COMMUNIQUÉ DE PRESSE
21 décembre 2023
Rapport public thématique
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
FACE AU DÉFI DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
Les établissements d’enseignement supérieur occupent une place spécifique dans la
transition écologique. Représentant près de la moitié des opérateurs de l’État et accueillant
un large public, ils ont un impact environnemental substantiel. De nombreuses initiatives
ont été prises ces dernières années en la matière et les politiques menées dans les
établissements commencent à se mettre en place. Elles sont cependant encore insuffisantes
pour atteindre les objectifs affichés, manquant en particulier de nombreux outils pour
développer une démarche rigoureuse, cohérente et efficace. L’enseignement supérieur a
pourtant un rôle majeur à jouer, non seulement pour réduire sa propre empreinte
écologique, mais aussi pour produire, adapter et diffuser les connaissances nécessaires à la
réussite de la transition écologique.
Une gouvernance de la transition écologique encore imparfaite
Bien que des initiatives en faveur de la transition écologique émergent dans les établissements
d’enseignement supérieur, les enjeux ne sont pas toujours portés devant leurs conseils
d’administration et la planification reste faible. La confection de bilans périodiques des
émissions de gaz à effet de serre (GES) et les démarches de certification sont encore
insuffisamment répandues. Les indicateurs chiffrés font défaut et les questions budgétaires
liées à la transition écologique ne font pas l’objet d’un bilan régulier. Même si l’on relève une
évolution notable depuis 2022, ces établissements participent encore trop peu aux classements
internationaux correspondants, alors que la politique de transition écologique peut favoriser
leur rayonnement. Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) a
adopté en novembre 2022 son plan climat-biodiversité. S’il a passé des contrats d’objectifs, de
moyens et de performance (COMP) avec une partie des établissements, il ne dispose pas des
outils nécessaires pour connaître leur situation en matière de développement durable et
évaluer la mise en
œ
uvre des dispositions de son plan. Malgré la multiplicité des acteurs traitant
de la transition écologique dans l’enseignement supérieur, aucune instance ne coordonne leurs
actions.
La formation : une prise de conscience incontestable, une ambition à concrétiser
Les actions de sensibilisation des établissements sont multiples et diversifiées. À la suite de la
publication en 2022 d’un rapport
portant sur la sensibilisation aux enjeux de la transition
écologique dans le supérieur, certains établissements ont intégré dans le tronc commun
obligatoire du premier cycle, des modules traitant de ces enjeux. Le nombre de formations
diplômantes consacrées à la transition écologique augmente et des actions se développent
pour réfléchir à leur contenu. La formation continue est trop restreinte pour les personnels
administratifs, les enseignants et les doctorants. Pour les faire évoluer, des référentiels adaptés
sur les compétences attendues existent déjà, comme par exemple le
Greencomp
au niveau
européen. Mais il est indispensable qu’une dynamique d’adaptation des méthodes
d’enseignement à la transition écologique puisse se développer. Les enseignants doivent donc
être convaincus de cette nécessité et se sentir impliqués dans cette évolution. C’est le rôle des
ingénieurs pédagogiques ou de formation, dont la fonction mériterait d’être développée.
L’impact écologique des activités de recherche : un pilotage et une évaluation à renforcer
La recherche orientée vers la transition écologique est en plein développement et son contenu
fait appel à la programmation de l’Agence nationale de la recherche (ANR) et de France 2030.
Elle constitue un enjeu important pour les établissements d’enseignement supérieur, qui
n’élaborent pas toujours de stratégie cohérente en ce sens. Les activités de recherche ont un
impact propre en matière d’émissions de GES, dont l’usage des bâtiments ou des équipements
de recherche constituent les composantes les plus importantes. Certains chercheurs du
Groupement de recherche de Labos 1Point5 ont ainsi conçu un outil pour mesurer les
émissions de GES au niveau des laboratoires, qui pourra bénéficier à l’ensemble des
établissements. Dans son processus d’évaluation des unités de recherche, le Haut Conseil de
l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) a introduit un critère
« développement durable » dès 2018. Il l’a étoffé depuis, mais sa portée commence seulement
à se concrétiser. Ce critère mérite en outre d’être complété par un examen systématique de la
réalisation d’un bilan d’émissions de GES et d’un plan d’action « développement durable ».
La gestion des établissements et des campus
Le contexte inflationniste depuis 2022 a révélé la fragilité des établissements vis-à-vis de leur
consommation d’énergie. À l’automne 2022, le Gouvernement leur a demandé d’établir un
programme de sobriété. Une feuille de route nationale prévoit l’intégration des objectifs de
performance énergétique dans les schémas pluriannuels de stratégie immobilière (SPSI). Mais
ces schémas n’existent pas ou, lorsque c’est le cas, ne sont pas mis à jour. Ni la direction de
l’immobilier de l’État, ni le MESR n’ont élaboré, pour les opérateurs de l’enseignement
supérieur et de la recherche (ESR), une stratégie de rénovation globale du patrimoine
immobilier universitaire. Les financements - privilégiant souvent la rapidité de mise en
œ
uvre
plus que la performance écologique - aboutissent à exclure les travaux lourds de rénovation.
Aussi, les établissements adoptent de manière inégale diverses mesures de gestion des campus
en matière de transition écologique. Des mesures sont prises pour l’adaptation au changement
climatique et la protection de la biodiversité, mais sans vraie cohérence d’ensemble. Il manque
ainsi, au niveau des établissements comme du ministère, un pilotage à partir d’indicateurs et
une programmation pluriannuelle des financements.
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