C
OUR DES
C
OMPTES
Sciences Po :
une forte ambition,
une gestion défaillante
Avertissement
Synthèse
du
Rapport public thématique
C
ette synthèse est destinée à faciliter la lecture et
l’utilisation du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations et des organismes
concernés figurent à la suite du rapport.
Novembre 2012
Introduction
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
1
Une architecture institutionnelle atypique.
. . . . . . . . .7
2
Un développement rapide et des innovations
nombreuses, mais à un coût élevé . . . . . . . . . . . . . . . .9
3
Une gestion marquée par de nombreuses anomalies
13
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
Recommandations
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
3
Sommaire
S
ciences Po est le nom générique d’un ensemble institutionnel constitué de la Fondation
nationale des sciences politiques (FNSP) et de l’Institut d’études politiques de Paris
(IEP). Depuis dix ans, cet établissement sélectif a fortement évolué, en mettant en
oeuvre une stratégie de développement fondée notamment sur l’accroissement du nombre d’étu-
diants, la diversification de leur mode de recrutement, l’ouverture internationale des parcours de
formation et le développement des activités de recherche.
Sciences Po occupe aujourd’hui une position particulière dans le paysage de l’enseignement
supérieur. Dans le champ de la formation initiale, il peut être considéré comme une alternative
aux grandes écoles, avec lesquelles il partage son modèle de sélection à l’entrée et de pédagogie
en petits groupes. Dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales, l’établisse-
ment poursuit par ailleurs les mêmes objectifs que les universités.
Sciences Po a bénéficié des avantages liés à son statut original, qui lui a permis d’être un
lieu d’innovation et d’expérimentation, et de développer ses implantations au coeur de Paris. Il
a dans ce cadre reçu le soutien financier constant de l’Etat, qui a en effet toujours financé majo-
ritairement cette institution tout en acceptant qu’elle s’écarte du régime de droit commun des
frais de scolarité applicable à l’ensemble de l’enseignement supérieur. Les collectivités territo-
riales concernées ont par ailleurs, apporté leur soutien au développement des campus en région.
C’est dans ce contexte que la Cour a inscrit à son programme le contrôle de Sciences Po
pour la période 2005-2010.
Ce contrôle a mis en évidence le dynamisme de l’institution, mais a également révélé une
insuffisante maîtrise des dépenses et des lacunes importantes dans sa gestion, qui sont à l’ori-
gine de nombreuses irrégularités.
Ces constats appellent la mise en oeuvre rapide de réformes visant à mettre fin aux irré-
gularités constatées, à rendre la gestion de l’établissement plus transparente et à permettre une
meilleure maîtrise de son budget.
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
5
Introduction
1
Une architecture
institutionnelle atypique
Une organisation
singulière et
complexe
Sciences Po est constitué de deux
personnes morales distinctes, un orga-
nisme de droit privé, la Fondation
nationale des sciences politiques
(FNSP), et l’autre de droit public,
l’Institut d’études politiques de Paris
(IEP).
La FNSP, dont l’objet est de
« favoriser le progrès et la diffusion, en
France et à l’étranger, des sciences
politiques, économiques et sociales »,
assure des activités de recherche et de
documentation, alors que les activités
d’enseignement de Sciences Po relè-
vent de l’IEP.
La création de ces deux entités et
le choix de confier à la FNSP la ges-
tion administrative et financière de
l’IEP
résultent
d’un
compromis
adopté en 1945 entre les représentants
de l’Etat et ceux de l’Ecole libre des
sciences politiques : les premiers sou-
haitaient intégrer la formation des
futurs hauts fonctionnaires dans le
service public de l’éducation, alors que
les seconds étaient avant tout soucieux
de garantir, tant vis-à-vis de l’Etat que
de l’Université de Paris, la plus grande
autonomie possible de gestion de l’ins-
titution qui devait succéder à l’Ecole
libre des sciences politiques.
Cette construction a permis de
préserver la liberté dont bénéficie
Sciences Po, qui se traduit aujourd’hui
par la libre définition de son projet
pédagogique, la propriété de ses biens
immobiliers et le statut de ses person-
nels, recrutés en majorité sous contrat
de droit privé directement par la fon-
dation. Elle a également permis l’in-
sertion de Sciences Po dans le service
public de l’éducation puisque l’IEP,
grand établissement depuis 1985, est
un établissement public à caractère
scientifique, culturel et professionnel
relevant du ministère de l’enseigne-
ment supérieur et de la recherche : il
peut, à ce titre, délivrer des diplômes
Cour des comptes
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
7
Une architecture institutionnelle
atypique
8
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
nationaux et dispose d’un budget
financé par l’Etat et de professeurs
relevant des corps des enseignants-
chercheurs des universités qui lui sont
affectés.
Dans ce contexte, la gestion
administrative et financière de l’IEP
par la FNSP aboutit à une situation
inhabituelle : bien qu’il soit un établis-
sement public, l’IEP n’a pas de budget
propre ni de personnels à gérer,
puisque ces fonctions sont assurées
par la FNSP.
Une organisation
source de
dysfonctionnement
Cette organisation complexe
entraîne des difficultés de pilotage,
que ne parviennent pas à surmonter
une gouvernance atypique et des
modalités de coordination insuffisam-
ment efficaces.
La FNSP est gérée par un conseil
d’administration saisi de toutes les
questions relatives à la gestion de la
fondation. L’IEP est administré par un
conseil de direction, compétent pour
les questions relatives aux activités
d’enseignement : il comprend égale-
ment une commission paritaire, un
conseil scientifique et un conseil com-
posé
des
enseignants-chercheurs
affectés à l’établissement.
La coordination entre les deux
structures et leurs instances est simpli-
fiée par le fait que les fonctions d’ad-
ministrateur de la fondation et de
directeur de l’IEP ont été traditionnel-
lement confiées à la même personne.
Une insuffisance des méca-
nismes de contrôle, tant externes
qu’internes, résulte en grande partie de
cette situation. Cette situation se
caractérise également par l’absence de
représentants du ministère de l’ensei-
gnement supérieur et de la recherche
au sein du conseil d’administration de
la FNSP, alors même que ce ministère
est le principal financeur de la fonda-
tion, ce qui apparaît difficilement
compréhensible.
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
Cour des comptes
9
2
Un développement rapide
et des innovations
nombreuses, mais à un
coût élevé
Un établissement
sélectif qui a
beaucoup évolué en
dix ans
Etablissement autonome et sélec-
tif, dont la vocation est « d’assurer une
formation initiale et continue en
sciences sociales visant à la compréhen-
sion
du
monde
contemporain »,
Sciences Po a beaucoup évolué au cours
des dix dernières années.
Entre 2005 et 2010, l’établisse-
ment a poursuivi la stratégie de crois-
sance entamée au début des années
2000. Le nombre d’étudiants, notam-
ment d’étudiants étrangers, a fortement
augmenté, ce qui a conduit à une inter-
nationalisation croissante des cursus. En
2010-2011, l’établissement compte ainsi
plus de 10 000 étudiants (8 539 étudiants
inscrits en formation initiale et 1 471
étudiants en échange) - dont 35 % d’étu-
diants étrangers et 7 % de binationaux -
contre 5 570 en 2004-2005.
Une politique de développement
de campus régionaux a été poursuivie,
avec la création de trois nouveaux cam-
pus à Menton, Le Havre et Reims, qui
sont venus s’ajouter aux campus déjà
existants de Nancy, Dijon et Poitiers.
Cet essor n’a pas remis en cause la pré-
dominance du campus de Paris, Sciences
Po ayant simultanément augmenté son
implantation
immobilière
dans
le
VII ème arrondissement.
L’établissement a également conti-
nué la politique de diversification sociale
de son corps étudiant entamée depuis le
lancement de « conventions éducation
prioritaire » en 2001, qui ont bénéficié à
860 étudiants en dix ans. La part d’élèves
boursiers a progressé depuis 2005, mais
elle
n’a pas atteint l’objectif de 30 %
des effectifs fixé au contrat quadrien-
nal.
Face aux évolutions de l’ensei-
gnement supérieur et de la recherche,
Sciences Po a souhaité faire de la
Un développement rapide et des
innovations nombreuses, mais à
un coût élevé
10
recherche un axe stratégique majeur de
son développement. Cette activité a en
effet longtemps été desservie par le
modèle pédagogique de l’institution et
les caractéristiques particulières de son
organisation. En 2010-2011, 93 % des
heures de cours délivrées à l’IEP
étaient assurées par plus de 3 000
enseignants vacataires n’ayant aucune
activité de recherche. Face à l’impact
grandissant des classements universi-
taires internationaux, largement fon-
dés sur le niveau de la recherche,
Sciences Po a souhaité renforcer son
corps académique permanent : entre
2005 et 2010, le nombre d’enseignants
et de chercheurs fonctionnaires a peu
varié (environ 90 enseignants-cher-
cheurs et 53 chercheurs du CNRS),
mais Sciences Po a en revanche
recruté une cinquantaine d’ensei-
gnants et de chercheurs supplémen-
taires sous contrat de droit privé. En
peu de temps, l’établissement a ainsi
créé un département d’économie et un
département de droit.
Enfin, Sciences Po est membre du
pôle de recherche et d’enseignement
supérieur « Sorbonne Paris Cité » et, à ce
titre, participe au projet d’initiative d’ex-
cellence (Idex) qu’il a contribué à élabo-
rer en 2011 dans le cadre du programme
des investissements d’avenir. Cette
orientation
apparaît
toutefois
aujourd’hui ambiguë, en raison de la
contradiction entre l’objectif d’une gou-
vernance unifiée qui est inscrit dans ce
projet d’Idex et la volonté des dirigeants
de Sciences Po de préserver le statut et
l’organisation de leur institution.
Des dépenses qui
doivent être
maîtrisées
Le coût d’un étudiant à Sciences
Po est supérieur à celui d’un étudiant en
université en raison de différents fac-
teurs : l’importance du taux d’encadre-
ment administratif, les modalités coû-
teuses de rémunération des salariés et
des enseignants-chercheurs et l’implan-
tation
des surfaces d’accueil en plein
cœur de Paris.
En conséquence, l’augmentation
du nombre d’étudiants entre 2005 et
2010 a entraîné une forte progression
Un développement rapide et des
innovations nombreuses, mais à
un coût élevé
11
des charges : le budget de la FNSP a crû
de 78,7 M€ à 127,1 M€. La masse sala-
riale, notamment, qui représente 59 %
du budget de fonctionnement de
Sciences Po, a augmenté de façon
importante.
Ce développement de Sciences Po
a été essentiellement financé par l’aug-
mentation de la dotation publique et des
droits d’inscription. La subvention ver-
sée à la FNSP par le ministère de l’ensei-
gnement supérieur et de la recherche est
ainsi passée de 47,7 M€ en 2005 à
63,6 M€ en 2010, soit une hausse de
près d’un tiers, à laquelle s’ajoute pour
l’Etat la charge de la rémunération des
enseignants-chercheurs fonctionnaires
affectés
à l’IEP (11 M€ en 2010).
Durant la même période, le produit
des droits d’inscription a progressé de
9,9 M€ à 27,9 M€. Pour l’année univer-
sitaire 2012-2013, le barème des droits
peut ainsi s’élever jusqu’à 9 800 € pour
le col
lège universitaire et à 13 500 €
pour le master, en fonction du revenu
des familles des étudiants.
Par ailleurs, la politique d’investis-
sement, notamment en matière immobi-
lière, a été financée par emprunts, le
niveau d’endettement de la fondation
s’établissant à plus de 53 M€ au 31
décembre 2010, montant qui entre dans
la dette publique.
Dans ce contexte, la relation
contractuelle entre l’Etat et Sciences Po
n’a pas précisé le projet à moyen terme
de l’établissement : elle n’est pas parve-
nue, sous la forme d’objectifs explicites
et partagés, ni à fixer son dimensionne-
ment souhaité, ni à définir le nombre
d’étudiants devant être accueillis, ni
a for-
tiori
à déterminer un plafonnement des
moyens susceptibles d’être alloués. En
outre, le financement de Sciences Po par
l’Etat a été jusqu’à présent insuffisam-
ment assorti de contreparties et d’exi-
gences en matière de maîtrise et de suivi
des dépenses. Le financement de
Sciences Po par l’Etat doit donc désor-
mais être stabilisé, et il est nécessaire que
les contrats qui porteront sur les années
à venir renforcent les outils de suivi et
les indicateurs d’appréciation de l’effi-
cience de l’établissement. En outre,
comme pour tout opérateur de politique
publique, un plafond d’emplois et un
plafond de masse salariale doivent être
notifiés annuellement à Sciences Po, en
Un développement rapide et des
innovations nombreuses, mais à
un coût élevé
même temps que sa dotation globale de
fonctionnement, de façon à stabiliser la
masse salariale.
La stratégie de financement de
Sciences Po doit enfin prendre en
compte
le
fait
que
la
loi
du
28 décembre 2010 de programmation
des finances publiques interdit désor-
mais aux organismes divers d’adminis-
tration centrale, au nombre desquels se
trouve la FNSP, de contracter auprès des
établissements de crédit des emprunts
dont le terme est supérieur à 12 mois.
Dans cette perspective, et alors qu’il
n’existe aujourd’hui aucune informa
tion
de l’Etat sur les prévisions financières
de Sciences Po, un plan de finance-
ment pluriannuel rigoureux doit être
défini, en accord avec le ministère de
l’enseignement supérieur et de la
recherche.
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
12
3
Une gestion marquée par
de nombreuses anomalies
Les anomalies relevées au cours du
contrôle de la Cour sont constituées à la
fois de défaillances dans la gestion et
d’irrégularités récurrentes.
Des défaillances
dans la gestion de
l’établissement
Le contrôle de la Cour, qui a porté
sur les années 2005 à 2010, a mis en
lumière, sur cette période de temps rela-
tivement réduite, des défaillances nom-
breuses dans la gestion matérielle et
financière de l’établissement.
Parmi celles-ci, il convient de rele-
ver particulièrement :
- l’absence de respect de l’ordon-
nance du 6 juin 2005 relative aux mar-
chés passés par certaines personnes
publics ou privées non soumises au
code des marchés publics ;
- la souscription d’un emprunt
structuré potentiellement risqué pour
l’institution, sans autorisation préalable
du conseil d’administration et sans
information des autorités ministérielles ;
- le développement d’un système
opaque de rémunération des salariés de
la fondation ;
- des irrégularités multiples et
récurrentes dans l’exécution et le suivi
du service des enseignants-chercheurs ;
- des dysfonctionnements dans la
gestion et la déclaration des logements
de fonction ;
- l’instauration d’un système de
rémunération de l’administrateur de la
FNSP-directeur de l’IEP non maîtrisé et
dénué de toute transparence vis-à-vis
des organes délibérants de l’institution
et de l’Etat ;
- le financement sur les ressources
de Sciences Po d’une mission dénom-
mée « Lycée pour tous », confiée
intuitu
personae
à l’administrateur, sans approba-
tion du conseil d’administration de la
fondation.
Cour des comptes
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
13
Des irrégularités
récurrentes
Les irrégularités constatées par la
Cour se sont le plus souvent produites
de façon récurrente. Ainsi, de nom-
breuses irrégularités ont accompagné la
stratégie d’attractivité mise en place par
Sciences Po dans le cadre de sa politique
de
recrutement
d’enseignants-cher-
cheurs, par exemple en ce qui concerne
le suivi de leur service ou la gestion des
logements de fonction. De même, les
conditions de rémunération des cadres
dirigeants et de l’administrateur se sont
placées continûment en dehors du cadre
législatif et réglementaire applicable.
Le caractère fréquemment répété
des irrégularités observées résulte de la
faiblesse des contrôles interne et
externe.
La troisième chambre de la Cour
des comptes, qui a effectué les contrôles
dont il est rendu compte dans le rapport
public, a décidé de saisir la Cour de dis-
cipline budgétaire et financière de cer-
tains faits constatés et a transmis le dos-
sier au parquet général à cette fin.
En ce qui concerne le contrôle
interne, les instances délibérantes de
Sciences Po n’ont pas joué leur rôle de
surveillance des décisions prises par
l’exécutif : les défaillances constatées
dans la gestion de l’établissement souli-
gnent le défaut de vigilance du conseil
d’administration de la FNSP et du
conseil de direction de l’IEP.
En ce qui concerne le contrôle
externe, il apparaît que l’Etat, principal
financeur de Sciences Po, ne dispose pas
d’une capacité de suivi suffisante de l’ac-
tivité de ce grand établissement. La
composition du conseil d’administration
de la fondation doit être modifiée pour
permettre la présence de représentants
du ministère de l’enseignement supé-
rieur et de la recherche et de la direction
du budget. La mise en place d’un
contrôle
économique
et
financier
devrait également être envisagée. La
remise en ordre nécessaire de la gestion
doit enfin s’accompagner d’une clarifi-
cation des règles applicables à la FNSP
et à l’IEP, afin d’éviter que ces dysfonc-
tionnements ne se reproduisent.
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
Une gestion marquée par de
nombreuses anomalies
14
15
Synthèse
du Rapport public
thématique de la
Cour des comptes
Conclusion
E
n dix ans, Sciences Po a montré sa capacité d’adaptation aux évolutions de l’enseigne-
ment supérieur et de la recherche. Disposant par son statut particulier d’une complète
autonomie de gestion, l’institution s’est fortement développée tout en conservant son
modèle pédagogique original.
Sciences Po s’est montrée dynamique dans la recherche de ressources propres, mais a aussi été
favorisé dans l’attribution de la subvention de l’Etat. Dans le contexte budgétaire actuel, la singu-
larité et la pérennité de l’institution ne pourront être préservées que si des réformes sont mises en
oeuvre pour en augmenter l’efficience.
La Cour invite dès lors l’Etat et Sciences Po à prendre les mesures nécessaires pour assurer
une réelle transparence dans la gestion de l’établissement et pour renforcer la cohérence de son pilo-
tage opérationnel et de sa gouvernance.
Recommandations
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
En premier lieu, pour mettre
fin aux irrégularités constatées
dans la gestion de l’établissement,
la Cour recommande à Sciences Po
de :
1) supprimer les cumuls de
décharges et d’heures complémen-
taires pour les enseignants sous statut
public ;
2. supprimer les cumuls de
décharges et de primes pour une
même fonction ;
3) supprimer
les
décharges
supérieures aux deux tiers du service
d’enseignement ;
4) supprimer le système irrégu-
lier de coefficients de pondération des
cours et le remplacer par un référentiel
d’équivalences horaires conforme au
référentiel national adopté par l’arrêté
du 31 juillet 2009 ;
5)
soumettre au conseil d’admi-
nistration de la FNSP les attributions
de logement de fonction et les suppri-
mer pour les cadres dirigeants et les
enseignants-chercheurs permanents ;
6)
se conformer à l’ordonnance
du 6 juin 2005 relative aux marchés
passés
par
certaines
personnes
publiques ou privées non soumises au
code des marchés publics.
En
deuxième
lieu,
pour
consolider les résultats financiers
de l’établissement et mettre en
place une politique rigoureuse de
maîtrise des dépenses, notamment
de la masse salariale, la Cour
recommande à l’Etat :
7)
d’élaborer un contrat d’objec-
tifs précis et intégrant des indicateurs
d’efficacité et d’efficience ;
8)
de notifier des plafonds d’em-
plois et de masse salariale en même
temps que la dotation globale de fonc-
tionnement.
Pour atteindre cet objectif, la
Cour recommande à Sciences Po
de :
9) soumettre annuellement au
conseil d’administration de la FNSP
une stratégie de financement plurian-
nuel de l’ensemble de ses activités,
reposant sur un objectif d’évolution
de ses charges compatible avec la sta-
bilisation de la dotation publique.
16
Recommandations
Synthèse
du Rapport public
thématique de la
Cour des comptes
En troisième lieu, afin d’insti-
tuer un système plus transparent
de rémunération des salariés de la
FNSP, la Cour recommande à
Sciences Po de :
10) clarifier les modalités d’attri-
bution des primes mensuelles et des
primes exceptionnelles ;
11) soumettre une nouvelle grille
salariale au conseil d’administration de
la FNSP, et les décisions prises par
l’administrateur en matière de rémuné-
ration des enseignants chercheurs au
conseil de l’article 7 ;
12) fixer le montant de la rému-
nération des cadres dirigeants en se
référant aux pratiques des établisse-
ments d’enseignement supérieur com-
parables et en mettant en place un sys-
tème d’évaluations écrites fondé sur
une appréciation détaillée des perfor-
mances au regard des objectifs fixés ;
13) faire voter annuellement par
le conseil d’administration de la
Fondation le montant de l’enveloppe
de primes allouées aux cadres diri-
geants.
En quatrième lieu, afin d’en-
gager les réformes législatives et
réglementaires nécessaires pour
assurer la transparence de gestion
de l’établissement et la bonne
information de l’Etat, la Cour
recommande à l’Etat et à Sciences
Po de
:
14) permettre le passage de
Sciences Po au régime des responsabi-
lités et compétences élargies (RCE) ;
15) modifier la composition du
conseil d’administration de la FNSP
en prévoyant la présence d’un repré-
sentant du ministère de l’économie et
des finances et d’un représentant du
ministère de l’enseignement supérieur
et de la recherche ;
16) limiter le nombre de mandats
du directeur et du président du conseil
de direction de l’IEP, ainsi que de l’ad-
ministrateur et du président du conseil
d’administration de la FNSP ;
17) préciser les modalités de
rémunération des dirigeants dans les
statuts de la Fondation, en respectant
les règles fixées dans le code général
des impôts ;
17
Recommandations
18
Synthèse
du Rapport public thématique de la
Cour des comptes
18) fixer le montant total de la
rémunération
de
l’administrateur
directeur en se référant aux pratiques
des établissements d’enseignement
supérieur comparables, la rémunéra-
tion du directeur de l’IEP étant déter-
minée par l’Etat.
La Cour recommande enfin à
Sciences Po de :
19) clarifier sa position quant à sa
participation à une gouvernance uni-
fiée au sein de l’Idex « Sorbonne Paris
Cité », condition essentielle de l’octroi
du financement de l’Idex.