Le comité d'histoire de la Cour des comptes m'a demandé de publier le livre que voici, Chronique d'un drame de pierre, qui relate l'histoire de la construction du palais d'Orsay, bâtiment qui est une sorte de trou noir dans l'histoire de l'architecture du 19e siècle.
Ce livre fait suite, en quelque sorte, tout en le précédant, à l'ouvrage qui est paru il y a quelques années sur le palais Cambon. À l'occasion des recherches que j'ai entreprises pour cet ouvrage, j'ai découvert un certain nombre de documents nouveaux dont je voudrais parler maintenant très rapidement, en particulier le projet qui avait été construit par Jacques V Gabriel dans l'enceinte du palais du Roi, c'est à dire dans l'île de la Cité, et dans laquelle la Cour des comptes s'est trouvée installée de 1740 à 1842, puisqu'elle est arrivée au palais d'Orsay en 1842. Ce bâtiment n'était pas connu et j'en donne l'essentiel de l'illustration, il était absolument magnifique. La Cour a dû quitter ce bâtiment parce que le gouvernement de Louis Philippe avait décidé de reconfigurer complètement l'enceinte de l'administration judiciaire et des trois niveaux de juridiction, ce qui a conduit à réaffecter autrement le palais de Gabriel. En 1842, la Cour s'installe dans un bâtiment dont la construction avait déjà duré pratiquement trente ans. Elle avait commencé en 1810. Elle avait été affectée initialement à un ministère des relations extérieures, l'architecte en était Jacques Bonnard, puis Lacornée en 1842. Succédant deux ans après le Conseil d'État qui occupait la moitié de ce bâtiment, la Cour s'y installe. L'élément essentiel de ce bâtiment était l'escalier de Chassériau qui a été détruit avec le reste de la construction au moment de la Commune. Après, il a fallu réinstaller la Cour des comptes dans d'autres lieux, au Palais-Royal, c'était connu. On a imaginé le pavillon de Marsan, ça l'était aussi. L'Union centrale des arts décoratifs a en fait occupé le pavillon de Marsan. La Cour des comptes s'est imaginé pouvoir récupérer le palais d'Orsay en confiant à un architecte du BUF le soin de concevoir un nouveau projet. D'innombrables obstacles ont empêché la réalisation de cette affaire, et, en 1897, le ministère des finances, Georges Cochery, par ailleurs président du conseil général du Loiret, décide la vente des terrains et du bâtiment à la Compagnie d'Orléans. Du coup a été construit là, la gare d'Orsay, par l'architecte Laloux. Quant à la Cour des comptes, elle est arrivée une dizaine d'années plus tard au palais Cambon.