LA JOURNÉE DÉFENSE ET
CITOYENNETÉ
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Communication à la Commission des finances du Sénat
Janvier 2016
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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Sommaire
AVERTISSEMENT
...............................................................................................................................................
5
SYNTHÈSE
............................................................................................................................................................
7
RECOMMANDATIONS
.....................................................................................................................................
11
INTRODUCTION : HISTORIQUE ET PRÉSENTATION DE LA JDC
......................................................
13
CHAPITRE I
LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE
MANIÈRE SATISFAISANTE GRÂCE À UNE ORGANISATION EFFICACE
.........................
15
I - LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE FAÇON SATISFAISANTE
.........
17
A -
L’organisation de la JDC sur le territoire national est maîtrisée
......................................................................
17
B - Les appelés expriment une opinion positive
....................................................................................................
18
II - LA DSN PILOTE EFFICA
CEMENT L’ORGANISATIO
N DE LA JOURNÉE
....................................
23
A - La direction du service national, plusieurs fois réformée, pilote une organisation assurant le maillage
du territoire
.............................................................................................................................................................
23
B -
La DSN poursuit l’adaptation de son réseau
....................................................................................................
25
C - Les outils de gouvernance de la JDC aux niveaux central et local fonctionnent bien
......................................
27
III -
L’IMPLICATION DES AR
MÉES, DIRECTIONS ET SERVICES ET DE LA
GENDARMERIE NATIONALE EST NÉCESSAIRE À LA RÉUSSITE DE LA JOURNÉE
.....................
28
A - Le calcul de la participation des contributeurs prend en compte leurs capacités et le nécessaire
équilibre entre eux
..................................................................................................................................................
28
B - Chaque contributeur détermine les modalités de sa participation
....................................................................
30
C - La qualité de la JDC repose sur des animateurs militaires bien formés
...........................................................
32
CHAPITRE II LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE
MAÎTRISÉ ALORS QUE L
E NOMBRE D’APPELÉS V
A CROÎTRE
.........................................
37
I - LA DSN A AMÉLIORÉ SA PRODUCTIVITÉ
...........................................................................................
37
A -
La forte diminution des effectifs de la DSN ne s’est pas entièrement traduite dans la masse salariale
...........
37
II - LES DÉPENSES SONT MA
ÎTRISÉES MAIS L’ANAL
YSE DES COÛTS PRÉSENTE DES
LACUNES
............................................................................................................................................................
40
A - Le coût budgétaire de la JDC est en diminution depuis 2009
..........................................................................
40
B -
La DSN s’efforce d’évaluer le coût complet de la JDC
...................................................................................
41
III -
FACE À L’AUGMENTATIO
N PRÉVUE DU NOMBRE D
’APPELÉS, L’EFFORT
D’ÉCONOMIES DOIT ÊTR
E MAINTENU
.....................................................................................................
45
A - La réduction des dépenses de personnel dépendra du succès du projet PRESAJe
...........................................
45
B -
La DSN doit poursuivre l’optimisation de son organisation
............................................................................
46
C - La maîtrise des coûts externes doit être recherchée
.........................................................................................
47
CHAPITRE III
ASSURER LA PARTICIPATION DE TOUS LES JEUNES FRANÇAIS
........
49
I - SUR LE TERRITOIRE NATIONAL, LE RECENSEMENT ET LA PARTICIPATION À LA
JDC DOIVENT ÊTRE ENCORE PLUS EXHAUSTIFS
.................................................................................
50
A - Des actions spécifiques doivent être entreprises pour pallier les lacunes du recensement citoyen
obligatoire
..............................................................................................................................................................
50
B -
L’absentéisme à la JDC
touche plus particulièrement certains départements
..................................................
55
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4
II - LES JEUNES FRANÇAIS
DE L’ÉTRANGER DOIVEN
T PARTICIPER DAVANTAGE À LA
JDC
........................................................................................................................................................................
57
III - LE SUIVI DES JEUNES
EN VUE D’UN ÉVENTUEL
APPEL SOUS LES DRAPEAUX EST
MAL ASSURÉ
.....................................................................................................................................................
59
CHAPITRE IV
LE RECENTRAGE DE LA JOURNÉE SUR LA DÉFENSE DOIT ÊTRE
POURSUIVI ET SON ARTICULATION DOIT ÊTRE RENFORCÉE AVEC LES
DISPOSITIFS RELEVANT
DE L’ÉDUCATION NATIO
NALE
...................................................
61
I - TROP DENSE, LA JDC DOIT ÊTRE ALLÉGÉE ET CENTRÉE ENCORE DAVANTAGE
SUR LA DÉFENSE
..............................................................................................................................................
62
A - La « JDC rénovée » améliore partiellement la place de la défense
..................................................................
63
B - Les enjeux et les réalités de la défense restent une priorité difficile à imposer
................................................
65
C - Le parcours citoyen en milieu scolaire doit permettre de recentrer la JDC sur sa vocation première
..............
67
D - Recentrée sur ses « fondamentaux » la JDC pourra devenir un vrai rendez-vous de la jeunesse avec les
armées
....................................................................................................................................................................
68
II - LE PARTENARIAT AVEC
LE MINISTÈRE DE L’ÉD
UCATION NATIONALE DOIT
VISER UNE AMÉLIORATION DE
L’ENSEIGNEMENT DE DÉ
FENSE ET DU SUIVI DES
JEUNES EN DIFFICULTÉS
..............................................................................................................................
68
A -
L’enseignement de défense, élément essentiel du parcours de citoyenneté, est inégalement dispensé
............
69
B -
L’action des trinômes académiques doit être mieux répartie sur le territoire
...................................................
71
C - La détection, lors de la JDC, des jeunes en difficultés de lecture ou des « décrocheurs » doit être
mieux suivie d’effets
..............................................................................................................................................
72
CONCLUSION
....................................................................................................................................................
77
ANNEXES
............................................................................................................................................................
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Avertissement
En application de l’article 58
-2 de la loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de
finances, la commission des finances du Sénat a souhaité que la Cour procède à une enquête
sur « la journée défense et citoyenneté » (JDC). La présidente de la commission des finances
du Sénat a adressé cette demande au Premier président de la Cour par courrier du
2 décembre 2014.
Le périmètre de l’enquête a fait l’objet de deux courriers du Pre
mier président de la
Cour à la présidente de la commission des finances du Sénat en date du 11 décembre 2014 et
du 23 mars 2015
1
. Une rencontre a eu lieu le 11 février 2015 avec M. le sénateur
Marc Laménie, rapporteur spécial du budget « Anciens combattants, mémoire et liens avec la
Nation ».
L’enquête vise à dresser un bilan depuis 2008 de la journée d’appel de préparation à la
défense (JAPD), devenue journée défense et citoyenneté, à s’interroger sur la pertinence du
dispositif actuel et à proposer des am
éliorations. Elle met l’accent sur le coût complet de la
journée, son contenu, la performance de son organisation et les outils de mesure de cette
performance, son articulation avec les autres étapes du parcours de citoyenneté.
L’enquête a été engagée en décembre 2014. Outre l’envoi de questionnaires aux
administrations concernées, les rapporteurs ont rencontré de nombreux interlocuteurs du
ministère de la défense, au sein de la direction du service national, des directions des
ressources humaines des armées, de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives,
de l’inspection civile de la défense et du contrôle général des armées, et ont eu des entretiens
avec le secrétaire général pour l’administration, le chef du contrôle général des armées et
le
délégué ministériel à la jeunesse et à l’égalité des chances. Les rapporteurs ont également
rencontré la direction générale de la gendarmerie nationale, plusieurs responsables du
ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la r
echerche et du
ministère des affaires étrangères et du développement international. Ils ont également eu des
entretiens avec des responsables de la ville de Paris et de
l’agence du service civique.
Plusieurs déplacements ont été effectués pour visiter un établissement du service
national et un centre du service national. Enfin, les rapporteurs ont assisté à trois JDC
(Vincennes, Lille et Lons-le-Saunier).
Un rapport d’instruction a été délibéré le 22 juillet et un relevé d’observations
provisoires a été adressé aux différents services concernés le 1
er
septembre, donnant lieu à des
réponses systématiques et à deux auditions.
La présente communication, qui constitue la synthèse définitive de l’enquête de la Cour,
a été délibérée le 11 décembre 2015, par la deuxième chambre, présidée par M. Piolé,
président de chambre, et composée de MM. Mousson, Delaporte, Lallement, Mme Girardin,
conseillers maîtres, le rapporteur étant Mme Dujols, conseillère maître, Mme Saliou,
conseillère maître, étant le contre-rapporteur.
1
L
’échange de courriers figure en annexe n°
1.
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6
Elle a ensuite été examinée et approuvée le 5 janvier 2016 par le comité du rapport
public et des programmes composé de MM. Migaud, Premier président, Durrleman, Briet,
Mme Ratte, MM. Vachia, Paul, rapporteur général du comité, Duchadeuil, Piolé, Mme Moati,
présidents de chambre, et M. Johanet, procureur général, entendu en ses avis.
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Synthèse
La journée défense et citoyenneté (JDC) a succédé en 2011 à la j
ournée d’appel de
préparation à la défense (JAPD), elle-même créée par la loi du 28 octobre 1997, pour assurer
la permanence du lien Armée-Nation lors de la suspension de la conscription.
Avatar inutile du service militaire p
our certains, pour d’autres
unique et précieux
rendez-vous obligatoire des armées avec la jeunesse française, la journée défense et
citoyenneté n’a pas d’équivalent à l’étranger, où le lien
Armée-Nation passe par la
conscription ou par des dispositifs facultatifs et plus ciblés.
Depuis l’origine, douze millions de jeunes Françaises et Français ont participé à la
JAPD ou à la JDC. En 2014, la JDC a accueilli 783 153 jeunes Français en métropole et
outre-
mer, auxquels s’ajoutent les jeunes Français établis hors de France. Au vu des
prévisions démographiques, elle devrait concerner 807 000 jeunes en 2017 et 830 000 en
2023. Le caractère obligatoire de cette journée est sanctionné par un certificat individuel de
participation, exigé pour l’inscription au permis de conduire et aux examens et concours
soumis au contrôle de l’autorité publique. Les jeunes sont convoqués entre 17 et 1
8 ans, mais
ils peuvent accomplir leur JDC jusqu’à l’âge de 25 ans.
Le ministère de la défense, principal responsable de cette « organisation de masse »,
parvient à assurer cette journée dans de bonnes conditions.
La JDC, qui se déroule sur quelques 260 sites en majorité militaires, réunit chaque
année plus de 780 000 jeunes au cours de 19 000 journées animées par environ 7 000
militaires.
La mise en œuvre de la journée ne connaît pas d’incidents sérieux, et les jeunes
participants
–
les « appelés »
–
en re
spectent les règles. Ils manifestent dans l’ensemble un
niveau élevé de satisfaction ; celui-ci connaît toutefois des variations selon les séquences et,
surtout, selon les sites : la satisfaction est souvent plus élevée dans les zones rurales et
outre-mer,
et c’est à Paris qu’elle est la plus faible.
La direction du service national (DSN), qui est désormais quasi exclusivement
consacrée
à la JDC, a été profondément réformée et elle maîtrise l’organisation et le
fonctionnement de la journée. Elle a mis en œu
vre très rapidement la JDC dite « rénovée »,
davantage centrée sur les thématiques propres à la défense.
La DSN mobilise ses agents et ses partenaires
–
les armées, directions et services du
ministère de la défense ainsi que la gendarmerie
–
qui assurent l
’accueil et l’animation de la
JDC, dans le cadre de processus harmonisés et contrôlés.
La réussite logistique et pédagogique de la JDC dépend largement de la disponibilité et
de la qualité des animateurs militaires
–
qui, en plus de leurs compétences, doivent savoir
s’adresser au public
jeune, défi en soi exigeant
–
face aux contraintes opérationnelles des
employeurs du ministère de la défense, mais également de la gendarmerie, qui joue un rôle
très important en assurant plus du quart des journées/animateurs. Sans retirer à ces
employeurs le choix des animateurs, il importe que la DSN puisse assurer directement, ou
suivre étroitement, leur formation et leur évaluation.
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Les ressources humaines consacrées à la JDC sont bien maîtrisées et des gains de
productivité ont été accomplis. Les autres dépenses sont également sous contrôle, même si la
maîtrise de deux postes importants
–
l’alimentation et le transport des appelés
–
demandera la
poursuite
d’efforts alors que le nombre des appelés va croître. Pour l’aveni
r, le ministère de la
défense escompte limiter ses dépenses et améliorer le service rendu
à l’aide
de
l’automatisation et de la simplification des processus.
La DSN s’efforce de calculer les coûts complets de la JDC et y parvient en grande
partie. Elle estime ainsi le coût de la JDC, en intégrant les dépenses des autres contributeurs, à
111,5
M€, soit environ 142
€ par participant. L’enquête a toutefois permis de relever la
sous-
évaluation de certaines dépenses et le coût réel est plus probablement d’envir
on 116 à
118
M€, soit environ 0,3
% du budget du ministère de la défense.
Pour mieux remplir les objectifs qui sont assignés à la JDC,
deux pistes d’amélioration
devraient être explorées,
afin, d’une part, de mieux parvenir à toucher tous les jeu
nes Français
et, d’autre part, de
mieux atteindre son but principal, « conforter l'esprit de défense et
concourir à l'affirmation du sentiment d'appartenance à la communauté nationale, ainsi qu'au
maintien du lien entre l'armée et la jeunesse ».
Première piste d’am
élioration : la participation de tous les jeunes Français.
L’impact
réel de la JDC est en effet limité par des lacunes dans son caractère universel.
Le recensement constitue la première étape du parcours citoyen. Les jeunes garçons et
filles doivent obligatoirement
, en application de l’article L.
113-1du code du service national,
se faire recenser à partir de 16 ans auprès de la mairie ou du consulat dont ils dépendent. Cette
formalité est le point de départ de la convocation des appelés. Ses lacunes expliquent pour
partie l’absen
ce des jeunes à la JDC.
L’enquête de la Cour a souligné que
si 1,8 % des jeunes
n’accompli
ssent pas cette formalité, le taux des non-recensés est beaucoup plus élevé dans
une dizaine de départements où il se situe autour de 4 % et il atteint près de 10 % à Paris.
Il convient donc que le recensement, qui dépend des mairies, soit mieux assuré afin de
remédier à cette première cause d’
absentéisme à la JDC. Les formalités de ce recensement,
qui reposent sur les mairies, devraient être simplifiées ; leur dématérialisation en faciliterait
l’exécution
par
les jeunes, contribuerait à améliorer le taux de couverture des classes d’âge et
en moderniserait la gestion. Parallèlement, les établissements scolaires et les communes
doivent mieux sensibiliser les jeunes à la problématique du recensement.
Les insuffisances du recensement n’expliquent pas toutefois la totalité de l’absent
éisme
à la JDC.
Le nombre de jeunes Français atteignant 25 ans en 2014 sans être en règle avec la JDC
est de 4,1 %
2
, mais ce taux recouvre des écarts considérables et préoccupants. Si des taux de
participation approchant ou dépassant 99 % ne sont pas rares en zone rurale, et si de
nombreuses zones urbaines ont des taux honorables ou élevés, l’absentéism
e atteint 12,8 % à
Paris, plus de 11,8 % en Seine-Saint-Denis, 10,3 % dans les Hauts-de-Seine, 10,4 % dans les
Alpes-Maritimes et il dépasse également 10 % en Guadeloupe et en Guyane.
Il convient donc que le ministère de la défense analyse de manière fine les causes de
l’
absentéisme à la JDC afin
d’ent
reprendre, dans les zones les plus touchées, des actions
correctrices ciblées.
2
Par ailleurs, 0,4 % ont été exemptés suite à un handicap grave, et sont donc considérés en règle avec la JDC.
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SYNTHÈSE
9
Au regard de l’universalité recherchée, la situation des jeunes Français résidant à
l’étranger n’est pas acceptable. S’ils
sont astreints à participer à la JDC, organisée selon des
modalités adaptées en fonction de leur lieu de résidence,
une grande majorité n’y participe
pas, faute de se faire recenser, de bénéficier d’une organisation de la JDC sur place, ou de s’y
présenter. La
majorité d’entre eux reçoit cependant une attestation de participation, permettant
de se présenter aux examens publics français. Cette situation inacceptable devrait évoluer
avec la réforme en cours mais il conviendra de s’en assurer.
Deuxième piste d’amél
ioration : le contenu de la JDC
. L’
adhésion des jeunes appelés
aux valeurs de défense et de citoyenneté et le lien entre cette adhésion et la JDC ne peut se
mesurer par un simple indicateur et nécessiterait des enquêtes plus approfondies sur la longue
durée. Mais
il est aujourd’hui certain qu’en l’état, la densité excessive de la journée et la
multiplicité des objectifs qui lui sont assignés nuisent à son influence réelle.
Certes, la réforme de 2014 a permis un recentrage de la journée sur les messages de
défense, appuyés sur des supports plus dynamiques ; elle a aussi donné une place à la
présentation positive des métiers de la défense, et permis
d’aborder, voire de favoriser, les
questions relatives au recrutement, longtemps délaissées. Cette réforme semb
le s’être arrêtée
« au milieu du gué » : faire connaître la défense nationale aux jeunes reste une priorité parmi
d’autres, du fait des attentes, voire des tentations, multiples dont cette journée fait l’objet,
pour diffuser des messages d’intérêt général,
sans doute légitimes, mais sans rapport avec son
objet premier.
« Enrichi » au fil du temps, le code du service national prévoit ainsi que la journée
aborde de nombreux thèmes, tels que les droits et devoirs du citoyen, les enjeux de mixité
sociale, et comporte une initiation aux premiers secours (remplacée à compter de 2016 par un
module sur la sécurité routière) ainsi qu
’
un message sur les dons de sang, de moelle osseuse,
de gamètes et d’organes. En outre, un test des apprentissages fondamentaux de l
a langue
française est organisé. À cela s’ajoute des tests ou enquêtes plus ponctuels («
numératie »,
usage des drogues). Il en résulte que, non seulement les appelés manquent de temps pour
assimiler les séquences sur la défense et approfondir leurs échanges avec les animateurs, mais
aussi qu’ils peinent à absorber véritablement les autres messages. Pour parvenir à atteindre
ces multiples objectifs, le dédoublement de la journée a donc été évoqué mais il se heurte à la
contrainte budgétaire.
Alors que le mi
nistère de l’éducation nationale a prévu
de son côté
la mise en place d’un
véritable « parcours citoyen
», il paraît nécessaire qu’une concertation avec le ministère de la
défense permette de mieux cerner le partage des tâches entre les deux ministères et
d’alléger
la JDC d’une partie des thématiques touchant à des questions de citoyenneté.
En outre, les messages diffusés lors de la JDC auraient plus de portée si l
’enseignement
de défense, placé
sous la responsabilité du ministère de l’éducation nationale
, était mieux
assuré. Malgré un partenariat ancien entre les deux ministères, qui a donné lieu à un protocole
dès 1982, alors que le service national n’était pas encore suspendu, il s’agit du «
maillon
faible
» du parcours citoyen. Le ministère de l’éducation nationale considère qu’il devrait être
amélioré dans le cadre des nouveaux programmes d’enseignement moral et civique, mais la
formation des enseignants reste insuffisamment développée et cet enseignement n’est pas
sanctionné par une épreuve ou un examen
. Bien qu’obligatoire, il est donc parfois sacrifié.
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10
Enfin,
la lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire constitue un autre domaine
de coopération entre les deux ministères. Le test de lecture conduit durant la JDC permet une
évaluation fine des capacités de lecture des jeunes Français et révèle que près de 10 %
d’entre
eux sont détectés en difficultés de lecture, environ 4 % étant
en situation d’illettrisme
. Les
données recueillies pendant la JDC nourrissent une évaluation annuelle publiée par le
ministère de l’éducation nationale. Mais
au-delà de cette évaluation, la détection des
difficultés par la JDC ne se traduit pas toujours par une action individuelle pour y remédier.
Près de vingt ans après la création de la JAPD, dans un contexte militaire, sécuritaire et
social qui a fortement changé, les avis sur le bien-
fondé et le devenir de l’expérience unique
que constitue la JDC reposent plus souvent sur des convictions que sur une évaluation précise
et scientifique de ses effets.
Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit aujourd’hui d’une pièce maîtresse du lien
Armée-N
ation, et que, si l’on veut
sauvegarder ou développer ce lien, il ne semble guère aisé
de mettre en œuvre une solution touchant autant de jeunes Français et qui ne soit pas plus
coûteuse. Les autres dispositifs existant en France sont destinés à des cibles très précises, et
leur coût unitaire est élevé. Il en va de même dans les pays étrangers qui ont développé des
actions sélectives, empreintes de volontariat, et également coûteuses.
La Cour préconise plutôt la poursuite de la réforme pour faire de la JDC un véritable
rendez-vous entre la jeunesse et les armées.
La JDC doit, à cette fin, être encore davantage centrée sur un petit nombre de thèmes
principaux, assimilables en une journée et appuyés sur des outils et une animation interactifs.
Ses messages essentiels doivent être adaptés aux enjeux de défense et les messages citoyens
non corrélés à ces enjeux doivent être traités dans le cadre du futur parcours citoyen en milieu
scolaire.
La présente communication s’efforce
dans un premier temps de présenter la JDC et
d’
apprécier la maîtrise de son organisation par le ministère de la défense, qui en a la
responsabilité
(I). Elle tente ensuite d’en évaluer les coûts dans leurs divers
es composantes
(II). Elle constate les limites à son exhaustivité et, notamment, les phénomènes de non
recensement et d’absentéisme en France et surtout à l’étranger
, (III) avant d
’
examiner la
nécessité de son recentrage sur les thèmes de défense à travers une bonne articulation avec les
dispositifs de l’éducation nationale
(IV).
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Recommandations
(classées
dans l’ordre du rapport
)
1.
unifier la formation des animateurs et leur évaluation sous l’égide de la DSN
(ministère de
la défense)
;
2.
face à l’augmentation à venir du nombre d’appelés, maintenir
l’effort de maîtrise d
es
dépenses de la JDC en s’appuyant
sur une connaissance précise de ses coûts complets
(ministère de la défense)
;
3.
renforcer l’exhaustivité du recensement, en améliorant l’information des jeune
s et des
familles, et en identifiant et levant les obstacles à la simplification et à la dématérialisation
complète des formalités de recensement
(
ministère de la défense, ministère de l’éducation
nationale et ministère de l’intérieur).
4.
approfondir l’analy
se
de l’absentéisme
à la JDC pour y remédier
(ministère de la
défense)
;
5.
délivrer un certificat de report provisoire quand la JDC ne peut pas être organisée à
l’étranger
. Si le bénéficiaire souhaite faire, sur le territoire national, une scolarité ou des
études dans un établissement préparant aux examens
contrôlés par l’autorité
publique, son
inscription sera subordonnée à un engagement de participer à la JDC
(ministère des
a
ffaires étrangères et du ministère de l’
éducation nationale)
;
6.
rappeler aux autorités de tutelle des organisateurs
d’examens et concours soumis au
contrôle de l’autorité publique, y compris le permis de conduire, l’obligation d’exiger
systématiquement des candidats de nationalité française la présentation du certificat
individuel de participation à la JDC
(services du Premier ministre)
;
7.
poursuivre le recentrage de la JDC. À cette fin, identifier les
thématiques de la JDC qui
doivent trouver leur place en milieu scolaire
lors de la mise en œuvre du
projet de
parcours citoyen du ministè
re de l’éducation
(ministère de la défense et ministère de
l’é
ducation nationale)
;
8.
mesurer, dans le cadre de la mi
se en œuvre du protocole entre l
e ministère de la défense et
le ministère de l’éducation nationale
, l
es résultats de l’enseignement obligatoi
re de
défense
(ministère de la défense et ministère de
l’éducation nationale)
;
9.
évaluer
l’impact de la JDC sur l’esprit de défense
et sur le recrutement des armées
(ministère de la défense)
;
10.
clarifier les objectifs assignés à la JDC dans le cadre de la lutte contre le décrochage
scolaire et en évaluer les résultats
(ministère de la défense, ministère de l’éducation
nationale, ministère de l’emploi).
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Introduction
: historique et présentation de la JDC
Le 22 février 1996, le Président de la République a annoncé sa décision de
professionnaliser les armées françaises. La loi du 28 octobre 1997 a, en conséquence,
profondément réformé le service national en suspendant la conscription pour les jeunes gens
nés après le 31 décembre 1978.
Afin de maintenir un lien entre les armées et la jeunesse, de rappeler le devoir de
défense nationale qui s’impose à tout citoyen
et
d’assurer les conditions d’un éventuel appel
sous les drapeaux
–
cet appel pouvant être rétabli à tout moment par un vote du Parlement en
cas de nécessité
–
la même loi a mis en place un dispositif qualifié de « parcours de
citoyenneté ». Ce parcours comporte trois étapes: le recensement obligatoire dans les mairies
de l'ensemble des jeunes Français à l'âge de 16 ans ; l
’
enseignement de la défense pendant la
scolarité ; et, enfin, la journée d'appel de préparation à la défense (JAPD).
Organisée à partir du 3 octobre 1998 dans quelques 250 sites, militaires pour la plupart,
cette journée s’adresse à tous les Français ent
re la date de leur recensement à 16 ans et leurs
18 ans
3
: les jeunes garçons et, depuis le 8 avril 2000, les jeunes filles.
La France est le seul pays, parmi ceux qui ont remplacé l
’armée de
conscription par une
armée professionnelle, à avoir mis en place un tel rendez-vous entre la jeunesse et les armées.
La participation à la JDC est obligatoire et le certificat individuel de participation
délivré à cette occasion doit être présenté pour s’inscrire au permis de conduire et à tout autre
examen organisé par la puissance publique.
Plusieurs fois remaniée à la suite de critiques sur son contenu, voire sur son utilité
–
notamment par la Cour des comptes en 2003
–
la JAPD a fait l’objet, dans le
Livre blanc de
2008 relatif à la défense et à la sécurité nationale, de préconisations pour la réformer, qui ont
abouti à son remplacement en 2011
4
par la journée défense et citoyenneté (JDC). Mais
celle-ci encourait toujours le reproche de dissoudre les messages de défense parmi de
nombreuses thématiques ressortant au
tant d’une «
session de rattrapage
» pour l’éducation à la
citoyenneté, à la santé et au vivre-
ensemble que de la transmission de l’esprit de défense.
Le Président de la République, qui avait inscrit la réforme de la JDC dans son
programme électoral, a demandé son recentrage sur les enjeux de défense, ce qui a donné lieu
à une réflexion approfondie au sein du ministère de la défense, à de nouvelles
recommandations dans le cadre du nouveau Livre blanc de 2013 et, en 2014, à la mise en
place d’une «
JDC rénovée ».
Il en est résulté une amélioration réelle et une implication croissante des chaînes de
recrutement des armées dans son animation. La journée reste cependant trop dense, du fait de
la multiplicité des objectifs qui lui sont assignés, et de la pression des partenaires publics pour
profiter de ce rassemblement quasi universel des jeunes Français pour dispenser différents
messages d’intérêt général. Le code du service national témoigne de cette densité, qui a
3
La procédure de régularisation permet de participer à la JDC jusqu’à l’âge de 25 ans.
4
Loi du 10 mars 2010 relative au service civique.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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14
conduit à poser la question du dédoublement de la journée. Cette solution, qui a été étudiée en
2013,
n’a pas été mise en œuvre
5
.
La j
ournée défense et citoyenneté constitue l’«
héritage
» le plus connu de l’ancien
service national, mais elle n’en est pas le seul. Outre l’instauration de l’enseigne
ment de
défense et l’obligation de recensement, étendue aux jeunes filles, la loi du 28 octobre 1997
pérennise par ailleurs plusieurs formes de volontariat issues de l’ancien service national. La
représentation nationale a ainsi conservé des dispositifs issus du service militaire et de ses
alternatives civiles (objection de conscience, service civil, service de coopération, etc.).
Ces dispositifs, régis par le code du service national ou par le code de la défense, n’ont
cessé d’évoluer au fil du temps, dans le souci d’offrir aux jeunes des possibilités
d’engagement au service de la défense nationale (périodes militaires d’initiation ou de
perfectionnement, volontariat dans les armées, réserve opérationnelle ou citoyenne) ou de la
société (service civique, v
olontariat international). Il s’est également agi de proposer aux
jeunes les plus en difficulté des formes de volontariat permettant leur insertion (Service
militaire adapté, É
tablissement public d’insertion de défense –
EPIDe
–
et depuis 2015,
Service mil
itaire volontaire), en s’inspirant du savoir
-faire spécifique des armées en matière
d’éducation des jeunes au «
savoir-être » et de formation.
La JDC
s’inscrit donc dans ce paysage riche et complexe largement issu de la réforme
de 1997, qui comporte des d
ispositifs divers dont certains sont pilotés par d’autres ministères
Elle s’inscrit également parmi un ensemble d’actions menées par le ministère de la
défense au titre du lien Armée-J
eunesse, qui s’adressent à différents publics de jeunes, des
futures élites aux jeunes en difficulté (à travers, pour ces derniers, le « plan égalité des
chances »)
6
. La journée défense et citoyenneté informe les appelés sur ces différents
dispositifs facultatifs et joue dans certains cas un rôle de prescripteur, mais elle ne leur est pas
davantage liée.
En revanche, elle est tributaire, pour son succès et son efficacité, des deux autres
« piliers » du parcours de citoyenneté que sont le recensement citoyen obligatoire et
l’enseignement obligatoire de défense. La bonne artic
ulation de ces trois étapes et les
partenariats auxquels elles donnent lieu constituent donc un enjeu important.
5
Le 11 janvier 2016, le Président de la République a cependant annoncé, lors de ses vœux à la jeunesse, avoir
demandé au gouvernement d’étudier l’allongement de la JDC
pouvant aller
jusqu’
à une semaine. Cette annonce
sort du champ de la présente communication fondée sur une enquête réalisée au cours de l’année 2015.
6
Ces dispositifs sont présentés en annexe n° 11.
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Chapitre I
La journée défense et citoyenneté se déroule de
manière satisfaisante grâce à une organisation
efficace
Selon l’article L. 111
-2 du code du service national, « La journée défense et citoyenneté
a pour objet de conforter l'esprit de défense et de concourir à l'affirmation du sentiment
d'appartenance à la communauté nationale, ainsi qu'au maintien du lien entre l'armée et la
jeunesse ».
Cet objectif premier, complété par la détection des difficultés de lecture, détermine le
contenu de la journée, mais celui-ci a été élargi au fil du temps à des volets relevant de la
citoyenneté et de la santé.
L’article 114
-3 du code du service national
« Lors de la journée défense et citoyenneté, les Français reçoivent un enseignement adapté à
leur niveau de formation et respectueux de l'égalité entre les sexes, qui permet de présenter les
enjeux et les objectifs généraux de la défense nationale, les moyens civils et militaires de la défense
et leur organisation, le service civique et les autres formes de volontariat, ainsi que les périodes
militaires d'initiation ou de perfectionnement à la défense nationale et les possibilités d'engagement
dans les forces armées et les forces de réserve.
Ils sont sensibilisés aux droits et devoirs liés à la citoyenneté et aux enjeux du renforcement
de la cohésion nationale et de la mixité sociale. La charte des droits et devoirs du citoyen français,
mentionnée à l'article 21-24 du code civil, leur est remise à cette occasion.
Ils bénéficient également d'une sensibilisation à la sécurité routière.
À cette occasion sont organisés des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la
langue française.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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16
Il est délivré une information générale sur le don de sang, de plaquettes, de moelle osseuse,
de gamètes et sur le don d'organes à fins de greffe. S'agissant du don d'organes, une information
spécifique est dispensée sur la législation en vigueur, sur le consentement présumé et sur la
possibilité pour une personne d'inscrire son refus sur le registre national automatisé prévu à l'article
L. 1232-1 du code de la santé publique
7
».
Cette journée donne,
dans l’ensemble
, satisfaction aux participants
, même s’il est
difficile d’en mesurer l’impact réel dans la durée
.
La JDC rassemble, chaque année, la quasi-
totalité des jeunes Français d’une classe
d’âge, y compris la majorité des doubles nationaux
8
. Depuis la création de la JAPD, douze
millions de jeunes ont été reçus. La journée a ainsi accueilli, en 2014, 783 153 appelés
9
dans
259 sites (métropole et outre-mer), principalement militaires. Cela représente environ 11 000
sessions
10
et 19 000 groupes de 40 à 45 jeunes, mobilisant quelques 37 000 journées
d’animateurs.
Se
lon les projections de l’Insee,
ce seront 807 000 jeunes qui devront
l’accomplir
en 2017 et leur nombre devrait atteindre 830 000 en 2023
11
.
Cette journée s’apparente donc à
une organisation de masse, et il est à noter
qu’elle
se
déroule sans incidents.
L’organisation de la journée repose largement sur la direction du service national (DSN)
qui s’est réorganisée et centrée autour de cette mission et qui fonctionne de manière
satisfaisante. Elle exige, par ailleurs, une importante contribution des armées, directions et
services, à travers la mise à disposition des animateurs et des sites. La qualité de l’animation
conditionnant le succès de la journée, elle nécessite une grande attention à la formation et à
l’évaluation des animateurs.
7
L’article 24 de la loi du
28 juillet 2015 actualisant la programmation militaire pour les années 2015 à 2019 et
portant diverses dispositions concernant la défense a supprimé l’obligation de présenter un certificat de santé et
remplacé la séquence « secourisme » par une séquence « sécurité routière ».
8
Les jeunes étrangers résidant régulièrement en France (43
000 environ par classe d’âge), qui ne sont pas
mobilisables en cas de crise, ne sont pas convoqués à la JDC. Les doubles nationaux sont, en principe, soumis
aux obligations du service national à l’égard des deux États concernés. Toutefois, une diz
aine de conventions
bilatérales, ainsi que la convention du Conseil de l’Europe du 6 mai 1963, dispensent les doubles nationaux de
leurs obligations à l’égard d’un des deux États dont ils possèdent la nationalité. La plupart des doubles nationaux
résidant
en France choisissent d’effectuer la JDC.
9
Les participants à la JDC sont des « appelés », la JDC faisant partie du service national universel.
10
Une session est une journée défense et citoyenneté organisée sur un site donné, et qui peut réunir plusieurs
groupes répartis en autant de salles.
11
Une projection démographique figure en annexe n° 4.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
17
I -
La journée défense et citoyenneté se déroule
de façon satisfaisante
A -
L
’organisation
de la JDC sur le territoire national est maîtrisée
1 -
La journée se déroule sans incident majeur
L’
i
nstruction ministérielle 2000 relative à l’organisation et à la mise en œuvre
de la
journée défense et citoyenneté prévoit que le chef de session « décide de l'interruption
temporaire ou définitive de la session en cas d'anomalie ou d'événement grave et en rend
compte immédiatement à sa hiérarchie ». Le guide de la JDC, réalisé par la DSN à destination
des responsables de sessions, décrit les faits entraînant la « dégradation » (raccourcissement,
suppression de séquences, permettant néanmoins la délivrance du certificat de participation
aux appelés),
voire l’annulation d’une session.
Il peut s’agir de problèmes matériels ou de
personnels, la liste d’évènements inventoriés dans ce guide n’étant pas exhaustive. Ces
hypothèses font l’objet de fiches de procédure décrivant la conduite à tenir selon les situations
rencontrées.
Cette procéd
ure dégradée n’a jamais
eu à être
mise en œuvre.
2 -
Placés sous la responsabilité de l’État, les appelés en respectent les règles
La journée est organisée de manière à « dépayser » les appelés et à susciter la curiosité
et le respect pour l’institution milita
ire.
Les convocations, émises par le logiciel S@GA
12
, sont aléatoires dans un bassin
d’habitat, sans regroupement par lieu de résidence et/ou de scolarisation. Ce mode de
convocation permet de garantir
l’
hétérogénéité des sessions JDC avec deux objectifs :
favoriser une certaine mixité sociale et éviter les « effets de groupe », les appelés ne se
connaissant pas. Certaines procédures, comme les « re-convocations » à la demande des
jeunes eux-mêmes, peuvent aboutir à des sessions plus homogènes mais ce cas reste rare
13
.
Les Français qui participent à la j
ournée défense et citoyenneté n’ont pas le statut
militaire - le code de la défense ne leur est pas applicable - mais, e
n tant qu’appelés, ils sont
placés sous la responsabilité de l'État pendant toute la durée de la session et sont soumis aux
dispositions des articles R.* 112-1 à R.* 112-17 du code du service national,
ainsi qu’à un
règlement intérieur.
Ils doivent notamment respecter les principes de laïcité et de neutralité du service
public. Bien que la question des signes ostentatoires soit réglée au cas par cas, sans difficulté
majeure, le tribunal administratif de Paris a statué sur cette question le 7 octobre 2014
(
Madame Diara Bousso MAR c/ministre de la défense
). Il a considéré que le port du foulard
pouvait
être un motif d’exclusion de la JDC, car les participants « sont soumis au principe de
laïcité et neutralité du service public auquel ils participent durant cette journée ».
12
Système d’aide à la gestion des administrés, principal outil informatique «
métier » de la DSN.
13
Il s’agit, par exemple, des JDC organisées en
période de vacances scolaires. Les élèves des classes
préparatoires demandent fréquemment à être « re-convoqués » durant ces périodes.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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18
Il convient de noter également que les appelés semblent mieux respecter les règles que
dans le cadre scolaire. Par exemple, les minutes de silence observées le 8 janvier et
16
novembre 2015 après les attentats terroristes n’ont connu aucun incident.
3 -
La détection des difficultés de lecture et des décrochages scolaires est bien
intégrée
L
e test de lecture, qui trouve d’autant mieux sa place dans le programme de l
a JDC
qu’il
s’inscrit dans la tradition des armées, de bilan des compétences de base et de
remise à niveau
des soldats, permet de détecter les appelés en difficulté de lecture. Ce test, dit de
« littératie
14
», qui a été conçu et financé par l
e ministère de l’
éducation nationale, est réalisé à
l’aide d’un boîtier électronique (MOPATE) dont l’acquisition a été prise en charge par la
DSN.
Les épreuves sont standardisées et automatisées, la correction et le calcul des
performances sont faits en temps réel. Les appelés répondent à l'aide du boîtier à des
questions présentées sur un écran, ce qui permet une analyse fine des compétences de lecture,
la mesure précise des temps de réponse et une détection fiable des appelés les plus en
difficulté. Exceptionnellement, 56 000 appelés ont également pris part en 2013 à l’évaluation
de leurs compétences dans l’utilisation des mathématiques de la vie quotidienne
(« numératie »).
Si des difficultés de lecture sont détectées, ce qui concerne
près d’un appelé sur 10,
dont
4,1 % ont
des difficultés s’apparentant à l’illettrisme
15
, les résultats immédiats permettent aux
agents de la DSN d’agir en fonction de la situation de l’
appelé
: s’il est scolarisé, la DSN
communique l’information au rectorat
16
;
s’il ne l’est pas, il est reçu en entretien par un des
encadrants, qui l’oriente vers la
mission locale (MLJ)
, l’EPIDe ou le SMA outre
-mer. La DSN
emploie, en outre, 27 volontaires
du service civique, chargés d’assurer
le suivi
de l’appelé
avec son accord. Selon la DSN, ce suivi incite les jeunes à entrer dans un dispositif
d’insertion.
B -
Les appelés expriment une opinion positive
Les projets (PAP) et rapports annuels de performance (RAP) mesurent la performance
de la JDC par deux indicateurs du programme 167
–
Liens entre la Nation et son armée
indicateurs
répondant à l’objectif
de « sensibiliser chaque classe d’âge à l’esprit de défense,
par une JDC de qualité et pour un coût maitrisé »
: le taux de satisfaction de l’usager de la
JDC et le coût moyen par participant
17
.
S’agissant du
premier indicateur
, bien qu’il ne
suffise
pas à
mesurer l’efficacité réelle de la JDC, il
donne néanmoins une indication de la manière
dont les jeunes gens ressentent cette journée
, et ce qu’ils en retiennent dans les mois qui
suivent.
14
Selon l’OCDE, «
aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au
travail et dans la collec
tivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses
capacités ».
15
Voir
infra
chapitre IV.
16
58 912 jeunes ont été signalés aux rectorats en 2014.
17
Les questions relatives au coût de la JDC sont traitées au Chapitre II
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
19
1 -
Les évaluations « à chaud » montrent une satisfaction globale des appelés
18
mais les indicateurs restent perfectibles
L’évaluation de la JDC est réalisée en fin de journée d
e façon automatisée (à
l’aide de
boîtiers). Elle permet de mesurer la satisfaction immédiate des appelés
Cette évaluation se fonde sur la réponse à deux questions principales. La première
interroge l’appelé sur la qualité de la prestation offerte, et le t
aux mesure les réponses
« satisfait » ou « très satisfait ». La seconde demande
à l’appelé
si la JDC lui a donné une
meilleure image de la défense et des armées, le taux mesurant les réponses « d’accord » ou
«
plutôt d’accord ».
Les résultats, comme le montre le tableau n° 1, sont bons et progressent depuis la mise
en place de la JDC rénovée et le recentrage sur les questions de défense.
Tableau n° 1 :
é
volution du taux de satisfaction de l’usager
Source : DSN (tableau de bord) / Documents budgétaires pour 2015 (PAP et RAP).
Mais
l’
indicateur de qualité de la prestation
, tel qu’il figure dans les documents
budgétaires, est très synthétique et
place au même niveau les conditions matérielles d’accueil
des appelés (salle, repas servi) et la qualité des contenus. De plus, il ne rend pas compte de la
diversité géographique des résultats
: si l’on regarde les indices globaux par département, la
satisfaction est, malgré quelques contre-exemples, forte dans les zones rurales, encore plus
forte en outre-mer, et médiocre dans l
a zone centrale d’
Île-de-France (81,46 % à Paris,
84,18 % dans les Hauts-de-Seine, 83,20 % en Seine-Saint-Denis, par exemple).
L
’appréciation de l
a qualité de la prestation offerte fait cependant
l’objet
de questions
plus détaillées permettant de distingue
r les aspects matériels et les contenus. D’une manière
générale, les animateurs (à 95,9 %) et les encadrants (à 93,9 %) recueillent des avis très
favorables, alors que la séquence « visite »
19
ou témoignage et le secourisme en recueillent
moins de 85 %, les « modules » eux-mêmes (hors secourisme) 80,2 %, et les repas 70,34 %.
Les résultats par centre du service national (CSN) montrent également que la
satisfaction quant aux contenus est plus importante dans les zones rurales ou dans les zones où
vivent des populations moins favorisées que dans les grandes villes, en particulier à Paris.
Ainsi, pour le CSN de Creil, la satisfaction générale est de 91 %, les modules ont un
taux de satisfaction supérieur à la moyenne nationale (83,7 %) et le repas est apprécié à 86 %.
18
Les résultats détaillés, par question et par CSN et/ou département sont reproduits en annexe 5.
19
Voir
infra
:
la visite peut être l’assistance à un exercice
ou à
une démonstration d’utilisation de matériel. Pour
des raisons pratiques, elle peut être remplacée par un témoignage sur la vie en opération etc.
2009
Réalisation
2010
Réalisation
2011
Réalisation
2012
Réalisation
2013
Réalisation
2014
Réalisation
2015 Résultat
cumulé
janvier/septembre
2015
Prévision
2015
2017 Cible
Qualité de la
prestation
offerte
81,5%
84,4%
85,5%
86,2%
87,7%
88,5%
89,7%
90,0%
90,0%
Impact de la
JDC sur
l'image
*
86,3%
86,1%
86,5%
88,3%
89,2%
90,6%
90,0%
90,0%
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
20
Pour le CSN de Paris, la satisfaction générale « chute » à 81,67 %, les modules à 71,62 % et
le repas à 42,78 %. Les taux en zone rurale (par exemple dans les CSN de Limoges ou de Pau)
ou dans les DOM sont proches de ceux de Creil (sauf pour les repas).
Concernant l’image de la défense, l
es appelés estiment très largement que la JDC a
amélioré cette image
, avec cependant, comme pour l’appréciation sur la prestation,
des
différences assez sensibles sur le territoire, comme le montre la carte ci-après.
Carte n° 1 :
l
’impact de la JDC sur l’image de la défense nationale auprès des usagers,
par département (2015)
2 -
Les évaluations « à froid » effectuées par sondage confirment
et complètent ces évaluations
Après une première évaluation « à froid » en 2011, peu significative en raison de
l’étroitesse de l’échantillon retenu, la DSN a
fait procéder à des sondages dont la qualité a été
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
21
améliorée
(panel élargi, meilleure couverture géographique, délai d’enquête après la JDC,
questions posées
20
)
afin d’
analyser
l’impact
de la journée dans la durée.
Trois enquêtes approfondies ont ainsi été conduites en 2013, 2014 et en 2015 par des
organismes indépendants auprès d’un panel représentatif de jeunes, 8 à 12 mois après leur
JDC. Elles visent à apprécier,
d’une part
, la mémorisation des thèmes abordés (« quels thèmes
vous ont le plus marqué ? ») et,
d’autre part
,
l’atteinte des objectifs
en termes d’intérêt et
d’
assimilation des messages :
-
la première enquête a été réalisée en décembre 2013, auprès de 10 751 jeunes
métropolitains
21
; 16 % ont répondu. Près des trois quarts d
’entre eux
estimaient que
« leur » JDC avait été intéressante, leur avait
permis de découvrir l’univers militaire, les
messages étant globalement bien reçus. 68 % avaient
répondu favorablement à l’idée de
participer à une seconde journée ;
-
la deuxième enquête a été conduite en décembre 2014 auprès de 25 075 jeunes. Le taux
de participation et les résultats ont été quasiment les mêmes que ceux de
l’année
précédente ;
-
la troisième, menée à la fin du mois de novembre 2015, a couvert un panel élargi de
43 582 jeunes. Elle
a montré une progression de l’intérêt des jeunes, même si la faible
part
des franciliens dans l’échantillon peut introduire des biais statistiques.
L
a présentation de l’armée est, parmi les thé
matiques abordées au cours de la journée,
celle qui marque le plus les jeunes (en 2015, 49 % ont surtout mémorisé les sujets relatifs à la
défense). Les jeunes estiment que la journée contribue à les informer sur les métiers de la
défense (à 88 % en 2013, 86 % en 2014 et 87 % en 2015) et à améliorer leur connaissance du
rôle de la défense et des armées (à 78 % en 2014, 80 % en 2014 et 82 % en 2015). Les jeunes
les plus intéressés par un éventuel recrutement sont ceux issus des milieux les moins
favorisés.
La mémorisation est moins bonne pour la séquence sur le secourisme (18 % ont été
marqués par cette séquence en 2015, et 77 % la jugent intéressante) et encore plus médiocre
pour la sensibilisation aux droits et devoirs des citoyens (7 % ont été marqués par ce thème, et
75
% l’ont trouvé intéressant). Enfin,
le test de lecture rencontre des opinions moins
favorables (58 % le jugent efficace en 2014, et 60 % en 2015), mais il est vrai que, si tous les
jeunes ou presque ont besoin d’améliorer leurs connaissanc
es en matière de défense, les
« lecteurs efficaces » ne tirent pas de profit particulier du test de lecture.
Les questions posées lors des évaluations « à chaud » et « à froid » restent néanmoins
assez générales ; elles ne permettent pas de mesurer si les messages délivrés ont bien été
assimilés dans la durée, ni comment cette assimilation varie selon les déterminants
géographiques et sociologiques
. Les indicateurs, aujourd’hui calculés, doivent être complétés
20
Exemple de questions : «
Dans l’ensemble, votre journée défense citoyenneté a
-t-elle été très intéressante,
assez intéressante, peu intéressante ou pas du tout intéressante ? Pensez-vous que la détection pendant la JDC
des jeunes en difficulté de lecture constitue une démarche très efficace, assez efficace, peu efficace ou pas du
tout efficace ? Si une seconde journée obligatoire était organisée et consacrée à des thèmes essentiellement
citoyens (par exemp
le la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, les droits des femmes, la sécurité routière, les
missions et les métiers de la police et de la gendarmerie, des sapeurs-pompiers, etc.), trouveriez-vous cette
initiative très intéressante, assez intéressante, peu intéressante ou pas du tout intéressante ? »
21
Le ministère envisage de faire la même étude auprès d’un échantillon de jeunes d’outre
-mer.
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COUR DES COMPTES
22
d’analyses qualitatives
pour vérifier si la JDC atteint réellement les buts qui lui sont fixés
(voir chapitre IV).
Graphique n° 1 :
mémorisation des thèmes par les anciens appelés (métropole - 2015)
Tableau n° 2 :
atteinte des objectifs du point de vue des anciens appelés (métropole)
Nombre
de jeunes
consultés
Nombre
de jeunes
ayant
répondu à
l’enquête
Pourcentage
jugeant la
JDC très ou
assez
intéressante
Pourcentage
s’estimant
bien
informés sur
le rôle de la
défense et
des armées
Pourcentage
s’estimant
bien
informés sur
les métiers
des armées et
de la défense
Pourcentage
s’est
imant
sensibilisés aux
droits et
devoirs des
citoyens
Pourcentage
ayant pris
contact avec
l'armée
Pourcentage
se disant
favorables à
une seconde
journée
2013
10 751
1 676
73
%
78
%
88
%
73
%
8 %
68 %
2014
25 075
3 971
73
%
80
%
86
%
71
%
9 %
67 %
2015
43 582
6 003
75
%
82
%
87
%
75
%
9 %
71
%
Source :
Cour des comptes d’après données du ministère de la défense
: résultats chiffrés des enquêtes à froid réalisés par
les sociétés LH2, BVA et CSA
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
23
II -
La DSN pilote efficacement
l’
organisation de la journée
A -
La direction du service national, plusieurs fois réformée, pilote une
organisation assurant le maillage du territoire
1 -
Le réseau de la DSN est désormais constitué de deux échelons territoriaux
Depuis 1997 et la suspension de la conscription, la DSN a été réorganisée à plusieurs
reprises. En 1999, cette direction, dépendant jusqu’alors du chef d’état
-
major de l’armée de
terre, a été rattachée au secrétaire général pour l’administration (SGA) du ministère de la
défense.
Une réforme importante a eu lieu en 2012 et, désormais, la Direction, recentrée sur la
JDC, repose désormais sur deux niveaux administratifs
22
: l’administration centrale et, au
niveau territorial, cinq établissements du service national (ESN) au sein desquels ont été
intégrés 27 centres du service national (CSN), unités de productions consacrées à la mise en
œuvre de la JDC. Le dispositif des six centres du service national outre
-mer (CSN-OM) est
inchangé : directement rattachés à l’administration centrale, ces six centres assurent à la foi
s
les fonctions d’un ESN et d’un CSN
.
Carte n° 2 :
sites de la DSN
Sites JDC
Rennes
Nancy
Dijon
Creil
Clermont
–
Ferrand
N
î
mes
Toulouse
Bordeaux
Limoges
Poitiers
Strasbourg
Chalons en
Champagne
Besan
ç
on
Versailles
Angers
Brest
Caen
Rouen
Pau
Perpignan
Marseille
Nice
Ajaccio
Lyon
Varces
Vincennes
Lille
Un déploiement équilibré
sur le territoire national
et outre-mer
1 direction centrale à
Orléans
5 établissements (ESN) :
Ile-de-France, Nord-Est,
Nord-Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest
comprenant 27 centres
6 centres du service
national outre-mer
Orl
é
ans
ADT
:
75 (5 OM)
AIR
:
30 ( 3 OM)
MARINE :
15 (4 OM)
GEND :
35 (2 OM)
DGA :
0
SSA :
1
SEA :
1
DSN :
19
(3 OM)
SMA:
5
CIVILS :
75
(35 OM)
L
A JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ
Le cycle de la JDC
22
Jusqu
’alors
, la structure reposait sur trois niveaux hiérarchiques : la direction centrale, puis les cinq directions
interrégionales du service national (DIRSN), et enfin 12 bureaux du service national (BSN) et 16 centres du
service national (CSN) auxquels s’ajoutaient les 6 CSN outre
-mer.
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24
2 -
L’administration centrale de la DSN
La DSN, transférée depuis 2012 de Compiègne à Orléans, est organisée par un arrêté du
4 mai 2012. Placée sous l’autorité d’un directeur assisté de deux adjoints, e
lle comporte au
niveau central deux structures de coordination (le cabinet et le bureau des études générales et
de coordination outre-mer), et deux sous-directions
–
la sous-direction défense et citoyenneté
(SDDC) et la sous-direction ressources « métier » (SDRM).
Selon le décret relatif au SGA
23
, la DSN « élabore et met en œuvre la politique du
service national ». Ses principales attributions
24
sont les suivantes :
-
exploiter les données issues du recensement des jeunes Français ;
-
organiser et assurer le suivi des journées défense et citoyenneté ;
-
participer à l'effort de recrutement des engagés, volontaires et réservistes du ministère de
la défense, ainsi qu'à la mise en œuvre des volontariats de service civique par la
transmission des coordonnées des jeunes intéressés aux organismes concernés ;
-
participer, en collaboration avec les ministères concernés et les structures d'aide aux
jeunes en difficulté, à la lutte contre les exclusions par l'identification des jeunes en
situation de « décrochage » scolaire, et par des mesures d'accompagnement
personnalisées qui sont proposées aux jeunes détectés en difficultés importantes de
lecture ;
-
contribuer à l’appel sous les drapeaux qui peut être à tout moment rétabli par la loi. Dans
ce cadre, la DSN est chargée de la fiabilisation des données des Français âgés de 16 à
25 ans ;
-
assurer la conservation et la gestion des archives pour l’outre
-mer
25
;
-
faciliter la révision des listes électorales (inscription d’office des jeunes citoyens) par la
transmission, à l’INSEE, des
données de recensement actualisées lors de la JDC.
3 -
Les services en régions
a)
Les Établissements du service national (ESN) sont responsables du pilotage de la JDC
Les ESN sont formés,
d’une part
,
d’
une « portion centrale », composée de deux bureaux
(un bureau administration générale et un bureau des opérations), et,
d’autre part
, d
’
unités de
production, les centres du service national (CSN).
Les ESN assurent le dialogue avec les représentants des armées, de la gendarmerie
nationale et les directions régional
es des services, notamment pour planifier l’affectation des
animateurs aux sessions. Ils entretiennent des relations avec les préfets et les services
déconcentrés des ministères avec lesquels un partenariat a été conclu au niveau national.
23
Décret du 5 octobre 2009 modifié
fixant les attributions et l’organis
ation du secrétariat général pour
l’administration du ministère de la défense.
24
Outre le décret susvisé, ces attributions sont issues de la loi du 28 octobre 1997 portant réforme du service
national
et précisées par l’instruction du 30 avril 2013 relative
à l'organisation et au fonctionnement de la
direction du service national.
25
Il s’agit d’une exception au transfert de la mission archives au SHD. La DSN indique que ces tâches pèsent
peu sur les RH des CSN-OM.
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
25
b)
Au sein des ESN, les CSN constituent les « unités de production » de la JDC
Les CSN assurent les relations avec les appelés et l’organisation logistique des journées.
Des conventions et protocoles sont signés au niveau local avec des partenaires, notamment
pour la fournit
ure d’alimentation, le nettoyage et le transport pour les JDC. Ces conventions
sont souvent la déclinaison locale de protocoles signés par la DSN au niveau national.
Outre l’organisation de la JDC, les CSN mettent en œuvre, sur le terrain, les missions
dévolues aux ESN en matière de prise en charge des jeunes appelés, de prise en compte
informatique (saisie dans S@GA), et d’information des jeunes et des administrations,
notamment sur l’obligation de recensement. Localement, diverses actions de communication
sont mises en œuvre par les CSN et/ou les ESN, notamment pour le recensement.
4 -
L’organisation de la JDC en
outre-mer
Les six centres du service national en outre-mer (CSN-OM) sont des services
déconcentrés placés sous l'autorité fonctionnelle de l'administration centrale de la DSN et sous
l'autorité d'emploi des commandants supérieurs en outre-mer
26
.
Ces organismes remplissent à la fois les missions d’un ESN et d’un CSN.
Les CSN-
OM s’appuient en 2014 sur 56 sites JDC
27
(dont 35 sites civils), soit 22 % du
tot
al des sites sur le territoire national. Certains sites ne sont activés qu’occasionnellement.
B -
La DSN poursuit l’adaptation de son
réseau
1 -
Les évolutions démographiques conduisent à une réflexion sur le maillage
territorial des sites accueillant la JDC
Le n
ombre d’appelés et leur répartition sur le territoire font l’objet d’analyses
prévisionnelles. Sur cette base, la DSN s’efforce d’optimiser et de rationaliser les sites en
favorisant les sites militaires à proximité de bassins démographiques importants. Cette
rationalisation a permis de diminuer le nombre de sites de 10 % de 2008 à 2014, malgré
l’
augmentation du nombre de jeunes présents à la JDC.
Le choix des sites, proposé par les ESN et validé par l’administration centrale, repose
sur une étude de terrain, de coûts, de bassin de population. La priorité va aux sites militaires,
disposant de préférence de plusieurs salles et pouvant offrir une visite attractive et/ou des
témoignages. Sont recherchés également une densification systématique de l’utilisation
du site
(du lundi au vendredi) et un accès facile.
Une « session JDC », qui peut se dérouler simultanément dans plusieurs salles,
implique, outre la présence de deux animateurs par salle, celle d’un « chef de session » assisté
d’un « équipier », personnels du CSN. Le chef de session est responsable de l’accueil des
26
Instructions du 15 juin 2000 et du 25 octobre 2006.
27
7 pour le CSN Guadeloupe, 1 pour le CSN Martinique, 7 pour le CSN Guyane, 10 pour le CSN
Réunion-Mayotte, 13 pour le CSN Nouvelle-Calédonie, 18 pour le CSN de Polynésie française. Un site
(militaire) à Saint-Pierre et Miquelon est rattaché au
CSN de Paris. Les sites d’outre
-mer représentent ainsi 22 %
des 259 sites JDC disponibles en 2014.
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26
jeunes et du bon déroulement de la session. Un chef de session et son équipier peuvent gérer
jusqu’à cinq salles
28
, un site proposant plusieurs salles permet donc de réaliser des économies.
2 -
L’évolution de la carte militaire ne permet plus d’organise
r la JDC sur les seuls
sites du ministère de la défense
La DSN accorde la priorité aux sites militaires, constatant que ce « dépaysement »
suscite la curiosité et le respect. Il permet, par la forte vis
ibilité de l’institution militaire,
d'illustrer plus concrètement les concepts évoqués par les animateurs. Les activités proposées
peuvent être diverses : visites de locaux, démonstrations de matériels militaires, d'équipes
cynophiles, témoignages de milit
aires, compléments d’inf
ormations sur les carrières etc.
29
Cet objectif est plus difficile à atteindre dans un site civil. Les organisateurs s’efforcent
alors de pallier ce déficit par des témoignages, le recours à une démonstration de sécurité
civile (sapeurs-pompiers), une séquence « originale » (par exemple, une intervention sur la vie
d’un militaire en opération autour de la présentation de la ration du combattant).
L’évolution de la carte militaire ne permet pas toujours de disposer des infrastructure
s
nécessaires à proximité des jeunes. Si, en 2014, 86,7 % des jeunes de métropole (et 78,7 % en
outre-mer) ont accompli leur JDC dans un site militaire, ceci inclut les sites de gendarmerie
qui sont passés de 14 % du total des sites en 2008 à 18 % en 2014
30
.
Il est nécessaire de recourir également à des sites civils, généralement des
établissements scolaires, plus rarement des locaux municipaux ou privés. Dans ce cadre, les
ESN ou les CSN signent des conventions pour l’organisation pratique et les prestation
s
associées. Quelques sites sont payants, mais la plupart ne nécessitent que la prise en charge
des frais liés à la JDC.
Le recours à des sites non militaires peut également être justifié par la nécessité d’aller
vers certains publics, notamment les jeunes en situation de handicap important, ou des jeunes
incarcérés
31
: la DSN organise ainsi des journées exceptionnelles dans des centres pour
personnes handicapées et aussi en maisons d’arrêt, avec, selon la DSN, de très bons
« retours » de la part des jeunes et des institutions concernées.
La DSN organise enfin quelques JDC dites de « relations publiques », environ 150
sessions sur des sites non permanents, afin de faire connaître cette journée en l’ouvrant aux
élus, enseignants, autorités publiques. Ces journ
ées sont essentiellement d’initiative locale
(CSN, collectivités locales, préfets, etc.) mais font l’objet d’une décision au niveau national.
Sur les 259 sites utilisés en 2014 (dont 202 en métropole), 115 relèvent ainsi d’autres
organismes que ceux du ministère de la défense, dont 36 du
ministère de l’intérieur
(gendarmeries), 33 du
ministère de l’éducation nationale et 5
du ministère des outre-mer.
28
Une salle permettant
d’accueillir un groupe de 40
à 45 jeunes réunis pour la JDC, avec deux animateurs, le
terme de « salle » est utilisée aussi bien pour désigner le local que le groupe lui-même et ses animateurs.
29
Il ne faut toutefois pas surévaluer cet avantage, car nombre de JDC en site militaire ne peuvent proposer des
démonstrations dynamiques, et offrent plutôt la visite de salles d’honneur
, par exemple, où des armes et objets
souvent anciens sont exposés. Le cas des jeunes qui assistent à une vraie manœuvre d’entraînement,
approchent
un navire de guerre ou
un aéronef est loin d’être courant.
30
Cinq sites gendarmerie ont été créés en 2014: Finistère, Landes, Nord, Seine-Saint-Denis, Guyane.
31
À noter que les CSN et les administrations concernées s’efforcent cependant de permettre l’accès des jeunes
handicapés ou placés sous main de justice à la JDC « ordinaire
» en permettant dans ces cas l’accompagne
ment
de l’appelé par un «
aidant » ou un éducateur.
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ORGANISATION EFFICACE
27
C -
Les outils de gouvernance de la JDC aux niveaux central et local
fonctionnent bien
1 -
Le comité directeur de la JDC arrête les contributions des armées, directions et
services en matière de sites, de moyens matériels et d’animateurs
L’arrêté ministériel du 31 août 2011
32
a précisé les modalités de gouvernance et
d’organisation de la JDC aux niveaux central et local.
Le comité directeur de la JDC est présidé par le secrétaire général pour l’administration
(SGA). Il a, notamment, pour mission de coordonner la participation des états-majors,
directions et services du ministère de la défense, ainsi que de la gendarmerie nationale, et de
proposer au ministre de la défense les évolutions nécessaires de cette journée. Il est, par
ailleurs, chargé d'exploiter les données qui en découlent.
2 -
Les comités directeurs territoriaux déclinent ces engagements
Les comités directeurs territoriaux, présidés par le chef de chaque ESN, organisent
concrètement les contributions et veillent à la qualité du soutien apporté pour la JDC.
Depuis 2014, leur composition a été élargie aux représentants de chacune des armées et
des services concerné
s par une contribution à la JDC, en termes d’animation ou de soutien.
Outre-mer, les comités directeurs territoriaux sont présidés par le commandant supérieur
des forces armées, assisté du directeur du CSN.
3 -
Les procédures internes de la DSN ont été améliorées
Les modalités de pilotage et d’audit semblent adaptées au format de la DSN et à l’enjeu
que constitue l’harmonisation des pratiques sur tout le territoire.
Une directive annuelle du directeur du service national définit le dispositif de pilotage et
de surveillance du « système de management intégré
», mis en œuvre par toute la chaîne du
service national. Ce document stratégique, adressé aux directeurs des ESN et des CSN
outre-
mer, prévoit que l’action de la DSN se poursuive dans le cadre des actions de
modernisation conduites par le SGA, qui concernent pour 2015 cinq axes : dématérialisation,
qualité de la prestation, pilotage de la performance, notoriété et gestion des ressources de la
JDC.
La directive est déclinée en plans d’action annuels par les ES
N et les CSN-OM.
32
Arrêté du 31 août 2011, modifié par arrêté du 4 novembre 2014, portant organisation et fonctionnement du
comité directeur et des comités directeurs territoriaux de la journée défense et citoyenneté.
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28
III -
L
’implic
ation des armées, directions et services et de la
gendarmerie nationale est nécessaire à la réussite de la journée
A -
Le calcul de la participation des contributeurs prend en compte leurs
capacités et le nécessaire équilibre entre eux
1 -
Le « plan général d’abonnement » (PGA) est l’outil de programmation annuelle
définissant les contributions, et notamment le nombre de jours/animateurs
Le « plan général d’abonnement » (PGA) répartit entre les «
contributeurs » (armées,
directions, servi
ces et gendarmerie) la charge d’
accueillir
, de soutenir et d’animer la JDC. Ce
plan constitue la référence pour déterminer et visualiser la charge à assumer par les
contributeurs, qui sont engagés par ce document, après validation par le Comité directeur de
la JDC et par chacune des autorités concernées.
Le PGA est édité annuellement, au cours du mois de septembre qui précède le début de
l'année concernée. Pour ce qui concerne l’animation, son calcul s’effectue en deux temps :
-
une première contribution théorique est calculée, pour chacun des contributeurs, en tenant
compte du nombre potentiel d’animateurs (fonction du poids de chacun des grades des
personnels d’active) pondéré par la part des personnels non formés à l’animation, ainsi
que de la cohorte des
appelés pour l’année
;
-
cette contribution est recalculée en prenant en compte, d’une part, un
quantum
global
pour la prise en charge de l’animation de la JDC outre
-mer
33
et, d’autre part, un
plafonnement de la contribution de la gendarmerie nationale et de la direction générale de
l’armement.
Le tableau et le graphique ci-après présentent les contributions ainsi arrêtées pour
chaque contributeur, pour les deux ministères
d’appartenance
(Défense et Intérieur).
Tableau n° 3 :
p
lan général d’abonnement (PGA) 2015 : répartit
ion des contributions y
compris la gendarmerie
Gend
DGA
DSN
Terre
Marine
Air
SSA
DIRISI
BdD
GSBdD
SIMu
SEA
SCA
Autres
34
TOTAL
Nombre de
jours -
animateurs
recalculé
métropole
9 945
229
519
8 767
4 931
5 546
1 612
1 030
1 988
83
122
270
559
35 601
taux (%) de
participation
27,93
0,64
1,46
24,63
13,85
15,58
4,53
2,89
5,59
0,23
0,34
0,76
1,57
100,00
Source : Cour des comptes
d’après
données DSN
33
La répartition des jours animateurs outre-mer est négociée avec les correspondants locaux des armées et
services. En 2015, 2 178 jours-animateurs sont retirés du total, soit 6 % du total théorique.
34
SGA (sans DSN), Directions, DICoD, Agence de reconversion de la défense, SHD, SID.
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ORGANISATION EFFICACE
29
Graphique n° 2 :
répartition des contributions des différentes armées, directions et
services à la JDC
Source : Cour des comptes
d’après
les données DSN
Le plafonnement de la gendarmerie est justifié par le risque de déséquilibre dans la
présentation des armées aux appelés, qui résulterait de son poids très important : sa
contribution théorique serait en effet de 36 % du total. Un accord informel entre le directeur
du service national et le directeur du personnel militaire de la gendarmerie nationale limite
donc le taux effectif à 29 %.
Concernant la DGA, le plafonnement semble dû essentiellement à une faible appétence
de cette di
rection pour la JDC et à l’absentéisme de ses animateurs. Cette direction, dont la
contribution théorique est de 290 jours/animateurs n’est engagée que pour 229 dont une partie
seulement est réellement assurée (voir
infra
). Cette situation ne saurait être justifiée par la
composition de son vivier d’animateurs, où les catégories A prédominent: leur présence
répondrait certainement aux attentes des certains jeunes et les militaires de la DGA ne
sauraient
s’exonérer des
sujétions de leur statut.
Le plafonnement des contributions de la gendarmerie et de la DGA est compensé par la
DSN, dont la contribution maximale (519 animateurs) est plafonnée à un niveau bien
supérieur à son poids (qui devrait la conduire à désigner 44 animateurs) et par les autres
contributeurs. Ce mode de calcul conduit à augmenter la participation des trois armées (qui
représentent 54
% du total) et des services pour mettre en œuvre le PGA définitif.
28%
25%
16%
14%
6%
5%
3%
1%
1%
1%
0%
0%
Gendarmerie
Terre
Air
Marine
BdD
SSA
DIRISI
DSN
SCA
DGA
SEA
SIMu
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30
2 -
Le plan prévisionnel d’abonnement fixe le nombre de sessions au niveau local
Le plan prévisionnel d'abonnement (PPA), validé par le comité directeur territorial,
décline le PGA dans la zone de compétence de chaque ESN, sur une base trimestrielle. Ce
document organise les sessions par site. Il précise les dates, le nombre de groupes (salles) et
leur effectif en appelés. Chaque salle représente deux journées d’animateurs.
Tableau n° 4 :
p
lan prévisionnel d’abonnement 2008
-2014 en nombre de salles
(prévisionnel et réalisé
35
)
Prévisions
Réalisation
2008
19 471
19 743
2009
19 397
19 527
2010
18 538
18 761
2011
18 817
19 155
2012
18 565
18 887
2013
19 188
18 912
2014
18 815
18 847
Source :
Cour des comptes d’après
des données DSN
3 -
Les contributeurs restent libres d’organiser leur participation concrète au PGA
Les contributeurs sont responsables de l’affectatio
n de leurs animateurs inscrits au
vivier. Si le «
binômage » (par grade, entre contributeurs, entre personnels d’active et de
réserve) est souhaité par la DSN et recommandé par les armées, il est effectué, au cas par cas,
par les CSN en fonction des ressources proposées par les contributeurs pour chacun des sites.
Il semble difficile d’imposer aux contributeurs des règles plus précises, au vu de la
charge qui leur est imposée,
de leurs contraintes d’implantation territoriale
et de leur activité
opérationnelle
. L’animation par deux militaires de la même armée ou du même grade ne peut
donc être toujours évitée.
B -
Chaque contributeur détermine les modalités de sa participation
1 -
La Gendarmerie est le
premier contributeur à l’animation de la JDC
La contribution de la gendarmerie à la JDC est essentielle, notamment pour assurer
l’organisation des JDC dans les « déserts militaires ». Sa participation peut ainsi dépasser
35
Les prévisions n’intègrent pas les journées dites de
« relations publiques », mais les chiffres réalisés les
intègrent, ce qui explique que ce chiffre soit en général supérieur. À l’inverse, de fortes intempéries peuvent
entraîn
er des reports, ce qui s’est produit en 2013.
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ORGANISATION EFFICACE
31
35 % dans certaines zones. Très engagée dans la JDC, l
a DGGN participe à l’élaboration du
PGA, mais sa contribution concrète est définie au niveau des régions de gendarmerie dont les
commandants, qui sont représentés au sein des comités directeurs territoriaux, assurent la
mise à disposition des différents sites et la réponse au PPA.
2 -
Les modalités de pilotage diffèrent selon les armées
L’armée de l’air est la seule armée à procéder de manière centralisée. Le bureau « armée
de l’air dans la nation » (BAAN) est l’interlocuteur de la DSN, y compris au niveau régional,
les agents du BAAN siégeant dans les comités directeurs territoriaux.
Au sein de la direction du personnel militaire de la marine (DPMM), le bureau du
personnel de la réserve militaire est responsable de la mise en œuvre de la JDC. Il s’appuie
sur les commandants d’arrondissement maritime (CA
M) et les commandants de la marine
(COMAR) qui recrutent, forment et évaluent les animateurs d’active ou réservistes.
À
la différence des autres armées, l’armée de terre s’appuie sur les états
-majors de zone
de défense (EMZD) pour la coordination locale e
t l’abondement du PPA, ainsi que pour la
tenue du vivier des animateurs par formation d’emploi
. En outre, si le volontariat est la règle,
l’armée de terre tend à s’en écarter : les directives annuelles précisent
, ainsi,
qu’il incombe à
chaque formation d’emploi de tenir à disposition un vivier d’animateurs.
3 -
Le taux de réalisation du « plan général d’abonnement » s’élève à 94,81 %
en 2014
Le PGA
est ajusté en cours d’année en fonction de la disponibilité réelle des animateurs
(envoi d’unités en opération ex
térieure par exemple) et du taux de remplissage des salles, qui
peut être différent de la prévision, affectant le nombre de jours/animateurs finalement
nécessaire. Le taux de réalisation du PGA initial, de 94,81 % en 2014, varie selon les régions
et les contributeurs. Le taux le plus faible (92,85
%) s’explique par les fortes contraintes
opérationnelles des unités basées dans le Sud-Ouest.
Une partie de l’écart résulte de l’absentéisme
des animateurs, dont le taux de 2,34 % est
probablement minoré: il prend en compte les absences réellement constatées d’animateurs
qui, ne se
sont pas présentés et n’ont pu être remplacés. En effet, un remplacement « au pied
levé » est souvent assuré par un agent de la DSN,
afin d’éviter l’ann
ulation des sessions, ce
qui accroî
t la participation réelle de la DSN au PGA, sans que l’animateur remplacé soit
considéré, dans les statistiques, comme absent.
Le taux d’absentéisme des animateurs est en diminution dans la durée
(il était de 4,27 %
en 2012) du fait de
l’
effort important des armées (notamment celui de la marine). La
mobilisation des personnels des centres d'information et de recrutement des forces armées
(CIRFA), renforcée depuis 2014, devrait permettre de le diminuer encore.
En 2014, l’
absentéisme des animateurs est le plus élevé en Île-de-France (4,6 %).
La gendarmerie a un faible taux d’absentéisme (1,67 % en 2014), qui va
rie entre 0,41 %
dans la région Nord-Est et 3,1 % dans la région Sud-Est.
Le taux d’absentéisme des animateurs de
la DGA est particulièrement élevé (plus de
35 %) ;
le plafonnement qui lui est accordé le rend d’autant moins acceptable.
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32
C -
La qualité de la JDC repose sur des animateurs militaires bien
formés
La réussite de la JDC, à savoir la transmission de l’ensemble d
es messages, ainsi que la
bonne image de la défense, repose très largement sur les animateurs auxquels la JDC rénovée
confie un rôle accru
en renforçant leur capacité d’initiative. Cela permet une adaptation à
l’auditoire
, mais nécessite plus de travail de préparation et sollicite davantage les qualités
personnelles des animateurs. Le choix de ces animateurs, leur formation et leur évaluation
sont donc essentiels. Des efforts sont accomplis par la DSN et les employeurs mais des
marges de progrès existent.
1 -
Le vivier des animateurs en cours de refonte est formé de militaires
Les animateurs sont des militaires dont, environ, 80
% d’actifs et 20
% de réservistes.
Ils sont désignés par leur employeur sur la base du volontariat, et inscrits dans un « vivier »,
ter
me désignant l’ensemble des personnes identifiées comme pouvant être appelées à animer
une JDC et formées à cette fin.
Le vivier nominatif des animateurs a longtemps été difficile à suivre de façon
qualitative, les armées n’étant pas en mesure de connaître le degré d’« activité » de chaque
animateur figurant dans un fichier pléthorique (13 000 animateurs figurant au fichier 2014,
dont près des deux tiers avaient animé moins de trois journées, et un tiers aucune). Il a donc
été resserré en 2015 pour le réserver aux animateurs ayant été actifs en 2014 et à ceux qui ont
été formés à la JDC rénovée,
mais qui n’en ont pas encore effectuée, soit un peu plus de 8
000
personnes, 7 000 étant réellement mobilisées chaque année.
La DSN ne dispose pas des données concernant le grade, la catégorie, le nombre moyen
de jours/animateurs annuel, leur formation à la JDC rénovée et la date de leur dernière
évaluation
36
, pour chacun des services et des armées.
a)
L’ouverture prudente du vivier aux militaires du rang
Composé depuis
l’origine de sous
-
officiers et d’officiers, le vivier des animateurs a été
élargi récemment aux caporaux-chefs les plus qualifiés. Les militaires du rang représentent
ainsi 1,7 % du vivier à la fin de 2014, les sous-officiers 81,2 % et les officiers 17,1 %.
Principal employeur de militaires du rang, l’armée de terre a d’abord été réticente
à
cette ouverture. Elle a cependant infléchi sa position en 2015 sous deux conditions : une
sélection attentive de l’animateur en fonction de ses qualités pédagogiques,
de son expérience
opérationnelle et de sa « culture défense » ; une intervention en binôme avec un sous-officier
ou un officier.
Le recours aux militaires du rang,
rendu nécessaire par l’effort demandé aux armées,
peut avoir un effet positif par la « proximité » avec les appelés mais un militaire du rang peut
aussi
être mis en difficulté par des jeunes ayant un niveau d’instruction supérieur ou mal
maîtriser les messages qu’il délivre. Les conditions fixées par l’armée de terre sont donc
36
L’armée de l’air, du fait de sa gestion centralisée, dispose seul
e
d’un tel suivi pour chacune des bases et
détachements aériens.
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LA JOURNÉE DÉFENSE ET CITOYENNETÉ SE DÉROULE DE MANIÈRE SATISFAISANTE, GRÂCE À UNE
ORGANISATION EFFICACE
33
justifiées et ont été reprises dans l
’instruction du 17 février 2015
qui
consacre, en l’encadrant,
l’ouverture de l’animation de la JDC aux militaires du rang.
b)
L’ouverture du vivier aux civils
est, pour le moment, écartée
Les animateurs sont des militaires, pour facilit
er l’appréhension par les jeunes de
l’institution
et du métier militaires
37
. La DSN, qui compte une proportion importante de
personnels civils (78 % en 2014), mais qui assure, relativement, un grand nombre de sessions,
doit ainsi conserver assez de militaires pour assurer
l’encadrement des sessions.
L’armée de l’air s’
est, pour sa part, dite favorable à une implication de ses personnels
civils dans la réalisation de la JDC. Cette suggestion a été, pour le moment, écartée.
Cette question pourra se poser à nouveau, s
ous l’effet de
la pression démographique et
si la disponibilité des militaires
, dont l’engagement opérationnel
est particulièrement soutenu,
ne permet plus d’y faire face. Le ministère
, qui reste défavorable à une telle ouverture,
rappelle que les civils sous statut réserviste peuvent animer des JDC.
c)
Le recours aux réservistes opérationnels
38
doit rester encadré
En 2014, les réservistes opérationnels représentent un peu plus de 20 % du vivier total.
Leur participation est très variable selon les armées et les zones géographiques : ainsi, la
proportion de réservistes animateurs de la gendarmerie nationale, de 30 % au niveau national,
peut atteindre 50 % dans certaines régions de gendarmerie
39
.
Les réservistes effectuent un nombre de sessions supérieur à leur poids dans le vivier et
à ce qui est prévu dans la programmation. À
titre d’exemple, ils ont effectué, en 2014, 32 %
des sessions assurées par l’armée de l’air et 65 % des sessions assurées par la marine.
La
marine a indiqué que la mobilisation des personnels des CIRFA devait permettre, à terme, de
diminuer la part des réservistes.
S’il est légitime de s’appuyer sur les réservistes opérationnels,
le ministère souhaite que
leur emploi s’effectue dans le cadre d’un binôme active/réserve
,
afin d’éviter
que les
messages soient délivrés par des personnes parfois éloignées de la vie militaire.
2 -
La formation des animateurs doit encore être améliorée et rentabilisée
Les animateurs reçoivent une formation initiale de trois jours. En 2014, ils ont reçu, en
outre,
une formation d’une journée à la JDC rénovée.
L’instruction ministérielle
précitée dispose que « le plan de formation des animateurs,
ainsi que le contenu des formations qui leur sont dispensées, relèvent de la direction du
service national ».
La formation repose non seulement sur des formateurs de la DSN mais aussi, pour des
raisons historiques, sur des « formateurs-relais » au sein des armées et services. Il existe
actuellement près de 100 formateurs d’animateurs dont la moitié au sein de la DSN.
37
Les seuls animateurs civils sont ceux désignés par les services (SGA, par exemple).
38
Il n’est pas fait appel aux réservistes citoyens.
39
Les réservistes de la gendarmerie, au nombre de 25
000, représentent la moitié de l’ensemble des réserves
militaires. Un tiers des réservistes de la gendarmerie sont d’anciens gendarmes d’activ
e.
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COUR DES COMPTES
34
La DSN a engagé en 2014 un travail avec les principaux contributeurs pour définir la
politique de suivi des animateurs. La DSN qui a renforcé ses compétences et ses moyens pour
garantir la qualité de la formation, pourrait jouer un rôle accru. Si la formule des
formateurs-relais est conservée, la DSN devrait assurer leur formation et leur évaluation.
Pour que cet effort soit optimisé les animateurs doivent, chaque année, participer à
plusieurs JDC se déroula
nt sur plusieurs jours d’affilée pour limiter les fr
ais de déplacement.
Les armées et la DSN se sont donc fixé des objectifs volontaristes en ce sens, en mettant
d’abord l’
accent s
ur les animateurs venant des CIRFA. Une « charte de l’animateur » prévoit
désormais que toute personne formée s’engage à animer
cinq journées par an pendant deux
ans. La DSN s’efforce de faire partager ces objectifs
par chaque employeur et par les
commandants d’
unité.
L’augmentation
du nombre moyen de journées par animateur ne doit
cependant pas conduire à la « professionnalisation » de la fonction, qui pourrait entraîner une
forme de routine, incompatible avec l’évolution du contenu et des supports de la journée.
3 -
L’évaluation des animateurs doit également être renforcée sous l’égide de la DSN
L’évaluation des animateurs fait l’objet d’une note de la DSN du 29 juillet 2011,
confirmée par l’
instruction IM 2000, qui prévoit que les animateurs soient évalués lors de leur
formation initiale ainsi que lors d’une session, sur demande du directeur de l’ESN, par
exemple quand le taux de satisfaction des appelés est en deçà de 75 %.
L’évaluation doit reposer sur une grille transmise par la DSN à l’ensemble des
contributeurs, et être réalisée par un formateur désigné par l’ESN, accompagné, si
l’employeur le demande, d’un officier supérieur qu’
il désigne.
En réalité, l’évaluation des animateurs repose de manière peu coordonnée sur les
initiatives des ESN d’une part, et sur les actions menées par chacune des armées et services
d’autre part. La marine et l’armée de l’air ont jusqu’à présent conservé l’évaluation de leurs
animateurs. L’armée de terre n’a pas développé la pratique d’évaluateurs internes et considère
que « l’opportunité de faire accompagner l’évaluateur [de la DSN]
, ainsi que la désignation du
personnel sont laissées à la diligence d
u chef de corps du site évalué ». La gendarmerie n’est
pas concernée par la note de la DSN du 29 juillet 2011, et la direction générale de la
gendarmerie nationale (DGGN) prépare une directive sur l’évaluation des animateurs.
Ces pratiques diverses et lourdes appellent
à une simplification de l’évaluation que la
DSN pourrait assurer ou, à défaut, contrôler plus étroitement, à travers un plan et une grille
d’évaluation partagés avec les contributeurs. Ceci permettra
it
d’éviter les doublons tout en
garantissant le maintien dans le vivier des seuls animateurs ayant été évalués.
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ORGANISATION EFFICACE
35
___________________ CONCLUSION ET RECOMMANDATION ___________________
Malgré sa complexité logistique
due au nombre d’appelés, à la dispersion des sites, et
au nombre important de contributeurs qui ont leurs propres contraintes, la journée se déroule
sans incidents notables et donne,
dans l’ensemble
, satisfaction aux appelés. La DSN, les
armées et les services du ministère, ainsi que la gendarmerie sont fortement impliqués pour
assurer la bonne tenue de cette journée.
L
’an
imation en est un des facteurs de réussite et la DSN pourrait jouer un rôle accru
dans la formation et l
’évaluation
des animateurs.
En conséquence, la Cour formule la recommandation suivante, à l’attention du
ministère de la défense :
1.
unifier la formation des animateurs et leur
évaluation sous l’égide de la DSN.
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Chapitre II
Le coût de production de la JDC doit continuer à
être maîtri
sé alors que le nombre d’appelés va
croître
I -
La DSN a amélioré sa productivité
A -
La forte diminution des effectifs de la DSN ne s
’est pas
entièrement
traduite dans la masse salariale
1 -
Sous l’effet des transferts et des suppressions de postes, l
es effectifs ont diminué
de moitié depuis 2008
Depuis la suspension de la conscription en 1997, les réorganisations de la DSN ont
permis une diminution importante des effectifs, désormais affectés en quasi-totalité à la JDC.
Graphique n° 3 :
évolution des effectifs DSN 1997-2014
Source : Cour des comptes
d’après
des rapports antérieurs de la Cour et les données DSN. REO : effectifs
théoriques ; REA : effectifs réalisés.
Effectif
théorique
Effectif
réalisé
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COUR DES COMPTES
38
En 2008, 2
777 postes étaient inscrits au document unique d’organisation (DUO). Le
projet de service de la DSN prévoyait, à l’horizon 2012, la diminution de 1
177 postes, dont
332 transferts au titre de la mission « archives » et 845 suppressions de
postes. L’effectif
théorique de la DSN devait donc atteindre 1 600 en 2012. La trajectoire définie dans le cadre
de la RGPP a conduit à adopter un objectif de 994 suppressions entre 2008 et 2014, soit, avec
les transferts, une diminution totale pour la DSN de 1326 postes et un effectif cible de 1 451.
La cible de déflation a été dépassée, puisque l’effectif théorique (REO) s’est établi à
1 333 en 2014, soit une diminution de 1 444. Les effectifs réalisés (REA) ont, quant à eux,
atteint 1 252 en 2014. Bien que cette diminution intègre à la fois les transferts de personnel et
les suppressions nettes de postes, il en résulte
qu’à périmètre constant, les effectifs de la DSN
ont été réduits de façon importante.
Tableau n° 5 :
effectifs théoriques et réalisés (2008-2014)
2008
2009
2010
2011
2012
40
2013
2014
Évolution
2014/2008
REO
REA
REO
REA
REO
REA
REO
REA
REO
REA
REO
REA
REO
REA
REO
REA
Effectifs
2 777
2 573
2 587
2 241
2 285
2 028
1 971
1 777
1 517
1 403
1 413
1 359
1 333
1 252
- 1 444
- 1 321
Évol.
- 7 %
- 13 %
- 12 %
- 10 %
- 14 %
- 12 %
- 23 %
- 21 %
- 7 %
- 3 %
- 6 %
- 8 %
- 52 %
- 51 %
Source : DSN
En termes de masse salariale, la consommation des crédits de paiement a été, chaque
année, inférieure aux prévisions. Les économies de masse salariale ont représenté, en
exécution, un gain de 51,7 M€ entre 2008 et 2014, soit un montant unitaire
par agent hors
pensions de 39 300 €
, cohérent avec les coûts moyens des agents entrant et sortant.
Les dépenses de personnel (« titre 2 »),
prises en charge jusqu’en 2014 par
le
programme 167, intègrent les rémunérations et charges sociales (RCS) des personnels de la
DSN,
ainsi que les indemnités d’enseignement des animateurs de la DSN, d’un montant
unitaire journalier
de 53,36 €
41
.
La diminution des effectifs a été conduite parallèlement à la transformation de la DSN,
au transfert de certaines de ses missions et à la réorganisation des soutiens communs et
spécialisés
dans le cadre de la mise en œuvre des bases de défense
, ce qui conduit à relativiser
le montant de 51,7 M€ d’éco
nomies réalisées qui résultent en partie des transferts de
personnel.
40
Cette nouvelle diminution a correspondu au transfert de la mission « archives » au SHD.
41
Décret du 23 novembre 1998 portant création d'une indemnité d'appel de préparation à la défense.
L’indemnité
d’enseignement de 53,36 €, versée pour chaque journée, n’est pas propre au ministère de la
défense, mais
concerne tous les fonctionnaires qui dispensent des cours.
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LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE MAÎTRISÉ ALORS QUE LE NOMB
RE D’APPELÉS
VA CROÎTRE
39
Tableau n° 6 :
évolution des effectifs et de la masse salariale (avec pensions)
Effectif en
organisation
DUO[1]
ETP
Effectif
réalisé
ETP
Prévision de
consommation
masse
salariale
(PAP)
€
Consommation
masse salariale
(RAP)
€
Économies en
masse salariale
(PAP n/PAPn-1)
€
Économies
en masse
salariale
(RAP n/
RAP n-1)
€
2008
2 777
2 573
127 107 281
125 384 123
2009
2 587
2 241
126 354 684
118 813 003
752 597
6 571 120
2010
2 285
2 028
119 676 401
106 672 729
6 678 283
12 140 274
2011
1 971
1 777
100 975 983
99 520 953
18 700 418
7 151 776
2012
1 517
1 403
86 049 719
82 757 571
14 926 264
16 763 382
2013
1 413
1 359
82 222 845
76 512 536
3 826 874
6 245 035
2014
1 333
1 252
75 191 815
73 670 892
7 031 030
2 841 644
Évolution
2008/14
- 1 444
- 1 321
51 915 466
51 713 231
Source : Cour des Comptes
d’après données
DSN, PAP et RAP
On peut cependant
tenter d’approcher le gain réel
obtenu. Les dépenses de personnel
liées à la seule JDC réalisées en 2009 avaient été évaluées à 93 M€ sur un total de 119 M€.
Sachant que les dépenses de la DSN au titre de la JDC ont représenté, en 2014, 97 % des
73,7
M€ de
rémunérations et charges sociales (RCS) de la DSN, on peut en déduire que le
montant des rémunérations des personnel affectés à la JDC a
diminué d’environ 21,6
% de
2009 à 2014.
À partir de 2015, les dépenses de titre 2 de la DSN ont été transférées du programme
167 au programme 212
42
.
L’évaluation
du coût moyen par participant à la JDC ne pourra donc
être calculée qu’une fois les restitutions Chorus connues, soit au moment du rapport annuel de
performance. Il est cependant indispensable de continuer à les intégrer
à l’évaluation du coû
t
de la JDC, au moins dans la construction des indicateurs de performance du programme, afin
de permettre l’analyse de l’évolution des coûts à périmètre constant.
2 -
La réduction de la masse salariale a été inférieure à celle des effectifs
Si les dépenses de rémunération de la DSN ont fortement diminué entre 2008 et 2014,
leur coût moyen unitaire, avec pensions, a progressé de près de 21 % sur cette période,
passant de 48 731
€ à 58
843
€, du fait d’une proportion plus importante d’agents de catégorie
A, car l
a diminution des effectifs n’
a pas été homogène selon les catégories.
Au sein des personnels civils, ce sont les catégories C qui ont supporté la part la plus
importante d
e réduction d’effectifs (47,6
%), tandis que les catégories A n’ont diminué que de
5 % et les catégories B de 16 %. Au cours de la période 2008-2014, les personnels militaires
ont diminué de près de 56 % pour les officiers, de plus de 68 % pour les
sous-officiers et de plus de 83 % pour les militaires du rang.
42
Action 65 « journée défense et citoyenneté ».
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40
Cette évolution différenciée, affectant davantage les niveaux d’exécution, explique que
la diminution de la masse salariale
n’ait pas été
proportionnelle à celle des effectifs.
De plus, les coûts du personnel de la DSN sont renchéris par les contraintes ou les
avantages propres à cette direction.
44 agents, principalement civils, bénéficie
nt d’une exemption
médicale, qui
s’expliquerait par les contraintes spécifiques liées à la mission : les déplace
ments sont
nombreux sur des plages horaires étendues. Certains agents sont ainsi déclarés « inaptes à la
JDC ». À
l’ESN Nord
-
Est par exemple, le taux d’exemptions médicales s’élève à 11,48
%
(22 exemptés).
Le personnel civil bénéficie, en outre, de conditions favorables de repos compensateur
et de récupération. Un accord-cadre, signé par le DSN et les organisations syndicales le
4 juillet 2007, prévoit, pour les personnels encadrant la JDC, un nombre élevé de jours de
récupération, représentant, selon un rapport du CGA
43
, 40 % du nombre total de « jours JDC »
effectués par le personnel civil. Ce rapport recommandait ainsi plusieurs mesures : fermeture
lors des congés d’été (mesure mise en application), adapt
ation des repos compensateurs aux
contraintes réelles et aux nécessités du service.
La DSN s’est engagée dans cette voie, notamment en réduisant très fortement le nombre
de JDC qui se tiennent le samedi.
3 -
La productivité de la DSN
s’est
améliorée
Au total, la productivité de la DSN est en progression. Entre 2012 et 2014, les agents de
la DSN (effectifs réalisés) sont passés de un agent pour 539 appelés à un agent pour 625
appelés, soit une augmentation de sa productivité de 16 % en trois ans.
Cette première
approche de l’amélioration de la productivité d
es agents de la DSN,
nécessiterait d’être appuyée sur des analyses plus fines et des indicateurs d’activité par agent.
II -
Les dépenses sont maîtrisées mais
l’analyse des coûts
présente des lacunes
A -
Le coût budgétaire de la JDC est en diminution depuis 2009
1 -
Les
dépenses de la JDC inscrites au programme 167, de 92 M€ en 2014, ont
diminué de 21 % de 2009 à 2014
Au sein du programme 167, placé sous la responsabilité du secrétaire général pour
l’administration du ministère (SGA), le directeur de la DSN est responsable d’un budget
opérationnel de programme (BOP) comportant une unité opérationnelle (UO)
44
. Ce BOP, qui
comportait jusqu’en 2014 les dépenses de personnel de la DSN est passé de 118 M€ (dont
94
M€
de titre 2) à 92 M€ (dont 74
M€
de titre 2) et ne comporte plus, depuis 2015, que des
dépenses « métier » pour environ 19 M€ : alimentation, transport des appelés, secourisme,
43
Rapport du contrôle général des armées du 17 octobre 2013.
44
Programme : 0167 / BOP : 0167-0074 / UO : 0167-0074-DS 01
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LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE MAÎTRISÉ ALORS QUE LE NOMB
RE D’APPELÉS
VA CROÎTRE
41
préparation et exploitation de la JDC, ainsi que soutien au métier (frais de déplacement du
personnel de la DSN, formation, affranchissement, etc.).
2 -
Les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 18,6 M€ en exécution 2014, en
diminution de 8,7 % depuis 2009
Les mesures liées à la RGPP et aux réorganisations de la DSN devaient permettre un
gain de 1
M€ par an sur le budget de fonctionnement de la DSN. Cet objectif n’a pas été
atteint du fait de l’importance des frais incompressibles (transports, alimentation en
augmentation de 11 % de 2009 à 2014) liés à la prise en charge des appelés en nombre
croissant. Cette augmentation a cependant été compensée pour partie par la renégociation du
marché de secourisme et la diminution (de 39 % entre 2009 et 2014) des « autres charges de
fonctionnement ».
45
B -
La DSN s’efforce d’évaluer le coût complet de la JDC
Les crédits portés par le programme 167 ne représentent
qu’une part des dépenses
relatives à la JDC : les dépenses de personnel
au titre de l’exercice
2014
46
n’intègrent que les
effectifs de la DSN et les dépenses de fonctionnement n’intègrent pas le coût des soutiens
commun et spécialisés.
Consciente de ces lacunes, la DSN cherche à évaluer le coût complet de la JDC et à le
rapporter à chaque appelé. L’indicateur de coût moyen par appelé, figurant dans les
documents budgétaires, intègre ainsi une estimation des dépenses des autres programmes, au
titre des soutiens et des dépenses de personnel des contributeurs (animateurs).
1 -
Le
coût complet de la JDC s’élèverait, selon la DSN, à 111,5 M€ en 2014, en
diminution de 15 % depuis 2009
Selon la DSN, les coûts complets de la JDC sont de
111,5 M€ en 2014, en diminution
de près de 15 % depuis 2009. Elle estime que le coût par appelé, évalué à
142 € en 2014
a
diminué de 17 %, dans le même temps et de 35 % par rapport à la JAPD de 2002. Le tableau
et le graphique n° 4 ci-dessous retracent ces dépenses et leur évolution. Leur composition
budgétaire est détaillée en annexe 6. Le graphique n° 5 indique leur répartition par nature de
dépenses en 2014.
Tableau n° 7 :
coût total en M€ et coût par appelé en € toutes dépenses
confondues
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2009/ 2014
Coût
total en
M
€
130,6
127,6
117,8
116,7
113,9
111,5
- 14,6 %
Coût par
appelé en
€
171
176
157
156
149
142
- 16,6 %
Sources : Données DSN- indicateur PAP- coût intégrant les pensions
45
D
épenses de communication, d’affranchissement, de maintenance informatique, de formation
, etc.
46
Crédits désormais transférés au programme 212.
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42
Graphique n° 4 :
évolution des dépenses de la JAPD / JDC (avec pensions) par jeune
présent, en euros courants, de 2002 à 2014
Source : Cour des comptes
d’après
les données des PAP, RAP et DSN
Graphique n° 5 :
répartition par type de dépenses des crédits de paiement consacrés à la
JDC (en % du coût complet estimé par la DSN, année 2014)
L’effort de la DSN
pour mesurer les coû
ts complets de la JDC, qu’il convient de saluer,
reste néanmoins imparfait ou repose, pour certains postes de dépenses, sur des évaluations
approximatives.
66 %
9,14 %
5,36 %
4,85 %
4,14 %
3,58 %
3,76 %
3,17 %
personnel DSN
personnel contributeurs
alimentation appelés
transport appelés
secourisme
soutien
infrastructure
divers
Montant en euros par participant
Année
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LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE MAÎTRISÉ ALORS QUE LE NOMB
RE D’APPELÉS
VA CROÎTRE
43
2 -
L’évaluation en coûts complets comporte des lacunes et des biais
a)
Une partie de
s dépenses de fonctionnement et d’infrastructures sont mal évaluées
Les dépenses de fonctionnement et d’infrastructures, transférées à d’autres BOP depuis
2011, sont comptabilisées à leur valeur historique
47
et ne sont pas réévaluées chaque année :
dépenses de fonctionnement transférées au programme 178 (action logistique et soutien
interarmées comptabilisées pour 3,996 M
€
48
).
Une même incertitude pèse sur l’évaluation «
historique
» des dépenses d’informatique
(860 000
€) et d’infrastructures (4,2
M€
49
). Le ministère a annoncé qu’un effort d’évaluation
de ces dépenses sera conduit en liaison avec les services concernés.
Le
s dépenses d’alimentation
sont chiffrées à 6,51 M
€. Le coût unitaire moyen des repas
et collations servis (aux appelés et aux encadrants) ressort ainsi à 7,40
€
. Si ce montant
unitaire paraît réaliste pour les repas externalisés, il ne correspond pas, pour les repas pris
dans les mess, au prix réel pour le ministère de la d
éfense, qui a pu être évalué à 15,60 € en
intégrant les coûts de personnel et d’infrastructures
50
. Cette différence, rapportée au nombre
de repas servis au sein des mess dans le cadre de la JDC, représenterait un surcoût de
l’ordre
de
3,5 M€
.
b)
Les dépenses d’animation sont imprécises et incomplètes
S’agissant des crédits de titre 2, la DSN intègre le coût des
rémunérations et charges
sociales R
CS (avec pensions) des animateurs relevant d’au
tres BOP. En 2014, la DSN estime
à 5 548
800 € (10,2 M€ en intégrant le CAS pensions et les indemnités d’enseignement) le
coût salarial porté par les BOP des contributeurs pour les journées consacrées à la JDC par
leurs animateurs et leurs formateurs d’animateurs. Sur la base d’un nombre de
jours/animateurs de 36
537 journées d’animation et 5
271 journées de formation initiale
réalisées en 2014, ceci revient à valoriser la jo
urnée d’animateur à hauteur de 197 €, CAS
Pensions
inclus. Si l’on tient compte de l’indemnité d’enseignement, la journée d’un
animateur devant les appelés représente 251
€
51
. Mais différents biais méthodologiques sont à
relever :
-
l
es dépenses d’animation retenues sont imprécises. Elles se fondent sur un montant
moyen de rémunération ne prenant pas en compte la part des différents grades et
catégories parmi les animateurs qui influent, à la hausse, sur le coût total, comme le
montre une étude réalisée par
l’armée de l’ai
r. Ce biais peut être aggravé par un coût
additionnel, au titre des charges de rémunération, dû à un recours aux réservistes plus
important qu’il n’a été prévu
au moment de la programmation (cf.
supra
)
, alors qu’ils
sont
deux fois plus souvent officiers que les militaires d’active
;
47
C’est
-à-dire au montant des dépenses qui figuraient au budget de la DSN avant le transfert des fonctions et
moyens correspondants à d’autres services.
48
Selon le ministère, en rapportant le total des dépenses du BOP 178-85-
02 (728 M€ en 2014)
aux effectifs de la
DSN, le soutien pourrait être évalué à 3,6 M€ et ne serait donc pas sous
-évalué. On peut cependant interroger la
pertinence du seul critère des effectifs de la DSN, dans la mesure où les besoins en soutien proviennent
largement de la fréquentation des sites de la défense par les appelés.
49
Il est cependant prévu que ces dépenses
d’infrastructures ne soient retenues en 2015 que pour 3,2 M€, suite à
l’achèvement de programmes de travaux importants sur les locaux d’un CSN.
50
Cour des comptes,
Référé, La fonction restauration dans les armées.
19 juin 2015, 4 p., disponible sur
www.ccomptes.fr
51
Les indemnités d’enseignement des animateurs sont prises en charge par les employeurs
.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
44
-
l
es dépenses d’animation sont probablement
incomplètes. Les coûts complets d’animation
incluent les coûts de formation des animateurs (RCS des formateurs, dont indemnités
d’enseignement) et les frais de mission (hébergement, déplacement, repas) des animateurs
et des formateurs lors des sessions de formation. Une partie de ces dépenses concernent
des personnels DSN et figurent dans ses dépenses mais,
a contrario
, une partie des frais
de déplacements des animateurs et formateurs d’autres employeurs ne lui sont pas
systématiquement imputées, car les r
ègles sont d’une grande complexité, et ne sont pas
appliquées à la lettre.
Au-delà des frais de déplacement et des dépenses de formation, les dépenses
correspondant aux journées passées par les animateurs en formation ne sont pas toutes
intégrées au coût de la JDC. Selon les données fournies à la Cour, la formation initiale, qui a
représenté 5 271 journées en 2014, a été intégrée dans les estimations ; en revanche, la
formation à la JDC rénovée, qui a représenté 5
712 jours n’a pas été comptée, ce qui se t
raduit
par une sous-évaluation de 1,125
M€
pour cet exercice. Cette dépense est
a priori
non
récurrente, mais elle devra être complétée, par exemple pour les nouveaux modules comme
celui consacré à la sécurité routière.
c)
Les dépenses relatives à la JDC à l’
étranger ne sont pas intégrées
Les dépenses d’organisation de la JDC à l’étranger (voir
infra
, chapitre III), qui sont
supportées par le ministère des affaires étrangères et du développement international
(MAEDI), ne figurent pas dans les coûts complets identifiés par la DSN. Selon la direction
des Français de l’étranger, ces dépenses sont évaluées, au niveau mondial et par an, à 10 ETP
au plus et moins de 100 000
€ de dépenses diverses (location, affranchissement, frais de
bouche), soit un coût total approximatif de 0,5 à 0,6
M€.
d)
La dépense totale est
de l’ordre de 11
6 à 118 M
€
Au total, le chiffrage produit par la DSN de 111,5 M
€
reste donc en deçà de la réalité.
En retenant les divers éléments concourant à son augmentation
–
une partie pouvant être
chiffrée
avec une marge d’erreur raisonnable, soit les dépenses d’alimentation (jusqu’à
3,5
M€
),
et les dépense relatives à la JDC à l’étranger (0,55
M€ environ)
–
, en excluant ceux
qui n’ont pas un caractère récu
rrent (comme les journées supplémentaires passées en
formation par les animateurs en 2014 (1,125
M€)
, le coût global de la JDC atteindrait, sans
que l’on puisse être plus précis,
un montant voisin de 116 à 118
M€
si on intègre l’effet
probable, mais non précisément mesurable en l’état, de la répartition par grade
.
3 -
Les données fournies au Parlement doivent être améliorées
L
e projet annuel de performance (PAP) pour 2015 impute à l’action JDC, dans sa partie
« analyse des coûts du programme et des actions », et au-delà du programme 167, des
dépenses venant du programme 178
–
Préparation et emploi des forces
, beaucoup plus
importantes que celles retenues par la DSN (27,167
M€ au lieu de 3,996
M€). Il impute
également à la JDC des dépenses totalement absentes des données retenues par la DSN, et
provenant du programme 146
–
Équipement des forces
à hauteur de 4,446 M€, ainsi que du
programme 309
–
E
ntretien des bâtiments de l’
État
à hauteur de 0,108 M
€
. Par ailleurs, au
titre du programme 212, le PAP 2015 impute 84,481
M€ à la JDC
(contre
9,740 M€ l’année
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LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE MAÎTRISÉ ALORS QUE LE NOMB
RE D’APPELÉS
VA CROÎTRE
45
précédente, du fait du transfert des personnels DSN auparavant au programme 167)
52
. Le coût
de la JDC aurait ainsi atteint 135,2
M€ en 2014
.
Des échanges avec le ministère de la défense, il ressort que ces données, issues de la
« comptabilité analytique des coûts » (CAC), ne fournissent pas une approche fiable des
dépenses liées à la JDC, car le ministère indique lui-même que les clés de répartition ne sont
pas nécessairement représentatives et
qu’elle
s peuvent être anciennes. On peut en effet
constater que la clé relative
à la contribution au fonds de pension des ouvriers de l’
État aboutit
à imputer à la JDC une contribution de 4,446 M€, alors que la DSN n’emploie
pratiquement
plus
d’ouvriers
. Il est donc évident
qu’elles ne prennent pas en compte la forte réduction du
format de la DSN
et qu’elles sont fortement surévaluées
.
Il est nécessaire que la DSN, la DAF et les services en charge du soutien affinent le
chiffrage engagé par la DSN, pour fournir au Parlement des données plus proches de la réalité
des coûts de la JDC.
III -
Face
à l’augmentation prévue du nombre d’appelés, l’effort
d’économie
s doit être maintenu
Sous l’effet de l’accroissement des classes d’âges correspondantes (voir
supra
), la JDC
devra accueillir dans les années à venir, jusqu’à 50
000 appelés supplémentaires. Malgré le
caractère difficilement compressible de certaines dépenses (alimentation, transports), la DSN
ne devra donc pas relâcher son effort de maîtrise des coûts.
A -
La réduction des dépenses de personnel dépendra du succès du projet
PRESAJe
1 -
À
court terme les marges de manœuvre sont limitées
La DSN doit réduire ses effectifs de 28 postes de 2015 à 2019
53
; la baisse des dépenses
de personnel sera donc limitée à court terme, sauf à adopter des mesures radicales, comme
une réorganisation des ESN avec le transfert des fonctions de « back office »
qu’ils assurent
au niveau central.
Ce n’est, au mieux, qu’après 2018 que des économies de personnel seront possibles si le
projet PRESAJe est bien mis en œuvre.
2 -
Des économies sont attendues à moyen terme du projet PRESAje
Le projet informatique PRESAJe (plateforme d’échanges sécurisés d’administration du
jeune) est le projet
informatique du ministère de la défense visant à dématérialiser l’ensemble
de la gestion des JDC, depuis le recensement (voir
infra
chapitre III)
jusqu’à l’actualisation
52
Les données correspondantes figurant au rapport annuel de performances pour 2014 sont, respectivement, de
27,393
M€ pour le
programme 178, 4,006
M€ pour le P146, 0,071 pour le P309, et de 9,740 M€ pour le
programme
212, pour un coût total de 133,482 M€.
53
Note SGA 00298 du 25 février 2014 adressée au DSN relative aux trajectoires prévisionnelles d’effectifs sur la
période 2014-2019.
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COUR DES COMPTES
46
des données après la JDC. À terme, PRESAJe doit permettre à la DSN et à ses partenaires
d’obtenir, avant chaque
JDC
, l’ensemble des données concernant les appelés (coordonnées,
situation scolaire, professionnelle, qualifications, etc.). De même, les résultats des tests de
lecture, les demandes d’informations sur les armées, les manifestations d’intérêt pour les
écoles de la deuxième chance, l’EPIDe, le SMA ou le service civique, seront
automatiquement transmis de manière dématérialisée à l’issue des JDC. Un «
questionnaire à
la demande », qui pourr
ait permettre aux partenaires de la DSN d’interroger les jeunes d’une
classe d’âge lors des JDC, est prévu dans le projet PRESAJe.
Pour l’usager, ce projet, combiné à l’application « ma JDC sur mon mobile », permettra
d’accéder à un espace sécurisé person
nel où lui seront adressés tous les documents, de sa
convocation aux attestations justificatives.
Le projet a d
onc un double objet, d’amélioration du service et d’économie sur les
multiples traitements actuels.
Le coût de la mise en place de PRESAJe est é
valué à 4,5 M€ en AE et CP, répartis de
2015 à 2019
54
, hors boîtiers « MOPATE nouvelle génération ». Ces coûts sont couverts grâce
à la réaffectation partielle des économies réalisées sur le secourisme (voir
infra
). La DSN en
attend des gains importants de productivité à compter de 2018, permettant, selon cette
direction, une diminution à terme des effectifs de 42 ETP et elle estime à plus de
10 M€ le
montant des économies cumulées qui seraient réalisées, de 2018 à 2015, grâce à PRESAJe.
Il convient cependan
t d’être prudent dans l’estimation des économies attendues, car
l’expérience du recensement en ligne (voir
infra
, Chapitre III) montre que les jeunes sont
moins enclins que prévu à utiliser les processus dématérialisés.
B -
La DSN doit poursuivre l’optimisati
on de son organisation
a)
Les « co-localisations » entre ESN et CSN et entre CSN et sites JDC doivent être
favorisées
Le rapport du contrôle général des armées (CGA) précité recommandait que
l’organisation du réseau soit revue, notamment en étudiant les possi
bilités de regroupement
des ESN et des CSN localisés dans la même ville. Il préconisait aussi une meilleure
répartition de la charge et des moyens entre les différents CSN.
Les centres du service national (CSN) sont installés au sein d’emprises militaires
55
. Si
les sites d’accueil des JDC sont généralement dissociés des CSN, 20 sites JDC représentant 43
salles étaient en 2015 co-localisées avec un CSN
56
. Dans le prolongement de la réorganisation
engagée depuis 2012, il convient de poursuivre la rationalisation et de favoriser les
co-
localisations, afin d’optimiser le temps de travail des équipes du CSN et de mutualiser
certaines fonctions support. Il subsiste des marges de
manœuvre sans accroître pour autant
la
durée de déplacement des appelés,
ni s’éloigner
des unités militaires.
54
Intégrant la tierce main
tenance de S@GA V3. Hors tierce maintenance, ces coûts sont évalués à 3,8 M€.
55
À l’exception des CSN de Limoges, de Chalons en Champagne et de Brest.
56
Il s’agit des CSN de
Paris (7 salles); Creil (2 salles) ; Versailles (3 salles) ; Rennes (2) ; Orléans (2) ; Poitiers
(2) ; Nice (2) ; Marseille (3) ; Caen (2) ; Toulouse (2) ; Bordeaux (1) ; Nancy (1) ; Lille(1) ; Pau (1) ;
Strasbourg (1) ; Lyon (4) ; Limoges (1) ; Guadeloupe (2) ; Martinique (3) ; La Réunion (1).
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LE COÛT DE PRODUCTION DE LA JDC DOIT CONTINUER À ÊTRE MAÎTRISÉ ALORS QUE LE NOMB
RE D’APPELÉS
VA CROÎTRE
47
b)
Les dépenses de fonctionnement des sites peuvent être limitées par un meilleur taux
d’occupation
La capacité d’accueil des salles est aujourd’hui limitée par le nombre de boîtiers pour le
test de lecture (50 par salle), et les normes de sécurité. Pour remplir au maximum les salles,
un taux de « sur-
convocation » est appliqué, jusqu’à 10 % du total des convocations. Ce taux
ne permet cependant
pas d’assurer une occupation à 100 %.
Dans la mesure où une partie des salles a une capacité
d’accueil supérieure à
45 personnes et où le nouveau marché des boîtiers en prévoit 60 par salle, le nombre de
convocations
pourrait être modulé et augmenté dans les sites où l’absentéisme est important.
Des marges de progrès existent donc pour les salles
dont les capacités d’accueil et de sécurité
sont suffisantes, sans atteindre des groupes trop nombreux pour maintenir la nécessaire
interactivité pédagogique.
C -
La maîtrise des coûts externes doit être recherchée
a)
Les économies liées à la fin du marché de secourisme seront importantes mais sont
déjà en partie réaffectées
La suppression, à partir de 2016 du module de secourisme,
d’un coût de
4,8
M€ en
2015, doit permettre une économie (dont une partie redéployée les premières années vers le
projet de dématérialisation PRESAJe
, comme on l’a vu
supra
). Il sera remplacé pour partie
par un module relatif à la sécurité routière dont, selon la DSN, le coût à la charge du ministère
de la défense devrait être de 300 000
€ hors coût de formation des intervenants
57
.
b)
Les dépenses de transport pourraient être réduites en supprimant la pratique des
lettres-chèques
L’ordre de convocation des appelés s’accompagne
d’un bon de transport (SNCF ou
réseau local)
58
.
Lorsque l’appelé n’a pas utilisé le bon de transport, il peut
en obtenir le
remboursement ultérieur forfaitaire
après l’avoir
restitué lors de la JDC. Ce remboursement se
fait selon la procédure des lettres-chèques dont le traitement fastidieux représente un coût,
évalué par le CGA, à 0,5 M
€
par an. Le rapport du CGA recommandait la suppression de la
lettre-
chèque et la possibilité pour l’appelé d’utiliser ultérieurement son bon de transport.
La
DSN a indiqué que
la SNCF n’accepterait pas cette évolution et
que les contraintes du
système CHO
RUS ne permettraient pas de mettre en œuvre des modalités plus simples
59
.
Quelles que soient les difficultés mises en avant, une solution doit être activement
recherchée pour réduire ces dépenses de transports et mettre en œuvre une solution moins
archaïque
et plus économique que la confection matérielle et l’acheminement postal d’une
lettre-chèque. Un groupe de travail mis en place dans le cadre du SGA depuis octobre 2015
devrait proposer des solutions techniques et, si nécessaires, réglementaires.
57
Selon une réponse faite à la Cour, le mi
nistère de l’intérieur prendra à sa charge la réalisation du module
pédagogique et des supports d’enseignement. Le ministère de la défense prendra en charge la formation de ses
agents (dans le cadre du plan de formation des encadrants de la JDC) et le peti
t matériel d’exercice
.
58
outre-
mer, les transports font l’objet d’un remboursement aux frais réels plafonnés.
59
Un remboursement, même forfaitaire, par voie de mandat administratif supposerait de saisir dans Chorus les
coordonnées de chaque appelé, assimilé à un fournisseur.
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COUR DES COMPTES
48
___________________ CONCLUSION ET RECOMMANDATION ___________________
Au fil des années et des réformes de l’organisation de la DSN, la journée défense et
citoyenneté est devenue beaucoup plus performante, en termes de maîtrise des coûts de
production,
que ne l’était la JAPD
, même si des occasions de réduction des coûts doivent
toujours être recherchées pour faire face à la pression démographique.
En conséquence, la Cour formule la recommandation suivante à l’attention du
ministère de la défense :
2.
face à l’augmentation à venir du nombre d’appelés, maint
enir
l’effort de maîtrise d
es
dépenses
de la JDC en s’appuyant
sur une connaissance précise de ses coûts complets.
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Chapitre III
Assurer la participation de tous les jeunes Français
La première étape du parcours de citoyenneté, le recensement, conditionne la
convocation des jeunes à la JDC.
Or, le taux de couverture élevé du recensement, (98,2 % de jeunes recensés) est une
moyenne qui cache des disparités et des lacunes préoccupantes sur le territoire national
métropole et outre-mer.
Pour améliorer son exhaustivité, le processus de recensement doit être simplifié et
dématérialisé et l’information des jeunes et de
leurs familles améliorée.
Au-delà des lacunes du recensement, et malgré un taux de participation à la JDC élevé
dans l’ensemble
(96
%), l’absentéisme touch
e des appelés de façon préoccupante dans
certains territoires, voire dans certaines catégories de jeunes.
La corrélation n’est pas totale
entre taux de recensement et taux de participation à la JDC. L’
absentéisme à cette journée a
probablement des causes propres
qu’il convient de mieux analyser pour y porter des remèdes
adaptés.
En toute hypothèse, le caractère obligatoire de la JDC doit être pleinement respecté. La
présentation du certificat individuel de participation à la JDC est, selon le code du service
national, exigée pour se présenter aux épreuves du permis de conduire et des autres examens
et concours organisés sous le contrôle de la puissance publique. Cependant, cette formalité
semble parfois négligée de la part de certains organisateurs de ces épreuves.
Si les lacunes du recensement et
l’absentéisme à la JDC sur le territoire national
sont
préoccupants dans une vingtaine de départements,
la situation à l’étranger est inacceptable.
Les jeunes Français de l’étranger sont tenus de se faire recenser et d’accomplir leur
JDC. Des modalités particulières d’organisation sont mises en œuvre
à l’initiative des
consulats, avec l’appui des attachés de défense. Mais dans la réalité, le déficit de recensement
est très important (probablement plus de 25 % contre 1,8 % sur le territoire national), et le
nombre de Français de l’étranger qui font leur JDC est particulièrement faible.
Même parmi les jeunes
Français de l’étranger
recensés, une partie importante est
dispensée de la JDC du fait des obstacles divers à l’o
rganisation effective de cette journée.
Enfin, quand la JDC est organisée et les jeunes convoqués, nombre d’entre eux ne se
présentent pas, et bénéficient parfois de certificats de complaisance. Cette situation
inacceptable devrait évoluer avec de nouveaux textes, mais il convient de rester vigilant.
Par-delà la participation à la JDC, le recensement des jeunes Français, sur le territoire
national comme à l’étranger, a également pour objet de permettre l
eur appel sous les drapeaux
en cas de crise grave, ce
qui suppose que les données soient mises à jour jusqu’à l’âge de
25
ans. Cette mise à jour à l’initiative des anciens appelés est très imparfaitement respectée,
sans doute faute d’en comprendre et d’en partager les enjeux. Mais, si l’objectif d’un rappel
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
50
s
ous les drapeaux semble aujourd’hui difficile à atteindre, les raisons ne tiennent qu’en partie
aux imperfections du dispositif.
I -
Sur le territoire national, le recensement et la participation à
la JDC doivent être encore plus exhaustifs
A -
Des actions spécifiques doivent être entreprises pour pallier les
lacunes du recensement citoyen obligatoire
1 -
Le taux de recensement, élevé en moyenne, connaît des écarts sensibles selon les
départements
Le recensement citoyen obligatoire, prévu par les articles L. 113-1 et suivants du code
du service national, est encadré par des textes établis par le ministère de la défense, et la DSN
gère les données qui en sont issues. Mais la maîtrise du processus, en amont, relève de la
responsabilité des communes, et échappe largeme
nt à la DSN, jusqu’à ce qu’elle
reçoive les
données dont la transmission incombe aux maires.
Tous les Français sont tenus de procéder, dans les trois mois qui suivent leurs 16 ans, à
leur « recensement citoyen obligatoire » auprès de la mairie de leur domicile
60
« notamment
en vue de leur participation à la journée défense et citoyenneté
61
et, le cas échéant, de leur
appel sous les drapeaux ». Toutefois, en cas de non-recensement à 16 ans, les jeunes peuvent
régulariser leur situation en accomplissant cette formalité
jusqu’à
leurs 25 ans.
Cette formalité donne lieu à la délivrance, par la mairie,
d’une attestation de
recensement, indispensable jusqu’en 2015 pour s’inscrire à tout examen placé sous le contrôle
de l’autorité publique. La loi
du 28 juillet 2015 révisant la Loi de programmation militaire
prévoit
pour l’avenir que seul le certificat de JDC sera désormais exigé
: la DSN a, en effet,
estimé que la double obligation (de recensement et de participation à la JDC) était source de
confusion et que très p
eu d’examens contrôlés par l’État font l’objet de demandes
d’inscription avant 17
ans
62
.
Parmi les 800 000 jeunes de la classe 1989, qui ont atteint 25 ans au 31 décembre 2014
et ne peuvent donc plus régulariser leur situation, 98,2 % se sont fait recenser et ont donc été
convoqués à la JDC.
Le taux faible de jeunes non recensés (1,8 %) cache des inégalités importantes. Alors
que le taux de recensement atteint près de 100 % dans de nombreux départements, il passe à
moins de 96 % dans quelques-
uns d’entre eu
x. Les non-recensés les plus nombreux résident
en outre-mer, en Île-de-France, dans les départements des Alpes-Maritimes, du Rhône et de
l’Hérault
. Le pourcentage des non-recensés de la classe 1989 représente 8,4 % à Mayotte,
5,5 % en Guadeloupe et 5,3 % en Guyane. En Île-de-France, le taux de non-recensés à 25 ans
atteint 9,1 % à Paris, 4,1 % en Seine-Saint-Denis, 3,8 % dans les Hauts-de-Seine et 2,5 %
60
Ou le consulat pour les Français de l’étranger, voir
infra
II.
61
Les appelés sont convoqués à la JDC dans un délai de six à neuf mois après leur recensement
(article L. 113-3 du CSN).
62
Le brevet des collèges ne figurait pas dans la liste des examens pour lesquels le certificat de recensement était
exigé.
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ASSURER LA PARTICIPATION DE TOUS LES JEUNES FRANÇAIS
51
dans le Val-de-Marne
63
. Dans les Alpes-Maritimes, il atteint 3,3 %, dans le département de
l’Hérault, 3,2
% et dans celui du Rhône 3,1
%.
Carte n° 3 :
le taux de recensement (classe d’âge 198
9)
La principale raison du non-recensement, selon un rapport du SGA consacré au recensement
en ligne
64
, résiderait dans «
la désaffection d’une partie de la population (marginaux, ge
ns du
voyage […], jeunes entrés dans la vie active avant la fin du cycle scolaire)
». S’agissant de
l
’
Île-de-France,
l’
information serait mal relayée par les mairies et les établissements scolaires
–
particulièrement dans les départements de Paris, des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne
–
et,
comme pour l’absentéisme à la JDC
, le défaut de recensement résulterait
d’une plus grande
incivilité des jeunes franciliens, qu’ils appartiennent aux milieux aisés et éduqués ou, à
l’inverse, aux milieux très modestes ou en difficultés d’insertion.
63
Voir le détail par département en annexe n° 7.
64
Le développement du recensement des jeunes en ligne pour la journée défense et citoyenneté
, rapport du
30 octobre 2012 de Mme Anne RIEGERT.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
52
L’information des jeunes sur l’obligation de recensement est à améliorer. Des enquêtes
menées en 2012 par la DSN montrent que l’information sur le recensement provient d’abord
des familles, puis des mairies et, dans une moind
re mesure, de l’éducation nationale.
La DSN mène des démarches de sensibilisation et de communication relatives au
recensement, allant pour certains CSN jusqu’à téléphoner aux lycées, ou à se déplacer pour
remettre une information aux élèves. Ces initiatives répondent à une nécessité, mais la DSN
est moins bien placée que le milieu scolaire ou les communes pour toucher efficacement les
jeunes de 16 ans.
Le nouveau protocole Défense/Éducation nationale (voir
infra
chapitre IV) prévoit une
communication plu
s active, conjointe entre la Direction générale de l’enseignement scolaire
(DGESCO), la DSN et les collectivités territoriales, sur la nécessité du recensement.
Le programme d’éducation civique et morale suggère aux enseignants d’utiliser cet
enseignement pour évoquer la question du recensement et de la JDC : « À
l’occasion du
recensement des élèves, faire comprendre le sens de cette opération, son lien avec la JDC et le
rôle des citoyens dans la défense nationale. ».
Au-delà, les initiatives locales efficaces doivent être identifiées et partagées : mention
de l’obligation de recensement sur les bulletins scolaires, lors des modules d’enseignement de
défense ou de l’orientation de fin de troisième, mobilisation des services préfectoraux
65
, etc.
L’ESN
Île-de-France a ainsi indiqué que les courriers des CPAM liés au parcours de santé des
jeunes de 16 ans intègrent désormais systématiquement une information relative au
recensement.
2 -
Le recensement doit être automatisé et simplifié
a)
Engagée depuis 2009, la dématérialisation progresse lentement
La lourdeur du processus de recensement peut constituer un frein pour les jeunes. Qu’ils
doivent se rendre en mairie ou qu’ils puissent remplir un formulaire en ligne, ils doivent
présenter leur pièce d’identité et le livret d
e famille, obtenir une attestation signée par le
maire, etc.
La dématérialisation du recensement et la simplification des formalités constituent donc
un enjeu important. Celle-
ci s’inscrit dans le cadre du projet PRESAJe, dont l’automatisation
du recensement constitue un volet.
La dématérialisation doit porter sur cinq étapes différentes : saisie en ligne des données
individuelles et des pièces jointes par l’usager sur le site mon.service
-public.fr (1
ère
étape),
téléchargement direct des données dans les outils métiers de la commune
via
des modalités de
transfert sécurisées (2
ème
étape), émission et envoi automatiques de l’attestation de
recensement au jeune Français mais également de l’avis de recensement à la commune de
naissance (3
ème
étape), transmission dématérialisée et automatique de la liste trimestrielle de
recensement par la commune à la DSN
66
(4
ème
étape), déversement automatisé des données
dans S@GA et édition des ordres de convocation à la JDC par la DSN (5
ème
étape).
65
La préfecture de l’Yonne a inséré sur son site Internet un lien sur le recensement
et diffusé un communiqué de
presse sur le recensement aux différents médias locaux, en mars 2014.
66
Pour les Français de l’étranger, la liste est adress
ée selon une périodicité déterminée au niveau local au préfet
des Pyrénées-
Orientales, qui l’adresse au CSN de Perpignan.
Le CSN de Perpignan gère en effet les données
concernant les Français de l’étranger.
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53
À
ces étapes s’en ajoutent, après la JDC, deux autres pouvant également faire l’objet
d’une dématérialisation complète
: transfert des données de recensement de la DSN à l’INSEE
qui les adresse à son tour aux communes pour la mise à jour des listes électorales,
actualisation des do
nnées individuelles jusqu’à 25 ans
en vue d’un éventuel rappel sous les
drapeaux.
Le « e-recensement
» a fait l’objet d’un protocole signé le 7 octobre 2009 par le
directeur général de la modernisation de l’État (DGME) et le secrétaire général pour
l’administration (SGA) du ministère de la défense, destiné à permettre l’expérimentation, puis
la généralisation, du recensement citoyen en ligne sur le site « mon.service-public.fr ».
Mais le rapport précité du SGA relatif au recensement en ligne a montré en 2012 une
mise en œuvre particulièrement décevante du projet. D’une part, il est apparu que
l’automatisation ne portait que sur la première étape du processus (la saisie des données par
les usagers) et, d’autre part, que les jeunes utilisant le service en lig
ne
–
dont l’ergonomie était
perfectible
–
représentaient une part infirme des recensés (1,2
% de la classe d’âge à la date de
rédaction du rapport du SGA, 2012).
Quelques progrès ont été faits et, à la fin de 2014, 3 806 communes, couvrant 43 % de
la population française, étaient abonnées au système « mon service-public.fr ». En outre, la
transmission à la DSN des listes de recensement partiellement dématérialisées a atteint 64 %
des fiches de recensement. En revanche, le nombre de jeunes utilisant le service reste
particulièrement faible (1,5 % des jeunes concernés par l’obligation de recensement en 2014,
et 3,5 % des jeunes des communes abonnées au système automatique)
67
.
Les communes, dont les représentants n’ont pas été associés
au protocole de 2009,
n’identifient pas forcément les avantages qu’elles peuvent tirer de la généralisation du
e-recensement
68
, notamment lorsque les effectifs à recenser ne sont pas très importants.
Le
dispositif « clés en main » proposé concerne seulement la saisie des données par les jeunes, et
nécessite une nouvelle saisie des données par les agents des collectivités dans leurs outils
métiers, sauf pour les communes à
se doter, à leur frais, d’un outil d’interface
69.
Le dossier a été relancé dans le cadre de la modernis
ation de l’action publique (MAP)
afin d’étudier la faisabilité de la dématérialisation de l’ensemble des processus. Selon la DSN,
le projet nécessite la mise en œuvre de trois partenariats
:
-
le premier, entre la DSN, le secrétariat général pour la MAP (SGMAP) et la ville de
Paris : celle-
ci s’est en effet engagée dans le dispositif mais a souhaité améliorer
l’ergonomie pour l’usager ainsi que les interfaces avec les mairies d’arrondissement
;
-
le deuxième, entre la DSN, le SGMAP et le ministère de la justi
ce, pour mettre en œuvre
une vérification automatique des pièces d’état
-civil ;
-
le troisième, entre le SGMAP et la DSN, développe un format simplifié d’échanges de
données.
67
68
Source : rapport précité du SGA et Ville de Paris.
69
Certaines grandes villes ont investi elles-mêmes dans un développement informatique pour éviter cette
seconde saisie, comme, par exemple, Le Havre).
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54
Le cas de la ville de Paris : la mise
en œuvre d’
un processus totalement dématérialisé dont
les résultats doivent être consolidés
La Ville de Paris, qui recense 20 000 jeunes chaque année,
s’est
investie, en lien avec la
DGME, le SGMAP et la DSN, pour améliorer
l’ergonomie de la saisie des données sur
« mon.service-public.fr », et assurer la dématérialisation de bout en bout, sans « re-saisie » entre
deux processus. Après trois ans de travail et de tests, et la formation des agents affectés au
recensement, le dispositif a été mis en service le 16 juin 2014 dans toutes les mairies
d’arrondissement. Il concerne l’ensemble des étapes.
Un an après le début de la mise en œuvre, la
Ville de Paris indique que :
-
l’e
-
recensement est un service rendu aux usagers, raison pour laquelle elle s’y est fortement
impliquée ;
-
l’e
-recensement pourra, à terme, diminuer la fréquentation des guichets mais ne conduira à des
rationalisations
qu’« à la marge » sans produire d’économies très sensibles, car la vérification des
pièces doit toujours être réalisée ;
-
l’ergonomie doit encore être améliorée, notamment
en fournissant des informations personnalisées
par mairie sur le site « mon.service-public.fr »
70,
car toutes
les communes n’offrent pas le même
service
, notamment la délivrance en ligne de l’attestation de recensement
;
-
après une montée rapide en 2014, le
taux d’utilisation s’est stabilisé entre 20 et 22 %, soit 4 000
jeunes sur 20 000 recensés chaque année ;
-
pour que ce taux augmente
(la mairie vise un taux d’utilisation de 33 %, comme pour l’inscription
en ligne sur les listes électorales) une campagne
d’information conçue et menée en commun avec
les partenaires, dont le rectorat, serait indispensable ;
-
des simplifications sont nécessaires quant aux pièces demandées (le jeune Français doit toujours
présenter sa carte d’identité et le livret de famille, a
lors que la mairie pourrait accéder directement,
via
la plate-forme COMEDEC
71
, à l’acte de naissance) et quant aux processus.
Les mairies d’arrondissement de Paris ont ainsi automatisé la signature du maire et elles ont
suspendu l’envoi de l’avis de recens
ement aux communes du lieu de naissance
72.
Or le code du
service national et l’instruction du 5 janvier 2004 relative aux opérations de recensement en vue de
l'exécution du service national ne prévoient pas la dématérialisation du recensement, et ces
simplifications sont juridiquement fragiles.
b)
L’ensemble des obstacles à la simplification et à l’exhaustivité du recensement doivent
être identifiés et levés
L’ordonnance 2015
-1341 du 23 octobre 2015 a pour objet de développer les échanges
électroniques entre les usagers et les autorités administratives. L
’instruction de 2004
du
ministère de la défense sur le recensement est, par ailleurs, en cours de modification. Ces
nouveaux textes devraient contribuer à lever des difficultés juridiques à la dématérialisation
complète du recensement.
70
Le site donne une information standard, mais assure une interconnexion avec les services de la Ville, qui traite
les données saisies par les usagers. Le portail ne les informe pas qu’ils pourraient bénéficier de la délivrance en
ligne de l’attestation de recensement ou d’autres services assurés par la Ville.
71
Plateforme mise en service pour l’échange de données d’état
-civil.
72
Il s’agit d’une formalité obligatoire
: la commune de résidence qui recense des jeunes Français doit transmettre
la liste à la commune
de naissance, mais ces informations permettant d’établir par élimination un «
fichier des
non-recensés » ne semblent pas utilisées.
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55
Au-
delà, le rapport du SGA et l’expérience de la Ville de Paris montrent que
l’ergonomie doit être fortement améliorée, tant pour les jeunes que pour les administrations
locales. Mais l’information des jeunes, qui n’est pas partout
assurée, doit être également
améliorée.
Outre la question de la signature des maires, les autres obstacles à la dématérialisation
doivent être recensés et levés. Il en va de même de tous les freins à l’exhaustivité parfaite du
recensement, qu’il s’agisse de la simplification des formalités ou d’une information efficace
sur l’ensemble du territoire.
B -
L
’
absentéisme à la JDC touche plus particulièrement certains
départements
Si 10 à 12 % des jeunes appelés sont absents lors de leur première convocation, le taux
des jeunes parvenus à l’âge de 25 ans et n’ayant pas fait leur JDC n’est plus que de 4,1
%, en
se fondant sur la classe des jeunes nés en 1989, qui ne peuvent plus ni se faire recenser ni
accomplir leur JDC.
Carte n° 4 :
le taux d’absentéisme à la JDC (classe d’âge
1989)
Source : Cour des comptes à partir des données fournies par la DSN
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56
Ces chiffres moyens recouvrent cependant des écarts importants du taux d’absentéisme
allant en métropole de 0,1 % (département de Vendée) au taux particulièrement élevé de
12,8 % (Paris
intra-muros
)
73
et allant, outre-mer, de 2,1 % (Polynésie française) à 10,2 % en
Guadeloupe, 12,1 % à Mayotte, sans compter le cas hors normes de 18 % de Wallis et Futuna.
Selon la DSN l’absentéisme élevé outre
-mer résu
lterait largement de difficultés d’adressage.
En métropole, la région parisienne, le littoral méditerranéen et le département du Rhône
connaissent les taux d’absentéisme les plus élevés
74
. En Île-de-France, tous les départements
ont des taux de participation inférieurs à la moyenne.
La situation
de l’
Î
le
-
de
-
France
Pour la classe d’âge 1989, l’
Île-de-France comptait, avec 138 019 jeunes, 17,25 % des
recensés de la classe d’âge 1989. 10 558 n’ont pas accompli leur JDC soit 32,18
% du total
des absentéistes. Le
taux moyen d’absentéisme s’établit à 7,65
% et tous les départements,
sauf la Seine-et-Marne, concourent à cette mauvaise performance. Les plus mauvais résultats
sont enregistrés à Paris (12,80 %), en Seine-Saint-Denis (11,80 %) et dans les Hauts-de-Seine
(10,30 %), touchant donc tant des populations aisées que défavorisées
75
.
La DSN a conduit en 2010 une enquête
pour connaître les causes de l’
absentéisme.
Celui-ci serait largement lié à la mobilité des populations franciliennes, qui fait que bon
nombre de convocations ne parviennent pas à leurs destinataires.
La DSN estime également qu’incivilité et désintérêt se rencontre
raient aussi bien parmi
les jeunes les plus favorisés que parmi les jeunes en difficultés. De plus, ces derniers ne
ressentiraient pas la nécessité
d’obtenir leur certificat de participation pour passer des
examens, y compris le permis de conduire.
Ces explications qui restent très subjectives ne permettent pas d’entreprendre une action
ciblée en vue de redresser les taux de participation à la JDC.
Pour remédier à cette situation, il convient de mener deux types d’action.
D’une part, il est indispensable que les organisateurs d’examens et concours soumis au
contrôle de l'autorité publique exigent systématiquement le certificat individuel de
participation à la JDC, règle qui semble inégalement appliquée. Au-delà des informations que
leur adresse la DSN sur cette obligation, un rappel ferme, par leurs autorités de tutelle, aux
organisateurs du permis de conduire et des autres examens est indispensable. Cette exigence
permettra de mieux rendre effective l’obligation pour les jeunes Français d’
accomplir leur
JDC mais elle ne touchera probablement pas tous les jeunes « absentéistes ».
D’autre part, i
l convient de mieux connaître et analyser les déterminants géographiques
et sociologiques
de l’absentéisme
, afin de pouvoir mener une action vigoureuse et ciblée pour
le réduire fortement, en particulier quand il est supérieur à la moyenne nationale.
73
Cf. annexe n° 7.
74
Il n’est pas sans intérêt de comparer ces données avec celles de la satisfaction des appelés
(cf. chapitre I) : il
n’apparaît pas que les territoires ou catégories les plus absentéistes soient toujours les moins satisfaits. S’il existe
une forte corrélation pour la zone centrale de l’Île
-
de France, et notamment à Paris, entre niveau d’absentéisme
et expr
ession d’une faible satisfaction de la part des participants, l’outre
-mer constitue un contre-exemple.
75
Revenus des ménages par unité de consommation en 2012 : Paris 29
906 €, Hauts
-de-Seine 27
664 € et
Seine-Saint-Denis 17
793 € (source INSEE).
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57
II -
Les
jeunes Français de l’étranger
doivent participer
davantage à la JDC
1 -
Le recensement des Français de l’étranger
est défaillant
Les jeunes Français vivant à l’étranger doivent être recensés et participer à la JDC. Dans
le cadre du recensement citoyen obligatoire à 16 ans, ils s’adressent au consulat d
ont ils
relèvent. Pour ceux dont la famille est inscrite sur le registre des Français établis hors de
France, cette inscription consulaire vaut déclaration de recensement et les jeunes concernés
reçoivent une lettre des services consulaires accompagnée de l'attestation de recensement.
Cependant, cette inscription n’est pas obligatoire
76
.
En extrapolant les données relatives aux Français non-inscrits dans les consulats, les
jeunes Français de l’étranger pourraient représenter une population réelle comprise e
ntre
38 430 et 45
750 individus par classe d’âge, ce qui signifie que les non recensés
représenteraient entre 24 et 36 % (contre 1,8 % en moyenne sur le territoire national) des
jeunes Français de l’étranger.
En 2014, seuls 28 783 Français ont été recensé
s à l’étranger
et seulement 18 180 ont été
convoqués à la JDC.
2 -
L’organisation de la JDC à l’étranger relève d’un régime particulier
Selon l’article L.
114-8 du code du service national, «
les Français établis hors de
France et âgés de moins de 25 ans participent, sous la responsabilité du chef de poste
diplomatique ou consulaire accrédité, à la journée défense et citoyenneté aménagée en
fonction des contraintes de leur pays de résidence
».
Le régime particulier pour la JDC à l’étranger vise à concilier l’u
niversalité des
obligations du service national pour les Français avec les réalités locales. Le programme,
souvent concentré sur une demi-journée, ne comporte ainsi ni l'information sur les missions
des services de secours, ni l'initiation aux premier secours, ni les tests de connaissance de la
langue française. Concrètement, la JDC est souvent organisée par les agents des consulats et
animée par les attachés de défense. Sauf exception (par exemple, la JDC est organisée sur un
navire de la marine nationale
lors d’une escale), elle a lieu dans des locaux civils français ou
mis à disposition par les autorités locales, ou loués dans le secteur privé.
76
Elle e
st néanmoins un préalable pour obtenir un passeport ou une carte d’identité française, être inscrit sur les
listes électorales, obtenir une bourse ou une prestation sociale.
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58
3 -
La pratique est très inégale sans que le contexte géographique ou politique le
justifie toujours
Les textes prévoient des aménagements pour simplifier les procédures et tenir compte
des spécificités locales
77
. Le code du service national prévoit «
en cas d’impossibilité
», une
dispense provisoire assortie d’une obligation de participer à une JDC en France si le jeun
e
Français vient résider habituellement sur le territoire national avant l’âge de 25 ans. Les
postes consulaires peuvent aussi, en raison de circonstances particulières opter pour une JDC
dite « adaptée » : le code permet alors la délivrance du certificat de participation.
Dans la pratique, la JDC « adaptée
» est une JDC qui n’a pas lieu mais
qui permet
l’obtention du certificat individuel de participation. En outre, les situations autorisant cette
« adaptation
» font l’objet d’une interprétation très exte
nsive, autorisant à ne pas organiser de
JDC (ou à en organiser en nombre insuffisant au regard du nombre de jeunes Français
recensés) en délivrant un certificat de participation, notamment dans les métropoles où le
nombre des Français est très élevé comme à Londres, New-York ou Genève.
C’est ce qui
explique que si environ 29 000 jeunes sont recensés chaque année, environ 18 000 sont
convoqués.
En outre, l’ab
sentéisme des jeunes est élevé, sans que leur absence soit nécessairement
sanctionnée.
C’est ainsi qu’en 2014, parmi les Français de l’étranger ayant reçu le certificat
individuel de participation, seuls 9 440 (35,18 %)
avaient réellement assisté à une session de
JDC. Les quelques 65
% restant ont soit eu leur certificat parce que la JDC n’avait pas été
organisée, soit reçu un pur et simple certificat de complaisance.
Ce taux très faible reflète des situations contrastées. Pour certains jeunes binationaux ne
parlant pas français, la nationalité française reste théorique. Mais cela concerne également des
jeunes expatriés pour quelques années avec leurs parents, qui rentreront en France et pourront
s’inscrire à l’Université et passer les examens organisés par la puissance publique, sans avoir
accompli leurs obligations au regard du service national.
Cette situation, déjà soulignée par un rapport de la Cour des comptes sur les consulats
78
,
inacceptable au regard de l’égalité de traitement des citoyens
, est en cours de révision.
4 -
Il est nécessaire de revoir les modalités de la JDC à l’étranger sans renoncer à
la
mise en œuvre de cette obligation
Un nouveau texte du 11 janvier 2016
s’
est substitué à l
’arrêté i
nterministériel du 17 juin
1998. Il réaffirme le principe de la tenue de la JDC, tout en élargissant la possibilité de ne pas
l’organiser, notamment pour des raisons matérielles.
77
Selon l’
art R.* 112-16 du code du service national, la JDC
« est accomplie selon les contraintes de l'État ou du pays de
résidence, soit sous forme de sessions soit par envoi d'un dossier individuel d'information ».
Selon l’arrêté du 17 juin 1998 relatif au recensement et à la participation des Français de l'étranger à l'appel de
préparation à la défense:
« Dans les pays où l'organisation d'une session complète de l'appel de préparation à la
défense peut, soit porter préjudice aux personnes convoquées à une session, soit altérer les relations entre la
France et l'État dans lequel ces personnes résident, le chef du poste diplomatique ou consulaire accrédité
organise une session adaptée aux contraintes locales (…).
»
78
Communication à la commission des finances de l’Assemblée Nationale
«
L’évolution des missions et de
l’organisation des consulats français à l’étranger
». Novembre 2013.
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59
Lorsque la JDC n’aura pu avoir lieu, l
es jeunes Français recevront une autorisation de
report et devront se présenter à la JDC s’ils reviennent en France avant d’atteindre 25 ans.
Il serait souhaitab
le que cette réforme s’accompagne d’une définition claire des
«
conditions matérielles » ne permettant pas la mise en œuvre de la JDC, et surtout d’un suivi
des jeunes ayant bénéficié d’un report provisoire.
Ce report pourrait, par exemple, être signalé par les consulats auprès du CSN de
Perpignan qui gère les jeunes Français recensés à
l’étranger
et inscrits dans le logiciel de
gestion des administrés (S@GA).
Il convient également de préciser selon quelles modalités la participation à la JDC sera
exigée lors d
’un
retour en France. Cette participation devrait être ainsi obligatoire
dès qu’
un
jeune Français vient en France pour une année scolaire ou universitaire, et pas uniquement
pour un retour définitif
79
.
Et comme pour les jeunes vivants sur le territoire national, le contrôle du certificat de
participation doit être effectivement exigé par les organisateurs d’examens et concours soumis
au contrôle de l'autorité publique.
III -
Le suivi
des jeunes en vue d’un
éventuel appel sous les
drapeaux est mal assuré
À l’issue de la JDC, les données du recensement permettent l’inscription d’office sur les
listes électorales, en application de la loi du 10 novembre 1997
relative à l’inscription d’office
des personnes âgées de plus de dix-huit ans sur les listes électorales.
Au-delà de cette commodité,
l’actualisation
devrait permettre le rappel sous les
drapeaux en cas de crise grave. À cette fin, les données doivent être actualisées par les
Français directement auprès des CSN et sont conservées dans S@GA jusqu’à
leurs 25 ans.
Ces données individuelles incluent, outre l’adresse et les coordonnées téléphoniques et
électroniques, des renseignements sur la situation personnelle et familiale du jeune Français,
et sur sa situation scolaire ou professionnelle.
Dans les faits, l
’actualisation n’en es
t pas réellement assurée faute pour les intéressés
d’en comprendre la nécessité, voire d’en connaître l’obligation
.
Le défaut d’actualisation n’est
pas sanctionné.
Le rapport du SGA sur le recensement précité notait que la co
nservation d’une adresse
électronique et d’un nombre limité d’informations serait sans doute plus utile, dans la mesure
où un appel en masse sous les drapeaux est peu probable.
La DSN soulignait également en 2013 que « le rétablissement de la conscription est
actuellement difficilement envisageable en raison de son coût annuel
80
,
d’infrastructures
insuffisantes (désarmement de casernes et bases) et de l’adhésion incertaine d’une partie de
l’opinion publique et notamment de la jeunesse ».
Elle rappelait en o
utre que, l’application
des textes ayant été suspendue, ceux-ci sont restés dans leur état antérieur à 1997, ce qui
exclut par exemple les femmes de l’appel obligatoire sous les drapeaux.
79
Ce qui suppose de préciser la notion de « résidence habituelle sur le territoire national
», au sens de l’art
icle
R. 112-17 du CSN.
80
Coût que la DSN estime à
plus de 10 000 € par appelé.
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60
La virtualité d’un retour à la conscription s’accompagne donc d’une
forte incertitude sur
sa faisabilité technique, juridique, sociale et budgétaire.
Il apparaît ainsi que la suspension de la conscription s’est accompagnée du maintien et
du gel (sous la forme du Livre II du Code du service national) de textes pensés dans un
contexte de guerre froide, et que, depuis près de 20 ans, non seulement les supports
logistiques d’une levée en masse d’une génération (d’ailleurs nécessairement doublée en
incorporant les femmes) ont disparu, mais les menaces contemporaines de nature à justifier un
appel obligatoire sous les drapeaux exigeraient plutôt un ou des appels ciblés.
L
a DSN suggérait que les modalités de l’appel sous les drapeaux (ciblage de la
population concernée, modalités géographiques, temporelles, identification des menaces)
soient précisées et intégrées aux dispositions législatives et réglementaires du code du service
national, ainsi qu’aux plans locaux de gestion des crises.
Elle estimait que des informations quant aux compétences professionnelles des Français
au regard des menaces contemporaines (attaques terroristes, cyber-attaques, accidents
industriels, catastrophes sanitaires, aléa climatique) permettraient un appel plus efficace.
La Cour souligne qu’en l’état actuel, la corrélation entre la tenue à jour des donn
ées
issues du recensement et de la JDC et les nécessités d’un éventuel rappel, large ou ciblé, sous
les drapeaux est largement inopérante.
___________________ CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS __________________
Il convient de lutter contre l’absentéisme à la JDC des jeunes Français, en France et
à
l’étranger, en analysant les causes de cet absentéisme et en renforçant le respect de
l’obligation de présenter une attestation de participation pour passer des examens organisés
par la puissance publique.
Le recensement lui-
même n’est pas entièrement e
xhaustif. Ses formalités sont lourdes
pour les administrations qui en ont la charge, et peuvent inciter certains jeunes à ne pas se
faire recenser. Sa modernisation, entreprise depuis 2009 doit être poursuivie.
En conséquence la Cour formule les recommandations suivantes :
3.
renforcer l’exhaustivité du recensement, en améliorant l’information des jeunes et des
familles, et en identifiant et levant les obstacles à la simplification et à la
dématérialisation complète des formalités de recensement
(
ministère de la défense,
ministère de l’éducation nationale et ministère de l’intérieur)
;
4.
approfondir l’analyse de l’absentéisme à la JDC
pour y remédier (ministère de la
défense) ;
5.
délivrer un certificat de report provisoire quand la JDC ne peut pas être organisée à
l’étranger. Si le bénéficiaire souhaite faire, sur le territoire national, une scolarité ou des
études dans un établissement préparant aux examens contrôlés par l’autori
té publique,
son inscription sera subordonnée à un engagement de participer à la JDC
(
ministère des
affaires étrangères et du ministère de l’éducation nationale) ;
6.
rappeler aux autorités de tutelle des organisateurs d’examens et conco
urs soumis au
contrôle de l’autorité publique, y compris le permis de conduire, l’obligation d’exiger
systématiquement des candidats de nationalité française la présentation du certificat
individuel de participation à la JDC (services du Premier ministre).
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Chapitre IV
Le recentrage de la journée sur la défense doit être
poursuivi et son articulation doit être renforcée avec
les dispositifs relevant de
l’éducation
nationale
Malgré une réforme importante en 2014, la journée poursuit
toujours trop d’objectifs et
reste trop chargée,
ce qui nuit à son efficacité. Un dédoublement a été envisagé mais s’est
heurté à son coût budgétaire.
Il apparaît nécessaire de revoir les objectifs de la journée pour
l’
alléger de ceux qui ne
concernent pas directement la défense et qui peuvent être pris en charge dans un autre
contexte. C’est notamment le cas d’un certain nombre de thèmes «
citoyens », qui pour
l’essentiel, pourraient trouver leur place dans le futur
« parcours citoyen en milieu scolaire ».
Ceci permettrait de poursuivre le recentrage sur les thèmes de défense, sans pour autant
remettre en cause le rôle, à ce jour irremplaçable, que remplit la JDC en matière de détection
des difficultés de lecture et de décrochage scolaire.
Pour parvenir à ce recentrage, une bonne concertation avec l’
éducation nationale est
nécessaire.
Cette concertation fait depuis 1982
l’objet d’un protoco
le dont la prochaine version, en
cours d’adoption
, devrait
élargir les thèmes de coopération
en incluant l’enseignement
supérieur et la recherche et l’enseignement agricole, ainsi que des thèmes comme la lutte
contre le décrochage scolaire et la reconversion des militaires, et mettre en relation la JDC et
le parcours citoyen en milieu scolaire.
L’un des thèmes
essentiels
de ce protocole est l’enseignement obligatoire de défense.
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62
La réforme du service national a en effet inscrit la JDC dans un continuum
–
le
« parcours de citoyenneté »
81
: ce parcours comporte le recensement citoyen obligatoire
(RCO
–
art L. 113-1 à L. 113-8 du CSN),
l’enseignement de défense (art L.
114.1), et la
journée défense et citoyenneté (art L. 114-2 à L. 114-13)
82
.
Malgré la coopération entre les deux ministères englobant diverses formes de
sensibilisation des enseignants et des jeunes, ainsi que la lutte contre l’illettrisme et le
décrochage scolaire, cet enseignement est très inégalement dispensé. Des partenariats plus
efficaces doivent permettre une meilleure articulation de ces différents dispositifs avec la
JDC.
I -
Trop dense, la JDC doit être allégée et centrée encore
davantage sur la défense
En 2012, le Président de la République, alors candidat, a annoncé une réforme de la
JDC : «
La journée défense et citoyenneté, qui a été réduite à quelques heures, devra faire
l’objet d’un recentrage sur l’esprit de défense. Et pourquoi pas l’allonger un peu et même la
dédoubler ? »
83
.
Le Livre blanc de 2013 sur la défense et la sécurité nationale a pris en compte cette
orientation. Le cabinet du ministre de la défense a mis en place en février 2013, sur la base de
travaux de la DSN, des groupes de travail sur différents thèmes afférents à la JDC
84
. Il a
également demandé un rapport au Contrôle général des armées (précité) qui a dressé en 2013
un constat critique de
la JDC et fait des propositions dont une partie a été mise en œuvre.
Le dédoublement de la JDC a été étudié selon trois hypothèses prévoyant toutes que les
deux journées ne
soient pas consécutives pour éviter les frais d’hébergement. La première
hypothèse plaçait la deuxième journée sous la tutelle du ministère
de l’éducation nationale,
avec, toutefois, des séquences assurées par le ministère de la défense ; la deuxième faisait
organiser les deux journées entièrement par le ministère de la défense tout en les ouvrant à des
partenariats; la troisième laissait une des deux journées à l’initiative des collectivités locales.
Ces hypothèses induisaient des surcoûts
de 32 à 48 M€
85
par rapport à la journée
unique. La réforme a donc été limitée à un recentrage partiel sur les questions de défense.
81
À ne pas confondre avec le projet de « parcours citoyen » dans le cadre scolaire, évoqué
supra
.
82
Au-delà de la JDC et des autres « piliers » du parcours de citoyenneté,
l
a loi suspendant la conscription n’a
pas aboli toutes les anciennes formes du service national, y compris civiles, qui ont évolué au fil du temps. Le
m
inistère de la défense a développé également une série d’actions visant à entretenir le lien
Armée-Jeunesse, en
direction aussi bien des futures élites que des jeunes en difficultés. Tous ces dispositifs et actions reposent sur le
volontariat, et certains, parmi les plus intéressants, sont très coûteux. On trouvera en annexe 10 une présentation
des principaux dispositifs civils et militaires composant ce paysage.
83
Source : discours de M. François Hollande
–
Le Bourget
–
11 mars 2012.
84
Les quatre groupes sont : « Protocole défense
–
Éducation nationale et enseignement supérieur et recherche » ;
« Renforcement du volet défense au cours de la JDC » ; « Extension de la JDC dans un cadre interministériel » ;
« Cohérence des indicateurs JDC « à chaud » et « à froid ».
85
Selon une première approche figurant dans le rapport du CGA précité. Sur ces
32 à 48 M€, selon les cas,
6
M€, 24
M€ ou 42
M€
étaient à la charge du ministère de la défense.
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LE RECENTRAGE DE LA JOURNÉE SUR LA DÉFENSE DOIT ÊTRE POURSUIVI ET SON ARTICULATION DOIT ÊTRE
RENFORCÉE AVEC LES DISPOSITIFS RELEVANT
DE L’ÉDUCATION NATIO
NALE
63
A -
La « JDC rénovée » améliore partiellement la place de la défense
1 -
L’organisation de la journée a été remaniée et ses supports modernisés
L’ob
jectif de la JDC rénovée est de créer un «
continuum
défense », allant :
-
de la présentation des enjeux, liés à l’instabilité du monde contemporain et à l’existence
de menaces fondant la légitim
ité d’une politique de défense
;
-
à l’organisation institutionnelle d’une défense globale dans ses aspects militaires, civils
et
de « résilience nationale » ;
-
et, enfin, aux aspects plus concrets des métiers de la défense, de la vie militaire et des
possibilités de recrutement, ainsi que des autres formes d’engagement
et de volontariat.
Les trois séquences correspondantes sont animées autour de films et de présentations
appuyées sur un diaporama, la troisième comportant également une « visite », à savoir une
démonstration (matériel, exercice) ou un témoignage de militaires. Ces séquences font place
au dialogue avec les appelés.
Pour réussir ce recentrage, le choix a été fait de transmettre une partie des messages de
citoyenneté « en filigrane » des séquences consacrées à la défense. En outre, les supports de la
journée ont été améliorés (films plus courts et plus « dynamiques »). Par ailleurs, un guide de
l’animateur et un recueil de fiches pédagogiques ont été établis.
La DSN est parvenue à une rapide montée en puissance de la « JDC rénovée ».
Celle-ci a commencé à être
mise en place le 16 janvier 2014, et l’ensemble du territoire,
outre-mer compris, est passé à la JDC rénovée en un an, les supports pédagogiques étant mis
très rapidement à disposition des animateurs.
2 -
La question du recrutement est ouvertement abordée
La JDC rénovée introduit une information « positive » sur les métiers militaires et les
possibilités de recrutement, présente les situations offertes par les armées, la place des
femmes, et la diversité des formules permettant de se familiariser avec la vie militaire et/ou de
s’y engager, dans l’active comme dans la réserve.
La levée du « tabou sur le recrutement »,
selon l’expression figurant dans le rapport du CGA, est légitime pour deux raisons
:
-
elle est d
ans l’intérêt des jeunes
: les armées offrent (avec 10 000 recrutements de
militaires du rang et 3
500 d’officiers et sous
-officiers par an) des débouchés
professionnels très divers et de tous niveaux et elles donnent, en particulier, la possibilité
aux jeunes sans diplôme d’acquérir, après recruteme
nt, une qualification ;
-
elle est dans
l’intérêt des armées : le nombre de candidats pour un emploi de militaire du
rang est faible
86
, par exemple,
de l’ordre de 2,4 candidats pour un poste
pour l’armée de
terre
. En s’adressant à l’ensemble
des jeunes et en suscitant des candidatures, la JDC peut
contribuer à améliorer la sélectivité du recrutement.
86
En 2014, on dénombrait 2,3 à 2,4 candidats pour un emploi de militaire du rang du ministère de la défense,
contre 3,78 pour un emploi de gendarme adjoint volontaire, 10 pour un emploi de gardien de la paix, 23 pour un
emploi de surveillant de
l’administration pénitentiai
re. Source : DRH-MD et direction générale de la
gendarmerie nationale. Cette situation semble toutefois avoir évolué après les attentats de janvier et novembre
dernier.
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
64
Cette information sur les métiers de la défense
s’appuie sur une plus grande implication
des
centres d’information et de recrutement des forces armées (
CIRFA), consacrée en 2014
par un protocole conclu entr
e la DSN et l’ensemble des DRH d’armées
ainsi qu’avec la
gendarmerie.
Les CIRFA interviennent, désormais, dans la formation des animateurs et fournissent
directement un important contingent d’animateurs
: tous les conseillers en recrutement des
CIRFA sont formés pour être animateurs de la JDC.
En outre, à la fin de la JDC, pendant laquelle
aucune action de recrutement direct n’est
menée,
il
est
demandé
aux
jeunes
s’ils
souhaitent
« recevoir
des
informations
comp
lémentaires sur les métiers de l’armée de Terre, de la Marine, de l’armée de l’Air ».
Ces
demandes de renseignements sont transmises et exploitées par les CIRFA.
Du fait du déploiement récent de la réforme, le recul manque pour apprécier l’impact
réel de cette évolution sur le recrutement. Les premiers indicateurs établis à partir des
réponses (volume des contacts identifiés et volume de ces contacts ayant débouché sur un
recrutement) souffrent par ailleurs
d’imprécisions
, car il y a des doubles ou triples
comptabilisations lorsque les jeunes demandent des informations sur plusieurs armées. Pour
l’exercice 2014, l
a DSN a indiqué que près de 20 % des appelés ont demandé des
informations supplémentaires
87
.
Il serait souhaitable
que, pour l’avenir,
les armées se dot
ent d’outils
harmonisés
permettant de mesurer
l’impact de la JDC rénovée sur les recrutements.
3 -
Les animateurs évaluent positivement l’évolution de la Journée
La DSN a recueilli en 2014 l’avis d’un panel d’animateurs ayant mené les premières
sessions de JDC rénovée, selon quatre axes :
-
le contenu des trois modules consacrés à la défense ;
-
la mise en place d’un diaporama unique avec les vidéos intégrées de nature (ou non) à
instaurer une meilleure interactivité avec les jeunes ;
-
l’articulation de la jo
urnée (déroulé de la journée, horaires, gestion du temps etc.) ;
-
la mise en place des nouveaux outils pédagogiques (trame, recueil de fiches
pédagogiques, guide animateur, scénario pédagogique, etc.).
La perception des 460 animateurs de métropole et des 164 animateurs d
’
outre-mer qui
ont répondu au questionnaire est, pour les quatre thématiques, favorable, évoluant de 62,10 %
de réponses favorables pour la trame de la journée en métropole à 85,78 % pour les modules
défense outre-mer (cf. annexe n° 5). Les supports pédagogiques sont très favorablement
perçus. Les animateurs
considèrent que l’interactivité avec les jeunes est renforcée. Ils
estiment mieux maîtriser le temps avec un
programme moins chargé d’images. En revanche,
la majorité
d’entre eux
insiste sur le fait que les nouveaux modules exigent une implication
personnelle plus importante. L'aide à l'appropriation par les animateurs des supports
pédagogiques semble donc être un axe d'amélioration pour que ces bons résultats soient
consolidés. Ce retour d'expérience est très utile. Sans nécessairement avoir lieu chaque année,
un sondage régulier de l’avis des animateurs permettrait de disposer, en complément de
87
Répartition des 225 000 fiches de liaisons transmises : 98
000 pour l’armée de Terre,
47
000 pour l’armée de
l’Air, 36
000 pour la Marine et 44 000 pour la gendarmerie.
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NALE
65
l’évaluation par les appelés, d’un suivi sur l’efficacité et la pertinence des modules présentés
,
sur l’intérêt suscité auprès des jeunes par les sujets traités, de donner un éclairage plus
« qualitatif » sur la réaction des jeunes aux messages et à la manière de les délivrer et, donc,
d’identifier les évolutions souhaitables.
Un tel retour d’expérie
nce contribuerait donc à
enrichir les outils d’évaluation de la journée.
B -
Les enjeux et les réalités de la défense restent une priorité difficile à
imposer
Tableau n° 8 :
temps consacré aux différents thèmes
JAPD
JDC
JDC rénovée
1999
2010
2011
2015
2016
défense
4h00
1h55
2h20
2h25
2h55
88
défense
(Visite/témoignage)
1h00
1h00
1h00
1h00
Citoyenneté et droit
à l’information
0h30
0h40
0h35
0h25
0h45
Secourisme puis
Sécurité routière
(2016)
1h15
1h15
1h00
0h30
Information dons
0h05
0h05
0h05
Test de lecture
0h45
0h45
0h40
0h40
0h30
Accueil/Formalités/
Évaluation journée
1h45
1h25
1h15
1h15
1h05
Pauses/Déjeuner
1h30
1h45
1h35
1h30
1h15
Source
: Cour des comptes d’après données DSN
Au cours de la journée défense et citoyenneté, d
’une amplitude totale d’environ
8h, le
temps consacré à la défense est passé de 4h (JAPD 1999) à 2h55 (JAPD 2010) pour remonter
à 3h25 avec la JDC rénovée, et à 3h55 à compter de 2016
89
.
1 -
Des attentes multiples pèsent sur la journée
Les contenus assignés par le code du service national (CSN) à la JDC reflètent les
attentes diverses, voire les pressions,
pour faire passer de nombreux messages d’intérêt
général. Au-delà de ce que prévoit le c
ode, d’autres tests ou enquêtes ont été introduits, plus
88
Le temps gagné pour la défense bénéficie partiellement de la suppression du module secourisme et du
raccourcissement des temps d’accueil/formalités et des pauses/déjeuner.
89
Il s’agit du temps total consacré à la défense, incluant les «
modules défense » proprement dits, ainsi que la
visite de site, la démonstration de matériel ou le témoignage de militaires.
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66
ponctuellement comme le test de « numératie » et une
enquête sur l’usage de drogues
en
2014.
Pour justifier ces attentes, le caractère « universel » de cette journée revient de façon
récurrente, renvoyant tantôt au fait que tous les jeunes Français, garçons et filles, sont appelés,
tantôt au fait qu’elle concerne
ces jeunes,
qu’ils soient ou non scolarisés. C’est en effet le
dernier moment dans la vie des jeunes où l’on peut, à une telle échelle, s’informer de leur
maîtrise de la langue française, leur délivrer des messages sur le «
vivre ensemble » et, s’ils
sont en difficulté, pour le détecter et les adresser aux organismes qui peuvent les aider à
combler leurs lacunes et à s’insérer dans le marché du travail.
Aussi, malgré le progrès que constitue la JDC rénovée, le temps continue à manquer
pour chacune des séquences, faute d
’en
réduire le nombre. D
’ailleurs
, la suppression de
modules ne bénéficie pas forcément aux thèmes de défense et ne concourt pas à la
simplification de la journée, comme le montre l
’exemple de la
séquence sur le secourisme.
La suppression du module « secourisme »
et l’utilisation de l’heure libérée
La séquence sur le secourisme était redondante avec la formation donnée, en principe,
en milieu scolaire plus complète et donnant lieu à la délivrance
d’un certificat
.
Au moment où les accidents de la route augmentaient, il a été décidé de lui substituer un
nouveau module consacré à la sécurité routière. Celle-
ci fait pourtant également l’objet d’une
formation dans le cadre scolaire, qui conduit, à l’issue de l’école primaire, à la remise d’une
attestation de première éducation à la route (APER), et, dans le second degré, à des
attestations scolaires de sécurité routière de premier et de second niveau (ASSR1
–
ASSR2),
et enfin à l’attestation de sécurité
routière (ASR). L’ASR conditionne l’inscription à l’examen
du permis de conduire, et l’autorisation de pratiquer la conduite accompagnée.
Ce nouveau
module, dont l
a valeur ajoutée n’est pas avérée
au vu des enseignements assurés dans le cadre
scolaire, durera 30 minutes.
Les 30 minutes restant devaient être réaffectées aux thèmes de défense mais un temps
de 20 minutes sera consacré au
« droit à l’information » des jeunes afin qu’ils «
aient une
connaissance complète des dispositifs d’aide et d’appui dont
ils peuvent bénéficier pour
préparer leur entrée dans la vie active », alors que ce thème ne disposait auparavant que de
quelques minutes à l’occasion du test de lecture
.
Ainsi, la suppression du module « secourisme » non seulement ne profite pas totalement
aux thématiques de défense qui ne bénéficieront
que d’un quart d’heure
supplémentaire, mais
elle donne lieu à un alourdissement de la journée en remplaçant le module supprimé par deux
nouveaux modules.
2 -
La Journée souffre de la multiplicité des messages
Trop dense, la JDC souffre de la profusion de messages que les animateurs peinent à
hiérarchiser (cf. annexe n° 8). Il a ainsi été constaté que la sensibilisation aux différents
« dons
» se réduit à l’énoncé accéléré d’une liste qui peut paraître incongrue, ou qu’une
présentation globale des violences, dans la séquence sur les « menaces », peut mélanger les
violences intrafamiliales, les guerres et le terrorisme. De même, si un message sur l’égalité
hommes-femmes est légitime, ce message, décliné à tout propos, finit par être suspect - la
suspicion de sexisme fut rapportée par certains animateurs et animatrices dans le cadre de
l’enquête de fin 2014.
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67
L’absence de définition par la loi du terme « citoyenneté » à côté du terme « défense »
favorise cette vision extensive. Chaque institution tient à délivrer un message, souvent dans
des séquences « fourre-tout » qui laissent probablement peu de traces, mais brouillent les
messages de défense.
Le scepticisme dont la JDC
fait parfois l’objet
est ainsi entretenu par la multiplicité et la
confusion de ces messages dont u
ne bonne partie risque de tomber dans l’oubli rapidement, si
tant est que l’attention ait pu être assez constante pour qu’ils soient entendus. On a d’ailleurs
vu, dans le cadre des enquêtes « à froid », que les messages citoyens étaient les plus
difficilement mémorisés.
C -
Le parcours citoyen en milieu scolaire doit permettre de recentrer la
JDC sur sa vocation première
Quelle que soit leur légitimité, les différents objectifs
aujourd’hu
i assignés à la JDC ne
peuvent être réellement atteints en une seule journée.
L’hypothèse de son allongement
au-delà
de huit heures quinze, étudiée en 2013, a été, à juste titre, écartée en raison du temps de
transport et de la capacité d’attention des app
elés. De même, on a vu que le dédoublement se
heurtait aux contraintes budgétaires.
Or, il
semble aujourd’hui possible d’envisager une solution comportant des temps
clairement distincts
–
une « journée défense » sous la responsabilité du ministère de la
défense, et des temps consacrés à la citoyenneté sous la responsabilité du ministère de
l’éducation nationale
–
dans le cadre du projet gouvernemental actuel de parcours citoyen. À
la suite des attentats de janvier 2015, le Gouvernement a, en effet, lancé une « grande
mobilisation de l'École pour les valeurs de la République » comportant l’instauration d’un
véritable « parcours citoyen
90
» à l’école.
Ce parcours citoyen comporte 11 mesures (cf. annexe n° 8) qui devraient répondre
largement aux attentes qui pè
sent aujourd’hui sur la JDC : enseignement moral et civique,
éducation aux médias et à l’information, incitation à l’engagement dans la vie sociale de
l’établissement scolaire ou dans une association, etc. Il devrait en particulier comporter «
une
journée de préparation en amont, de la JDC dans les établissements scolaires » et donner lieu
à une évaluation à la fin de la scolarité obligatoire.
Présenté le 22 janvier 2015 par la ministre de l’
éducation
nationale, de l’enseignement
supérieur et de la recherche, ce projet a été confirmé par le Président de la République le
6 mai, après son adoption par le comité interministériel « égalité-citoyenneté » du même
jour
91
.
Même si ces mesures ne sont pas encore stabilisées, il est essentiel que ce « parcours
citoyen » favorise une assimilation des principaux enjeux et messages citoyens avant la JDC,
afin de l’
alléger sans diminuer le temps consacré à la défense ni sacrifier les enjeux de
citoyenneté.
90
Qui ne doit pas être confondu avec le « parcours de citoyenneté » institué lors de la suspension de la
conscription, et constitué du recensement, de l’enseignement de défense en milieu scolaire, et de la JDC.
91
Dans son discours
de vœux à la jeunesse
du 11 janvier 2016, le Président de la République a indiqué que ce
parcours représenterait 300 heures au cours de la scolarité. Ce chiffre est à rapprocher des 1h20 à 1h30 de temps
consacrés à ces thèmes au cours de la JDC.
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68
Il convient, en toute hypothèse, d
’
assurer
l’
éducation à la citoyenneté dans un cadre
distinct et complémentaire de celui de la JDC, le recentrage de celle-ci devant se poursuivre
en ne conservant que les thématiques de défense ainsi que le test de lecture, dont les jeunes
non scolarisés doivent pouvoir bénéficier.
D -
Recentrée sur ses « fondamentaux » la JDC pourra devenir un vrai
rendez-vous de la jeunesse avec les armées
Dans le cadre d’une bonne coordination entre les ministères de la défense et de
l’éducation nationale, les messages citoyens et les thèmes connexes (sol
idarité et vivre
ensemble, santé, sécurité routière) pourraient être pris en charge dans le cadre du parcours
citoyen en milieu scolaire, la JDC se centrant davantage sur les thématiques de défense et ce
qui, dans la citoyenneté, lui est étroitement lié : la JDC est, à juste titre, fondée sur une
approche de « défense globale », dans ses dimensions militaire, civile, économique et de
« résilience nationale
». Ce concept traduit la capacité d’une nation, confrontée à une crise
majeure, à poursuivre, après le premier choc, ses activités, et à éviter un « effondrement
collectif ».
Ce recentrage sera d’autant plus efficace que la JDC s’adressera à une population plus
avertie des problématiques de défense grâce à un enseignement de défense en milieu scolaire
plus performant.
II -
Le partenariat avec
le ministère de l’éducation nationale
doit viser une amélioration de l’enseignement de défense et du
suivi des jeunes en difficultés
Rendu obligatoire dans les programmes scolaires lors de la réforme du service national,
et inscrit depuis lors dans le code du service national et le code de l’éducation, l’enseignement
de défense
, s’inscrit dans
une coopération ancienne entre le ministère de la défense et celui de
l’éducation nationale
, consacrée par un protocole depuis 1982
92
. L’objectif était alors de
développer le lien entre les armées et la jeunesse, à travers des actions en direction des
enseignants et des élèves.
Localement, cette coopération s’appuie sur les « trinômes académiques », qui mènent de
nombreuses actions de sensibilisation voire de formation en direction des enseignants et,
depuis quelques années, des élèves.
92
Au sein du ministère de la défense, le pilotage du protocole relève essentiellement de la DMPA, mais les
nouvelles dispositions concerneront d’autres services du ministère (DRH
-MD, DSN, Délégué ministériel à la
jeunesse et à l’égalité des chances
(DMJEC), grandes écoles et organismes de recherche du ministère), ce qui
nécessitera une coordination.
Au ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, un « délégué pour
l’éducation à la défense », rattaché au direct
eur de la DGESCO, joue un rôle important de coordination et de
sensibilisation mais n’a pas autorité sur les services. Plusieurs services de la DGESCO sont concernés, la DEPP,
l’IGEN, le Conseil supérieur des programmes, les Universités et les laboratoires
de recherche.
Cela, ajouté à la liberté des enseignants et à l’autonomie des Universités, rendra complexe la mise en œuvre du
protocole.
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NALE
69
Un volet important de cette coopération concerne le suivi des élèves détectés en
difficultés de lecture ou en décrochage scolaire lors de la JDC.
A -
L
’enseignement de
défense, élément essentiel du parcours de
citoyenneté, est inégalement dispensé
1 -
Le ministère de la défense intervient
en soutien du ministère de l’éducation
nationale
Cet enseignement relève
de la responsabilité du ministère de l’éducation
nationale, de
l’enseignement supérieur et de la recherche, mais le ministère de la défense
93
y contribue
activement en fournissant des documents et des supports, en organisant des visites pour les
enseignants et les élèves et en participant aux actions des « trinômes académiques » (voir
infra
).
La Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) produit ou collecte
auprès des armées et services du ministère de nombreux documents libres de droit et
utilisables par le monde enseignant. Un site a
dministré par la DMPA (educ@def) ainsi qu’un
DVD/ CD-Rom « Enseigner la défense » sont mis à la disposition des enseignants.
La DSN et les autorités militaires territoriales (délégué militaire départemental-DMD)
interviennent dans les écoles supérieures d
u professorat et de l’éducation (ESPE) ainsi qu’en
milieu scolaire.
2 -
Malgré ces efforts, l’enseignement de défense n’est pas toujours correctement
assuré
a)
Cet enseignement obligatoire est inégalement dispensé
L’acquisition de connaissances et de compétences
de défense et de sécurité nationale est
prévue par les programmes scolaires depuis 1995 et fait partie du « socle commun de
connaissances et de compétences
» de l’enseignement scolaire.
Au collège, le programme d’enseignement moral et civique pour le cycl
e 4
94
, prévoit au
titre de la «
culture de l’engagement
» une information relative à la JDC ainsi que
l’acquisition des connaissances concernant «
les citoyens et la défense nationale, les menaces,
les engagements européens et internationaux de la France ». Il est également prévu une
sensibilisation aux « problèmes de la paix et de la guerre dans le monde et [aux] causes des
conflits ».
Au lycée, le nouveau programme pour l’enseignement moral et civique prévoit
l’acquisition,
en classe de première, de connaissances sur le thème : « Défendre : organisation
et enjeux de la défense nationale ; l’engagement dans des conflits armés ».
93
Lui-
même acteur direct de l’enseignement à travers ses lycées et écoles de défense, et ses établissements
d’enseign
ement supérieur.
94
Le cycle 4, ou « cycle des approfondissements », correspond aux classes de 5
ème
, 4
ème
et 3
ème
, l’enseignement
obligatoire de défense concernant principalement la 3
ème
.
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COUR DES COMPTES
70
Le bilan de l’enseignement obligatoire de défense dressé dans le cadre de la « revue des
missions de l’État
95
» est sévère, soulignant les différences selon les établissements et les
enseignants,
qu’il attribue à l’« encombrement des programmes », à la « méconnaissance du
domaine par les enseignants » et au « manque d’outils pédagogiques ».
Le ministère de l’éducation nationale n’a pa
s contesté ce bilan critique mais il estime
que
la mise en œuvre des nouveaux programmes d’enseignement moral et civique
devrait
améliorer la situation.
b)
La formation initiale et continue des enseignants
n’est pas
harmonisée
Cette formation assurée dans le cadre des Écoles supérieures du professorat et de
l’éducation (ESPE)
concerne d’abord les professeurs d’histoire
-
géographie et d’enseignement
moral et civique et s’oriente vers le concept global de sécurité et de défense. En 2012,
l’Inspection générale de
l’éducation nationale a élaboré un référentiel pour les ESPE, utilisé
par certains d’entre eux depuis la rentrée 2013. Le projet de
nouveau protocole préconise sa
généralisation et met également l’accent, pour la formation des enseignants, sur les rencont
res
avec
les
acteurs
de
la
défense.
Outre
la
formation
spécifique
des
professeurs
d’histoire
-
géographie et d’éducation civique
, ce projet considère que tous les enseignants
devraient recevoir une formation de base en matière de défense pour exploiter les « entrées
défense » identifiées dans les différents programmes.
Pour le moment, la formation initiale des enseignants est encore insuffisante. La mission
de formation des enseignants repose encore largement sur les trinômes académiques (cf.
infra
)
3 -
Il est n
écessaire de s’assurer des acquis des élèves en matière de défense
D’après une enquête menée par la DSN en 2012 sur un échantillon de 1 500 jeunes,
seuls 60
% d’entre eux déclarent avoir reçu un enseignement de défense, pour la majorité en
classe de troisième. Ce chiffre corrobore les témoignages des responsables concernés dans les
deux ministères, ainsi que le bilan fait dans le cadre de la revue des missions de l’État.
Les programmes d’enseignement élaborés par le Conseil supérieur des programmes ne
préci
sent pas les modalités d’évaluation de l’enseignement de défense, et l’on sait qu’un
enseignement non sanctionné par un contrôle des connaissances acquises risque fort d’être
sacrifié
96
. Un sujet consacré à la défense est « sorti » une seule fois au brevet des collèges. Il
serait tout à fait utile que cela se reproduise à intervalles réguliers.
La question de la vérification des connaissances est abordée dans le projet de protocole,
sans faire l’objet d’une solution claire
sur le moment et le cadre de cette vérification :
évaluation en cours de scolarité ou test pendant la JDC.
Une vérification des connaissances dans le cadre de la JDC préempterait une plage
horaire au détriment des contenus prioritaires
: elle ne peut donc s’envisager que si des
allègements sont apportés par ailleurs.
Elle permettrait d’avoir une approche statistique d
es
résultats de cet enseignement, mais ne suffirait pas à sanctionner un enseignement obligatoire.
Cette vérification
pourrait aussi s’effectuer
dans le cadre de la « journée préparatoire à
la JDC » prévue dans le cadre du parcours citoyen en milieu scolaire (cf.
supra
). Toutefois,
95
Source : ministère de la défense, présentation de la revue des miss
ions de l’État
- 12 janvier 2015.
96
Cf.
supra
, l’exemple a contrario de la formation à la sécurité routière.
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LE RECENTRAGE DE LA JOURNÉE SUR LA DÉFENSE DOIT ÊTRE POURSUIVI ET SON ARTICULATION DOIT ÊTRE
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NALE
71
s’agissant d’une journée venant avant la JDC, il serait difficile d’y vérifier les acquisitions
de
la classe de 1
ère
.
B -
L’action des trinômes académiq
ues doit être mieux répartie sur le
territoire
Le rapprochement entre la défense et l’éducation nationale fait l’objet d’un
foisonnement d’initiatives dans le cadre des trinômes académiques, créés en 1982. Ces
trinômes sont pilotés par le recteur d’académie, et associent le représentant de l’autorité
militaire territoriale (DMD) et le président de l’association régionale des anciens auditeurs de
l’
Institut des hautes études de défense nationale (ARA-IHEDN).
Leur action, destinée à l’origine aux enseignants
, concerne désormais également les
élèves : colloques, démonstrations, visites de sites, etc. Elle apporte un complément utile aux
enseignements de défense.
L’activité des trinômes a pris récemment une nouvelle ampleur, dont témoigne
l’enquête de 2014 sur
« l’activité des trinômes académiques »
97
. Le nombre de manifestations
mises en œuvre par les acteurs locaux et spécifiquement destinées aux élèves (visites, classes
thématiques, parrainage
d’une classe pendant plusieurs années par une unité des armées
, JDC
exceptionnelles, présentation des armées, etc.), qui s’est élevé à 120 pendant l’année scolaire
2013-2014, est équivalent au nombre de colloques à destination des enseignants organisés par
les trinômes. À la lecture du rapport d’activité des trinômes, le
s actions développées sont très
diverses et inégalement réparties selon les académies.
Ainsi, les actions des trinômes ont touché en 2013-2014 plus de 21 000 enseignants et
agents des établissements scolaires, ce qui correspond à environ 4,4 % des enseignants de
métropole
. Cette action cumulée sur plusieurs années n’est pas négligeable
. Certaines
académies font des efforts importants, comme celle de Créteil, où plus de 16 % (5 000 agents)
ont été touchés, représentant 24 % du total des participants, toutes académies confondues.
L’objectif fixé
aux trinômes est de toucher de 5 à 7 % des enseignants chaque année.
S’agissant des élèves, 532
000 ont été concernés par des actions des trinômes en
2013-
2014. Il s’agit pour l’essentiel de manifestations organisées
spécialement à leur
intention (visites d’unités par exemple), mais parfois également d’une action au long cours
.
Le trinôme de Créteil, particulièrement investi, a touché 173 000 élèves, tandis que celui de
l’Académie de Paris en touchait 5
000.
Par ailleurs, les trinômes académiques pallient, pour partie, le déficit de formation
initiale aux problématiques de défense. 9 801 enseignants
98
ont ainsi bénéficié d’une action
de formation appuyée par les trinômes en 2013-2014, soit une hausse de 2 000 par rapport à
l’année scolaire précédente. Mais aucune formation n’a été dispensée dans l’académie de
Nantes et très peu dans les académies d’Amiens, Caen, Poitiers ou Strasbourg.
97
Menée auprès des 30 académies avec un taux de réponse de 100 %.
98
Les professeurs d’histoire
-géographie représentent près de 45 % des personnels f
ormés, 71 % d’entre eux
l’étant au stade de la formation continue.
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COUR DES COMPTES
72
D’une manière générale, l’action des trinômes est d’un coût modeste
99
et ses résultats
sont appréciés. Il conviendrait qu’elle se développe sur l’ensemble du territoire, à l’exemple
de celle du trinôme de Créteil.
C -
La détection, lors de la JDC, des jeunes en difficultés de lecture ou
des « décrocheurs
» doit être mieux suivie d’effets
Les armées ont toujours joué un rôle dans la détection des difficultés des jeunes, rôle
d’autant plus irremplaçable qu’elle touche des jeunes qui ne sont plus dans le système
scolaire. Il n’est donc
pas proposé, dans le cadre du recentrage de la JDC sur les thèmes de
défense, de renoncer au test de lecture et à la détection du décrochage scolaire. En revanche,
cette action doit être mieux évaluée et suivie d’effets, et le rôle du ministère dans ce domaine
doit être clarifié.
1 -
La détection des difficultés de lecture est mieux connue au plan statistique
qu’elle
n’est suivie au plan individuel
Dans le cadre du protocole qui les lie,
les ministères de la défense et de l’éducation
nationale ont également convenu d’exploiter
, en aval de la JDC, les résultats des tests de
lecture
, qui sont transmis par la DSN aux services de l’éducation nationale. La direction
générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) indique que ces données ont été prises en
compte par le plan national de p
révention et de lutte contre l’illettrisme, présenté en novembre
2013.
Les résultats des tests
donnent lieu à une exploitation par la direction de l’évaluation, de
la prospective et de la performance (DEPP) qui publie les résultats annuels. En 2014, 9,6 %
des participants à la Journée défense et Citoyenneté (JDC) rencontrent des difficultés en
lecture. Pour une partie d’entre eux –
4,1
% de l’ensemble
des appelés
–
ces difficultés
s’appa
r
entent à l’illettrisme
. En plus de ces jeunes, 8,6 % ont une maîtrise fragile de la
lecture. Au total, seuls 81,8 % des jeunes Français sont des lecteurs efficaces. La proportion
de jeunes en difficulté de lecture est plus élevée dans les départements du nord de la France
ou en Seine-Saint-Denis, et surtout en outre-mer. La part des jeunes en difficulté baisse depuis
2010 (où elle atteignait 10,8 %).
L’e
xploitation des résultats semble moins systématique
s’agissant du suivi individuel
des jeunes identifiés en difficultés de lecture (DDL) lorsqu’ils sont scolarisés.
En effet, lorsque les jeunes concernés sont sortis du système scolaire ils sont reçus par
les encadrants de la JDC et orientés vers les missions locales (voir
infra
). En revanche, les
résultats particuliers des jeunes scolarisés (58 912 en 2014) sont transmis aux directeurs
académiques des services de l'éducation nationale (DASEN) par les CSN. Mais, selon le
rapport du CGA, la communication subséquente par ces services aux responsables des
établissements scolaires concernés ne serait pas systématique.
99
Le coût budgétaire représente un peu plus de 60
000 € en subventions, mais les trinômes mobilisent également
des ressources humaines existantes, le bénévolat et des partenariats locaux.
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73
La détection au cours de la JDC des difficultés de lecture ne semble donc pas toujours
déboucher sur une action de remédiation auprès des élèves concernés, malgré des initiatives
locales intéressantes
100
.
Une circulaire de 2013 « Prévenir l’illettrisme
101
» vise toutefois à mieux informer les
équipes éducatives, en faisant connaître les résultats obtenus lors des tests de la Journée
défense
et Citoyenneté (JDC) dans l’académie. Enfin, le projet de protocole entre le ministère
de la défense et celui de l’éducation nation
ale prévoit que le suivi des jeunes en difficulté
encore scolarisés soit amélioré.
2 -
Le rôle de la JDC et du ministère de la défense en matière de lutte contre le
décrochage scolaire est à clarifier
Les formalités accomplies en début de JDC (fiche à remplir comportant des
informations sur la situation au regard de la scolarité, des études ou d’un apprentissage ou
encore de l’emploi
)
, ainsi que le test de lecture et l’entretien avec
un responsable de la
session, qui les oriente vers le dispositif le mieux adapté (mission locale, EPIDe, ou SMA en
outre-mer) permet un repérage parfois précoce des décrocheurs et un premier échange en vue
d’une remédiation
102
. Les coordonnées de ces appelés
sont adressées à l’une de ces structures,
et un volontaire du service civique
rattaché à l’ESN assure un suivi pendant environ trois
mois. La création en métropole du service militaire volontaire apportera une réponse
supplémentaire, mais d’un coût potentiel élevé (voir annexe
n° 11).
Cette
action
s’inscrit
dans
le
cadre
des
textes
sur
le
suivi
des
« décrocheurs scolaires
103
». Les décrocheurs identifiés lors de la JDC
–
soit, en 2014, 4,6 %
de décrocheurs n’ayant pas d’emploi
–
sont ainsi obligatoirement signalés à la « plateforme de
suivi et d’appui aux décrocheurs
» et aux missions locales
104
.
De plus, à la demande du Président de la République
105
, les quelques minutes
consacrées pendant la JDC à informer les appelés sur les dispositifs d’aide à l’insertion et sur
leurs droits à un accompagnement ou à un retour dans un cadre scolaire seront transformées,
en 2016 en une véritable séquence dite «
droit à l’information
» (voir
supra
).
100
Par exemple le CSN de Dijon
sensibilise les proviseurs à l’intérêt du
test de lecture en JDC
, et l’
académie
organise le lien entre les inspections académiques et les établissements scolaires sur la transmission des données.
101
Circulaire de la ministre déléguée à la réussite éducative du 21 novembre 2013.
102
Voir en annexe n° 10 un schéma des circuits d’information et des partenariats dans ce domaine.
103
Le décrochage scolaire est un processus qui conduit un jeune à quitter le système de formation initiale avant
d’avoir obtenu un diplôme.
104
Les missions locales sont des associations dotées de la personnalité juridique, créées par des communes et
dont le rôle est d’aider à l’insertion des jeunes par un suivi personnalisé dans le domaine de la formation et de
l’
emploi, mais aussi du logement ou de la santé.
105
Extrait du discours du 6 mai 2015 devant le Conseil économique, social et environnemental :
«
Aujourd’hui,
la journée d’appel de préparation à la défense, nous pourrions la transformer en une journée utile à
tous les
jeunes qui s’y présenteront pour les orienter vers le dispositif qui leur convient" : garantie jeunes, formation,
service civique… Afin de lutter contre les inégalités sociales, le chef de l’État déclare que la JAPD doit devenir
"une journée […] pour favoriser l’accès de tous à la formation et à l’information", à "toutes les informations sur
tous les dispositifs ».)
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COUR DES COMPTES
74
Cette contribution ancienne à l’identification des décrocheurs, et le rôle accru de
« prescripteur
» pour les dispositifs d’aide
qui vient ainsi d’être conf
éré à la JDC mériteraient
d’être identifiés et clarifiés
106
. Ainsi les fichiers de la DSN ne sont pas interconnectés avec le
système « SIEI »
107
du ministère de l’éducation nationale qui rassemble les informations
permettant d’identifier ces décrocheurs, alor
s que la détection rapide fait partie des conditions
de la lutte contre le décrochage scolaire. En outre, le rôle de la JDC n’est pas précisé dans le
cadre des politiques de lutte contre le décrochage.
108
Il serait notamment utile, dans le cadre des disposit
ifs d’évaluation de l’efficacité de la
JDC mais aussi ceux de la politique de lutte contre le décrochage scolaire, de connaître la
proportion des jeunes en difficultés détectés lors de la JDC, et parmi ceux-ci, ceux qui ont été
pris effectivement en charge par les dispositifs de remédiation, ou ceux qui ont trouvé une
solution d’insertion dans le cadre militaire.
___________________ CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS __________________
L’impact
de la journée est limité par le manque de priorités dans les objectifs qui lui
sont assignés. Malgré une amélioration sensible dans le cadre de la JDC rénovée, la journée
reste ainsi
trop chargée, ce qui ne peut que limiter l’appropriation des messages délivrés. Il
importe
d’aller au bout de la
réforme pour faire de la JDC un vrai rendez-vous de la jeunesse
française avec les armées et permettre une assimilation réelle des messages de défense, ce qui
implique une bonne articulation de la JDC avec le « parcours citoyen » en milieu scolaire qui
doit reprendre l’essentiel de
ce qui relève de l’éducation à la cit
oyenneté.
Cette évolution doit s’accompagner d’un développement des outils d’évaluation,
permettant
d’apprécier la façon dont les messages sont reçus et assimilés, l’impact sur le lien
armée nation et sur la qualité du recrutement militaire. Les déterminants sociologiques et
géographiques de l’absentéisme doivent également faire l’objet d’analyse en vue d’y porter
les remèdes adaptés.
106
Extrait de la Communication de la Cour des comptes à la commission des finances, de l’économie
générale
et du contrôle budgétaire d
e l’Assemblée nationale sur «
les dispositifs et les crédits mobilisés en faveur des
jeunes sortis sans qualification du système scolaire » : «
La question du repérage des jeunes NEET est donc un
enjeu majeur du plan national de mise en œuvre de la « garan
tie européenne pour la jeunesse » tant il paraît
parfois difficile voire impossible d’atteindre les jeunes pendant une période relativement longue après le
moment du décrochage scolaire. Cette observation met en lumière la nécessité de tirer parti de toutes les
opportunités possible de croiser ces jeunes, telle que la journée défense et citoyenneté (JDC) qui prévoit
notamment un accueil spécifique et un protocole de signalement des jeunes sans qualification ou présentant un
risque de sortie sans qualification du système scolaire. Cette journée pourrait être mieux utilisée pour faciliter
l’identification et la prise en charge de ces jeunes
»
107
Le système interministériel d'échange d'informations (SIEI) permet le repérage et l’identification des
décrocheurs. C
’est un outil qui traite les listes des jeunes sortis des différents systèmes de formation initiale
(Éducation nationale, Agriculture, écoles privées sous contrat, etc.).
Le rapport relatif à l’évaluation partenariale
de la politique de lutte contre le décrochage scolaire remis au premier ministre le 21 novembre 2014 dans le
cadre de la MAP prévoit la création d’une interface avec plusieurs applicatifs, dont S@GA, afin de faire
remonter vers le SIEI les données administratives des jeunes. Ce chantier n’est
néanmoins pas considéré
prioritaire au regard des autres évolutions des systèmes d’information du ministère de l’éducation nationale
(amélioration de l’outil de suivi des décrochages du MENESR, utilisation de cet outil par l’ensemble des
établissements)
108
Le SGMAP a lancé un processus concernant la lutte contre le décrochage scolaire comportant l’élaboration
d’un plan d’action piloté par le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
et le SGMAP. Le ministère de la défense ne semble pas associé à ce processus. Son rôle dans la lutte contre le
décrochage scolaire n’est évoqué qu’incidemment.
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75
Dans le cadre de la coopération avec le ministère de l’éducation nationale, deux
éléments essentiels doivent faire l’objet d’une amélioration, l’enseignement obligatoire de
défense et le suivi des jeunes en difficultés de lecture ou en décrochage scolaire.
En conséquence la Cour formule les recommandations suivantes :
7.
poursuivre le recentrage de la JDC. À cette fin, identifier les
thématiques de la JDC qui
doivent trouver leur place en milieu scolaire lors de la mise en œuvre du projet de
parcours citoyen du ministère de l’éducation
(ministère de la défense et ministère de
l’éducation nationale)
;
8.
mesurer, dans le cadre de la
mise en œuvre du protocole entre le ministère de la défense
et le ministère de l’éducation nationale,
l
es résultats de l’enseignement obligatoire de
défense (
ministère de la défense et ministère de l’éducation nationale) ;
9.
évaluer l’impact de la JDC
sur l
’esprit de défense
et sur le recrutement des armées, en se
dotant d’outils adéquats
(ministère de la défense) ;
10.
clarifier les objectifs assignés à la JDC dans le cadre de la lutte contre le décrochage
scolaire et en évaluer les résultats (ministère de la d
éfense, ministère de l’éducation
nationale, ministère de l’emploi
).
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Conclusion
La Journée défense et citoyenneté constitue aujourd’hui l’élément le plus visible du lien
Armée-Jeunesse, voire du lien Armée-N
ation. C’est un dispositif complexe à mettre en œuvre,
dont l’organisation est maîtrisée. Son coût est substantiel, malgré les efforts d’économie
accomplis par la DSN
; il peut être évalué à un montant de 116 à 118 M€, environ, ce qui ne
représente toutefois que 0,3 % du budget du ministère de la défense. La journée pèse en outre
sur la disponibilité des militaires mobilisés pour son animation.
Créée en 1997, dans le contexte de la suspension d’un service militaire obligatoire, qui
marque encore durablement la mémoire et l’imaginaire de nombreuses générations d’anciens
conscrits, la JAPD puis la JDC, a, selon la loi « pour objet de conforter l'esprit de défense et
de concourir à l'affirmation du sentiment d'appartenance à la communauté nationale, ainsi
qu'au maintien du lien entre l'armée et la jeunesse ».
Au fil des années, la journée a dû répondre à des attentes multiples allant bien au-delà
de la sensibilisation de tous les jeunes Français aux questions de défense. Pour faire face à ces
attentes, plusieurs hypothèses de dédoublement ont été étudi
ées. Elles n’ont pas été mises en
œuvre, du fait des coûts supplémentaires importants qu’elles impliquaient pour les finances
publiques.
La réforme de 2014 a apporté un progrès certain en renforçant les séquences consacrées
à la défense et en les rendant
plus dynamiques. Malgré tout, la JDC souffre encore d’une
densité excessive et de la
profusion des messages émis, dont une partie n’est pas assimilée,
comme le révèlent les enquêtes menées « à froid
». La journée permet cependant d’entretenir
un lien emblématique entre les jeunes générations et la défense nationale, fortement ancré
dans le pays, même si celui-
ci n’est pas identique selon les milieux et les territoires. Elle
parvient à toucher pratiquement l’ensemble d’une classe d’âge
de jeunes Français, à
l’exception de certaines populations, Français de l’étranger ou s’étant soustraits à l’obligation
du recensement. Les questionnaires « à chaud » et les enquêtes menées
a posteriori
par le
ministère montrent que les appelés ont une perception positive de cette journée et, en
particulier, des thèmes liés à la défense nationale, qui retiennent le plus leur attention.
Le législateur de 1997 avait, en dénommant « Journée » ce rendez-vous obligatoire
d’une génération de jeunes
Français avec la Nation, entendu l
e charger d’une symbolique
forte et d’une densité particulière.
Élargir le champ des thématiques abordées, notamment sociétales, a affaibli
l’objectif
premier, qui était de «
conforter l’esprit de défense
», lors
d’une seule
et unique « Journée »,
Aller au-
delà exigerait aussi d’y consacrer une part accrue des ressources
du ministère pour
l’hébergement et l’encadrement
des appelés.
Afin de mieux «
conforter l’esprit de défense
», la Cour préconise de poursuivre le
processus de réforme engagé en 2014 pour mieux adapter la JDC aux enjeux de la Nation et
de sa défense et aux attentes des jeunes, en la consacrant essentiellement aux questions de
défense, ainsi qu’à la détection des difficultés de lecture ou du décrochage scolaire.
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78
Une telle évolution est aujourd
’hui possible sans sacrifier les objectifs en matière de
citoyenneté. Le renforcement prévu de la formation à la citoyenneté dans le cadre scolaire, à
travers le « parcours citoyen » en cours de mise en place, devrait permettre, en effet, de
prendre en cha
rge une partie des messages dont la diffusion est aujourd’hui assignée à la JDC
au prix d’une excessive profusion.
Les recommandations formulées par la Cour mettent principalement l’accent sur les
points suivants :
-
le caractère vraiment universel, pour les jeunes Français, de la journée, en renforçant son
caractère obligatoire, sur le territoire national comme à l’étranger, et en rendant le
recensement exhaustif ;
-
le remaniement profond de cette journée, en assurant dans le cadre du parcours citoyen en
milieu scolaire les messages les moins corrélés à la défense afin de renforcer les
séquences consacrées à la défense et de faciliter leur assimilation dans le cadre d’une
journée moins chargée ;
-
le renforcement de la coopération entre les ministères de la déf
ense et de l’éducation pour
améliorer l’efficacité de l’enseignement obligatoire de défense et de la détection des
difficultés des jeunes ;
-
la poursuite des efforts de maîtrise des coûts dans la perspective de l’augmentation du
nombre des appelés.
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Annexes
Annexe n° 1 : courriers de la Présidente de la Commission des Finances du Sénat et du
Premier président de la Cour des comptes
Annexe n° 2 : liste des personnes rencontrées
Annexe n° 3 : glossaire
Annexe n° 4 : projections démographiques
Annexe n° 5 : évaluation « à chaud » de la JDC par les appelés
Annexe n° 6 : dépenses (en
€
) de la JDC selon les données DSN
Annexe n° 7 : taux de recensement et participation à la JDC par département
Annexe n° 8 : évolution de la journée-type depuis la création de la JAPD
Annexe n° 9 : présentation du projet de parcours citoyen en milieu scolaire
Annexe n° 10 : difficultés de lecture et décrochage scolaire : le rôle de la JDC
Annexe n° 11 : les dispositifs relevant du lien armée jeunesse et du service national
universel
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Annexe n° 1 :
courriers de la Présidente de la Commission des Finances
du Sénat et du Premier président de la Cour des comptes
Lettre de la Présidente de la Commission des finances
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COUR DES COMPTES
82
Lettre du premier président 11 décembre 2014
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ANNEXES
83
Lettre du Premier président de la Cour des comptes
23 mars 2015
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COUR DES COMPTES
84
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ANNEXES
85
Annexe n° 2 :
liste des personnes rencontrées
Secrétariat Général pour l’administration du ministère de la
défense
Monsieur Jean-
Paul BODIN, secrétaire général pour l’administration
Madame Anne RIEGERT, inspectrice civile de la défense
Madame Catherine MARANTE-MORILLE, Chef du bureau de la valorisation de
l'information comptable à la direction des affaires financières
Direction du service national, rattachée au secrétariat général pour l’administration
Administration centrale
Monsieur François le PULOC’H, directeur du service national
Général Bruno HOUSSAY, adjoint au directeur
Colonel Jean-Pierre DUPLANY, adjoint au directeur
Colonel Damien de BESOMBES, mission lien armée nation
Monsieur Laurent DARROUZET, puis M. Frédéric BOUCLY, chef du bureau des études
générales et de la coordination outre-mer
Madame Isabelle SENET-RIAUD, adjointe au chef du bureau
Madame Véronique BRIAND-BARRALON, adjointe au sous-directeur défense et citoyenneté
Lieutenant-colonel Vincent FAVREAU, bureau des opérations, sous-direction défense et
citoyenneté
Monsieur Sylvain BRAINVILLE, chef de bureau des systèmes d’information «
métier » et de
la dématérialisation, sous-direction défense et citoyenneté
Monsieur Xavier LAINE, chef du bureau de la réglementation « métier », sous-direction
défense et citoyenneté
Monsieur Bernard FONTY, chef de la section prospective, bureau des partenariats et de la
prospective, sous-direction défense et citoyenneté.
Monsieur Régis DEZA, sous-directeur ressources métier
Commissaire de seconde classe Hervé ZAKANYI, adjoint au sous-directeur ressources métier
Madame Dominique GIRAULT, chef du bureau budget finances achats
Monsieur Philippe DUCHENE, chef du bureau environnement immobilier et matériel
Madame Estelle DROUHET, chef du bureau des ressources humaines
Monsieur Marc COGNARD, chef de la section organisation et effectifs du bureau des
ressources humaines
Monsieur Éric DUBBELDMANN, chef de la section études et contrôle du bureau des
ressources humaines
Établissement du service national Nord-Est
Colonel Franck DENIS, directeur de l’établissement du service national
Monsieur Denis BORGHESE, adjoint au directeur de l’E
SN
Monsieur Frédéric BOYON, contrôle de gestion et qualité
Monsieur Lionel DIEUDONNE, section informatique et technique
Madame Isabelle LAURANS, chef du bureau des opérations
Madame Marie-Hélène ALLEGRINI, cellule partenariats et relations extérieures
Centre du service national de Besançon
Monsieur Vincent VONAU, chef de service du centre du service national de Besançon,
Centre du service national d’Orléans
Madame Angélique BUSQUETS-BRACQUEMOND, chef de service du centre du service
national
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COUR DES COMPTES
86
Centre du service national de Lille
Madame Josiane CULOT, chef du centre du service national
Établissement du service national Île-de-France
Colonel Philippe BALESTON, directeur de l’établissement du service national
Centre du service national de Paris
Capitaine de frégate Michel STOUPAK, chef du centre du service national de Paris
Contrôle général des armées
Monsieur Jean-Robert REBMEISTER, contrôleur général des armées
Monsieur Jean GIANNESINI, adjoint du contrôleur général des armées
Monsieur Hugues de la GIRAUDIERE, secrétaire général du contrôle général des armées
Madame Brigitte DEBERNARDY, chef du groupe de contrôle du personnel, de la
réglementation et du budget
Monsieur Philippe HAMEL, chef du pôle ressources humaines, groupe de contrôle du
personnel, de la réglementation et du budget
Monsieur Jean TENNERONI, chef du pôle immobilier, logement et infrastructures, Groupe de
contrôle des forces et organismes de soutien
Délégué ministériel à la Jeunesse et à l’égalité des chances
Monsieur Gérard GACHET, délégué ministériel
Direction des ressources humaines de l’armée de l’
air
Général de corps aérien Claude TAFANI, directeur des ressources humaines de l’armée de
l’air
Colonel Norbert BERNARD, sous-
directeur de l’accompagnement, délégué aux réservistes
Lieutenant-colonel Stéphane MONS, sous-
direction de l’accompagnement, che
f du bureau
armée de l’air dans la nation
Direction du personnel militaire de la marine
Amiral Christophe PRAZUCK, directeur du personnel militaire de la marine
Capitaine de vaisseau Nicolas BEZOU, sous-directeur compétences de la direction du
personnel militaire de la marine
Sous-
direction du recrutement de l’armée de terre
Général Frédéric BLACHON, sous-directeur du recrutement
Colonel
Stéphane
CHALMIN,
chef
du
bureau
des
études
et
de
l’évaluation,
sous-direction du recrutement
Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, service rattaché au SGA
Monsieur Renaud FERRAND, sous-
directeur de la mémoire et de l’action éducative
Monsieur Cyril CAUDRON, adjoint au chef du bureau des actions pédagogiques et de
l'information
Ministère de l’éducation na
tionale
Monsieur Éric BARRAULT, délégué pour l’éducation à la défense (rattaché au directeur
général de l’enseignement scolaire
-DGESCO).
Monsieur Tristan LECOQ, inspecteur général de l’Éducation nationale, Professeur des
universités associé (histoire contemporaine) à l'Université de Paris Sorbonne
Madame Françoise HOSTALIER, inspectrice générale de l’Éducation nationale, enseignement
et vie scolaire (entretien téléphonique)
Madame Véronique GASTE, direction générale de l'enseignement scolaire, chef du bureau de
la santé, de l'action sociale et de la sécurité (entretien téléphonique)
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ANNEXES
87
Ministère des affaires étrangères et du développement international
Monsieur Christophe BOUCHARD, directeur des Français à l’étranger et de l’administration
consulaire
Monsieur Sylvain RIQUIER, sous-
directeur de l’administration des Français
Direction générale de la gendarmerie nationale
Lieutenant-colonel Frédéric BASTIDE, chef du bureau du personnel de la réserve militaire,
sous-direction de la gestion du personnel, direction des personnels militaires de la gendarmerie
nationale
Chef d’escadron Sylvain MERLY, adjoint au chef du bureau du personnel de la réserve
militaire
Agence du service civique
Madame Hélène PAOLETTI, directrice par intérim (entretien téléphonique)
Ville de Paris
Monsieur Jean-Paul BRANDELA, Directeur-adjoint de la Direction de la Démocratie, des
Citoyens et des Territoires (DDCT)
Madame Alexandra KAESEBERG, DDCT - Mairie de Paris, Sous-direction de l'Action
Territoriale, Bureau de l'Expertise Territoriale et Juridique
Monsieur Jean-Marc DAUVERT, DDCT
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COUR DES COMPTES
88
Annexe n° 3 :
glossaire
ANLCI : Agence nationale de lutte contre l’illettrisme
ASC : Agence du service civique
BAAN : Bureau armée de l’air dans la nation
BCAAM : Bureau central des archives administratives militaires
BdD : Base de défense
BOP : Budget opérationnel de programme
CDT : Comité directeur territorial
CGA : Contrôle général des armées
CIP : Certificat individuel de participation
CIRFA : Centre d'information et de recrutement des forces armées
CMG : Centre ministériel de gestion
COMAR : Commandement de la marine
CSN : Centre du service national
CSN : Code du service national
DASEN : Directeur académique des services de l'éducation nationale
DCSID : Direction centrale du service d'infrastructure de la défense
DDL : Détectés en difficulté de lecture
DGA : Direction générale de l'armement
DGESCO : Direction générale de l’enseignement scolaire
DICoD : Délégation à l'information et à la communication de la défense
DIRISI : Direction interarmées des réseaux d’infrastructures
et des systèmes
d’information
DMD : Délégué militaire départemental
DMJEC : Délégué ministériel pour la jeunesse et l'égalité des chances
DPPM : Direction du personnel militaire de la marine
DRH-AT : Direction des ressources humaines de l'armée de terre
DSN : Direction du service national
DUO : Document unique d'organisation
Educ@def: site du ministère de la défense destiné à l’éducation à la défense
EMSD : État-major de soutien défense
EMZD : État-major de zone de défense
EPIDe : Établissement public d'insertion de la défense. Depuis 2015, Établissement
public d’insertion dans l’emploi
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ANNEXES
89
ESN : Établissement du service national
GSBdD : Groupement de soutien de la base de défense
IHEDN : Institut des hautes études de défense nationale
JAPD : Journée d'appel de préparation à la défense
JDC: Journée défense et citoyenneté
MAEDI : Ministère des affaires étrangères et du développement international
MAP : Modernisation de l'action publique
MOPATE : Modernisation du passage des tests
PAP : Projet annuel de performance
PECOTO : Prise en compte obligatoire traitement optionnel
PGA : Plan général d'abonnement
PPA : Plan périodique d'abonnement
PRESAJe : Plateforme référence d’échanges sécurisés d’administration du jeune
RAP : Rapport annuel de performance
RCO : Recensement citoyen obligatoire
RCS : Rémunérations et charges sociales
RGPP : Revue générale des politiques publiques
S@GA
: Système d’aide à la gestion des administrés
SCA : Service du commissariat des armées
SGMAP : Secré
tariat général à la modernisation de l’action de l’
État
SHD : Service historique de la défense
SIAG : Systèmes d'information d'administration et de gestion
SIEI : Système interministériel d'échange d'informations
SIMU : Service interarmées des munitions
SMA : Service militaire adapté
SMV : Service militaire volontaire
SSA : Service de santé des armées
UO : Unité opérationnelle
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COUR DES COMPTES
90
Annexe n° 4 :
projections démographiques
Source DSN, à partir des données INSEE
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ANNEXES
91
Annexe n° 5 :
évaluation « à chaud » de la JDC par les appelés
109
Résultats détaillés par question et par CSN (2014)
Source Ministère de la défense
–
DSN
109
À noter que le terme « animation » ne concerne pas la prestation des animateurs, mais la séquence
consacrée à la visite ou aux témoignages.
2014
Métrop./OM
Organisme - ESN
Organisme - CSN
Nb
Présents
Nb
Votants
Satisfaction
Animateurs
Animation
Encadrants
Image de la
Défense
Locaux
Modules
Repas
Secourisme
CSN DE CREIL
23819
23640
90,99%
96,75%
83,42%
95,20%
90,70%
90,59%
83,69%
85,99%
86,03%
CSN DE PARIS
69415
69008
81,67%
93,38%
84,81%
90,40%
83,95%
82,80%
71,62%
42,78%
87,31%
CSN DE VERSAILLES
69541
68619
86,14%
95,05%
79,36%
91,77%
87,09%
82,23%
76,35%
69,96%
87,84%
162775
161267
84,94%
94,59%
81,65%
91,69%
86,29%
83,70%
75,41%
60,78%
87,35%
CSN DE BESANCON
13462
13425
88,31%
96,01%
89,12%
93,43%
89,00%
79,89%
80,56%
80,32%
78,30%
CSN DE CHALONS EN CHAMPAGNE
15378
15288
90,07%
96,95%
88,79%
95,51%
90,86%
89,46%
82,07%
80,50%
80,55%
CSN DE DIJON
19439
19354
89,90%
96,61%
87,47%
94,77%
90,81%
90,23%
83,50%
76,72%
83,70%
CSN DE LILLE
52051
51958
88,20%
96,29%
82,14%
94,71%
90,08%
84,98%
80,90%
56,93%
82,44%
CSN DE NANCY
24335
24285
90,57%
96,97%
88,09%
93,63%
90,46%
90,10%
82,57%
74,68%
76,77%
CSN DE STRASBOURG
20777
20645
90,24%
96,01%
86,91%
94,46%
90,91%
83,02%
80,25%
70,48%
85,25%
145442
144955
89,33%
96,45%
86,01%
94,47%
90,34%
86,26%
81,53%
69,14%
81,48%
CSN D ANGERS
32033
31861
88,69%
96,38%
83,26%
95,52%
89,91%
87,11%
80,11%
79,61%
81,59%
CSN DE BREST
27689
27689
86,43%
95,93%
84,80%
94,93%
88,43%
78,75%
75,76%
74,84%
85,53%
CSN DE CAEN
17234
17147
88,88%
97,03%
85,22%
94,79%
90,27%
88,14%
82,20%
68,20%
85,97%
CSN DE RENNES
33970
33970
89,94%
96,75%
86,48%
95,47%
90,62%
91,48%
83,19%
87,95%
89,54%
CSN DE ROUEN
28101
27956
87,77%
96,40%
83,57%
93,99%
88,41%
84,33%
79,52%
64,06%
82,92%
CSN D ORLEANS
17563
17519
93,15%
97,55%
78,53%
96,93%
91,99%
90,99%
85,18%
83,38%
86,65%
156590
156142
88,92%
96,59%
83,96%
95,21%
89,81%
86,64%
80,71%
76,98%
85,29%
CSN DE CLERMONT-FD
14575
14575
89,74%
96,45%
85,52%
95,61%
88,94%
83,90%
81,84%
75,06%
80,73%
CSN DE LYON
52473
51947
86,56%
95,51%
80,12%
92,15%
88,08%
82,16%
78,07%
66,62%
86,90%
CSN DE MARSEILLE
29318
29147
85,29%
94,97%
86,02%
92,46%
87,44%
81,06%
78,23%
56,25%
80,65%
CSN DE NICE
24930
24918
86,99%
95,39%
76,31%
92,92%
88,07%
84,40%
78,84%
64,16%
82,65%
CSN DE NIMES
17087
17087
88,93%
96,41%
84,25%
94,24%
88,51%
81,56%
80,85%
76,82%
84,41%
CSN DE PERPIGNAN
20519
20395
90,30%
96,65%
77,29%
94,40%
89,35%
88,32%
83,67%
62,77%
86,95%
CSN DE VARCES
23593
23592
92,10%
96,83%
90,93%
95,78%
91,90%
88,83%
82,77%
79,87%
79,99%
182495
181661
88,03%
95,87%
82,33%
93,50%
88,72%
83,93%
80,00%
67,55%
83,70%
CSN DE BORDEAUX
20856
20856
89,24%
96,27%
87,22%
94,77%
88,81%
89,69%
80,12%
78,06%
84,45%
CSN DE LIMOGES
11319
11290
91,03%
96,08%
87,59%
95,52%
91,53%
94,01%
85,32%
83,96%
88,24%
CSN DE PAU
15440
15440
93,08%
97,14%
87,74%
95,48%
91,85%
92,77%
85,43%
85,12%
83,82%
CSN DE POITIERS
19891
19800
90,77%
96,94%
90,28%
95,16%
90,24%
87,78%
83,16%
82,63%
82,16%
CSN DE TOULOUSE
28285
28270
90,65%
96,40%
88,88%
94,93%
89,54%
84,09%
81,89%
80,96%
86,39%
95791
95656
90,81%
96,56%
88,48%
95,10%
90,13%
88,66%
82,74%
81,70%
84,90%
743093
739681
88,16%
95,95%
84,30%
93,86%
88,92%
85,52%
79,81%
70,22%
84,56%
CSN DE GUADELOUPE
6614
6486
92,41%
94,47%
89,92%
94,90%
91,30%
88,07%
83,85%
67,99%
91,11%
CSN DE GUYANE
3412
3412
93,29%
95,57%
88,23%
94,23%
94,28%
79,40%
89,50%
72,60%
90,33%
CSN DE LA REUNION-MAYOTTE
16283
16249
94,89%
96,81%
90,01%
97,16%
95,50%
87,82%
89,13%
68,24%
91,78%
CSN DE MARTINIQUE
5440
5440
90,38%
93,13%
80,95%
93,53%
88,94%
90,80%
79,48%
78,99%
90,86%
31749
31587
93,43%
95,57%
88,27%
95,75%
93,38%
87,47%
86,44%
70,52%
91,34%
CSN DE NOUVELLE CALEDONIE
4616
4616
93,52%
94,82%
93,20%
95,62%
94,65%
87,61%
89,34%
73,69%
92,70%
CSN DE POLYNESIE FRANCAISE
3808
3776
98,01%
97,48%
94,44%
98,12%
98,09%
94,25%
94,83%
88,84%
96,05%
8424
8392
95,54%
96,02%
93,75%
96,75%
96,20%
90,59%
91,81%
80,51%
94,20%
40173
39979
93,88%
95,66%
89,51%
95,96%
93,97%
88,13%
87,57%
72,63%
91,96%
783266
779660
88,45%
95,93%
84,59%
93,97%
89,18%
85,65%
80,20%
70,34%
84,93%
ESN NORD EST (NANCY)
Métropole
Outre Mer
Outre Mer
National
Métropole
ESN NORD EST (NANCY)
ESN NORD OUEST
(RENNES)
ESN NORD OUEST (RENNES)
ESN SUD EST (LYON)
ESN SUD EST (LYON)
ESN SUD OUEST
(BORDEAUX)
ESN SUD OUEST (BORDEAUX)
DOM
DOM
POM
POM
ESN ILE DE FRANCE
(PARIS)
ESN ILE DE FRANCE (PARIS)
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COUR DES COMPTES
92
Satisfaction des appelés- Résultats globaux par département (2014)
Source : DSN
chiffres-clés RH
Effectifs de la DSN
département
Nom
département
Nb
Présents
Satisfaction
département
Nom
département
Nb
Présents
Satisfaction
01
Ain
6589
90,89%
53
Mayenne
3708
92,80%
02
Aisne
6136
92,10%
54
Meurthe-et-
Moselle
7073
89,47%
03
Allier
3674
91,83%
55
Meuse
1200
92,67%
04
Alpes-de-
Haute-
1875
90,79%
56
Morbihan
10514
87,76%
05
Hautes-Alpes
1970
90,70%
57
Moselle
12501
89,92%
06
Alpes-
Maritimes
10832
85,79%
58
Nièvre
2060
90,83%
07
Ardèche
1926
90,28%
59
Nord
38024
87,67%
08
Ardennes
3412
90,21%
60
Oise
10728
90,47%
09
Ariège
1515
94,43%
61
Orne
3275
89,46%
10
Aube
3627
91,60%
62
Pas-de-
Calais
14027
89,68%
11
Aude
3952
93,56%
63
Puy-de-
Dôme
7044
90,63%
12
Aveyron
2857
88,19%
64
Pyrénées-
Atlantiques
7331
92,62%
13
Bouches-du-
Rhône
25473
84,46%
65
Hautes-
Pyrénées
2727
93,91%
14
Calvados
8679
88,44%
66
Pyrénées-
Orientales
7285
87,52%
15
Cantal
1514
87,38%
67
Bas-Rhin
12261
89,69%
16
Charente
4050
94,05%
68
Haut-Rhin
8516
91,04%
17
Charente-
Maritime
6806
88,74%
69
Rhône
28088
83,72%
18
Cher
3488
92,89%
70
Haute-Saône
1747
91,75%
19
Corrèze
3073
94,41%
71
Saône-et-
Loire
6638
90,17%
21
Côte-d'Or
6501
89,82%
72
Sarthe
7090
90,65%
22
Côtes-
d'Armor
5815
86,46%
73
Savoie
5281
94,78%
23
Creuse
1038
84,20%
74
Haute-Savoie
9066
92,19%
24
Dordogne
3481
91,91%
75
Paris
50237
81,46%
25
Doubs
4755
88,82%
76
Seine-
Maritime
14715
87,29%
26
Drôme
7446
90,40%
77
Seine-et-
Marne
7859
81,09%
27
Eure
7825
88,68%
78
Yvelines
52546
86,32%
28
Eure-et-Loir
5561
87,74%
79
Deux-Sèvres
4161
92,79%
29
Finistère
9909
84,11%
80
Somme
6955
90,80%
2A
Corse-du-Sud
1099
89,17%
81
Tarn
4453
90,93%
2B
Haute-Corse
1637
87,58%
82
Tarn-et-
Garonne
2953
91,25%
30
Gard
9401
88,27%
83
Var
11362
87,85%
31
Haute-
Garonne
14624
90,72%
84
Vaucluse
6886
89,78%
32
Gers
1514
94,12%
85
Vendée
7655
87,22%
33
Gironde
16638
88,36%
86
Vienne
4874
89,11%
34
Hérault
9282
91,08%
87
Haute-
Vienne
3727
89,34%
35
Ille-et-Vilaine
14572
90,66%
88
Vosges
3561
94,33%
36
Indre
2396
92,19%
89
Yonne
4240
89,17%
37
Indre-et-Loire
7339
87,11%
90
Territoire de
Belfort
3841
88,97%
38
Isère
9246
90,48%
91
Essonne
40
87,50%
39
Jura
3119
84,82%
92
Hauts-de-
Seine
4793
84,18%
40
Landes
3868
92,94%
93
Seine-Saint-
Denis
9717
83,20%
41
Loir-et-Cher
3249
93,78%
94
Val-de-Marne
1490
81,48%
42
Loire
8424
88,53%
95
Val-d'Oise
12163
86,17%
43
Haute-Loire
2343
85,32%
971
Guadeloupe
6614
92,41%
44
Loire-
Atlantique
17141
88,93%
972
Martinique
5440
90,38%
45
Loiret
8430
93,29%
973
Guyane
3412
93,29%
46
Lot
1883
89,24%
974
La Réunion
13805
94,55%
47
Lot-et-
Garonne
4218
92,72%
975
112
48
Lozère
800
89,36%
976
Mayotte
2478
96,81%
49
Maine-et-
Loire
9949
89,60%
986
Wallis-et-
Futuna
182
91,76%
50
Manche
5280
89,25%
987
Polynésie
Française
3808
98,01%
51
Marne
5510
89,48%
988
Nouvelle-
Calédonie
4434
93,59%
52
Haute-Marne
2829
89,12%
783267
88,45%
National
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ANNEXES
93
Annexe n° 6 :
dépenses (en
€
) de la JDC selon les données DSN
–
ensemble
des BOP (CP consommés)
JDC
Nature des dépenses
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
*
Évolution
2009/
2014
Dépenses T2 BOP 167
93 977 486
93 977 486
77 154 653
82 757 571
76 512 536
73 670 893
- 21,6 %
Dépenses T2 autres BOP
11 082 965
11 076 598
11 000 000
10 200 000
10 200 000
10 200 000
- 8 %
Total T2
105 060 451
105 054 084
88 154 653
92 957 571
86 712 536
83 870 893
- 20,2 %
BOP
167
Alimentation
appelés
5 500 000
4 343 506
5 400 000
5 210 000
6 169 615
5 982 618
6 484 000
8,8 %
Transport
appelés
exclusivement
4 800 000
3 842 082
4 500 000
4 166 200
4 750 419
5 412 904
5 000 000
12,8 %
Secourisme
6 100 000
6 157 280
6 700 000
6 210 200
4 769 549
4 622 797
4 800 000
- 24,2 %
Fonctionnement
des sites
200 000
219 319
251 943
241 438
281 470
276 792
287 000
38,4 %
Autres charges
JDC
2 104 782
1 834 529
1 293 095
1 394 526
1 546 000
Autres charges
fonctionnement
7 743 000
6 411 681
1 574 796
1 031 756
824 393
879 497
903 000
- 88,6 %
P178
BOP
soutien
3 996 020
3 996 020
3 996 020
3 996 020
3 996 020
Total T3
24 343 000
20 973 868
24 527 541
22 681 143
22 084 561
22 567 497
23 016 020
- 7,3 %
BOP
167
Investissement
457 000
- 100,0 %
BOP
212
SIAG
728 597
1 508 370
860 000
860 000
860 000
860 000
860 000
18,0 %
Infrastructure
4 200 000
4 200 000
4 200 000
4 200 000
3 200 000
Total
T5
1 185 597
1 508 370
5 060 000
5 060 000
5 060 000
5 060 000
4 060 000
326,8 %
Total
T6
110
45 000
45 000
30 000
31 500
33 000
30 000
30 000
- 33,3 %
Total dépenses (avec
pension)
130 634 048
127 581 322
117 772 194
116 734 194
113 890 097
111 528 390
- 14,6 %
Coût par participant hors
pension
121
112
113
113
109
104
- 14 %
Coût participant avec
pension
171
176
157
156
149
142
- 16,6 %
Source : données DSN * Projet de loi de finances pour 2015
110
Total T6 : crédits
destinés à la participation de la DSN au fonctionnement de l’Agence Nationale de lutte
contre l’illettrisme (ANLCI) au titre de la JDC, le ministère de la défense étant membre du GIP ANLCI.
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COUR DES COMPTES
94
Annexe n° 7 :
taux de recensement et taux de participation à la JDC à 25
ans révolus
(classe d’âge 1989)
Département
Classe d'âge 1989
(données INSEE France et
POM)
Taux de recensement
au titre de la classe d'âge
1989
(en pourcentage)
Taux de la classe d'âge en
règle avec la JDC
Total
800 027
98,2 %
95,9 %
Ain
7 245
99,3 %
97,4 %
Aisne
7 419
98,5 %
98,0 %
Allier
3 730
98,8 %
97,0 %
Alpes-de-Haute-Provence
1 938
99,2 %
96,2 %
Hautes-Alpes
1 658
99,4 %
97,8 %
Alpes-Maritimes
11 478
96,7 %
89,6 %
Ardèche
3 640
99,5 %
98,7 %
Ardennes
3 900
98,1 %
96,1 %
Ariège
1 613
99,8 %
98,4 %
Aube
3 832
97,3 %
96,3 %
Aude
3 985
98,2 %
96,9 %
Aveyron
2 812
99,7 %
98,9 %
Bouches-du-Rhône
24 433
98,2 %
93,1 %
Calvados
8 682
98,9 %
98,0 %
Cantal
1 565
99,0 %
97,7 %
Charente
4 000
99,5 %
97,8 %
Charente-Maritime
7 051
99,2 %
98,7 %
Cher
3 730
99,4 %
99,2 %
Corrèze
2 472
98,8 %
98,4 %
Corse-du-Sud
1 521
100,0 %
98,0 %
Haute-Corse
1 592
97,9 %
92,8 %
Côte-d'Or
6 318
98,6 %
98,3 %
Côtes-d'Armor
6 792
99,4 %
98,9 %
Creuse
1 242
100,0 %
99,8 %
Dordogne
4 314
99,1 %
96,4 %
Doubs
6 428
97,6 %
96,2 %
Drôme
6 188
99,3 %
98,6 %
Eure
7 819
99,0 %
98,5 %
Eure-et-Loir
5 614
99,0 %
96,7 %
Finistère
10 643
99,4 %
99,1 %
Gard
8 695
98,0 %
95,0 %
Haute-Garonne
13 261
98,3 %
95,5 %
Gers
1 983
99,0 %
97,5 %
Gironde
16 267
98,6 %
97,9 %
Hérault
12 274
96,8 %
94,4 %
Ille-et-Vilaine
11 406
99,5 %
98,1 %
Indre
2 441
99,2 %
98,4 %
Indre-et-Loire
6 977
99,3 %
99,3 %
Isère
14 990
98,9 %
98,2 %
Jura
3 338
98,8 %
98,3 %
Landes
4 103
99,0 %
97,8 %
Loir-et-Cher
3 870
98,6 %
98,0 %
Loire
9 082
98,8 %
95,3 %
Haute-Loire
2 612
99,4 %
98,6 %
Loire-Atlantique
15 640
99,3 %
99,2 %
Loiret
7 974
98,9 %
98,1 %
Lot
1 816
99,9 %
98,4 %
Lot-et-Garonne
3 856
98,4 %
96,1 %
Lozère
797
97,9 %
97,4 %
Maine-et-Loire
9 889
99,2 %
98,4 %
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ANNEXES
95
Manche
6 393
99,3 %
98,7 %
Marne
7 310
98,4 %
97,1 %
Haute-Marne
2 480
98,8 %
96,6 %
Mayenne
3 743
99,5 %
99,2 %
Meurthe-et-Moselle
9 052
98,6 %
95,7 %
Meuse
2 505
99,1 %
97,0 %
Morbihan
8 508
99,3 %
98,9 %
Moselle
13 039
98,1 %
95,7 %
Nièvre
2 512
98,6 %
97,8 %
Nord
36 461
97,8 %
95,4 %
Oise
11 098
98,6 %
96,6 %
Orne
3 652
99,3 %
98,6 %
Pas-de-Calais
20 686
98,8 %
97,2 %
Puy-de-Dôme
6 830
98,9 %
96,9 %
Pyrénées-Atlantiques
7 298
98,8 %
98,4 %
Hautes-Pyrénées
2 429
99,1 %
97,5 %
Pyrénées-Orientales
4 962
99,7 %
94,5 %
Bas-Rhin
13 156
98,4 %
97,9 %
Haut-Rhin
9 461
98,6 %
98,6 %
Rhône
20 639
96,9 %
93,2 %
Haute-Saône
3 069
99,5 %
99,3 %
Saône-et-Loire
6 767
99,2 %
98,0 %
Sarthe
6 790
99,2 %
99,0 %
Savoie
5 163
98,6 %
98,4 %
Haute-Savoie
8 771
98,3 %
95,9 %
Paris
19 634
90,9 %
87,2 %
Seine-Maritime
16 644
98,5 %
96,4 %
Seine-et-Marne
18 080
98,8 %
96,4 %
Yvelines
18 685
98,4 %
95,3 %
Deux-Sèvres
4 307
99,4 %
99,5 %
Somme
7 131
98,5 %
97,0 %
Tarn
4 213
99,0 %
98,5 %
Tarn-et-Garonne
2 770
98,4 %
95,1 %
Var
12 063
98,4%
94,8 %
Vaucluse
7 110
98,7 %
97,5 %
Vendée
7 375
99,9 %
99,9 %
Vienne
4 641
99,0 %
98,1 %
Haute-Vienne
3 684
100,0 %
98,5 %
Vosges
5 054
99,4 %
97,8 %
Yonne
4 427
99,0 %
97,5 %
Territoire de Belfort
1 714
98,1 %
95,4 %
Essonne
15 788
99,2 %
95,1 %
Hauts-de-Seine
15 999
96,2 %
89,7 %
Seine-Saint-Denis
18 706
95,9 %
88,2 %
Val-de-Marne
14 861
97,5 %
94,3 %
Val-d'Oise
16 266
98,2 %
93,6 %
Guadeloupe
7 832
94,5 %
89,8 %
Martinique
6 654
98,0 %
94,3 %
Guyane
2 619
94,7 %
89,6 %
La Réunion
14 958
98,0 %
94,6 %
Saint-Pierre-et-Miquelon
73
100,0 %
94,5 %
Mayotte
1 929
91,6 %
87,9 %
Wallis-et-Futuna
339
92,3 %
82,0 %
Polynésie française
4 605
98,7 %
97,8 %
Nouvelle-Calédonie
4 168
96,4 %
92,8 %
Source : DSN
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COUR DES COMPTES
96
Annexe n° 8 :
évolution de la journée-type depuis la création de la JAPD
Source : DSN
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2014
⇒ Mise en place du module secourisme
⇒ Introduction d'un volet européen
⇒ Inauguration de la JDC
⇒
JDC rénovée
⇒
abandon du secourisme
⇒
Mise en place de la visite
⇒ Mise en œuvre du dispositif Défense 2ème chance
⇒ Automatisation des testsMopate
⇒
Introduction sécurité routière et
droit à l'information
Animation 3 : Vous avez un rôle à jouer -
un engagement citoyen
Visite, témoignage ou présentation de
matériel
Animation 2 : Une réponse adaptée -
Notre appareil de défense
Sécurité routière
Dejeuner avec les animateurs et
personnels DSN
Information différents dons
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation automatisés
(MOPATE)
Pause
Animation 1 : Nous visons dans un
monde instable/Une défense
nécessaire
Accueil - Collation
Formalités administratives
Vous êtes citoyens (droits
et devoirs etc.) - Micro
trottoir (25mn)
Evaluation de la journée
Remise des certificats de
participation
Les enjeux de la défense
(60 mn)
Le devoir de mémoire
Evaluation des acquis (suite)
Les objectifs de la défense
(60 mn)
Evaluation des acquis
L'organisation de la défense
(60 mn)
Pause
Les métier de la défense
(60 mn)
Bilan de la session
Remise des certificats de participation
Vous avez un rôle à jouer
(60 mn)
Visite, témoignage ou
présentation de matériel
(60 mn)
Pause
Secourisme
(75 mn)
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
automatisés (MOPATE)
Evaluation journée
Remise des certificats de
participation
La défense et les forces armées
1
ère
partie (30 mn)
Pause
Prendre part à la défense
(45 mn)
Les métiers de la défense
(40 mn)
Vous êtes citoyens
(35 mn)
Pause
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
automatisés (MOPATE)
Formalités administratives
Accueil - Collation
Etre un citoyen français et européen
(40 mn)
Accueil - Collation
Discours d'accueil
Formalités administratives
Pourquoi la JAPD
(60 mn)
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
Vous devez faire face à un
monde instable
1
ère
partie (35 mn)
Comprendre la défense
1
ère
partie (30 mn)
Pause
Vous devez faire face à un
monde instable
2
ème
partie (45 mn)
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
Les responsabilités du citoyen
(40 mn)
10
09
11
12
13
Pause
Secourisme
(75 mn)
La défense et les forces armées
2
ème
partie (40 mn)
Pause
Pause
Pause
Visite ou présentation de matériel
(60 mn)
Secourisme
(75 mn)
Pause
Les métiers de la défense
(50 mn)
DEJEUNER AVEC ANIMATEURS ET PERSONNELS SN
Visite ou présentation de matériel
(60 mn)
Formalités de fin de journée
Remise des certificats de participation
Comprendre la défense
2
ème
partie (40 mn)
La défense
(40 mn)
Visite ou présentation de
matériel
(60 mn)
Les moyens et les
mission de la défense
(50 mn)
16
14
15
Visite, témoignage ou
présentation de matériel
(60 mn)
à partir de 2016
Pause
Evaluation de la journée
Remise des certificats de participation
Accueil - Collation
Formalités administratives
Vous êtes citoyens (droits et devoirs
etc.) - Micro trottoir
⇒
renforcement du temps défense
Pause
Animation 3 : Vous avez
un rôle à jouer - un
engagement citoyen
(50mn)
Evaluation de la journée
Remise des certificats de
participation
Dejeuner avec les
animateurs et
personnels DSN (60mn)
Secourisme
(60 mn)
Animation 2 : Une
réponse adaptée - Notre
appareil de défense
(50mn)
Pause
Animation 1 : Nous visons
dans un monde
instable/Une défense
nécessaire (45mn)
Info réseaux d'aide
Tests d'évaluation
automatisés (MOPATE)
(40mn)
Information différents dons
(5mn)
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ANNEXES
97
Annexe n° 9 :
présentation du projet de parcours citoyen en milieu
scolaire
Source : site du Ministère de
l’Éducation nat
ionale janvier 2015
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COUR DES COMPTES
98
Annexe n° 10 :
difficultés de lecture et décrochage scolaire : le rôle de la
JDC
La JDC joue un rôle en amont d’un dispositif d’orientation des jeunes concernés. Elle
comporte en effet un test destiné à détecter les jeunes en difficulté vis-à-vis des apprentissages
fondamentaux de la langue française. Ce test a été élaboré par la direction de l’évaluation, de
la prospective et de la performance du ministère de l’
éducation nationale (DEPP). La DSN
poursu
it les entretiens personnalisés auprès des jeunes en situation d’échec et signale les
jeunes en difficulté de lecture à ses partenaires, en prenant en compte le fait qu’ils sont sortis
ou non du système scolaire.
En fonction de leur situation, les jeunes détectés en difficulté de lecture (DDL) sont
orientés selon le schéma ci-dessous (partie gauche du graphique) :
Les jeunes DDL non scolarisés sont reçus en priorité en entretien par le personnel des
CSN lors de la JDC. Ils sont orientés prioritairement vers les missions locales (qui constituent,
avec leur permanence d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO), un réseau couvrant
l’ensemble du territoire, vers le dispositif « savoir pour réussir »
(SPR) de la fondation des
Caisses d’épargne (qui se
donne pour objectif « d’accompagner les jeunes sur une démarche
de douze mois pour leur redonner le goût d’apprendre
») voire vers les établissements de
l’EPIDe ou, en outre
-mer, le SMA.
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ANNEXES
99
Partenariats et transmission d’informations dans le domaine du déc
rochage scolaire et
de l’insertion
Source : DSN
La journée défense et citoyenneté – janvier 2016
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COUR DES COMPTES
100
Annexe n° 11 :
les dispositifs relevant du service national universel et du
lien Armée jeunesse
Soucieuse de maintenir vivant, après la suspension de la conscription, le lien
Armée-N
ation et la possibilité d’engage
ment citoyen pour les jeunes Français, la
représentation nationale a conservé, en les reconfigurant au fil du temps, des dispositifs issus
du service militaire et de ses alternatives civiles (objection de conscience, service civil,
service de coopération, etc.).
Ces dispositifs qui font l’objet, comme la journée défense et citoyenneté, du livre I du
code du service national (CSN), n’ont cessé d’évoluer au fil du temps. Certaines formes
militaires, destinées aux jeunes qui souhaitent se familiariser avec l
’armée et les métiers
qu’elles offrent
,
ont été maintenues (période militaire d’initiation ou de perfectionnement,
volontariat dans les armées) ou créées (réserve citoyenne). D’autres formes offrent des
possibilités d’engagement au service de l’intérêt gén
éral (service civique, volontariat
international) ou encore
des possibilités d’insertion pour des jeunes en grande difficulté, en
s’inspirant des savoir
-
faire des armées en matière d’éducation au «
savoir-être » et de
formation (SMA, SMV, EPIDe).
Une partie de ces dispositifs sont mis en
œuvre
par le
ministère de la défense, d’autres
relevant de la tutelle d’autres ministères ou acteurs publics.
Au-delà de ces instruments et actions prévus par le code du service national ou le code
de la défense, le ministère de la défense conduit diverses actions au titre du lien
Armée-Jeunesse. Celles-ci
ne relèvent pas nécessairement d’une loi, et s’adressent à différents
publics de jeunes, des jeunes en difficultés (à travers le « plan égalité des chances ») aux
jeunes les plus diplômés.
La JDC entretient des liens avec
l’ensemble de
ces dispositifs, qui sont présentés à tous
les appelés au cours de la journée. La direction du service national peut orienter vers ces
programmes certains appelés, au titre de l
eur désir d’engagement citoyen (service civique) ou
du fait de leurs difficultés d’insertion (EPIDe, SMA)
manifestée
s à l’occasion de la JDC
.
Les principales actions ou dispositifs figurent dans le tableau ci-après .
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ANNEXES
101
Les principaux dispositifs relevant du lien armée jeunesse et du service national
universel
MINISTERE DE LA DEFENSE
AUTRES ACTEURS PUBLICS
DANS LE CADRE DU CSN ET DU
CODE
DE LA DEFENSE
HORS CSN
HORS CODE DE LA DEFENSE
DANS LE CADRE DU CSN ET DU
CODE
DE LA DEFENSE
Appui à l’
enseignement de défense)
DMPA-DSN
Art L. 114-1 CSN et L. 322-2 Code de
l’EN
Délégué ministériel à la jeunesse et à
l’égalité des chances (DMJEC)
« anime, coordonne et fait connaître les
actions du ministère vers la jeunesse »
Enseignement de défense
(mise en œuvre)
MENESR
Art L. 114-1 CSN et L. 322-2 Code de
l’EN
Recensement citoyen obligatoire (RCO)
DSN
Art L 113-1 à L. 113-8
Plan égalité des chances
« développer le sens de la citoyenneté,
mieux faire connaître la communauté de
défense, et rendre plus accessibles à tous
les publics les métiers de la défense »
DMJEC
Recensement citoyen obligatoire (RCO)
Mairies
Consulats
Art L. 113-1 à L. 113-8 CSN
Journée défense citoyenneté
DSN
Art L. 114-2 à L. 114-13
IHEDN- séminaires pour les jeunes-
Participation aux trinômes académiques-
ANAJ-IHEDN actions vers publics jeunes
défavorisés
Service civique
Piloté par Agence du service civique,
Ministère en charge de la jeunesse
Art. L. 112-2 et L. 120-1 à
L. 120-3
Appel sous les drapeaux
DSN
Livre II du CSN
Commission Armée-Jeunesse organisme
consultatif partenarial. 0pération
500 stages étudiants
Prix armées-jeunesse
Volontariat international en entreprise ou
en administration (VIE-VIA)
UBIFRANCE (VIE)
ministères concernés (VIA)
art L. 122-1 à L. 122-9
Période militaire d’initi
ation ou de
perfectionnement à la défense nationale
Art L. 115-1
Action pédagogique de la DMPA (site
internet, documents pédagogiques,
concours de la Résistance
…)
EPIDE « Contrat de volontariat pour
l’insertion
»
Ministères chargés de l’emploi, de la
ville, de la défense
Art L. 130-1
+code de la défense
Volontariat dans les armées
Art L. 121-1
Autres volontariats (Gendarmerie,
SDIS...)
Réserve militaire opérationnelle et
citoyenne
111
L. 4211-1 et L. 4241-1 du code de la
défense
Service militaire adapté (outre-mer).
Ministère en charge de l’
outre-mer
Art L. 4132-12 du code de la
défense
Service militaire volontaire
En cours d’expérimentation
Art. 22-23 de la loi 2015-917 du 28 juillet
2015, modifiant le code de la défense
Source : Cour des comptes, à partir des données du ministère de la défense et de la réglementation
111
Il ne s’agit pas de dispositif
s destinés exclusivement aux jeunes, mais la réserve, notamment citoyenne, fait
l’objet d’une promotion auprès des jeunes
.
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102
1 -
Actions menées par le ministère de la défense dans le cadre du code du service
national ou du code de la défense
a)
Le CSN prévoit des étapes volontaires dans le cadre du service national
112
La période militaire d'initiation ou de perfectionnement à la défense nationale
(art. L. 115-1 CSN), accessible aux Français de seize à trente ans reconnus aptes par le service
de santé des armées. Elle a succédé à l’ancienne préparation militaire.
Le volontariat dans les armées. Article L. 121-1 : « Les Français et les Françaises
peuvent servir avec la qualité de militaire comme volontaires dans les armées (…)
».
Un volontariat de même type existe dans le cadre des services d’incendie ou de la
gendarmerie
Ces possibilités sont présentées lors de la JDC.
b)
Le code de la défense organise la réserve militaire
Bien que la réserve militaire (opérationnelle ou citoyenne) ne soit pas exclusivement
destinée aux jeunes, elle est ouverte dès l’âge de 17 ans et, selon l’art L
. 4211-1 du code de la
défense, elle « s'inscrit dans un parcours citoyen qui débute avec l'enseignement de défense et
qui se poursuit avec la participation au recensement, l'appel de préparation à la défense, la
période militaire d'initiation ou de perfectionnement à la défense nationale et le volontariat ».
Si elle vise directement à renforcer les capacités des forces armées, elle a aussi pour
objet d'entretenir l'esprit de défense et de contribuer au maintien du lien entre la nation et ses
forces armées. Elle est constituée
d’une réserve opérationnelle composée de me
mbres ayant
conclu un engagement
spécifique ou d’anciens militaires, et d’une réserve citoyenne qui est
« composée de volontaires agréés par l'autorité militaire ou par les services mentionnés
à l'article L. 811-2
113
du code de la sécurité intérieure en raison de leurs compétences, de leur
expérience ou de leur intérêt pour les questions relevant de la défense nationale ».
Ces deux formes de réserve font l’objet d’une présentation dans le cadre de la JDC.
C’est de cette
expérience q
ue s’est inspiré le
m
inistère de l’
éducation nationale pour
introduire en 2015 une réserve citoyenne dans les établissements scolaires, ayant pour objet
d’intervenir en appui aux établissements scolaires dans le domaine de l’éducation à la
citoyenneté.
c)
Le Service militaire volontaire (SMV)
Directement inspiré du service militaire adapté (SMA, voir
infra
) le service militaire
volontaire est expérimenté depuis
l’automne
2015
La création de ce service, a été annoncée par le Président de la République le 27 avril
2015. Le SMV est institué par les articles 22 et 23 de la loi 2015-917 du 28 juillet 2015
112
La présente annexe ne revient pas sur les dispositifs obligatoires déjà développés dans le corps du rapport
(enseignement de défense, recensement, JDC, rappel sous les drapeaux
), et n’évoque que les dispositifs
volontaires.
113
Il s’agit des services spécialisés de renseignement.
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ANNEXES
103
révisant la LPM et modifiant le Code de la défense
114
. Son objectif,
à terme, est d’accueillir
10 000 volontaires de 17 à 25 ans (au premier grade des militaires du rang). Le SMV vise
favoriser l’insertion soci
ale et professionnelle de jeunes en difficultés. Les volontaires doivent
recevoir une formation militaire, civique et professionnelle, combler leurs principales lacunes
scolaires, et pouvoir obtenir le permis de conduire. Ils rempliront des missions de sécurité
civile et participeront à des chantiers.
L’expérimentation se
sera menée dans trois centres, dont deux ouverts au 31/12/2015.
L’objectif
à terme est
d’ouvrir un centre par grande région. Elle sera placée sous la
responsabilité de l’armée de terre, l
es autres armées pouvant ultérieurement prendre la
responsabilité de certains des 13 futurs centres.
Le dispositif devrait être
coûteux du fait d’un encadrement important
, de la mise à
disposition gratuite des locaux et du statut des stagiaires qui perçoivent une solde 370
€ par
mois, et sont logés et nourris. Le budget prévu pour la période expérimentale est de 42
M€
pour un effectif qui ne dépassera pas 1
000 volontaires en fin de période d’expérimentation
.
Outre son coût, le recours à des militaires d’active pour l’enca
drement pèsera sur les armées.
Des financements interministériels seront recherchés, ainsi que des aides des
collectivités locales et des employeurs.
2 -
L’action du ministère de la
défense en faveur de la jeunesse dépasse le cadre
organisé par la loi et implique différentes instances.
Ce ministère a développé une action en direction des jeunes de toutes catégories
sociales. Depuis le milieu des années 2000, l’accent a été mis sur les jeunes en difficultés. La
JDC présente les principales actions.
a)
Le délégué m
inistériel à la jeunesse et à l’égalité des chances
(DMJEC)
La fonction, directement rattachée au cabinet du ministre a été créée en juillet 2012. Le
Délégué « anime, coordonne et fait connaître les actions de l'ensemble du ministère vers la
jeunesse. Sa fonction concerne toutes les actions du ministère au profit de la jeunesse, en
particulier celles conduites au titre du « Plan égalité des chances » ou de la politique
mémorielle et éducative, en liaison avec les directions et services concernés. L’essentie
l de
son activité est tournée vers la mise en œuvre du Plan égalité des chances et l’animation du
réseau des « Réservistes locaux à la jeunesse et à la citoyenneté » (RLJC), réservistes citoyens
déployés dans les quartiers sensibles et les zones d’éducatio
n prioritaire ».
114
Le code de la défense organisant aussi un enseignement dans des établissements de la défense (écoles, lycées,
établissements d’enseignement supérieur), et d’autres dispositifs concernant particulièrement les jeunes sans leur
être exclusivement destinés: réserve opérationnelle (article L. 4221-1) et réserve citoyenne (article L. 4241-1).
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b)
Le « Plan égalité des chances »,
Lancé en 2008
, ce plan
touche chaque année environ 30 000 jeunes issus de milieux
défavorisés, autour de neuf actions
115
visant à « développer le sens de la citoyenneté, mieux
faire connaître la communauté de défense, et rendre plus accessibles à tous les publics les
métiers de la défense ».
L’une des actions significatives est le dispositif «
défense seconde chance » appuyé sur
l’EPIDe, mais le ministère a décidé de se retirer de la gouvernance de l’établis
sement.
On rappellera que les armées mènent aussi leurs propres actions d’insertion
(engagements sur des contrats de 4 mois ou école des mousses pour la marine, par exemple).
c)
La Commission armées jeunesse (CAJ),
Il s’agit d’un
organisme consultatif « destiné à favoriser la connaissance mutuelle de la
jeunesse et des forces armées
», constitué d’associations, de mouvements de jeunesse, de
représentants des ministères et des forces armées, vise à « promouvoir l'esprit de défense,
préparer les jeunes à leur responsabilité de citoyen et resserrer les liens entre la communauté
nationale et les armées ». Elle recherche notamment des stages étudiants dans le secteur de la
défense (« opération 500 stages ») et attribue un Prix armées-jeunesse pour les actions
exemplaires. Le DMJEC lui apporte son appui.
d)
L’
action de
l’
IHEDN en direction des jeunes
L’
Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) organise chaque année un
séminaire de haut niveau destiné à 80 jeunes ayant un profil de « futur décideur ».
L’as
sociation des anciens de ces séminaires (ANAJ-IHEDN) mène des actions en direction
des différents publics jeunes, y compris défavorisés, et participe activement, aux côtés de
l’Union
-IHEDN, aux actions des « trinômes académiques» (voir chapitre IV du rapport).
e)
L
’action de l
a Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA)
Cette direction, et notamment son bureau des actions pédagogiques et de l’information
organise ou soutient des actions pédagogiques, notamment en direction du milieu scolaire
(documents, visites, concours, etc.). Elle organise notamment le concours national de la
résistance et de la déportation.
Elle est le correspondant des trinômes académiques.
115
Le développement du tutorat ; le projet « cadets de la défense » ; les classes de défense et sécurité globales
(CDSG) ; la mise en valeur des périodes militaires d'initiation ou de perfectionnement (PMIPDN) ;
l’amélioration de la formation qualifiante
; le projet « défense 2
ème
Chance » porté par l'EPIDe ; le renforcement
de l'action des réservistes locaux à la jeunesse et à la citoyenneté
; l’accueil de 15
%
d’élèves boursiers dans les
lycées de défense. Un récent rapport de la mission d’information de la commission de la défense de l’Assemblée
nationale sur le bilan et la mise en perspective des dispositifs citoyens du ministère de la défense propose
d’ouvrir
le projet des cadets de la défense à 100 000 jeunes, et, pour dégager le financement, de supprimer en
contrepartie la JDC.
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ANNEXES
105
3 -
Les actions des autres ministères dans le cadre du code du service national ou du
code de la défense
Le code du service national prévoit des formes d’engagement et de volontariat en
dehors des armées, héritières de l’ancienne conscription qui comportait des aménagements
aux obligations militaires : objection de conscience et anciennes formes de service civil
(sécurité civile, coopération), tandis que le code de la défense prévoyait depuis 1961, pour
l’
outre-mer, un service militaire adapté (SMA), « ancêtre
» des dispositifs d’insertion inspirés
de la culture militaire. Tous ces dispositifs ont survécu en étant profondément transformés et
placés sous la tutelle d’autres ministères que celui de la défense.
Si la plupart de ces dispositifs (sauf le SMA) n’empruntent désormais au monde
militaire - au-
delà d’un article du CSN ou du code de
la défense- que certains termes et
quelques symboles, ils ont, selon la formule employée par plusieurs de leurs responsables, un
« ADN commun » avec la défense, auquel ces responsables sont très attachés.
Bien qu’ayant un public, des objectifs, une durée
et un fonctionnement radicalement
différents de ceux de la JDC, seule « opération de masse », mais aussi la seule à ne durer
qu’une journée, la JDC les promeut auprès des appelés, dans le cadre de protocoles entre la
DSN et les responsables de ces actions.
Deux de ces dispositifs ont une vocation première d’insertion à la fois professionnelle,
sociale et citoyenne
: le SMA et le volontariat pour l’insertion dans le cadre de
l’Établissement public d’insertion de la défense (EPIDe). Ils s’adressent tous deux
à des
publics en grande difficulté, à la différence du service civique, qui est destiné à tout jeune
désireux de s’engager pour la collectivité.
a)
Le service militaire adapté (SMA)
Créé en 1961, il est régi par l’article L.
4132-12 du code de la défense. Bien que placé
sous la tutelle du ministère des outre-
mer, c’est le seul dispositif vraiment militaire
: 65 % des
encadrants sont des militaires détachés
116
, les volontaires, de 18 à 25 ans, ont le statut
militaire, vivent en caserne et portent l’uniforme. Ils perçoivent une indemnité de 340 € par
mois (nourris, logés et blanchis), et passent gratuitement le permis de conduire. Le SMA
accueille 5
000 jeunes Français d’outre
-mer chaque année pour une durée moyenne de
10 mois.
Il s’agit d’un dispositif très coûteux (235 M€/an hors investissements, dont 200 à la
charge de l’État, le reste venant des collectivités locales et des fonds européens. Mais ses
résultats sont réels. Selon le commandant du SMA, les jeunes sortent du SMA à 77 % vers
l’emploi ou la poursuite d’une formation, alors que 44 % sont en situation d’illettrisme à leur
arrivée. Dans son rapport du 11 octobre 2012, la Cour des Comptes, tout en relativisant les
chiffres qui agrègent des emplois précaires et des emplois stables, considère également les
résultats comme « très substantiels ».
116
Le taux d’encadrement est de 1 encadrant pour 4,5 à 5 volontaires, soit 100 encadrants dont 650 officiers ou
sous-officiers.
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106
b)
L’établissement public d’insertion de la défense (EPIDe
117
)
Régi par les articles L. 130-1 à L. 130-5 du code du service national, il a été créé en
2005 et placé sous la tutelle du ministre alors en charge de l’empl
oi et de la ville et du
ministre de la défense dans le cadre du dispositif « défense seconde chance ». Sa création
relevait déjà d’une volonté de transposer le SMA en métropole et de faire bénéficier des
jeunes en grande difficulté «
d’une méthode pédagogi
que inspirée de la culture militaire,
d’une formation comportementale adaptée, d’une remise à niveau scolaire et d’une formation
professionnelle
118
». L’EPIDe, est aujourd’hui sous triple tutelle
: emploi, ville et défense, ce
dernier se retirant de la gouve
rnance de l’établissement.
Le dispositif touche chaque année en flux 3 500 jeunes en difficulté de 16 à 25 ans,
français ou étrangers, pour 2
085 places. Les jeunes bénéficient d’une allocation de 300
€ par
mois, dont la moitié est versée à la fin du contrat. Les caractéristiques du volontariat dans le
cadre de l’EPIDe sont proches de celui du SMA, il a adopté les symboles militaires et un tiers
de son encadrement est constitué d’anciens militaires, mais il est purement civil. Il s’agit
également d’un disp
ositif coûteux, ce que la Cour des comptes a souligné dans son rapport
public de 2011 (35 000
€ par place et par an en 2011, chiffre qui aurait diminué depuis).
c)
Le Service civique
119
Régi par les articles L. 120-1 à L. 120-3 du code du service national
120
, le service
civique n’a pas de vocation d’insertion. Il s’adresse, selon le CSN, à tout jeune de
16 à 25 ans
désireux de « servir les valeurs de la République et s'engager en faveur d'un projet collectif en
effectuant une mission d'intérêt général ». Il « a pour objet de renforcer la cohésion nationale
et la mixité sociale et offre à toute personne volontaire l'opportunité de servir les valeurs de la
République et de s'engager en faveur d'un projet collectif ».
L’Agence du service civique (ASC), sous tutelle du ministère en charge de la jeunesse,
est très attachée à la filiation entre le service civiq
ue et le service civil ou l’objection de
conscience d’avant 1997, filiation centrée sur les valeurs de service et qui différencie ce
dispositif par rapport aux actions de type SMA ou EPIDe qui ne comportent pas cette
dimension d’engagement personnel au service de l’intérêt général.
Le volontaire (français, ressortissant d’un pays de l’UE, ou étranger en situation
régulière), âgé de 16 à 25 ans
121
, s’engage pour une mission de 6 à 12 mois. Il bénéficie d’une
formation à la citoyenneté, d’un tutorat permettant de l’aider à bâtir un projet professionnel, et
peut valoriser ultérieurement son CV par l’expérience acquise
122.
Le régime est celui du
117
Pour tenir compte du retrait de la défense, ce dispositif s’appellera désormais «
Établissement public
d’insertion dans l’emploi
».
118
Selon la réponse du ministre de la défense figurant dans l’insertion au rapport public annuel 2011 sur
l’EPIDe
.
119
Sources
: audition de F. Chérèque, président de l’ASC, devant la commission de la défense de l’Assemblée
nationale, Cour des comptes,
Rapport public annuel 2014
, Tome I
–
Volume I 1. Le service civique : une
ambition forte, une montée en charge à maîtriser, p. 209-248. La Documentation française, février 2014, 480 p.,
disponible sur www.ccomptes.fr
, entretien avec la directrice de l’ASC.
120
Une forme particulière du service civique, ouvert jusqu’à 28 ans, est constituée par le
volontariat
international, en entreprise (VIE) ou en administration (VIA), et est régie par les articles L. 122-1 à L. 122-17 du
code du service national.
121
Des formes spécifiques tels que volontariat du service civique, VIE, VIA accueillent des jeunes ju
squ’à
28 ans.
122
Les missions ne sont pas des emplois, et le SC n’est pas un dispositif d’insertion professionnelle. Néanmoins
les effets sur l’emploi ultérieur sont très sensibles.
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ANNEXES
107
bénévolat, mais le volontaire perçoit une indemnité
123
. Si le service civique ne vise pas les
jeunes en difficultés, l’Agence du service civique s’efforce d’accueillir plus de jeunes issus
des quartiers prioritaires, avec un objectif de 25 % (17 % en 2014).
Bien que le service civique ne soit pas comparable à la JDC, il fait l’objet de
propositions récurrentes pour le rendre lui aussi obligatoire, ce qui coûterait fort cher et en
détournerait l’esprit –
sa valeur d’engagement reposant sur le volontariat.
En 2015, le gouvernement a décidé, à la suite des attentats de janvier, d’augmenter
fortement le nombre de jeunes accueillis chaque année. Dès 2015, le nombre de jeunes doit
passer de 45 000 à 70 000 jeunes accueillis (dont 55 000 ent
rants), et l’ASC a disposé à cet
effet d’une «
rallonge budgétaire
» de 60 M€ pour un coût prévu en 2015 de 173 M€. À terme,
l’objectif est d’accueillir entre 150
et 170 000 jeunes chaque année
124
. Lors de la présentation
de ses vœux le 31 décembre 2015, le
Président de la République a annoncé sa généralisation,
sans évoquer une obligation.
Le service civique fait l’objet d’une présentation lors des JDC. En accord avec la CNIL,
les coordonnées des appelés qui se disent intéressés sont désormais transmises à l
’ASC.
La loi actualisant la programmation militaire comporte des dispositions renforçant le
rôle de l’ASC et garantissant ses ressources.
Qu’elles relèvent du ministère de la
défense
ou d’autres ministères, qu’elles aient un
caractère militaire ou civil, la plupart des formes de « service
», jusqu’à présent mal connues,
suscitent un regain d’intérêt
, en particulier depuis les attentats de janvier 2015.
Ils font donc l’objet de propositions de développement, la limite étant le coût élevé de
ces dispositifs (environ 30
000 € par volontaire et par an pour le SMA, 22
300
€ pour
l’EPIDe, tandis que le service civique représente un coût par «
entrant » de 7
500 € environ)
ce qui en fait des dispositifs nécessairement ciblés sur un nombre limité de jeunes.
123
Celle-
ci varie, selon la situation personnelle de 507 € bruts à 613 € bruts à la charge de l’ASC, auxquels
s’ajoute un complément de 106
€ à la charge de l’organisme d’accueil. Le volontaire bénéficie d’une couverture
sociale.
124
Selon le rapport public annuel 2014 : «
Compte tenu du coût mensuel d’un jeune engagé pour l’État (un peu
plus de 1 000
€) et de la durée actuelle moyenne des contrats (7,2 mois), 100 000 contrats représenteraient, avec
les frais de gestion, un coût pour le budget de l’État de l’ordre de 750 M€
».
Cour des comptes,
Rapport public annuel 2014
, Tome I
–
Volume I 1. Le service civique : une ambition forte,
une montée en charge à maîtriser, p. 209-248. La Documentation française, février 2014, 480 p., disponible sur
www.ccomptes.fr
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