COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le 25 novembre 2021
RAPPORT PUBLIC THEMATIQUE
LA PRÉVENTION DE LA PERTE D’AUTONOMIE DES
PERSONNES ÂGÉES
Malgré une production abondante de travaux parlementaires, de recherche et de rapports
administratifs publiés au cours de cette dernière décennie, la prévention de la perte
d’autonomie occupe toujours une place marginale dans les politiques publiques. Alors que
les constats et les actions pour mener une prévention efficace font largement consensus, la
Cour a cherché à identifier les points de blocage, et à suggérer des leviers de progrès
opérationnels qui permettraient d’améliorer la vie d’un quart de la population française –
près d’un tiers demain. L’enquête publiée ce jour se situe en amont de la perte d’autonomie,
sur le terrain de la prévention, et formule six recommandations.
Le cas français : vivre plus vieux, mais pas forcément en meilleure santé
La France connaît un vieillissement de sa population semblable à celui des autres pays de
l’OCDE – phénomène qui va tendre à s’accélérer avec les nombreuses classes du
baby boom
,
désormais en âge d’être concernées par la perte d’autonomie (au-delà de 85 ans). Si la France
comptait 100 centenaires en 1900, et 1 120 en 1970, ils sont actuellement 26 300, et
approcheront les 200 000 en 2060. Compte tenu de cette évolution démographique, la
prévention de la perte d’autonomie est indispensable. En France, l’espérance de vie de 65 ans
est certes plus élevée que dans les autres pays européens, mais les années de vie en bonne
santé ne représentent que la moitié de cette durée – un constat qui se révèle plus négatif que
dans onze pays européens.
Une marge d’amélioration reste donc importante, car bien qu’elle
augmente statistiquement avec l’âge, la perte d’autonomie n’est pas la conséquence
inéluctable du vieillissement. Par ailleurs, au-delà du bénéfice individuel et collectif pour les
personnes concernées, la Cour a calculé qu’un gain d’un an d’espérance de vie sans incapacité
représenterait une économie de près d’1,5 Md
€
dans les dépenses de l’assurance maladie.
La dispersion des intervenants réduit les effets d’une politique pourtant consensuelle sur le
fond
Les acteurs participant à la prise en charge de la prévention de la perte d’autonomie sont
particulièrement nombreux : conseils départementaux
,
caisses de retraite, agences régionales
de santé, caisses primaires d’assurance maladie, Agence nationale de l’habitat, communes et
établissements de coopération intercommunale, conseils régionaux, bailleurs sociaux,
mutuelles, associations… Un début de restructuration et de rapprochement entre organismes
a certes eu lieu, mais l’ensemble reste foisonnant et complexe sur le plan administratif. Cette
multiplicité d’interlocuteurs expose les usagers à un risque bien réel de découragement. Le
contenu des politiques de prévention fait pourtant l’objet d’un large consensus : une
prévention mise en
œ
uvre à partir de 40-45 ans, son renforcement au moment du départ en
retraite, la promotion de l’importance de pratiquer une activité physique, ou encore le
maintien à domicile grâce à l’adaptation du logement. La Cour observe également que la
prévention des chutes de personnes âgées (causant chaque année plus de 10 000 décès de
personnes âgées) reste en France un axe de prévention relativement négligé. Deux autres
domaines n’ont, à ce stade, esquissé qu’une faible prise de conscience : la lutte contre
l’isolement des personnes âgées, générateur de perte d’autonomie, ainsi que la sensibilisation
des professionnels de santé au dépistage des pathologies du grand âge et aux techniques de
maintien des capacités fonctionnelles.
Mieux structurer la prévention
L’offre de prévention reste donc dispersée et inégalitaire. Pour la renforcer, la Cour préconise
de construire une offre graduée, dont un premier niveau consisterait à livrer des informations
générales par le biais de campagnes de communication grand public, à mieux articuler
l’information nationale et celle des collectivités territoriales, et également à créer une
plateforme téléphonique d’information. Un deuxième niveau développerait une politique plus
ciblée, prévoyant notamment des visites à domicile réalisées par des professionnels formés
aux problématiques de prévention, pour les personnes âgées qui en feraient la demande.
Enfin, un troisième niveau serait réservé aux plus précaires et aux personnes isolées, avec des
plans d’aide déployés par l’action sociale des caisses de retraite. En parallèle, la Cour suggère
d’amplifier l’adaptation des logements, tout en simplifiant les aides et en uniformisant les
procédures. Elle recommande également au ministère des Solidarités et de la Santé de définir
un objectif de santé publique ambitieux, destiné à réduire les chutes et les décès. Dans cet
objectif, les agences régionales de santé seraient dotées d’outils tel qu’un recueil statistique
systématique des chutes.
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