Bien que la CMAR ait progressivement résorbé son déficit cumulé (les résultats d’exploitation ayant été très déficitaires entre 2010 et 2013, puis en 2019), sa situation financière reste très fragile, alors même qu’elle se trouve peu endettée. Sa capacité d’autofinancement brute et son fonds de roulement sont insuffisants et sa trésorerie est structurellement déficitaire, sans compter qu’elle bénéficie d’une mise à disposition gracieuse par la région de la plupart de ses infrastructures de formation et de la prise en charge régionale de leurs dépenses d’investissement. Le redressement du résultat net entre 2019 et 2023 provient d’une augmentation des produits plus importante que celle des charges. Toutefois les produits d’exploitation baissent depuis 2023 et le résultat net 2024 se présente à nouveau déficitaire. Cette évolution est essentiellement due aux recettes des prestations de services et, notamment, des produits de l’apprentissage. Quant à la croissance des charges, elle provient surtout des dépenses de personnel.
Malgré la poursuite du plan national « un jeune, une solution », les entrées en apprentissage sont en diminution constante depuis 2022 et les taux de rupture importants. La baisse des recettes y afférentes s’en trouve accentuée par la réduction des niveaux de prise en charge (NPEC) par France compétences des contrats d’apprentissage.
Après avoir engagé un audit privé des CMA de région en 2023, CMA France, tête du réseau, a établi un programme national de transformation intitulé « Cap 2027 ! ». Celui-ci vise, dans le sillage de la loi Pacte, à faire passer les CMA d’un modèle économique d’établissement public à celui d’entreprise publique. La CMAR a ainsi adopté son plan de transformation le 17 juin 2024, qui vient compléter son plan de mandature 2022-2027.
Elle n’a toutefois presque aucune recette autre que celles provenant de ses activités d’appui au développement économique et de formation. N’ayant aucun équipement concédé, ses marges de gestion ne reposent que sur son activité propre, soit en diminuant ses dépenses d’exploitation, soit en développant ses différentes activités.
L’optimisation des dépenses d’exploitation, surtout de personnel, dépendra de sa capacité à se réorganiser et, sans tarder, pour renouveler son offre de services à effectif plus réduit. Se pose en effet sérieusement la question du bon dimensionnement des équipes, qui est par rapport aux moyennes du réseau, manifestement supérieur pour les directions métiers et inférieur pour les services supports.
S’agissant du développement de son activité, une de ses principales difficultés est de répondre à des missions de service public aux coûts mal identifiés et dont la couverture reste à sa charge, alors même que ses activités relevant du champ concurrentiel sont pour certaines structurellement négatives, comme les formations non rentables correspondant aux filières déficitaires à maintenir. Cet enjeu est d’autant plus prégnant sur un territoire insulaire qui ne peut envisager la mutualisation de certaines formations avec d’autres départements limitrophes.
La CMAR a commencé à réformer son offre de services. Malgré des initiatives encourageantes (à l’instar du Pass Cma Liberté), la mise à jour du catalogue des produits dans une optique de parcours client global de bout en bout est loin d’être aboutie. Le redéploiement territorial (Nord-Est et Sud-Ouest) de son offre de formations nécessite toujours une réorganisation de la direction de la formation, qui soit en mesure de porter une offre globale, intégrant formation initiale et continue et en lien plus étroit avec la direction du développement économique.
En définitive, la chambre consulaire se trouve confrontée à une injonction paradoxale qui exige d’elle de couvrir toujours autant, voire plus, de missions de service public avec les ressources tirées de ses activités concurrentielles et alors que ces activités, de moins en moins rentables, doivent être maintenues justement pour des raisons de service public.
En tout état de cause, l’efficacité de la nouvelle stratégie de la CMAR définie en 2024 dépendra de sa capacité, d’une part, à se réformer et à améliorer considérablement une organisation administrative et financière assurément défaillante et, d’autre part, à associer pleinement et de manière coordonnée l’État et la région dans la correcte définition des missions de service public qu’ils attendent d’elle et des moyens à leurs affecter.