Sort by *
Lyon, le 15 mars 2017
La présidente
D171008
Recommandée avec A.R.
Réf. :
ma lettre n° D164702 du 14 décembre 2016
P.J. :
1
Monsieur le Président-directeur général,
Par lettre citée en référence, je vous ai communiqué le rapport d’observations définitives de la
chambre régionale des comptes concernant la gestion de la
société d’économie mixte
SAGEST Tignes développement pour les exercices portant du 1
er
octobre 2007 au 30
septembre 2015. Celui-ci a également été communiqué, pour ce qui les concerne, à vos
prédécesseurs.
A l’issue du délai d’un mois fixé par l’ar
ticle L. 243-5 du code des juridictions financières, je
vous notifie à nouveau ce rapport, accompagné de votre réponse écrite.
En application du même article, vous avez l’obligation de communiquer le rapport
d’observations d
e la chambre, auquel doit être jointe votre réponse écrite, à votre assemblée
délibérante, dès sa plus proche réunion. Il doit faire l’objet d’une inscription à l’ordre du jour de
celle-ci, être joint à la convocation adressée à chacun de ses membres et donner lieu à un
débat.
Ce rapport devenant publiable et communicable dès cette réunion à toute personne qui en
ferait la demande, conformément aux dispositions de
l’article R.
241-18 du code des
juridictions financières, je vous serais obligée de me faire connaître à quelle date ladite réunion
aura lieu et de me communiquer, en temps utile, copie de son ordre du jour.
En application de l’article R.
241-23 du code des juridictions financières, une copie du rapport
d’observations est, en outre, communiquée au préfet et au
directeur départemental des
finances publiques de la Savoie.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le
Président-directeur général
, l’expression de ma
considération la plus distinguée.
Monsieur Jean-Christophe VITALE
Président-directeur général
SAGEST Tignes Développement
Immeuble la Marlière
73320 TIGNES
2/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
RAPPORT D’OBSE
RVATIONS DÉFINITIVES
ET
SA RÉPONSE
SOCIÉTÉ D’ÉCONOMIE MIXTE
SAGEST TIGNES DÉVELOPPEMENT
(département de la Savoie)
Exercices du 1
er
octobre 2007 au 30 septembre 2015
Observations
définitives
délibérées le 18 octobre 2016
3/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
SOMMAIRE
1-
PRESENTATION GENERALE DE LA SEM SAGEST TIGNES DEVELOPPEMENT
....
8
1.1-
L’évolution des missions de la SEM
: de l’aménagement à la promotion touristique
........................................................................................................................................
8
1.1.1-
Une SEM créée pour construire des remontées mécaniques
..................................
8
1.1.2-
Les missions d’aménagement prévues par les statuts
.............................................
9
1.1.3-
Le cœur de métier de la SEM
: les missions touristiques
.......................................
9
1.2-
Actionnariat et participation
.....................................................................................
11
1.2.1-
Actionnariat
...........................................................................................................
11
1.2.2-
Participation
..........................................................................................................
12
2-
GOUVERNANCE DE LA SEM ET RELATIONS AVEC LA COMMUNE ET LA
STGM
..........................................................................................................................................
12
2.1-
Les organes de la SEM
...............................................................................................
12
2.1.1-
Un conseil d’administration effacé
.......................................................................
12
2.1.2-
Une assemblée générale réunie au minimum légal
...............................................
13
2.1.3-
Une direction générale qui concentre les pouvoirs
...............................................
13
2.2-
Les relations entre la commune et la SEM
...............................................................
14
2.2.1-
La SEM, « bras armé touristique » de la commune
..............................................
14
2.2.2-
La porosité financière entre la SEM et la commune
.............................................
15
2.2.3-
La dépendance en matière d’achats d’équipements
..............................................
16
2.3-
Les relations entre la SEM et la STGM
....................................................................
17
2.3.1-
Un actionnariat croisé
...........................................................................................
17
2.3.2-
Des positionnements complémentaires encadrés par des relations contractuelles 17
3-
LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
..................................................................
19
3.1-
Une masse salariale non maîtrisée
.............................................................................
19
3.1.1-
Un effet volume positif dû au développement de nouvelles activités
...................
20
3.1.2-
Une politique de rémunération sans rapport avec la performance de la SEM
......
20
3.2-
Les modalités de rémunération de la direction
........................................................
21
4-
LA QUALITE DE L’INFO
RMATION FINANCIERE ET COMPTABLE
........................
22
4.1-
Une information comptable et financière à parfaire
...............................................
22
4.1.1-
Une comptabilité analytique à repenser
................................................................
22
4.1.2-
Des comptes rendus annuels au concédant ne répondnt pas aux exigences
réglementaires
.......................................................................................................
22
4.1.3-
La tenue de trois comptabilités distinctes
.............................................................
22
4.2-
La gestion comptable et le contrôle
des deux délégations de service public gérées
en régies intéressées
....................................................................................................
23
4.2.1-
Des recettes et dépenses intégrées en comptabilité publique
................................
23
4.2.2-
…sans pièces justificatives
...................................................................................
24
5-
LA SITUATION FINANCIERE DE LA SEM
........................................................................
25
5.1-
Le compte de résultat
.................................................................................................
25
5.1.1-
Une forte dépendance par rapport à la commune
..................................................
25
5.1.2-
Une profitabilité dégradée
.....................................................................................
26
5.1.3-
Un résultat net piloté
.............................................................................................
26
5.2-
Le bilan
........................................................................................................................
27
5.2.1-
Un fonds de roulement excessif : contraction des immobilisations et subsistances
de réserves importantes
.........................................................................................
27
5.2.2-
Un besoin en fonds de roulement insignifiant et une trésorerie importante
..........
29
4/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6-
LES DELEGATIONS DE SERVICE PUBLIC ET CONVENTIONS DE REGIES
INTERESSEES
..........................................................................................................................
30
6.1-
Des délégations de service public excessivement longues
........................................
30
6.2-
Les DSP en régies intéressées des parkings et du Lagon
.........................................
31
6.2.1-
La régie intéressée du Lagon : consistance, modalités de renouvellement et
équilibre économique
............................................................................................
31
6.2.2-
La régie intéressée des parkings : consistance, modalités de renouvellement et
équilibre économique
............................................................................................
37
6.3-
Les délégations de service public « accueil, information, promotion, animation » et
« gestion des infrastructures sportives, culturelles et de loisirs »
...........................
41
6.3.1-
Historique et consistance de ces deux délégations de service public
....................
42
6.3.2-
Des DSP
contenant des clauses irrégulières et émaillées d’avenants modifiant
l’objet de la délégation
..........................................................................................
43
6.3.3-
Un fonctionnement qui ne relève pas d’une délégation de service public
............
45
6.3.4-
Une procédure d’unification des DSP stoppée
.....................................................
46
6.4-
La réflexion sur les missions de la SEM et ses relations avec la commune
...........
49
6.4.1-
Les modalités de gestion des missions confiées à la SEM : sortir les activités
relevant de l’office du tourisme du champ de la DSP
...........................................
49
6.4.2-
Assurer l’équilibre économique de la SEM par des
financements réguliers
.........
50
5/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
SYNTHESE
La chambre régionale des comptes d’Auvergne, Rhône
-Alpes a examiné la gestion de la
société d’économie mixte
communale SAGEST, parallèlement
à l’examen de la gestion de la
commune de Tignes et de la régie des pistes qui font l’objet de rapports distincts.
La SAGEST a été créée en 1988, à l’initiative conjointe de la commune de Tignes et de la
Société des Téléphériques de la Grande Motte (STGM), afin de construire, pour le compte de
la commune, les remontées mécaniques qui devaient être exploitées en affermage par la
STGM. Le contrat d’affermage ayant rapidement évolué vers une concession, la SAGEST a
perdu son ob
jet social jusqu’à ce que des missions ponctuelles de rénovation de logements
lui soient confiées.
En 1999, la commune a dissout l’office du tourisme, mis un terme aux actions du club des
sports en matière d’animation touristique et confié, par délégatio
n de service public, ces
missions à la SEM SAGEST rebaptisée « Tignes Développement ». Conçue dès lors comme
un « guichet unique » pour les touristes et les tour-opérateurs au service de la promotion
touristique, elle a été l’instrument municipal qui a por
té la stratégie de diversification et
d’animation
de la station pour répondre aux enjeux de la fréquentation touristique et aux aléas
climatiques. Elle est aujourd’hui attributaire de quatre délégations de service public («
accueil,
information, promotion, commercialisation et animation touristique » et « gestion des
installations sportives, culturelles et de loisirs ») dont deux sont gérées en régies intéressées
(les parkings et le centre aquatique et de bien-être du Lagon).
Le pouvoir décisionnel au sein de la SEM est concentré entre les mains du président directeur
général, également maire de la commune. Cela entretient paradoxalement une situation où la
commune n’exerce que très partiellement le contrôle des missions déléguées à la SEM. Les
comptes rend
us annuels d’activité au concédant sont lacunaires et peu exploitables et ce n’est
que très récemment que la commune a exigé de son délégataire qu’il rende compte de ses
multiples gestions.
Davantage qu’un délégataire de service public, la SEM est consid
érée comme un sous-traitant
para-communal auquel la commune délègue des missions, de manière automatique pour des
durées excessives et à la suite de mises en concurrence essentiellement
formelles. Les
missions de la SEM se sont ainsi continuellement étendues, agrégeant diverses activités,
parfois disparates, sans cohérence évidente entre elles et qui étaient, pour certaines,
clairement détachables de l’objet initial des conventions de délégation.
Ces dernières ont été
intégrées dans le périmètre des contrat
s par voie d’avenants successifs qui en ont
irrégulièrement modifié l’objet, l’étendue et l’équilibre général. Cette pratique fusionnelle entre
la commune et la SEM a eu pour effet
d’écarter des candidats potentiellement plus qualifiés
pour l’accomplisseme
nt de missions qui auraient pu
faire l’objet de procédures distinctes.
Cette intégration opérationnelle débouche sur une porosité financière entre la commune et
Tignes développement. La gestion de la SEM se caractérise en effet par une dérive de ses
charges, dont la masse salariale en augmentation de plus de 40 % depuis 2007, notamment
en raison de primes particulièrement généreuses non justifiées par les performances de la
société. C
ela s’est traduit par un déficit structurel croissant (plus de 6 M€ hors subventions en
2015), comblé chaque année par une subvention d’équilibre irrégulièrement versée par la
commune.
La chambre constate dès lors, que la SEM ne supporte aucun risque
d’exploitation et ne
saurait être regardée à ce jour comme exploitant à ses risques et périls. Les prestations que
lui confie la commune sont en effet
susceptibles d’être qualifiées de marché public.
6/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Si la SEM et la commune ont entamé, fin 2015, une réflexion pour redéfinir tant le périmètre
et le contenu des missions déléguées que leur mode de gestion et de financement, l’équilibre
économique de ses missions
ne sera assuré qu’au prix d’importantes mesures d’économie et
d’une refonte générale de
la stratégie.
Il importera notamment pour la SEM, s’agissant des activités industrielles et commerciales, de
mettre fin à sa dépendance aux subventions communales qui ne peuvent réglementairement
être que la contrepartie, dûment évaluée, des contraintes de service public imposées par le
délégant.
Cette organisation
qui a pour avantage d’impliquer l’ensemble des acteurs économiques dans
la gouvernance de la station apparaît à la chambre juridiquement fragile et financièrement peu
efficiente.
7/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
RECOMMANDATIONS
Recommandations à la SEM
1
Adopter des mesures d’économie afin de rétablir l’
équilibre économique de la SEM.
2
Revoir le contenu des comptes -
rendus annuels d’activité au délégant afin de satisfaire
aux exigences de l’article R. 1411
-7 du CGCT.
3
Transmettre à la commune les pièces justificatives à l’appui des dépenses et recettes
réalisées en qualité de régisseur intéressé afin de permettre un contrôle de ces opérations par
la commune avant leur intégration en comptabilité publique.
Recommandations à la commune
1
Identifier précisément les contraintes de service public imposées par le délégant afin de
définir contractuellement avec ce dernier le montant des compensations recevables à ce titre.
2
Faire une étude comparative des modes de gestion préalablement à la mise en
concurrence.
3
Exercer le contrôle des activités déléguées à la SEM.
4
Exiger et contrôler les justifications des recettes et dépenses effectuées par les régisseurs
intéressés avant leur intégration en comptabilité communale.
8/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
La chambre régionale des comptes d’Auvergne, Rhône
-Alpes a procédé, dans le cadre de son
programme de travail 2015, à l’examen de la gestion de la SEM
communale SAGEST Tignes
Développement
pour
les
exercices
2007-2008
compter
du
1
er
octobre)
à
2014-2015
(jusqu’au 30 septembre)
.
Le contrôle a été engagé par lettre en date du 18 mars 2015, adressée à M. Jean-Christophe
VITALE, président directeur général de la
société d’économie mixte.
Ses prédécesseurs sur
la période contrôlée ont également été informés : Mme Martine DESCHAMPS et M. Olivier
ZARAGOZA, par courrier du 18 mars 2015 également.
Les investigations ont plus particulièrement porté sur les points suivants :
la gouvernance de la SEM ;
l’analyse de la sit
uation financière ;
la gestion des ressources humaines ;
la régularité, les conditions de renouvellement et l’équilibre économique des
contrats
de DSP et conventions de régies intéressées.
Ce contrôle s’inscrit dans le cadre d’un suivi des recommandations émises par le rapport public
annuel 2011 de la Cour des comptes dans son insertion relative à la gestion du domaine
skiable en Rhône-Alpes. Cela a conduit la chambre à ouvrir parallèlement le contrôle de la
régie
des pistes et celui de la commune de Tignes pour disposer d’une analyse complète de
l’exploitation du domaine skiable.
L’entretien préalable facultatif, prévu à l’article L.
243-2 du code des juridictions financières,
s’est tenu
le 14 décembre 2015 avec M. Jean-Christophe VITALE et le même jour avec
M.
Olivier ZARAGOZA. Il s’est tenu le 19 janvier 2016 avec Mme Martine DESCHAMPS.
Lors de sa séance du 2 mars 2016, la chambre a formulé des observations provisoires qui ont
été adressées le 2 mai 2016 à M. Jean-Christophe VITALE, en sa double qualité de président
directeur général de la SEM SAGEST et de maire de la commune de Tignes, ainsi que, pour
celles les concernant, à M. Olivier ZARAGOZA et Mme Martine DESCHAMPS, anciens PDG
de la SEM sur la période et aux personnes nominativement ou explicitement mises en cause.
Après avoir examiné les réponses écrites et procédé aux auditions demandées, la chambre,
lors de sa séance du 18 octobre 2016, a arrêté les observations définitives reproduites
ci-après.
1-
PRESENTATION GENERALE DE LA SEM SAGEST TIGNES DEVELOPPEMENT
1.1-
L’évolution des missions de la SEM
: d
e l’aménagement à la promotion touristique
1.1.1-
Une SEM créée pour construire des remontées mécaniques
La SAGEST (Société d’Aménagement et de Gestion du Secteur de Tignes) a été créée le
15 janvier 1989 avec pour objet initial
«
de procéder à l’étude et à la réalisation du
renouvellement des remontées mécaniques existantes et à la construction de remontées
mécaniques nouvelles, par voie de concession de travaux publics et de maîtrise d’ouvrage
déléguée, ou de tout autre moyen »
.
La convention d’exploitation des remontées mécaniques signée par la commune de Tignes et
la Société des téléphérique de la Grande Motte (STGM) le 5 septembre 1988 était en effet
initialement une convention d’affermage aux termes de laquelle il revenait à la SEML en
9/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
création (future SEM-
SAGEST) de construire l’essentiel des remontées mécaniques pour le
compte de la commune, laquelle c
onfierait l’exploitation des dite
s remontées à la STGM en
contrepartie d’
un loyer.
C
ette convention d’affermage
attribué à la STGM
s’est, au gré d’avenant
s successifs,
transformée en contrat de concession. La SEM SAGEST a ainsi perdu son objet principal et
n’a jamais œuvré à la construction ni au renouvellement de
s remontées mécaniques.
1.1.2-
Les mis
sions d’aménagement prévues par les statuts
Sur le territoire de la seule commune de Tignes, la SEM a également pour objet :
de procéder à
l’étude et à la réalisation par voie de concession ou par d’autres voies,
d’opérations d’aménagement et d’équipement de terrains
;
de procéder à l’étude et à la réalisation de tous bâtiments ou ouvrages publics, par
voie de concession de travaux publics, d
e maîtrise d’ouvrage déléguée ou de tout
autre moyen ;
de gérer, par voie de concession, d’affermage ou tout autre moyen, les équipements
publics existants ou réalisés par ses soins, dans les cadres évoqués à l’alinéa
précédent ainsi que tout service public à caractère industriel ou commercial ;
de construire et gérer tout équipement, même ne présentant pas un caractère de
service public, mais susceptible de contribuer au développement de la vie
économique et sociale des collectivités territoriales concernées et de leurs
groupements.
L’objet de la SEM comprend un large volet «
aménagement ». Toutefois, le seul projet ayant
trait à l’aménagement effectivement mis en œuvre par la SEM
concerne le parc immobilier
privatif de la station. Une convention de DSP (convention de rénovation) portant sur la
réhabilitation de 1 600 logements a en effet été signée entre la SEM et la commune en mars
1997. Cette mission comprenait la réalisation d’études préalables, la maîtrise d’ouvrage de
travaux de requalification des
espaces publics et de travaux de réhabilitation d’immeubles
d’habitation, l’animation d’une politique de classement des hébergements touristiques ainsi
qu’une fonction commerciale de mise en location des logements réhabilités. Prolongée par
deux avenants, cette convention est arrivée à terme le 31 décembre 2010. Le bilan de cette
délégation en sa forme initiale s’est avéré très en
-deçà des objectifs initiaux puisque
seulement 183 appartements ont été rénovés par la SAGEST dans ce cadre (pour un montant
de 3 181
045 €).
La SAGEST a, dès 2004, cessé
d’intervenir
elle-même et a opté pour une politique de soutien
financier aux
propriétaires souhaitant rénover leur appartement. En contrepartie de l’aide
financière de la SEM, les propriétaires signent une charte dite « partenariat propriétaire » aux
termes de laquelle ils cèdent, chaque année pendant un nombre de semaines déterminé, la
jouissance de leur appartement à la SEM qui le met en location.
L’objet de la SEM tel que décrit par ses statuts est donc
très large et ne correspond pas pour
l’essentiel
aux missions effectivement réalisées à ce jour.
1.1.3-
Le cœur de métier de la SEM
: les missions touristiques
Depuis 2000, la SEM exerce l’essentiel de ses activités dans le domaine du tourisme, pour le
compte de la commune de Tignes. La plupart de ses missions actuelles lui a été confiée fin
1999 dans le but de regrouper au sein d’une même structure l’ensemble des activités
concourant au développement
et à l’animation
de la station.
10/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Concomitamment l’office du touris
me a été dissout (le 31 décembre 1999) et ses attributions
ainsi que les activités du club des sports dédiées aux touristes, ont été transférées à la SEM.
Tableau 1 : Les six missions confiées à la SEM pendant la période sous revue
Missions
Forme
Date de
signature
Date initiale
de fin de
contrat
Renouvellement
ou prolongation par voie
d'avenant
Date de fin
de contrat
Accueil, information des
touristes, promotion,
commercialisation et
animation touristique de
la station
DSP
(affermage)
24/12/1999
01/01/2010
Renouvelée le 21
décembre 2009, à
compter du 1
er
janvier
2010
Puis prolongée en 2015
par voie d’avenant pour
une durée d’un an
31/12/2016
Gestion des installations
sportives, culturelles et
de loisirs
DSP
(affermage)
23/09/1999
23/08/2014
Prolongation par voie
d'avenant le 12 mars
2012
Puis convention de
gestion provisoire
31/12/2016
Réhabilitation de
l’immobilier de loisir
Délégation de
service public
17/03/1997
31/12/2010
non
Complexe aquatique et
de bien-être « Le
Lagon »
DSP (régie
intéressée)
31/01/2006
01/06/2010
Renouvelée le 27 mai
2010, à compter du 2 juin
2010
31/05/2021
Exploitation des parcs de
stationnement payants
DSP (régie
intéressée)
01/10/2000
30/09/2010
Renouvelée le 24
septembre 2010, à
compter du 1er octobre
2010
30/09/2021
Camping des Brévières
Marché Public
de service
23/05/2007
23/05/2008
non
Trois de ces contrats ont été renouvelés durant la période contrôlée et deux contrats ont été
prolongés
par voie d’avenant.
A ce jour, les différentes missions de la SEM se déclinent de la manière suivante :
Au titre de la DSP « accueil, information des touristes, promotion, commercialisation et
animation touristique de la station » :
accueillir et informer les clientèles : à ce titre elle assure la gestion de la Maison de
Tignes (office du tourisme) ;
communiquer et promouvoir la station
: la SEM dispose d’un service communication
et assure entre autres l’accueil et l’information des touristes à la Maison de Tignes
;
commercialiser les hébergements et prestations de la station : afin de commercialiser
les prestations de la station, et en sus du système incitatif « partenariat propriétaires »
susmentionné, la SEM assure la gestion de la centrale de réservation de Tignes qui
achète des séjours auprès des opérateurs et professionnels de la station et les revend
avec marge à la clientèle
favoriser la création de chiffre d’affaires auprès des socioprofessionnels de la
station
(hébergeurs, propriétaires louant des meublés, restaurateurs, loueurs de matériels,
écoles de ski, ...).
11/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
animer les séjours
: la stratégie de l’animation de la station repose sur deux piliers
:
l’événementiel (X Games, concerts,
...) et la promotion des séjours estivaux grâce à
la carte Sportignes distribuée gratuitement
1
à toute personne achetant une nuitée à
Tignes et permettant l’accès à un grand nombre d’activités
2
. Ce système de gratuité
des activités estivales a ainsi entraîné une hausse de fréquentation de la station de
près de 40 % en été entre 2008 et 2015.
C’est également à ce titre que la SEM s’est vue confier la gestion du cinéma du Val Claret.
Au titre de la DSP « gestion des installations sportives, culturelles et de loisirs », elle gère et
commercialise un certain nombre d’
infrastructures de la station dont :
le complexe sportif et de congrès Tignespace
3
;
une dizaine d’infrastructures sportives e
t de loisirs dont :
la plage des sports : court de tennis, zone
d’activités nautiques, chalet de pêche,
jeux d’enfants, zone de t
rampoline, terrains pour jeux de ballons, patinoire
naturelle d’hiver
;
zone de Lognan avec un stade de football, un stand de tir à l’arc, des terrains de
jeux de ballons, un
centre équestre d’été
;
un accroland ;
un bike park ;
la zone de loisirs de Boisses ;
un stand de neige : stade olympique, slalom parallèle et snow park ;
la zone d’escalade du Chevril
;
une
zone d’activité nau
tique de la retenue du Chevril ;
la zone de loisirs du quartier des Brévières ( tennis et volley).
A ces missions viennent
s’ajouter
:
la gestion de l’espace aquatique et bien
-être « le Lagon » en qualité de régisseur
intéressé pour le compte de la commune ;
la gestion des parkings, également en qualité de régisseur intéressé.
La SEM SAGEST Tignes Développement constitue ainsi un des pivots de la station, conçu
comme un « guichet unique » pour les touristes et les tour-opérateurs au service de sa
promotion. Ses périmètres d’action engendrent une forte interdépendance
entre les acteurs :
commune, régie des pistes, exploitant des remontées mécaniques et
l’
ensemble des socio-
professionnels de la station.
1.2-
Actionnariat et participation
1.2.1-
Actionnariat
Le capital social est détenu à 60 % par la commune de Tignes, à 14,99 % par la Caisse des
dépôts et consignations, à 9,97 % par la STGM (délégataire de remontées mécaniques), à
7,5 % par le Crédit agricole et à 7,5 % par la Banque de Savoie.
1
46 500 cartes Sportignes ont ainsi été distribuées en 2014 dont la quasi-totalité gratuitement.
2
Les activités d’été
proposées à titre gratui
t sont aujourd’hui multiples
(base nautique, accroland, plage des sports,
trampoline, tir à l’arc et aux armes, multimédias, bikepark, s
tades, Lagon, mini-
golf…)
et ont contribué à
l’accroissement du dynamisme de la station l’été av
ec une augmentation de 9,3 % du nombre de nuitées
touristiques été entre 2010 et 2014 (327 500 nuitées en 2010 ; 358 100 nuitées en 2014).
3
Ce complexe, construit par la commune pour un montant de 21
M€ comprend
3 500 mètres d'équipements
intérieurs (dont une piste d'athlétisme indoor, un mur d'escalade, un plateau multisports, une salle de musculation,
une salle de squash) et
1 500 mètres destinés à l’accueil
des séminaires d'entreprise.
12/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Les socioprofessionnels de la station sont également représentés via trois associations
professionnelles qui détiennent chacune 0,01 % du capital de la SEM :
l’association de
s
agents immobiliers de Tignes,
l’as
sociation des Hôtels de Tignes,
l’associatio
n des
commerçants du Val Claret.
Enfin il existe une actionnaire personne physique, Mme Josette Brosselin, qui détient
également 0,01 % du capital.
Aucune distribution de dividendes n’a été effectuée sur la période sous revue.
1.2.2-
Participation
La SEM SAGEST Tignes Développement détient 10 % de la Société des téléphériques de la
Grande Motte, société au capital de 3,2
M€, détenue à 7
7,7 % par la Compagnie des Alpes.
A ce titre, la SEM SAGEST Tignes Développement reçoit des dividendes de la STGM à
hauteur de 440
k€
à 500
k€
par an sur la période sous revue.
Il n’existe pas d’autre participation sur la période contrôlée.
2-
GOUVERNANCE DE LA SEM ET RELATIONS AVEC LA COMMUNE ET LA STGM
2.1-
Les organes de la SEM
Si la gouvernance de la SEM respecte les dispositions du code du commerce auxquelles elle
est soumise, le fonctionnement des différents organes met en évidence une concentration du
pouvoir décisionnel au niveau de la direction au détriment de l’assemblée g
énérale et du
conseil d’administration dont le rôle est essentiellement formel.
En réponse aux observations
de la chambre, le PDG de la SEM indique que le fonctionnement a changé depuis les dernières
élections.
2.1.1-
Un conseil d’administration
effacé
Conform
ément aux statuts de la SEM (article 12), la commune de Tignes dispose d’une
majorité au sein du conseil d’administration, avec 7 représentants sur 12.
De 2007
à ce jour la répartition des sièges n’a pas changé, et se présente de la manière
suivante :
7 sièges pour la commune de Tignes ;
1 siège pour la CADS (crédit agricole) ;
1 siège pour la CDC (caisse des dépôts et consignation) ;
1 siège pour la STGM (société des téléphériques de la Grande Motte) ;
1 siège pour une personne privée ;
1 siège pour
l’association des Hôteliers et Restaurateurs de Tignes
.
Aux termes de l’article 18 des statuts de la SEM, stricte déclinaison de l’article L
. 225-35 du
code du commerce,
« le conseil d’administration détermine les orientations de l’activité de la
société
et veille à leur mise en œuvre. Sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux
assemblées d’actionnaires et dans la limite de l’objet social, il se saisit de toute question
intéressant la bonne marche de la société et règle par ses délibérations les affaires qui la
concernent.
13/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Le conseil d'administration procède aux contrôles et vérifications qu'il juge opportuns. Le
président ou le directeur général de la société est tenu de communiquer à chaque
administrateur tous les documents et informations nécessaires à l'accomplissement de sa
mission.»
Bien que les statuts lui confèrent tous les pouvoirs qui lui sont réglementairement dévolus
4
, ce
dernier les exerce avec parcimonie. Les comptes rendus témoignent en effet du peu de débats
au sein du conseil d’administration qui se contente le plus souvent de prendre acte de
la
gestion de la SEM et d’approuver
à l’unanimité lorsqu’un vote est requis.
En réponse aux
observations de la chambre, la SEM indique que les débats n’étaient pas retr
anscrits dans les
compte-
rendu du conseil d’administration et qu’ils le seront à l’avenir.
L’article 17 des statuts prévoit que
«
le conseil d’administration se réunit aussi souvent que
l’intérêt de la société l’exige. Il est convoqué par le président à s
on initiative
et, s’il n’assume
pas la direction générale, sur demande du directeur général ou encore, si le conseil ne s’est
pas réuni depuis plus de deux mois, sur demande du tiers au moins des administrateurs ».
En pratique le conseil d’administration
s’est réuni
trois fois en 2008, 2009, 2010, 2012, 2013,
quatre fois en 2014 et deux fois en 2015 (le 27 mars et 8 décembre).
2.1.2-
Une assemblée générale réunie au minimum légal
La SEM respecte formellement
l’article L.
255-100 du code du commerce
5
, l’assemb
lée
générale ayant été réunie une fois par an. Toutefois, les présents et représentés ne sont pas
indiqués dans les procès-verbaux, lesquels se contentent de mentionner que les présents ont
signé une feuille d’émargement. La vérification de ces dernières,
a permis de mettre en
évidence une participation correcte des différents actionnaires à l’exception de la STGM qui a
refusé de siéger à l’assemblée générale comme au conseil d’
administration pendant près de
trois ans du fait de relations conflictuelles avec
l’
actionnaire majoritaire.
2.1.3-
Une direction générale qui concentre les pouvoirs
L’article 19 des statuts, reprenant l’article L.
225-51 du code du commerce, dispose que «
la
direction générale est assumée, sous sa responsabilité, soit par le président du conseil
d’administration, soit par une autre personne physique
choisie parmi les membres du conseil
ou en dehors d’eux, qui porte le titre de directeur général.
»
Les trois présidents successifs ont également assumé les fonctions de directeur général sans
pour autant être salariés ni rémunérés. La fonction de président directeur général a été
assurée par le maire de la commune à l’exception de la période de juin 2012 à juin 2013 où
Mme Martine DESCHAMPS, alors adjointe au maire, a pris la suite de M. ZARAGOZA qui a
démissionné de ses fonctions de PDG un an avant de démissionner de son mandat de maire.
4
Extrait des statuts : «
le conseil d’administration a les
pouvoirs propres suivants qui lui sont conférés par la loi,
savoir : convocation des assemblées générales, établissement des comptes sociaux et du rapport annuel de
gestion, autorisation des conventions passées entre la société et l’un de ses administrateu
rs, directeur général,
directeur général délégué ou actionnaire disposant d’une fraction de droit de vote supérieure à 5 %, cooptation
d’administrateurs, nomination et révocation du PDG et fixation de sa rémunération, nomination et création des
comités d’é
tudes, répartition des jetons de présence, autorisation de toute caution, aval et garantie, transfert du
siège social, décision d’intervenir à la demande des personnes publiques ou privées non actionnaires, à la majorité
des deux tiers […]
».
5
L’article L
. 225-100 du code du commerce dispose que : «
l'assemblée générale ordinaire est réunie au moins
une fois par an, dans les six mois de la clôture de l'exercice, sous réserve de prolongation de ce délai par décision
de justice. Si l'assemblée générale ordinaire n'a pas été réunie dans ce délai, le ministère public ou tout actionnaire
peut saisir le président du tribunal compétent statuant en référé afin d'enjoindre, le cas échéant sous astreinte, aux
dirigeants de convoquer cette assemblée ou de désigner un mandataire pour y procéder. Le conseil d'administration
ou le directoire présente à l'assemblée son rapport ainsi que les comptes annuels et, le cas échéant, les comptes
consolidés accompagnés du rapport de gestion y afférent.
»
14/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
La SEM n’a
pas fait usage des dispositions de l’article L.
225-
53 du code du commerce et n’a
pas désigné de directeur délégué. En revanche, trois vice-présidents (tous adjoints au maire)
se sont succédés : Martine DESCHAMPS (de 2007 à juillet 2012), Gérard SCHUBERT (de
juillet 2012 à juin 2014), Serge REVIAL (depuis juin 2014).
Il découle de cette organisation une concentration des pouvoirs entre les mains du président
directeur général également maire de la commune.
2.2-
Les relations entre la commune et la SEM
2.2.1-
La SEM, « bras armé touristique » de la commune
Le cumul de cette double fonction de maire et président directeur général de la SAGEST a
engendré une proximité managériale et financière entre la SEM et la commune.
La SEM avait
d’ailleurs
été conçue comme outil « para-communal » destiné à assurer la
construction des remontées mécaniques pour le compte de la commune à fin d’exploitation
par la Société des téléphériques de la Grande Motte (STGM).
Suite à
l’abandon
du projet initial qui faisait de la SEM SAGEST l
’aménageur du domaine
skiable, puis celui
des missions d’aménagement de la station, les élus ont décidé de faire de
la SEM SAGEST le « bras armé touristique de la commune »
6
. Il s’agissait de réunir dans une
même structure des satellites communaux (office du tourisme et la section du club des sports
consacrée à l’animation touristique) afin de mettre un terme à leurs
divergences et créer un
outil intégré autorisant une approche transversale de promotion de la station. Le maire définit
lui-même la SEM comme une structure « para-communale » dont le principal intérêt par
rapport à une gestion en régie consiste en la souplesse que confèrerait le statut de droit privé
des personnels, notamment
s’agissant du
recrutement des saisonniers et la recherche de
compétences très spécifiques.
Cette proximité entre la commune et la SEM se traduit par la tenue de diverses réunions
opérationnelles visant à assurer le bon fonctionnement de la station :
une réunion hebdomadaire (dite TD/élus) rassemble la direction de Tignes
développement (TD), le maire et autres élus mandataires de TD. A cette occasion
sont parcourus les ta
bleaux de bord d’activité de
la SEM ;
une seconde réunion hebdomadaire (dite « réunion des services ») rassemble le
directeur de la SEM, les services communaux, un représentant de la régie des pistes
et parfois certains élus. Il s’agit d’une réunion sur le fonctionnement quotidien d
e la
station
:
déneigement,
stationnement,
horaires
d’ouvertures
des
différents
équipements ... ;
une troisième réunion hebdomadaire portant sur le domaine skiable rassemble les
responsables de TD, les représentants de la régie des pistes, le directeur technique
de la STGM et parfois l’élu en charge du domaine skiable. Les sujets abordés sont
opérationnels
: horaires d’ouverture des re
montées, problèmes de damage ...
La SEM est ainsi appréhendée comme un service « para-communal » qui dépend
stratégiquement et financièrement
de la commune.
6
Expression utilisée par la Direction de la SEM SAGEST Tignes développement pour définir la structure.
15/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
2.2.2-
La porosité financière entre la SEM et la commune
2.2.2.1-
Les subventions
d’équilibre octroyées à la SEM
Les subventions communales représentent selon les années 40 % à 45 % des recettes totales
de la SEM, ce qui induit une forte dépendance financière à la commune.
Dans le rapport unique annuel, il est indiqué que «
Tignes Développement établit chaque
année un prévisionnel d’exploitation analytique afin d’obtenir la participation de la commune
nécessaire dans le cadre des délégations
».
En pratique, les demandes annuelles de subvention so
nt établies sur la base d’un déficit
prévisionnel par secteur, avant subvention. Les délibérations du conseil municipal attestent
que les montants de subventions accordées par la commune correspondent chaque année
aux montants sollicités par la SEM.
A titre d’exemple, en 2013/2014,
des dédommagements financiers importants (700
k€
) étaient
attendus par la SEM
au titre de l’annulation d’une compétition
sportive majeure : les X Games.
La SEM a tenu compte de cet encaissement à venir dans le résultat prévisionnel de la DSP
Sports et a, en conséquence, annulé cette année-là sa demande de subvention au titre de
cette DSP.
Le versement des subventions communales
à la SEM n’a donc pas pour objet de couvrir les
coûts inhérents aux contraintes de service public imposées par le délégant à son délégataire,
mais bien d’assurer l’équilibre comptable de la
société.
Le Président directeur général de la SEM indique que, suite au contrôle de la chambre, des
mesures ont été prises afin «
d’encadrer ce processus de subventions
».
2.2.2.2-
La gestion des réserves de la SEM
Antérieurement à la période sous contrôle, la subvention communale a été octroyée au-delà
des besoins de la SEM alors que les résultats de gestion
s’amélioraient
, ce qui a permis à
cette dernière de générer des résultats positifs (+ 191 815
€ en 2005
et + 524 195
€ en 2006)
affectés au compte « autres réserves ».
En 2007, ces réserves s’élevaient à près de 1,3
millions d’euros. Elles ont partiellement été
utilisées pour le développement de la station, sans pour autant que cela conduise la commune
à réduire son soutien. Le portage de certains projets ayant été transféré de la commune vers
la SEM
7
le niveau de réserve a pu être ramené à 555
k€
en 2008.
De 2009 à 2013, la subvention communale a augmenté proportionnellement au chiffre
d’affaires
ménageant la plupart du temps une légère marge bénéficiaire, de nouveau affectée
en réserves.
Rappelant que
« la vocation de
Tignes Développement n’est pas de gé
nérer des bénéfices, ni
de distribuer des dividendes aux actionnaires, mais d’œuvrer au développement de la
station »
8
, la direction de la SEM s’est interrogée sur la manière d
e les utiliser.
7
A titre d’exemple, le coût du passage du Tour de France à Tignes a été assumé par Tignes Développement en
lieu et place de la commune.
8
Extrait du CRAC 2013-2014.
16/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
L’extrait du compte rendu annuel au concédant 2013
-2014, retrace cette réflexion en ces
termes :
« Au 30 septembre 2013, la situation financière de Tignes Développement est la suivante :
-
Des réserves légales complètes, c’est
-à-dire 10 % du
capital, soit environ 76 000 €
;
- Aucune dette existante ;
- Aucun emprunt en cours ;
- Un compte « autres rése
rves » doté d’environ 550 000 €
;
-
Une indemnité pour l’annulation des X Games versée par ESPN de 700 000 € (desquels il
faut déduire 100 000 € de frais d’annulation).
La réserve disponible de Tignes Développement se monte à 1,150
M€.
En parallèle, la mairie a vu apparaître « une difficulté budgétaire » inattendue. Dans le cadre
des très difficiles relations STGM/Mairie, la société de remontées mécaniques réclame à la
commune le remboursement de frais pour des navettes station à hauteur de 400 000
€ par an
sur 2 ans. Par ailleurs, suite à une interprétation de contrat, la STGM retient un paiement à la
Régie des Pistes de 450 000
€.
La direction générale de Tignes Développement a proposé à Mme le Maire et Présidente de
Tignes Développement ainsi qu’à Mme la DGS de la Mairie,
de « donner » les réserves dans
un souci de bon fonctionnement de la station. »
Dans le budget prévisionnel 2013-2014, Tignes Développement a regroupé la subvention
Tignespace dans le fonctionnement global. Comme en 2013, Tignes Développement
« absorbe » le fonctionnement déficitaire du cinéma sans demander de subvention à la Mairie.
Initialement, d’après les budg
ets prévisionnels, la Mairie devait donner
5 738
000
TTC de
subvention pour Tignes Développement, plus 650 000
TTC de subvention pour Tignespace,
plus 196 000
TTC pour le cinéma. Soit un total de subvention Mairie de 6 584 000
TTC.
Pour boucler le budget 2013-2014, Tignes Développement demande une subvention de
5 283 000
TTC. Soit une économie de subvention de 1 301 000
TTC pour la Mairie.
Cette
économi
e permettra d’assurer le bon fonctionnement global de Tignes
».
Ce fonctionnement témoigne de la porosité financière entre délégant et délégataire, les
réserves de la SEM, accumulées grâce à une progression systématique des subventions
communales, étant tantôt utilisées pour des opérations qui devaient initialement être portées
par la commune tantôt pour moduler les demandes de financement adressées à la commune
certaines années.
L’ancien ordonnateur en réponse
a confirmé
qu’
« il y a interdépendance
entre la SEM et la mairie, mais c’est pour le bien de la collectivité et la qualité du produit
Tignes, c’était la volonté des élus
».
2.2.3-
La dépendance en matière d’achats d’équipements
Depuis 2009, la SEM
n’achète
plus les biens ou équipements
nécessaires à l’exercice de
ses
missions, ces derniers étant mis à disposition par la commune qui porte tous les
investissements afférents non seulement aux équipements gérés en régie intéressée
(parkings et Lagon), mais également aux infrastructures sportives, culturelles et de loisirs.
Ainsi en atteste la
procédure d’engagement des dépenses d’équipement
où il est indiqué que
les agents de la SEM établissent un bon de commande au nom de la commune et que le
paiement sera in fine communal.
17/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Elle procède à des achats pour assurer le fonctionnement courant de ses infrastructures, mais
là encore en « externalisant » une part importante de cette fonction « achat » auprès de la
commune dont le service des achats intervient, sans formalisation contractuelle, en tant que
prestataire pour la SEM.
Les seuls achats de la SEM sont finalement des achats de fournitures effectués par chacun
de ses services, sur la base de simples devis, sans appréhension globale et annuelle du
besoin à l’échelle de la structure par catégorie homogène de biens.
Une carte bancaire est
également librement utilisée par les différents services pour des achats ponctuels. Cette
absence de computation des seuils de publicité a conduit la SEM à méconnaitre les
dispositions de l’ordonnance du 6 juin 2005 auxquelles elle est pourtant soumise.
2.3-
Les relations entre la SEM et la STGM
2.3.1-
Un actionnariat croisé
La STGM et la SEM SAGEST Tignes Développement sont largement imbriquées par des
participations croisées : la SEM détient en effet 10 % du capital de la STGM et la STGM 9,97 %
du celui de la SEM. En conséquence, il existe une forte proximité entre leurs instances
respectives plusieurs administrateurs
étant présents au sein des deux conseils
d’
administration.
Le représentant de la SAGEST au conseil d’administration de la STGM a toujours été, au
cours de la période contrôlée, un membre du conseil d’administration
de la SEM également
conseiller municipal.
L’actuel représentant de la SEM au sein du conseil d’administration de la STGM est Bernard
GENEVRAY, adjoint au maire en charge du domaine skiable et ancien directeur de la STGM
(et toujours actionnaire de cette dernière ainsi que de sa maison mère, la Compagnie des
Alpes). Il convient de rele
ver qu’en 2008,
Bernard GENEVRAY était alors administrateur de la
SAGEST en tant que Président du Directoire de la STGM.
Chaque année, Tignes Développement reçoit de la STGM entre 400
k€
et 500
k€
de
dividendes mais la réciproque n
’est pas vraie puisque
la SEM ne verse aucun dividende.
2.3.2-
Des positionnements complémentaires encadrés par des relations contractuelles
2.3.2.1-
Les paiements de la STGM en contrepartie de la participation de la SEM
à la promotion de la station et à la commercialisation des forfaits
Plusieurs conventions lient Tignes Développement et la STGM. Ces dernières sont
répertoriées et suivies par le commissaire aux comptes de la SEM au titre des conventions
règlementées.
Ces conventions ont notamment pour fondement l’impératif de cohérence e
ntre les actions
menées par la STGM et la SEM, impératif rappelé dans le préambule des dites conventions
en ces termes :
«
Dans le cadre d’une des deux délégations de service public consentie par la commune de
Tignes à la SEM SAGEST Tignes Développement, cette dernière est seule en charge de la
conduite de la stratégie commerciale, de la communication, de la promotion et de la
commercialisation de la station.
Dans le cadre d’une autre délégation de service public consentie par la commune de Tignes
à la société des téléphériques de la Grande Motte (STGM), cette dernière exploite à ses
risques et périls les remontées mécaniques de la station. A ce titre, elle est seule en charge
18/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
de la conduite de la stratégie commerciale, de la communication, de la promotion et de la
commercialisation des titres de transport des remontées mécaniques.
La STGM et Tignes Développement poursuivent de fait un but commun de développement de
la clientèle de la station de Tignes. Dès lors, elles ont vocati
on à se concerter afin d’ab
outir,
dans la mesure du possible, et dans le respect de leurs missions et compétences respectives,
au développement de stratégies concertées et cohérentes. »
En pratique, Tignes Développement en assurant la promotion de la station et du domaine
skiable contribue directement à accroître la clientèle de la STGM qui a, de fait, externalisé une
partie de sa communication et des charges afférentes auprès de Tignes Développement. De
surcroît l’activité de «
centrale de réservation de Tignes » est assumée depuis le 1
er
janvier
2008 par Tignes Développement suite à la dissolution de l’EURL Tignes Organisation.
Cette contribution de Tignes Développement à la promotion de la STGM et à la
commercialisation des forfaits est rémunérée par la STGM sur la base
d’un
« contrat de
collaboration au titre de la promotion de la station », signé chaque saison, par lequel la STGM
s’eng
age à verser à la SEM :
entre 300 et 360
k€
selon les années en contrepartie du « plan de promotion de la
station » ;
une somme forfaitisée à hauteur de 370
k€
en vertu d’un protocole d’accord
signé en
2009 par la STGM et la SEM (puis « avenanté » à deux reprises) et aux termes duquel
Tignes Développement assure
l’accès
gratuit
à la piscine de l’
espace aquatique « le
Lagon » et à la patinoire à tous les
porteurs d’un forfait «
Espace Killy » (domaines
réunis de Tignes et
Val d’Isère)
. Cette contribution est collectée par la SEM en qualité
de régisseur intéressé de la commune puis imputée en recette du budget annexe
« Lagon » de la commune.
La SEM signe également des contrats de ventes commissionnées de forfaits avec la STGM.
Ces commissions sur ventes sont facturées à la STGM par la SEM.
Enfin, la SEM r
efacture ponctuellement à la STGM des prestations d’accueil (
par exemple,
des
hôtesses d’accueil sur le glacier).
D’autres conventions sont signé
es entre la SEM et la STGM sans engendrer de flux financier
à destination de la SEM :
partenariat propriétaires
: chaque année, un protocole d’accord (
entre 2008 et 2012)
ou un contrat de collaboration (2013) est signé entre la STGM et la SEM. Par ces
accords, la STGM s’engage à vendre des forfaits de ski à des tarifs préférentiels aux
propriétaires adhérents au programme « partenariat propriétaires ». En outre, la
STGM et la SEM contribuent chacune à hauteur de 50
000 € par an aux mesures
d’incitation à la rénovation de l
ogements par les propriétaires ;
la STGM met également gratuitement à la disposition de la SEM 3 000 journées
skieurs par an à destination de la presse et des personnalités invitées.
2.3.2.2-
Les versements de la SEM à la STGM
La SEM Tignes Développement a également conclu diverses conventions avec la STGM aux
termes desquelles elle verse une contribution à cette dernière dont :
un contrat « piétons /VTT » : la SEM signe annuellement une convention avec la
STGM pour l’ouverture de trois
remontées
mécaniques l’été à usage gratuit pour les
touristes (piétons et VTT). En contrepartie de cette prestation, la SEM verse à la
19/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
STGM une contribution annuelle (115
k€
pour 50 000 passages en 2014) ;
un contrat par lequel la STGM met deux de ses navettes à disposition de la SEM pour
affichage publicitaire
en contrepartie d’une contribution annuelle de 10
k€
;
une convention relative à la carte Sportignes : pour commercialiser les équipements
sportifs de la station, Tignes Développement a créé un forfait multi-activités dénommé
Carte Sportignes
à durée variable et permettant l’accè
s à la plupart des équipements.
Cette carte peut être offerte sous condition par Tignes Développement aux clients
séjournant sur la station et à certains propriétaires engagés auprès du service
« partenariat propriétaires ». Les porteurs de la carte ayant gratuitement accès au
mini-golf géré par la STGM, la convention prévoit le reversement de 15 % des recettes
de vente des cartes, de la SEM à la STGM. Les montants sont en pratique très faibles
(2 188
€ en 2014)
la carte étant la plupart du temps offerte ;
divers contrats de partenariat ponctuels signés par la STGM et la SEM autour de
projets événementiels de sponsoring.
***
Les réunions hebdomadaires entre la STGM, la SEM et la régie des pistes autour de questions
opérationnelles,
la spécificité de l’actionnariat croisé entr
e la SEM et la STGM et la diversité
des contrats liant les deux entités n’auront
pas suffi à préserver la SEM des relations
dégradées entre la STGM et la commune lors du dernier mandat.
Les services techniques des deux entités ont continué à travailler sur des réalisations
concrètes, mais le contexte entre la commune et la STGM a paralysé toute avancée dans les
relations contractuelles pendant plus de deux ans.
Les réductions budgétaires exigées par la STGM sur le financement du service des pistes ont
eu une répercussion directe sur la SEM Tignes Développement. Ces restrictions se sont en
effet traduites par la diminution de 2400 heures de damage obligeant la SEM à louer une
dameuse pour permettre
l’organisation de
certains événements du Snow Park.
3-
LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Le personnel de la SEM SAGEST Tignes Développement est soumis au droit commun défini
par le Code du Travail. La SEM dispose, selon les années, de 250 à 270 salariés.
La masse salariale de la SEM se caractérise par une forte saisonnalité. Cela
s’explique
par
une proportion importante (74 %) de personnels saisonniers recrutés en contrats à durée
déterminée.
Les salariés bénéficiant d’un CDI sont
donc largement minoritaires (26 % des
contrats) mais représentent 55 % de la masse salariale de la SEM. Beaucoup de CDD sont
des contrats de très courte durée puisque, en 2015, seuls 97 des salariés en CDD ont gagné
plus de 5 000
€ net sur l’année et 196
ont gagné moins de 1 000
.
3.1-
Une masse salariale non maîtrisée
La masse salariale de la SEM a augmenté de 40 % au cours de la période sous revue, soit
une hausse de 1,3 million imputable à plus de deux tiers à un effet prix (hausse de la
rémunération moyenne), l’effet volume (progression des effectifs) ne représentant qu’un tiers
de cette progression.
20/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Tableau 2 : Évolution de la masse salariale
En euros
2007
2008
Variation
2009
Variation
2010
Variation
2011
Variation
2008
2009
vs N-1
2010
vs N-1
2011
vs N-1
2012
vs N-1
Salaires et
traitements
2 442 132
2 471 756
1 %
2 587 955
5 %
2 711 711
5 %
2 916 028
8 %
Charges
sociales
979 845
995 550
2 %
1 052 133
6 %
1 138 223
8 %
1 209 364
6 %
Total :
3 421 977
3 467 306
1 %
3 640 088
5 %
3 849 934
6 %
4 125 392
7 %
Source : CRC à partir des liasses fiscales
* Comme l’indique le rapport de gestion 2013
-
2014, la baisse des charges sociales sur l’exercice 2013
-2014
s’explique par la prise en compte du
CICE pour la première fois depuis son entrée en vigueur.
3.1.1-
Un effet volume positif dû au développement de nouvelles activités
Sur la période sous revue la SEM a connu un accroissement de 11 % de ses effectifs.
Tableau 3 : Évolution des effectifs
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Variation
sur la
période
Effectif au 1
er
janvier
112
111
113
116
119
121
124
125
11 %
Source : Rapports Uniques.
Les nouvelles activités confiées à la SEM expliquent cet accroissement : le cinéma du Val
Claret depuis 2011, le camping des Brévières en 2007 et 2008, la station-service pendant
quelques mois en 2013, la réouverture de Tignespace depuis 2013 et surtout le
développement des activités estivales avec une équipe dédiée qui est passée, sur la période
sous contrôle, de 32 à 65 ETP.
De surcroît, la masse salariale inclut les personnels recrutés par la SEM SAGEST Tignes
Développement pour assurer la gestion du Lagon et des parkings pour le compte de la mairie
(en qualité de régisseur intéressé). Ces personnels représentent une masse salariale
d’environ 1,3
M€ remboursée à la SEM par les budgets annexes
communaux Lagon et
Parkings.
Il n’existe aucun agent détaché de la commune ou d’autres collectivités
mis à disposition
auprès de la SEM SAGEST. Toutefois, des agents de la commune effectuent, sans mise à
disposition et en dehors de tout cadre réglementaire, des prestations informatiques pour le
compte de la SEM, ce qui explique les charges imputées sur le compte « personnel détaché ».
3.1.2-
Une politique de rémunération sans rapport avec la performance de la SEM
L’augmentation de la masse salariale sur la période de contrôle s’explique, pour plus des deux
tiers, par une politique de rémunération généreuse. Cette politique résulte du cumul :
En euros
2011
Variation
2012
Variation
2013
Variation
2014
Variation
Variation
cumulée
2012
vs N-1
2013
vs N-1
2014
vs N-1
2015
vs N-1
sur la
période
Salaires et
traitements
2 916 028
8 %
3 293 789
13 %
3 429 637
4 %
3 512 400
2 %
44 %
Charges
sociales
1 209 364
6 %
1 379 492
14 %
1 205 357
- 13 % *
1 281 432
6 %
31 %
Total :
4 125 392
7 %
4 673 281
13 %
4 634 994
- 1 %
4 793 832
3 %
40 %
21/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
d’une
prime de 1
% par année d’ancienneté
prévue par l
’accord d’entreprise et de
réduction du temps de travail du 27 juin 2000
9
;
d’une
augmentation généralisée annuelle de 2 % versée au titre
d’un accord ad hoc
conclu en 2008 ;
de primes exceptionnelles. Sur la période sous revue, ces primes exceptionnelles ont
été versés en 2012, 2014 et 2015 et ont représenté respectivement 4,3 %, 5,2 % et
1,7 % de la masse salariale nette annuelle. Cette prime, proportionnelle au niveau de
rémunération, a représenté, en 2014, 69
% d’un mois de salaire. Le versement de
ces primes exceptionnelles a été effectué au titre de « la répartition des écarts entre
le budget prévisionnel et le budget réalisé »
10
.
La
chambre s’é
tonne du versement de ces primes. En effet, il est surprenant que les écarts
positifs entre prévisionnel et réalisé soient distribués sous forme de primes exceptionnelles
aux salariés quand les écarts négatifs sont, pour leur part, régulièrement comblés par la
commune via l’attribution de subventions d’équilibre
.
Sur la période 2008-2014, les salariés de la SEM ont ainsi bénéficié, chaque année, hors prime
exceptionnelle d’une augmentation de 3
%. Cela représente une augmentation cumulée de
19,4 % sur la période
quand l’inflation cumulée sur la même période n’
aura été que de 7,5 %.
En réponse aux observations de la chambre, la SEM indique que « des démarches ont été
mises en œuvres avec les instances représentatives du personnel pour revo
ir les grilles et les
primes ».
3.2-
Les modalités de rémunération de la direction
Le précédent rapport de la chambre avait relevé que
«
l’élargissement des missions la SEM
s’est accompagné d’importantes augmentations de la rémunération de ses cadres. De 2003 à
2007, la rémunération brute du directeur de la station a progressé de 62 % (pour atteindre un
montant équivalent à 4,3 fois le SMIC), celle de la directrice adjointe de 29 % (équivalent à 3,2
fois le SMIC), celle de la responsable administrative et financière de 49 % (équivalent à 2,9
fois le SMIC). »
Au cours de
la période sous revue, l’équipe de d
irection a bénéficié des mêmes augmentations
(1 % ancienneté + 2 %
au titre de l’accord
de 2008) et des mêmes primes exceptionnelles
(décembre 2012, décembre 2014 et décembre 2015) que les autres salariés de la SEM. La
plupart des membres
de l’équipe de direction de la SEM a de surcroît
bénéficié de
revalorisations à la faveur d’avenants à leur contrat de travail.
L’évolution moyenne des salaires
bruts
de l’équipe de direction s’est ainsi établie à 28,2
% sur
la période. La progression de la rémunération des cadres de la SEM a donc été substantielle
et sans corrélation aucune avec les résultats de la Société.
***
9
Cet accord indique que, «
à compter du 1
er
janvier 2000, chaque salarié se verra attribuer une prime d’ancienneté
de 1 % du brut par année d’ancienneté
». Cette mesure concerne la majeure partie de la masse salariale. En
effet le salaire des permanents représente 58 % de la masse salariale et, par ailleurs, tout saisonnier présent
dans l’entreprise au 1
er
janvier profite également de cette prime. Enfin, les saisonniers des mois d’été, peuvent
pareillement profiter de la mesure à partir de leur troisième année de service.
10
Extrait du procès-
verbal du comité d’entreprise du 30 octobre 2014.
22/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Les hausses de rémunération systématiques des salariés de la SEM et en particulier de ses
cadres, décorrélées de tout indicateur de performance sont préjudiciables à l’équilibre financier
de la SEM dont le déficit croissant est couvert par les subventions communales.
4-
LA QUALITE
DE L’INFORMATION FI
NANCIERE ET COMPTABLE
4.1-
Une information comptable et financière à parfaire
4.1.1-
Une comptabilité analytique à repenser
La SEM dispose d’une
comptabilité analytique
qui lui permet d’allouer les charges directes en
fonction des différentes missions qui lui sont confiées. Toutefois, les charges de structures ne
sont pas ventilées. De même
, les recettes ne sont qu’
imparfaitement réparties. A titre
d’exemple, la subvention perçue au titre de la DSP «
sports, loisirs, culture
» n’est pas ventilée
par activité mais comptabilis
ée sur l’activité «
sports en commun
». Il n’existe donc pas de
résultat analytique par activité.
De surcroît, la nomenclature analytique ne correspond pas aux différentes missions qui sont
confiées à la SEM dans le cadre des délégations de service public et ne permet donc pas de
porter à la connaissance du délégant les informations nécessaires
à l’exercice de son contrôle.
4.1.2-
Des comptes rendus annuels au concédant ne répondnt pas aux exigences
réglementaires
L’analyse des rapports au concédant élaborés
par la SEM SAGEST Tignes Développement
sur la période sous revue, permet de constater qu’ils ne satisfont pas aux obligations
réglementaires énoncées
à l’article R.
1411-7 du CGCT
En premier lieu, il n’existe pas de compte
de résultat d'exploitation pour chacune des
délégations en raison des lacunes précitées de la comptabilité analytique.
En outre, les comptes rendus
annuels d’activité de concession
(CRAC) sont volumineux mais
peu lisibles. Ils contiennent effectivement quelques chiffres de fréquentation des équipements
(répondant en cela partiellement aux précédentes recommandations de la chambre), mais les
évolutions
d’une année à l’autre
sont complexes à reconstituer
du fait de l’absence
de tableaux
de bord comparatifs retraçant les évolutions sur la période. Les CRAC se bornent à décrire
l’année en cours, en multipliant les informations, sans réelle structuration.
Les évolutions
financières ne sont pas ou très peu expliquées.
Enfin, il n’y a pas de permanence de
s méthodes dans la présentation financière et générale
des CRAC.
La chambre réitère donc sa recommandation précédente et demande à la SEM de se
conformer aux dispositions de l’article
R. 1411-7 du CGCT pour la présentation de ses rapports
annuels.
4.1.3-
La tenue de trois comptabilités distinctes
Les comptes d’exploitation des
délégations de service public gérées en régies intéressées
« gestion des parcs de stationnement payants » et «
gestion de l’espace aquatique et de bien
-
être Le Lagon » ne sont pas intégrés dans les comptes sociaux de la SEM mais font chacun
l’objet d’un budget annexe de la com
mune de Tignes (nomenclature M4, budget annexe SPIC
23/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
de la commune).
La SEM est régisseur intéressé, pour le compte de la commune, des charges et des recettes
générées par les activités « Parkings » et « Lagon »
. Elle n’intègre pas ces charges et recettes
dans ses propres comptes annuels
, à l’exception des charges de personnel qu’elle refacture
aux budgets annexes
11
.
Le résultat d’exploitation, de la gestion par la SEM des parkings et du
Lagon, qu’il soit positif ou négatif n’appartient pas à
la SEM
dès lors qu’
il est réalisé pour le
compte de la commune et est comptabilisé dans les budgets annexes de cette dernière. Les
comptabilités des deux régies intéressées sont tenues sur des exercices calendaires (du 1
er
janvier au 31 décembre) afin d’être alignées sur la périodicité des budgets annexes
municipaux.
La comptabilité propre à la SEM est basée sur des exercices qui courent du 1
er
octobre au 30
septembre.
Il en découle l’existence de
trois entités distinctes dans le logiciel comptable de la SEM :
une pour la régie intéressée « Parkings », avec un compte bancaire dédié et
dénommée « SA SAGEST Tignes Développement Parkings » ;
une pour la régie intéressée « Lagon », avec un compte bancaire dédié et dénommée
« SA SAGEST Tignes Développement Lagon » ;
une pour les activités de la SEM SAGEST Tignes Développement hors régies
intéressées.
De ces trois entités référencées dans le logiciel comptable, seule la SAGEST Tignes
Développement a une existence juridique et donne lieu à des comptes certifiés. Les comptes
des régies intéressées ne font l’objet que d’un examen limité par
un
cabinet d’exp
ertise
comptable
12
.
4.2-
La gestion comptable et le contrôle
des deux délégations de service public gérées
en régies intéressées
4.2.1-
Des recettes et dépenses intégrées en comptabilité publique
Le résultat comptable des deux régies intéressées n’est pas constaté
dans la comptabilité de
la SEM mais dans les deux budgets annexes dédiés de la commune. Les charges et recettes
correspondantes ne font que transiter par la SEM mais n’ont pas d’incidence sur son résultat.
Les conventions pour chacune des deux régies intéressées précisent les modalités des
restitutions comptables telles que prévues par les dispositions de l’article R
. 2222-5 du CGCT.
11
La SEM SAGEST, en tant que régisseur intéressé, est « mandatée » pour exploiter le Lagon et les Parkings pour
le compte de la commune. Ayant, aux termes des conventions d’exploita
tion, la charge de recruter les personnels
pour assurer la gestion de ces équipements, elle embauche sous son n° SIRET et son n° URSSAF et déclare sur
une seule DADS l’ensemble de
ses salariés (pour le compte de ses activités propres et pour le compte des budgets
annexes de la commune qu’elle gère en régie).
12
Les rapports du CAC précisent que les comptes annuels des régies ont été établis sous la responsabilité de la
SAGEST Tignes Développement. Ils indiquent également
«
qu’un examen limité consiste essen
tiellement à
s’entretenir avec les membres de la direction en charge des aspects comptables et financiers et à mettre en œuvre
des procédures analytiques. Ces travaux sont donc moins étendus que ceux requis pour un audit effectué selon
les normes d’exercice professionnel applicables en France. En conséquence, l’assurance que les «
comptes », pris
dans leur ensemble, ne comportent pas d’anomalies significatives obtenue dans le cadre d’un examen limité est
une assurance modérée, moins élevée que celle obtenue
dans le cadre d’un audit
».
24/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
En pratique, les charges et recettes des deux régies intéressées sont saisies, mensuellement
et de manière agrégée par nature comptable, dans les budgets annexes correspondants de la
commune. Pour ce faire, la SEM adresse à la commune mensuellement les balances des
comptes et les grands livres des deux régies intéressées « Lagon » et « Parkings ». Ces
éléments sont adressés à la commune sous forme
d’impressions Excel qui ne sont ni datées
,
ni certifiées.
4.2.2-
…sans pièces
justificatives
Sur la base de ces seuls grands livres et balances des comptes et sans disposer d’aucune
pièce justificative, la commune établit les titres et mandats correspondants dont le tiers est la
SEM. Ces pièces justificatives sont conservées par la SEM pendant troi
s ans (c’est
-à-dire le
délai fiscal), puis sont ensuite transférées à la mairie.
La commune ne rapproche donc jamais les charges et recettes des pièces justificatives
correspondantes et n’exerce donc pas de contrôle sur les charges et recettes gérées pour son
compte par la SEM.
De la sorte, la commune intègre, en comptabilité publique M4, les dépenses engagées par la
SEM au titre des deux ré
gies intéressées sans disposer d’aucune
pièce justificative et le
comptable public se trouve en situation de payer sur la base de mandats sans pièces
justificatives.
Or l
es dispositions de l’article R.
2222-5 du CGCT précisent
que l’ordonnateur
« émet, après
contrôle, les titres de recettes et mandats de dépenses »
. Ce contrôle doit se faire à partir de
pièces justificatives.
La chambre rappelle que le régisseur intéressé doit être considéré comme gérant des deniers
publics et non des recettes privatives et doit, ce faisant, se conformer aux dispositions des
articles R. 1617-11 à 14 du CGCT.
En ce qui concerne les dépenses, le régisseur intéressé doit, conformément à l’article
R. 1617-
14 du CGCT, remettre à la collectivité, au minimum à la fin de chaque mois, les justificatifs des
dépenses qu’il a payées, ce qui n’est pas fait dans le cas d’espèce alors même que le dernier
alinéa de l’article 27 de la DSP du Lagon et l’article 12 de la DSP des parkings le prévoient.
S’agissant des recettes qu’encaisse le régisseur intéressé, elles n’échappent pas à la règle de
dépôt des fonds au Trésor public. Elles doivent donc être encaissées par une
régie d’avance
et de recettes
et le régisseur intéressé doit, conformément à l’article R.
1617-8 du CGCT, les
verser en les justifiant au comptable de la collectivité au moins une fois par mois. La SEM
agissant en qualité de régisseur intéressé ne respecte pas les dispositions susmentionnées.
En réponse, l
’ancien PDG de la SEM justifie cette pratique en indiquant qu’il s’agit de
« la
même caisse : la collectivité et du même patron « le maire qui est aussi président de la SEM ».
La SEM indique avoir « renforcé son contrôle sur les comptes des régies » suite au contrôle
de la chambre et précise que la transmission des comptes sera effectuée mensuellement.
La chambre souligne que la SEM doit impérativement produire mensuellement à la commune
non seulement les comptes, mais également les pièces justificatives
à l’appui des dépe
nses
et recettes que cette dernière intègre dans sa comptabilité.
***
25/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
La SEM doit poursuivre ses efforts en termes d’amélioration de la gestion comptable. L
a
comptabilité analytique doit être restructurée et exploitée de manière à faire apparaître les
comptes pour chacune des délégations de service public confiée à la SEM.
La gestion comptable des régies intéressées doit être revue de manière à permettre un plus
grand contrôle de la commune sur les dépenses et recettes qu’elle intègre dans ses budgets
annexes « Lagon » et « Parkings ».
5-
LA SITUATION FINANCIERE DE LA SEM
Les analyses sont basées sur les comptes sociaux annuels ainsi que sur les éléments de
détails (balances des comptes et grands livres annuels) communiqués par la SEM SAGEST
Tignes Développement.
La présente analyse financière n’inclut pas le résultat d’exploitation de l’activité des deux
régies intéressées Lagon et Parking puisque ce résultat est constaté dans les budgets
annexes de la commune. Les éléments financiers relatifs à ces régies sont présentés dans la
partie afférente aux délégations de service public gérées en régie intéressée.
5.1-
Le compte de résultat
Tableau 4 : Évolution du compte de résultat
En k€
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Ventes de marchandise
32
40
14
16
52
225
112
58
+ Ventes de biens et services
5 704
5 641
7 024
6 591
7 153
7 681
7 084
7 534
= Chiffre d'affaires total
5 736
5 681
7 038
6 607
7 206
7 906
7 196
7 592
+ Subvention d'exploitation
4 312
4 685
4 881
5 055
5 324
5 886
5 335
5 826
= Produit total
10 048
10 366
11 919
11 662
12 529
13 792
12 531
13 418
- Achats de marchandises ( y compris var
de stocks)
26
35
13
11
60
202
85
40
- Achats et charges externes
6 802
6 682
8 433
7 840
8 451
9 352
8 523
8 577
- Impôts, Taxes et versements assimilés
321
344
324
321
373
405
417
425
- Frais de personnel
3 422
3 467
3 640
3 850
4 125
4 673
4 635
4 794
= Excédent brut d'exploitation
-523
-162
-492
-360
-480
-840
-1 130
-418
en % du produit total
-5%
-2%
-4%
-3%
-4%
-6%
-9%
-3%
- Autres charges d'exploitation nettes
- 122
- 102
- 115
- 101
- 118
- 115
- 83
- 164
- Dotations nettes aux am.
256
205
128
70
32
40
5
2
- Dotations nettes aux provisions
- 244
233
- 325
- 49
- 20
- 24
-
- 27
= Résultat d'exploitation
-412
-499
-180
-280
-373
-741
-1 051
-228
en % du produit total
-4%
-5%
-2%
-2%
-3%
-5%
-8%
-2%
+ Produits financiers nets
307
469
469
503
508
521
519
504
- Charges(+) /produits (-) exceptionnels
nets sur opérations de gestion
346
-1
322
3
0
0
-691
53
- Charges(+) /produits (-)
exceptionnels
nets sur opérations en capital
-6
-30
7
4
-3
2
4
0
- Dotations nettes sur am. et prov.
exceptionnelles
-358
0
0
0
0
0
0
11
= Résultat net
-88
1
-38
216
138
-222
155
213
en % du produit total
-0,9%
0,0%
-0,3%
1,9%
1,1%
-1,6%
1,2%
1,6%
Sources : comptes sociaux annuels
5.1.1-
Une forte dépendance par rapport à la commune
La structure des produits de la SEM traduit une forte dépendance financière de la société par
rapport à la commune. Les subventions représentent sur la période en moyenne 75 % du
chiffre d’affaires de la SEM
et 43 % de ses recettes totales.
26/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Tableau 5 : Ratio de subventionnement
En k€
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Evol.
= Chiffre d'affaires total
5 736
5 681
7 038
6 607
7 206
7 906
7 196
7 592
32 %
+ Subvention
d'exploitation
4312
4685
4881
5055
5324
5886
5335
5826
35 %
= Produit total
10 048
10 366
11 919
11 662
12 529
13 792
12 531
13 418
34 %
Subvention/ CA
75 %
82 %
69 %
77 %
74 %
74 %
74 %
77 %
Subvention/ recettes
totales
43 %
45 %
41 %
43
%
42 %
43 %
43 %
43
%
Source : CRC
Le chiffre d’affaire
s de la SEM varie entre 5,7
M€ et 7,9
M€ et a progressé de 32
% sur la
période sous revue.
Ce chiffre d’affaires est majoritairement constitué par les séjours que la
SEM revend via sa centrale de réservation (4 à 5
M€ par an). Elle supporte donc une somme
sensiblement équivalente en charges et ses recettes nettes correspondent uniquement à la
fai
ble marge qu’elle réalise sur la revente de ces séjours.
Entre également dans la composition du chi
ffre d’affaires, près de 1,3 M€ au titre de la mise à
disposition de personnel facturé aux budgets annexes « Lagon » et « Parkings ».
Malgré l’accroissement du chiffre d’affaire
s, la dépendance financière de la SEM reste
constante puisque les subventions qui lui sont versées évoluent proportionnellement à son
niveau d’activ
ité.
Les subventions perçues par la SEM proviennent en quasi exclusivité de la commune de
Tignes dont elles représentent un tiers des charges fonctionnement.
5.1.2-
Une profitabilité dégradée
Malgré un niveau élevé de subventions, un chiffre d’affaire
s et une marge brute en nette
augmentation, la SEM présente un excédent brut d’expl
oitation négatif et en dégradation entre
2008 et 2014 (- 523
k€
en 2007-2008, - 1 130
k€
en 2013-
2014), du fait respectivement d’une
forte
augmentation des charges externes et d’une
importante progression des charges de
personnel. L’amélioration de l’excédent brut d’exploitation
en 2014-2015 est due à la hausse
conjuguée du chiffre d’affaire
s et du montant de la subvention communale.
La profitabilité de la SEM est donc dégradée avec un ratio « résultat d'exploitation / chiffre
d'affaires » systématiquement négatif et avoisinant fréquemment les - 10 %.
Tableau 6 : Ratios de profitabilité
Ratio de profitabilité
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Résultat d'exploitation / Chiffre d'affaires
- 7 %
- 9 %
- 3 %
- 4 %
- 5 %
- 9 %
- 15 %
- 3 %
Source : CRC
5.1.3-
Un résultat net piloté
Bien que le résultat d’exploitatio
n reste invariablement négatif, le résultat net est
systématiquement proche de l’équilibre.
Cela est dû aux
dividendes que perçoit chaque année la SEM en tant qu’a
ctionnaire de la
STGM (400 à 500
k€
par an).
27/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
La subvention versée par la commune
fait fonction de variable d’ajustement
et est calculée de
sorte
que le déficit d’exploitation (qu’elle contribue à minorer de moitié) soit chaque année
couvert par les produits financiers de la SEM afin de parvenir à un résultat net proche de
l’équilibre.
En pratique, le résultat net a oscillé sur la période entre - 1,6 % et + 1,9 % du produit total de
la SEM.
Outre une forte dépendance de la SEM envers la commune et une profitabilité inexistante,
l’analyse du compte d
e résultat montre que les performances financières globales de la SEM
sont pilotées et peu exposées aux
risques d’exploitation, ce que confirme en réponse l’ancien
PDG de la SEM en indiquant que «
le résultat net est systématiquement proche de l’équilibre
[…] c’est le résultat d’un pilotage budgétaire précis
».
En réponse, la SEM indique que cet aspect « sera corrigé dans les nouvelles délégations de
service public dont les procédures de mise en concurrence sont actuellement en cours ».
5.2-
Le bilan
A
l’image de la profitabilité, la rentabilité de la SEM n’est pas bonne.
Pour autant, la situation
bilancielle
ne présente pas de risque particulier. Elle se caractérise toutefois par une forte
contraction des emplois stables du fait du transfert total du portage des investissements à la
commune.
5.2.1-
Un fonds de roulement excessif : contraction des immobilisations et subsistances
de réserves importantes
5.2.1.1-
L’atrophie
des emplois stables : le retrait des immobilisations
A la clôture de l’exercice 2014
-2015, la
SEM ne porte pratiquement plus d’immobilisations
incorporelles ou corporelles à son actif (montant résiduel brut de 5
k€
et net de 1,3
k€
pour les
immobilisations incorporelles et de 39
k€
brut et 2,5
k€
net pour les immobilisations
corporelles).
Tableau 7 : Emplois stables : les immobilisations
Immobilisations nettes en
euros
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Immobilisations incorporelles
27 298
15 364
6 781
3 220
2 744
2 280
1 817
1 353
Immobilisations corporelles
469
734
301
719
130
993
59 029
27 355
11 990
3 963
2 535
Immobilisations financières
319
344
322
021
319
602
322
102
322
900
324
642
325
216
325
216
Total :
816
376
639
104
457
376
384
351
352
999
338
912
330
996
329
104
Source : CRC
En effet, depuis 2009, la SEM ne réalise plus aucune dép
ense d’investissement, ces dernières
étant intégralement portées par la commune.
5.2.1.2-
Des ressources stables structurellement supérieures aux emplois stables
du fait
d’importantes réserves
La SEM n’investissant plus, son recours à l’endettement a été extrêmement limité. A ce jour
elle ne porte plus aucun emprunt bancaire et ne supporte donc aucu
ne charge d’intérêt.
28/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Toutefois, ses ressources stables, bien qu’en décrois
sance sur la période, demeurent à un
niveau élevé
du fait de l’importance des capitaux propres et notamment des réserves.
29/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Tableau 8 : Capitaux propres
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Capital social ou
individuel
762 245
762 245
762 245
762 245
762 245
762 245
762 245
762 245
Réserve légale
76 225
76 225
76 225
76 225
76 225
76 225
76 225
76 225
Autres réserves
555 224
467 430
468 143
429 760
646 011
784 254
561 951
716 990
Report à nouveau
Résultat de l'exercice
(bénéfice ou perte)
-87 794
714
-38 384
216 251
138 243
-222 303
155 039
212 443
Capitaux propres
1 305 900
1 306 614
1 268 229
1 484 481
1 622 724
1 400 421
1 555 460
1 767 903
Source : CRC
Ces réserves ont,
pour l’essentiel, été
constituées avant la période sous revue (de 2005 à
2007) et sont structurellement croissantes puisque la subvention communale ménage
régulièrement une marge bénéficiaire à la SEM, générant ainsi un résultat net positif qui vient
alimenter les réserves.
La baisse du niveau des immobilisations conjuguée à un relatif maintien des ressources
stables a eu mécaniquement pour incidence d’améliorer le fonds de roulement net global
(FRNG) de la SEM.
En réponse aux observations de la chambre l’ancien PDG de la SEM indique qu’il n’a pas
«
recherché une performance pour la SEM dont la seule mission est d’être au service de la
collectivité ». La chambre rappelle que les recettes de la SEM provenant majoritairement
d’argent public, une exigence d’efficience doit prési
der à sa gestion.
5.2.2-
Un besoin en fonds de roulement insignifiant et une trésorerie importante
Le fonds de roulement couvre très largement le besoin en fonds de roulement qui est faible
voire négatif selon les années.
Tableau 9 : FRNG, BFR et trésorerie nette
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
FRNG
709
1 090
903
1 143
1 295
1 095
1 252
1 453
BFR
- 129
269
401
20
- 43
- 37
- 1 126
342
TRESORERIE
NETTE
838
821
501
1 123
1 338
1 132
2 378
1 111
Source : comptes sociaux annuels
La structure financière de la SEM est donc saine et la solvabilité à court et moyen terme est,
par définition, satisfaisante.
La SEM n’a pas d’engagement
s
hors bilan, si ce n’est
les engagements pour pensions,
retraites et assimilés dont le montant est estimé à moins de 30
k€
et la seule participation de
la SEM concerne la STGM, société fortement rentable. Dans ce contexte, la SEM ne présente
intrinsèquement aucun facteur de risque.
***
En dépit
d’une profitabilité et d’une rentabilité dégradées, la SEM présente un
e situation
bilancielle saine.
L’intégr
alité des risques a été transférée à la commune qui porte désormais
l’ensemble
des investissements et dépenses d’équipement et couvre systématiquem
ent le
déficit de la SEM.
30/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6-
LES DELEGATIONS DE SERVICE PUBLIC ET CONVENTIONS DE REGIES
INTERESSEES
Les développements qui suivent concernent
non seulement l’exercice par la SEM des
missions de services public qui lui ont été déléguées par la commune, mais également les
modalités de délégation et de contrôle de la commune, ces deux aspects étant fortement
imbriqués.
6.1-
Des délégations de service public excessivement longues
La SEM SAGEST Tignes Développement est attributaire de quatre délégations de service
public qualifiable d’affermage (i.e. sans investissement à réaliser):
l’a
ccueil, information des touristes, promotion, commercialisation et animation
touristique de la station, depuis 1999, renouvelée en 2010 pour une durée de cinq
ans initialement ;
gestion des installations sportives, culturelles et de loisirs, pour une durée initiale de
15 ans prolongée d’un an par voie d’avenant
;
gestion des parkings en qualité de régisseur intéressé (depuis 2000 avec un
renouvellement en 2010 pour une durée de 11 ans) ;
gestion du complexe aquatique et de bien-être du Lagon en qualité de régisseur
intéressé (depuis 2006, renouvelée en 2010 pour une durée de 11 ans).
L’artic
le L. 1411-2 du CGCT dispose que
« les conventions de délégation de service public
doivent être limitées dans leur durée.
Celle-ci est déterminée par la collectivité en fonction des
prestations demandées au délégataire. Lorsque les installations sont à la charge du
délégataire, la convention de délégation tient compte, pour la détermination de sa durée, de
la nature et du montant de l'investissement à réaliser et ne peut dans ce cas dépasser la durée
normale d'amortissement des installations mises en œuvre »
.
En outre la jurisprudence apprécie la durée de la délégation de service public
à l’aune de
l’équilibre général du contrat. Ainsi, dans un arrêt du 11 août
2009 Société maison Combas,
le C
onseil d’État a rappelé que « la durée normale d'amortissement », telle qu’évoquée à
l’article L.
1411-2 du CGCT correspond à la
« la durée normalement attendue pour que le
délégataire puisse couvrir ses charges d'exploitation et d'investissement compte tenu des
contraintes d'exploitation liées à la nature du service et des exigences du délégant ainsi que
de la prévision des tarifs payés par les usagers ».
C’est donc sur la base de cette « durée
normale d’amortissement
» que doit être déterminée la durée du contrat de concession.
A cet égard, la durée des différentes délégations de service public confiées à la SEM (à
l’exception de la DSP accueil, information
des touristes, promotion, commercialisation et
animation touristique de la station) apparaît
excessive puisqu’aucun investis
sement
n’est
mis
à la charge du délégataire dans le cadre de ces conventions.
En instaurant des délégations de service public pour des durées de 11 à 16 ans, la commune
de Tignes méconnaît les dispositions de
l’article L.
1411-2 du CGCT issu de la loi Sapin du 29
janvier 1993. Cette loi ne prévoyait certes pas de durée maximale mais a entendu contraindre
les personnes publiques à une remise en concurrence périodique de leur délégation de service
publique afin de
« garantir
[…]
la liberté d'accès des opérateurs économiques aux contrats de
délégation de service public et la transparence des procédures de passation »
dont le Conseil
d’Etat, dans un arrêt du 8 avril 2009 «
Commune d’Olivet
»,
a rappelé qu’elles
constituaient
des impératifs d’ordre public.
31/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
L’
ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de concession est venu
entériner ce principe en rappelant à son article 34
« que les contrats de concession sont limités
dans leur durée. Cette durée est déterminée par l’autorité concédante en
fonction de la nature
et du montant des prestations ou des investissemen
ts demandés au concessionnaire […]
»
.
Au-
delà de la question de la durée des conventions, l’étude des modalités de passation des
nouvelles conventions met en exergue le fait que la commune a systématiquement privilégié
la SEM Tignes Développement, en méconnaissance des
dispositions législatives ou
réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d’accès et l’égalité de traitement des
candidats aux délégations de service public.
L’objet et l’équilibre économique de ces contrats seront également exposés afin de mettre en
évidence le véritable périmètre des missions de la SEM, leur extension progressive au
détriment d’une certaine cohérence et les conséquences financières pour la
commune de cette
gestion déléguée.
6.2-
Les DSP en régies intéressées des parkings et du Lagon
Tableau 10 : Les régies intéressées gérées par la SEM SAGEST Tignes Développement
Missions
Forme
Date de
signature
Date initiale
de fin de
contrat
Renouvellement
ou prolongation par voie
d'avenant
Date de fin
de contrat
Complexe
aquatique et de
bien-être « Le
Lagon »
régie intéressée
31/01/2006
01/06/2010
Renouvelée le 27 mai 2010,
à compter du 2 juin 2010
31/05/2021
Exploitation des
parcs de
stationnement
payants
régie intéressée
01/10/2000
30/09/2010
Renouvelée le 24 septembre
2010, à compter du
1
er
octobre 2010
30/09/2021
Source : CRC
6.2.1-
La régie intéressée du Lagon : consistance, modalités de renouvellement et
équilibre économique
6.2.1.1-
Objet de la convention d’exploitation en régie intéressée
Par une convention d’exploitation en régie intéressée, en date du 31 janvier 2006, la commune
de Tignes a confié la gestion du complexe aquatique et de bien-être du Lagon
13
à la SEM
SAGEST Tignes Développement.
Aux termes de cette convention, la commune a mis à disposition de son délégataire l’ensemble
immobilier du complexe aquatique et de bien-être ainsi que les biens et équipements
nécessaires au fonctionnement du service délégué. Elle fait effectuer régulièrement et à ses
frais tous les travaux de gros entretien et de réparation de biens afin de les maintenir en bon
état d’usage et de fonctionnement. La maintenance technique et l’entretien sont en revanche
à la charge du délégataire. La collectivité conserve la responsabilité de la gestion du service
ainsi que le contrôle de ce dernier. Pour ce faire,
le délégataire s’engage à lui fournir tous
renseignements nécessaires à l’exercice de ses droits et obligations. Le délég
ataire paye les
dépenses et encaisse les recettes pour le compte de la collectivité.
13
Ce complexe comprend un espace piscine, (bassin de natation classique de 25 m, piscine ludique, espace tout
petits et pataugeoire, ...), un espace de remise en forme (salle de danse et gymnastique, salle de musculation)
et un espace de balnéothérapie (saunas finlandais, hammam, jacuzzis, douches à jets multiples, lieu de repos
solarium et terrasse extérieure) et un bar.
32/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Cette convention a été conclue pour une durée de quatre ans à compter de la date de mise à
disposition des biens et équipements soit jusqu’au 1
er
juin 2010.
6.2.1.2-
Une procédure de renouvellement respectant formellement les règles mais
ayant conduit à écarter un candidat extérieur au motif de sa moindre
connaissance de la station
Fin 2009, la commune a lancé une nouvelle procédure de délégation de service public. Au
terme de
l’avis d’appel public à la concurrence, cinq sociétés avaient répondu dans les délais
14
.
La commission de délégation de service public, réunie le 01/10/2009 avait arrêté la liste des
candidats autorisés à présenter une offre en écartant l’une des sociétés
15
.
Le cahier des charges avait donc été transmis à quatre sociétés, mais seules deux ont
finalement déposé une offre avant la date limite (12/02/2010) : Tignes Développement et Vert
Marine.
Une négociation a été engagée avec les deux candidats afin qu’i
ls précisent certains points
de leur proposition.
La sélection s’est faite sur la base des critères précisés dans le règlement de la consultation
à savoir :
la capacité du candidat à gérer des infrastructures sportives d’une station touristique
de haute montagne ;
l’engagement du candidat en faveur de l’animation des équipements délégués et sa
capacité à travailler en coordination avec les différents partenaires communaux et
ses autres délégataires ;
l’engagement du candidat en faveur de la coordination
de ses actions avec celles de
la commune, notamment pour la fixation des tarifs des usagers et clients et pour
l’établissement du calendrier annuel d’occupation des installations
;
l’analyse financière et tarifaire des candidats
;
la capacité du candidat à garantir le bon fonctionnement des parties techniques et
des fluides.
Il ressort du rapport d’analyse des offres que la société Vert Marine a été écartée
principalement en raison de sa moindre connaissance du fonctionnement de la station et du
fait qu’il faisait apparaître un déficit d’exploitation prévisionnel plus important que Tignes
Développement.
Cela appelle plusieurs observations :
les critères d’analyse des offres tels que décrits dans le règlement de la consultation
et tels que repris dans l
e rapport d’analyse des offres reposent essentiellement sur la
connaissance de la station, de ses acteurs et sur la capacité du candidat à travailler
en coordination avec eux et secondairement sur la capacité technique du candidat à
gérer un complexe aquatique important ;
le cahier des charges et le règlement de la consultation ont été rédigés en se basant
sur le fonctionnement antérieur du Lagon et, de ce fait, privilégiaient fortement le
candidat sortant ;
les éléments portés à la connaissance des candidats au travers du règlement de la
consultation ne permettaient pas de réduire cette distorsion d’information
vis-à-vis du
14
Heitz system, Action développement loisir, Carilis, Vert Marine, Tignes Développement.
15
La société Heitz system
avait été écartée sans que le motif de son exclusion ait pu être explicité par l’ordonnateur.
33/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
sortant ce qui porte atteinte à la concurrence ;
les résultats d’exploitation prévisionnels présentés par Tignes Développement, plus
avantageux que ceux de Vert Marine, se sont avérés immédiatement manifestement
sous évalués puisque les déficits d’exploitation observés entre 2010 et 2014 ont été
en moyenne supérieurs à ceux avancés par Vert Marine dans son offre. Le PDG de
la SEM de l’ép
oque explique cette dégradation du résultat par la forte hausse du prix
du gaz. La chambre estime pour sa part qu’il y a eu une sous
-évaluation généralisée
des charges
(y compris sur les dépenses de personnel) et une surévaluation des
recettes de la part de la SEM.
Ainsi, si la procédure de mise en concurrence de la délégation de service public a été
formellement respectée, elle a revanche été réalisée sur la base de critères ne permettant pas
de respecter les exigences législatives d’égalité de traiteme
nt des candidats et de libre accès
des concurrents à la commande publique.
6.2.1.3-
Les missions confiées au régisseur intéressé
Le 27 mai 2010, la commune et la SEM SAGEST Tignes Développement ont donc signé une
nouvelle convention d’exploitation en régie intéressée, d’une durée de 11 ans
(jusqu’au
31/05/2021).
Aux termes de cette convention, le régisseur
«
s’engage à assurer la sécurité des usagers et
du personnel, le bon fonctionnement et la continuité de l’exploitation de l’espace ainsi qu’à
mettre en œuvre un service de qualité basé sur la convivialité de l’accueil, la propreté des
installations, l’évolutivité des prestations et leur adaptation à chaque catégorie d’usagers.
»
Les principales missions du délégataire telles que décrites dans le compte rendu annuel au
concédant sont les suivantes :
l’accueil du public (touristique, résident, saisonnier, scolaire, ...)
;
l’information et le conseil
;
l’animation et l’enseignement
;
la sécurité des usagers et du personnel ;
la promotion et la commercialisation des activités et des produits du Lagon ;
le maintien de l’installation en parfait état de fonctionnement.
6.2.1.4-
Les modalités de rémunération du régisseur intéressé du Lagon : absence
d’intéressement au résultat et absence de risque
La régie intéressée est un contrat de délégation de service public par lequel la collectivité
confie à un tiers public ou privé la gestion ou la gestion et l'entretien d'un service. Celui-ci
exploite le service pour le compte de la collectivité, qui assure l'intégralité des dépenses et
recueille la totalité des recettes du service. Le régisseur intéressé agit en tant qu'agent public
ou « mandataire » de la collectivité qui conserve la direction du service. Le régisseur doit être
rémunéré d’une part, directement par la collectivité (garantie d’une recette fixe) et, d’autre part,
en tenant compte en partie, de sa performance en gestion, nécessaire à l’équilibre du contrat.
Le seul risque supporté par le délégataire réside donc dans le caractère plus ou moins
important de son intéressement.
34/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Dans le cas d’espèce, la convention prévoit en son article 28 que
« le délégataire perçoit de
la collectivité une rémunération, comportant une part fixe et une part variable dépendant des
résultats de l’exploitation et qui
permettra notamment au délégataire de couvrir ses frais fixes
généraux. »
La part fixe est constituée d’une rémunération forfaitaire annuelle de 119
600
€ TTC. La part
variable annuelle, telle que prévue à la convention, dépend des résultats de l’exploit
ation et
est déterminée de la manière suivante :
un intéressement par tranche de chiffre d’affaires global réalisé h
ors contrats de
partenariats (7
% jusqu’à 199
999 € HT, 10 % de 200
000 € HT
jusqu’à 499
999
HT, 18 % au-delà de 500
000 € HT), plafonné
à 80
000 € HT par an
;
un intéressement au résultat de gestion réel, plafonné à 25
000 € HT, et calculé de la
manière suivante :
«
si le résultat de gestion réel HT de l’année N est amélioré (comparativement au
résultat de gestion prévisionnel HT du même exercice), le délégataire percevra
une rémunération de 15 % de la différence entre le résultat de gestion réel HT de
l’année N et le résultat de gestion prévisionnel HT du même exercice
;
«
si le résultat de gestion réel HT de l’année N est détérioré (compa
rativement au
résultat de gestion prévisionnel HT du même exercice), le délégataire verra sa
rémunération fixe HT réduite d’un montant de 20 % de la différence entre le résultat
de gestion réel HT de l’année N et le résultat de gestion prévisionnel HT du m
ême
exercice ; la rémunération fixe susvisée ne pourra toutefois pas être réduite de
plus de 30 % ».
un intéressement au chiffre d’affaires engendré par les contrats de partenariats
supérieurs à 5 000 €.
Ces modalités de rémunération appellent les observations suivantes :
il s’agit pour l’essentiel d’un intéressement au chiffre d’affaires qui est mécanique quel
que soit le caractère déficitaire de l’exploitation
et ne repose pas sur le savoir-faire de
l’exploitant
;
il n’existe pas, à proprement parler, d’intéressement au résultat d’exploitation mais un
intéressement à la variation entre le résultat prévisionnel et le résultat constaté.
A titre d’illustration, la rémunération du régisseur intéressé s’est élevée en 2014 à 151
905 €
TTC tandis que l
e résultat d’exploitation était déficitaire de près de 544
000 €.
De surcroît le dernier alinéa de l’article 28 précise que
« si le délégataire a respecté les
dispositions du présent contrat et si malgré une gestion qualifiée de saine, les recettes
n’étaient pas égales ou supérieures aux dépenses, la collectivité s’engage alors à supporter
financièrement le déséquilibre entre les dépenses et les recettes sans pour autant modifier la
rémunération convenue. »
Dès lors, le risque commercial supporté par le délégataire, par principe mineur dans le cas
d’une régie intéressée, est ici
quasiment annihilé.
6.2.1.5-
Un déficit en forte croissance…
La gestion du Lagon depuis le renouvellement de la DSP
s’est traduite financièrement par un
résultat brut
d’exploitation en
déficit croissant sur la période (+ 231
%) qui s’explique par une
forte croissance à la fois des consommations intermédiaires (+ 30 %) et des charges de
personnel (+ 41 %) face à un c
hiffre d’affaire
s atone (+ 0,88 %).
35/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
La stagnation du chiffre d’affaire
s est due à
l’effet conjugué d’
une politique tarifaire inchangée
sur la période
16
et
d’
un important régime de gratuité (notamment pour les porteurs de la carte
Sportignes en été) qui a entraîné une forte diminution de la recette moyenne par entrée. Ainsi,
avec 205
300 entrées en 2014, le Lagon génère un chiffre d’affa
ires quasiment identique à
celui de l’année 2010 où le nombre d’entrées était inférieur
de 7 % (191 229 entrées
17
).
L’
absence de maîtrise des charges a été compensée par la subvention que la commune verse
chaque année pour équilibrer le budget annexe du Lagon, laquelle a plus que doublé en quatre
ans pour atteindre 660 k
en 2014.
Tableau 11 :
Excédent brut d’exploitation et capacité d’autofinancement du budget Lagon
en €
2010
2011
2012
2013
2014
Taux
d'évolution
= Ressources d'exploitation
885 330
897 595
892 864
876 365
893 145
0,88 %
- Consommations intermédiaires
409 483
395 050
468 033
524 376
533 123
30,19 %
- Impôts taxes et versements
assimilés (sauf personnel)
0
0
0
107
97
n.s.
= Valeur ajoutée
475 847
502 545
424 830
351 882
359 925
- 24,36 %
en % du produit total
53,7 %
56,0 %
47,6%
40,2%
40,3%
- 24,95 %
- Charges de personnel
637 626
687 006
759 159
683 541
899 844
41,12 %
+ Autres produits de gestion
1 345
1
47
2
1 253
- 6,83 %
- Autres charges de gestion
3 820
3 388
4 814
3 899
5 136
34,47 %
Excédent brut d'exploitation
- 164 253
- 187 849
- 339 095
- 335 556
- 543 802
231,08 %
en % du produit total
- 18,6 %
- 20,9 %
- 38,0 %
- 38,3 %
- 60,9 %
227,42 %
+/- Résultat financier (réel
seulement)
- 71 648
- 69 399
- 67 246
- 64 629
- 62 099
- 13,33 %
+/- Résultat exceptionnel
(subvention d'équilibre de la
commune)
326 518
351 322
498 755
503 208
660 019
102,14 %
= CAF brute
90 617
94 074
92 414
103 023
54 118
- 40,28 %
en % du produit total
10,2 %
10,5 %
10,4 %
11,8 %
6,1 %
- 40,80 %
Source : CRC
Tableau 12 :
Résultat d’exploitation du Lagon
en €
2010
2011
2012
2013
2014
0,20 %
CAF brute
90 617
94 074
92 414
103 023
54 118
- 40,28 %
- Dotations nettes aux
amortissements
477 417
481 537
479 545
490 668
490 829
2,81 %
+ Quote-part des subventions
d'inv. transférées
386 800
387 463
387 132
387 645
436 712
12,90 %
= Résultat section d'exploitation
0
0
0
0
0
0
Source : CRC
6.2.1.6-
… couvert par une subvention d’équilibre irrégulière
La chambre rappelle que le budget annexe du Lagon est un service public industriel et
commercial.
16
Tarif piscine adulte 5 € et tarif enfant 4 €, fitness 9 € et fitness +piscine 12 €.
17
Source : rapports annuels au concédant.
36/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
En effet, la distinction entre le service public industriel et commercial et le service public
administratif repose sur l’objet du service, les modalités de son fonctionnement et celles de
son financement.
Dans le cas d’espèce, les recettes du budget annexe pr
oviennent majoritairement (57 %) des
recettes d’explo
itation perçues
auprès des usagers. En outre l’activité
est de même nature que
celle à laquelle peut se livrer un particulier ou une entreprise privée et dont les recettes
pourraient provenir des usagers.
L’article L
. 2224-1 du CGCT dispose que
« les budgets des services publics à caractère
industriel ou commercial exploités en régie, affermés ou concédés par les communes, doivent
être équilibrés en recettes et en dépenses ».
Les collectivités ne doivent donc pas les financer par leur budget propre conformément aux
dispositions de l’article L
. 2224-2 du CGCT :
« Il est interdit aux communes de prendre en
charge dans leur budget propre des dépenses au titre des services publics visés à l'article
L. 2224-1 ».
L’autorité délégante ne peut subventionner un S
PIC
qu’à titre dérogatoire et dans des
conditions précisément énumérées dans le deuxième alinéa de l’article précité
:
« Toutefois,
le conseil municipal peut décider une telle prise en charge lorsque celle-ci est justifiée par l'une
des raisons suivantes:
1° Lorsque les exigences du service public conduisent la collectivité à imposer des contraintes
particulières de fonctionnement ;
2° Lorsque le fonctionnement du service public exige la réalisation d'investissements qui, en
raison de leur importance et eu égard au nombre d'usagers, ne peuvent être financés sans
augmentation excessive des tarifs ;
3° Lorsque, après la période de réglementation des prix, la suppression de toute prise en
charge par le budget de la commune aurait pour conséquence une hausse excessive des tarifs
».
Ainsi, outre l’hypothèse rarement rencontrée de sortie d’une période d’encadrement des prix,
la subvention publique doit être justifiée par l’une des raisons suivantes :
soit parce que la collectivité impose des sujétions, à la fois particulières et
exorbitantes par rapport aux règles appliquées pour des services de même nature,
en termes d’organisation et de fonctionnement du service ;
soit, parce que la charge financière des investissements devant être réalisés s’avère
difficile à a
ssumer, notamment au cours des premiers exercices après la création d’un
service.
La première hypothèse porte sur les contraintes de service public imposées au délégataire par
la collectivité pour l’exploitation. La collectivité verse alors des subventions d’exploitation visant
à couvrir une sujétion spéciale, mais ne peut assurer la compensation pure et simple d'un
déficit de fonctionnement.
En outre, les exceptions posées par l’article L
. 2224-2 alinéa 2 du
CGCT sont restrictivement interprétées par le juge. Il faut que ces exigences imposées par la
collectivité soient réellement particulières et exorbitantes.
La seconde hypothèse répond au besoin de financement pour la réalisation d’un ouvrage ou
d’un équipement en mode concessif, ce qui n’est pas le
cas en l’espèce.
Enfin, l’établissement d’une telle subvention doit faire l’objet d’une délibération motivée :
« La
décision du conseil municipal fait l'objet, à peine de nullité, d'une délibération motivée. Cette
délibération fixe les règles de calcul et les modalités de versement des dépenses du service
37/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
prises en charge par la commune, ainsi que le ou les exercices auxquels elles se rapportent.
En aucun cas, cette prise en charge ne peut se traduire par la compensation pure et simple
d'un déficit de fonctionnement ».
La décision doit donc :
justifier, de manière précise et circonstanciée, qu’elle se trouve bien dans l’une des
hypothèses de dérogation à l’interdiction de subventionnement prévues à l’article
L. 2224-2 du CGCT ;
indiquer précisément les dépenses du service qui seront supportées par la collectivité
et en mentionner les modalités de calcul ;
préciser les modalités de leur versement et le ou les exercices auxquelles elles se
rapportent.
Enfin, l’alinéa 5 de l’artic
le L. 2224- 2 du CGCT exige que
« lorsque le service a été délégué,
la part prise en charge par le budget propre ne peut excéder le montant des sommes données
au délégataire pour sujétions de service public et représenter une part substantielle de la
rémunération de ce dernier ».
En l’espèce, la subvention d’équilibre prévue par la convention ne respecte
aucun des critères
précités.
L’ancien ordonnateur explique le fort subventionnement du Lagon par «
le choix
d’une politique tarifaire attractive
», mais ne justifie ni son montant ni son évolution. Si
certaines contraintes de service public sont effectivement imposées (ouverture 10 mois par an
et modération tarifaire), la subvention n’est pas déterminée sur la base de l’évaluation de ces
contraintes spécifiques.
A cet égard il convient d’ailleurs de souligner que la forte croissance
de la subvention d’équilibre sur la période ne saurait être justifiée par une quelconque évolution
des contraintes de service public qui sont restées inchangées sur la période.
En outre, cette subvention d’équilibre n’a fait l’objet, jusqu’en 2015, d’aucune
délibération
motivée
18
et la délibération de 2015 ne répond pas aux exigences précitées.
Il découle de ce qui précède que le budget annexe du Lagon a été irrégulièrement
subventionné.
***
L’absence
de
concurrence effective concernant l’attribution de cette régie intéressée, sa durée
excessivement longue, l’absence d’intéressement du régisseur au résultat d’exp
loitation ont
conduit à dévoyer
l’intérêt de ce mode de gestion
.
Le postulat initialement posé du comblement systématique du déficit de cette activité (par
nature déficitaire) a autorisé une dérive des charges de gestion avec pour incidence le
doublement de la subvention d’équilibre attribuée par la commune.
6.2.2-
La régie intéressée des parkings : consistance, modalités de renouvellement et
équilibre économique
6.2.2.1-
Une mise en concurrence formelle
Par une convention d’exploitation en régie intéressée, en date du 12 décembre 2000, la
commune de Tignes a confié, pour une durée de dix ans
l’exploitation et la gestion des
parkings de la station à la SEM SAGEST Tignes Développement.
18
La première délibération a été adoptée en ce sens en mai 2015.
38/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Au terme de l’avis d’appel public à la concurrence effectué dans le cadre de la procédure de
renouvellement de la DSP, quatre sociétés
19
avaient répondu dans les délais, dont trois
sociétés ayant la gestion des parcs de stationnement pour
cœur de métier.
La commission de délégation de service public, réunie le 10 février 2010 a arrêté la liste des
candidats autorisés à déposer une offre sur cette base et a envoyé le cahier des charges à
ces quatre sociétés. Seule Tignes Développement a présenté une offre à la date limite.
L’absence de dépôt des offres par les autres candidats est vraisemblablement liée à la nature
des critères de sélection énoncés dans le règlement de la consultation à savoir :
l’expérience du candidat dans la gestion des parcs de stationnement, notamment
pour une station touristique de haute montagne ;
la capacité du candidat à répondre aux objectifs de la collectivité en matière de
service aux usagers ;
l’analyse
de la situation financière des candidats ;
la capacité du candidat à garantir le bon fonctionnement des parties techniques et
des fluides ;
la capacité du candidat à travailler en coordination avec les différents partenaires
communaux et ses autres délégataires.
Ces critères accordent donc une place importante à la qualité des relations entre le
délégataire, la commune et les autres partenaires communaux sans porter à la connaissance
des candidats des éléments de connaissance suffisamment précis sur les exigences de la
collectivité et sur la présentation des autres partenaires communaux.
Une des
sociétés qui avait fait acte de candidature suite à l’appel public à la concurrence
,
(SAGS, gérant des park
ings de Val d’Isère
) avait indiqué au maire ne pas avoir déposé d
’offre
du fait de la distorsion de concurrence en faveur du candidat sortant qui transparaissait à la
lecture du règlement de la consultation et du cahier des charges.
6.2.2.2-
Les missions confiées au régisseur
: des activités étrangères à l’objet de la
délégation
La 24 septembre 2010, la commune et la SEM SAGEST Tignes Développement ont donc
signé, pour une durée de 11 ans, une délégation de service public pour la gestion des parcs
de stationnemen
t payants de la commune de Tignes, sous forme d’une régie intéressée.
Aux termes de cette convention le régisseur est notamment tenu :
d’effectuer la gestion et l’exploitation des parcs de stationnements
(payants et
gratuits) mais également de divers services annexes mis à disposition par le
délégant ;
de conseiller la commune sur une vision globale du stationnement sur l’ensemble du
territoire et en matière de stationnement et de circulation lors de manifestations et
gros événements ;
de contribuer à l’accueil des touristes (aide au chaînage
et pré-accueil avec des
« ambassadeurs »
) et à l’animation de la station (en prévoyant des renforts de
personnels lors des événements).
19
Groupe Interparking, SAGS, Vinci Park et Tignes Développement.
39/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Il semble dès lors qu’une partie
de ces activités (stationnement gratuit, activité de conseil de
la commune, accueil des touristes et animation)
relèvent d’activité
s étrangères
à l’objet
de la
délégation qui consiste
uniquement en l’exploitation et la gestion des
parcs de stationnement
payants.
En outre cette délégation recouvre non seulement la gestion du stationnement en ouvrage,
mais également celle du stationnement en voierie alors que ces deux domaines répondent à
des logiques juridiques et économiques différentes.
Le nombre de places de stationnement gérées dans le cadre de la délégation est de
2 579 places couvertes et 1
075 places en extérieur. L’exploitation payante ne concerne que
la période allant de début décembre à début mai, la commune souhaitant que les parkings
soient gr
atuits le reste de l’année.
La tarification repose sur le principe de la gratuité pour un stationnement de moins de deux
heures puis s’effectue par période indivisible d’une heure jusqu’à 12h
, ce qui contrevient à
l’obligation réglementaire de tarification au quart d’heure depuis le 1
er
juillet 2015.
6.2.2.3-
Les modalités de rémunération du régisseur
La rémunération du régisseur est constituée :
d’une part fixe s’élevant à 59
800€ TTC
par an ;
d’une part variable annuelle dépendant des résultats d’exploitation
du service et
composée comme suit :
3
% du chiffre d’affaires HT
une part, plafonnée à 50 000
€, liée au montant HT reversé par le régisseur
intéressé au budget des parkings (résultat d’exploitation)
: 5 % pour la part
inférieure à 800
k€
€ HT, 10
% entre 800
k€
et 1 100
k€
, 15 % au-delà.
Il n’est pas prévu d’indemnisation du délégant en cas de diminution du chiffre d’affaires.
6.2.2.4-
Le
paradoxe de l’
équilibre économique des parkings : une manne
financière pour la SEM, un poids mort pour la commune.
Ces modalités de rémunération du régisseur intéressé engendrent une situation paradoxale
où ce dernier perçoit une importante rémunération au titre de son intéressement
(239 148
TTC en 2014) alors que la situation bilancielle du budget annexe parkings est
critique.
40/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Tableau 13 :
Excédent brut d’
exploitation et CAF du budget « Parkings »
en €
2010
2011
2012
2013
2014
Taux
d'évolution
Chiffre d'affaires
2 164 233
2 103 211
2 134 944
2 152 234
1 944 195
- 10,17 %
= Ressources d'exploitation
2 164 233
2 103 211
2 134 944
2 152 234
1 944 195
- 10,17 %
- Consommations intermédiaires
761 792
631 568
396 604
606 195
468 071
- 38,56 %
- Impôts taxes et versements
assimilés (sauf personnel)
697
695
1 364
3 096
4 731
578,69 %
= Valeur ajoutée
1 401 744
1 470 949
1 736 976
1 542 944
1 471 393
4,97 %
en % du produit total
64,8 %
69,9 %
81,4 %
71,7 %
75,7 %
16,82 %
- Charges de personnel
426 139
428 311
453 258
416 438
452 914
6,28 %
+ Autres produits de gestion
139 917
133 974
158 604
114 534
97 074
- 30,62 %
- Autres charges de gestion
1 821
1
1 350
1 336
725
- 60,20%
Excédent brut d'exploitation
1 113 701
1 176 611
1 440 972
1 239 703
1 114 829
0,10 %
en % du produit total
51,5 %
55,9 %
67,5 %
57,6 %
57,3 %
11,26 %
+/- Résultat financier (réel
seulement)
- 614 579
- 649 881
- 965 755
- 751 218
- 648 334
5,49 %
+/- Résultat exceptionnel (réel,
hors cessions)
- 15 529
- 12 086
- 12 652
- 9 446
- 14 330
- 7,73 %
= CAF brute
483 593
514 644
462 565
479 038
452 165
- 6,50 %
en % du produit total
22,3 %
24,5 %
21,7 %
22,3 %
23,3 %
4,08 %
Source : CRC
En effet l
’exploitation
du budget annexe parking est
satisfaisante puisqu’en dépit d’une baisse
du chiffre d’affaires (
- 10
%), l’excédent brut d’exploitation se
maintient en valeur absolue
grâce à une forte diminution des consommations intermédiaires (- 38 %), et ce, malgré une
hausse des dépenses de personnel (+ 6,3 %).
Toutefois, la capacité d’autofinancement ainsi dégagée ne permet pas de couvrir les annuités
en capital de la dette qui sont élevées et croissantes sur la période sous revue (+ 16 %).
L’encours de dette du budget annexe
« parkings », net de la trésorerie,
s’élève en effet à
13,6
M€ en 2014 soit plus de 30
% de l’encours de dette consolidé de la commune.
Il atteint
donc un niveau critique - avec une capacité de désendettement dépassant 25 ans
et
présente, de surcroît,
un risque notoire puisqu’il comprend un produit structuré c
lassé hors
charte Gissler (F6) dont le taux a dépassé 24 % en 2015.
Tableau 14 : Le financement des investissements du budget « Parkings »
en €
2010
2011
2012
2013
2014
CAF brute
483 593
514 644
462 565
479 038
452 165
- 6,50 %
- Annuité en capital de la dette (hors autres
dettes)
508 061
525 925
529 425
567 360
589 904
16,11 %
= CAF nette ou disponible (C)
- 24 468
- 11 281
- 66 860
- 88 322
- 137 739
n.s.
+ Recettes d'inv. hors emprunt (D)
0
0
0
0
0
0
= Financement propre disponible (C+D)
- 24 468
- 11 281
- 66 860
- 88 322
- 137 739
462,94 %
Financement propre dispo / Dépenses
d'équipement
- 5,3 %
- 71,1 %
- 1
494,4 %
- 13 077,7 %
- 427,1 %
7975,48 %
- Dépenses d'équipement (y compris
travaux en régie et dons en nature)
462 634
15 864
4 474
675
32 250
- 93,03 %
= Besoin (-) ou capacité (+) de
financement
- 487 102
- 27 145
- 71 334
- 88 997
- 169 989
- 65,10 %
Nouveaux emprunts de l'année (y compris
pénalités de réaménagement)
0
0
0
0
0
0
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du
fonds de roulement net global
- 487 102
- 27 145
- 71 334
- 88 997
- 169 989
- 65,10 %
Source : CRC
La commune se trouve donc dans la situation paradoxale où elle rémunère de manière
41/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
substantielle son régisseur intéressé alors qu’elle présente un besoin de financement
sur ce
budget et finance les investissements afférents en prélevant sur son fonds de roulement.
Enfin, la situation du budget annexe « parkings » commence à se dégrader y compris en
exploitation avec une diminution importante des recettes en 2014 (- 208
k€
) qui se confirme
en 2015.
Le délégataire
explique cette baisse de chiffre d’affaires par la diminution de la
commercialisation des places de parkings via les hébergeurs de la station
20
et par un
changement de mode de transport de la clientèle qui privilégieraient de plus en plus le
transport collectif.
***
L’absence de remise en concurrence réelle de cette régie intéressée, sa durée excessivement
longue et le maintien d’un niveau élevé de rémunération du régisseur malgré la contraction du
chiffre d’affaire
s, entretiennent une situation de rente pour la SEM.
Une délégation de service public sous forme d’affermage aurait été plus profitable à la
commune qui aurait ainsi pu transférer une part de risque plus importante à son délégataire.
Bien qu’elle assure la gestion des parkings depuis plus d
e 15 ans, cette mission ne constitue
pas le cœur de métier de la SEM SAGEST Tignes Développement. La baisse du chiffre
d’affaires des parkings depuis 2013 doit conduire la SEM
et le délégant
à s’interroger sur
le
professionnalisme
de la gestion en la matière.
6.3-
Les délégations de service public « accueil, information, promotion, animation » et
« gestion des infrastructures sportives, culturelles et de loisirs »
La commune de Tignes a conclu deux délégations de service public (hors régies intéressées)
avec la SEM SAGEST Tignes Développement.
Tableau 15 : Les régies intéressées gérées par la SEM SAGEST Tignes Développement
Source : CRC
20
Les hébergeurs interviennent comme des « revendeurs »
des places de parkings. En 2014 l’hébergeur «
Maeva »
a décidé de ne plus travailler avec la SEM et donc de ne plus commercialiser ses places de parking auprès de
ses clients. Le Club Med a également une politique de co
mmercialisation inégale à l’égard de la SEM.
Missions
Forme
Date de
signature
Date
initiale de
fin de
contrat
Renouvellement
ou prolongation par voie
d'avenant
Date de fin
de contrat
Accueil, information des
touristes, promotion,
commercialisation et
animation touristique de
la station
Délégation de
service public
24/12/1999
01/01/2010
Renouvelée le 21 décembre
2009, à compter du 1er
janvier 2010 pour une durée
de 6 ans.
Puis prolongée en 2015 par
voie d’avenant pour une
durée d’un an
31/12/2016
Gestion des
installations sportives,
culturelles et de loisirs
Délégation de
service public
23/09/1999
23/08/2014
Prolongation par voie
d'avenant le 12 mars 2012,
jusqu’au 31 décembre 2015.
Puis convention de gestion
provisoire
d’1 an.
31/12/2016
42/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6.3.1-
Historique et consistance de ces deux délégations de service public
6.3.1.1-
La DSP « gestion des installations sportives, culturelles et de loisirs »
La SEM SAGEST Tignes Développement est délégataire de service public relatif à la gestion
des installations sportives, culturelles et de loisirs depuis le 23 septembre 1999 en vertu
d’une
convention dont le terme initial était le 31 décembre 2014. Par cette convention, la commune
de Tignes a confié à la SEM la gestion, l’entretien coura
nt
et l’animation d’une
dizaine
d’infrastructures sportives, culturelles et de loisirs aménagées par la commune
21
. Cette
convention a fait l’objet de quatre avenants
.
Un avenant n° 1 en date du 11 mai 2003 prévoyait
la prolongation de la gestion de l’espace
forme pour l’hiver 20
02-
2003 et l’été 2003.
L’avenant n°
2 en date du 12 août 2008 intégrait de nouveaux équipements dans le périmètre
de la délégation
22
.
L’avenant n
° 3 du 12 mars 2012 ajoutait de nouveaux équipements au périmètre de la
délégation (dont les nombreux équipements du bâtiment Tignespace entièrement rénové) et
prolonge la durée de la convention afin de l’aligner sur la durée de la DSP «
accueil,
information des touristes, promotion et commercialisation de la station »
23
.
L’avenant
n° 4 en date du 18 mars 2014 créait une annexe tenant lieu de récapitulatif des
obligations de Tignes Développement.
Selon l’article 14 de cette convention de DSP, la SEM est
rémunérée par les recettes perçues
auprès des usagers, par les recettes générées par ses activités propres, par des subventions
d’équilibre versées par la commune et, le cas échéant, par d’autres subventions publiques.
6.3.1.2-
La DSP accueil, information des touristes, promotion, commercialisation
et animation touristique de la station
La SEM SAGEST Tignes Développement a également endossé une délégation de service
public relative à l’accueil, l’information des touristes, la promotion, la commercialisation et
l’animation touristique de la station de Tignes.
Cette DSP a été conclue avec la SEM le 24 décembre 1999, puis renouvelée, après une
procédure de mise en concurrence formelle, le 21 décembre 2009 pour une période courant
du 1
er
janvier 2010 au 31 décembre 2015. En effet, les missions initialement incluses dans
cette DSP relevaient pour l’essentiel d’un office du tourisme, ce qui
restreignait, de fait, le
champ de la concurrence et ne pouvait que conduire à retenir la SEM SAGEST à qui la
21
Dont la zone de la plage des sports (court de tennis, zon
es d’activités nautiques, école de cirque en été, chalet
de pêche, jeux d’enfants, zone de trampoline, terrains pour jeux de ballons, patinoire naturelle d’hiver), zone de
Lognan (stade de football, stand de tir à l’arc, terrains de jeux de ballons, centre
équestre d’été), complexe
Tignespace (équipements sportifs et salles de congrès), zone de loisirs de Boisses, stand de neige de Tignes
(stade Olympique, slalom parallèle, snow park), zone d’escalade du Chevril, zone d’activité nautique de la retenue
du Ch
evril, zone de loisirs du quartier des Brévières (tennis et volley), locaux d’accueil.
22
N
otamment la salle Corail de l’espace aquatique et de bien
-être, le skate park, le gliss park, une structure
multisports, un practice de football, un terrain de basket, un terrain de boules, un beach soccer, un beach volley,
des pistes de VTT.
23
La convention justifie cet alignement par le fait que «
les missions confiées dans le cadre de la présente DSP
sont interdépendantes des missions confiées dans le cadre de la DSP « accueil, information des touristes,
promotion et commercialisation de la station
»
[…]
qui ne peuvent être réalisées qu’avec les moyens et les
infrastructures
[visées par la présente DSP] qui en sont le support indispensable. Il apparaît donc indispensable
lors de leur renouvellement de les fusionner afin de lancer une procédure unique de délégation de service public.
» Selon les termes de la convention, l’alignement des DSP répond à un motif d’intérêt général qui autorise, aux
termes de l’article L.
1441-
2 du CGCT, une prolongation d’un an.
43/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
commune a entendu
confier ces missions depuis la dissolution de l’office de tourisme
de
Tignes en 1999.
L’avenant n°
1, signé le 23 décembre 2010, élargissait les missions déléguées à la gestion
des baux et sous-baux conclus entre 2002 et 2004 avec les propriétaires rénovateurs et les
agences immobilières
(au titre de la convention rénovation initialement conclue en 1997) avec
pour mission de poursuivre et faire évoluer le classement « label confort Tignes » et de
modifier
le système d’incitation à la rénovation afin d’as
surer une meilleure fréquentation de la
station.
L’avenant n°
2
en date du 20 juillet 2011 intégrait la gestion et l’animation du complexe
cinématographique dans le périmètre de la délégation.
Par
l’avenant n°
3, signé le 10 avril 2012, la commune mettait de nouveaux équipements à
disposition du délégataire.
L’avenant n°
4, signé le 25 mai 2013, intégrait la gestion de la station-service de Tignes le Lac
dans le périmètre des missions déléguées.
Par l’avenant n°
5, signé le 2 octobre 2013, la commune mettait de nouveaux locaux et
équipements à disposition du délégataire (essentiellement relatifs à la gestion de la station-
service).
L’article 5 du contrat, énumère les missions déléguées qui, au gré des avenants
, se sont
considérablement élargies. Aujourd’hui la SEM est chargée de l’accueil et l’information des
touristes sur tout le territoire de la station, de la promotion de la station, de la mise en œuvre
de la politique du tourisme, de la gestion d’une centrale de réservation d’hébergement en
location ou à l’hôtel, de la promotion commerciale des offres d’hébergements touristiques, de
la gestion de baux conclus avec des propriétaires rénovateurs et des agences immobilières
dans le cadre de l’opération de rénova
tion de la station, de
la gestion d’un complexe
cinématographique et de
la gestion d’une station
-service. Les activités confiées au délégataire
sont donc nombreuses et diverses.
Selon l’article 18 du contrat, la SEM se rémunère grâce aux recettes perçues
directement sur
les usagers, aux recettes de la taxe de séjour que lui reverse la commune, aux subventions
d’équilibre versées par la commune, aux autres subventions publiques le cas échéant, et aux
recettes issues de ses activités propres.
Un certain no
mbre d’éléments constitutifs du fonctionnement de ces DSP et leurs
modifications successives laissent à penser que les missions
assumées par la SEM dans ce
cadre et leurs modalité
s de mises en œuvre ne
peuvent être qualifiées de
délégations de
service public.
6.3.2-
Des DSP
contenant des clauses irrégulières et émaillées
d’
avenants modifiant
l’objet de la délégation
6.3.2.1-
L’indemnisation illégale de biens de retour à la valeur vénale
Les dispositions des conventions de DSP susmentionnées relatives au traitement des biens à
l’échéance
des contrats, sont, dans leur rédaction actuelle, irrégulières.
L’article 20 de la convention de délégation
« gestion des installations sportives, culturelles et
de loisirs » prévoit
: «
A l’expiration du contrat, l’exploitant sera
tenu de remettre gratuitement
à la commune en état normal d’entretien et de fonctionnement, tous les équipements qui font
partie intégrant du service. Les installations correspondant à des extensions qui auraient été
44/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
financées par le délégataire seront remises à la commune moyennant, si elles ne sont pas
amorties, une indemnité calculée à l’amiable ou à dire d’expert, en tenant compte
notamment
de leurs conditions d’amortissement
».
La chambre rappelle que les biens nécessaires
à l’exploitation du service public délégué,
qu’ils
aient été mis en affermage ou qu’ils aient été fournis par le délégataire sous l’emprise du
contrat sont tous des biens de retour dont il doit être fait retour gratuit à la commune,
L’indemnisation de ces biens n’est possible que lorsqu’ils n’ont pu être amortis sur la durée de
la convention et ne peut excéder la valeur nette comptable des biens en question.
6.3.2.2-
Le rachat des biens de la délégation par la commune
Aux termes des contrats de DSP, la commune met à disposition de la SEM les différentes
infrastructures sportives, culturelles et de loisirs
à charge pour le délégataire d’en assurer leur
entretien, leur réparation et éventuellement le renouvellement de certains composants afin
qu’ils soient rendus au délégant dans leur état initial
24
.
Toutefois, depuis 2009, l
’intégralité des achats d’équipement
s est assurée par la commune
qui les met à disposition de la SEM. Le périmètre des dépenses à la charge du délégataire
s’est donc
, contrairement au contrat, considérablement amoindri, et ce, au détriment de la
commune qui, tout en ayant maintenu son niveau de subvention, doit désormais supporter, en
sus des investissements initiaux,
des dépenses d’équipement non initialement à sa charge.
De surcroît, chaque année, les équipements antérieurs à 2009 complètement amortis au bilan
de la SEM, mais encore utilisés sont cédés à la commune de Tignes, pour u
ne valeur d’usage
certes faible, mais supérieure à la valeur nette comptable (laquelle par définition est à zéro
s’agissant de biens amortis).
Un certain nombre de ces biens sont partie intégrante des
équipements mis en affermage par la commune dans le cadre des délégations de service
public (ex : filets du stade de compétition, les trampolines,
caisses, centre d’appel). La
commune rachète donc pour une valeur d’usage certains biens de la délégation
qui ont une
valeur comptable nulle.
En vertu du principe rappelé précédemment et selon lequel les biens nécessaires à
l’exploitat
ion du service public délégué font retour gratuit à la commune, ce rachat des biens
de la délégation par la commune à une valeur excédant la valeur nette comptable est irrégulier.
Seuls les biens de reprises, c’est
-à-dire utiles mais non indispensables à l
’exploitation du
service public délégué, peuvent faire l’objet d’un rachat à la valeur vénale à l’échéance de la
convention, et ce quels que soient les droits contractuellement consentis sur les biens pendant
la durée d’exécution du contrat.
La commune
s’est donc trouvée en situation
depuis 2009, d’assumer des dépenses
d’équipements initialement à la charge du délégataire et de racheter les équipements acquis
par le délégataire sous l’emprise du contrat.
Ces dispositions, au demeurant sans base contractuelle, ont irrégulièrement
modifié l’équilibre
du contrat initial au détriment de la commune.
24
L’article 9 de la convention de DSP «
sports, loisirs et culture » précise : «
Lieux et matériels devront être
entretenus en bon état de réparation locative pendant toute la durée du contrat et rendus, à échéanc
e, dans l’état
où le délégataire les aura reçus.
»
45/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6.3.2.3-
Des a
venants modifiant l’objet et l’économie du contrat
Il convient de relever que les avenants successifs ont eu pour effet non seulement d’augmenter
le nomb
re d’équipements dont la gestion est déléguée à la SEM mais également d’élargir le
champ des missions de la SEM à des domaines initialement non prévus dans le contrat initial.
La chambre rappell
e qu’aux termes de l’article L.
1411-2 du CGCT
« les conventions de
délégation de service public ne peuvent contenir de clauses par lesquelles le délégataire prend
à sa charge l'exécution de services ou de paiements étrangers à l'objet de la délégation. »
Le périmètre des missions initialement dévolues à la SEM ayant été formulé en des termes
relativement génériques, il ne peut être considéré que les inclusions de ces nouvelles missions
sont, au sens strict, étrangères à l’objet initial des conventions de DSP.
Cependant, ces avenants ont parfois consisté en l’adjo
nction de missions qui étaient
clairement détachables des missions initialement déléguées et qui auraient pu et dû faire, en
tant que telles, faire
l’objet de pro
cédures distinctes permettant de mettre en concurrence la
délégation de ces missions. C’est no
tamment le cas pour la gestion du cinéma et de la station-
service qui réclament en outre des compétences spécifiques dont la SEM SAGEST ne
disposait a priori pas au moment de la délégation de ces nouvelles missions.
Le PDG de la SEM de l’époque justifie c
es adjonctions par la nécessité de préserver ces
services sur la station dans un contexte de défaillances des acteurs privés.
L’adjonction de missions nouvelles pas voie d’avenant a
donc eu pour effet d’écarter des
opérateurs extérieurs potentiellement mieux disant en favorisant la SEM SAGEST Tignes
Développement sur des activités spécifiques.
6.3.3-
Un fonctionnement qui ne relève pas d’une délégation de service public
En première analyse les deux conventions de DSP susmentionnées consistent en un
affermage,
la SEM assurant l’exploitation d’équipements construits par la commune.
Toutefois, l’analyse des bases contractuelles et des modalités de mise en œuvre de ces
missions permet de considérer qu’elles ne relèvent pas de délégations de service public.
Cette analyse est présentée de manière détaillée en annexe du présent rapport. Il en ressort
que la commune de Tignes a entendu déléguer des services publics, caractérisés par des
contraintes de services publics imposées au délégataire. Toutefois, en dépit des dispositions
contractuelles,
le contrôle exercé par la commune s’avère, dans les faits, partiel.
En outre,
le déficit de la SEM étant systématiquement couvert par la commune, aucun risque
d’exploitation ne pèse sur le délégataire. La qualification de dél
égation de service public a
donc été adoptée à tort et les missions confiées à la SEM s’apparente à
un marché public de
service.
De surcroît, le comblement du déficit
d’exploitation
au moyen de subventions
d’équilibre
irrégulières, puisque versées à un service public industriel et commercial, méconnait les
règles posées par
l’article
L. 2224-2 du CGCT.
46/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6.3.4-
Une procédure
d’unification
des DSP stoppée
6.3.4.1-
Les motifs d’une fusion des DSP…
Le terme des deux DSP « sports » et « tourisme » étant le 31 décembre 2015, le conseil
municipal de la commune de Tignes a décidé, par une délibération du 25 février 2015, de
lancer une nouvelle procédure de publicité et de mise en concurrence en vue de la conclusion
d’une seule délégation de service public portant, cette fois, sur l’ensemble des activités faisant
l’objet des deux contrats actuels.
Ce processus de fusion des DSP était motivé initialement, selon les responsables de la SEM,
par le constat que la SEM SAGEST Tignes Développement, si elle
n’
est pas toujours la seule
à présenter sa candidature, est en revanche la seule
à présenter une offre et qu’il s’agit d
onc
d’éviter à Tignes Développement
de déposer un dossier pour chaque DSP et à la commune
d’instruire deux dossiers. Pour le délégant et le délégataire, l’objet de cette fusion était donc
de gagner en cohérence et de simplifier les processus administratifs.
Cette approche semble confirmer
pour la chambre que la mise en concurrence n’est que
formelle et vécue comme une simple contrainte par
les deux parties qui n’envisagent
aucunement
qu’elle
puisse avoir pour effet de concurrencer la SEM sur « son champ de
compétence »
ou permettre d’accroître la quotité de la prestation fournie.
6.3.4.2-
… ayant
un effet anti-concurrentiel
La première phase de cette mise en concurrence, s’est achevée le 27 mai 2015, date limite
de dépôt des candidatures. Elle s’est accompagnée d’une publicité sur le site internet de la
commune.
L’avis d’appel public à la concurrence, publié le 8 avril 2015, mentionnait qu’une subvention
d’équilibre serait toujours versée à l’attributaire par la commune de Tignes. Nonobstant la
qualification de « services administratif » qu’adopte le délégant dans cet avis d’appel public à
la concurrence, le caractère industriel et commercial de la plupart des activités déléguées reste
indubitable - les modalités de fonctionnement et de financement étant similaires à celles
prévues dans les conventions précédemment étudiées. Cette qualification contractuelle ne
permet pas au
délégant de contourner l’interdiction des subventions d’équilibre posée à
l’article L.
2224-2 du CGCT.
L
e fait d’avoir fusionné les deux DSP en une seule est problématique à plusieurs titres.
En premier lieu, la doctrine administrative a rappelé à diverses reprises que chaque service
public distinct devait faire l'objet d'une convention propre, et qu'était contraire aux règles de la
gestion déléguée l'exploitation sous une même convention de deux ou plusieurs services
publics différents, afin notamment d
’éviter qu'une activité
industrielle et commerciale déficitaire
soit financée par les usagers d'un autre service.
Ensuite, la doctrine considère que
« le regroupement de services publics au sein d'une DSP
unique est susceptible d'avoir des effets anticoncurrentiels dès lors qu'elle aboutit
automatiquement à la constitution de groupements momentanés d'entreprises, alors même
que, si les services publics n'étaient pas regroupés, des candidatures individuelles auraient
été rendues possibles »
25
.
25
V. De Sigoyer, Une pluralité de services publics dans une délégation de service public unique : est-ce possible?,
Droit Administratif n°1, Janv 2015.
47/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
C’est d’ailleurs le sens des conclusions du rapporteur public relative à l’arrêt du Conseil d’Etat
du 13 juillet 2012
« Commune d’Aix
-en-Provence » qui indiquait
qu’
« une délégation dont le
périmètre engloberait des prestations totalement distinctes et qui aurait ainsi pour effet
d’écarter de l’accès à la commande publique des opérateurs spécialisés dans les unes ou
dans les autres, sans que ce choix soit justifié par un motif tenant à la bonne exécution du
service public, pourrait prêter à critiques. »
En l’espèce,
les activités déléguées,
telles que mentionnées dans l’appel public à la
concurrence,
comprennent notamment l’accueil et l’information des touristes, la promotion de
la station, la gestion d’une cen
trale de réservation des offres
d’hébergements, la mise en
œuvre d’une opération de rénovation immobilière, la gestion des installations sportives et
culturelles, l’organisation de manifestations sportives et culturelles
et la gestion
d’un complexe
cinématographique. Un certain nombre de ces missions constituent donc des activités
substantiellement distinctes (notamment le cinéma, la gestion de la centrale de réservation et
la gestion d’infrastructures sportives).
La fusion des périmètres délégués a donc pour incidence que seules pourraient candidater les
entrep
rises capables d’exercer s
imultanément tous ces services, ce qui conduirait à écarter
des entreprises spécialisées dans la gestion d’une de ces activités.
Cela a d’ailleurs été confirmé par les faits puisque le 29 mai 2015 seule Tignes Développement
avait déposé une offre.
6.3.4.3-
Les décisions prises par la commune : arrêt de la procédure de fusion et
réflexion sur les modalités de gestion des DSP
Fin mai 2015, la chambre
a adressé au maire de Tignes, dans le cadre de l’examen de gestion
de la commune, un certain nombre de remarques sur la procédure de fusion des DSP alors
en cours ainsi que sur le risque de requalification
en marché compte tenu de l’absence de
risque supporté par le délégataire.
L’ordonnateur a admis cette analyse et a décidé de décl
arer la procédure sans suite. Cela est
retracé au sein du rapport de gestion de la SEM 2014-2015 dans les termes suivants :
«
Les deux conventions de délégations du service public, pour la Gestion de l’accueil et de
l’information des touristes, de la promotion et de l’animation touristique de la station et de la
centrale de réservation, d’une part, ainsi que celle pour la Gesti
on des installations sportives,
culturelles et de loisirs, d’autre part, signées avec la commune de Tignes arriveront à terme le
31/12/2015.
Par délibération en date du 25 février 2015, le conseil municipal de Tignes avait décidé de
lancer une nouvelle procédure de publicité et de mise en concurrence en vue de la conclusion
d’une seule délégation de service public portant sur l’ensemble des activités faisant
actuellement l’objet des deux conventions.
Toutefois, au vu des résultats de la mise en concurren
ce, notre société ayant été l’unique
candidat à remettre une offre, et au vu des observations et recommandations du rapporteur
de la Chambre Régionale des Comptes, la Ville faisant l’objet d’un contrôle, tout comme la
Société, la Ville a informé notre Société de sa décision de mettre un terme à la procédure de
mise en concurrence lancée pour la conclusion d’une nouvelle délégation de service public
globale. »
48/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Par une délibération en date du 15 juillet 2015, le conseil municipal reconnaissait que
« les
conditions de la concurrence pourraient révéler de fait des imperfections dans la définition et
l’étendue des missions contractuelles. Trop étendue et trop disparates, ces missions
répondent également à des logiques économiques et juridiques variées qui pourraient
difficilement être assumées
par les opérateurs économiques dans le parfait respect de l’égale
concurrence, des règles régissant le fonctionnement du service public et des principes
régissant les relations financières entre le délégataire et le délégant ».
Il a approuvé dans le
même temps
l’arrêt de la procédure pour motif d’intérêt général et décidé la conduite d’une
étude juridique et d’une étude financière sur les modalités de gestion des diffé
rents services
publics faisant
l’objet des deux DSP.
Dans l’attente des résultats des études susmentionnées et
après concertation avec le sous-
préfet, le maire a donc décidé :
de recourir à la faculté offerte par l’article L.
1411-
2 du CGCT et de prolonger d’un
an, par voie
d’avenant, pour motifs d’intérêt
général, la délégation de service public
relative à l’accueil, l’information des touristes, la promotion, la commercialisation et
l’animation touristique de la station
;
de signer avec le délégataire actuel une convention de gestion provisoire
, d’une durée
d’un an, pour permettre la continuité de gestion des équipements sportifs, culturels et
de loisirs.
Ces décisions ont été approuvées par une délibération du conseil municipal en date du
25 novembre 2015.
***
La SEM a été l
’instrument
essentiel de div
ersification de la station face à l’aléa climatique et
aux nouvelles attentes de la clientèle. Elle a également servi de support juridique pour
l’exercice de
missions parfois ponctuelles que la commune ne souhaitait ou ne pouvait pas
reprendre en régie.
Les missions que la SEM exerce en tant que délégataire de service public se sont ainsi
considérablement étendues, agrégeant des activités parfois disparates et sans cohérence
évidente entre elles : parkings, office du tourisme, infrastructures sportives, cinéma, station-
service, centrale de réservation, ...
Ces missions ont été intégrées dans le périmètre des délégations de service public par voie
d’avenants successifs
qui en
ont irrégulièrement modifié l’objet et l’équilibre général.
En outre, l’absence de risque d’exploitation supporté par la SEM, du fait de l’attribution de
subventions d’équilibre illégales, pourrait conduire à requalifier ces DSP en marchés de
prestation.
De surcroît, la durée excessivement longue de la DSP « sports » et l
’absence de remise en
concurrence à l’occasion de l’ajout de missions pourtant clairement détachables de l’objet
initial des
conventions de délégation (à l’instar du cinéma) ont
eu pour effet d’é
carter des
candidats potentiellement plus qualifiés que la S
EM pour l’accomplissement de ces
missions.
La fusion des deux DSP projetée par la commune aurait eu pour effet d’accro
ître ces effets
anti-concurrentiels
si la commune ne l’avait pas suspendue.
49/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6.4-
La réflexion sur les missions de la SEM et ses relations avec la commune
6.4.1-
Les modalités de gestion des missions confiées à la SEM : sortir les activités
relevant de l’office du tourisme du champ de la DSP
Avant de se positionner sur les modes de gestion des missions confiées à la SEM, il convient
de consid
érer qu’elle assume aujourd’hui, dans le cadre de ses délégations de service public,
des missions administratives qui sont du ressort d’un office du tourisme, imbriquées avec des
activités industrielles et commerciales relevant du secteur concurrentiel.
Il convient de rappeler que les missions d'accueil, d'information et de promotion touristique
d’un office du tourisme, telles que rappelées par l’article L. 133
-3 du code du tourisme
26
,
lorsqu’elles ne sont pas gérées en régie directe, sont exercées par une structure créée par la
commune (EPIC, SEM, association) en vertu d’une habilitation prévue par la loi.
A ce jour la commune assimile le périmètre de la DSP tourisme confiée à la
SEM SAGEST
Tignes Développement à celui des missions d’un office du tourisme. En vue de préparer la
demande de classement de l’office du tourisme en catégorie I
27
, le conseil municipal a
d’ailleurs adopté une délibération en date du 17 novembre 2014 autorisa
nt le maire à signer
une convention d’objectifs avec la SEM en charge de l’office du tourisme. Cette convention
couvre des missions très étendues dont le financement correspond au montant de la
subvention actuellement attribuée par la commune au titre de la DSP « tourisme » qui inclut
pourtant des missions clairement détachables de celle d’un office du tourisme (à l’instar de la
gestion du cinéma).
Il conviendrait donc de dissocier les activités relevant des missions d’un office du tourisme que
la commune
28
confierait à la SEM en vertu d’une délégation unilatérale, des autres activités
qui doivent faire l’objet d’une mise en concurrence via une ou plusieurs délégations de service
public ou marchés en fonction du risque d’exploitation mis à la charge du pres
tataire.
La chambre rappelle qu’une DSP consiste à déléguer une mission de service public
correspondant à un objet identifié. Elle attire l’attention de la commune sur la nécessité de
procéder à un allotissement permettant de garantir la liberté d'accès des opérateurs
économiques aux contrats de délégation de service public.
26
«
L'office de tourisme assure l'accueil et l'information des touristes ainsi que la promotion touristique de la
commune ou du groupement de communes, en coordination avec le comité départemental et le comité régional du
tourisme. Il contribue à coordonner les interventions des divers partenaires du développement touristique local. Il
peut être chargé, par le conseil municipal, de tout ou partie de l'élaboration et de la mise en œuvre de la politique
locale du tourisme et des programmes locaux de développement touristique, notamment dans les domaines de
l'élaboration des services touristiques, de l'exploitation d'installations touristiques et de loisirs, des études, de
l'animation des loisirs, de l'organisation de fêtes et de manifestations culturelles. L'office de tourisme peut
commercialiser des prestations de services touristiques dans les conditions prévues au chapitre unique du titre Ier
du livre II. Il peut être consulté sur des projets d'équipements collectifs touristiques. L'office de tourisme soumet
son rapport financier annuel au conseil municipal.
»
27
La commune de Tignes a obtenu un classement en station de sports d’hiver et d’alpinisme en 1969, qui deviendra
caduque le 1er janvier 2018. Afin de continuer à bénéficier des avantages liés au classement, Tignes a souhaité
acquérir un classement en station de tourisme. Tignes Développement a donc été chargée de demander le
reclassement de l’Office de Tourisme en catégorie 1 (avant avril 2015). En parallèle, pour obtenir le classement en
catégorie 1, il faut obtenir le dossier certification qualité tourisme que Tignes Développement a déposé
préalablement à la demande de classement.
28
La commune de Tignes bénéficie à ce titre de l’exception prévue à l’article 68 de la loi NOTRe qui transfère de
plein droit la compétence tourisme aux EPCI mais autorise le m
aintien d’office de tourisme distincts pour les stations
classées de tourisme.
50/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
6.4.2-
Assurer l’équilibre économique de la SEM par des financements réguliers
Depuis 2009, la SEM SAGEST Tignes Développement (hors régies intéressées) est
structurellement déficitaire d
e 5 à 6 M€ par an, déficit par ailleurs tendanciellement crois
sant
sur la période sous revue.
Tableau 16 : Résultat net de la SEM hors subventions communales
En
k€
2007
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2011
2011
2012
2012
2013
2013
2014
2014
2015
Résultat net SEM
- 88
1
-38
216
138
- 222
155
213
Subvention de la commune
4 430
4 865
5 014
5 169
5 488
5873
5283
6 194
Résultat hors subvention
commune
- 4 518
- 4 864
- 5 052
- 4 953
- 5 350
- 6 095
- 5 128
- 5 981
Source : CRC
Ce déficit est systématiquement couvert par les subventions communales ainsi que détaillé
précédemment
, subventions qui viennent s’ajouter à la rémunération de la SEM en sa qualité
de régisseur intéressé :
Tableau 17 : Le coût des délégations de service public à la SEM pour la commune
en €
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Evol.
Rémunération des
délégataires
554 286
724 073
467 581
445 651
474 807
391 054
nc
Rémunération régisseur
Lagon
225 110
305 735
201 325
168 255
189 689
151 905
nc
Rémunération régisseur
Parkings
94 229
123 138
266 256
277 396
285 118
239 149
nc
Rémunération DSP
réhabilitation
immobilisations loisirs
*
234 947
295 200
Subventions d’exploitation
DSP Tignes développement
4 755 792 4 719 241 5 203 460 5 631 550 5 924 112 5 283 130
6 194 533
30,25 %
Dont DSP accueil,
information, promotion,
communication, et animation
touristique de la station
4 254 224 4 533 622 4 956 078 4 887 810 4 933 385 5 086 900
5 161 093
21,32 %
Dont DSP gestion des
installations sportives,
culturelles et de loisirs
376 632
185 619
213 012
663 740
818 441
0
1 033 440
174,39 %
Dont DSP cinéma
34 370
80 000
172 286
196 230
Dont Tignes développement
taxe professionnelle parking
124 936
Subvention exceptionnelle
Lagon
438 258
325 499
343 936
497 086
503 145
660 019
587 458
70,80 %
Total coût des DSP pour la
commune
5 748 336
806 318
1 058 899 1 686 477 1 968 679 6 334 203
nc
nc
Source : CRC
* imputés au compte 6228 "rémunérations autres services extérieurs", ces versements constituent en fait des
subventions d'exploitation octroyées par la commune au titre de l'équilibre de la délégation de service public"
réhabilitation immobilisations et loisirs" imputable au compte 657.
Un retraitement de la comptabilité analytique de la SEM (après ventilation des fonctions
support), permet de répartir le déficit structurel de la SEM (hors régies) de la manière suivante :
51/51
Rapport d’observations définitives –
SEM SAGEST Tignes Développement
Tableau 18 : Déficit structurel de la SEM par mission
Missions assimilables à celles d'un office du tourisme (Maison de Tignes
et communication)
Déficit annuel moyen
généré (en
k€
)
DSP accueil, information, promotion, commercialisation et animation
touristique
4 400
Maison de Tignes et communication
1 420
Promotion
190
Commercialisation
230
Animation et évènementiel
2 100
Cinéma
180
Système "partenariat propriétaires"
280
DSP gestion des installations sportives, culturelles et de loisirs
1 600
Activités sportives
850
Tignespace
750
Total
6 000
Source : CRC
Les missions
relevant de l’
office du tourisme ont vocation à être couvertes par le produit de la
taxe de séjour
, en vertu des dispositions de l’article L.
2333-7 du code du tourisme, (soit
environ 1
M€ par an) et éventuellement par une
subvention de la commune (pour les activités
relevant d’un service public administratif).
S’agissant du déficit généré par les autres missions
industrielles et commerciales de la SEM,
la commune devra cesser de verser des subventions d’équilibre. Elle
ne pourra, dans le cadre
d’une délégation de service public, apporter un financement qu’au titre de la prise en charge
des contraintes de service public et devra veiller à transférer le risque, qu’elle supporte
aujourd’hui, à son délégataire dont la rémunér
ation devra être substantiellement liée au
résultat d’exploitation.
Ces contraintes de service public devront être précisément identifiées
dans les contrats et leurs modalités d’évaluation précisées.
***
La commune doit repenser le mode de gestion des activités
aujourd’hui gérées par la SEM
afin de se mettre en conformité avec la réglementation.
L’
équilibre économique de la SEM
ne sera assuré qu’au prix de mesures d’économie et d’une
refonte générale de sa stratégie
. Il s’agira pour la SEM, sur ses activités industrielles et
commerciales, d’augmenter son chiffre d’affaires afin de diminuer sa dépendance aux
subventions communales qui ne peuvent réglementairement être que la contrepartie des
contraintes de service public imposées par le délégant.