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Hôtel de Matignon
57, rue de Varenne
75007 Paris
Paris, le
à
Monsieur Pierre Moscovici
Premier président de la Cour des comptes
Objet :
Référé relatif au secrétariat général du comité interministériel de la prévention de la
délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR).
Le 22 décembre 2023, vous avez appelé
l’
attention de ma prédécesseure sur plusieurs constats dressés
dans le cadre de votre enquête sur le secrétariat général du comité interministériel de la prévention de
la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) ainsi que sur les trois recommandations tendant à un
pilotage interministériel renforcé et une institutionnalisation du SG-CIPDR. Je souhaite apporter
plusieurs commentaires en réponse à ce référé.
Concernant la recommandation n°
1
Réunir régulièrement les enceintes interministérielles chargées de
définir, impulser et coordonner les politiques de prévention contre la délinquance et la radicalisation
»), je
partage pleinement l’ambition portée par cette recommandation qui vise à renforcer le pilotage
interministériel de la politique publique de prévention contre la délinquance et la radicalisation. Il est
certain que la crise sanitaire a eu des impacts importants sur notre capacité à réunir les enceintes
interministérielles. P
our autant, nous avons traité de cette politique publique dans d’autres cadres,
notamment les conseils de défense et de sécurité nationale ou lors de réunions
ad hoc
.
Depuis le début de l’année 2023, les instances interministérielles se réunissent à nouveau, et cette
dynamique sera renforcée en 2024
: le comité de pilotage et d’élaboration de la nouve
lle stratégie
gouvernementale de prévention de la délinquance 2024-2028 a été installé en janvier 2024
; une réunion
du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation est programmée à la
fin du premier semestre 2024
; deux
réunions de la cellule de lutte contre l’islamisme et le repli
communautaire (CLIR) seront organisées au plan national en 2024. Dans les territoires, de nombreuses
réunions des CLIR ont eu lieu et les échanges entre autorités administratives et judiciaires sont
dynamiques.
28/02/2024
226/24/SG
Par ailleurs, je souligne que le conseil scientifique sur les processus de radicalisation (COSPRAD) a connu
des difficultés de pilotage à la suite de la fermeture de l’Institut national des hautes études de la sécurité
et de la justice,
intervenue au cours de l’année 2020. Bien que le contexte de la crise sanitaire ait eu un
impact sur les travaux de stabilisation administrative du COSPRAD, une réunion interministérielle a acté
la feuille de route du conseil dès la nomination de la nouvel
le secrétaire générale à l’été 2021 qui se
décline autour de quatre axes de travail
: la revivification de la recherche, la protection des chercheurs
en terrain difficile ainsi que l’accès aux données sensibles, la cartographie de la recherche et la
constr
uction d’un réseau de partenaires. Des travaux réglementaires ont également été engagés pour,
d’une part, acter l’adossement à l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI) et, d’autre
part, produire un arrêté de nomination des membres.
Ils n’ont cependant abouti qu’en début d’année
2023 et la première réunion plénière du COSPRAD a eu lieu le 24 novembre 2023.
La feuille de route a été déclinée tout au long de la période, notamment à travers l’accompagnement
de six doctorants, l’organisation d’ateliers de travail thématiques, la conduite d’un appel à manifestation
d’intérêt relatif aux différentes formes de radicalité ou encore la construction d’un partenariat
international (plus de 26 réunions en 2023).
Enfin, des discussions sont en cours entre le COSPRAD et le SG-CIPDR pour mieux articuler les objectifs
scientifiques et les politiques publiques portées et envisager des rapprochements des supports
administratifs et financiers.
En matière d’information du Parlement, des outils ont été mi
s en place, notamment un document de
politique transversale relatif à la politique de prévention de la délinquance. Différent du rapport prévu
à l’article D. 132
-2 du code de la sécurité intérieure, ce dernier constitue cependant une information du
Parlement sur les politiques publiques menées.
S’agissant de
la recommandation n°
2
(
«
Doter le SG-
CIPDR d’un statut juridique solide et de missions
clarifiées
; à cette occasion, préciser les relations de la MIVILUDES avec la structure
»), le renforcement de
l’assise juridique du SG
-
CIPDR est une préoccupation majeure qui fait aujourd’hui l’objet de travaux au
sein des services de l’État. En effet, il
pourrait être envisagé de créer une délégation interministérielle
placée par délégation du P
remier ministre auprès du ministre de l’
intérieur et des outre-mer. Une telle
orientation pourrait permettre au SG-
CIPDR d’assurer avec efficience ses missions de coordination
interministérielle et de mise en œuvre des décisions gouvernementales.
Les relations entre le SG-
CIPDR et la MIVILUDES font également l’objet de travaux, visant la
mutualisation des fonctions de soutien et l’affirmation d’une politique publique de lutte contre les
dérives sectaires, menée sous la responsabilité d’une autorité commune. L’existence de la MIVILUDES
sera préservée et son lien avec la délégation interministérielle sera explicité dans le décret de création.
La MIVILUDES conservera une direction opérationnelle spécifique et identifiable.
En matière de ressources humaine
s, une politique rénovée de gestion sera mise en œuvre dans la
nouvelle entité : une fonction de secrétaire général de la délégation, chargé de la qualité des procédures,
de l’efficience administrative et de la conformité des fonctions support sera créée.
Une mission interservices associant la direction de l’évaluation de la performance, de l’achat, des
finances et de l’immobilier (DEPAFI), la direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ)
et la direction des ressources humaines (DRH)
accompagne d’ores et déjà le SG
-
CIPDR. Il s’agit
notamment d’améliorer le suivi des programmes et des financements, de recourir à des outils de pilotage
des effectifs et des contrats de travail modernisés ou encore de créer un organigramme fonctionnel
détaillé pour chaque processus de décision en matière de ressources humaines.
À l’occasion de ces travaux réglementaires, il est également envisagé de clarifier les règles d’emploi du
fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD).
Enfin, relativement à la recommandation n°
3
(
«
Mettre en place une organisation garantissant le strict
respect des règles de gestion des crédits centraux du FIPD
»), il convient de noter que sur la période 2020-
2022, l’absence d’un contrôleur interne financier et d’un acheteur
-juriste ont largement entamé la
capacité de la structure à conduire ses missions de contrôle interne. Cette faiblesse en personnels n’a
pas pu être compensée par la préexistence du dispositif de contrôle interne du FIPD, mis en place par
une m
ission d’appui méthodologique de la DEPAFI entre 2016 et 2019.
Depuis mars 2022, différentes mesures ont été prises pour sécuriser le circuit de la dépense
:
renforcement de la procédure de constatation du service fait, actualisation des logigrammes et des
procédures internes, rattachement du contrôle interne directement au secrétaire général pour
renforcer l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de cet
te mission. En 2023, les efforts se sont
poursuivis grâce à la mission de contrôle et d’appui de la DEPAFI sur les crédits de l’UO centrale,
notamment les financements du fonds Marianne et les dossiers de subventions du FIPD au titre de
l’année 2023.
Cet accompagnement va se poursuivre en 2024, pour le pilotage des contrôles réalisés au niveau
déconcentré et pour aider le SG-
CIPDR à structurer le dispositif de sécurisation des crédits de l’UO
centrale. En interne, le SG-CIPDR a prévu une formation pour les agents des pôles métiers aux
mécanismes administratifs ainsi qu’aux règles de comptabilité publique spécifiques aux subventions
accordées par l’État au secteur associatif. La fonction administrative et financière va également être
renforcée par la transformation de certains postes dans la nouvelle entité.
Tels sont les éléments que je souhaitais porter à votre connaissance.
Gabriel ATTAL