Les investigations menées auprès du département de Maine-et-Loire, de la Maison départementale des personnes handicapées de Maine-et-Loire, de l’ARS Pays de la Loire, de l’association Adapei 49, de l’Ehpad Val de Moine à Cholet, du CHU d’Angers, du centre de santé mentale d’Angers (Cesame) et de l’établissement public médico-social de l’Anjou, ont permis d’enrichir le rapport public thématique, publié au niveau national, et d’établir un cahier territorial ciblé sur l’accompagnement de ces publics dans le département de Maine-et-Loire.
Un public encore méconnu
Bien qu’identifiée tôt comme prioritaire par l’ARS et le département de Maine-et-Loire, l’action publique en direction des personnes vieillissantes en situation de handicap est pénalisée par la méconnaissance du public concerné. 40 000 personnes de plus de 45 ans disposent d’un droit actif auprès de la maison départementale des personnes handicapées du Maine-et-Loire. Ce chiffre est cependant sous-estimé dans la mesure où l’extinction des droits liés à la compensation du handicap ou à l’activité professionnelle conduit à une disparition progressive des registres administratifs passé l’âge de soixante ans.
Dans le département de Maine-et-Loire, l’offre d’hébergement dédiée à ce public est encore limitée et pour l’essentiel installée au sein d’établissements pour personnes âgées.
L’Ehpad, alternative par défaut
Très souvent, l’avancée en âge des personnes en situation de handicap annonce une évolution de l’accompagnement et donc un changement de résidence. Rarement anticipée, l’évolution de ces parcours résidentiels peut être vécue difficilement et se traduit par des solutions par défaut peu satisfaisantes. En l’espèce, l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est l’alternative la plus fréquente aussi bien pour les personnes précédemment institutionnalisées que pour les usagers en provenance du domicile. Ce phénomène semble encore plus marqué dans le département de Maine-et-Loire.
Pour les usagers en provenance du domicile âgés de 55 ans ou plus, les urgences hospitalières sont la seule porte d’entrée immédiatement accessible. Les hospitalisations non justifiées médicalement mais prolongées par l’impossibilité d’un retour au domicile en raison d’un handicap se soldent, le plus souvent, par une admission en Ehpad.
Pour la tranche d’âge 55-70 ans, cette solution que constitue l’Ehpad ou même une structure dédiée associée à un Ehpad demeure souvent peu satisfaisante à de multiples égards. Si des alternatives se développent timidement avec les solutions inclusives, elles demeurent insuffisantes, temporaires et fragiles par construction comme par nature.
Des ruptures dans l’accompagnement majorées par le cloisonnement des trois politiques publiques concernées
Le cloisonnement des trois politiques publiques à savoir la santé, le handicap et le grand âge nuit à la fluidité comme à la cohérence des parcours. Des situations de ruptures s’observent tant dans les financements, non attachés aux parcours mais à la place pour le handicap puis au degré de dépendance pour la filière grand âge, que dans les organisations, la gouvernance ou les pratiques d’accompagnement.
Un accès aux soins facilité par quelques initiatives locales méconnues
Indépendamment de leur âge, les parcours de soins des personnes en situation de handicap peuvent être altérés pour diverses raisons. L’avancée en âge multipliant les besoins et la récurrence des rendez-vous sanitaires, cette complexité d’accès aux soins s’accentue donc au fil du vieillissement.
Les usagers accompagnés par un établissement de la filière handicap disposent d’un accès aux soins globalement privilégié en comparaison des personnes à domicile non accompagnées. Pour cette seconde catégorie de public, les difficultés sont nécessairement plus conséquentes et de tout ordre : absence d’accès à certains réseaux, méconnaissance des outils par les professionnels de santé les côtoyant, dépendance à l’implication et à la capacité des proches à assurer les aides logistiques et de coordination notamment. S’agissant plus spécifiquement des personnes hébergées en Ehpad ou en unité dédiée adossée à un Ehpad, l’accès aux soins apparaît fragile et très dépendant des réseaux noués avec les structures de soins comme de l’implication des proches dans cette démarche.
Quelques initiatives locales tentent d’atténuer les effets du cloisonnement entre les métiers du secteur sanitaire et du handicap comme la plateforme Handisanté proposée par le CHU d’Angers. Ce dispositif offre depuis 2021 une coordination des parcours de soins aux personnes en situation de handicap. Bien qu’ouvert à toute personne en situation de handicap, l’accès à Handisanté demeure en pratique dépendant de la connaissance de la plateforme par le public concerné.
Source : CRC, d’après témoignages recueillis auprès de l’ARS, des usagers, des professionnels d’établissements publics de santé et d’ESMS du département de Maine-et-Loire
cahier-territorial-PHV-PL-2023 - 13.09.2023 (PDF, 1 Mo)