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28-30, rue Pasteur - CS 71199 - 21011 DIJON Cedex
T + 33 3 80 67 41 50
bourgognefranchecomte@crtc.ccomptes.fr
Dijon, le 26 février 2018
Le président
PVH/DSC/FB
Réf. : 18-ROD2-MLC-05
Objet : notification du rapport d'observations définitives et de ses réponses
.
P.J. : 1 rapport d'observations définitives.
Lettre recommandée avec accusé de réception
Monsieur le Directeur,
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint le rapport comportant les observations définitives de la chambre sur la
gestion de l'Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) Saint-Sauveur à
Moutiers-Saint-Jean concernant les exercices 2009 et suivants ainsi que les réponses qui y ont été apportées.
Je vous rappelle que ce document revêt un caractère confidentiel qu’il vous appartient de protéger jusqu’à sa
communication au conseil d'administration
. Il conviendra de l’inscrire à l’
ordre du jour de sa plus proche réunion,
au cours de laquelle il donnera lieu à débat. Dans cette perspective, le rapport sera joint à la convocation adressée
à chacun de ses membres.
Dès la tenue de cette réunion, ce document pourra être publié et communiqué aux tiers en faisant la demande,
dans les conditions fixées par le code des relations entre le public et l’administration
.
En application de l’article R. 243
-
14 du code des juridictions financières, je vous demande d’informer le greffe de
la date de la plus proche réunion de votre assemblée délibérante et de lui communiquer en temps utile copie de
son ordre du jour.
Par ailleurs, je vous précise qu’en application des dispositions de l’article R. 243
-17 du code précité, le rapport
d’observations et les r
éponses jointes sont transmises à Mme la Préfète de la région Bourgogne-Franche-Comté,
à Mme la Directrice régionale des finances publiques Bourgogne-Franche-Comté, à M. le Président du conseil
départemental de la Côte d'Or, à M. le Président du conseil d'administration de l'EHPAD de Saint-Sauveur à
Moutiers-Saint-Jean et à M. le Directeur de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération très distinguée.
Monsieur Marc LE CLANCHE
Directeur de l'EHPAD Saint-Sauveur
à Moutiers-Saint-Jean
Pierre VAN HERZELE
8 place de l'Hôpital
21500 MOUTIERS-SAINT-JEAN
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
1/52
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DEFINITIVES
ETABLI A LA SUITE DE
L’EXAMEN DE LA GEST
ION DE
L’EHPAD SAINT
SAUVEUR DE MOUTIERS-SAINT-JEAN
(Département
de la Côte d’Or
)
- Exercices 2009 et suivants -
----
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Téléphone : 03 80 67 41 50
Télécopie : 03 80 36 21 05
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- Site Internet :
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
2/52
La chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté a examiné la gestion de
l’établissement
d’hébergement
pour
personnes
âgées
dépendantes
(EHPAD)
Saint-Sauveur à Moutiers-Saint-Jean pour les exercices 2009 et suivants.
Le contrôle a porté principalement sur les points suivants :
-
la gouvernance ;
-
la convention tripartite ;
-
la tarification ;
-
les budgets prévisionnels et le plan global de financement pluriannuel ;
-
la fiabilité des comptes ;
-
la situation financière ;
-
la gestion des ressources humaines ;
-
les investissements.
À travers son contrôle, la chambre s’est attachée, compte tenu des objectifs fixés par
l’organe délibérant de la commune, à évaluer les résultats obtenus et à apprécier
l’économie des moyens mis en œuvre, tout en s’assuran
t de la régularité des actes de
gestion correspondants.
L’entretien préalable prévu par l’article L. 243
-1 du code des juridictions financières a eu
lieu le 2 mars 2017 entre le magistrat rapporteur et M. Jean-Louis Barbotte, ordonnateur ;
celui avec M. Maurice Grégoire, ancien ordonnateur, a eu lieu le 6 mars 2017.
A la date de notification du présent rapport, la direction
de l’EHPAD est assurée par
M. Marc Le Clanche, en qualité de directeur par intérim.
Dans sa séance du 4 avril 2017, la chambre a formulé les observations provisoires
ci-
après présentées sur certains des points examinés à l’occasion du contrôle.
Après avoir examiné les réponses qui lui ont été adressées, la chambre a arrêté dans sa
séance du 17 novembre 2017 les observations définitives ci-après présentées.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
3/52
S O M M A I R E
1.
PRESENTATION DE L’EHPAD
.....................................................................................................................
9
1.1.
L’activité et le taux d’occupation
.................................................................................................
9
1.2.
L’effectif
....................................................................................................................................
10
1.2.1.
L’eff
ectif en équivalents temps plein, ETP
.............................................................................
10
1.2.2.
Le taux d’encadrement
..........................................................................................................
11
1.2.3.
L’évolution de la masse salariale
...........................................................................................
11
1.2.4.
Les heures supplémentaires
..................................................................................................
12
1.2.5.
L’absentéisme
.......................................................................................................................
12
1.2.6.
Les comptes épargne-temps
..................................................................................................
13
1.3.
Le partenariat avec les organismes extérieurs
...........................................................................
13
2.
LA GOUVERNANCE
.................................................................................................................................
14
2.1.
Un directeur commun pour deux EHPAD
...................................................................................
14
2.2.
Les réunions du conseil d’administration et du conseil de vie sociale
........................................
15
3.
LA CONVENTION TRIPARTITE
.................................................................................................................
15
4.
LA CLASSIFICATION DES RESIDENTS ET LA TARIFICATION
.......................................................................
16
4.1.
La classification des résidents
....................................................................................................
16
4.2.
La tarification
............................................................................................................................
18
4.2.1.
Les décisions tarifaires de la dotation globale de soins
..........................................................
18
4.2.2.
Les décisions tarifaires de la dotation budgétaire globale afférente à la dépendance
...........
19
4.2.3. Les tarifs journaliers hébergement
........................................................................................
20
4.3.
Le prix de journée
......................................................................................................................
21
4.4.
Le coût net journalier global par résident
..................................................................................
22
5.
UN NON-RESPECT DES REGLES BUDGETAIRES ET COMPTABLES
FAUSSANT L’ANALYSE DE LA SITUATION
FINANCIERE DE L’
ETABLISSEMENT
.........................................................................................................
23
5.1.
Une insincérité budgétaire
........................................................................................................
23
5.1.1. Des budgets prévisionnels insincères
....................................................................................
23
5.1.2.
Une mauvaise évaluation du plan global de financement pluriannuel
..................................
24
5.1.3.
L’absence de report du déficit d’investissement
....................................................................
24
5.2.
Une présentation non fidèle de la situation de l’établissement
.................................................
25
5.2.1.
Un état de la dette erroné
.....................................................................................................
25
5.2.2.
L’absence d’inventaire et l’inexactitude de l’état de l’actif
....................................................
26
5.2.3.
Des durées d’amortissement non justifiées
...........................................................................
27
5.2.4.
Des intérêts moratoires non liquidés
.....................................................................................
27
5.3.
Une inexactitude comptable
......................................................................................................
28
5.3.1.
L’absence de rattachement des charges et des produits
........................................................
28
5.3.2.
L’absence de constitution de provisions pour litiges
.............................................................
29
5.3.3.
La non-intégration des immobilisations en cours
..................................................................
30
5.3.4.
L’évolution des comptes de réserves et de report à nouveau et la violation du principe de
l’affectation des résultats
......................................................................................................
31
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
4/52
5.4.
Une situation financière faussée
...............................................................................................
35
5.4.1.
Les résultats de l’EHPAD
........................................................................................................
35
5.4.2.
L’évolution des produits et des charges
.................................................................................
38
5.4.3.
La capacité d’autofinancement
.............................................................................................
41
5.4.4. La dette
.................................................................................................................................
42
5.4.5.
Le fonds de roulement (FDR), le besoin en fonds de roulement (BFDR) et la trésorerie
.........
45
5.4.6.
Des lignes de crédit de trésorerie
..........................................................................................
47
5.4.7.
Conclusion sur la situation financière
....................................................................................
47
6.
LES INVESTISSEMENTS
...........................................................................................................................
48
6.1.
Le financement des investissements
.........................................................................................
48
6.2.
La rénovation et l’extension de l’EHPAD de Moutiers
-Saint-Jean
..............................................
48
6.2.1. Présentation du projet
..........................................................................................................
48
6.2.2.
La mise en œuvre du projet
...................................................................................................
49
6.2.3.
Le financement de l’opération
...............................................................................................
50
6.2.4.
Le paiement de la TVA sur les immobilisations
en attente d’intégration
...............................
51
6.3.
La création d’une «
Maison’âge
»
..............................................................................................
52
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
5/52
S Y N T H È S E
L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
Saint-Sauveur à
Moutiers-Saint-Jean est situé au n
ord du département de la Côte d’Or, à une quinzaine
de kilomètres au sud-ouest de Montbard.
L’établissement dispose de 3 budgets
: budget principal, budget annexe de la dotation
non affectée et budget «
Maison‘
âge ».
L’analyse de la
c
hambre porte essentiellement sur l’EHPAD, donc le budget principal.
Le
budget «
Maison‘
âge »
est en effet dédié à la gestion d’une structure annexe à
l’établissement pour l’accueil de personnes âgées. Cette unité comportant 3 studios a été
réhabilitée en 2009, ce qui a généré des coûts importants (emprunt de 350 milliers
d’euros). Les résultats sont déficitaires depuis 2012. Le taux d’occupation était
extrêmement fa
ible jusqu’au second semestre 2016.
Pour ce qui concerne l’EHPAD, 47 lits étaient autorisés jusqu’en 2010, puis 52 de 2010 à
2013 ;
il dispose désormais de 57 lits installés depuis 2013, à la suite d’une opération de
rénovation-extension des locaux. Dix places sont dédiées à une unité de vie pour
personnes atteintes de troubles cognitifs. Près des 2/3 des résidents appartiennent au
groupe iso-ressources 1-2, impliquant la présence constante d'intervenants. Cet
établissement est occupé à plus de 97 % en moy
enne et dispose selon la direction d’un
effectif de 45,61 équivalents temps plein en 2015.
L’établissement est signataire d’une convention tripartite applicable entre 2008 et 2012,
mais elle n’a pas été renouvelée, ce qui constitue une difficulté sérieuse,
d’autant que
l’ordonnateur ne dispose pas de tableaux de bord de gestion, ne tient pas de comptabilité
d’engagement de la dépense et encore moins de comptabilité analytique.
La tarification ternaire (soins, dépendance, hébergement) qui est appliquée à l’
égard des
résidents a évolué régulièrement. Néanmoins, la non augmentation du tarif hébergement
en 2012 et la baisse du tarif dépendance en 2013 ont constitué une erreur stratégique et
de gestion au moment où un chantier coûteux était lancé.
L’EHPAD pratiquait un tarif d’hébergement s’élevant à 58,86 € par jour fin 2015, contre
62 € pour la moyenne des EHPAD en Côte d’Or.
Une augmentation du tarif hébergement de 5,29 € a été appliquée en 2015. Malgré cette
forte augmentation de prix, la situation demeure très préoccupante :
l’établissement s’est
fortement endetté et n
’est plus en mesure
de payer ses factures courantes alors même
qu’il n’y a aucun problème d’impayés de la part des résidents.
Le non-
respect des règles budgétaires et comptables atteint un tel niveau à l’EHPAD
Saint-Sauveur
durant la période contrôlée qu’il est de nature à fausser la situation
financière de l’établissement et l’analyse des autorités de tutelle.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
6/52
La chambre relève à cet égard :
-
des budgets prévisionnels insincères ;
-
l
’absence de report du déficit d’investissement
;
-
un état de la dette erroné ;
-
l’absence d’inventaire et l’inexactitude de l’état de l’actif
;
-
d
es durées d’amortissement injustifiées
;
-
l
’absence
de rattachement des charges et produits ;
-
l
’absence de constitution de provisions pour litiges
;
-
la non intégration des immobilisations en cours ;
-
une affectation des résultats erronée ;
-
u
n manque de transparence des choix réalisés, facilité par l’établi
ssement de
documents lacunaires qui, au surplus, ne concordent pas toujours avec les
documents du comptable et des autorités de tutelle.
L’analyse réalisée permet néanmoins d’établir que l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean est
dans une situation particulièrement périlleuse car tous les indicateurs de gestion sont
inquiétants.
Le résultat budgétaire net de l’établissement tous budgets cumulés avec les reports
antérieurs est négatif à partir de 2012, excepté pour l’exercice 2013, bien que le résultat
d’exploitation du budget principal soit redevenu positif à partir de 2014.
Le résultat d’exploitation est fortement impacté par les dépenses de fonctionnement qui
se sont considérablement accrues.
Les charges d’exploitation, tous budgets cumulés, ont
augmenté de 65 % entre 2009 et 2015, de manière plus rapide que les produits, du fait
en particulier de charges de personnel non maîtrisées et de charges financières élevées.
L’établissement n’a quasiment jamais disposé de capacité d’autofinancement sur la
période contrôlée, ce qui ne lui
permettait pas d’investir dans de bonnes conditions.
Le fonds de roulement net global est négatif à partir de 2013, ce qui malgré la diminution
du besoin en fonds de roulement ne permet pas de retrouver une situation de trésorerie
positive.
La trésorerie nette est négative de 2012 à 2015. Les disponibilités sont insuffisantes pour
régler les dépenses courantes malgré le recours à une ligne de crédit de trésorerie et
l’utilisation en fonctionnement d’un emprunt souscrit en 2014 alors que les travaux
immobiliers réalisés dans le cadre du marché de réhabilitation-extension étaient déjà
terminés depuis plus d’un an.
Le compte au trésor était de 13 6
43 € au 31 décembre 2014,
et de 15
137 € au 31 décembre 2015, alors même que des tirages sur une ligne de
trésorerie à hauteur de 350
000 € restent à rembourser depuis fin 2014
.
Les délais de paiement des factures sont anormalement élevés, plus de 50 jours, et les
intérêts moratoires sur dépenses courantes de fonctionnement atteignaient 37 346,96
en mars 2016. Les plus anciennes factures sur lesquelles portent les intérêts moratoires
datent du
mois d’octobre 2014.
L’établissement est dans une situation d
e surendettement avec une dette de près de
5,4
millions d’euros à la fin de l’année 2015. La capacité d’autofinancement brute ne
permet pas de rembourser les annuités en capital à partir de 2012 ; la capacité de
désendettement est également beaucoup trop élevée cette année-là
et l’e
ndettement est
1,8 fois plus élevé que les recettes annuelles de fonctionnement au 31 décembre 2015.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
7/52
Malgré des dotations favorables des autorités de tutelle,
l’établissement, en ne respectant
pas les règles budgétaires et co
mptables, ce qui l’a amené, entre autres, à fixer des tarifs
à un niveau beaucoup trop bas compte tenu de sa situation financière réelle, a commis
des erreurs à la fois stratégiques et de gestion évidentes.
Les difficultés de gestion de l’EHPAD résultent
essentiellement de la réalisation de
l’opération de réhabilitation
-
extension du bâtiment initial qui s’est déroulée entre 2009 et
2013 pour un coût global avoisinant 7,4 millions d’euros.
Le plan de financement initial était flou : l
’obtention d’emprunts
pour 2,5
M€
serait
intervenue dès 2005 et des subventions pour 2,5
M€
auraient été annoncées des années
avant la réalisation des travaux.
Globalement
, l’opération immobilière
a été très mal maîtrisée ; les problèmes semblent
s’être accumulés lors de son déroulement, ce qui a généré surcoûts et contentieux
judiciaires.
La réception de la dernière tranche n’est intervenue qu’en février 2013 pour
une fin des travaux envisagée lor
s de l’élaboration du planning prévisionnel pour octobre
2011.
Alors que l’amortissement des emprunts a commencé dès 2008, que le chantier est arrivé
à son terme en 2013 et que la réception des travaux est réalisée, les biens immobiliers
n’ont toujours pas été intégrés à l’actif au compte 21, de sorte qu’aucun amortissement
n’a été pratiqué à ce jour concernant ces éléments d’actif.
En outre, la TVA à 5,5 % qui devait s’appliquer aux travaux effectués, d’un montant de
387 000 euros, dont 338 000 euros à verser aux services fiscaux
, n’a toujours pas été
payée
. L’emprunt souscrit pour y faire face a d’ailleurs été utilisé pour payer d’autres
dépenses de fonctionnement.
En conclusion, au-delà de la régularisation indispensable de sa situation financière et
comptable, l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean doit sans aucun doute
assurer la pérennité de son redressement par des choix de gestion particulièrement
prudents et une augmentation de ses tarifs.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
8/52
RECAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1 : La chambre recommande
à l’établissement d’établir
une
prévision budgétaire plus sincère de la masse salariale en se dotant des outils
nécessaires.
Recommandation n° 2 : La chambre
rappelle l’obligation du report du déficit cumulé
d’investissement et recommande à l’établissement de reporter et résorber ce
dernier.
Recommandation n° 3 : La chambre recommande la mise en concordance des
données portant sur l’état des emprunts
figurant dans les comptes administratifs
avec les informations figurant dans les documents comptables et les pièces
contractuelles.
Recommandation n° 4 :
La chambre recommande à l’établissement de tenir
l’inventaire des biens meubles et immeubles
conformément à
l’instruction
budgétaire et comptable M22 applicable aux établissements médico-sociaux et
d’ajuster le compte 2151 dans l’état de l’actif.
Recommandation n° 5 : La chambre recommande de mettre en place une procédure
de paiement des factures prévoyant la liquidation des intérêts moratoires.
Recommandation n° 6 : La chambre recommande le rattachement
de l’ensemble
des charges et des produits à chacun des exercices comptables, que ce soit les
montants principaux, les intérêts moratoires, les amortissements ou les autres
opérations budgétaires.
Recommandation n° 7 : La chambre recommande la constitution de provisions pour
litiges en conformité avec les dispositions de l’instruction M22 et d’instaurer une
politique de provisionnement permettant d’anticiper les charges susceptibles
d’altérer signif
icativement le résultat budgétaire.
Recommandation n° 8 :
La chambre recommande à l’établissement d’intégrer dans
son patrimoine les immobilisations afin de procéder à leur amortissement sans
retard, dans un souci de fiabilité des comptes, conformément à
l’instruction
budgétaire et comptable M22 applicable aux établissements sociaux et médico-
sociaux
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
9/52
1.
PRESENTATION DE L’
EHPAD
L’EHPAD
Saint-Sauveur se situe dans la commune de Moutiers-Saint-Jean, village de
250 habitants, commune du canton de Montbard,
dans le nord de la Côte d’Or, aux portes de
l’Icaunais. L’hôpital
Saint-Sauveur a été fondé à Moutiers-Saint-Jean par Louis XIV pour
accueillir des personnes sans ressources, vivant dans une grande misère. Aux bâtiments
datant du XVII
ème
siècle a été adjointe une construction neuve terminée en février 2013, dans
laquelle se situent les chambres des résidents.
L’
EHPAD bénéficie de la dotation budgétaire globale afférente à la dépendance. Il a vocation
à accueillir des personnes âgé
es affectées par le syndrome d’Alzheimer. Il est habilité à l’aide
sociale et peut percevoir l’
aide personnalisée au logement.
L’établissement dessert principalement une quinzaine de communes
et est rattaché au réseau
gérontologique du Nord de la Côte
d’Or
. Depuis le 10 décembre 2009, la direction de
l’établissement est commune avec celle de l’EHPAD de
Laignes éloigné de 42 kilomètres.
1.1.
L’activité et le taux d’occupation
La capacité d’accueil de l’établissement a évolué durant la période contrôlée
.
Un arrêté du 31 décembre 2010 a autorisé la création de 5 places supplémentaires
d’hébergement
au sein de l’EHPAD,
dont la mise en place a été effective à partir du début du
mois d’août 2011. La capacité de l’établissement est ainsi passée
de 47 à 52 places, dont
1
place d’hébergement temporaire
.
La capacité d’accueil de l’établissement a
ensuite été portée à 57 places à compter du
1
er
janvier 2012, la totalité des places pouvant être occupée à partir du 17 février 2013.
L’EHPAD de Moutier
s-Saint-Jean dispose donc depuis 2013
d’une capacité de
57 lits, parmi
lesquels 10 sont dédiés à une unité de vie pour personnes atteintes de troubles cognitifs (unité
de soins Alzheimer et démences apparentées). En outre, à
l’extérieur de l’EHPAD
, un bâtiment
de trois logements abrite un
établissement d’hébergement pour personnes âgées
EHPA, dit
«
Maison’
âge », de cinq lits qui a vocation à accueillir des résidents en GIR 4, 5 ou 6. Cette
unité assure un rôle de transition avant une orientation vers l’EHPAD ou avant un retour à
domicile.
L’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean fonctionne au plein de ses capacités avec un taux
d’occupation
avoisinant 97 %. Son activité a progressé, la capacité ayant augmenté et le taux
d’occupation passant de 91,60
% en 2011, année impactée par des travaux, à 98 % en 2015.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
10/52
Tableau n° 1
A
ctivité, taux d’occupation
capacité
nombre de
jours
d'ouverture
activité
théorique
journées
réalisées
taux
d'occupation
2008
47
366
17 202
17 066
99,21%
2009
47
365
17 155
16 887
98,44%
2010
47
365
17 155
17 024
99,24%
2011
52
365
18 980
17 385
91,60%
2012
52
365
18 980
17 809
93,83%
2013
57
365
20 805
20 040
96,32%
2014
57
365
20 805
20 754
99,75%
2015
57
365
20 805
20 390
98,01%
Source : analyse des comptes administratifs
du Conseil Général de la Côte d’Or de
2011 à 2014 (p.3) ainsi que la tarification des
prestations d’hébergement et de dépendance budget 2015 du Conseil Général de la Côte d’Or du 12 mars 2015 (p3)
et compte
administratif 2015.
1.2.
L’effectif
Le bilan social de 2015
(p.19) indique que l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean
emploie 54 agents physiques au 31 décembre 2015 dont 90 % de femmes.
1.2.1.
L’effectif en
équivalents temps plein, ETP
Tableau n° 2
Évolution des effectifs
Direction
0,20
0,20
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
0,50
Administration
2,50
2,25
2,50
2,25
2,50
2,50
2,50
2,50
2,50
1,67
Cuisine
2,75
3,00
2,75
3,57
2,75
3,00
2,75
3,00
2,75
3,00
2,75
3,08
Animation
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
0,93
1,00
0,80
1,00
0,80
1,00
0,80
ASH -
8,85
7,74
8,60
8,50
8,60
9,62
8,60
10,36
8,20
7,67
8,00
8,08
Aide Soignante-AMP
15,00
15,60
18,00
17,10
18,00
16,89
18,60
18,83
19,53
19,23
20,00
17,81
Psychologue
0,20
0,20
0,20
0,20
0,20
0,10
0,20
0,20
0,20
Infirmière
4,00
3,60
4,00
3,40
4,00
3,07
4,00
2,98
4,00
3,74
4,00
3,70
Autres Auxiliaires
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
1,00
Médecin
0,30
0,10
0,30
0,10
0,30
0,10
0,30
0,03
0,30
0,20
0,30
0,30
AES
1,25
1,00
1,25
1,00
1,25
1,00
1,25
1,00
1,25
1,00
Total ETP
budgétaires
33,30
31,44
40,10
37,62
40,10
37,46
40,70
40,00
41,23
38,64
41,50
36,94
ASH -*
2,50
2,58
3,42
Emplois Aidés
3,54
3,22
5,00
5,25
Total ETP
33,30
31,44
40,10
37,62
40,10
41,00
40,70
45,72
41,23
46,22
41,50
45,61
Personnel
Eff. Th.
Nbre ETP
Eff. Th.
Nbre ETP
2015
Eff. Th.
Nbre ETP
2010
2011
2012
2013
2014
Nbre ETP
Nbre ETP
Eff. Th.
Eff. Th.
Nbre ETP
Eff. Th.
Source : données transmises par la direction.
*
ASH qualifiés employés en remplacement de congés maladie et maternité d’
aides-soignantes.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
11/52
L’effectif théorique correspond à l’effectif autoris
é par les autorités de tutelle Les
remplacements de congé maladie et maternité ainsi que les contrats aidés en sont exclus.
La chambre constate que le total équivalents temps plein du personnel permanent est
systématiquement inférieur à l’effectif aut
orisé sur la période contrôlée car l
’établissement a
choisi de comp
enser l’absence du personnel permanent par un recours aux contrats à durée
déterminée et aux contrats aidés, ce qui
permet de réduire l’impact de la masse salariale
.
L’
EHPAD disposait ainsi de facto
d’
un personnel moins bien formé et précaire.
L’effectif en équivalents temps plein tient compte de l’ensemble des personnels
de
l’EHPAD
quel que soit leur statut : fonctionnaires stagiaires et titulaires, contractuels à durée
indéterminée ou déterminée ; il était de 45,61 au 31 décembre 2015.
1.2.2.
Le
taux d’encadrement
Tableau n° 3
Taux d’encadrement des résidents
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Nombre de résidents
47,00
52,00
52,00
57,00
57,00
57,00
ETP constatés
31,44
37,62
41,00
45,72
46,22
45,61
Taux d'encadrement
0,67
0,72
0,79
0,80
0,81
0,80
Source : Tableau établi par la chambre après prise en compte des données transmises par la direction.
Le taux d’encadrement des hébergés s’est amélioré régulièrem
ent, passant de 0,67 agent par
hébergé en 2010 à 0,80 agent en 2015.
1.2.3.
L’évolution de la masse salariale
Tableau n° 4
La présentation de la masse salariale du personnel non médical
dans les comptes administratifs
Budget exécutoire
(2)
Compte administratif
(3)
Ecart entre budget exécutoire et
compte administratif
(2)-(3)
2012
1 394 134
1 491 948
-97 814
2013
1 421 598
1 624 932
-203 334
2014
1 485 168
1 792 727
-307 559
2015
1 510 601
1 849 022
-338 421
Tableau des rémunérations
Source:
comptes administratifs § 5.3.2
Année
Selon les données inscrites aux comptes administratifs, la masse salariale a progressé de
357
milliers d’euros, soit de
23,93 % entre 2012 et 2015.
Sur la seule année 2014, elle a progressé de plus de 10,33 % pour le personnel non médical,
essentiellement en raison
d’une part
de la revalorisation de la rémunération de certaines
catégories de personnel
et d’autre part
de la s
uppression de l’inscription en zone de
revitalisation rurale (ZRR)
dont bénéficiait l’établissement
.
Néanmoins l’EHPAD a bénéficié
d’un
remboursement de près de 100 000
€ provenant des emplois d’
avenir financés par
l’
agence de services et de paiement (ASP).
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
12/52
En outre, la chambre observe une sous-évaluation systématique du montant des
rémunérations prévues dans le budget par rapport à ce qui a été payé
, écart constitutif d’une
véritable insincérité budgétaire, qui ne permet pas une information correcte des membres du
conseil de surveillance et des organismes de tutelle.
Recommandation n° 1 : La chambre recommande
à l’établissement d’é
tablir une
prévision budgétaire plus sincère de la masse salariale en se dotant des outils
nécessaires.
1.2.4.
Les heures supplémentaires
Tableau n° 5
Heures supplémentaires effectuées non encore récupérées
et non encore rémunérées au 31/12
2012
2013
2014
2015
Nombre d'heures supplémentaires
237
323,5
252,37
335,75
Evolution
N/N-1
nc
36,5%
-22%
33%
Nombre d'heures supplémentaires (moyenne personnel infirmier)
22,25
20,25
8,56
28,60
Nombre d'heures supplémentaires (moyenne personnel aide-soignant et
ASHQ)
5,77
10,23
3,16
8,00
Nombre d'heures supplémentaires (moyenne par agent, tout statut non
médical confondu)
9,80
10,40
7,21
10,49
Source : bilans sociaux 2013, et 2014 et 2015 (inclus dans les rapports
d’activité 201
3, 2014 et 2015).
D’après les bilans sociaux, l’augmentation des heures supplémentaires
en 2013
s’explique
par
l’augmentation de la capacité (+
10 lits) qui a nécessité la réorganisation des services, par une
charge de travail supplémentaire durant l’installation et
l’aménagement de nouvelles chambre
s
et locaux ainsi que par une hausse de
l’absentéisme.
1.2.5.
L’absentéisme
Le
taux d’absentéisme global
a marqué une baisse sensible en 2014 après 3 exercices en
hausse puis a réaugmenté en 2015 car trois agents étaient en position de congé maternité et
un agent placé en maladie professionnelle.
Tableau n° 6
Taux d’absentéisme global
2011
2012
2013
2014
2015
Personnel non médical
9,33%
8,05%
11,74%
7,79%
9,20%
Dont personnel soignant
9,15%
8,01%
11,54%
5,20%
6,80%
Source : bilans sociaux 2013, et 2014 et 2015 (inclus dans les rapports
d’activité 201
3, 2014 et 2015).
Le taux d’absentéisme contribue à gonfler les dépenses de personnel dans le budget de
l’établissement durant la période contrôlée.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
13/52
À cet égard,
la chambre observe l’inconséqu
ence de la note de service 2016.08 qui indiquait
que ; « à compter du 1
er
juin 2016, les agents qui accepteront de revenir travailler suite à un
rappel d’encadrement pourront, s’ils le souhaitent demander le paiement de ces h
eures de
travail effectuées en sus de leur planning ».
Une telle position de principe ne pouvait qu’être
de nature à augmenter les difficultés budgétaires de l’établissement.
Le directeur par intérim
a d’ailleurs dans une note 2016.18
supprimé ce paiement systématique des heures
supplémentaires : « désormais, et ce à compter du 1
er
octobre 2016, les heures
supplémentaires ne seront plus payées aux agents mais feront l’objet de récupération
».
1.2.6.
Les comptes épargne-temps
Le bilan social de 2015 indique que 5 agents détiennent un CET pour un montant total de
84 jours stockés.
La chambre rappelle que l
’article 4 de l’arrêté du 17 avril 2014
fixant les modalités de
comptabilisation et de transfert des droits au titre du compte épargne-temps des agents
titulaires et non titulaires de la fonction publique hospitalière
impose la constatation d’une
provision pour chaque jour épargné. Or aucune provision
n’a été
constituée à ce titre par
l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean.
De plus, le suivi de ce compte épargne-temps est défectueux car
l’EHPAD n’a pas été
en
mesure de fournir les décomptes annuels des personnes concernées par un compte épargne-
temps, qui ne figurent au demeurant pas dans leur dossier individuel.
1.3.
Le partenariat avec les organismes extérieurs
L’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean a des relations avec les partenaires suivants
aux termes de la convention pluriannuelle tripartite du 16 octobre 2008 :
-
les opérateurs du maintien à domicile : aide à domicile en milieu rural et centre de soins
infirmiers à Fain-les-Moutiers ;
-
les établissements de santé (le centre hospitalier intercommunal de Chatillon-sur-
Seine et le réseau gérontologique de Haute Côte d’Or)
;
-
les institutions sociales et médico-sociales voisines (Les Aînés Ruraux) ;
-
les associations gérontologiques locales (les Amis de la Réôme et les amis du val de
Brenne).
Ainsi, le 18 juillet 2005 a été signée une convention cadre relative aux modalités de
coopération entre l’établissement et le centre hospitalier intercommunal de Châ
tillon-sur-Seine
et Montbard. L’objectif de cette coopération
était
la mise en place de protocoles et d’échanges
portant sur la mise en place de bonnes pratiques thérapeutiques et les soins à prodiguer aux
personnes âgées.
La chambre observe que la convent
ion du 26 juillet 2005 conclue entre l’EHPAD et les amis
de la vallée de la Réôme, association qui a notamment pour objectif de contribuer à rompre la
solitude des résidents, est trop générale. Ainsi, cette association est amenée à occuper des
locaux et à disposer de moyens matériels sans que les conditions de ces contributions soient
précisément définies.
Le 6 janvier 2012, l’établissement a signé une convention constitutive d’un groupement de
commandes pour la maintenance, le contrôle technique et les fournitures
d’atelier
avec des
établissements hospitaliers et médico sociaux de H
aute Côte d’Or.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
14/52
En marge de ces coopérations, l’établissement s’est engagé à maintenir des relations étroites
avec le comptable public, dans le cadre d’une convention de part
enariat signée le
18 septembre 2006. Entre autres points sont recensés quelques engagements réciproques :
-
faire le point régulièrement sur les difficultés majeures dans le cadre de rencontres
périodiques, au moins semestrielles. Des analyses approfondies permettront de
déterminer les dysfonctionnements et de définir les moyens à mettre en œuvre
;
-
développer le part
age de l’information
;
-
développer la gestion de trésorerie ;
-
l
e trésorier propose d’offrir ses prestations de conseils
.
À compter de 2015, les difficultés de trésorerie apparues et
des relations tendues entre l’ancien
ordonnateur et la comptable ont compliqué les échanges professionnels et la comptable
n’a
plus été
invitée aux conseils d’administration
jusqu’à l’arrivée du directeur par intérim
.
2.
LA GOUVERNANCE
2.1.
Un directeur commun pour deux EHPAD
Depuis 2003, M. Maurice Grégoire assurait la direction en intérim
de l’EHPAD
Saint-Sauveur
en sa qualité de directeur adjoint du CHI de Chatillon-Montbard. Au 1
er
février 2011, le directeur
a été mis à disposition de l’EHPAD de Laignes par son établissement d’origine, à hauteur de
40 % puis de 50 % à partir du 1
er
mai 2011.
Par arrêté du 15 mars 2012, pris par la directrice générale du centre national de gestion du
ministère de la santé, M. Maurice Grégoire a été nommé directeur des EHPAD de Laignes et
de Moutiers-Saint-Jean. Il a pris ses fonctions sur le poste de direction commune le 1
er
avril
2012.
Malgré l’existence d’une convention de direction commune, d’une durée de validité de
5 années, à compter du jour de la nomination du directeur, datée du 10 décembre 2009, mise
en place pour prévoir la répartition des charges entre les EHPAD, la chambre
s’interroge sur
la distance entre les établissements concernés alors que plusieurs maisons de retraite sont
géographiquement plus proches.
Cette convention a pris fin à son terme de 5 ans le 10 décembre 2014. Or, le procès-verbal du
conseil d’administration du 23
janvier 2015 indique que « les membres du conseil
d’administration, à l’unanimité, approuvent le principe d’extension de la direction commune
institué depuis 2010 entre les EHPAD de Laignes et de Moutiers-Saint-Jean, portant
principalement
sur l’extension de la durée portée à la date du 31 janvier 2017
». En application
de cette délibération, un avenant n° 2 en date du 23 janvier 2015 a été signé et présente un
effet rétroactif. En effet, il proroge la convention de direction commune du 1
er
janvier 2015 au
31 janvier 2017 : dès lors, entre le 10 décembre 2014 et le 1
er
janvier 2015 subsiste
curieusement un vide.
De plus, il est à noter que
contrairement à la convention initiale et à l’avenant n°
1, les
signataires de cet avenant de prorogation ne sont pas les présidents des conseils
d’administration des EHPAD mais M.
GRÉGOIRE
, en tant que directeur de l’EHPAD de
Laignes et un adjoint des cadres, le représentant en qualité de d
irecteur de l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
15/52
D
es économies d’échelle ont pu être dégagées
du fait de la mutualisation des deux EHPAD.
Un partenariat est instauré entre les deux EHPAD basé sur une convention de partage des
moyens, signée le 23 janvier 2015. Cette convention a pour objectif la mutualisation d’une
partie des moyens des deux EHPAD avec l’intention d’optimiser les dépenses réalisées pour
la maintenance, l’administration, la blanchisserie, la restauration et l’animation.
L’établissement précise que les économies dégagées concernent essentiellement le groupe 2
notamment dans le cadre des fonctions mutualisées : la cadre supérieure de santé et une
adjointe des cadres hospitaliers sont réparties sur les deux structures et les astreintes sont
communes
en ce qui concerne le service d’entretien.
2.2.
Les r
éunions du conseil d’administration
et du conseil de vie sociale
L’alinéa 2 de l’a
rticle R. 315-23-1 du code de l'action sociale et des familles (CASF) stipule
que « le règlement intérieur de chaque établissement fixe le nombre des séances du conseil
d'administration qui ne peut être inférieur à quatre séances par an ainsi que les modalités de
convocation de ses membres ».
Le
conseil d’administration
est réuni régulièrement, entre 4 et 5 fois par an.
La chambre constate que l
es comptes rendus de ces réunions du conseil d’administration sont
assez sommaires
: de l’ordre de 1 à 2 pages, i
ls renvoient à des documents annexes. Un point
sur le recouvrement des frais d’hébergement est systématiquement fait
, ce qui permet que les
procédures soient rapidement enclenchées en cas d’impayés, y compris envers les obligés
alimentaires.
Les décisions sont généralement pris
es à l’unanimité
.
Le conseil de vie sociale s’est réuni
régulièrement durant la période contrôlée.
3.
LA CONVENTION TRIPARTITE
Les établissements assurant l’hébergement des personnes âgées mentionnés à l’article
L. 312-
1 du code de l’action sociale et des
familles (CASF) ne peuvent accueillir des personnes
âgées dépendantes que s’ils ont
conclu une convention pluriannuelle, respectant le cahier des
charges établi par arrêté ministériel, avec le président du conseil départemental et le directeur
général de l
agence régionale de s
anté, conformément à l’article
L. 313-12 du CASF, selon la
version
en vigueur jusqu’au 30 décembre 2015
.
La convention, établie notamment à partir d
un
rapport d’évaluation interne qui doit être
communiqué par l’établissement conform
ément à
l’article D 312
-203 alinéa 2 du CASF, entend
notamment :
- d
éfinir les engagements de l’établissement en matière de prise en charge, de qualité, de
sécurité et d’efficience pour la personne âgée accueillie dans le respect des règles
déontologiques et éthiques, notamment au regard du bilan de la convention précédente ;
- d
éfinir les conditions de fonctionnement de l’EHPAD ;
- p
réciser les modalités d’évaluation de leurs activités et de la qualité des prestations qu’ils
délivrent conformément à l’art
icle L. 312-8 du CASF ;
- r
appeler enfin les modalités d’intervention financière de chacune des parties.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
16/52
La dernière convention tripartite signée par le préfet, le président du conseil général et le
directeur de l’EHPAD concerne la période
2008-2012. Elle a été signée le 16 octobre 2008
avec effet au 1
er
janvier 2008.
L’ordonnateur n’a pas été en mesure
de produire
l’ensemble
des 19 annexes de cette convention tripartite.
Une évolution de la convention par avenant annuel était prévue (article 14) sur la base de
négociations par les parties signataires « afin de prendre en compte les modifications
substantielles des conditions de réalisation de la présente convention et suite aux ajustements
tarifaires annuels
». Enfin, l’article 15
de la convention consacrée aux conditions de
renouvellement indiquait que « huit mois avant le terme quinquennal, les parties engageront
des négociations sur l’initiative de l’établissement contractant, afin d’arr
êter les conditions dans
lesquelles la convention peut être renouvelée ».
Aux termes de l’
article L. 313-12 du CASF, selon la version en vig
ueur jusqu’au 30 décembre
2015, lorsque « la convention pluriannuelle ne peut pas être renouvelée avant son arrivée à
échéance en raison d’un refus de renouvellement par le directeur de l’agence régionale de
santé ou le président du conseil départemental, elle est réputée prorogée pendant une durée
maximale d’un an
». La convention ne pouvait donc excéder la date limite de fin décembre
2013.
Or la chambre constate que, depuis lors,
aucune nouvelle convention n’a été signée.
Le
rapport d’activité du directeur portant sur l’année 2014
signale que la convention tripartite
signée le 1
er
janvier 2008 est arrivée à terme à la fin de 2012 mais que l’établissement n’a pas
été retenu par l’ARS pour engager en 2014 le renouvellement de sa convention.
L’article 58 de la loi n°
2015-1776 du 28 décembre 2015
relative à l’adaptation de la société
au vieillissement a
modifié l’art L. 312 du CASF, de sorte que le recours au contrat pluriannuel
d’objectifs et de moyens (CPOM), qui était
précédemment optionnel, a remplacé le dispositif
des conventions tripartites. Comme les conventions tripartites, les CPOM ont une durée de
5
ans et associent l’ARS et le conseil départemental à l’établissement. De façon plus directe
que la convention tripartite, le CPOM détermine les éléments pluriannuels du budget des
établissements et des services. De surcroît, il fixe les modalités d’affectation des résultats en
lien avec ses objectifs.
La chambre observe que, pour l’heure, l’absence d’objectifs déterminés par l’ensemble des
partenaires concernés ne facilite pas la ge
stion de l’établissement et que dans un contexte
budgétaire difficile et alors que des choix de gestion doivent être faits,
la signature d’un CPOM
devient une urgente nécessité.
Elle prend acte de ce que l’ARS précise en réponse à la
communication des observations provisoires de la chambre que la négociation du CPOM des
EHPAD de Moutiers-Saint-Jean et Laignes (direction commune) est programmée par arrêté
conjoint du directeur de l’ARS et du président du conseil départemental pour l’année 2018,
pour une entrée en vigueur au 1
er
janvier 2019.
4.
LA CLASSIFICATION DES RESIDENTS ET LA TARIFICATION
4.1.
La classification des résidents
Les groupes iso-ressources moyens pondérés (GMP) et le pathos moyen pondéré (PMP) pris
en référence
n’ont pas
évolué. Dans l
’article 3
de la convention tripartite, à effet du 1
er
janvier
2008, les données relatives à l’état de dépendance des résidents font apparaître
un groupe
iso-ressources moyen pondéré (GMP)
1
fixé à 781, validation réalisée le 11 juillet 2007
. Et c’est
sur cette base que les dotations sont calculées par le conseil départemental.
1
Le cumul de l'ensemble des GIR des personnes présentes dans l'établissement à un instant "t" permet à l'établissement de déterminer le GMP
(Gir Moyen Pondéré), qui est le niveau moyen de dépendance des résidents et permet à la structure de percevoir des moyens en conséquence.
Plus le niveau de dépendance des résidents est élevé, plus le GMP est élevé.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
17/52
Le dernier GMP validé, le 11 juillet 2007, étaient certes de 781 mais, à compter de 2010, le
conseil départemental a pris en compte un GMP de 785.
La chambre constate que
ce GMP moyen retenu par l’autorité de tarification est supérieur à la
réalité de la dépendance constatée depuis 2010 à
l’EHPAD de Moutiers
-Saint-Jean. :
Tableau n° 7
Évolution de la situation des résidents selon leur girage
et GMP moyen estimé
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
Nombre
de
journées
réelles
Nombre
moyen
de
résidents
GIR 1
NC
9
2 594
7
3 555
10
2 594
7
1371
4
2 834
8
2 409
7
2 647
7
GIR 2
NC
22
9 955
27
8 930
24
9 955
27
11321
31
8 252
23
8 707
24
10 749
29
GIR 3
NC
6
1478
4
1222
3
1478
4
1575
4
3 658
10
4 131
11
3 035
8
GIR 4
NC
7
3 171
9
1778
5
3 171
9
3 073
8
4 468
12
4 156
11
1260
4
GIR 5
NC
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
497
1
1740
5
GIR 6
NC
-
-
-
1040
3
-
-
-
-
-
-
-
-
-
TOTAL
44
17 198
47
16 525
45
17 198
47
17 340
47
19 212
53
19 900
54
19 431
53
GMP
moyen
estimé
785
771
762
732
719
2007
2 0 11
2 0 12
2 0 13
2 0 14
2 0 15
753
2 0 10
2009
768
787
Source : analyse des comptes administratifs par le conseil départemental (p.6 ou 7).
Ainsi l
e GMP moyen estimé sur l’année 201
5 à partir des journées facturées est de 753 ; la
valeur nette du point GIR réelle s’élève
donc en réalité à 7,69
€ contre 6,
27
€ autorisé au
budget (valeur moyenne départementale accordée en 2015 : 6,52
€)
.
Le pathos moyen pondéré (PMP)
2
de l’établissement a, quant à lui, été validé le 24 août 2007
à 320 par la Direction Régionale du Service Médical et demeure fixé à ce montant pour l
’ARS
.
Toutefois, selon les rapports d’activité 2014 et 2015, au 31 décembre il était respectivement
de 252,15 et 254,49, soit bien inférieur.
Ainsi aucune nouvelle validation, ni du PMP ni du GMP,
n’
a été communiquée à la direction
depuis 2007. Étant donné que ces indices permettent le calcul des dotations et sachant que
le GMP et le PMP ont en réalité nettement diminué par rapport à 2007, toute nouvelle
validation
,
notamment
dans
le
cadre
d’un
CPOM,
entraînerait vraisemblablement
automatiquement une baisse des dotations et par conséquent dégraderait la situation
financière de l’établissement.
Compte tenu du fait que la pérennité de cette situation favorable est incertaine, la chambre
invite l’é
tablissement à faire preuve de la plus grande prudence dans sa gestion.
2
Le "
Pathos Moyen Pondéré
" ou PMP est un indicateur synthétique de charge en soins médicaux et techniques pour une
population donnée. Il correspond, dans cette population, à la somme des points de niveaux de soins dans les huit postes de
ressources pondérés par un coefficient variable selon les postes, exprimé en moyenne par individu. Un même GMP peut recouvrir
des situations cliniques différentes (prédominance locomotrice ou mentale du handicap) mais correspond à des charges en soins
de base identiques ne faisant intervenir qu'un seul type de professionnels (les aides-soignantes). Le modèle PATHOS permet
d'évaluer les niveaux de soins nécessaires pour la prise en charge de la poly-pathologie des personnes âgées en établissement.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
18/52
4.2.
La tarification
L’établissement signataire de la convention tripartite applique une tarification ternaire
3
:
un
tarif journalier pour les soins
qui est pris en charge par le forfait soins qui inclut
les soins médicaux et paramédicaux nécessaires pour traiter les troubles physiques ou
psychiques des résidents. Il recouvre également les soins paramédicaux liés à la
dépendance. Il est versé directement à
l’établissement par l’a
ssurance maladie.
un
tarif journalier pour la dépendance
qui correspond à toutes les dépenses
effectuées par l
’établissement
pour aider les résidents à accomplir les actes essentiels
de la vie et qui ne sont pas liées aux soins médicaux et paramédicaux. Le tarif
dépendance est fixé par le conseil départemental.
un
tarif journalier pour l’hébergement
qui
comprend les dépenses d’entretien
(nettoyage, blanchissage, etc.) et d’administration (accueil, personnel administratif,
etc.), la restauration et les activ
ités d’animation qui ne sont pas liées à la dépendance
des personnes accueillies. Il est fixé par le conseil départemental
si l’établissement est
habilité à l’aide sociale.
4.2.1.
Les décisions tarifaires de la dotation globale de soins
La dotation globale de soins
de l’EHPAD
Saint-Sauveur à Moutiers-Saint-Jean pour les divers
exercices examinés est retracée dans le tableau ci-dessous :
Tableau n° 8 - Évolution de la dotation globale de soins
En euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Dotation globale
de soins
780 546,73
713 298,00
757 266,00
763 924,84
770 231,04
844 391,17
770 974,01
837 064,58
Source : arrêtés portant fixation du montant de la dotation globale de financement, émanant de l
’ARS
.
La capacité de l’établissement augmente à partir de 2013. Cette augmentation du nombre de
lits ne se retranscrit pas
dans l’attribution de la dotation gl
obale de soins en 2013 et 2015 car
l’ARS
a constaté des résultats excédentaires sur la section soins en 2011 et en 2013 qui sont
venus minorer la dotation soins de 50
000 € en 2013 et de 56
744,52 € en 2015.
Les tarifs journaliers de soins selon les GIR 1 et 2, GIR 3 et 4, GIR 5 et 6 ont été fixés comme
suit :
Tableau n° 9 - Évolution du tarif journalier soins selon la catégorie du résident
En euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Tarif journalier soins GIR 1 et 2
42,46
33,44
50,25
43,63
41,38
47,44
43,50
45,34
Tarif journalier soins GIR 3 et 4
62,23
30,68
37,24
35,83
30,60
34,84
31,47
34,38
Tarif journalier soins GIR 5 et 6
51,98
22,63
-
-
-
23,42
Résidents de moins de 60 ans
47,80
43,68
46,37
41,38
nc
nc
nc
nc
Source : arrêtés portant fixation du montant de la dotation globale de soins, émanant de
l’ARS
.
3
La TVA ne s’applique pas à la tarification des EHPAD
.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
19/52
Les fluctuations des tarifs journaliers soins et dépendance sont induites notamment par les
prévisions budgétaires.
Selon l’article R
. 314-166 du c
ode de l’action sociale et des familles
(CASF), dans sa version
en vigueur jusqu’au 24 décembre 2
016, ces tarifs journaliers sont obtenus « selon les
modalités de calcul précisées dans l'annexe 3-1 :
1 - en prenant en compte la totalité des charges d'exploitation autorisées imputables à
chaque élément de tarification ;
2 - en diminuant les charges d'exploitation mentionnées au 1° des produits d'exploitation,
autres que ceux relatifs à la présente tarification, mentionnés aux 2° à 8° du II de l'article
R. 314-12 imputables à chaque élément de tarification ;
3 - en incorporant, le cas échéant, les résultats conformément aux dispositions de l'article
R. 314-51.
La somme des éléments mentionnés aux 1°, 2° et 3° est divisée par un nombre de journées
égal à la moyenne des journées effectivement constatées les trois dernières années ou, en
cas de circonstances particulières, par le nombre de journées prévisionnelles pour l'exercice
considéré. »
Le calcul du tarif journalier soins dépend également de la part de chaque GIR dans la
production totale des points GIR et de la somme des charges relatives aux aides-soignants et
aux AMP (aides médico-psychologiques) imputables à la section tarifaire soins.
Ainsi le tarif journalier soins est étroitement lié
aux budgets présentés par l’établissement.
4.2.2.
Les décisions tarifaires de la dotation budgétaire globale afférente à la
dépendance
La dotation budgétaire globale afférente à la dépendance
de l’EHPAD Saint
-Sauveur à
Moutiers-Saint-Jean est retracée dans le tableau ci-dessous :
Tableau n° 10 - Évolution de la dotation budgétaire globale afférente à la dépendance
en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Dotation budgétaire
globale afférente à
la dépendance
148 314,90
153 963,16
194 312,78
172 566,85
190 162,84
199 229,75
206 994,94
214 191,31
Source : arrêtés de dotation budgétaire globale afférente à la dépendance du Conseil Départemental.
Dans chaque établissement, il existe 3 tarifs dépendance correspondant respectivement aux
GIR 1 et 2, aux GIR 3 et 4 et aux GIR 5 et 6. Le classement dans ces deux derniers GIR
n’ouvre pas droit à l’aide personnalisée d’autonomie (APA). La dotation APA couvre les tarifs
des GIR 1 à 4 diminués du ticket modérateur (GIR 5 et 6). Les groupes iso-ressources (GIR)
au nombre de six permettent de classer les personnes en fonction des différents stades de
perte d’autonomie.
Les prix de journées dépendance, fixés par le département selon le « girage » des hébergés,
comme indiqués dans les documents relatifs à
la tarification des prestations d’hébergement et
de dépendance 2009 à 2016
4
de l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean, sont les suivants :
4
Que ce soit les prix de journée hébergement ou dépendance, ils représentent le prix moyen appliqué sur une année. En cela,
le prix est différent de celui des arrêtés qui est proratisé.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
20/52
Tableau n° 11 -
L’évolution
des prix de journées dépendance
en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
GIR 1 et 2
17,60
17,61
18,36
18,86
18,61
18,69
19,59
20,66
GIR 3 et 4
11,17
11,17
11,65
11,97
11,81
11,86
12,43
13,11
GIR 5 et 6
4,74
4,75
4,94
5,08
5,01
5,03
5,27
5,56
Moins de 60 ans
58,91
61,12
64,71
64,83
65,16
68,24
74,33
76,99
Source : Documents du conseil départemental sur la t
arification des prestations d’hébergement
et de
dépendance 2009 à 2016.
Le prix de journée dépendance est obtenu selon les modalités de calcul précisées dans le
c
ode de l’action sociale
en son annexe 3-1 et reprises en partie par
l’article R
. 314-166 cité
précédemment
. Ce prix de journée dépendance augmente régulièrement dans l’établissement
sur la période 2009 à 2016 avec une légère baisse en 2013.
Le prix de journée moyen appliqué en 2016 est de 20,66
€ par jour pour les GIR 1
et 2 ; de
13,11
€ pour les GIR 3 et 4 et de
5,56
€ pour les GIR 5 et 6 (
le coût de 5,56
€ correspond au
ticket modérateur que tous les résidents doivent payer, quel que soit leur « girage »).
4.2.3.
Les tarifs journaliers hébergement
Le prix de journée de la section hébergement, autorisé par le conseil départemental, quel que
soit le GIR du résident, a progressé de 35,60 % entre 2009 et 2016 :
Tableau n° 12 - Évolution des tarifs journaliers hébergement
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Tarif proposé par l'EHPAD
43,87
45,84
47,88
50,00
49,39
51,35
55,48
58,29
Tarif journalier hébergement
autorisé (moyenne du tarif sur
l'année)
43,50
45,29
48,29
48,29
48,77
51,96
57,25
58,98
Tarif appliqué au cours de
l'année (dans le cadre des
arrêtés)
44,70
45,40
50,33
46,28
51,22
52,32
58,86
59,23
Source :
Documents du conseil départemental sur la tarification des prestations d’hébergement et de dépendance 2009 à 2016
et arrêtés des prix de journée 2009 à 2016.
Les prix de journée de l’hébergement ont augmenté régulièrement sur la période avec une
pause en 2012.
Concernant l’exercice 2012
, des mesures ont été prises pour alléger la tarification. Ainsi lors
de la réunion du conseil de vie sociale du 4 mai 2011, le directeur annonce que « le budget de
l’EHPAD est de 2 millions d’euros et qu’il y a un excédent de 100
000 euros correspondant en
grande partie aux moyens supplémentaires qui ont été accordés avant l’ouverture du nouveau
bâtiment. 50
000 € seront affectés sur l’année 2012 afin de permettre une diminution du prix
de journée du tarif hébergement entre 1,30 et 1,40 €
».
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
21/52
Le procès-verbal
du conseil d’administration du 28 juin 2012 a acté une baisse sig
nificative du
tarif hébergement : « les administrateurs actent cette situation favorable et souhaitent que le
prix de journée n’évolue pas à la hausse dans l’avenir, de manière trop importante. L
e prix de
journée de 46,28 euros, au 1
er
juillet 2012, est
considéré, à l’unanimité, comme
performant ».
Ce coût
correspond à l’arrêté de prix de journée 2012 du conseil départemental
fixé
à 46,28 €
à compter du 1
er
juillet 2012. Cela représente la proratisation du prix de journée applicable en
2012,
de 48,29 €.
Cette décision de ne pas augmenter ce prix en 2012 est surprenante compte tenu de la
nécessité
pour l’établissement d’être prudent dans
ses choix de gestion et des projets
d’investissement
en cours de réalisation.
Le procès-verbal du conseil de vie sociale du
17 avril 2014 relate l’intervention du dire
cteur
fa
isant état d’un coût mensuel d’hébergement s’élevant à 1
612
€ à l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean, contre 2
800 € au plan national, soit 56 % de différence
.
L’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean pratique un
tarif d’hébergement
fin
2015 s’élevant à 58,86
€.
Il se situe à un niveau inférieur à la moyenne des EHPAD de Côte d’Or qui est d’
environ 62
€.
En 2016, le tarif moyen
journalier d’hébergement est
de 58,98
€ en chambre simple.
4.3.
Le prix de journée
Le prix de journée moyen applicable pour chaque année, acté par le conseil départemental a
progressé de la façon suivante, selon le « girage » de
l’hébergé :
Les hébergés de plus de 60 ans
à l’EHPAD
Tableau n° 13 - Prix de journée hébergement + dépendance fixés par le département
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Hébergement
43,50
45,29
48,29
48,29
48,77
51,96
57,25
58,98
Dépendance
17,60
17,61
18,36
18,86
18,61
18,69
19,59
20,66
Total
journalier
61,10
62,90
66,65
67,15
67,38
70,65
76,84
79,64
Tarif mensuel
1 894,10
1 949,90
2 066,15
2 081,65
2 088,78
2 190,15
2 382,04
2 468,84
Hébergement
43,50
45,29
48,29
48,29
48,77
51,96
57,25
58,98
Dépendance
11,17
11,17
11,65
11,97
11,81
11,86
12,43
13,11
Total
journalier
54,67
56,46
59,94
60,26
60,58
63,82
69,68
72,09
Tarif mensuel
1 694,77
1 750,26
1 858,14
1 868,06
1 877,98
1 978,42
2 160,08
2 234,79
Hébergement
43,50
45,29
48,29
48,29
48,77
51,96
57,25
58,98
Dépendance
4,74
4,75
4,94
5,08
5,01
5,03
5,27
5,56
Total
journalier
48,24
50,04
53,23
53,37
53,78
56,99
62,52
64,54
Tarif mensuel
1 495,44
1 551,24
1 650,13
1 654,47
1 667,18
1 766,69
1 938,12
2 000,74
GIR 1 et 2
GIR 3 et 4
GIR 5 et 6
Source :
Documents du conseil départemental sur la tarification des prestations d’hébergement et de dépendance 2009 à 2016
.
On constate une progression du prix total journalier (hébergement + dépendance) donc du
tarif mensuel sur la période contrôlée. Cependant, ces tarifs ont eu plutôt tendance à stagner
entre 2011 et 2013 alors même que des investissements importants étaient consentis ; ce qui
est une des caus
es de la dégradation de la situation financière de l’établissement
.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
22/52
Le prix de journée en EHPA
Selon le PV du conseil de vie sociale du 11 juin 2010, le prix de journée à l
’EHPA
« Maison
âge »
était fixé à 33 euros en 2009 et à 33,36 euros en 2010. S’y ajoutent les prix
des communications téléphoniques, les éventuels
frais de repas (4,50 €
par repas) et de
lavage du linge (1,36 € le kg).
Les prix de journée pour les bénéficiaires de l’aide sociale dépa
r
tementale de l’EHPA
«
Maison’âge
» ont été fixés par le conseil départemental de Côte d’Or
, à compter du 1
er
février
de chaque année, à 33,6
3 € pour une personne seule et à 53,81 € pour un couple
de 2011 à
2013,
puis en 2014 à respectivement 33,97 € et 54,35
;
en 2015 à respectivement 33,99 €
et 54,38 €
et en 2016 à respectivement 34,20 € et 54,72 €
.
Tableau n° 14 - Prix de journée en EHPA
En €
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Personne seule en studio
33,63
33,63
33,63
33,97
33,99
34,20
Couple en studio
53,81
53,81
53,81
54,35
54,38
54,72
Source : arrêtés des prix de journée EHPA 2011 à 2016.
4.4.
Le coût net journalier global par résident
Le coût net journalier global par résident est calculé en rapportant le total des charges nettes
toutes sections tarifaires confondues (charges diminuées des recettes en atténuation) à la
capacité installée de
l’établissement
.
Ainsi le coût net journalier global par résident a nettement augmenté sur la période passant
de 104,55 € en 2009 à 139,72 € en 201
5.
Tableau n° 15
Évolution du coût net journalier global par résident
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Charges nettes toutes sections
tarifaires confondues (charges
diminuées des recettes en
atténuation)
1 793 596 €
1 707 962 €
1 939 692 €
2 185 454 €
2 325 313 €
2 429 716 €
2 906 921 €
Capacité installée (en lits)
47
47
52
52
57
57
57
Coût net journalier global par
résident EHPAD de Moutiers St
Jean
104,55 €
99,56 €
102,20 €
115,15 €
111,77 €
116,79 €
139,72 €
Source : comptes de gestion.
En conclusion,
la chambre relève qu’alors même que le
GMP est inférieur sur la période au
GMP de référence de 2007, le coût net journalier global par résident augmente
significativement. L’établissement n’a donc pas suffisamment maîtrisé ses charges alors
même que le niveau de
tarification, inférieur à la moyenne des EHPAD de Côte d’Or, constitue
une erreur stratégique de gestion.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
23/52
5.
UN NON-RESPECT DES REGLES BUDGETAIRES ET COMPTABLES FAUSSANT
L’ANALYSE DE LA SITU
ATION FINANCIERE
DE L’ETABLISSEMENT
La chambre constate le non-respect des règles budgétaires et comptables sur la période
contrôlée. Elle observe une très grande insincérité budgétaire, une image non fidèle de la
situation de l’établissement ainsi qu’une inexactitude comptable qui faussent totalement la
perception de la situation financière réelle de l’EHPAD.
5.1.
Une insincérité budgétaire
5.1.1.
Des budgets prévisionnels insincères
Le tableau ci-dessous a été élaboré de 2012 à 2015 à partir des analyses des comptes
administratifs par le département, concernant les montants autorisés pour les sections
hébergement et dépendance. Les autres données sont issues des rapports d
’activité.
Tableau n° 16 - Évolution des dépenses figurant aux budgets prévisionnels de 2012 à 2015
Autorisé
Réalisé
Taux de
réalisation
en %
Autorisé
Réalisé
Taux de
réalisation
en %
Autorisé
Réalisé
Taux de
réalisation
en %
Autorisé
Réalisé
Taux de
réalisation
en %
Hébergement
168 317
319 364
190
254 345
312 431
123
255 617
283 946
111
283 012
287 682
102
Dépendance
13 559
18 081
133
12 756
21410
168
17 307
24 364
141
13 123
24 525
187
Soins
NC
5 797
NC
NC
11785
NC
28 731
12 507
44
29 019
10 477
36
Hébergement
384 698
560 930
146
388 580
581031
150
390 523
627 906
161
394 428
687 291
174
Dépendance
278 958
293 526
105
312 376
328 075
105
312 376
352 959
113
320 517
339 307
106
Soins
NC
642 059
NC
NC
741604
NC
811260
808 862
100
850 416
844 201
99
Hébergement
396 719
343 337
87
429 340
346 985
81
580 448
330 680
57
561413
762 214
136
Dépendance
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Soins
NC
13 000
NC
NC
13 335
NC
4 400
1779
40
4 444
4 347
98
Dépenses
de personnel
Dépenses
afférentes à
la structure
Budget 2013
Budget 2015
En €
Budget 2012
Budget 2014
Dépenses
afférentes à
l'exploitation
courante
Source : analyse des comptes administratifs par le conseil départemental 2012 à 2015 et
rapports d’activité 2012 à 2015
.
L
’examen de la réalisation
des budgets prévisionnels fait ressortir des écarts importants, voire
très importants selon les différents postes de dépenses, comme indiqué au tableau ci-dessus.
Ainsi en est-il des dépenses de personnel qui ont connu des taux de réalisation élevés par
rapport aux prévisions ;
pour l’hébergement
de 2012 à 2015, ces taux sont respectivement de
146 ; 150 ; 161 et 174 %.
La chambre relève que de tels écarts montrent une volonté de sous-estimer les charges réelles
de l’établissement
.
D’ailleurs, le département, dans son analyse du compte administratif 2014,
indique que «
depuis plusieurs années, l’établissement sollicite un crédit en personnel toujours
en deçà des dépenses réelles
», c’est pourquoi «
il est demandé pour la prochaine campagne
budgétaire 2016 de bien vouloir présenter aux tutelles un budget sincère ».
Ainsi,
l’information du conseil d’administration
, lors de la présentation des budgets, était
insuffisante et insincère.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
24/52
5.1.2.
Une mauvaise évaluation du plan global de financement pluriannuel
L’annexe n°
19 à la convention tripartite de 2008-2012 présente un tableau des dépenses et
des ressources prévisionnelles
d’investissement en précisant les travaux à réaliser
jusqu’en
2020.
Entre 2008 et 2020, les signataires de la convention avaient validé un résultat de la section
d’investissement
excédentaire de plus de 500
000 € chaque année avec même des pics en
2008 (+2 M€), 2009 (+2
,1
M€) et 2010 (+3,
6
M€)
alors que de 2009 à 2015, seuls les exercices
2011 et 2014 ont connu un excé
dent d’investissement, l’exercice 2010 ayant c
onnu un déficit
de 2 260
791 €
.
Le plan pluriannuel d’investissement est repris dans le tableau suivant.
Tableau n° 17
P
lan pluriannuel d’investissement 2008
-2015
En €
2 008
2 009
2 010
2 011
2 012
2 013
2 014
2 015
Recettes prévues PPI
2 628 843
3 838 823
6 315 553
3 821 398
1 162 389
1 151 486
1 134 627
1 112 053
Dépenses prévues PPI
626 136
1 773 114
2 672 068
2 902 395
253 868
249 880
250 396
250 686
Résultat prévu PPI
2 002 707
2 065 709
3 643 485
919 003
908 520
901 606
884 230
861 367
Résultat réel
d'investissement
-178 041
-2 260 791
601 183
-584 555
-633 704
342 059
-236 439
Source
: convention annuelle tripartite de l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean, signée le 16 octobre 2008, annexe 19, PPI.
Certes,
l’exercice de la prévision des investissements est difficile et les travaux ont débuté plus
tard que prévu mais la chambre
remarque que le plan pluriannuel d’investissement était
totalement incohérent dans les résultats
prévisionnels d’investissement
.
5.1.3.
L’absence de report du déficit d’investissement
En application de l’article R. 314
-11 du CASF, le résultat cumulé à la clôture
de l’exercice est
constitué par le résultat constaté à la clôture de l’exercice précédent augmenté ou diminué de
la différence entre les titres et les mandats émis au cours de l’exercice sur les comptes de la
section d’investissement. Il est reporté dans son intégralité sur l’exercice suivant dans le cadre
d’une décision modificative sur une ligne budgétaire 001 « Excédent ou déficit cumulé
d’investissement reporté » en dépenses de la section d’investissement s’il est déficitaire ou en
recettes de la secti
on d’investissement s’il est excédentaire.
L’article R. 314
-
15 du CASF prévoit que la section d’investissement doit être présentée en
équilibre au même titr
e que la section d’exploitation
.
Or l’établissement n’a
plus reporté
le déficit d’investissement
, à partir de 2014, dans les
documents budgétaires alors-même que celui-ci est conséquent : au 31/12/2015, il était de
787
897 €
.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
25/52
Tableau n° 18
Résultat de la section d’investissement
A u 31/12 en €
2008
2009
2 0 10
2 0 11
2 0 12
2 0 13
2 0 14
2 0 15
Résultat de la section d'investissement
-178 040,76
-2 260 791,21
601182,64
-584 555,16
-633 704,17
342 059,37
-236 439,21
Résultat cumulé de la section d'investissement
2 162 391,24
1984 350,48
-276 440,73
324 741,91
-259 813,25
-893 517,42
-551458,05
-787 897,26
Source : comptes administratifs et comptes de gestion.
Les documents budgétaires se caractérisent donc par une insincérité budgétaire.
L’établissement n’a pas tenu compte du déficit cumulé de la section d’investissement afin
d’équilibrer cette section
, ce qui devra être pris en compte dans le cadre du budget 2017 afin
de le résorber. Ce déficit cumulé atteint 969
000 € au 31 décembre 2016.
Recommandation n° 2 : La chambre
rappelle l’obligation du report du déficit cumulé
d’investissement et recommande
à
l’établissement
de reporter et résorber ce dernier.
5.2.
Une présentation non
fidèle de la situation de l’établissement
5.2.1.
Un état de la dette erroné
Le cadre normalisé des comptes administratifs « 4.3.2 tableau des emprunts en cours
» n’est
pas exhaustif car il omet notamment de recenser un emprunt du RSI accordé pour un montant
total de 70 000 euros sans intérêt en commission du 11 juillet 2007 pour une durée de 12 ans
et une première échéance fixée au 15 avril 2012. Ce prêt a donné lieu tous les ans à une
annuité de remboursement en capital de 5 833,34 euros
à partir de l’exercice 2012
au compte
1678.
De plus, toujours en comparant l’état de la dette transmis par la comptable et le tableau des
emprunts en cours du compte administratif 2015, on note l’absence
dans ce dernier document
d’un prêt de 29
303 € contracté auprès de la CRAM Bourgogne
-Franche-Comté dont la
première date de versement fut le 7 août 2012.
Les renseignements
concernant les prêts ne permettent pas avec certitude d’identifier
ceux-
ci, dans la mesure où certaines informations comme le numéro du prêt sont absentes, alors
même que le cadre normalisé de présentation du compte administratif fixé par
l’arrêté du
23 décembre 2014 prévoit un détail complet des prêts dans ses annexes figurant du 4.3.3.2.1
à 4.3.3.2.7. De plus, la date de souscription est parfois erronée ; par exemple les comptes
administratifs 2014 et 2015, pages 50 et 47, mentionnent un emprunt souscrit le 9 mai 2015
au lieu du 9 mai 2014.
Le tableau des emprunts en cours du compte administratif 2014 laisse apparaître un encours
de dette en fin d’exercice précédent de 7
310 460,64 euros au lieu de 5 030 460,70 euros
alors même que le montant total du capital emprunté est de 6 161 500 euros. De plus, dans le
tableau des emprunts en cours du compte administratif 2015, le capital emprunté additionne
les montants de prêts
renégociés avec le nouvel emprunt et le total de l’encours de la dette
prend en compte celui des prêts renégociés en excluant celui du nouvel emprunt. Par
conséquent, ni l
e capital emprunté, ni l’encours de la dette n’est juste dans le compte
administratif 2015.
Recommandation n° 3 : La chambre recommande la mise en concordance des données
portant sur l’état des emprunts
figurant dans les comptes administratifs avec les
informations figurant dans les documents comptables et les pièces contractuelles.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
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5.2.2.
L’absence d’inventaire et l’inexactitude de l’état de l’actif
Il n’y a pas d’inventaire dressé des biens appartenant à l’établissement, ni
même de liste
exhaustive, fiable et sincère de biens détenus ou acquis au cours du temps, qui auraient été
numérotés et suivis dans leur amortissement et leur cession ou destruction.
En revanche, un état de l’actif qui recense quelques
-uns des biens les plus importants a été
établi. Sur la base de ce document, il a été procédé au rapprochement de l’état de l’actif de
l’établissement, tel qu’il a été arrêté au 31 décembre 2015, avec le compte de gestion de
l’année 2015, arrêté à la même date. Ce rapprochem
ent fait ressortir un écart de 256 892,85
€.
Ce constat
s’explique
par
le fait qu’une partie du 2151 du compte de gestion est mis dans une
ligne à part au 215 dans l’état de l’actif et que ce dernier ne comptabilise pas les autres lignes
du 215.
Tableau n° 19
Rapprochement de l’état de l’actif avec les montants inscrits
en comptabilité au 31.12.2015
(en €)
N° de compte
Libellé
Etat de l'actif net
pour l'exercice
2015
Compte de gestion
Ecart entre le
compte de
gestion et l'état
de l'actif
205
Concessions droits similaires brevets
7 181,27
7 181,27
-
208
Autres immobilisations corporelles
8 642,63
8 642,63
-
212
Agencements terrains plantations
6 426,51
6 426,51
-
2131
Bâtiments
349 923,72
349 923,72
-
2135
Installations générales agencements
construction
847 271,80
847 271,80
-
213
1 197 195,52
1 197 195,52
-
2151
Installations complexes spéciales
35 638,76
292 531,61
256 892,85
2153
Installations à caractère spécifique
279 116,25
279 116,25
-
2154
Matériel et outillage
455 942,02
455 942,02
-
215
Installations
256 892,85
1 027 589,88
770 697,03
2181
Installations
72 684,66
72 684,66
-
2182
Matériel de transport
44 247,35
44 247,35
-
2183
Matériel de bureau et informatique
83 740,38
83 740,38
-
2184
Mobilier
289 466,24
289 466,24
-
2185
Cheptel
3 810,00
3 810,00
2188
Autres immobilisations corporelles
7 715,48
7 715,48
-
218
Non indiqué
501 664,11
TOTAL CONSTATE
2 491 807,07
2 748 699,92
256 892,85
TOTAL AFFICHE
2 748 699,92
Source : compte de gestion
et état de l’actif net pour l’exercice 2015 (en €)
.
Recommandation n° 4 :
La chambre recommande à l’établissement de tenir l’inventaire
des biens meubles et immeubles conformément à
l’instruction budgétaire et comptable
M22 applicable aux établissements médico-
sociaux et d’ajuster le compte 2151 dans
l’état de l’actif.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
27/52
5.2.3.
Des
durées d’
amortissement non justifiées
Le certificat administratif du 8 décembre 2011 définit les durées d’amortissement pour certains
comptes. Or en examinant le tableau des amortissements arrêté au 31 décembre 2015, à
l’intérieur d’un même compte, les durées d’amortissement peuvent varier sans raison
apparente.
Alors même que les immobilisations au compte 2154 devaient être amorties sur une durée de
10 ans, certaines sont amorties sur 15 ans : ainsi
des chariots d’une valeur de 975,94 €
et une
baignoire d
’une valeur
de 34
656,88 €
.
La chambre s’interroge sur la durée d’amortissement choisie pour les biens inscrits à
l’inventaire, qui semble
excessivement longue dans certains cas.
De même,
la chambre s’étonne de
l
a durée d’amortissement de certains biens
immobiliers. À
titre d’exemple
, pour une construction sur sol propre au compte n° 2135 libellé « bâtiment
hébergement » est indiquée
une durée d’amortissement de 68 ans (du 1/1/1988 au
31/12/2056), pour un montant de 324 814,59 €.
Au regard de la pratique générale, même si
l’établissement est libre de choisir sa durée d’amortissement, cette durée d’amortissement
apparaît excessive pour un bâtiment.
5.2.4.
Des intérêts moratoires non liquidés
Les délais de paiement des factures dépassent parfois largement les 50 jours réglementaires.
Certains fournisseurs, notamment
d’alimentation ou de fourniture d’énergie pourraient cesser
leur production,
d’autres se retrouver en difficultés financières.
Outre cette menace, il s’avère que des
intérêts moratoires dus sur des factures imputées en
fonctionnement sont en attente de paiement depuis octobre 2014 pour un montant total évalué
par la comptable de l’établissement à 37 346,96 € en mars 2016. La
chambre constate que la
pratique de l’établ
issement, du fait de
la faiblesse de la trésorerie, est d’enregistrer mois par
mois les factures reçues dans un tableau Excel en définissant des priorités de paiement.
La comptable a informé régulièrement le directeur des obligations qui pèsent sur les
ordonnateurs en rappelant que le décret n° 2013-269 du 29 mars 2013 relatif à la lutte contre
les retards de paiement dans la commande publique leur fait obligation de liquider des intérêts
moratoires et une indemnité forfaitaire dans le cas de retards de paiement.
La chambre observe que
l’omission de liquider et verser
les intérêts moratoires dus aux
créanciers est une pratique de gestion irrégulière et risquée puisque d’une part elle minimise
artificiellement la dette de l’établissement et que d’autre part
le montant de cette dette a
vocation à s’élever très rapidement
; ainsi le taux des intérêts moratoires était de 8 % au
1
er
juillet 2016.
Recommandation n° 5 : La chambre recommande de mettre en place une procédure de
paiement des factures prévoyant la liquidation des intérêts moratoires.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
28/52
5.3.
Une inexactitude comptable
La présentation des documents budgétaires et comptables exige qu’ils soient fiables et
sincères, et les données y figurant doivent refléter la réalité des comptes de l’établissement.
5.3.1.
L
’abs
ence de rattachement des charges et des produits
L
’instruction M22 du 31 mars 2009
prévoit le rattachement des charges et des produits à
l’exercice concerné
.
Tableau n° 20
Solde des comptes de rattachements des charges et des produits
arrondis en €
Libellé
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
c/1688
ICNE
-
-
10 274
7 719
13 093
-
19 180
c/408
Fournisseurs-factures non parvenues
52 469
-
6 421
1 538
482
27 907
133 689
c/418
Redevables-produits à recevoir
-
-
-
-
-
-
-
c/4281
Personnel-prime de service à répartir
-
35 000
35 000
10 000
16 240
-
-
c/4282
Personnel-Dettes provisionnées pour congés à payer
-
-
-
-
-
-
-
c/4286
Personnel-Autres charges à payer
18 670
-
-
-
-
8 905
2 877
c/4287
Personnel - Produits à recevoir
-
-
-
-
-
-
1 680
c/4382
Organismes sociaux-charges sociales sur congés à payer
-
-
-
-
-
-
-
c/4386
Organismes sociaux-autres charges à payer
-
-
-
-
-
-
-
c/4387
Organismes sociaux- produits à recevoir
-
-
-
-
-
-
220
c/4482
Etat-Charges fiscales sur congés à payer
-
-
-
-
-
-
c/4486
Etat-Autres charges à payer
-
-
-
-
-
-
2 632
c/4487
Etat-produits à recevoir
-
-
-
-
-
-
-
c/4682
Divers-Charges à payer sur ressources affectées
-
-
-
-
-
-
-
c/4684
Divers-Produits à recevoir sur ressources affectées
-
-
-
-
-
-
-
c/4686
Divers-charges à payer
-
-
-
-
-
-
591
c/4687
Divers- produits à recevoir
-
-
-
-
-
46 015
8 553
Source : comptes de gestion.
L
’établissement n’
a pas procédé à tous les rattachements de charges et de produits.
En effet, on note l’absence de rattachement des intérêts courus non échus en 2014, bien que
cette opération ait été passée à la fin de l’exercice 2015.
De même a été constatée l’absence de rattachement de nombreuses factures de fournisseurs
en attente de paiements, notamment faute de crédits budgétaires ouverts.
Enfin, les intérêts moratoires, d’ordre public en raison du paiement tardif de certaines factures,
auraient dû figurer dans les comptes de rattachement.
Recommandation n° 6 : La chambre recommande le rattachement
de l’ensemble
des
charges et des produits à chacun des exercices comptables, que ce soit les montants
principaux, les intérêts moratoires, les amortissements ou les autres opérations
budgétaires.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
29/52
5.3.2.
L
’absence de constitution de
provisions pour litiges
Le solde des provisions sur la période contrôlée est présenté dans le tableau suivant :
Tableau n° 21
Solde des provisions arrondis
(en €)
N° de compte
libellé
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
1412
Provisions réglementées
destinées à renforcer la
couverture du BFR -
dotation
-
-
-
-
-
-
60 000
142
Provisions réglementées
pour renouvellement des
immobilisations
138 968
138 968
138 968
138 968
-
-
-
Total c/14
PROVISIONS
REGLEMENTEES
138 968
138 968
138 968
138 968
-
-
60 000
1572
provisions pour gros
entretiens ou grandes
révisions
90 395
153 645
153 645
153 645
100 000
100 000
1
1582
provisions pour charges
sociales et fiscales sur
congés à payer
7 622
7 622
7 622
7 622
-
-
-
1588
autres provisions pour
charges
2 000
2 000
2 000
2 000
-
-
-
Total c/15
PROVISIONS
100 017
163 267
163 267
163 267
100 000
100 000
1
238 985
302 235
302 235
302 235
100 000
100 000
60 001
TOTAL c/14 et c/15
Source : comptes de gestion.
Les provisions réglementées sont de
s provisions ne correspondant pas à l’objet normal d’une
provision. Elles sont comptabilisées en application de dispositions législatives ou
réglementaires.
En 2015 a été constituée une provision réglementée de 60
000 €
destinée à renforcer la
couverture du besoin en fonds de roulement financée par
l’autorité de tarification
. En 2010,
l’établissement a
vait
constitué une provision au compte 1572 de 63 250 €.
En 2009 et en 2013, l’établissement a procédé à des reprises de provisions
constituées, et les
a portées en produits exceptionnels en comptabilité, comme suit :
1/
Au compte 78742 : en 2009, 50
000 € et en 2013
, 138
968 € repris sur les provisions
réglementées pour renouvellement des immobilisations.
2/
Au compte 78748 : en 2013, 63
267 € repris sur l
es comptes de provisions réglementés
n° 1572 (pour 53
645 €) n° 1582 (pour 7
622 €) et n° 1588 (pour 2
000 €).
Par ailleurs, eu égard aux litiges de
l’établissement avec l’URSSAF et diverses entreprises
dans le cadre de l’opération de réhabilitation et extension de l’établissement
, il eût été prudent
de constituer des provisions pour litiges, en portant au crédit du compte 1511 « Provisions
pour litiges » (par débit c/6815) un montant destiné à assurer le paiement éventuel de
dommages-
intérêts, d’indemnités
et en tout état de cause des frais de procès qui seront à
supporter par l’EHPAD
.
L’instruction M22 précise que «
lorsque la charge est probable, une
provision doit être constituée dès la naissance d’un risque avant tout
jugement et être
maintenue (en l’ajustant si nécessaire) tant que le jugement n’est pas définitif.
» Ainsi
l’établissement
doit
instaurer une politique de provisionnement permettant d’anticiper les
charges susceptibles d’altérer significativement le résultat budgétaire.
Recommandation n° 7 : La chambre recommande la constitution de provisions pour
litiges en conformité avec les dispositions de l’instruction M22 et d’instaurer une
politique de provisionnement permettant d’anticiper les charges susceptibles d’altérer
significativement le résultat budgétaire.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
30/52
5.3.3.
La non-intégration des immobilisations en cours
L’examen du compte 23 «
immobilisations en cours », entre 2009 et 2015, fait apparaitre un
solde qui cumule les constructions faisant l’objet du marché de rénovation
-construction,
not
amment, sans qu’il
y
ait d’intégration dans le patrimoine de l’établissement de ces
éléments, et par conséquent, sans qu’il y ait de possibilité d’amortir ces biens.
Or, s’agissant
du compte 23, « immobilisations en cours
», l’instruction M22 a prévu
que soient enregistrées,
« à son débit, les dépenses afférentes aux immobilisations en cours », mais que « dans tous
les cas, lorsque l’immobilisation est achevée, les dépenses portées au compte 23 sont virées
à la subdivision intéressée du compte 21 par opérat
ion d’ordre non budgétaire.
»
Le compte 23 « immobilisations en cours » tel que retracé au tableau ci-dessous, montre que
l’EHPAD
passe de 1 837
milliers d’euros en 2009 à 7
048 milliers d’euros en 2015
, de biens
immobilisés en cours d’intégration dans le patrimoine de l’établissement
, aucun transfert au
compte 21 n’ayant eu
lieu sur cette période.
Tableau n° 22
Évolution du compte 23 « immobilisations en cours »
selon les comptes de gestion
En milliers d'€
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
c/23
1 837
4 307
5 559
6 413
7 042
7 048
7 048
Source : compte de gestion.
La
comptable de l’établissement a
vait alerté
le directeur sur l’obligation de procéder
rapidement à l’intégration au chapitre 21 des opérations relatives aux travaux, inscrits au
compte 2313
, compte tenu de l’achèvement des travaux d’extension et de restructu
ration en
février 2013 et de la mise en service du bâtiment dans les semaines suivantes. Or, depuis,
l’intégration comptable par transfert des comptes 23 au compte 21 n’a toujours pas été réalisée
et les amortissements n’ont pas été comptabilisés.
Recommandation n° 8 :
La chambre recommande à l’établissement d’intégrer dans son
patrimoine les immobilisations afin de procéder à leur amortissement sans retard, dans
un souci de fiabilité des comptes, conformément à
l’instruction budgétaire et comptable
M22 applicable aux établissements sociaux et médico-sociaux
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
31/52
5.3.4.
L’
évolution des comptes de réserves et de report à nouveau et la violation
du principe de l’affectation des résultats
L’évolution du solde des comptes
de réserves et de reports à nouveau
Elle est présentée dans le tableau suivant :
Tableau n° 23
Évolution des comptes de réserves et de reports à nouveau
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Réserve des plus-values
nettes (c/1064)
32 085
33 585
33 585
33 585
33 585
33 585
33 585
Excédent affecté à
l'investissement (c/10682)
277 842
278 603
278 732
279 396
279 709
283 439
286 670
Excédent affecté à la couverture
du besoin de fonds de
roulement (c/10685)
51 312
51 312
51 312
51 312
51 312
131 312
131 312
Réserve de
compensation(c/10686)
47 584
119 809
236 137
319 488
346 373
347 547
347 547
dont Services relevant de
l'article R.314-74 du CASF
(c/106861)
4 586
4 586
4 586
4 586
0
0
0
dont EHPAD section tarifaire
hébergement (c/1068631)
42 997
53 612
99 163
121 792
0
10 000
10 000
dont EHPAD section tarifaire
dépendance (c/1068632)
7 661
0
0
0
dont EHPAD section tarifaire
soins (c/1068633)
61 611
117 719
165 638
332 993
336 499
336 499
dont Autres services relevant
de l'article L.312-1 du CASF -
Maison de retraite(c/1068661)
14 669
19 812
13 380
1 047
1 047
Total des réserves
408 822
483 309
599 765
683 780
710 979
795 882
799 112
Report à nouveau
excédentaire(c/110)
0
0
50 000
108 000
0
30 096
62 554
dont EHPAD section tarifaire
hébergement (c/11031)
50 000
50 000
0
30 096
61 311
dont EHPAD section tarifaire
dépendance (c/11032)
8 000
0
0
0
dont EHPAD section tarifaire
soins (c/11033)
50 000
0
0
1 243
Report à nouveau déficitaire
(c/119)
-52 846
-15 179
-31 884
-13 930
-78 087
-84 811
-127 855
dont EHPAD section tarifaire
hébergement (c/11931)
-65 484
-43 656
-36 088
dont EHPAD section tarifaire
dépendance (c/11932)
-16 121
-15 179
-31 884
-13 930
-12 603
-41 155
-91 767
dont EHPAD section tarifaire
soins (c/11933)
-36 725
0,01
0,01
0,01
0
0
0
Dépenses refusées par
l'autorité de tarification (c/114)
-
-
-
-
-
-
-
Total des reports
-52 846
-15 179
18 116
94 070
-78 087
-54 715
-65 301
Soldes des réserves
Solde des reports à nouveau
Source : comptes de gestion.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
32/52
La part des résultats affectés en réserves augmente, notamment celle concernant la réserve
de compensation (c/10686) liée à la section tarifaire soins.
Le report à nouveau déficitaire augmente sur la période surtout après 2012 sous l’impulsion
des sections hébergement et dépendance.
Le tableau ci-
dessus met en évidence l’affectation des résultats telle qu’elle a été réalisée
comptablement.
À ce titre, certaines observations peuvent être effectuées :
Les documents retraçant l’affectation des résultats sont lacuna
ires
La
reconstitution de l’affectation des résultats est assez difficile à retracer dans la corrélation
entre ce qui a été décidé dans le cadre du compte administratif et la retranscription dans le
compte de gestion.
L’i
nstruction codificatrice n° 09-006-M22 du 31 mars 2009 (tome I : le cadre comptable) indique
que dans la pratique, au vu du mécanisme de l’affectation des résultats, cette dernière se
déroule de la manière suivante :
«
La délibération du conseil d’administration concernant l’affectation du résultat de l’exercice
N
doit être prise lors de la séance du vote du compte administratif en N+1. Or, la décision motivée
par laquelle l’autorité de tarification affecte le résultat intervient, dans la plupart des cas, en
N+2.
Le comptable devra donc, dans cette hypothèse, passer les éventuelles écritures rectificatives
au vu de la nouvelle délibération d’affectation des résultats reprenant la décision de l’autorité
de tarification, au cours de l’exercice N+2. Il est alors conseillé au comptable de constituer un
dossier permettant de reconstituer l’historique de l’affectation des résultats. Ainsi, une copie
de la délibération d’affectation du résultat N faite en N+1, du tableau C2 retraçant cette
affectation, et de la nouvelle délibération la modifiant en N+2 pourraient être conservées. »
La chambre
constate que dans l’ensemble des comptes de gestion, transmis à la chambre,
aucun des tableaux C1 à C3 (détermination du résultat d’exploitation de l’exercice N
-1 à
affecter au cours de l’exercice N, tableau général d’affectation des résultats de l’exercice N
-1
au cours de l’exercice N, situation des comptes 110, 111, 114 et 119 à la clôture de l’exercice
N) relatifs à l’affectation des résultats ne sont complétés.
L’affectation des résultats est erronée
Au vu des analyses des comptes administratifs par les autorités de tutelle que sont le
département et
l’ARS, l’affectation des résultats
est problématique.
Pour ce qui concerne
L’ARS
La chambre
constate qu’aucune dépense n’a été refusée par l’autorité de tarification alors
même que certains résultats adoptés par l’EHPAD
ne sont pas entérinés par elle :
L’analyse du compte administratif 2010 par l’ARS retient un résultat de 99
920,88 € et
non de 56
107,88 € en raison de 6
187 € de dépenses imputées à tort sur la section
hébergement au lieu de la section soins et de 50
000 € de
crédits non reconductibles
non inclus par l’établissement dans le calcul de son résultat.
En outre, l’
ARS a affecté 50 000
€ en réserves pour investissement et 49
920,88 € en
déduction de la dotation soins 2012 alors que l’établissement a
vait affecté 56
107,88 €
en réserve de compensation.
Au vu de ces modifications, aucune
rectification n’a été effectuée
par l’établissemen
t.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
33/52
L’analyse du compte administratif 2013 par l’ARS adopte un résultat de la section soins
à affecter de 56
744,52 € en 2013 alors que l’EHPAD ne retient un résultat comptable
que de 3
506,16 €.
Cette différence découle de dotations aux amortissements
retenues par l’ARS à
hauteur de 10
097,01 € au lieu de 11
768,45 € et d’une reprise de l’excédent 2011 de
50
000 € non prise en compte par l’établissement.
L’ARS précise alors que l’affectation des 3
506,16 € «
proposée par le gestionnaire sur
la réserve de compensation ne peut être retenue, compte tenu du plafond autorisé à
15 %. L’excédent sera donc repris sur la dotation soins 2015.
»
Encore une fois, aucune rectification n’a été effectuée.
L’analyse du compte administratif 2014
par
l’ARS fait ressorti
r un résultat à affecter de
97
024,07 € alors que 1
243,16 € ont été affectés en report à nouveau excédentaire
par l’EHPAD.
Cela s’explique par une dépense de 90 € non imputable à la section soins, des
dépenses de personnel imputables à hauteur de 771 338,
01 € et non 808
862,24 € à
la section soins et par 1
833,32 € d’amortissements imputables à la section soins et
inscrits sur la section d’hébergement.
De plus, 20
000 € de crédits non reconductibles ont été ajoutés aux produits par l’ARS.
En outre, l’ARS i
ndique que «
l’affectation proposée en report à nouveau est retenue.
L’excédent viendra en déduction de la dotation soins 2016
».
En conclusion, de 2009 à 2014,
les analyses de l’ARS font ressortir outre
des résultats
retenus différents, sauf pour les exercices 2009 et 2011,
des erreurs d’imputation de
dépenses notamment entre les sections hébergement et soins. Ainsi les charges sont
souvent mal justifiées, ce que souligne
l’ARS dans ses observations sur le compte
administratif 2014 : « il convient de préc
iser que l’établissement, une fois encore, n’a
pas ou peu fourni de justificatifs aux dépenses de soins réalisés malgré nos
sollicitations ».
Pour ce qui concerne le département
L’analyse du compte administratif 2012 par le département indique la
modification du
résultat hébergement qui fait écho à la modification adoptée par l’ARS du résultat soins.
Le résultat hébergement à affecter est alors de - 177
574,66 € et non de
- 191 861,91
,
ce qui modifie la reprise de la réserve de compensation qui est de 112
090,90 € et non
de 126
378,15 €.
Le résultat 2014 hébergement retenu par le département est de 11
214,90 € et non
31
214,90 € puisque 20
000 € de produits avaient été imputés à tort dans la section
hébergement au lieu de la section soins.
Enf
in, une reprise d’une réserve de compensation relative à l’EHPA, pour 1
047,25 €,
a été incorporée à tort à la section dépendance 2015 de l’établissement.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
34/52
Le tableau suivant met en exergue les différences constatées.
Tableau n° 24
Les différences sur l’affectation des résultats
Retenu par
l'EHPAD
Retenu par le
département
Retenu par
l'ARS
EHPAD
Autorités de tutelle
Hébergement
12 114,56
12 114,56
0,00
1500 €
en réserve des plus-values
nettes et 10 614,56 €
en réserve
de compensation
1500 €
en réserve des plus-values
nettes et 10 614,56 €
en réserve
de compensation
Dépendance
-15 178,53
-15 178,53
0,00
en report à nouveau déficitaire
en report à nouveau déficitaire
Soins
61 611,35
61 611,35
0,00
en réserve de compensation
en réserve de compensation
Hébergement
95 551,02
101 738,02
-6 187,00
45 551,02 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
en
report à nouveau excédentaire
51738,02 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
en
report à nouveau excédentaire
Dépendance
-23 505,82
-23 505,82
0,00
en report à nouveau déficitaire
en report à nouveau déficitaire
Soins
56 107,88
99 920,88
-43 813,00
56 107,88 €
en réserve de
compensation
50 000 €
en réserve
d'investissement + 49 920,88 €
en
déduction dotations soins 2012
Hébergement
66 442,07
66 442,07
0,00
16 442,07 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
en
report à nouveau excédentaire
16 442,07 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
en
report à nouveau excédentaire
Dépendance
15 660,78
15 660,78
0,00
7 660,78 €
en réserve de
co mpensatio n + 8 000 €
en repo rt
à nouveau excédentaire
7 660,78 €
en réserve de
co mpensatio n + 8 000 €
en repo rt
à nouveau excédentaire
Soins
104 105,27
104 105,27
0,00
54 105,27 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
en
report à nouveau excédentaire
54 105,27 €
en réserve de
co mpensatio n + 50 000 €
déduction dotations soins 2013
Hébergement
-191 861,91
-177 574,66
-14 287,25
126 378,15 €
en reprise de la
réserve de compensation + 65
483,76 €
en repo rt à no uveau
déficitaire
112 090,90 €
en reprise de la
réserve de compensation + 65
483,76 €
en repo rt à no uveau
déficitaire
Dépendance
-14 695,38
-14 695,38
0,00
7 660,78 €
en reprise de la
réserve de compensation + 7
034,60 €
en repo rt à no uveau
déficitaire
7 660,78 €
en reprise de la
réserve de compensation + 7
034,60 €
en repo rt à no uveau
déficitaire
Soins
167 355,62
103 068,38
64 287,24
en réserve de compensation
en réserve d'investissement
Hébergement
120 095,90
120 095,90
0,00
80 000 €
en réserve de tréso rerie
+ 10 000 €
en réserve de
co mpensatio n + 30 095,90 €
en
report à nouveau excédentaire
80 000 €
en réserve de tréso rerie
+ 10 000 €
en réserve de
co mpensatio n + 30 095,90 €
en
report à nouveau excédentaire
Dépendance
-36 465,36
-36 465,36
0,00
en report à nouveau déficitaire
en report à nouveau déficitaire
Soins
3 506,16
56 744,52
-53 238,36
en réserve de compensation
en déduction dotations 2015
Hébergement
31 214,90
11 214,90
20 000,00
en report à nouveau
excédentaire
en report à nouveau
excédentaire
Dépendance
-52 957,10
-52 957,10
0,00
en report à nouveau déficitaire
en report à nouveau déficitaire
Soins
1 243,16
97 024,07
-95 780,91
en report à nouveau
excédentaire
déduction dotations 2015
Hébergement
106 545,62
106 545,62
0,00
en report à nouveau
excédentaire
40 000 €
en réserve de
compensation puis apurement
du report à nouveau déficitaire
Dépendance
-51 269,95
-52 317,20
1 047,25
en report à nouveau déficitaire
en report à nouveau déficitaire
Soins
-88 050,06
-20 828,95
-67 221,11
en report à nouveau déficitaire
en reprise sur réserve de
compensation de déficits
Résultat à affecter
Différence
Décision affectation
CA 2015
CA 2009
CA 2010
CA 2011
CA 2012
CA 2013
CA 2014
Source : comptes
administratifs de l’établissement et leur analyse par les autorités de tutelle
.
Les autorités de tutelle se sont rencontrées au début
de l’année 2017
afin de modifier les
résultats sur les exercices 2013, 2014 et 2015. Ainsi le résultat dépendance 2013 a été ramené
à - 38 775,82
€, le résultat hébergement 2014
a été ramené à 12
958,22 € et le résultat soins
2015 a été ramené à - 31
305,54 €.
Cependant, la chamb
re observe que la totalité des dépenses rejetées par l’ARS n’est pas
reprise sur les sections d’hébergement et de dépendance
, ce qui pose le problème de la
validité du résultat global de l’exercice de l’EHPAD.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
35/52
Un manque de transparence dommageable
La
chambre observe qu’il ressort des comptes de gestion qu’aucune rectification décidée
par le département ou l’ARS n’a été retranscrite, faussant ainsi les résultats réels de
l’établissement.
En outre,
l’EHPAD
a étalé son résultat à affecter, négatif, sur plusieurs années. Cela est
particulièrement vrai pour la section dépendance où à partir de 2012, systématiquement,
tous les résultats à affecter ont été répartis sur trois années. La chambre observe que cette
pratique, au-
delà d’un manque de transparence mi
s en évidence par le département, ne
paraissait pas forcément pertinente. À
titre d’exemple
, 7
034,60 € de report déficitaire en
2012 ont été étalés sur 3 ans, 2013, 2014 et 2015, ce qui au vu du faible montant en cause
paraît aberrant.
Les procès-verbaux
du conseil d’administration, extrêmement sommaires, ne retracent pas
de débat sur ces points.
Or en application de l’article R. 314
-51 du c
ode de l’action sociale et des familles
(CASF)
« I.- L'affectation du résultat du budget général, ou le cas échéant des budgets principal et
annexes, ainsi que, pour les établissements mentionnés au I de l'article L. 313-12, de
chaque section d'imputation tarifaire, est décidée par l'autorité de tarification ». Le conseil
d’administration aurait dû donc délibére
r les résultats adoptés par les autorités de
tarification.
5.4.
Une situation financière faussée
5.4.1.
L
es résultats de l’EHPAD
Les résultats de l’EHPAD de Moutiers
-Saint-Jean figurent dans le tableau ci-après, exposés
en détail pour chaque catégorie de résultat.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
36/52
Tableau n° 25
Évolutions
des résultats de l’établissement entre 2009 et 2015
En €
Résultats
Budget
principal
Budget
annexe
(DNA)
Budget
annexe
(Maison'Age)
Total
établissement
Résultat d'exploitation
(1)
207 035
761
0
207 796
Résultat financier (2)
-75 576
0
0
-75 576
Résultat courant (3 = 1+ 2)
131459
761
0
132 220
Résultat exceptionnel (4)
-20 065
0
0
-20 065
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
111 3 9 4
761
0
112 15 5
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-52 846
0
0
-52 846
Résultat budgétaire net
58 547
761
59 309
Résultat d'exploitation
(1)
269 967
128
28 783
298 878
Résultat financier (2)
-95 337
0
-14 115
-109 451
Résultat courant (3 = 1+ 2)
174 630
128
14 669
189 427
Résultat exceptionnel (4)
-39 677
0
0
-39 677
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
134 953
12 8
14 669
149 750
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-15 179
0
0
-15 179
Résultat budgétaire net
119 775
128
14 669
134 572
Résultat d'exploitation
(1)
216 956
664
18 873
236 493
Résultat financier (2)
-126 212
0
-13 730
-139 942
Résultat courant (3 = 1+ 2)
90 744
664
5 143
96 552
Résultat exceptionnel (4)
63 418
0
0
63 418
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
154 162
664
5 143
159 970
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-31884
0
0
-31884
Résultat budgétaire net
122 278
664
5 143
128 086
Résultat d'exploitation
(1)
-17 768
536
6 897
-10 335
Résultat financier (2)
-169 637
0
-13 329
-182 965
Résultat courant (3 = 1+ 2)
-187 405
536
-6 431
-193 300
Résultat exceptionnel (4)
48 565
-223
0
48 342
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
-138 840
3 13
-6 431
-144 958
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-13 930
0
0
-13 930
Résultat budgétaire net
-152 770
313
-6 431
-158 889
Résultat d'exploitation
(1)
-4 105
3 230
577
-299
Résultat financier (2)
-166 414
0
-12 910
-179 324
Résultat courant (3 = 1+ 2)
-170 519
3 230
-12 333
-179 623
Résultat exceptionnel (4)
287 397
500
0
287 897
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
116 878
3 730
-12 333
108 275
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-78 087
0
0
-78 087
Résultat budgétaire net
38 791
3 730
-12 333
30 188
Résultat d'exploitation
(1)
94 523
3 325
-1787
96 061
Résultat financier (2)
-135 551
0
-12 472
-148 023
Résultat courant (3 = 1+ 2)
-41028
3 325
-14 260
-51962
Résultat exceptionnel (4)
44 702
-95
0
44 607
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
3 674
3 230
-14 260
-7 356
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-84 811
0
0
-84 811
Résultat budgétaire net
-81137
3 230
-14 260
-92 167
Résultat d'exploitation
(1)
128 755
2 896
-8 711
122 940
Résultat financier (2)
-155 752
0
-9 056
-164 808
Résultat courant (3 = 1+ 2)
-26 997
2 896
-17 767
-41868
Résultat exceptionnel (4)
47 156
0
0
47 156
Résultat de l'exercice (5= 3 + 4)
20 159
2 896
-17 767
5 288
Reports à nouveau des exercices antérieurs
-127 855
0
0
-127 855
Résultat budgétaire net
-107 696
2 896
-17 767
-122 567
2015
2014
2009
2010
2011
2012
2013
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
37/52
Le résultat
de l’exercice s’est dégradé
de manière très importante à partir de 2012 où il est
négatif comme en 2014 et faible en 2015, mais pas en 2013 grâce à des produits exceptionnels
encaissés sur le budget principal qui ont permis d’afficher un résultat exceptionnel de
287 397
€ sur cet exercice correspondant en grande partie aux reprises sur autres provisions
réglementées (138 968 € au
compte
78742 et 63 267,45 € au
compte 78748).
Les résultats d’exploitation des trois budgets de l’établissement
ont été également réduits
fortement,
au point d’être négatifs
en 2012 et 2013. Pour le budget principal, il est négatif de
17
768 €
en 2012 et de 4 105
en 2013. En revanche, il est positif en 2014 (94 523
) et en
2015 (128 755
€)
.
Les
résultats d’exploitation du budget principal
se sont redressés à partir de 2013
essentiellement en raison de l’augmentation des produits de l’hébergement. Par
section, ils se
présentent comme suit.
Tableau n° 26
les
résultats d’exploitation du budget principal
(sans reprise des exercices antérieurs)
2012
2013
2014
2015
charges
1 223 631
1 240 447
1 242 532
1 737 187
produits
981 769
1 382 370
1 295 575
1 865 560
résultat
-241 862
141 924
53 043
128 374
charges
311 607
349 484
377 322
363 832
produits
297 273
320 933
326 710
343 667
résultat
-14 334
-28 552
-50 612
-20 165
charges
660 856
766 725
823 148
859 024
produits
778 212
770 231
824 391
770 974
résultat
117 356
3 506
1 243
-88 050
-138 840
116 878
3 674
20 159
hébergement
dépendance
soins
En €
Résultat comptable
Source
: rapports d’activité
et comptes administratifs « le détail par section tarifaire des charges et produits » et «
l’affectation
des résultats » 2012 à 2015.
Cependant, ces résultats constatés par section par l’établissement ne
décrivent pas
exactement la réalité comptable. En effet, au-delà des rectifications qui ont été effectuées par
les autorités de tutelle, les imputations tarifaires définies par section
selon l’
annexe 3-2
rattachée à
l’a
rticle R. 314-163 du CASF,
en vigueur jusqu’au 24 décembre 2016, n’ont pas
été respectées par l’établissement.
Partant de ce constat, le directeur par intérim, dans le rapport explicatif du budget prévisionnel
2017, a demandé à ce
qu’il soit procédé à un rétablissement des imputations tarifaires par
section conformément à la règlementation comptable, notamment aux comptes 60622, 60626
et 606
261. Ainsi les produits d’entretien et les fournitures hôtelières, sauf le compte 606261
"couches, alèses et produits absorbants" à imputer à 100 % dans la section dépendance,
doivent être répartis à hauteur de
70 % sur l’hébergement et
de 30 % sur la dépendance alors
que 100 % de ces dépenses étaient imputés en hébergement.
La situation comptable telle que présentée par
l’établissement
, compte tenu des reports à
nouveaux des exercices antérieurs, se traduit par un déficit en 2012, 2014 et 2015.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
38/52
Tableau n° 27 -
Résultats budgétaires de l’exercice de l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean,
tous budgets cumulés, avec les reports antérieurs
Source : comptes de gestion.
Au total, l
a situation financière de l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean est
caractérisée par des résultats budgétaires nets déficitaires sur les exercices 2012
(- 158 889
), 2014 (- 92 167
€),
et 2015 (- 122
567 €),
qui accusent la prise en compte de
reports à nouveau déficitaires. Si la réalité comptable avait été respectée notamment dans la
présentation des budgets primitifs, les tarifs auraient sans aucun doute été augmentés,
permetta
nt d’éviter de tels résultats budgétaires négatifs.
Le point de rupture avec l’équilibre se situe en 2012, année qui sera suivie de sérieuses
turbulences, puisqu’à partir de cet exercice, l’établissement se retrouve dans une situation
financière délicate
malgré des dotations des autorités de tutelle supérieures à ce qu’elles
devraient être si on tenait compte de la réalité du GMP et du PMP pour chaque exercice. De
nombreux signes confortent ce constat, notamment le recours à un concours financier à court
terme avec des tirages sur une ligne de crédit de trésorerie.
5.4.2.
L’évolution des produits et des charges
L’évolution des produits
Produits de la tarification
Les recettes de fonctionnement ont augmenté de 56,44 % entre 2009 et 2015, alimentées
essentiellement par le chapitre 017 « Produits de la tarification », le nombre de journées
facturées connaissant une progression de 20,74 % entre 2009 et 2015, coïncidant avec
l’augmentation de la capacité de l’établissement
.
-200 000
-150 000
-100 000
-50 000
-
50 000
100 000
150 000
200 000
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Résultats de l'exercice tous budgets
reports à nouveau
Résultats budgétaires nets de l'établissement avec reports à nouveau
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
39/52
Tableau n° 28
Évolution des produits de la tarification du budget principal
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evolution de
2009 à 2015
Total recettes de
fonctionnement (classe 7)
1 904 989
1 842 915
2 094 638
2 057 254
2 473 534
2 446 676
2 980 201
56,44
017 produits de la tarification
1 759 324
1 739 622
1 924 311
1 918 537
2 068 581
2 247 433
2 333 587
32,64
% des produits de la
tarification dans les recttes de
fonctionnement
92,35
94,40
91,87
93,26
83,63
91,86
78,30
-15,21
Nombre de journées
16 887
17 024
17 385
17 809
20 040
20 754
20 390
20,74
Sources : comptes de gestion (tableaux B1 et D4) et analyse des comptes administratifs par le conseil départemental.
Dotations et produits par secteur soins, hébergement et dépendance
Le tableau ci-dessous pr
ésente les données jusqu’en 2015
.
Ainsi pour 2015, la dotation globale versée par l’ARS s’élève
à 770 974,01
€ et la dotation
globale versée par le conseil départemental s’est élevé
e à 206
994,94 €.
Tableau n° 29 - Évolution
des produits de l’activité
du budget principal de
l’établissement
de Moutiers-Saint-Jean
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Compte 73171
Tarif hébergement (E.H.P.A.D.) - Département
163 415
167 981
149 745
148 076
Compte 73172
Tarif hébergement (E.H.P.A.D.) - Hébergé
561 361
594 609
690 529
694 976
Compte 7341
Tarif dépendance- Tarif dépendance couvert
par l’APA
12 632
6 425
16 763
196 979
Compte 7342
Tarif dépendance - Participation du résident
au tarif dépendance
93 054
100 913
108 682
100 293
Compte 7344
Tarif dépendance - Dotation budgétaire
globale (APA)
148 315
153 963
194 313
Compte 7361
Tarifs soins (E.H.P.A.D.) - Dotation globale de
financement soins hors forfait journalier
relatif aux frais de transport en accueil de
jour
780 547
713 298
757 266
763 925
Compte 7362
Tarifs soins (E.H.P.A.D.) - Hébergé
0
2 433
7 013
14 287
Compte 73511
Produits à la charge de l’assurance maladie -
Quote-part de la tarification globalisée
commune des établissements et services
sociaux et médico-sociaux sous CPOM
770 231
844 391
Compte
subdivisé
Compte 7351111
- Accueil temporaire - Accueil avec
hébergement
770 974
Compte 73521
Produits à la charge du département - Quote-
part de la tarification globalisée commune
des établissements et services sociaux et
médico-sociaux sous CPOM
190 163
Compte 735212
- Part afférente à la dépendance
199 230
206 995
Compte 73522
Produits à la charge du département -
Tarification de l’hébergement complet
276 630
Compte 735221
-Part afférente à l’hébergement
215 214
297 198
Compte 735222
-Part afférente à la dépendance
86 593
44 208
Compte 73531
Produits à la charge de l’usager - Part
afférente à l’hébergement
748 963
819 114
921 749
Compte 73532
Produits à la charge de l’usager - Part
afférente à la dépendance (tarif GIR 5-6)
72 544
75 412
79 988
Compte 73533
Produits à la charge de l’usager - Part
afférente à la dépendance (en fonction des
ressources)
10 050
7 479
12 477
Compte 73
DOTATIONS ET PRODUITS DE TARIFICATION
1 759 324
1 739 622
1 924 311
1 918 537
2 068 581
2 247 433
2 333 587
En €
Compte remplacé par le compte
73522 à partir de 2013
Compte remplacé par le compte
73531 à partir de 2013
Compte remplacé par le compte
73521 à partir de 2013
Compte remplacé par les
comptes 73532 et 73533 à partir
Compte subdivisé
Compte remplacé par le compte 7341 en
2012
Compte remplacé par le compte
73511 à partir de 2013
Compte supprimé
Compte subdivisé
Source : comptes de gestion.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
40/52
Quant au budget annexe «
Maison’âge
», les produits diminuent à partir de 2012 entraînant
un déficit du résultat qui s’accentue.
Tableau n° 30 - Évolution
des produits de l’activité du
budget ann
exe de l’EHPA «
Maison’âge
»
En €
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Département (c/73171)
10 702
19 598
24 617
-
-
-
Dont résidents (c/73172)
11 888
4 316
572
-
-
-
Part afférente à l'hébergement (c/73531)
-
-
-
10 869
9 563
3 616
Produits de l'activité (c/73)
22 590
23 914
25 189
10 869
9 563
3 616
Source : comptes de gestion.
L’évolution des charges
d’exploitation
Les charges d’exploitation du budget principal ont augmenté de
65 % entre 2009 et
2015 (+ 1 166 447
).
Tableau n° 31 - Évolution
des charges d’exploitation
du budget principal
de l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean
En euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evolution
de 2009 à
2015 (en %)
Total des charges d'exploitation
1 793 596
1 707 962
1 940 476
2 196 095
2 356 656
2 443 002
2 960 042
65
ACHATS ET VARIATION DES STOCKS
(c/60)
187 302
208 592
253 278
269 173
292 118
268 262
284 444
52
dont Achats stockés ; autres
approvisionnements (c/602)
104 435
-
-
-
-
-
-
-
dont Achats non stockés de matières et
fournitures (c/606)
82 868
208 592
253 278
269 173
292 118
268 262
284 444
243
SERVICES EXTERIEURS (c/61)
38 669
43 042
38 145
52 101
71 045
74 708
87 847
127
AUTRES SERVICES EXTERIEURS (c/62)
147 057
50 750
102 130
78 636
55 645
54 794
47 025
-68
dont Prestations de blanchissage à
l’extérieur (c/6281)
14 018
14 733
4 114
-
-
-
-
-
dont autres (c/6288)
64 103
17 136
14 659
34 124
33 373
36 694
16 956
-74
IMPOTS, TAXES ET VERSEMENTS
ASSIMILES (c/63)
125 922
112 330
134 597
158 289
168 130
180 607
174 074
38
CHARGES DE PERSONNEL (c/64 sauf
6419)
1 024 984
1 047 970
1 186 310
1 333 922
1 480 766
1 607 821
1 689 431
65
dont Rémunérations du personnel non
médical (c/641 sauf 6419)
776 502
776 191
907 780
1 023 633
1 118 868
1 180 160
1 206 051
55
dont Rémunération du personnel
médical (c/642)
3 855
3 883
3 893
3 893
973
8 696
16 071
317
dont Charges de sécurité sociale et de
prévoyance - Personnel non médical
(c/6451)
228 742
244 063
248 086
280 149
306 244
385 981
432 152
89
dont Charges de sécurité sociale et de
prévoyance - Personnel médical (c/6452)
559
562
561
542
135
2 836
5 275
843
AUTRES CHARGES DE GESTION
COURANTE (c/65)
9 704
3 830
3 049
7 419
3 443
824
1 818
-81
CHARGES FINANCIERES (c/66 sauf 6611
en recettes)
105 395
97 295
126 212
179 911
174 133
148 644
474 555
350
CHARGES EXCEPTIONNELLES (c/67)
2 896
6 078
13 210
12 895
1 404
4 324
40 609
1 302
DOTATIONS AUX AMORTISSEMENTS,
AUX DEPRECIATIONS ET AUX
PROVISIONS (c/68)
151 666
138 075
83 546
103 749
109 973
103 019
160 238
6
dont Dotations aux amortissements, aux
dépréciations et aux provisions : charges
d’exploitation (c/681)
75 303
74 825
83 546
103 749
109 973
103 019
100 238
33
Source : comptes de gestion.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
41/52
Les charges d’exploitation
tous budgets cumulés suivent la même trajectoire en
augmentant de 63 % entre 2009 et 2015 (+ 1 186 342
).
Tableau n° 32 - Évolution
des charges d’exploitation tous budgets cumulés de
l’EHPAD
Saint-Sauveur de Moutiers-Saint-Jean
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evolution de
2009 à 2015 (en
%)
Budget principal
1 793 596
1 707 962
1 940 476
2 196 095
2 356 656
2 443 002
2 960 042
65
Budget annexe DNA
3 261
3 372
2 938
3 386
566
718
1 386
-57
Budget annexe
Maisonâge
0
14 115
25 730
38 467
25 623
25 511
21 770
NS
Total classe 6
1 796 856
1 725 449
1 968 360
2 227 306
2 351 502
2 455 946
2 930 077
63
Source : comptes de gestion.
L’évolution des charges de personnel
Elles ont progressé de 65 % entre 2009 et 2015,
passant de 1 024 984 € à 1 689 431 €
(+ 664
446 €) hors remboursements,
augmentant même de 13 % entre 2010 et 2011, de 12 %
entre 2011 et 2012 et de 9 % entre 2013 et 2014.
Le directeur expliquait dans le compte rendu de la réunion du conseil de vie sociale du
9 octobre 2014
qui s’inscrivait dans le cadre de la décision modificative n°1 de l’exercice 2014
«
qu’en section d’exploitation les crédits afférents aux dépenses du personnel ne suffisent pas
à payer les salaires, en raison
notamment d’un reclassement ayant eu lieu en février dernier
(plus de 50.000 euros) ». Il indiquait que « ce poste pourra être revu lors de la prochaine
convention tripartite qui permettra la prise en compte de la revalorisation des coûts
d’exploitat
ion des différents personnels (exemple
le coût d’
une aide-soignante qui était estimé
à 35 000 euros par an en 2008 est de 38 000 euros en 2014). »
En 2014 également, la direction a renforcé le service hôtelier et de restauration avec la
présence de 5 jeunes en e
mplois d’avenir
;
l’
ARS a remboursé plus de 100
000 € afférents
aux traitements de ces emplois d’avenir.
Enfin le bilan social de 2014 relève la suspension des exonérations ZRR appliquées
jusqu’alors en déduction des cotisations dues à l’URSSAF
; ce qui a engendré une
augmentation des charges patronales.
La chambre observe l’incidence de cette hausse des dépenses de personnel
sur le résultat de
l’établissement
et considère qu’elle atteste d’une grande imprudence dans la gestion de
l’EHPAD.
5.4.3.
La capacité d’au
tofinancement
Tableau n° 33 - Évolution de la c
apacité d’autofinancement
En €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Capacité brute d'autofinancement
260 545
287 825
222 275
-73 857
-23 977
65 508
25 305
Remboursement des dettes financières (hors
CLTR et cautionnement)
93 909
621 275
123 941
188 771
190 476
236 912
206 229
Capacité d'autofinancement nette
166 636
-333 450
98 334
-262 628
-214 453
-171 404
-180 924
Source : calcul à partir des comptes de gestion.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
42/52
À partir
de 2010, et hormis pour l’exercice 2011, l
a CAF brute ne permet pas de rembourser
les annuités en capital de la dette. La CAF nette est donc négative et ne permet pas
d’envisager d’investissements.
5.4.4.
La dette
Présentation des caractéristiques des emprunts souscrits
Le tableau ci-dessous présente les emprunts souscrits au 31 décembre 2015
par l’E
HPAD, y
compris, les emprunts qui ont été refinancés.
Tableau n° 34
Caractéristiques des emprunts souscrits
Organisme
prêteur
Date de
souscription
Date de
versement
N° de
l'emprunt
Montant
Taux
Durée
Type de prêt
Observations
Caisse
d'épargne
16/12/2005
23/01/2007
3242143
22 000
1%
10 ans
Taux fixe
échéance
constante
Convention
autonomie
RSI Bourgogne
11/07/2007
10/02/2012
07071 RSI
70 000
0%
12 ans
Sans intérêt
Convention
humanisation des
locaux
CRAM
Bourgogne-FC
03/06/2008
22/10/2009
ASV n°24-
2008
539 500
0%
20 ans
Sans intérêt
Convention de prêt
à la construction
CRAM
Bourgogne-FC
03/06/2008
07/08/2012
ASV n°25-
2008
29 303
0%
10 ans
Sans intérêt
Convention de prêt
à l'équipement
Crédit foncier
23/08/2010
23/04/2012
6853938S
2 400 000
2,88%
32 ans
Taux
proportionnel
annuel (index
livret A)
Prêt locatif social
Crédit agricole
09/05/2014
13/05/2014
391991
350 000
3,93%
15 ans
Taux fixe
échéance
constante
Prêt destiné à
rembourser la TVA
Caisse
d'Epargne
07/07/2015
25/07/2015
9588704
2 490 000
2,75%
30 ans
Taux fixe
Refinance 2
emprunts
5 900 803
Caisse
d'épargne
3247977
350 000
4,30%
25 ans
Taux fixe
échéance
constante
réaménagé et
remplacé (destiné à
financer les travaux
d'aménagement)
Caisse
d'épargne
3265607
2 500 000
3,77%
30 ans
Taux fixe
échéance
linéaire
réaménagé et
remplacé (destiné à
financer les travaux
de restructuration et
d'extension)
TOTAL
13/06/2007
22/02/2008
Source : état de la dette transmis par la trésorerie.
Des emprunts ont été souscrits dès 2007 (0,35
M€) et ensuite 2008 (2,5 M€) alors que les
travaux immobiliers n’étaient pas encore lancés. Ce décalage a généré un coût financier inutile
pour
l’établissement.
L’emprunt n° 9588704
, dont le contrat a été signé le 7 juillet 2015, pour une durée de 30 ans
au taux de 2,75 % pour un montant de 2 490
000 € correspond au réaménagement d’une part
de l’emprunt du
22
février 2008 d’un montant de 2
500
000 €, et d’autre part de l’emprunt de
350
000 €
signé le 13 juin 2007, sur une durée de 25 ans au taux de 4,30 % pour le budget
annexe «
Maison’âge
».
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
43/52
Afin de profiter du niveau bas des taux d’intérêt en vigueur en 2015, le directeur a engagé un
projet de refinancement de la dette de l’établissement avec la Caisse d’
épargne. Consultés,
les membres du c
onseil d’
administration ont décidé
à l’unanimité
le 25 juin 2015, de contracter
auprès de la Caisse d’
épargne de Bourgogne Franche-Comté un emprunt de 2 490 000 euros,
au taux de 2,75 % sur 30 ans, échéances trimestrielles, amortissement constant du capital,
soit une annuité en capital de 83
000 €.
Ce prêt est destiné à refinancer le capital restant dû, au 27 juillet 2015, de deux prêts ainsi
que les indemnités de réaménagement :
Premier Prêt
Capital restant dû après échéance du 25 juin 2015 : 1 895
833,43 €
;
Indemnité de réaménagement contractuelle : 274
000 €
.
Deuxième Prêt
Capital restant dû après échéance du 25 juillet 2015 : 275
363,37 €
;
Indemnité de réaménagement contractuelle : 44
803,20 €
.
En plus des indemnités de réaménagemen
t, l’EHPAD a dû verser l
es intérêts courus non
échus du premier
prêt (12 110,69 €) et la commission de montage (5 000 €), soit un montant
total de 17 110,69 €.
Ce réaménagement permet à l’EHPAD d’abaisser de près de
25 000 € ses charges annuelles
mais étale de nouveau la durée de remboursement sur 30 ans, sachant que les dettes
renégociées faisaient déjà l’objet d’un remboursement depuis en moyenne 7 ans,
et lui fait
supporter une indemnité de réaménagement de 318 803,20
€ incluse dans le capital
emprunté.
Ainsi la note de gestion de la dette établie par la Caisse d’
é
pargne indique qu’avec le
réaménagement de la dette, le coût financier est supérieur de 390 740,81
€.
Ce
réaménagement augmente l’encours de la dette
et les
remboursements s’étalent jusqu’e
n
2045.
État
de la dette de l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean
Tableau n° 35
Situation de l’endettement de l’établissement
Encours de la
dette en €
(c/1641+167)
Balance d'entrée
Débit (remboursements
et refinancement)
Crédits
(souscriptions)
Solde (reste à payer)
au 31 décembre
2009
2 795 405
93 909
560 500
3 261 996
2010
3 261 996
621 275
514 000
3 154 721
2011
3 154 721
123 941
2 039 093
5 069 874
2012
5 069 874
188 771
441 303
5 322 406
2013
5 322 406
190 476
7 000
5 138 930
2014
5 138 930
236 912
350 000
5 252 019
2015
5 252 019
2 377 425
2 490 000
5 364 593
3 832 708
6 401 896
Total
Source : comptes de gestion.
.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
44/52
Source : comptes de gestion.
C
oncernant l’exercice 2014, l’établissement a souscrit un emprunt de 350
000 € auprès du
Crédit agricole, le 9 mai 2014, amortissable sur 15 ans au taux fixe de 3,93 % (soit une annuité
en capital et intérêts de 30
993,88 €)
et
d’
un coût total de 468
346,61 €
. Cet emprunt qui devait
être affecté au remboursement de la TVA selon le précédent directeur a finalement servi à
payer d
es dépenses d’exploitation
.
Au
31 décembre 2015, le niveau de l’endettement de l’établissement s’établit à 5
364
593 €.
Ratios relatifs à la dette
Ratio encours de la dette/produits toutes activités
Tableau n° 36
ratio encours dette/produits toutes activités
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Encours de la dette (en €)
3 261 996
3 154 721
5 069 874
5 322 406
5 138 930
5 252 019
5 364 593
Total produits (en €)
1 909 011
1 875 199
2 129 114
2 092 988
2 491 120
2 461 876
2 988 486
Ratio encours de la dette/produits
toutes activités (en %)
171
168
238
254
206
213
180
Source : comptes administratifs et comptes de gestion.
Les ressources annuelles de l’EHPAD n’arrivent plus à garantir la
dette globale dont le montant
est 1,8 fois supérieur aux produits en 2015.
Ratio de désendettement assuré par la CAF (« durée apparente »)
Tableau n° 37
ratio encours dette/CAF brute
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Encours de la dette (en €)
3 261 996
3 154 721
5 069 874
5 322 406
5 138 930
5 252 019
5 364 593
Capacité brute
d'autofinancement (en €)
260 545
287 825
222 275
-73 857
-23 977
65 508
25 305
Ratio (années)
13
11
23
non
significatif
non
significatif
80
212
Source : comptes de gestion.
-
1 000 000
2 000 000
3 000 000
4 000 000
5 000 000
6 000 000
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
remboursements
souscriptions
reste à payer
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
45/52
L
’exam
en des ratios de désendettement
confirme l’aggravation de l’
endettement associée à
des capacités très fortement réduites de l’établissement à r
embourser sa dette. Ainsi, la durée
résiduelle de la dette passe de 13 années en 2009 à 212 années en 2015, compte
tenu d’une
CAF brute de 25 305
€ sur cet exercice
, alors que la moyenne régionale est respectivement
de 11,9 et 11 années.
Au vu de l’en
dettement, la chambre
constate que l’établissement est dan
s une situation
critique.
5.4.5.
Le fonds de roulement (FDR), le besoin en fonds de roulement (BFDR) et la
trésorerie
Détermination du FDR, du BFDR et de la trésorerie
Il s’agit essentiellement d’appréhender les marges de manœuvre dont dispose l’établissement
dans sa gestion courante. Le calcul des différents agrégats est basé sur
l’arrêté du 17 juillet
2007 modifiant l’arrêté du 22 octobre 2003 et fixant le modèle de bilan financier d’un
établissement ou service social ou médico-social (cf. annexe 6).
Tableau n° 38
FDR, BFDR, Trésorerie
En €
2 009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Biens stables d'équipement
3 641 239
6 150 049
8 143 899
9 084 234
9 757 255
9 787 302
10 118 743
Financement stables
5 373 237
5 558 005
8 127 765
8 486 099
8 740 846
9 126 045
9 307 045
Fonds de roulement d'investissement
1 731 998
-592 043
-16 135
-598 135
-1 016 409
-661 257
-811 698
Biens stables d'exploitation
52 846
15 179
31 884
158 889
78 087
92 167
127 855
Financements stables d'exploitation
450 035
623 106
799 654
781 035
605 960
608 954
606 701
Fonds de roulement d'exploitation
397 189
607 928
767 769
622 146
527 873
516 787
478 846
Fonds de roulement net global
2 129 187
15 884
751 635
24 012
-488 536
-144 470
-332 853
Biens d'exploitation
810 767
553 233
485 360
261 791
228 209
277 097
225 132
Financements d'exploitation
159 149
926 159
92 696
131 242
82 885
76 996
203 423
Besoin en fonds de roulement
651 618
-372 925
392 664
130 549
145 324
200 101
21 709
Fonds de roulement
2 129 187
15 884
751 635
24 012
-488 536
-144 470
-332 853
Besoin en fonds de roulement
651 618
-372 925
392 664
130 549
145 324
200 101
21 709
Trésorerie
1 477 569
388 810
358 971
-106 537
-633 860
-344 571
-354 562
Source : comptes de gestion.
Si le fonds de roulement d’exploitation est positif sur la période contrôlée, ce n’est pas le cas
du fonds de roulement d’investissement qui est négatif à partir de 2010
notamment en raison
des investissements consentis pour réaménager et étendre l’établissement
.
L’actif brut étant
supérieur aux ressources, l’établissement connaît un important besoin de financement à long
terme.
Ainsi le fonds de roulement net global posi
tif jusqu’en 2012 devient négatif à partir de 2013
jusqu’en 2015 (
- 332
853 €).
Si l’on excepte l’exercice 2010 qui
comprend dans les financements d’exploitation
un montant
de recettes à régulariser de 813 265
, correspondant au
versement d’un p
rêt de 800
000 €
non régularisé, le besoin en fonds de roulement est réel mais connaît une nette diminution sur
la période contrôlée (21
709 € en 2015)
.
Les créances d’exploitation de l’établissement ont nettement diminué
entre 2009 et 2011 puis
se stabilisent à partir de 2012, ce qui conduit à ce que le besoin en fonds de roulement suive
quasiment la même trajectoire à l’exception de l’exercice 2010.
Cette diminution du besoin en fonds de roulement demeure cependant insuffisante pour
conduire à une situation de trésorerie positive.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
46/52
La trésorerie de l’actif qui enregistrait des placements en compte à terme en 2009 pour 1 M€
se retrouve à un niveau très inquiétant en fin de période contrôlée.
L’établissement ne dispose
pas des ressources suffisantes pour faire fa
ce au décalage entre l’encaissement de ses
recettes et le paiement de ses dépenses. La situation de trésorerie apparaît donc négative à
partir de 2012 pour atteindre - 354
562 € au 31 décembre 2015.
Au 31 décembre 2014, les disponibilités étaient à un niveau très bas ; elles
s’élevaient à
13
643 €
. Au 31 décembre 2015,
elles s’élèvent à 15
137 €
.
La trésorerie
La trésorerie représente
l’ensemble des disponibilités permettant de financer
les dépenses à
court terme. C’
est le montant des disponibilités à vue facilement mobilisables permettant de
couvrir sans difficulté les dettes qui arrivent à échéance.
En fait partie le compte 515, constitué des dépôts réalisés sur le compte au trésor, et dont
l’évolution entre le 31 décembre 200
9 et le 31 décembre 2015 est particulièrement inquiétante.
A la date du 9 novembre 2016, il restait 6 815
€ au compte 515
.
Tableau n° 39
Évolution du compte de dépôt de fonds au Trésor
(En €)
Source : comptes de gestion.
En revanche, la trésorerie nette correspond à la différence entre l
a trésorerie d’actifs
(liquidités
détenues par l’
établissement) et la trésorerie de passif (dettes financières à court terme). La
trésorerie nette n’est donc autre que la différence entre les actifs circulants financiers et les
dettes financières à court terme. On peut également traduire cela comme la différence entre
le fonds de roulement net (fonds propres et dettes à long terme) et le besoin en fonds de
roulement (
fonds nécessaire pour l’exploitation
).
Si la trésorerie nette est négative, cela signifie
que l’
établissement ne dispose pas des fonds
nécessaires pour couvrir ses dépenses et encore moins pour penser à investir. Il ne pourrait
donc que solliciter de nouvelles sources de financement (emprunts
bancaires…) pour
satisfaire ses besoins de financement.
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
501 322
410 447
411 181
210 309
87 144
13 643
15 137
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
47/52
L’EHPAD voit sa trésorerie nette diminu
er dès 2009 pour devenir négative à partir de 2012 ;
elle est de -354
562 € au 31 décembre 2015 (
cf. annexe 7).
Les problèmes de trésorerie sont tels que l’ARS
a accordé en 2016, au titre du retour à
l’équilibre de l’établissement
, 100
000 €
de crédits non reconductibles,
afin d’assurer le
paiement des salaires du mois de décembre.
5.4.6.
Des lignes de crédit de trésorerie
L’EHPAD
a souscrit une ligne de crédit de trésorerie à partir de la fin de
l’exercice
2012. Elle
a alors été tirée à hauteur de 300
000 € puis
en 2013 à hauteur de 400
000 €
. Au 31 décembre
2013, 700
000 € restaient à rembourser. En 2014, l’
établissement a remboursé 400
000 € mais
fonctionnait encore avec une ligne de trésorerie reconductible annuellement,
d’un montant
de
350 000
€. Au 31
décembre 2014, la ligne de trésorerie restant à rembourser était de
350 000
, montant toujours non remboursé au 31 décembre 2015. Cette ligne de trésorerie
renouvelée au 1
er
décembre 2015 l’a été de nouveau
au 1
er
décembre 2016.
Tableau n° 41 -
Détail du compte 51931 « lignes de crédit de trésorerie »
En €
2012
2013
2014
2015
Tirages
300 000
400 000
50 000
-
Remboursement
-
-
400 000
-
Montant à rembourser au 31/12
300 000
700 000
350 000
350 000
Source : compte de gestion.
La chambre constate que cette ligne de trésorerie de 350
000 €
ainsi que
l’emprunt de
350 000
€ souscrit le 9 mai 2014
ont été utilisés pour régler des dépenses de fonctionnement.
5.4.7.
Conclusion sur la situation financière
Il résulte de l’analyse que l’EHPAD Saint
-Sauveur est dans une situation financière très
dégradée, tous les indicateurs de gestion étant inquiétants.
Le résultat budgétaire net de l’établissement tous budgets cumulés avec les reports antérieurs
est négatif à partir de 2012,
excepté pour l’exercice 2013
,
bien que le résultat d’exploitation du
budget principal soit redevenu positif à partir de 2014.
Le résultat d’exploitation est fortement
impacté par les dépenses de fonctionnement qui se
sont considérablement accrues du fait en particulier de charges de personnel non maîtrisées
et de charges financières élevées.
L’établissement n’a quasiment jamais disposé de capacité d’autofinancement sur la période
contrôlée, ce qui ne lui
permettait pas d’investir dans de bonnes conditions
.
Le fonds de roulement net global est négatif à partir de 2013, ce qui malgré la diminution du
besoin en fonds de roulement ne permet pas de retrouver une situation de trésorerie positive.
La trésorerie nette est négative en fin de période contrôlée. Les disponibilités sont insuffisantes
pour régler les dépenses courantes malgré le recours à une ligne de crédit de trésorerie et
l’utilisation d’un emprunt
souscrit en 2014 alors que les travaux immobiliers réalisés dans le
cadre du marché de réhabilitation-extension étaient déjà terminés
depuis plus d’un an
. Les
délais de paiement des factures étant particulièrement longs, des intérêts moratoires
pourraient être décomptés
depuis le mois d’octobre 2014.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
48/52
L’établissement est dans une situation de surendettement avec une dette de quasiment
5,4
millions d’euros à
la fin de l’année 2015
et une capacité de désendettement beaucoup trop
élevée sur la période contrôlée.
Malgré des dotations favorables des autorités de tutelle
, l’établissement
, en ne respectant pas
les règles budgétaires et comptables, ce qui a conduit entre autres à fixer des tarifs à niveau
beaucoup trop bas compte tenu de la situation financière réelle
de l’établissement
, a commis
une lourde erreur stratégique ainsi que de gestion.
6.
LES INVESTISSEMENTS
L’état de vétusté des bâtiments
a motivé la mis
e en œuvre d’
investissements très importants,
notamment l’extension de la structure initiale.
6.1.
Le financement des investissements
Tableau n° 42 - Tableau de financement des investissements de 2009 à 2015
En euros
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Capacité d'autofinancement brute
260 545
287 825
222 275
-73 857
-23 977
65 508
25 305
Remboursement des dettes financières
(hors CLTR et cautionnement)
93 909
621 275
123 941
188 771
190 476
236 912
206 229
Capacité d'autofinancement nette
166 636
-333 450
98 334
-262 628
-214 453
-171 404
-180 924
Investissement (débit des c/20,21,23)
1 780 117
2 508 810
2 370 957
940 334
688 134
30 047
12 638
Besoin de financement
1 613 481
2 842 260
2 272 623
1 202 962
902 588
201 451
193 562
Apports et subventions de l'année
324 573
214 408
607 174
34 036
366 767
195 517
47 757
Emprunts nouveaux
560 500
514 000
2 039 093
441 303
7 000
350 000
118 408
Total des financements
885 073
728 408
2 646 267
475 339
373 767
545 517
166 165
Apport (+) ou prélèvement (-) sur fonds
de roulement
-728 408
-2 113 852
373 644
-727 623
-528 821
344 066
-27 397
Source : comptes de gestion.
Ce tableau montre que les investissements ont été importants sur le début de la période
contrôlée alors que la capacité d’autofinancement était faible voire négative et que les
financements étaient essentiellement constitués des emprunts.
À partir de 2014, les investissements étaient terminés, ce qui implique que les emprunts
contractés depuis lors, hors refinancement, ont servi essentiellement au règlement de
dépenses de fonctionnement.
La chambre observe que l’emprunt n’a pas vocation à assurer le fonctionnement courant d’un
EHPAD.
6.2.
L
a rénovation et l’extension de l’EHPAD de
Moutiers-Saint-Jean
6.2.1.
Présentation du projet
La convention tripartite du 16 octobre 2008 exposait dans ses objectifs (Titre II, article 4) un
projet architectural et environnem
ental consistant en la restructuration et l’agrandissement de
l’établissement.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
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Tableau n° 43
Présentation du projet architectural
Objectif
Situation actuelle
Description de l'action
à mettre en place
Coût
Échéance
Conformité des
bâtiments avec les
dispositions de la loi
n° 2005-102 sur
l'accessibilité
chambres < 17 m² et
dotées d'un cabinet de
toilette inaccessible aux
personnes handicapées
Créer ou reconfigurer des chambres
individuelles de plus de 20 m² dotées
de cabinet de toilette accessibles
Absence de lieux de vie
commune
Création de lieux de vie en nombre
important et spécialisés selon l'usage
projeté
Déficit d'équipements de
bain collectifs
Création de salles de bains
6 100 M€
2009/2010
Restructuration et
agrandissement de
l'établissement
Source : convention tripartite du 16 octobre 2008 (Titre II, article 4).
Le rapport de présentation dressé le 16 février 2009, conjointement par le conducteur de
l’opération, la DDE de la Côte d’Or et le maître d’ouvrage, expose les données principales
relatives à l’opération d’extension, de restructuration et de mise aux norme
s des bâtiments :
définition des besoins :
-
construction d’un bâtiment neuf de 37 lits (SU de 1792 m²) sur 6 niveaux
;
-
restructuration d’une aile pour obtenir 12 lits réhabilités sur 3 niveaux
;
-
restructuration d’une aile pour obtenir 8 lits réhabilit
és sur 3 niveaux ;
fixation des délais : le délai total des travaux prévus est de 28 mois à partir du mois
d’avril 2009, soit jusqu’au mois d’août 2011
;
d
étermination du coût d’objectif
: le montant de l’opération s’élève à 8 M€ TTC
;
allotissement du marché
: l’opération comporte 19 lots, pour un montant total HT
de 5 431
225,65 €. Les prix sont révisables
;
mode de passation
: appel d’offres ouvert et marché négocié. En effet, par suite
d’offres largement supérieures à l’estimation du maître d’œuvre (+13
% en
moyenne), le pouvoir adjudicateur, après avis de la commission d’appel d’offres
réunie le 17 octobre 2008, a déclaré infructueux tous les lots, a mis en place la
procédure de marché négocié conformément à l’article 35
-l-1 du code des marchés
publics et a décidé de ne retenir que les offres économiquement les plus
avantageuses.
Les paiements afférents au marché de réhabilitation-extension se sont élevés à
7 035 842,20
€ HT, soit 7
422
813,60 € TTC.
6.2.2.
L
a mise en œuvre du
projet
La première pierre a été
posée le 10 juillet 2009 et la commission de sécurité d’arrondissement
a autorisé le fonctionnement de l’établissement le 28 février 2013.
Le planning prévisionnel d’exécution des travaux a prévu 3 phases s’étalant du 21 avril 2009
au 24 octobre 2011, date de réception prévue du chantier. Or, à chacune de ces phases des
retards considérables dans l’exécution sont à déplorer
: ainsi 278 jours de retard pour la
phase 1 ; 360 jours de retard pour la phase 2 et 472 jours de retard pour la phase 3. En prenant
en compte
165 jours d’intempéries, on peut considérer que le chantier a subi
307 jours de
retard réel.
La chambre souligne une véritable dérive du calendrier initial, la réception de la dernière
tranche de travaux
n’étant intervenue
qu’en février
2013 alors que la fin des travaux était
envisagée
lors de l’élaboration du planning prévisionnel pour octobre
2011.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
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En outre, ces retards dans l’exécution du chantier ont largement affecté la situation financière
de l’établissement qui n’a pu fonctionner à plei
n régime
à l’échéance prévue
.
La chambre observe enfin que
l’amortissement des emprunts a démarré dès 2008 alors que
l’amortissement des bâtiments n’était toujours pas effectif en 2016.
6.2.3.
Le f
inancement de l’opération
Le coût prévisionnel
Le procès-verbal du conseil de vie sociale du 7 décembre 2007 détaille le financement
prévisionnel des travaux, évalués à 6,
030 M€
:
emprunt de 2,5 M
€ au taux de
3,70 %, signé en 2005 ;
autofinancement à hauteur de 100
000 €
;
s
ubvention de 2,5 M€ versé
e dans le cadre du contrat de dépendance ;
subvention des caisses de retraite complémentaire de 70
000 €, avec une réservation de
2 lits ;
inscription au futur contrat de plan État-Région pour 609
000 €
;
subvention de la caisse REUNICA.
Le coût final
Le plan de financement dans sa version finale datée du 3 janvier 2014
, c’est
-à-dire tel
que réalisé, a été examiné. Il est assez différent du plan prévisionnel.
Tableau n° 44 -
Tableau de financement de l’opération d’extension et de mise en conformité,
d
ressé par l’ordonnateur dans sa version finale du 03
-01-2014 (TTC)
En €
Observations
352 218
sous-total
352 218
Conseil Général
391 034
non amortie
contrat plan et CNSA
1 287 910
non amortie
Caisses de retraite
46 473
non amortie
sous-total
1 725 417
CRAM
568 003
amorti sur 20 ans pour 639 500 et 10 ans pour
29 303
Caisse de retraite (RSI)
70 000
amorti sur 15 ans
sous-total
638 003
Caisse d'épargne
2 500 000
amorti sur 30 ans
Crédit foncier PLS
2 400 000
amorti sur 25 ans
Caisse d'Epargne
sous-total
4 900 000
TOTAL DES RESSOURCES
7 615 638
Emprunts
Subventions
Prêts sans intérêts
Autofinancement sur 8 ans
302 035,28 de provisions antérieures
L
e total des ressources s’élève à
7 615 638,25
€ avec une subvention du conseil général
indiquée de 391
034 €,
non prévue dans le cadre des plans de financement antérieurs.
Au final, le coût de l’opération réalisée n’étant que de 7 422
813,60 € TTC l’ordonnateur a
acheté du mobilier en sus à hauteur de 303
095 €, ce qui la porte à 7
725
908,21 €, dépassant
le total des ressources à hauteur de 110 269,96
€.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
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La chambre observe en outre
que l’opération
de cession ou de destruction du matériel ancien
n’est retracée
ni
dans l’inventaire
ni dans les comptes
de l’EHPAD
.
6.2.4.
Le paiement de la TVA sur les immobilisations en attente d
’intégration
L’article 278 sexies
du CGI dispose que: « La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux
réduit de 5,5
% en ce qui concerne : […] 8
/ Les livraisons de locaux aux établissements
mentionnés aux 6° et 7° du I de l'article L. 312-1 du code de l'action sociale et des familles,
agissant sans but lucratif et dont la gestion est désintéressée, de même pour la seule partie
des locaux dédiée à l'hébergement s'agissant des établissements mentionnés au 2° du I du
même article, lorsqu'ils hébergent à titre permanent ou temporaire des personnes
handicapées, ou des personnes âgées remplissant les critères d'éligibilité au prêt prévu à
l'article R. 331-1 du code de la construction et de l'habitation, et que ces locaux font l'objet
d'une convention entre le propriétaire ou le gestionnaire des locaux et le représentant de l'État
dans le département ».
L’opération d’intégration dans le patr
imoine
de l’établissement
des immobilisations réalisées
dans le cadre des marchés d’extension de bâtiment (transfert de la valeur des bi
ens du compte
23 au compte 21) est considérée comptablement comme une livraison à soi-même.
Conformément au 2 de l'article 266 du CGI, la base d'imposition des livraisons à soi-même
d'immeubles est constituée par le prix de revient total de l'immeuble, y compris le coût des
terrains ou leur valeur d’apport.
Le 7 février 2013, les ouvrages ont été réceptionnés mais le dépôt de la déclaration
d’achèvement des travaux à la mairie n’a été effectué que le 4 novembre 2014, déclaration
reçue le 7 novembre, soit presque 21 mois après.
Or la chambre rappelle qu’e
n application du II de l'article 270 du CGI, le redevable dispose
d'un délai qui court jusqu'au 31 décembre de la deuxième année qui suit celle au cours de
laquelle est intervenu l'achèvement de l'immeuble pour liquider la taxe afférente à la livraison
à soi-même sur sa déclaration.
L’EHPAD a
vait donc
au maximum jusqu’au 31
décembre 2015
pour déposer la déclaration de TVA, ce qui n’a été fait que le 9 février 2017 suite à une
vérification de comptabilité des services fiscaux.
En effet, le retard de liquidation de la taxe exigible au titre des livraisons à soi-même
d’immeuble
s a justifié un contrôle des services fiscaux qui ont arrêté le montant de la TVA
collectée à 386
971 € dont il faut déduire 49
299 € de crédit de TVA
, soit 337
672 €. En outre,
des intérêts de retard ont été décomptés au taux de 0,40 % par mois de retard (du 1
er
janvier
2016 au 28 février 2017), soit 17
559 € de pénalités dont l’établissement a demandé la remise.
Or,
l’établissement ne dispose pas de trésorerie pour honorer ce montant alors même que
celui-ci devait être intégré dans le plan de financement
initial et qu’un emprunt de 350
000 €
avait été contracté pour régler cette TVA.
La chambre observe que, cette dette n’ayant pas été apurée,
l
es recettes d’emprunt ont donc
servi au paiement de dépenses de charges courantes sans qu’aucune provision n’ait
été
constituée.
L’établissement doit donc emprunter de nouveau pour pouvoir solder cette dette vis
-à-vis de
l’administration, de presque 338
000 € hors intérêts de retard, lui permettant ainsi d’intégrer
les immobilisations en cours au compte 21 et de budgéter en 2017 les dotations aux
amortissements qui nécessiteront sans aucun doute d’augmenter les tarif
s journaliers
d’hébergement
et ainsi de stabiliser la situation financière
de l’établissement.
Annexe à la lettre n° 18-ROD2-MLC-05 en date du 26 février 2018
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6.3.
La création d’une «
Maison’âge
»
Dans le cadre d’un
budget annexe, le budget annexe «
Maison’âge
», la direction a pris la
décision de réaliser au cours des années 2008 et
2009 la réhabilitation d’un vieux bâtiment
situé en dehors de l’enceinte de l’EHPAD,
permettant de recevoir des résidents en attente
d’ê
tre intégrés au sein de la maison de retraite
. Cette structure annexe à l’établissement,
qualifiée d’EHPA,
permet de loger des résidents autonomes de façon temporaire, avant leur
admission en EHPAD.
Le coût des travaux de réfection des locaux, des équipements et de la mise aux normes a
généré des investissements à hauteur de 350
000 €.
Sans se prononcer sur son intérêt pour les personnes âgées concernées, la chambre constate
que l’objectif de fonctionnement de la
«
Maison’âge
»
n’a pas été atteint au cours
des
exercices suivant son inauguration, avec
un taux d’occupation d’à peine 14
% entre 2012 et
2015, même si depuis le second trimestre 2016 et jusqu’en février 2017 l’établissement
a été
complet ; en mars 2017, un logement était vacant.
Le résultat budgétaire net de ce budget annexe, au cours des derniers exercices, est
déficitaire : - 6
431 € en 2012
; - 12
333 € en 2013
; - 14
260 € en 2014 et
-17
767 € en 2015.
Tableau n° 45
Résultat budgétaire net du budget annexe EHPA
en €
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Recettes de fonctionnement
28 783
30 873
32 035
13 290
11 251
4 003
Dépenses de fonctionnement
14 115
25 730
38 467
25 623
25 511
21 769
Résultat
14 669
5 143
-6 431
-12 333
-14 260
-17 767
Source : comptes de gestion.
En conclusion, le coût de réhabilitation et de fonctionnement du bâtiment s’avère exorbitant
au regard de l’utilisation qui en est faite et sans rapport avec les capacités financières de
l’EHPAD
.
Cette opération distincte de
l’EHPAD est à mettre en perspective avec le fait que la rénovation
-
extension laisse de côté le pôle administratif de l’EHPAD dont
l’exiguïté et l’état de vétusté des
locaux doivent être soulignés. Si ceux-
ci font actuellement l’objet d’un nouveau projet, c
elui-ci
n’est pas susceptible d’être réalisé avant que l’établissement soit revenu à meilleure fortune.
-=o0o=-