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COMMUNIQUE DE PRESSE
Le 29 juin 2016
FINANCES ET COMPTES PUBLICS
LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES
DES FINANCES PUBLIQUES
La Cour des comptes rend public son rapport annuel sur la situation et les perspectives
des finances publiques. En 2015, le déficit public s’est réduit de 0,4 point de PIB mais il reste élevé,
à 3,6 % du PIB et la situation des finances publiques en France est plus dégradée que celle de
nombreux pays européens.
Pour 2016, la prévision de déficit public (3,3 %) est atteignable, en dépit de fortes tensions
sur les dépenses de l’État. Cette réduction modeste ne permettra toujours pas de faire diminuer
le poids de la dette dans le PIB.
Les objectifs de déficit retenus pour 2017 à 2019, supposent une maîtrise sans précédent
des dépenses publiques, alors qu’aucune indication n’est donnée sur les réformes à mettre
en oeuvre pour l’atteindre et qu’à l’inverse de nombreuses décisions récentes vont conduire
à des dépenses supplémentaires importantes.
Une reprise du mouvement de réduction du déficit public en 2015
Pour la première fois depuis 2003, les collectivités locales ont dégagé en 2015 une capacité de financement
au sens de la comptabilité nationale. Ce solde positif repose sur un net ralentissement des dépenses de
fonctionnement et sur la diminution marquée des dépenses d’investissement, pour la deuxième année
consécutive.
Le solde des administrations de sécurité sociale s’est également amélioré en 2015. Cette amélioration est
notamment imputable au régime général, dont la réduction des déficits a été plus forte que prévu. En
revanche, le déficit de l’État n’a que légèrement reflué : les allégements des prélèvements obligatoires ont
légèrement amputé les recettes, tandis que les dépenses ont augmenté de 2,1 Md€ par rapport à la norme
de dépenses en valeur (hors dette et pensions) votée en loi de finances initiale.
Des comptes publics qui restent toujours plus dégradés que dans la moyenne
de l’Union européenne
La France présente une situation de ses finances publiques dégradée, avec un déficit effectif et structurel
supérieur à ceux de la quasi-totalité des pays européens. Seuls la Grèce, l’Espagne, le Portugal et le
Royaume-Uni conservent des déficits supérieurs. Entre 2010 et 2015, la dépense publique en volume a
continué d’augmenter davantage que dans la plupart des autres pays européens. L’endettement a poursuivi
sa progression contrairement non seulement à l’Allemagne mais aussi désormais à la majorité des pays
européens.
Les « économies » en dépenses : un effort réel mais nettement inférieur à celui affiché
pour 2015
Le Gouvernement a annoncé un programme d’économies de 50 Md€, entre 2015 et
2017, calculé par
rapport à la croissance tendancielle des dépenses. Les hypothèses qu’il a retenues conduisent à une
évaluation plutôt élevée de celle-ci, ce qui majore d’autant les économies affichées. La Cour estime que
l’effort d’économies réalisé en 2015 (12 Md€), réel, est sensiblement inférieur à celui affiché par le
Gouvernement (18,1 Md€).
Pour cette même année, l’effort structurel en dépenses réalisé est inférieur d’environ 0,3 point de PIB à celui
qui aurait été nécessaire pour assurer sur le moyen terme la consolidation de nos finances publiques.
Un objectif 2016 de réduction du déficit public modeste et atteignable,
des tensions très fortes sur les dépenses de l’Etat
Le programme de stabilité d’avril 2016 retient une prévision de déficit de 3,3 % pour 2016, en amélioration
de seulement 0,3 point de PIB par rapport au résultat de 2015, alors même qu’une élévation du rythme de
croissance est anticipée. Cet objectif global est atteignable mais il ne permettra toujours pas de faire baisser
le poids de la dette publique dans le PIB. Si les prévisions de recettes des administrations publiques ne sont
pas affectées de risques significatifs, des tensions particulièrement fortes existent sur les dépenses de l’État
et compromettent le respect de la norme. Les risques de dépassement estimés – entre 3,2 et 6,4 Md€ –
sont nettement plus élevés que les années précédentes sous l’effet en particulier de la progression de la
masse salariale, cependant que les mesures de gel puis d’annulation de crédits atteignent leurs limites. Le
respect de l’objectif de déficit exige une gestion très stricte de crédits ouverts et ne laisse aucune place à
des décisions nouvelles en dépenses.
Les perspectives de 2017 à 2019 affectées de fragilités majeures
La trajectoire de solde structurel retenue dans le programme de stabilité d’avril pour 2017 à 2019 repose sur
une hypothèse de croissance potentielle revue à la hausse par le Gouvernement et qui s’écarte des
évaluations des organisations internationales. Ce choix conduit à sous-estimer le déficit structurel et donc
les efforts à faire pour restaurer sur le moyen terme la situation des finances publiques.
L’atteinte de l’objectif de déficit visé pour 2019 suppose par ailleurs une réduction inédite de la dépense
publique en volume, hors charge d'intérêts. Or le programme de stabilité ne fournit aucune indication sur les
réformes nécessaires pour atteindre cet objectif. À l’inverse, la hausse programmée des dépenses militaires,
les mesures annoncées concernant l'emploi, celles en faveur des jeunes, la modération de l’effort demandé
aux communes et intercommunalités, la hausse du point de la fonction publique et les revalorisations
annoncées des carrières de certains fonctionnaires vont pousser les dépenses à la hausse, à hauteur
d’environ 0,3 point de PIB en 2017. L’objectif de réduction à 2,7 % du déficit en 2017 a, sur la base des
décisions connues aujourd’hui, un risque élevé de ne pas être atteint.
L’apport des nouvelles règles européennes à la gouvernance des finances publiques
Les pays européens ont répondu de façon diverse aux obligations européennes visant à renforcer la
gouvernance des finances publiques. En France, comme dans la plupart des pays, elles ont contribué à
renforcer la transparence des choix de politique budgétaire et la qualité des prévisions macro-économiques.
L’élaboration du programme de stabilité annuel qui est un élément clé du dialogue avec l’Union européenne
ne donne toutefois lieu qu’à un examen limité tant de la part du Parlement que du Haut Conseil des finances
publiques. La référence au solde structurel, pertinente dans son principe mais mal aisée à mettre en oeuvre,
gagnerait à être complétée par la fixation en loi de finances d’un objectif de dépenses couvrant toutes les
administrations publiques.
Lire le rapport
CONTACTS PRESSE :
Ted Marx
Directeur de la communication
T
01 42 98 55 62
tmarx@ccomptes.fr
Denis Gettliffe
Responsable des relations presse
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dgettliffe@ccomptes.fr
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