEMO, DARES, juin 2020
78
Le nombre de salariés en activité partielle atteint 62 en avril 2020, pour diminuer progressivement
jusqu’en juillet 2020.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
72
Graphique n° 1 :
Arrivages 2020 des fruits et légumes au Marché de Rungis
et évolutions 2019-2020 (tonnes)
Source : Semmaris
La fréquentation globale du mar
ché est en baisse de 12% sur l’année. L’impact de la
crise sur les flux de visiteurs est concentré sur la période du 1
er
confinement, avec pour les
acheteurs une diminution forte (-20 %) entre mars et mai mais plus limitée
sur l’année (
-4 %).
La fréquentation est notamment restée soutenue pour les acheteurs détaillants (+1 %).
Graphique n° 2 :
Passages acheteurs 2019-2020
Source : Semmaris
6.2.2
Des efforts d’adaptation et de réorientation des flux
En réponse aux modifications affectant les débouchés des filières, la SEMMARIS a mis
en œuvre des actions
de communication pour soutenir les produits rencontrant des difficultés
-
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
140 000
2019
2020
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
73
de débouchés (réseaux sociaux, animations). Des opérations promotionnelles pour soutenir la
fréquentation et recruter de nouveaux acheteurs ont également été conduites.
Par ailleurs, la SEMMARIS indique avoir participé à plusieurs
actions visant à s’adapter
aux perturbations des flux, parmi lesquelles :
-
Facilitation des contacts avec la grande distribution afin de réorienter le stock destiné
à la restauration;
-
Identification de nouveaux clients ;
-
Mise en place d’un système de
précommandes pour éviter la perte de marchandises ;
-
Adaptation du catalogue des produits pour répondre à la demande ;
-
Initiatives numériques, dont rungislivrechezvous.com (voir encadré ci-dessous).
-
Mise en relation avec les
structures d’aide alimentaire (don de 1
200 tonnes de
produits).
-
La SEMMARIS est enfin intervenue auprès des pouvoirs publics pour permettre la
réouverture des restaurants du marché lors du second confinement.
Rungis chez vous
Service monté en quelques jours et mis en ligne le 1
er
avril, le service Rungis chez vous
a proposé jusqu’à la fin du 1
er
confinement la livraison de paniers à domicile. Ce service, qui a
bénéficié d’une bonne couverture médiatique, a permis d’effectuer un nombre relativement
limité de livraisons, même s’il a connu une montée progressive en régime (de
250 livraisons
par jour la 1
ère
semaine à 1 500 livraisons en fin de confinement, 25 000 livraisons au total.
Ce service
s’est appu
yé sur des jeunes du 2
e
régiment du service militaire volontaire
pour la préparation des commandes. À l’issue, 11 jeunes ont signé un CDI avec le MIN comme
préparateurs de commande.
À
l’issue du confinement, l’activité
a été reprise par une entreprise intervenant sur le
MIN, sous une nouvelle appellation, « FOODUFRAIS ».
6.2.3
Un soutien financier aux entreprises du MIN sous forme d’abandons de
créances
Au-delà de ces actions de soutien et de communication, la SEMMARIS a consenti des
abandons de créances aux entreprises du MIN en difficulté. Mises en place après concertation
avec les représentants de secteurs touchés et en application de la charte « Prost »
79
, elles ont
conduit lors du premier confinement à des abandons de créances de trois mois de loyer pour les
restaurateurs et deux mois pour les fleuristes -
les autres secteurs bénéficiant d’abandons
compris entre un et trois mois de loyer selon le niveau de baisse de chiffre d’affaires enregistré
79
Charte de bonnes pratiques entre Commerçants et Bailleurs pour faire face à la crise de la COVID 19,
signée le 24 juin 2020, à l’issue de la mi
ssion de médiation entre bailleurs et locataires commerçants, confiée par
M. Bruno Le Maire, Ministre de l'économie et des finances à Mme Jeanne-Marie Prost.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
74
(à partir d’une baisse d’au moins 30
%). Lors du second confinement, tous les secteurs ont pu
bénéficier de remises de redevances pour les mois de novembre et décembre, proportionnelles
à la diminution
de chiffre d’affaires
(à partir de 30 % de baisse).
Ce dispositif, qui a bénéficié à 197 entreprises lors du premier confinement et 93 lors
du deuxième, a concerné un montant de créances total de 4,4
M€ en 2020
; 4
M€ ont été inscrits
à ce titre au budget 2021.
______________________CONCLUSION INTERMÉDIAIRE _______________________
La crise sanitaire survenue en 2020 a éprouvé le fonctionnement du marché de Rungis
et la capacité de la SEMMARIS à assurer la continuité de son activité dans des conditions
fortement dégradées. Les acteurs interrogés (MAA, DRAAF Ile-de-France, SGDSN) soulignent
tous l’efficacité de la réponse apportée par la SEMMARI
S tout au long de
l’anné
e, qui a permis
d’éviter toute interruption du fonctionnement du marché.
La SEMMARIS est en outre
intervenue en appui des 1
200 entreprises hébergées sur le marché, en contribuant à la
recherche de débouchés alternatifs et surtout en consentant des abandons de créances
conséquentes pour celles les plus pénalisées par les mesures sanitaires nationales.
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
75
ANNEXES
Annexe n° 1. Suivi des recommandations du contrôle précédent de la Cour des comptes ... 76
Annexe n° 2. Principaux éléments relatifs aux ressources humaines
....................................
77
Annexe n° 3. Etats financiers de la SEMMARIS
..................................................................
79
Annexe n° 4.
Eléments complémentaires à l’analyse financière et aux investissements
......
86
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMEN
AGEMENT ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
76
Annexe n° 1.
Suivi des recommandations du contrôle précédent de la Cour des
comptes
Recommandations
Suivie
d’effet
Partielleme
nt suivie
d’effet
Non suivie
Pour la SEMMARIS
1. Procéder à une révision profonde des modalités de
passation de marchés à la lumière de l’ordonnance n°
2005-649 du 6 juin 2005 et du décret n°2005-1742 du
30 décembre 2005, pour mettre en place dans les
meilleurs délais une procédure d’achat conforme à ce
s
deux textes et en faire assurer la bonne application par
le contrôle interne
X
2.
Limiter le recours aux contrats d’occupation
précaires et simplifier la tarification. Avoir une
tarification
cohérente
avec
les
résultats
de
la
comptabilité analytique.
X
Pour l’Etat
3.
Définir des objectifs stratégiques que l’Etat souhaite
assigner à la SEMMARIS et mettre en place un pilotage
par les services de l’Etat (préparation des conseils
d’administration et des échéances importantes), qui
associe l’ensemble des services intéressés par l’activité
de la SEMMARIS, y compris sur les questions foncières.
X
4. Supprimer la cotisation perçue par la SEMMARIS
pour le compte du GREFEL et de la SOGARIS, et
laisser aux opérateurs du secteur des fruits et légumes
la gestion du fonds de restructuration.
X
5.
Elaborer le bilan de l’organisation des marchés
d’intérêt national prévu par l’article L.
761-5 du code
de commerce, assorti de propositions opérationnelles
concernant l’avenir des MIN et des périmètres de
référence.
Bilan existant mais non communiqué à
la Cour
6. Etablir une feuille de route identifiant les sujets à
traiter dans la perspective de l’échéance du traité de
concession en 2034.
X
Source : Cour des comptes
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
77
Annexe n° 2.
Principaux éléments relatifs aux ressources humaines
SITUATION DES EFFECTIFS ET MOUVEMENTS DU PERSONNEL (BS 2020)
Effectifs Loi PACTE au 31/12/2020
(CDI + CDD hors remplacement)
=
249.72
(242,95 en 2019)
Effectifs en gestion courante au 31/12/20
(y.c. Alternants, Stagiaires, CDD de
remplacement)
=
275
(272 en 2019)
Personnes en situation de Handicap : 9
Ancienneté Moyenne : 13,6 ans
Age Moyen : 45,4 ans
Situation Femmes / Hommes : 95 Femmes (37%) / 164 Hommes (63%)
Nombre de démissions : 2 (1 Cadre, 1 Employé)
Nombre de départs à la retraite : 3 (Cadre)
Nombre de ruptures conventionnelles : 2 (1 Agent de maîtrise, 1 Employé)
EFFECTIF PAR STATUT (CDI/CDD) ET PAR AGE AU 31/12/2019 (BS 2019)
LA SOCIETE D’ECONOMI
E MIXTE
D’AMENAGEMENT ET DE
GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
78
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
79
Annexe n° 3.
Etats financiers de la SEMMARIS
Tableau n° 11 :
Compte de résultat simplifié de la SEMMARIS
En €
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Droits d'accès et
de stationnement
14 484 784
14 415 116
12 578 354
14 881 122
12 454 652
12 602 381
13 105 333
13 184 037
14 171 765
Redevances
homologuées
35 282 300
36 259 300
39 028 018
40 270 188
42 368 100
42 980 700
45 388 600
47 561 500
50 159 210
Droits de
première
accession étalés
792 736
918 036
948 570
954 005
559 478
585 330
678 149
722 856
793 488
Redevances
indexées
15 283 732
15 968 039
16 461 748
16 050 240
17 559 238
18 013 918
17 175 550
16 678 095
16 009 012
Produits sur
charges
récupérables et
ventes de fluides
24 945 714
25 922 702
27 509 980
27 828 449
29 818 790
30 641 695
32 205 830
33 513 093
35 437 416
Produits des
activités annexes
796 878
341 478
555 047
606 098
1 877 821
3 193 310
2 699 175
4 699 597
4 551 642
Chiffre d'affaires
91 586 143
93 824 671
97 081 717
100 590 101
104 638 078
108 017 334
111 252 637
116 359 179
121 122 532
RAP
479 299
231 681
193 957
400 527
11 965 577
533 042
422 203
1 025 527
843 247
Autres produits
609 788
350 834
420 893
326 876
274 338
419 007
386 296
551 751
408 262
Produits
d'exploitation
92 675 230
94 407 186
97 696 567
101 317 504
116 877 994
108 969 382
112 061 136
117 936 456
122 374 042
Achats
7 377 325
6 952 471
6 899 682
6 912 712
7 582 898
7 736 482
7 201 173
7 155 148
7 825 504
Autres charges de
gestion courante
30 967 660
30 658 023
31 827 211
32 379 635
32 725 110
31 805 174
31 869 216
32 893 450
33 454 904
Charges
courantes
38 344 985
37 610 493
38 726 892
39 292 347
40 308 008
39 541 656
39 070 389
40 048 598
41 280 408
Charges de
personnel *
16 457 408
18 240 066
18 230 675
18 045 721
18 638 873
20 074 224
20 836 074
21 834 334
23 676 668
DAP
24 240 959
25 418 373
23 618 141
23 812 771
28 156 141
23 752 470
25 021 048
27 495 449
29 141 128
Autres charges
1 238 801
1 251 287
1 382 526
1 539 160
1 618 375
1 790 754
1 631 707
1 700 471
2 037 915
Charges
d'exploitation
80 282 152
82 520 219
81 958 233
82 689 999
88 721 398
85 159 104
86 559 218
91 078 852
96 136 120
Résultat
d'exploitation
12 393 078
11 886 968
15 738 334
18 627 505
28 156 595
23 810 278
25 501 918
26 857 604
26 237 922
Produits
financiers
2 579 007
3 366 660
2 698 462
2 996 059
2 438 381
1 962 867
1 294 692
1 285 449
1 388 974
Charges
financières
1 735 916
797 076
542 751
399 608
247 194
192 528
164 640
230 180
524 222
Résultat
financier
843 091
2 569 584
2 155 712
2 596 451
2 191 187
1 770 339
1 130 052
1 055 269
864 752
Résultat courant
avant impôts
13 236 168
14 456 552
17 894 045
21 223 957
30 347 782
25 580 617
26 631 970
27 912 873
27 102 675
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
80
Produits cession
éléments actifs
1 489 135
94 344
1 640 732
4 028 899
4 399 081
784 623
900 496
2 735 751
Reprises sur
provisions
3 141 272
565 647
856 562
545 474
1 543 252
3 666 985
Autres produits
3 899 278
1 078 990
1 933 641
1 164 017
740 645
3 173 221
3 026 287
641 849
2 050 930
Produits
exceptionnels
8 529 686
1 738 981
2 790 203
2 804 749
4 769 544
8 117 776
3 810 911
3 085 598
8 453 666
Valeur comptable
des éléments
cédés
4 899 108
651 105
194 513
2 121 273
5 148 116
4 864 611
1 112 046
3 142 979
9 744 969
DAP
510 005
1 566 184
4 309 478
1 056 570
Autres charges
2 213 559
432 211
161 855
458 199
341 506
485 962
12 353
634 132
119 180
Charges
exceptionnelles
7 622 672
1 083 316
356 368
2 579 473
5 489 622
5 350 573
2 690 582
8 086 589
10 920 719
Résultat
exceptionnel
907 014
655 665
2 433 834
225 276
-720 078
2 767 203
1 120 328
-5 000 991
-2 467 053
Participation des
salariés
426 528
547 108
757 631
726 886
1 188 173
1 163 061
1 037 356
824 954
1 027 324
Impôts sur les
bénéfices
4 343 022
4 565 182
6 391 755
6 838 144
9 686 178
9 676 257
8 841 832
7 344 688
7 560 800
Total des
produits
103 783 922
99 512 827
103 185 232
107 118 312
124 085 919
119 050 025
117 166 739
122 307 503
132 216 682
Total des
charges
94 410 290
89 512 901
90 006 739
93 234 109
105 332 566
101 541 523
99 293 629
107 565 264
116 169 185
Résultat net
comptable
9 373 632
9 999 926
13 178 494
13 884 203
18 753 353
17 508 502
17 873 111
14 742 240
16 047 497
Source: Cour des comptes à partir des comptes financiers de la SEMMARIS
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
81
Tableau n° 13 : Bilan simplifié de la SEMMARIS
Actif net (en €)
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Immobilisations
incorporelles
201 728
182 652
461 861
575 717
592 451
855 477
2 743 121
4 619 848
4 841 174
Logiciels
92 765
44 545
28 028
382 332
465 920
654 741
782 918
3 300 721
4 488 835
Marque
commerciale
91 326
91 326
91 326
91 326
91 326
91 326
91 326
91 326
91 326
Immobilisations
en cours
17 637
46 781
342 507
102 059
35 205
109 410
1 868 877
1 227 801
261 013
Immobilisations
corporelles
propres à la
société
380 560
455 953
365 654
304 565
886 362
1 072 301
1 061 469
1 276 052
1 419 776
Terrains
64 138
64 138
64 138
64 138
64 138
64 138
64 138
64 138
64 138
Constructions
0
0
0
546 380
518 630
490 881
463 132
435 383
Matériel et
outillage
2 060
1 414
767
4 735
3 949
3 413
2 966
2 519
2 072
Matériel de
transport
0
0
3 237
2 517
150 120
134 016
117 911
102 936
Matériel de
bureau et mobilier
234 710
390 401
300 748
232 454
249 445
335 999
367 933
621 862
808 759
Agencements et
installations
0
0
0
Immobilisations
en cours
79 651
19 933
1 535
6 488
6 488
Immobilisations
corporelles du
domaine concédé
390 910 353
416 851 244
422 996 288
431 623 306
442 984 176
454 223 731
495 213 699
528 350 712
579 073 031
Immobilisations
non renouvelables
268 081 209
306 691 791
326 864 091
344 054 785
279 486 639
282 073 352
292 262 412
315 060 011
371 676 079
Terrains
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
6 850 091
Constructions
233 869 789
256 323 338
268 570 379
275 090 928
218 430 994
220 426 557
229 110 194
248 607 181
298 637 710
Agencements et
installations
27 361 328
43 518 362
51 443 621
62 113 766
54 205 554
54 796 703
56 302 127
59 602 738
66 188 277
Immobilisations
renouvelables
122 829 144
110 159 453
96 132 197
87 568 521
163 497 537
172 150 379
202 951 287
213 290 701
207 396 952
Matériel et
outillage
60 112 734
53 174 067
47 524 961
42 465 941
123 762 034
128 685 885
120 880 744
117 925 023
77 990 328
Agencements et
installations
48 846 569
44 092 774
39 604 301
37 481 192
37 197 853
24 821 907
18 439 138
11 758 836
66 335 543
Immobilisations
en cours
12 339 762
12 791 309
9 001 312
7 471 052
1 867 459
18 399 481
60 064 947
80 253 729
61 824 654
Avances et
acomptes sur
immobilisations
1 530 079
101 303
1 622
150 337
670 191
243 106
3 566 458
3 353 113
1 246 427
Immobilisations
financières
12 590 456
12 088 482
11 693 662
11 505 857
13 034 997
16 627 261
23 124 099
23 540 231
23 791 894
Participations
10 504 796
10 411 079
10 411 079
10 411 079
10 411 079
10 411 079
13 190 398
13 190 398
13 190 398
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
82
Créances
rattachées à des
participations
1 828 853
1 425 483
1 030 663
842 858
2 371 912
5 964 176
9 681 695
10 097 826
10 349 489
Autres titres
immobilisés
20 085
20 085
20 085
20 085
20 172
20 172
20 172
20 172
20 172
Prêts
0
0
0
0
0
Autres
236 722
231 834
231 834
231 834
231 834
231 834
231 834
231 834
231 834
Total actif
immobilisé
404 083 096
429 578 331
435 517 464
444 009 445
457 497 986
472 778 770
522 142 388
557 786 842
609 125 875
Avances et
acomptes versés
14 903
94 916
11 136
12 557
68 034
67 327
113 365
167 721
110 518
Créances
d'exploitation
21 426 203
19 296 438
20 352 143
23 331 927
29 893 410
30 256 102
37 131 834
40 413 722
43 914 471
Clients et comptes
rattachés
14 091 029
13 789 733
15 015 963
17 421 441
19 044 455
18 132 792
25 981 657
27 402 137
26 522 741
Autres débiteurs
5 189 560
5 334 237
5 124 285
5 786 015
10 844 518
12 118 873
10 787 220
12 321 339
16 324 986
Créances diverses
2 145 614
172 468
211 895
124 471
4 437
4 437
362 956
690 247
1 066 743
VMP
55 923 965
46 350 824
58 740 741
55 410 360
46 496 583
41 186 236
31 023 828
17 023 503
13 026 026
Actions
Autres titres
55 923 965
46 350 824
58 740 741
55 410 360
46 496 583
41 186 236
31 023 828
17 023 503
13 026 026
Disponibilités
3 665 514
3 236 251
1 309 518
13 122 628
27 171 339
16 498 484
30 096 075
38 843 924
6 975 426
Banques et
chèques postaux
3 636 633
3 201 711
1 279 300
13 097 239
27 149 363
16 469 027
30 067 347
38 825 272
6 938 449
Caisses
4 952
11 111
6 789
3 960
5 730
3 864
3 800
8 649
6 486
Régies d'avance
23 929
23 429
23 429
21 429
16 246
25 593
24 928
10 003
30 492
Charges
constatées
d'avance
1 455 610
1 528 182
1 384 143
1 248 462
1 244 660
1 175 145
1 063 203
1 298 530
1 338 641
Total de l'actif
circulant
82 486 195
70 506 611
81 797 681
93 125 934
104 874 026
89 183 294
99 428 305
97 747 400
65 365 082
TOTAL ACTIF
486 569 291
500 084 942
517 315 145
537 135 380
562 372 012
561 962 065
621 570 693
655 534 242
674 490 957
Passif (en €)
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Capitaux propres
74 610 107
79 930 468
88 120 002
96 009 720
108 188 476
101 819 589
109 188 814
112 928 272
117 644 258
Capital
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
14 696 158
Prime d'apport
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
15 050 703
Réserve légale
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
1 469 616
Autres réserves
8 000
16 000
30 130
51 060
79 290
Report à nouveau
34 019 998
38 714 064
43 725 032
50 909 040
58 210 646
53 078 610
60 069 096
66 918 496
70 300 994
Résultat de
l'exercice
9 373 632
9 999 926
13 178 494
13 884 203
18 753 353
17 508 502
17 873 111
14 742 240
16 047 497
Autres fonds
propres (droit du
concédant)
315 320 003
327 119 077
338 930 274
352 219 401
358 843 658
365 848 579
377 086 800
390 381 841
402 772 794
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
83
Subventions nettes
reçues
68 111 307
68 315 933
68 561 788
69 352 776
69 360 414
69 360 414
72 027 026
75 303 930
76 372 415
Amortissements de
caducité
223 819 303
235 413 752
246 979 094
259 477 233
266 093 852
273 098 772
281 670 382
291 688 519
303 010 987
Provisions pour
renouvellement
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
23 389 392
Provisions
réglementées
22 932
68 796
114 660
Provisions
982 513
1 091 474
740 829
1 291 492
1 240 029
972 989
972 989
555 320
433 663
Pour risques
982 513
1 091 474
547 045
951 165
1 031 675
760 421
760 421
334 362
212 705
Pour charges
193 784
340 327
208 354
212 568
212 568
220 958
220 958
Dettes financières
42 202 484
37 512 206
33 511 097
29 608 731
27 576 129
26 884 211
42 287 208
55 832 747
50 190 624
Emprunts
25 558 056
19 861 302
14 969 193
9 921 021
7 297 280
5 758 029
19 547 245
32 797 848
25 721 916
Autres dettes
16 644 427
17 650 904
18 541 904
19 687 710
20 278 849
21 126 181
22 739 963
23 034 899
24 468 708
Avances et
acomptes reçus
725 593
452 644
735 187
298 344
415 989
526 009
190 063
312 457
239 668
Dettes
d'exploitation
18 889 502
18 089 228
20 766 343
20 582 944
26 923 972
21 858 394
23 331 145
25 806 534
26 845 553
Fournisseurs et
comptes rattachés
9 507 784
8 843 449
9 102 470
9 483 135
11 977 778
8 808 783
9 671 087
11 445 537
11 653 270
Dettes fiscales et
sociales
8 547 392
8 634 993
11 078 454
10 380 823
14 231 985
12 272 089
12 713 656
12 907 798
14 024 524
Autres
834 327
610 786
585 419
718 986
714 209
777 522
946 402
1 453 199
1 167 759
Dettes diverses
11 726 523
12 608 628
9 891 254
12 706 204
12 400 356
17 453 167
35 406 291
35 120 575
39 155 292
Dettes sur
immobilisations
10 234 154
10 474 512
8 056 442
10 782 594
10 591 288
15 333 921
33 415 671
32 812 482
36 275 547
Autres
1 492 370
2 134 116
1 834 812
1 923 610
1 809 068
2 119 246
1 990 620
2 308 093
2 879 746
Produits
constatés
d'avance
22 112 567
23 281 216
24 620 159
24 418 544
26 783 402
26 599 127
33 084 451
34 527 700
37 094 445
TOTAL PASSIF
486 569 291
500 084 942
517 315 145
537 135 380
562 372 012
561 962 065
621 570 693
655 534 242
674 490 957
Source: Cour des comptes à partir des comptes financiers de la SEMMARIS
* : dont impôts, taxes et versements assimilés sur rémunérations
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’IN
TERET NATIONAL DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
84
Tableau n° 14 : Compte de résultat consolidé du groupe SEMMARIS
En €
31/12/2017
31/12/2018
31/12/2019
Production vendue
114 668 000
123 142 000
128 209 506
Chiffre d'affaires
114 668 000
123 142 000
128 209 506
Subventions d'exploitation
Reprises sur provisions
445 000
1 802 000
1 042 264
Autres produits et transferts de charges
1 058 000
602 000
590 169
Produits d'exploitation
1 503 000
2 404 000
1 632 433
Autres achats et charges externes
38 214 000
40 739 000
41 505 816
Impôts et taxes
2 303 000
2 500 000
2 458 253
Charges de personnel
22 653 000
24 564 000
26 642 215
Dotations aux amortissements des
immobilisations
16 557 000
17 320 000
18 098 620
Dotations aux provisions pour risques et charges
9 586 000
10 600 000
11 983 138
Dotations aux provisions sur actif circulant
632 000
765 000
437 334
Autres charges
723 000
1 590 000
1 353 053
Charges d'exploitation
90 668 000
98 078 000
102 478 429
Résultat d'exploitation
25 503 000
27 468 000
27 363 510
Produits financiers
328 000
190 000
164 346
Charges financières
164 000
230 000
524 227
Résultat financier
164 000
-40 000
-359 881
Résultat courant avant impôt
25 667 000
27 428 000
27 003 629
Produits exceptionnels
3 057 000
2 196 000
5 729 663
Charges exceptionnelles
2 018 000
7 186 000
8 189 609
Résultat exceptionnel
1 039 000
-4 990 000
-2 459 946
Impôt sur le résultat
8 914 000
7 554 000
7 927 561
Résultat des sociétés intégrées
17 792 000
14 884 000
16 616 122
Résultat groupe
17 789 000
14 754 000
16 299 778
Résultat hors-groupe
3 000
130 000
316 344
Source: Cour des comptes à partir des comptes financiers de la SEMMARIS
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
85
Tableau n° 15 : Bilan consolidé du groupe SEMMARIS
Actif en €
31/12/2017
31/12/2018
31/12/2019
Immobilisations incorporelles propres
2 751 000
4 529 000
4 753 245
Immobilisations incorporelles du domaine concédé
99 000
99 192
Immobilisations corporelles propres
15 872 000
16 281 000
18 508 660
Immobilisations corporelles du domaine concédé
529 212 000
563 004 000
614 016 632
Immobilisations financières
2 016 000
2 078 000
2 373 976
Actif immobilisé
549 851 000
585 991 000
639 751 705
Créances clients et comptes rattachés
24 739 000
24 860 000
26 667 758
Actifs d'impôts différés
2 096 000
1 962 000
1 839 467
Autres créances
10 789 000
12 747 000
12 617 648
Valeurs mobilières de placement
31 024 000
17 023 000
13 026 026
Disponibilités
37 912 000
47 081 000
13 138 460
Actif circulant
106 560 000
103 673 000
67 289 359
Comptes de régularisation
1 206 000
1 368 000
1 391 438
Total Actif
657 617 000
691 032 000
708 432 502
Passif en €
31/12/2017
31/12/2018
31/12/2019
Capital social ou individuel
14 696 000
14 696 000
14 696 158
Primes d'émission, de fusion, d'apport
15 051 000
15 051 000
15 050 703
Réserves
56 145 000
62 931 000
66 353 578
Résultat Groupe
17 789 000
14 754 000
16 299 778
Situation nette - Part du groupe
103 681 000
107 432 000
112 400 217
Droits des concédants
410 971 000
422 395 000
433 077 415
Provisions réglementées
23 000
69 000
114 660
Capitaux propres - Part du groupe
514 675 000
529 896 000
545 592 292
Intérêts minoritaires
2 453 000
2 583 000
2 899 754
Provisions pour risques et charges
3 385 000
2 470 000
2 688 129
Emprunts et dettes financières
42 934 000
56 530 000
50 959 331
Dettes fournisseurs et comptes rattachés
10 645 000
13 030 000
12 828 265
Dettes fiscales et sociales
13 462 000
13 586 000
15 070 781
Dettes sur immobilisations et comptes rattachés
33 470 000
34 074 000
36 614 011
Autres dettes
3 498 000
4 235 000
4 377 619
Dettes
104 009 000
121 455 000
119 850 007
Comptes de régularisation
33 095 000
34 628 000
37 402 320
Total Passif
657 617 000
691 032 000
708 432 502
Source: Cour des comptes à partir des comptes financiers de la SEMMARIS
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL
DE LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
86
Annexe n° 4.
Eléments complémentaires à l’analyse
financière et aux
investissements
Graphique n° 3 :
Droits d’occupation et charges refacturées (en M€)
Sources : Cour des comptes à partir des comptes sociaux et des documents de la SEMMARIS
Tableau n° 12 :
Résultat analytique des droits d’occupation et des charges en 2019
En
milliers d’euros
Résultat Droits
d’occupation
Résultat Charges
Résultat Total
Fruits et légumes
4 290
2 313
6 603
Produits laitiers et plurivalents
3 000
1 213
4 213
Produits carnés
1 540
322
1 862
Marée
-895
-385
-1 280
Horticulture
1 718
255
1 973
Secteur administratif
5 006
102
5 108
Secteur entrepôts
7 867
4 602
12 470
Quais ferroviaires
-432
-41
-473
Divers
692
231
923
TOTAL
22 786
8 613
31 398
Source : Cour des comptes à partir des documents de la SEMMARIS
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Redevances
homologuées
Charges refacturées
Redevances indexées
+ 42 %
+ 23 %
+ 2 %
LA SOCIETE D’ECONOMIE MIXTE D’AMENAGEMEN
T ET DE GESTION DU MARCHE
D’INTERET NATIONAL D
E LA REGION PARISIENNE (SEMMARIS)
87
Tableau n° 16 : Tableau de financement de la SEMMARIS
En milliers d'euros
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Acquisition d'immobilisations
24 184
39 448
17 561
21 113
28 399
36 622
68 575
58 801
76 483
Dividendes mis en paiement
4 215
4 680
4 989
5 994
6 575
23 877
10 504
11 003
11 332
Remboursement des emprunts
6 311
5 497
4 975
5 119
2 693
1 606
2 229
4 936
7 133
Total des emplois stables
34 710
49 625
27 525
32 226
37 667
62 105
81 308
74 740
94 948
Capacité d'autofinancement
34 583
34 585
35 907
37 684
36 062
40 648
44 366
46 221
48 744
Divers (cpte courant BRI,
cautions, cessions
d'immobilisations)
2 971
1 370
1 185
3 045
4 960
5 721
3 139
1 988
4 875
Subventions d'équipement
1 551
205
246
791
8
2 667
3 277
1 068
Augmentation des emprunts
184
184
15 960
18 100
Total des ressources durables
39 105
36 343
37 522
41 520
41 029
46 369
66 131
69 586
54 688
VARIATION DU FDR
4 394
-13 281
9 997
9 293
3 363
-15 736
-15 177
-5 154
-40 260
Sources : Cour des comptes à partir des comptes financiers et des documents de la SEMMARIS
Graphique n° 4 :
Financement des investissements de la SEMMARIS
(en M€)
Sources : Cour des comptes à partir des comptes financiers et des documents de la SEMMARIS
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
70,0
80,0
90,0
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Investissements
Capacité d'autofinancement
Subventions
Emprunts
Divers