Pour faire de la recherche historique, il faut des archives, publiques ou privées, il faut de la chance. Le dernier livre du comité d'histoire de la Cour des comptes repose sur une rencontre chanceuse avec la famille Le Conte, famille qui a compté parmi ses membres un magistrat exemplaire, Édouard Le Conte, entré par le concours de 1902, concours de l'auditorat, et qui est parvenu au grade de Premier président en 1945 avant de terminer sa carrière au début 1948. Nous avons donc un sujet qui est la Cour des comptes de 1902 à 1948 à travers la vie d'Édouard Le Conte. C'est une longue période, prenons juste deux jalons sur ces 45 ans de de carrière, mais surtout ces 45 ans d'histoire de la juridiction. La guerre 14-18, Édouard Le Conte comme beaucoup, comme 70 rapporteurs de la Cour, est mobilisé. Il est payeur aux armées, payeur d'une division d'infanterie, puis payeur d'un corps d'armée. Ses carnets, carnets qu'il a tenus pendant la guerre sont un inédit qui se trouvent dans le livre. Deuxième jalon, plus complexe, la Deuxième Guerre mondiale. Édouard Le Conte est alors président de chambre, il est monté en grade et il est bien sûr trop âgé pour être mobilisé. Le voilà nommé bizarrement par le Premier président de l'époque faisant fonction de Premier président de la Cour des comptes à Saumur car la Cour des comptes avait été repliée à Saumur comme d'autres administrations. Poste étrange qu'Édouard Le Conte remplit au mieux. Ensuite, la Cour des comptes rentre à Paris, c'est l'Occupation, il n'y a plus de Premier président à la Cour des comptes. Puis c'est la Libération, et peu après la Libération le gouvernement dit à Édouard Le Conte, vous allez être nommé Premier président. Les choses traînent, les lecteurs découvriront pourquoi elles ont traîné, comment elles se sont résolues, ce n'est qu'après la fin de la guerre, en 1945, qu'Édouard Le Conte est nommé Premier président et doit, non pas se battre, mais être présent sur tous les fronts de la réforme administrative, de la création d'organismes associés à la Cour des comptes, du sort des entreprises publiques et de leur contrôle.