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S2023-0430
13, rue Cambon
75100 PARIS CEDEX 01
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TROISIEME CHAMBRE
PREMIERE SECTION
OBSERVATIONS DÉFINITIVES
(Article R. 143-11 du code des juridictions financières)
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
Exercices 2014-2020
Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés, a été délibéré par la
Cour des comptes, le 27 mars 2023
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
2
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
..............................................................................................
2
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
4
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
7
1
PRÉ
SENTATION DE L’ECOLE
CENTRALE DE MARSEILLE
........................
8
1.1
Historique
: une grande école d’ingénieurs de création récente
.........................
8
1.2
Statut et missions : un établissement public à caractère scientifique,
culturel et professionnel (EPSCP)
......................................................................
8
1.2.1
Les diplômes délivrés par l’ECM
..............................................................
9
1.2.1.1
Le diplôme d’ingénieur de l’ECM
...........................................................................
9
1.2.1.2
Les masters
.............................................................................................................
10
1.2.1.3
Les doctorats
..........................................................................................................
10
1.2.1.4
Les diplômes d’établissement
.................................................................................
11
1.2.2
La recherche
............................................................................................
11
1.2.3
La formation continue
.............................................................................
11
1.2.4
Effectifs étudiants : les périmètres à géométrie variable des
données publiées par l’ECM
...................................................................
12
1.3
Gouvernance et organisation : des instances désormais conformes au
cadre juridique en vigueur
................................................................................
13
1.4
Partenariats et coopérations
..............................................................................
15
1.4.1
L’appartenance au Groupe des Écoles Centrales (GEC)
: un atout
indéniable mais assez peu mis en avant dans la communication de
l’ECM
......................................................................................................
15
1.4.2
La fin du partenariat historique avec la Chambre de commerce et
d’industri
e métropolitaine Aix-Marseille-Provence (CCIAMP)
.............
16
1.4.3
L’investissement de l’ECM dans la politique de site
..............................
17
1.4.3.1
La participation de l’ECM à A*Midex
...................................................................
17
1.4.3.2
La participation de l’ECM à l’association Aix
-Marseille-Provence-
Méditerranée (AMPM)
...........................................................................................
18
1.4.3.3
Autres partenariats
..................................................................................................
18
1.4.4
De réels points d’ancrage à l’international
..............................................
19
1.5
Implantation : héritage du passé, un campus «
très
vétuste
» désormais
propriété exclusive de l’État
; un établissement affectataire
............................
19
1.6
Le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) en 2014
.........
23
2
LA STRATEGIE DE L’ECM À L’EPREUVE DES FA
ITS
.................................
23
2.1
Le bilan contrasté d’une politique de croissance
« interne » (2012-2022)
......
23
2.1.1
Les orientations stratégiques affichées par l’EC
M dans sa
contractualisation avec l’État, de 2012 à 2022
........................................
23
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
3
2.1.2
Une offre de formation peu diversifiée sauf celle d’ingénieur
centralien
.................................................................................................
25
2.1.3
Un recrutement qui s’est peu diversifié et stagne depuis cinq ans
..........
26
2.1.4
Une recherche de qualité mais des points faibles qui subsistent
parmi lesquels la valorisation
..................................................................
29
2.1.5
Le développement des ressources propres : un objectif en passe
d’être atteint mais grâce au quadruplement des droits universitaires
......
31
2.1.6
Un engagement resté lettre morte
: l’absence préjudiciable de suivi
analytique des ressources
........................................................................
33
2.1.7
Une vocation internationale affirmée mais une École qui peine à
attirer des étudiants étrangers
..................................................................
34
2.1.8
Une Grande École qui place au cœur de son projet la responsabilité
sociétale
...................................................................................................
35
2.1.8.1
Le Labo Sociétal
.....................................................................................................
35
2.1.8.2
L’engagement en faveur du développement durable
..............................................
36
2.2
Le choix radical d’une croissance
« externe »
: de l’ECM à Centrale
Méditerranée
.....................................................................................................
37
2.2.1
La genèse du projet « Centrale Méditerranée »
.......................................
37
2.2.2
Une offre de formation inédite pour l’ECM
............................................
39
2.2.3
Deux campus et la perspective d’un «
doublement d’échelle à 10
ans
» pour l’ECM
....................................................................................
41
2.2.4
Un enjeu «
primordial
» pour l’ECM
: la question des classements
.......
42
2.2.4.1
Les classements internationaux
..............................................................................
43
3
DIAGNOSTIC FINANCIER
DE L’ECM ET POINTS
PARTICULIERS DE
GESTION
...............................................................................................................
44
3.1
Présentation des résultats de l’ECM, de 2016 à 2021, inclus
...........................
44
3.2
Structuration des
résultats et calcul de la capacité d’autofinancement
............
46
3.3
Une structure financière qui se dégrade depuis 2016
.......................................
49
3.4
La question cruciale de la soutenabilité financière du projet Centrale
Méditerranée : le risque de fuite en avant
........................................................
51
3.5
Gestion des ressources humaines
.....................................................................
57
3.5.1
Évolution des effectifs
.............................................................................
57
3.5.2
Évolution de la masse salariale
...............................................................
58
3.5.3
L’absence de suivi des heures complémentaires des personnels
enseignants
..............................................................................................
59
3.6.1
Procédure
.................................................................................................
60
3.6.2
Marchés passés directement par l’ECM sans publicité ni
mise en
concurrence
.............................................................................................
61
3.6.3
Marchés passés par Cinnov’ pour le compte de l’ECM
..........................
62
3.7
Carte affaires
....................................................................................................
64
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
4
SYNTHÈSE
Au 1
er
janvier 2022, l’École Centrale de Marseille (ECM), fondée en 2006
, bien
qu’héritière de plusieurs écoles d’ingénieurs
antérieures
, était l’une des 204 écoles
françaises
habilitées à délivrer un titre d’ingénieur diplômé. Membre du Groupe des Écoles Centrales
(GEC) qui, en France, comprend aussi CentraleSupélec et les Écoles Centrales de Lyon, Lille
et Nantes, elle est, pour l’essentiel, implantée sur le
campus du Technopole de Château-
Gombert, situé à l’extrême nord de la cité phocéenne, dans le 13
ème
arrondissement. De taille
modeste, l’École comprenait au
cours de l’année universitaire 2020/
2021
, un effectif d’environ
100 enseignants et chercheurs et 85 personnels administratifs (IATSS) et assimilés. Elle
accueille environ un millier d’étudiants,
qui visent pour
l’immense majorité son diplôme
d’ingénieur
.
L’ECM
, aussi appelée « Centrale Marseille », est un établissement public à caractère
scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) extérieur aux universités, dont la subvention
pour charge de service public (SCSP) est aujourd’hui de l’ordre de 15 M€
par an, et qui a accédé
le 1
er
janvier 2014 aux responsabilités et compétences élargies (RCE). En dehors du diplôme
d’ingénieur de l’
École Centrale de Marseille, elle propose, plusieurs masters en cohabilitation
avec Aix-Marseille-Université (AMU), des doctorats, via six écoles doctorales, ainsi que
quelques diplômes d’établissement
.
Même si elle met peu en avant son appartenance au réseau du GEC
, l’ECM a toujours
entendu concilier cette appartenance, support principal de son ancrage international, avec un
maillage dense de partenariats locaux, à commencer par une participation active à
l’association
Aix-Marseille-Provence-
Méditerranée (AMPM), en s’investissant notamment dans l’initiative
d’excellence A
*
Midex. L’ECM a aussi
renforcé son alliance avec divers établissements du site
comme l’IAE d’AMU ou encore
SciencesPo Aix, concrétisée par la délivrance de double-
diplômes. Sur la période 2014-2020
, l’ECM a cependant dû
compter avec la fin de son
partenariat historique avec la c
hambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix
-
Marseille-Provence (CCIAMP), intervenue en 2015, alors que la convention qui liait les deux
établissements, représentait
pour l’ECM
un financement de 2,8 M€ par an
, dont une
participation de 100
000 € à ses dépenses de fonctionnement.
L’ECM a adopté en juillet 2014, un Plan stratégique 2014
-2022, qui reprenait des
éléments du contrat pluriannuel 2012-
2017 signé avec l’
État en mars 2012, les axes ainsi définis
ayant été complétés dans le volet spécifique à
l’ECM
du contrat de site AMPM 2018-2022,
signé en juillet 2018 entre les membres de l’association et l’
État. À partir des orientations ainsi
dégagées, la stratégie de l’ECM se fixait l’
objectif, clair et partagé par toutes ses parties
prenantes (administrateurs, partenaires, enseignants, élèves et Alumni)
, d’intégrer d’ici 2022,
«
le top 14 des écoles d’ingénieurs en France.
»
En m
atière de formation, l’ECM a su mettre en place, dès 2013, une filière
d’apprentissage pour son cursus d’ingénieur centralien
, encore très minoritaire. De façon plus
générale, elle
s’est attachée à développer l’alternance,
y compris pour ses élèves sous statut
étudiant, revendiquant ainsi être «
la seule école de France à former ses futurs ingénieurs en
alternance, dès la première année et pour tous
». Même si son recrutement s’est peu diversifié
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
5
depuis 2014 et que l
es modes d’accès alternatif restent marginaux, l’
École a admis en 2019
deux étudiants par validation des acquis de l’expérience (VAE), et un en 2021 par une voie
nouvelle d’admission sur titre ouverte pour sélectionner des étudiants issus des IUT. Il n’en
demeure pas moins
que, depuis 2017, ses effectifs d’élèves ingénieurs –
très majoritairement
issus des classes préparatoires, en particulier via le concours commun des Écoles Centrales -
stagnent autour de 1 100 tandis que ceux des autres formations sont modestes (environ 50
inscrits au total en 2021).
La politique de recherche de l’ECM s’appuie sur son partenariat actif avec AMU et le
CNRS, avec lesquels elle partage la tutelle
d’
unités mixtes de recherche (UMR), qui font pour
la plupart
l’objet de bonnes évaluations
et appartiennent
à trois LabEx d’AMU. Néanmoins, sur
la période sous revue, les objectifs que s’assignait l’ECM
n’ont pas été atteints
, en particulier
celui de voir s’inscrire en doctorat 20
% des diplômés d’une promotion. Ainsi, alors qu’en 2012
ce pourcentage avoisinait 17
%, il n’était plus que de 8
% en 2021. Autre point faible, l’absence
de suivi des revenus consolidés de la recherche sachant que
l’ECM s’appuie prioritairement sur
des structures externalisées pour sa valorisation : SATT Sud-Est, Centrale Innovation (dont elle
est actionnaire avec Centrale Lyon et Centrale Nantes) et deux incubateurs basés à Marseille.
Il y a donc là un angle mort auquel il convient de remédier.
Si, depuis 2014, la vocation internationale de l’
École
s’est affirmée, en partic
ulier en
termes de mobilité sortante,
qui concerne désormais la totalité des élèves ingénieurs, l’ECM,
peine à attirer des étudiants étrangers, ses efforts pour arriver à son objectif cible de 25 % ayant
été, de surcroit, singulièrement compromis par la crise sanitaire liée au COVID-19. En
revanche,
l’ECM
a inscrit la responsabilité sociétale au cœur de son projet de formation avec,
d’une part, son
"Labo Sociétal", entité qui soutient des tutorats bénévoles de ses élèves en faveur
de collégiens et lycéens issus de milieux sociaux défavorisés ou des établissements du Réseau
de l’
Éducation
Prioritaire et, d’autre part, un
engagement résolu en faveur du développement
durable,
qu’elle intègre
dans sa formation, son organisation et sa politique d’achats.
Si ce projet stratégique enregistre des résultats parfois contrastés, il aura cependant
échoué à permettre à l’ECM de franchir le cap espéré dans son développement, comme l’atteste
le fait que l’
École
, pour qui il s’agit d’un enjeu «
primordial
», ait stagné, voire régressé dans
les différents
classements nationaux qu’elle avait elle
-même ciblés.
Ce constat explique que l’ECM ait fait en 2021 le choix radical d’une croissance
« externe »
en se donnant pour nouvel horizon stratégique la création d’un second cam
pus en
pays niçois, s’appuyant sur l’Université de la Côte d’Azur (UCA) et les collectivités locales d
e
l’endroit, au premier chef la Métropole de Nice. Ce projet s’organise autour d’une offre
nouvelle de formation, en particulier un «
Bachelor of Science
», identifié comme porteur, eu
égard au manque sur place de débouchés pour des formations d’ingénieurs
postbac
, et que
l’
École, installée dans des locaux provisoires, entend ouvrir dès la rentrée 2023. Mais, au-delà
du futur
Bachelor
et des autres formations envisagées, la nouvelle stratégie de
l’ECM
vise à se
déployer à l’avenir sur deux campus avec comme objectif de doubler le nombre d’ingénieurs
centraliens et de tripler ses effectifs étudiants, soit un considérable changement d’échelle.
Or depuis 2014 e
t dans sa configuration actuelle, l’
École a tout juste réussi à équilibrer
ses résultats, leur forte progression en 2020 et 2021 étant le fruit de facteurs conjoncturels, à
commencer par la crise sanitaire (reports de charges et hausse ponctuelle de la SCSP) et de la
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
6
multiplication par quatre des frais de scolarité (passés de 610 € à 2
500 €), obtenue de l’
État fin
2018, et dont l’intégralité des effets a joué à partir de 2020. Parallèlement, les autres ressources
propres ont stagné. En tout état de cause,
compte tenu des ressources externes, pour l’essentiel
portées par les contrats de plan État-Région (CPER), le surplus dégagé par son activité, tel que
mesuré par sa capacité d’autofinancement, s’est avéré insuffisant pour couvrir ses besoins
d’investisseme
nt, comme le montre la diminution de 30 % du fonds de roulement entre 2015 et
2021.
C’est à l’aune de cette insuffisance structurelle de financement qu’il convient
d’apprécier la soutenabilité financière du projet d’ouverture d’un second campus à Nice,
stratégie symbolisée par le changement de dénomination, décidé le 28 avril 2022 par le conseil
d’administration de l’établissement, adoptant désormais comme nom d’usage
- éponyme du
projet précité
celui de Centrale Méditerranée.
D’après les éléments financiers transmis au ministère de l’enseignement supérieur et de
la recherche, le projet
d’implantation à Nice puis de développement soutenu des deux sites,
induirait un coût annuel supplémentaire prévisionnel, à partir de 2031, de plus de 12
M€, soit
une impasse supérieure à 5 M€
par
an, dont près de 4 M€ pour le site niçois. Sur la seule pér
iode
de montée en puissance, allant de 2021 à 2027 et
correspondant à la durée de l’actuel
contrat
de plan État-région (CPER)
, l’impasse, cette fois
-
ci cumulée, avoisinerait les 7,5 M€,
en dépit
d’
une dotation supplémentaire annuelle
de l’
État, de 0,6
M€ à
partir de 2023, dont
l’
École
cons
idère qu’elle a
reçu l’assurance
qu’elle serait désormais
incluse dans le socle de sa SCSP.
À ce dernier montant s’ajouterait un niveau incontournable d’investissements de sécurité
aujourd’hui
ramené à environ 2 M€.
Ainsi et au regard des hypothèses retenues pour le chiffrage
du projet,
l’impasse serait plus proche de 10 M€.
L’
École a aussi dû réduire la dimension de son seul projet inscrit au CPER
(restructuration d’espaces pédagogiques) désormais ajusté au niveau des en
veloppes attribuées
par ce dernier, soit 11,7 M€, alors que sa demande initiale était de 17 M€.
Centrale Méditerranée
compris, les besoins de financement de l’ECM pour la période
2021-
2027 peuvent donc être évalués à 12 M€,
à la condition
que l’
École renonce à quatre
projets,
qu’elle a
inscrits à son schéma pluriannuel de stratégie immobilière (SPSI) mais qui
n’ont pas été retenus par le CPER.
Compte tenu d’un autofinancement annuel au mieux de
1,3
M€, soit une ressource théorique de 9 M€ sur la période
2021-
2029, l’ECM semble vouloir
s’en remettre aux ressources aléatoires qu’elle escompte obtenir du plan d’investissement
«
France 2030
» et, plus sûrement,
d’une
augmentation importante de la SCSP,
qui n’est pas
négociée à ce jour
et donc est loin d’être
acquise.
En conséquence, sans préjuger de l’intérêt et de l’ambition du projet
"Centrale
Méditerranée",
il apparaît de la responsabilité de l’
École, comme de sa tutelle,
d’écarter toute
tentation de fuite en avant et d’adosser sa stratégie de développemen
t à une analyse approfondie
et sérieuse de ses réelles marges de manœuvres financières.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
7
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1.
(ECM) :
Établir un bilan annuel de l’activité contractuelle et de
valorisation permettant de calculer chaque année les revenus consolidés de la recherche
.
Recommandation n° 2.
(
ECM) : Mettre en place une comptabilité analytique conformément
au code de l’éducation et aux engagements pris par l’Ecole dans le volet spécifique du contrat
de site 2018-2022.
Recommandation n° 3.
(ECM) : Elaborer et soumettre
au conseil d’administration un plan
de financement sur la période 2021-2027 qui intègre, après corrections nécessaires, outre les
recettes prévisionnelles, tant les dépenses prévues dans le cadre du projet Centrale Méditerranée
que celles (charges de fonctionnement additionnelles comprises) découlant des investissements
du site de Marseille qu’entend mener à bien l’ECM sur la période du CPER en cours.
Recommandation n° 4.
(DGESIP, DB et ECM) : Expertiser le plan de financement précité
aux fins de s’assurer de la soutenabilité financière pour l’ECM du projet Centrale Méditerranée.
Recommandation n° 5.
(ECM) :
Encadrer
le
suivi
des
heures
complémentaires
d’enseign
ement par un double dispositif
: en amont, en faisant en sorte qu’elles soient
renseignées sur la base de fiches de présence des élèves à chaque cours, fiches qui, à cet effet,
devront être systématisées ; en aval, en formalisant un contrôle de cohérence par la DRH
préalable à toute mise en paiement.
Recommandation n° 6.
(ECM) : Formaliser dans la charte
d’orientation de l’achat public de
l’ECM
la possibilité de recourir aux articles L. 2122-1 et R. 2122-3 du code de la commande
publique aux fins de préciser la procédure interne à suivre dans ce cadre et prévoir à ce titre que
les rapports justifiant le recours aux dérogations précitées soient systématiquement signés par
les demandeurs ainsi que dûment visés par les responsables d’unités, copie de ces rapports
devant être conservée dans les services de l’ordonnateur et à l’agence comptable.
Recommandation n° 7.
(ECM) : Veiller au strict respect des règles de la commande publique
pour
tous les achats de matériels de l’Ecole Centrale
effectués
par l’entremise de Cinnov’.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
8
1
PRÉ
SENTATION DE L’E
COLE CENTRALE DE MARSEILLE
1.1
Historique
: une grande école d’ingénieurs de
création récente
L’
École Centrale de Marseille (ECM), aussi appelée Centrale Marseille
1
, est l’une des
204 écoles françaises habilitées à délivrer un titre d'ingénieur diplômé. De création récente, bien
qu’elle considère célébrer en 2021 ses 130 ans comme
héritière de l’
École
d’ingénieurs de
Marseille fondée en 1891, l’ECM,
stricto sensu
, résulte de la volonté convergente de l’
État, des
collectivités territoriales et de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille
-Provence
(CCIMP)
2
de créer dans la cité phocéenne, une école d’ingénieurs de renom international, ayant
vocation à être rattachée au réseau des Écoles Centrales. Dans ce but, il fut décidé de regrouper
plusieurs écoles existantes
: l’
École nationale supérieure de physique de Marseille (ENSPM) ;
l’
École
nationale supérieure de synthèses, de procédés et d’ingénierie chimiques d’Aix
-
Marseille (ENSSPICAM)
; l’
École supérieure de mécanique de Marseille (ESM2). Ces trois
établissements fusionnèrent en 2003 donnant naissance à l’
École
généraliste d’ingénieurs de
Marseille (EGIM), puis, après l’absorption en 2004 de l’
École
supérieure d’ingénieurs de
Marseille (ESIM)
rattachée à la chambre de commerce et d’industrie (
CCIMP)
, à l’
École
Centrale de Marseille en 2006
3
.
1.2
Statut et missions : un établissement public à caractère scientifique,
culturel et professionnel (EPSCP)
L’ECM est, depuis 2003 (à l’époque EGIM), un établissement extérieur aux universités
(au sens de l’article L.711
-
2 du code de l’éducation) ayant le statut d’établissem
ent public à
caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP)
4
.
Aux termes de l’article 2 de ce décret, l’ECM a pour missions principales
: «
(…) la
formation initiale et continue de cadres ingénieurs scientifiques et techniques de haut niveau
par un enseignement dans les domaines scientifique, technologique, économique, ainsi que
dans les domaines des sciences sociales et humaines
». S’y ajoutent quelques missions
mentionnées, en termes généraux, à l’article 3 de ses statuts.
1
Et désormais depuis 2022,
Centrale Méditerranée
(
Cf
. infra partie II).
2
Devenue, fin 2019, CCIAMP (chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix
-Marseille-Provence) en
anticipation de dispositions de la loi PACTE.
3
Cf.
décret n° 2006-1192 du 27 septembre 2006
4
Son fonctionnement est encadré par les articles L. 711-1 à L. 711-10 et L. 715-1 à L. 715-
3 du code de l’éducation,
son décret constitutif n° 2003-929 du 29 septembre 2003 modifié en 2006, et ses statuts adoptés par son conseil
d’administration, le 15 décembre 2016.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
9
Dans ce cadre,
l’ECM, d’une part, assure «
la délivrance du titre d’ingénieur diplômé
de l’
École centrale de Marseille
» et, d’autre part,
« dispense des formations à la recherche
sanctionnées par des diplômes propres ou des doctorats, des masters et d’autres diplômes
na
tionaux de troisième cycle, que l’école est habilitée à délivrer.
»
5
1.2.1
Les diplômes délivrés par l’ECM
1.2.1.1
Le diplôme d’ingénieur de l’ECM
L’ECM délivre principalement le diplôme d’ingénieur diplômé de l’
École Centrale de
Marseille pour lequel, à l’exception de «
l’admission sur titre CASTing
» (
Cf. infra
), le
recrutement s’opère très majoritairement sur concours commun (CentraleSupélec) après classes
préparatoires aux grandes écoles (CPGE). En 2020, l’ECM prop
osait 225 places sur 245 pour
cette voie d’accès.
Quatre autres voies, en effectif restreint (cinq places pour chacune en 2020), sont aussi
offertes aux étudiants en CPGE ou niveau équivalent : le cycle international du concours
Centrale Supélec, la banque
d’épreuves PT («
Physique-Technologie ») dédiée aux étudiants
de classe préparatoire scientifique issus de cette filière, le concours national des classes
préparatoires ATS (« Adaptation Technicien Supérieur ») en filière Génie industriel, et les CPI
(« Classes préparatoires intégrées ») de la fédération Gay-Lussac.
Outre l’acquisition en sus d’un master (
Cf. infra
),
l’ECM
offre à ses étudiants d’autres
voies d’obtention d’un double diplôme
:
-
Dans une université étrangère partenaire (
Cf. infra
) à l’issue
du 8
ème
semestre : après
sélection, offrant la possibilité au bout de deux ans de scolarité d’obtenir le diplôme
(master 2) de cette université et le titre d’ingénieur de l’ECM.
-
Le double diplôme de l’ENSAE et de l’ECM
grâce au programme d’économie et
de mathématiques de première et deuxième année de
l’ECM
qui permet de suivre
la deuxième année de l’ENSAE et d’intégrer par la suite le programme de troisième
année du cursus « ingénieur » de cette école.
-
Le master 2 en management général de l’Institut d’adm
inistration des entreprises
(IAE) d’Aix
-Marseille-Université (AMU), qui fait l'objet de divers partenariats,
dont un avec l’ECM, pour proposer un parcours de double diplôme, le cas échéant
en alternance (soit en année de césure, soit après la 3
ème
année).
-
Le double diplôme avec SciencesPo Aix
: l’accès à l’IEP d’Aix
-en-Provence se fait
sur concours aménagé au niveau M1 et la scolarité se poursuit en M2, en parallèle
d’enseignements spécifiquement aménagés à l’ECM
.
Les élèves de l’ECM peuvent aussi demander
à suivre leur 3
ème
année dans l’une des
autres Écoles Centrales pour les spécialités qui ne sont pas enseignées à Marseille.
5
Art. 2 du décret constitutif modifié.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
10
Dans son rapport d’autoévaluation
6
d’octobre 2016, l’ECM faisait aussi état comme
cursus bi-
diplômant d’«
une spécialisation d’une
année sur la thématique de la Smart City,
sous forme d’une césure, dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Méditerranéen du
Risque, de l’Environnement et du Développement Durable (IMREDD) de l’Université de Nice
Sophia Antipolis
7
». Bien que ce dip
lôme d’établissement niveau M2
n’ait rencontré qu’un
succès
d’estime, auprès d’une vingtaine d’étudiants depuis 2016,
l’ECM affiche son intention
de lui
donner une nouvelle dynamique dans le cadre de son projet de création d’un second site
à Nice (
Cf. infra
).
Le 16 octobre 2018, la c
ommission des titres d’ingénieur (CTI) a émis un avis favorable
à compter du 1
er
septembre 2018 et jusqu’à la rentrée 2020
-
2021, à l’accréditation de l’ECM à
délivrer son titre d’ingénieur diplômé. Puis, un arrêté du ministre de
l’enseignement supérieur,
de la recherche et de l’innovation, en date du 28 janvier 2020, a prolongé celle
-
ci jusqu’à la fin
de l’année universitaire 2021
-
2022, sachant que, pour la suite, le dossier d’accréditation de
l’
École a été examiné en séance plénière par la CTI en décembre 2022.
1.2.1.2
Les masters
L’ECM propose à ses élèves ingénieurs, en parallèle de leur 3
ème
année, plusieurs
diplômes de master 2, cohabilités principalement avec AMU, l’
École étant accréditée pour 11
mentions et plus de 30 spécialités.
S’y ajoute depuis 2019 (M1) et 2020 (M2), le
Master of Science and Technology in
Complex Systems Engineering
(MScT CSE), intégralement enseigné en anglais, ouvert aux
titulaires d’un
Bachelor
(admission en 1
ère
année) ou d’un M1 (admission en 2
ème
année), sur
dossier et entretien, Ce Master, qui «
ouvre aux métiers qui requièrent une expertise dans la
conception et le pilotage de systèmes complexes
»
8
b
énéficie d’
un label de la Conférence des
Grandes Écoles (CGE) qui, contrairement aux autres
Masters of Science
, jouit donc, à ce titre,
en France d'une reconnaissance officielle.
Au cas d’espèce, celui de l’ECM a également été accrédité par le ministère. Il s’agit
donc aussi d’un diplôme national de master comme ceux proposés en co
-accréditation avec
AMU, mais délivré en propre par
l’ECM. Les chiffres publiés par l’ECM semblent traduire une
montée en charge rapide de cette formation avec huit inscrits en 2019, 11 en 2020 et 31 en 2021.
1.2.1.3
Les doctorats
L’ECM est habilitée à délivrer le diplôme de doctorat. Ses ingénieurs diplômés peuvent
ainsi poursuivre un travail de recherche d’une durée de
trois
ans environ, en vue de l’obtention
d’un doctorat. Six écoles doctorales du site Aix
-Marseille concernent di
rectement l’ECM qui
est co-
accréditée pour quatre d’entre elles
et associée aux deux autres.
6
Pour la campagne
du Haut comité pour l’évaluation de la recherche et l’enseignement supérieur
(HCÉRES) 2016-
2017.
7
Devenue en 2020 «
Nice Côte d’Azur
».
8
Cf.
site internet ECM.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
11
1.2.1.4
Les diplômes d’établissement
Outre désormais la « Passerelle DUT » (
Cf. infra
),
l’ECM
propose aujourd’hui deux
9
diplômes d’établissement, formations restant liées
au cursus ingénieur, l'une pouvant s'inscrire
dans le cadre d'une césure du diplôme d'ingénieur, l'autre favorisant les admissions parallèles
au cursus. Le CentraleDigitalLab@Laplateforme, ouvert en 2020 et développé, avec le Groupe
des Écoles Centrales, en partenariat avec l'école du numérique, vise à former en un an autour
de l’intelligence artificielle, des étudiants en post
-diplôme ingénieur ou post-master ou des
apprenants en reconversion professionnelle de niveau M2. La licence MPCI (Mathématiques,
Physique, Chimie, Informatique), ouverte en 2013 première licence scientifique en France
10
cohabilitée entre une grande école d’ingénieurs
et une université (AMU), permet d
’obtenir
un
master pluridisciplinaire et offre u
ne voie d’accès, alternative aux
classes préparatoires (CPGE).
La licence MPCI prépare ainsi plus spécifiquement aux recrutements CASTing (commun aux
Écoles Centrales) et GEI
11
.
1.2.2
La recherche
Pour l’essentiel de la période sous revue, la recherche à l’ECM se déployait au sein de
sept laboratoires
12
dont elle assure aujourd’hui la cotutelle avec AMU et le CNRS.
Au cours de l’instruction, l’ECM a indiqué avoir désormais la cotutelle d’un
huitième
laboratoire, le LIS (Laboratoire d'Informatique et Systèmes), qui ne figurait pas sur son site.
L’ECM est partenaire d’autres laboratoires
: l’IM2NP (Institut Matériaux Microélectronique
Nanosciences de Provence) et l’ISM (Institut des Sciences du Mouvement).
L’ECM est, enfin, cotutelle de trois fédérations de recherche.
1.2.3
La formation continue
Dans le domaine de la formation continue, traditionnellement angle mort de son offre,
l’ECM
propose, mais seulement depuis la rentrée 2020, deux « mastères spécialisés » :
-
Ingénierie Marine et Éolien Offshore (IMEO), en partenariat avec SeaTech (École
d’ingénieurs
de l’université de Tou
lon,
dont elle est l’une des composantes). On
dénombrait seulement six inscrits en 2021 pour cette formation.
-
Cybersécurité des systèmes complexes pour l’Industrie et la Défense (CYBER),
dédié aux problématiques de cybersécurité dans des systèmes industriels
complexes. Également formation Bac
+ 6, ce MS s’appuie sur le partenariat de
l’ECM avec l’
École
de l’Air, le Commissariat à l’Energie Atomique et aux
Énergies
Alternatives (CEA) et le Commandement de la Cyberdéfense (COMCYBER) qui
9
Auxquels s’ajoutera à partir de la rentrée 2023, le
«
Bachelor
Sciences, Ingénierie et durabilité »,
que l’ECM
entend développer comme formation centrale de son projet de second site à Nice (
Cf. infra
).
10
S
elon l’ECM
.
11
Qui regroupe 15 écoles, notamment l
École polytechnique, les Ponts et les Mines Paris.
12
L’institut Fresnel, le LMA, l’IRPH
É
, l’ISM2, AMSE, L’I2M et le M2P2.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
12
commande l’ensemble des forces de cyberdéfense des armées françaises. Dans sa
communication externe,
l’ECM
fait état du soutien du ministère des Armées et de
nombreuses entreprises du secteur de la défense. L’effectif 2021 était de 13
inscrits.
S’y ajoute,
depuis 2021, le
Lean Green-Belt
, «
parcours de formation-certification (qui)
vise à développer (les) capacités à déployer et s’engager dans une transformation Lean au sein
(d’une) organisation (qui) s’appuie sur une pédagogie par proj
ets et un stage en entreprise.
»,
formation de six jours à destination des dirigeants et cadres d’entreprises.
1.2.4
Effectifs étudiants : les périmètres à géométrie variable des données publiées
par l’ECM
À la rentrée
de l’année universitaire
2022-2023, les eff
ectifs de l’ECM s’établissaient
toutes formations confondues à 903 étudiants, dont 820 élèves ingénieurs (309 en 1
ère
année,
290 en 2
ème
année et 221 en 3
ème
).
Communiqués à la Cour par l’ECM aux fins d’actualisation 2022, ces chiffres sont
malaisés à
réconcilier avec les données publiées jusqu’ici dans les rapports d’activité de l’
École
de «
1 059 élèves
pour le diplôme d’ingénieur généraliste
», à la rentrée 2020, et de 1 080, à la
rentrée 2021.
De plus, selon les dernières données CTI disponibles, l
es effectifs étudiants de l’ECM
étaient de 1 044 à la rentrée 2019, chiffre correspondant au «
nombre total d'apprenants inscrits
dans une formation de niveau bac à bac +6 de l’École (prépas, cycle ingénieur, masters,
mastères spécialisés, Bachelors, doubles-diplômes...), hors doctorat.
»
Autre source, les rapports de gestion de l’ordonnateur sur les comptes financiers annuel
s
qui font état pour le seul «
effectif "ingénieur"
» de 1 092 élèves, à la rentrée 2020 et 1 089 à la
rentrée 2021.
Enfin, dans sa n
ote d’orientations stratégiques 2022
-2027
13
, l’ECM évoque «
une offre
de formation complète lui permettant d’accueillir autour de
1100 apprenants du niveau L au
niveau D, centrée sur le modèle de l’ingénieur Centralien, qui irrigue tous les autres diplômes
de ses références et évolutions pédagogiques.
»
Ces données ont un caractère disparate et hétérogène, auquel la structuration des
promotions, année par année, telle que figurant dans les rapports d’activité précités
14
, ajoute
13
Cf. infra
.
14
Ainsi, pour 2021, l’effectif étudiant de 1
080 pour les seuls ingénieurs centraliens se décomposait-il comme
suit :
-
301 élèves en 1
ère
année, dont 19 élèves internationaux en double-diplôme ;
-
408 élèves en 2
ème
année dont : 276 promus de 1
ère
année, 12 entrants directs en double-diplôme, 22
entrants en ECTS, six redoublants, 3 «
blanchis
»
14
, 46 césures semestrielles S7/S8 et 43 césures annuelles
entre la 2
ème
et la 3
ème
année ;
-
371 élèves en 3
ème
année dont : 24 en échange de crédits entrants, neuf entrants GEC, 63 double-diplôme
entrants, 73 double-diplôme sortants, 8 GEC sortants et cinq en mobilité nationale ENSAE ou IEP.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
13
encore un élément de complexité.
L’
E
CM est invitée à réconcilier les données qu’elle publie
sur ses effectifs étudiants.
En tout état de cause, la qualité du recrutement de l’ECM, caractéristique des grandes
écoles, ne fait pas débat, 100 % des élèves admis ayant eu une mention au baccalauréat dont,
en 2019, 81 % ayant obtenu une mention Très bien. Dans le même sens, on relèvera - toujours
en 2019, que si 11,5 % des élèves recrutés par
l’ECM
via les CPGE sont issus de la région
PACA, près de 27
% viennent d’Ile
-de-France.
1.3
Gouvernance et organisation : des instances désormais conformes au
cadre juridique en vigueur
L’ECM
est administrée par un conseil d’administration qui compte, depuis fin 2016, 28
membres, dont une moitié de «
personnalités extérieures
», dont une le préside, conformément
à l’article L. 715
-
2 du code de l’éducation
15
.
La composition de ce conseil respecte l’obligation de parité instituée pour les
personnalités extérieures par la loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la
recherche et le décret du
13 mars 2014, désormais codifié à l’article D. 719
-47-1 du code de
l’éducation.
Le conseil d’administration de l’ECM se réunit au moins quatre fois par an (
cinq fois en
2021) et l’examen des procès
-verbaux de cette instance atteste de la réalité de ses réunions,
sachant qu’en application de l’article 12 des statuts, le conseil d’administration se réunit aussi
en «
formation restreinte aux enseignants-chercheurs pour examiner les questions individuelles
relatives au recrutement, à l’affectation et à la carri
ère des enseignants-chercheurs.
»
Conformément au cadre juridique précité, l’ECM dispose aussi d’un conseil scientifique
composé de 20 membres, dont 18 élus et 2 personnalités extérieures
, d’un
conseil des études
auxquels s
’ajoute
nt les divers comités, prescrits par les dispositions réglementaires, traitant de
la gestion globale des ressources humaines ou de l'organisation générale des services.
En application des articles 715-1 et 715-
3 du code de l’éducation, l’ECM est dirigée par
un directeur qui dispos
e des prérogatives qui sont équivalentes à celles d’un président
d'université, sous réserve de la présidence du conseil d'administration.
16
.
La directrice de l’ECM préside les conseils, notamment le conseil scientifique et celui
des études. Elle est assisté
e d’un comité de direction (
Codir) de six membres
17
, qui se réunit
chaque semaine, en charge de la politique générale de l’établissement, des plans d’action, des
15
Depuis le renouvellement du conseil de mars 2021, il s’agit de M. Luc Bretones (précédemment vice
-président,
ancien d’Orange, président de Purpose for Good, organisateur de l’événement “The NextGen Enterprise Summit”
et président d’honneur du Think
Tank Institut G9+) qui a remplacé M. Alain Dutheil, ancien directeur général de
ST Microelectonics, en poste durant toute la période sous revue.
16
L’actuelle directrice, professeure diplômée et ingénieure, a été nommée
pour cinq ans à compter du 1
er
novembre
2019.
17
Outre la directrice de l’École, le directeur
-adjoint, la DGS, la directrice de la formation, celui de la recherche et
celui des relations internationales
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
14
orientations budgétaires et de l’affectation des ressources. Un
Codir élargi
18
sous le nom de,
« comité exécutif » (Comex) se réunit, lui, en moyenne chaque mois. Purement consultatif, le
Comex est chargé
d’accompagner l’élaboration et la mise en œuvre de la réflexion stratégique
de l’
École
, en s’appuyant sur six
« comités stratégiques » thématiques, à partir des axes de
développement ou de transformation arrêtés par
l’ECM
.
De façon générale, et sans qu’il soit aisé de prime abord d’en apprécier l’effectivité
sinon la réalité, la comitologie de l’ECM apparait nourrie, voire complexe puisqu’entre
autres
existent aussi un «
Comité d’orientation et de prospective
» (COP), trois «
Comités de
pilotage
» assistant le CODIR, une «
commission des finances
», composée de membres de la
direction et du conseil d’administration et un «
Comité électoral consultatif
».
Enfin, conformément à l’article L. 953
-
2 du code de l’éducation, les services de l’ECM
sont dirigés par une directrice générale. L’
École
dispose d’un agent
comptable, par ailleurs,
chef des services financiers.
18
Au directeur du « Labo Sociétal », au directeur délégué chargé des projets territoriaux, au « Responsable
Executive Education
» et à la DGS adjointe.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
15
1.4
Partenariats et coopérations
L’EC
M appartient à de multiples réseaux.
1.4.1
L’appartenance au Groupe des
Écoles Centrales (GEC) : un atout indéniable
mais assez peu mis en avant dans la communication de l’ECM
Au plan national,
l’ECM
est la dernière des cinq écoles
19
qui, en France, forment le
Groupe des Écoles Centrales (GEC), association formellement créée le 24 octobre 2007, mais
dont l’acte fondateur est intervenu le 5 décembre 1990 par la signature d’une
« Charte pour un
intergroupe des Écoles Centrales ». Ultérieurement, le 22 mars 2014, les membres du GEC ont
signé un accord dit de « Refondation du Groupe des Écoles Centrales », qui a abouti, le 17 mars
2015, à l’adoption d’une
« Charte pédagogique centralienne du GEC » et le 6 novembre 2015,
à une évolution des statuts du groupe visant à lui conférer «
une nouvelle dynamique (…) en lui
donnant une gouvernance plus forte et effective et de nouvelles prérogatives.
»
Contrairement à Centrale Nantes ou Centrale Lille,
l’ECM communique peu sur son
appartenance au GEC
20
.
Si l’ECM est, depuis 2011, impliquée dans Centrale Innovation, filiale de valorisation
de sa recherche qu’elle partage avec Centrale Lyon et Centrale Nantes (
Cf. infra
), elle s’est
désengagée de Centrale Initiatives, fondation abritée par la Fondation d
e France qu’avaient
créée, en 2007, Centrale Nantes et Centrale Lille, dans le but de recueillir des dons de
particuliers et d’entreprises, et qu’elle avait rejointe en 2011. En 2018, les trois écoles ont acté
la dissolution de Centrale Initiatives pour cr
éer chacune leur propre fondation. L’ECM a ainsi
créé en 2020 la « Fondation Centrale Marseille »
21
. Alors que Centrale Initiatives finançait à
Marseille, pour l’essentiel, la mobilité internationale des élèves et leur vie associative, la
nouvelle fondation
, propre à l’ECM, affiche dans sa communication externe pour ses appels à
dons, de plus larges ambitions en lien avec sa communauté d’Alumni (anciens élèves).
L’ECM a par ailleurs adopté une
«
Charte éthique pour l’acceptation des dons
»
approuvée par son conseil d’administration, le 17 mars 2022, où elle reconnait, entre autres,
faire appel à la générosité publique au sens de l’article L. 111
-8 du code des juridictions
financières, et s’engage ainsi à établir un compte d’emploi annuel de
s ressources ainsi
collectées. Cela étant, les comptes financiers de l’
École
ne faisaient état, s’agissant du montant
des dons et legs, que de 3 000 € en 2020 et rien en 2021.
19
CentraleSupélec, École Centrale de Lyon, École Centrale de Nantes, École Centrale de Lille et l’ECM. S’y
ajoutent trois écoles à l’étranger
: Centrale Pékin, Centrale Casablanca et, en Inde, Mahindra École Centrale.
20
« Le Groupe des Écoles Centrales
est né en 1990 du rapprochement d’établissements de cultures voisines pour
développer des synergies et gagner en visibilité sur la scène internationale. Les cinq Écoles Centrales (Lille, Lyon,
Nantes, Supélec (Paris), Marseille) partagent une même vision de la formation d’ingénieurs généralistes de très
haut niveau. Elles poursuivent des objectifs communs (…)
»
(Site internet ECM).
21
Désormais Fondation Centrale Méditerranée, toujours sous
l’égide de la Fondation de France.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
16
1.4.2
La fin du partenariat historique avec la Chambre de commerce et d’industrie
métropolitaine Aix-Marseille-Provence (CCIAMP)
La CCIAMP a historiquement joué un rôle important dans la création de l’ECM qu’elle
a contribué à faire naître avec, en 2004, l’intégration à l’EGIM (précurseur de l’ECM
) de
l’
École
supérieure d’ingénieurs de Marseille de la CCI (ESIM), pour constituer l’ECM en 2006.
Cette intégration avait conduit, en juin 2004, à la signature d’une convention entre l’ECM et la
CCIAMP, qui prévoyait la mise à disposition de
l’ECM
de 69 agents de l’ESIM (enseignants
-
chercheurs, enseignants et personnels administratifs), «
jusqu’au départ à la retraite
»
22
.
Très favorable à l’ECM, ces dispositions initiales furent, à deux reprises, revues à la
baisse : en 2009, la durée de la convention étant ramenée à cinq ans, et, en 2014, où sa
pr
olongation d’un an seulement fut assortie d’un effectif réduit à 31 personnes mises à
disposition, représentant toutefois encore près de 17
% de ses effectifs d’alors. La CCIAMP
justifia son désengagement de l’ECM par la baisse des ressources fiscales des
CCI, assortie
d’un prélèvement opéré par l’
État sur leurs réserves, le tout représentant une diminution de
ressources de 17 M€ pour la chambre consulaire phocéenne.
Le désengagement de la chambre de commerce, effectif à partir de 2015, eut de lourdes
conséquences humaines et sociales, mais aussi financières, puisque la convention avec la
CCIAMP représentait un financement de l’ordre de 2,8 M€ par an (dont une participation de la
Chambre aux dépenses de fonctionnement de l’
École, de 100
000 €). Dans ce contexte, l’ECM
ne put compenser que partiellement ces pertes d’emplois grâce à une allocation exceptionnelle
par le ministère de l’enseignement supérieur de
six emplois et la mobilisation de six autres
alloués au titre de la politique de site. Ces 12 emplois furent proposés au recrutement de
septembre 2015, alors même que leur financement était étalé par les parties versantes jusqu’en
2017.
Pour compenser ce décalage dans le temps, entre les recrutements et leur financement,
(et dans la mesure où
l’ECM
avait p
rocédé au recrutement anticipé d’anciens collaborateurs de
la CCIAMP qui n’étaient plus mis à sa disposition)
,
l’
École fut autorisée à prélever sur son
fonds de roulement pour assurer le financement transitoire de ces recrutements, une somme de
l’ordre de 450 K€. En contrepartie, elle fut exonérée du prélèvement opéré par l’
État en 2015
sur le fonds de roulement des établissements d’enseignement supérieur, dont plusieurs
Écoles
Centrale. Finalement, l’
École put absorber ce financement additionnel sans toucher à son fonds
de roulement comme l’atteste l’excédent 2016 d’environ 116 K€.
L’ECM semble avoir tardé à anticiper la fin de la convention avec la CCIAMP. Alors
que, selon le HCERES, «
le désengagement de la CCIMP (avait) été amorcé dès 2009 (et) acté
fin 2014
»
23
, l’ECM, dans son dossier de demande d’habilitation à la CTI, déposé en septembre
2014, omettait purement et simplement de mentionner la perspective de la fin de la convention,
se contentant de noter : «
(le) partenariat avec la CCI Marseille Provence assure également un
ancrage dans le tissu économique local.
»
Pourtant, dans son contrat 2012-
2017 avec l’
État, signé en mars 2012, tout en affichant
comme objectif de «
consolider le partenariat avec la CCIMP
» et considérant comme majeur
de le faire «
durablement notamment du point de vue de la mise à disposition des personnels et
des liens avec les entreprises du territoire
»,
l’ECM
soulignait que «
le renouvellement de la
22
Art. 7 de la convention.
23
Rapport d’évaluation de l’ECM du 6 novembre 2017
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
17
convention (…) (était) un enjeu déterminant pour la soutenabilité du projet d’
établissement et
pour l’ancrage régional de l’école
».
1.4.3
L’investissement de l’ECM dans la politique de site
Comme le souligne le volet introductif du contrat 2018-
2022, signé entre l’
État et les
cinq membres de l’association afférente, dont l’ECM
, deux niveaux de regroupement
participent à la structuration du site Aix-Marseille-Provence-Méditerranée (AMPM) :
-
d’une part, l’Initiative d’Excellence sélectionnée en janvier 2012, A*Midex, portée par
AMU pour développer une université de rang mondial à même de rivaliser avec les grands
établissements sur la scène internationale. Outre l’ECM, cette Idex rassemble, aux côtés
d’AMU, l’IEP d’Aix
-en-
Provence, l’Assistance Publique
-Hôpitaux de Marseille (APHM) et
quatre organismes de recherche (CNRS, INSERM, CEA, I
RD). L’Initiative d’Excellence
A*Midex a été définitivement pérennisée le 29 avril 2016 après une période probatoire de
quatre ans, dans le cadre d’une évaluation par un jury international
;
-
d’autre part, l’association Aix
-Marseille-Provence-Méditerranée (AMPM) qui associe
à AMU les universités d'Avignon et de Toulon,
l’ECM
et l'IEP d'Aix-en-Provence, et fut
constituée dans le cadre de la loi ESR du 22 juillet 2013, par décret du 23 février 2016.
1.4.3.1
La participation de l’ECM à A*Midex
Pour
l’ECM
, «
(d’) une
certaine façon, le premier cercle de la politique de site, sur
l’Aix
-
Marseille est (…) celui du comité de pilotage d’A*Midex
»
24
qui est venu amplifier son
partenariat avec AMU. Les actions menées par le consortium formé des huit établissements du
site, sont pilotées par AMU et mises en place en son sein par la fondation universitaire
A*Midex.
Depuis 2013, la fondation affiche avoir financé plus de 400 projets de recherche et
formation, pour une allocation moyenne unitaire de 286
000 € ce, grâce aux intér
êts
d’une
dotation non consommable et désormais pérenne, de
750 M€,
dévolue par l’État à l’Université
d’Aix
-Marseille, soit près de
26 M€ par an.
Selon
l’ECM
, son «
engagement aux côtés d’AMU dans le cadre d’A*Midex, acté dès
2011 (…), constitue un atout de premier ordre pour le développement de l’école.
»
25
Certes, l’ECM évalue à 18 M€ le soutien d’A*Midex pour les laboratoires dont elle est
cotutelle, financement ayant bénéficié à 33 projets.
Mais pour
l’ECM
directement, le bilan de cette collaboration parait modeste, du moins
d’un point de vue financier, car il semble que seuls deux projets, qu’elle pilote, aient fait l’objet
d’un financement par l’Idex
:
24
Rapport d’autoévaluation d’octobre 2016
.
25
Rapport d’autoévaluation d’octobre 2016
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
18
-
Train’Ing
: «
alternance généralisée et apprentissage en action
», projet s’étalant de
janvier 2019 à janvier 2020, pour un montant de 100
000 €
;
-
MScTCSE : «
Master en Ingénierie des systèmes complexes
», de janvier 2019 à
décembre 2021, pour un montant de 100
000 €.
Lors de l’instruction, l’ECM a cependant fait état d’un 3
ème
projet (Europhotonics soit
un master international dans le domaine de la photonique), financé par A*Midex à hauteur de
110
000 € mais dont le lien avec l’ECM
, de prime abord, ne va pas de soi, les responsables de
ce projet étant des enseignants de la faculté des sciences d’AMU
.
Enfin, dans sa note d’orientation stratégique 2022
-
2027, l’ECM évoque le soutien
d’A*Midex à une de ses chaires à hauteur de 520
000
€.
1.4.3.2
La participation de l’ECM à l’association Aix
-Marseille-Provence-Méditerranée
(AMPM)
Aux termes de l’article 1
er
du décret n° 2016-181 du 23 février 2016 portant association
d'établissements du site Aix-Marseille-Provence-Méditerranée, «
Les universités d'Avignon et
de Toulon, l'École centrale de Marseille et l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence sont
associés à l'université d'Aix-Marseille
»
Dans ce cadre, une convention bilatérale entre AMU et l’ECM a été signée en 2015
:
outre des collaborations en matière de formation et de recherche déjà évoquées, ainsi que le
contrat de site 2018-
2022, l’article 5.3 de
cette convention
semble-t-il resté lettre morte -
prévoyait que «
des groupements de commandes (…) peuvent permettre de coordonner et de
regrouper les achats des établissements.
» afin de
«
mutualiser les moyens humains, techniques
ainsi que les bonnes pratiques en vue de se doter d'une organisation optimale en termes de
stratégie d'achat et d'efficacité de la commande publique
. »
1.4.3.3
Autres partenariats
Dans sa communication externe, l’ECM distingue quatre types de partenariats. Hors
ceux déjà évoqués et les partenariats internationaux traités ci-après, on relèvera des
«
partenariats académiques
» comme l’appartenance de l’ECM
à la Conférence Régionale des
Grandes Écoles PACA, qui regroupe plusieurs écoles du territoire, et qu’elle a présidée de 2013
à 2018, mais aussi des «
partenariats institutionnels (…), économiques, éducatifs et sociaux
»,
qui apparaissent comme des relations nouées avec la tutelle ou encore avec des fonds européens,
avec des entreprises du tissu économique régionale ou encore, avec des établissements locaux
d’enseignement du secondaire et des associations en appui du «
rôle social
» (
Cf. infra
) qu’elle
entend jouer sur son territoire.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
19
1.4.4
De réels points d’ancrage à l’international
Dans son dossier de demande d’habilitation à la CTI de septe
mbre 2014, «
Centrale
Marseille (considérait) l’international comme l’un des axes stratégiques de son développement
en enseignement et en recherche
».
Cette stratégie de coopération internationale a pour vecteur principal l’appartenance au
GEC par le truch
ement duquel l’
École est membre du réseau TIME (
Top international
managers in Europe
, rebaptisé
Top international managers in engineering
, en 2019). Ce réseau
TIME a été fondé en 1989 à l’
École Centrale de Paris avec alors pour objectif de coordonner
les programmes européens d’études et d’échanges dans l’ingénierie au niveau de la maîtrise. Il
comptait 16 membres fondateurs. Formalisé sous forme d’association en 1997, aujourd’hui, le
réseau TIME
rassemble plus d’une cinquantaine de membres et permet à l’ECM, avec d’autres
relations partenariales conventionnées, d’assoir une stratégie de cursus bi
-diplômant à
l’international.
Outre le réseau TIME, l’ECM participe via le GEC aux programmes d’échang
es des
Écoles Centrale aux fins, là encore, de double diplomation, dits « 4 + 4 », avec six universités
chinoises, et « 5 + 6 », avec six universités brésiliennes.
L’ECM
a aussi fondé en juin 1997 et héberge le Réseau Méditerranéen des Écoles
d’Ingénieurs
(RMEI). Ce réseau promeut les relations institutionnelles ainsi que les échanges
d’étudiants et d’enseignants
-chercheurs dans le bassin méditerranéen, facilite et intensifie la
relation universités
grandes écoles
laboratoires de recherche
entreprises, au service de
l’innovation mais aussi du recrutement d’ingénieurs et de scientifiques.
L’ECM est également membre du programme BRAFITEC, du réseau Magalhaes et de
l’université franco
-allemande (UFA).
Enfin, dernier exemple de cette activité internationale, le renouvellement par la
Commission européenne, de la Charte Erasmus +, 2021-2027, après obtention du label « Bonne
pratique » pour la période précédente.
1.5
Implantation : héritage du passé, un campus «
très
vétuste
» désormais
propriété exclusive de l’
État ; un établissement affectataire
Pour l’essentiel, l’ECM est implantée sur le campus du Technopole de Château
-
Gombert,
situé à l’extrême nord de la cité phocéenne, dans le 13
ème
arrondissement, dont il est
relativement excentré. Ce Technopôle dont le
nom officiel est Marseille Provence, est l’un des
territoires privilégiés du développement économique de la métropole Aix-Marseille Provence.
L’ECM
dispose en sus, à proximité, d’un bâtiment (le «
Hall pilote
») sur un second site, celui
de Saint-Jérôme,
siège de la faculté des sciences d’AMU.
Au total, l’ECM dispose d’environ 30
000 m²
26
de surface de plancher,
dont aujourd’hui
la totalité appartient à l’
État et sont donc mis à sa disposition par lui dans le cadre de deux
26
Dont, selon l’École, «
1760 m²seraient à sortir du pé
rimètre ECM car affectés au CEREQ par l’État
(plot 3 en rénovation actuellement) » à cette fin pour installation du CEREQ fin 2023.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
20
conventions d’occupation à titre
gracieux. Ces 30 000 m² représentent 20 470 m² de surface
utile brute dont 45
% à usage spécifique d’enseignement et de recherche. Par ailleurs, sur le site
de Saint-
Jérôme, l’ECM exploite dans les locaux d’AMU, une plate
-
forme chimie d’une surface
de plan
cher de 590 m², entièrement rénovée et équipée en 2010. A l’inverse, sur le site de
Château-
Gombert, l’
École accueille les locaux et personnels des laboratoires M2P2 et LIS et
en assume la charge patrimoniale.
Deux autres points sont à relever quant au pat
rimoine immobilier de l’ECM.
1°) L’ECM assume aussi les responsabilités et charges du propriétaire d’une parcelle de
7
246 m² que la ville de Marseille lui a transférée en janvier 2013 dans le cadre d’un bail à
construction (initialement conclu en 1994 avec le GIP gestionnaire du site) en vue de la
réalisation d’un parking. Ce dernier comprend aujourd’hui 183 places de stationnement.
2°) Par arrêté en date du 4 novembre 2019,
l’ECM
s’est également vue mettre à
disposition par l’
État, le site dit Becquerel,
d’une superficie de 39
786 m² aux fins de
construction d’équipements sportifs et de logements étudiants.
L’historique du site de Château
-Gombert explique en partie
l’état actuel du patrimoine
immobilier de l’ECM. En 2003, à son arrivée sur Château
-Gomber
t, l’
École a occupé un espace
laissé à sa disposition sur le site, alors en multipropriété, et dont la gestion était donc réalisée
par un groupement d’intérêt public (GIP), structure au conseil d’administration de laquelle ne
siégeait pas l’ECM et qui étai
t dépourvue de comité des usagers. Conséquence, les moyens
financiers ou de développements étaient restreints du fait que l’ECM n’était pas
implantée sur
une propriété de l’
État
. Ainsi, le CPER dédié au développement des écoles d’ingénieurs ne lui
était
pas applicable. De même, les surfaces n’appartenant pas à l’
État
n’étaient pas prises en
compte dans la dotation de l’établissement. L’ECM
a donc œuvré avec succès pour reprendre
la gestion patrimoniale du site, ce qui a été effectif en 2010-
2011, l’
État obtenant la cession
gratuite ou à titre onéreux des différentes parcelles et les lui affectant ensuite. Pour ce faire, un
arrêté rectoral du 20 décembre 2010 a désigné l’ECM comme occupant principal du site de
Château-Gombert, avec les droits et obligations
du propriétaire, à l’exception du droit de
disposition et d’affectation des biens.
Aujourd’hui
, le SPSI de
l’ECM
pour 2020-
2027 a fait l’objet d’une présentation au
conseil d’administration de l’
École du 9 juillet 2021. Il en ressort les éléments suivants
d’orientation et de diagnostic.
1°) De façon générale, l’
École estime que son parc immobilier «
est très vétuste et doit
subir d’importants investissements pour
: être aux normes (PMR, Thermique, Incendie,
Électrique, etc.) ; être en adéquation avec ses besoins (taille des cours, de TP et amphis
notamment)
; améliorer ses coûts d’exploitation, son état de vétusté…
». En conséquence,
l‘ECM
se juge confrontée à «
un besoin important d’investissement pour la mise aux normes
techniques, de sécurité et d’access
ibilité des bâtiments.
»
2°) L’ECM considère ne pas avoir besoin de surfaces complémentaires que ce soit pour
l’enseignement, la recherche ou les fonctions administratives. En revanche, l’
École souhaite
restructurer et réhabiliter ses surfaces existantes «
afin de rationaliser l’occupation de (ses)
locaux.
»
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
21
3°) Par contre,
l’ECM
juge primordial d’améliorer les services aux étudiants sur le
campus de Château-Gombert ce, afin «
de pérenniser l’o
bjectif de 1 000 étudiants accueillis et
d’améliorer l’attractivité de l’établissement, notamment au plan international
», constat qui ne
date pas d’hier.
«
L’
École
est lucide sur son manque d’attractivité, lié à sa jeunesse mais également à
l’environnemen
t et aux conditions de la vie étudiante. En effet, les logements sont coûteux et le
site lui-même est éloigné du centre-ville
» (
Rapport d’évaluation de l’ECM par l’Aeres
27
, de
décembre 2011).
De ce point de vue, le défaut d’une résidence étudiante sur le
campus de Château-
Gombert avait très tôt été identifié comme un manque majeur pour l’ECM
28
.
Toujours selon le SPSI 2020-2027, cette construction était «
envisagée dans le cadre du
CPER 2020-2027
» mais, à la différence du projet évoqué dans son précédent SPSI de 2011, y
était présentée, cette fois-ci, comme devant être «
portée par le CROUS
», alors que celui-ci,
aux dires mêmes de l’
École, avait, dans le passé, «
fait savoir qu’il ne souhaitait pas (s’y)
impliquer
»
29
. Il semble que le
contrat d’avenir 202
1-
2027, signé entre l’
État et la région, ait en
définitive retenu cette opération
30
pour un montant de 20 M€
31
.
Par ailleurs, cinq autres opérations patrimoniales, pour un montant de plus de 38 M€,
étaient envisagées par l’ECM sur la période 2020
-2027.
Selon le SPSI, pour toutes ces opérations, «
le financement de l’opération repose sur le
contrat de plan État-Région (CPER) 2020-2027.
»
En plus de ces opérations patrimoniales, le SPSI établit à plus de 3 M€, d’une part, les
travaux de mise aux normes du site de Château-Gombert en matière de sécurité et sécurité
incendie,
d’autre
part,
les
travaux
immobiliers
complémentaires
aux
opérations
d’investissement en cours de réalisation, le tout devant être financé sur les ressources propres
de l’
École et inscrit
à son plan pluriannuel d’investissement (PPI).
L’ECM assume donc une politique prudentielle d’investissements immobiliers
consistant à renvoyer l’essentiel du financement au CPER.
Cependant, le CPER 2015-2020
n’avait retenu que deux projets concernant l’E
CM :
-
la restructuration et la mise aux normes des bâtiments Jetée et Équerre 2, avec
aménagement des extérieurs et des accès au site
: pour un coût total de 12 M€
;
27
Ancêtre du HCÉRES.
28
Cf
. rapport d’autoévaluation 2016.
29
Cf
. rapport d’autoévaluation 2016
.
30
«
L’opération consiste à construire un ensemble de 300 logements sur une parcelle État attenante à l’École
Centrale. Le projet est en cours d’approfondissement sur la partie programmation. Le dossier d’expertise est prévu
fin 2023. Il est possible que le
budget initial de 20 M€ soit dépassé. Ce coût supplémentaire serait supporté par le
CNOUS. Les crédits études pourront être engagés en 2024. Les travaux se dérouleront en 2026 pour une livraison
estimée à la rentrée 2027 » (compte-rendu du comité territorial des Bouches-du-Rhône-CPER 2021-2027 du 15
février 2023)
31
Dont État, région, département, ville de Marseille chacun pour 1 M€, métropole AMPM pour 2 M€ et 13,5 M€
d’autofinancement
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
22
-
la construction d'équipements sportifs (gymnase) et d'une résidence étudiante pour
l’ECM e
t Polytech
: pour un coût total de 1 M€.
Or, ces deux projets
d’aménagement majeurs
semblent avoir déjà été initiés, au moins
pour partie, par le précédent contrat de plan portant sur la période 2007-2013
32
, pour ne voir le
jour que récemment, respectivement en octobre 2019 et 2022.
Le SPSI 2020-2027 fait état, pour la période actuelle, de deux autres opérations inscrites
au CPER 2015-2020,
dont l’une est toujours en cours
:
-
création du MC², Marseille Creativity Center
33
, au sein du bâtiment « Équerre 2 », libéré
par AMU ;
-
restructuration du bâtiment « Jetée »
, libéré par AMU, afin d’y regrouper la direction et
les services administratifs de l’
établissement
34
.
Rassurante de prime abord pour ce qui est de la soutenabilité financière, cette approche
accrédite néanmoins l’idée que la stratégie immobilière,
reflétée par ces SPSI, relève largement
d’une volonté d’affichage
.
L’ECM
ne dispose pas des moyens de ses ambitions sinon de ses
besoins, et elle doit
s’en remettre, faute de ressources propres suffisantes, au soutien escompté
d’autres financeurs publics.
Dernier exemple de ces difficultés de financement des opérations patrimoniales
d’entretien
, le bâtiment "Hall Pilote" du site de Saint-Jérôme dont la rénovation, notamment de
la toiture,
serait urgente mais demanderait, selon l’ECM, un investissement très élevé,
qui la
place devant ce dilemme : «
(L’
École) souhaite garder et rénover ce bâtiment, mais il lui faut
trouver des moyens pour cela. Toutefois, un ensemble de chantiers doit être ouvert dans les
années à venir et les financements possibles de la part des collectivités sont relativement
limités
; le travail va donc s’opérer de CPER en CPER.
» (CA du 14 octobre 2021)
35
.
Cette approche volontariste et
cette tactique d’affichage semblent se confirmer à la
lecture du «
Protocole territorial d’application en matière d’opérations immobilières
d’enseignement supérieur et d’équipements de recherche
» adopté par l’
État et la région PACA
en juin 2022, au titre du «
contrat d’avenir 2021
-2027
», et qui, s’agissant des projets finalisés
36
,
ne retient, concernant l’ECM, que le projet de "restructuration des espaces pédagogiques et de
recherche" d’un montant de 11,7 M€, à comparer avec les 17 M€ inscrits pour cette
opération
dans le SPSI. N’y figurent donc pas les quatre autres opérations
affichées au SPSI.
32
SPSI 2011 : « Le CPER 2007-
2013 met en œuvre deux opérations concernant directement l’École Centrale de
Marseille : a) une opération de construction et restructuration avec mise aux normes des bâtiments occupés par
l’École sur le site de Château Gombert. b) une opération de construction d’un équipement sportif pour les étudi
ants
du Pôle de l’Etoile, localisée sur le foncier de l’École Centrale.
»
33
Les premiers travaux n’ont commencé qu’en mars 2022 et l’équipement serait livré en 2023
.
34
Ces travaux sont terminés, les services de
l’ECM
se sont installés en 2021 dans le bâtiment rénové.
35
Lors de la contradiction, l’ECM a indiqué que, compte tenu du souhait d’AMU d’opter pour la dévolution
patrimoniale, ce bâtiment était entré fin 2022 dans le périmètre d’AMU, à charge pour celle
-ci et
l’ECM
de finaliser
les conventions afférentes.
36
Aucun projet porté par l’ECM ne figure non plus dans les projets en voie de finalisation donc d’arbitrage
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
23
1.6
Le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) en 2014
Conformément à l’article L. 711
-
9 du code de l’éducation, l’ECM a demandé à accéder
à
l’exercice des responsabilités et compétences élargies, prévu par la loi du 10 août 2007 portant
libertés et responsabilités des universités (dite LRU). Cette demande a été formalisée par un
vote du conseil d’administration de l’ECM, en mai 2011, à une lar
ge majorité.
L’ECM a ainsi été auditée en 2012 par l’Inspection générale de l’administration, de
l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR), mission d’audit qui a eu lieu en janvier
2012 et a été formalisée par un rapport en conclusion duquel l’IGAE
NER émettait un avis
favorable, assorti de recommandations, au passage de l’ECM aux RCE. Finalement, l’ECM
n’accéda aux RCE que le 1
er
janvier 2014 suite à une décision de report d’un an prise par l’
État
pour «
des questions liées aux contraintes budgétair
es s’imposant à (lui)
»
37
.
En conséquence :
1°) Ses produits et charges à caractère d’exploitation
,
qui étaient de 8,6 M€ et 8,1 M€,
en 2013, s’établissaient en 2021, respectivement à 20,5 M€ et 19,5 M€, progression liée au
transfert à partir de 2014 de la totalité de la masse salariale sur le budget propre de
l’établissement avec, en produits, la compensation dudit transfert.
2°) Conformément à l’article L. 712
-
9 du code de l’éducation, les comptes de l’ECM
ont fait l’objet, à compter de l’exercice 2014, d’une certification annuelle par un commissaire
aux comptes
38
, sans réserve, ce, dès le premier exercice et sur toute la période sous-revue, ainsi
qu’en 2021.
2
LA STRATEGIE DE L’EC
M À
L’EPREUVE DES FAITS
2.1
Le bilan contrasté d’une politique de croissance
« interne » (2012-2022)
2.1.1
Les orientations stratégiques affichées par l’ECM dans sa contractualisation
avec l’
État, de 2012 à 2022
Ces orientations ont fait l’objet d’un
« Plan stratégique 2014-2022 » adopté par le
conseil d’administration de l’ECM, le 10 juillet 2014, plan qui reprenait des éléments du contrat
pluriannuel 2012-
2017, signé avec le MESRI le 28 mars 2012, sachant qu’eu égard au contexte
d’alors, préparation puis passage aux RCE, ce derni
er comportait de larges développements
37
PV du CA du 20 décembre 2012.
38
KPMG SA, bureau de Marseille,
dont le mandat a été renouvelé en 2020 pour six ans après appel d’offres appuyé
sur l’accord
-cadre « certification des comptes »
de l’Agence de mutualisation des universités et établissements
(AMUE).
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
24
consacrés à l’autonomie, ensemble ses conséquences pour l’
École en termes de gouvernance et
d’organisation. Les axes ainsi définis ont été repris et complétés dans le volet spécifique à
l’
École Centrale de Marseille du contrat de site AMPM, 2018-2022, signé entre les membres
de cette association et l’
État, le 3 juillet 2018.
Dans son plan 2014-
2022, l’
École se fixait quatre axes stratégiques desquels elle tirait
cinq indicateurs.
Axe 1 : Formation : aux fins de garant
ir l’acquisition des compétences attendues chez
les Centraliens de Marseille qui se doivent d’être des «
ingénieurs généralistes à haut niveau
scientifique, tournés vers le leadership, l’innovation et l’entrepreneuriat.
»
Cette évolution qualitative était
accompagnée d’un objectif quantitatif de
diplômer 300
ingénieurs centraliens
par an. Cette orientation fut reprise dans le volet spécifique à
l’ECM
du
contrat de site de l’AMPM pour la période 2018
- 2022.
Axe 2 : Recherche : en se donnant un double object
if, d’une part, de
20 % de diplômés
ingénieurs s’inscrivant en thèse
, résultat qui «
témoignera du haut niveau scientifique de (ses)
ingénieurs (et) de la qualité de (sa) formation par la recherche
», et, d’autre part, de
60
soutenances de doctorat par an, résultat qui attesterait «
de la qualité de (ses) laboratoires (…)
qui constitue l’un des fondements de (l’) établissement.
»
Axe 3 : Relations avec les entreprises
: avec comme indicateur le chiffre d’affaires
auprès des entreprises sachant que «
le chiffrage exact et le périmètre doivent être ceux du top
14 des écoles d’ingénieurs françaises.
»
Cela étant, cette orientation ne relevait pas seulement d’une optique financière mais
comportait aussi une dimension pédagogique («
l’objectif 2022 sera de fair
e rentrer les
entreprises dans l’école sous forme de chaires et de laboratoires partagés
»).
Cette focale en direction des entreprises, marginale dans le contrat 2012-2017 avec
l’
État
à un moment où l’ECM espérait encore consolider son partenariat avec la CCIAMP sur
lequel reposait largement ses liens avec celles du territoire, poursuivit sa montée en charge dans
le volet du contrat de site 2018-
2022, devenant l’un des deux socles du d
éveloppement de
l’
École : «
Développer les ressources propres et consolider le pilotage et la gestion de l’
École
Centrale de Marseille
», mis à égalité avec celui de «
(s’) inscrire dans la dynamique du site
AMPM pour accélérer le développement de l’
École Centrale de Marseille.
»
Axe 4 : "Politique internationale" :
«
L’ambition de Centrale Marseille est de passer d’un statut d’établissement ouvert à
l’international à celui d’un établissement international. Ceci se fera en augmentant encore la
présence d’élèves et d’enseignement internationaux sur le campus, en développant l’offre de
masters internationaux (objectif de 100 élèves), en favorisant la mobilité internationale des
enseignants et en participant activement à la stratégie de déploiement international du GEC.
»
La mise en avant
de cet axe est d’autant plus à souligner que, dans le contrat pluriannuel
2012-
2017, la volonté de développer l’attractivité internationale de l’
École
n’était qu’un des
points du volet formation. La montée en puissance de cette préoccupation se confirma dans le
volet spécifique du contrat de site où cette orientation («
développer l’internationalisation de
l’ECM
») fut alors érigée au même rang de priorité que les ambitions de l’
École concernant la
formation et la recherche.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
25
Sacrifiant, sans insister outre mesure, au rappel «
de son implication dans le GEC, en
refondation
», ravalée cependant au rang d’axe stratégique «
complémentaire
» qui sera
simplement «
porté par le développement des actions que (l’) accord (de refondation
du 22
mars 2014) prévoit
», l’ECM affichait en définitive dans son plan stratégique 2014
-2022 un
seul objectif clair, lisible et appropriable pour toutes ses parties prenantes (administrateurs,
partenaires économiques, enseignants, élèves et Alumni) : «
d
ici 2022, Centrale Marseille
intégrera le top 14 des écoles d’ingénieurs en France
».
L’o
bjectif n
’est pas
atteint, puisque l
’ECM n’
était que 28
ème
au classement 2014 des
grandes écoles d’ingénieurs de
la revue
l’
Étudiant
et 25
ème
, en 2022, stagnation qui contraste
avec la progression de Centrale Lille ou de Centrale Nantes sur la même période.
C’est donc aussi à l’aune de ce constat qu’il convient d’examiner les
résultats de la
stratégie mise en œuvre par l’ECM, de 2012 à 2022.
2.1.2
Une offre de formation peu diversifiée
sauf celle d’ingénieur centralien
Dans son contrat pluriannuel 2012-
2017, l’ECM se proposait d’accro
ître et de
diversifier son offre de formation suivant trois segments :
1°) Créer de nouveaux diplômes en formation initiale :
- deux diplômes de niveau licence (un
Bachelor
destiné aux élèves internationaux et une
licence MPCI cohabilitée avec AMU) ;
- trois types de nouveaux diplômes au niveau Master (masters à vocation internationale,
masters
Erasmus Mundus
et diplômes d’ingéni
eurs spécialisés en lien avec des LabEx dans
lesquels l’ECM était impliquée).
2°) Créer une offre de formation post-master, en particulier des mastères spécialisés
accrédités par la CGE et une formation type MBA (créée en partenariat avec une formation de
haut niveau en gestion).
3°) Créer une offre «
offensive
» de formation continue avec des certifications par
modules, déclinées de la formation initiale d’ingénieurs, et de la formation non diplômante
conçue spécifiquement à la demande des entreprises.
De tous ces projets, seule semble avoir vu le jour, en 2013, la licence MCPI, cohabilitée
avec AMU, et qui fête sa 10
ème
rentrée en 2022-2023, (
Cf. supra
et
infra
).
L’échec de cette diversification
; pourtant réellement entrepris
e par l’
École, a été acté
une première fois par elle dans son rapport d’autoévaluation 2016, y voyant une conséquence
de la rupture avec la CCIAMP, puis confirmé dans le volet spécifique à l’
École Centrale du
contrat de site 2018-2022.
Depuis, l’ECM a enregistré des avancées avec, on l’a vu, l’ouverture à la rentrée 2020
de deux mastères spécialisés labellisés CGE. L’
École peut aussi se targuer de la création en
2019 d’un master international tourné vers l’ingénierie acoustique, "Waves", cohabilité
avec
AMU et les universités de Coimbra et Valence, ayant reçu le label «
Erasmus Mundus Program
of the European Union
»
, qui a ouvert en 2021. Ce master international serait d’ailleurs le
second auquel participerait l’ECM, partenaire depuis 2018 du parcou
rs «
Europhotonic
s » créé
en 2010 à l’initiative d’AMU qui le coordonne, et lui aussi labellisé
Erasmus Mundus
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
26
En fait, sur la période sous revue, la diversification de l’offre de formation aura
surtout
concerné le diplôme d’ingénieur centralien.
Dans son contrat pluriannuel 2012-
2017, l’ECM s’était ainsi proposé de créer des
«
cursus double compétence
», en priorité par le biais de partenariats avec d’autres
établissements d’enseignement supérieur du site Aix
-
Marseille. Tel fut le cas avec, d’une part,
la
création en 2014 d’un «
Master of Science (MSc)
» « Management général », double-diplôme
de l’ECM et de l’IAE Aix
Graduate School of Management
, et d’autre part, en 2016, avec la
création d’une voie d’accès en 4
ème
année de l’IEP d’Aix pour les étudiants de l’ECM, ces deux
double-
cursus nationaux s’ajoutant à celui existant avec l’ENSAE.
Outre ces accords de double-
diplôme, l’ECM s’était aussi assigné
e dans son contrat
2012-
2017, l’objectif de créer un accès à l’apprentissage pour le cursus d’ingénieur centralien,
ce qu’elle a réussi à faire, dès la rentrée 2013, après avoir obtenu, en 2012, l’accréditation pour
3 ans de la CTI (
Cf. supra
).
De fait, depuis, la systématisation de l’alternance dite
«
intégrative
», y compris sous statut étudiant, semble représenter à la fois un point fort et une
marque de fabrique pour l’ECM.
L
’ECM revendique, sans doute à juste titre, être «
la seule
école en France à former ses futurs ingénieurs en alternance, dès la première année et pour
tous.
»
39
De plus,
l’ECM
offre à ses élèves sous statut étudiant de 3
ème
année, la possibilité de
passer des «
contrats de professionnalisation
», second vecteur de l’immersion en entreprise.
Les élèves sous contrat de professionnalisation comme ceux sous contrat
d’apprentissage bénéficient, enfin, de l’exonération des droits de scolarité.
L’ensemble de ces interfaces d’alternance doit être porté au crédit de l’ECM comme l’a
reconnu la CTI dan
s son dernier avis d’accréditation, de 2018
: «
Aujourd’hui, l’
École a mis le
rythme de l’alternance au centre de sa démarche pédagogique, à la fois pour la formation sous
statut d’apprenti et pour la formation sous statut d’étudiant. Elle a su ainsi répon
dre avec
originalité à la demande de la CTI formulée en 2015, qui lui demandait à propos de la
formation en apprentissage " d’adapter la formation aux spécificités de la formation par
alternance".
»
Néanmoins,
les contrats en entreprise, qu’ils intervienne
nt dès la première année ou à
partir de la troisième, ne concernent
qu’une petite minorité d’élèves comme l’attestent aussi les
dernières données CTI concernant l’
École. Ainsi, sur 234 diplômés de la promotion 2019, on
ne comptait que 15 ingénieurs centraliens sous statut d’apprenti et 10 sous statut étudiant avec
contrat de professionnalisation.
2.1.3
Un recrutement qui s’est peu diversifié et stagne depuis
cinq ans
Dans son
avis de 2015, la CTI avait aussi demandé à l’ECM de concrétiser de nouvelles
pistes de recrutement pour l’apprentissage, objectif plus généralement affiché («
Diversifier les
modalités de recrutement
») dans le contrat 2012-
2017 avec l’
État : «
Tout en préservant la
visée de l’excellence, la politique de recrutement mettra l’accent sur l’ouverture aux diplômés
de l’université, aux filières techniques et aux élèves étrangers.
»
39
Cf. Plaquette 2022 de l’ECM
: « Nous avons un monde à transformer »
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
27
L’échec en ce domaine, s’agissant du diplôme d’ingénieur centralien, est patent
sur la
période 2012-
2022, la seule innovation, mise en avant par l’ECM dans son rapport
d’autoévaluation 2016, étant «
l’intégration chaque année de quelques élèves dans le cadre de
la participation de l’
École à la fédération Gay-Lussac
». Outre que cette filière concerne aussi
des étudiants en CPGE, fussent-elles spécialisées (chimie), le nombre de places offertes à ce
titre n’était, on l’a vu, que de
cinq sur 245 au concours 2020.
D’ailleurs, le nombre de places offertes aux CPGE spéc
ialisées, soit cinq pour chacune,
s’avère stable depuis plusieurs années sachant qu’en 2018, la filière ATS a vu son contingent
réduit «
après analyse du recrutement des années précédentes démontrant des difficultés à
recruter et à avoir des étudiants qui suivaient correctement le cursus.
»
40
En tout état de cause, la forte prédominance du concours commun Centrale Supélec se
retrouve dans la structuration de la première
année actuellement en scolarité à l’
École (rentrée
2022-2023) : hors double-diplômes internationaux (26) et redoublants (36), cette promotion
comptait 247 élèves dont 224 issus du concours commun (soit 90,6 %). Si on rajoute les trois
autres filières de CPGE
: PT (5), ATS (1) et CPI (5), le poids de ces dernières s’élève à
95,1 %
contre moins de 5 % donc aux voies alternatives, soit 7 élèves issus de l’université (via
CASTing) et 5, issus du concours international des Écoles Centrale.
Deux voies nouvelles pourtant régulièrement évoquées par l’ECM semblent avoir ainsi
peiné à se concrétiser, malgré les efforts indéniables de
l’
École.
1°) Envisagée dans le contrat 2012-2017, «
la possibilité de délivrer tout ou partie du
diplôme d’ingénieur par la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), dans le cadre fixé par
le Groupe des Écoles Centrales.
» semble avoir eu le plus grand mal à se concrétiser sur la
période.
De fait, bien que l’ensemble des
Écoles Centrales (y compris CentraleSupélec) affiche
être en mesure de délivrer leurs diplômes d’ingénieurs par VAE, seule Centrale Nantes, sur la
période, avait indiqué avoir franchi le pas et procédé au demeurant à un unique recrutement.
Or, dans son rapport d’activité
pour 2020, l’ECM affiche «
247
ingénieurs généralistes
diplômés en 2019 dont 2 VAE
». Ces chiffres divergent cependant des données «
certifiées par
la direction de l’école à la demande de la CTI pour sa campagne 2020
», qui font état de 234
diplômés dont aucun en VAE.
2°) Dans son avis d’habilitation 2015, la CTI avait relevé qu’«
un dispositif permettant
de recruter des diplômés de DUT (était) à l’étude
» à
l’ECM
, dispositif qui lui paraissait de
nature à conforter la voie par apprentissage du diplôme
d’ingénieur centralien. Dans son rapport
d’autoévaluation 2016, l’ECM indiquait qu’afin de proposer une voie spécifique pour
l’apprentissage, elle avait, en effet, engagé une réflexion «
sur un recrutement de titulaire de
DUT, avec la création d’une année
passerelle leur permettant de les préparer au cursus
généraliste
», orientation reprise dans le volet spécifique 2018-2022.
Si la CTI avait noté dans son avis d’habilitation 2018 que cette voie de recrutement avait
tardé à se mettre en place, tel semble êt
re désormais le cas, comme l’affiche en tout cas l’ECM
sur son site internet.
Mais, en l’état, cette passerelle DUT est d’abord un diplôme d’établissement codélivré
par AMU et l’ECM. En particulier, ne sont pas publiées sur le site internet de celles
-ci les
conditions ultérieures d’admission en 1
ère
année à l’ECM, sous statut d’apprentissage, alors
40
CA du 4 mars 2019
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
28
même que l’ECM indique que, pour la première fois, en 2021, un étudiant titulaire de ce
diplôme d’établissement a intégré la première année du cycle ingénieur
41
.
Par ailleurs, le développement de cette filière, pose la question du devenir de celui des
classes préparatoires ATS, réservées, entre autres, aux titulaires d’un DUT industriel.
En outre, la montée en charge de cette filière DUT ne contribue au développement de
l’apprentissage
que si le candidat admis accepte
le cursus par cette voie.
En définitive, la diversification des voies de recrutement alternatives aux classes
préparatoires,
pour la formation conduisant à la délivrance du titre d’ingénieur de l’ECM
,
demeure faible
. Ce constat s’accompagne de celui d’une stagnation d
u nombre de diplômés
pour cette filière : avec une moyenne de 250 par an,
l’ECM
est restée en deçà de l’objectif,
affiché dans son plan stratégique de 2014, de 300 diplômés par an.
Ce constat, qui découle sans doute aussi de prérequis communs au GEC en vue de
maintenir le niveau d’excellence des élèves ingénieurs, explique sans doute que l’ECM ait
indiqué dans le volet spécifique du contrat de site 2018-2022 que «
son levier principal de
croissance et de diversification des effectifs consistera en l’élargissement de son offre de
formation.
»
Dont acte, mais outre la difficulté de développer cette dernière, hors double-diplômes
notamment, les masters universitaires cohabilités avec AMU, la structuration des effectifs
étudiants de
l’ECM
, à la rentrée 2022-2023, illustre les difficultés à installer, dans le paysage,
d
es diplômes autres que la formation d’ingénieur centralien.
Tableau n° 1 :
Rentrée ECM 2022
Effectifs
%
Programme Ingénieur
820
90,8
MScT CSE
23
Digital Lab
14
Doctorat
25
Programme "Graduate School"
62
6,9
MS IMEO (Ingénierie Marine et Eolien Offshore)
8
MS CYBER (Cybersécurité des systèmes complexes pour l’Industrie et la
Défense)
13
Programme "Executive Education" (MS CGE)
21
2,3
TOTAL
903
Source : ECM
Dans le même sens, malgré les incertitudes des données relatives à ses effectifs (cf.
supra), l’ECM, dans son rapport d’activité 2021, indiquait
: 23 élèves inscrits au DigitalLab, 11
au MSCT CSE, 13 au MS CYBERSCID et six au MS IMEO, à comparer aux 1080 représentant
le total affiché par elle de ses trois promotions d’ingénieurs.
41
Cf
. rapport d’activité 2021.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
29
En tout état de cause, nonobstant le périmètre exact des «
effectifs ingénieurs
», tels que
retracés
dans le rapport annuel 2021 de gestion de l’ordonnateur, ces données, a priori
homogènes, traduisent la stagnation (à peine plus de 2 %) depuis cinq ans de cet indicateur alors
qu’il avait précédemment connu
une forte progression (+ 22,5 %), de 2014 à 2017.
Tableau n° 2 :
Rentrée
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Effectifs
ingénieurs
870
922
950
1066
1101
1100
1092
1089
Source : ECM
2.1.4
Une recherche de qualité mais des points faibles qui subsistent parmi lesquels
la valorisation
La politique de recherche de l’ECM s’appuie sur son partenariat actif avec AMU et le
CNRS avec lesquels elle partage la tutelle de ses UMR. La recherche menée au sein de ces
unités est reconnue de grande qualité comme l’atteste l’appréciation très positive portée sur la
plupart d’entre
-elles
42
par le HCERES
43
.
Dans le même sens, en témoigne l’appartenance de six d’entre elles à trois LabEx
d’AMU
:
-
l
’I2M et l’Institut Fresnel à l’institut Archimède
;
-
l
’IRPHE
, le LMA et M2P2 au LabEx « Mécanique et Complexité » ;
-
l
’AMSE
, composante principale et éponyme du LabEx du même nom.
L’ECM fait aussi état en 2021, de trois projets élaborés par ses enseignants
-chercheurs qui
ont été sélectionnés par l’ANR, dans le cadre de son appel à projet dits génériques.
Nonobstant la qualit
é intrinsèque de sa recherche, dans l’ensemble de ses documents
stratégiques précités, l’ECM s’était assigné deux grands objectifs, d’une part, augmenter à 20
%
son pourcentage de diplômés s’inscrivant en doctorat et, d’autre part, accroitre sensiblement l
es
revenus «
consolidés
» de sa recherche.
S’agissant du pourcentage de diplômés s’inscrivant en doctorat, les données publiées
par l’ECM montre un insuccès avéré, qu’avait acté l’ECM dans son rapport d’autoévaluation
d’octobre 2016
: «
Le nombre d’élèves
inscrits en master comme le pourcentage de poursuite
en doctorat des jeunes diplômés n’ont pas encore atteint le niveau des objectifs
particulièrement ambitieux fixés en 2012
. »
On constate même une dégradation entre les deux documents contractuels signés par
elle, le second (2018-
2022) ramenant l’objectif
-cible à 17
%, compte tenu d’un taux de
seulement 6,3 % (12 inscrits sur 189 diplômés) pour sa dernière année de référence (2017),
42
Le HCERES est néanmoins davantage réservé
s’agissant du M2P2 et de l’ISM2
.
43
Il
s’agit
toutefois
d’évaluations datant de la campagne 2
016-2017.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
30
chiffre au-demeurant contesté par
l’ECM
qui en dénombrait 27, soit un taux de 14 %, lequel
serait, quoi qu’il en soit, en retrait par rapport aux années précédentes (16,9
% pour la
promotion 2012 par exemple). Aujourd’hui, l’ECM affiche un ratio de 8
% «
s’agissant des
diplômés 2021 qui poursuivent en thèse
», en légère progression par rapport à 2020 (6 %) mais
en retrait par rapport à 2019 (12
%). Avec 53 thèses soutenues en 2021, l’ECM, par contre, ne
serait pas loin d’un autre objectif retenu dans le volet spécifique du contrat de site 2018
-2022,
soit 60 thèses /an, mais le chiffre 2020 (19 thèses) tend à infirmer l’idée d’une tendance.
En
fait, comme l’a souligné le MESRI dans sa réponse aux observations provisoires de la Cour
«
(…) la crise sanitaire a conduit à allonger d’une année de nombr
eux contrats doctoraux
» et
dès lors, « «
le nombre de thèses soutenus en 2021 comprend de fait, pour une part, des
soutenances reportées qui auraient dû se tenir en 2020
».
S’agissant des
« revenus «
consolidés
» de la recherche », cet indicateur, figurant dans
le contrat 2012-
2017, avait été d’emblée contesté par l’ECM
, arguant de la fluctuation des
recettes issues de la valorisation de la recherche et du manque de visibilité sur les structures ad
hoc mises en place, pour refuser
de s’engager sur un taux d’évolution à 5 ans. L’ECM avait
alors indiqué que sa politique consisterait pour l’essentiel «
à créer les conditions favorables
au développement de la valorisation de la recherche et au transfert de technologie, en ayant
recours à des structures externes mutualisées.
»
La valorisation de la recherche de l’ECM s’appuie prioritairement sur deux structures
publiques dont elle est actionnaire, la SATT Sud-Est
44
, en partenariat avec ses partenaires
locaux, AMU et le CNRS, et Centrale Innovation (ci-
après Cinnov’) dont les coactionnaires
sont les Écoles Centrales de Lyon et Nantes.
La SATT abrite le processus de maturation des projets, de protection intellectuelle et de
concession de licences.
De son côté, Cinnov
’ a vocation à gérer, par convention, tous les contrats de recherche
ou de prestations de service financés sur fonds privés (industriels, fondations industrielles,
etc.
).
Dans sa politique de valorisation de sa recherche, l’ECM s’appuie aussi sur deux
incubateurs :
-
l
’incubateur
généraliste ou multisectoriel "Impulse", soutenu par le MESRI, cofinancé
par le FSE et par les collectivités locales, a été créé par les universités d'Aix-Marseille
et d'Avignon, le CEA, le CNRS, l'ENSAM, l'École Centrale de Marseille, l'IRD,
l'INSERM ainsi que l'École Nationale Supérieure des Mines de Saint Etienne ;
-
l
’incubateur
« Belle de Mai »
est l’un des trois incubateurs français spécialisés, en
l’espèce dans l’incubation de projets dans le domaine des Tec
hnologies de l'Information
et de la Communication (TIC) et leurs usages.
L’indicateur
« revenus consolidés de la recherche » a été repris dans le volet spécifique
à l’ECM du contrat de site 2018
-2022, sur la base de chiffres 2017 parcellaires, excluant
jus
tement les structures externes mutualisées et indiquant une cible 2022 de 1000 K€ pour
44
La SATT Sud-
Est est une société par actions simplifiée au capital social de 1 M€. Ses actionnaires sont AMU,
l’UCA, les universités de Toulon, d’Avignon et des Pays de Vaucluse, de Corse, l’
ECM
, le CNRS, l’INSERM et
la Caisse des Dépôts. Comme toutes les SATT, son rôle consiste à être une interface opérationnelle de transferts
de technologie entre la recherche financée sur fonds publics (ANR en particulier) et les entreprises de PACA et de
Corse, par la concession de licences d’exploitation à ce
s dernières.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
31
l’établissement et ses structures externes propres. Parallèlement, les comptes 2021 de l’ECM
ne retracent que des contrats de recherche publique, ANR ou BPI, pour un montant annuel de
704 K€ au demeurant non réconciliable avec les balances et tableaux annexes du compte
financier, tandis que les contrats de prestations de service avec Cinnov’ et les prélèvements de
frais de gestion sur les contrats de recherche sont comptabilisés
sans être détaillés - dans les
ressources propres.
En conséquence, il est impératif que
l’ECM, à l’instar d’autres écoles du GEC, se dote,
d’abord à l’attention de ses instances dirigeantes, d’un
«
bilan annuel de l’activité contractuelle
et de valorisation
» comprenant des indicateurs quantitatifs comme le nombre de brevets
déposés, et financiers (produits des contrats signés avec tous les cocontractants, directement ou
via les structures externalisées, produits des licences, etc.), permettant d
’établir et de suivre
l’indicateur des revenus consolidés de la recherche.
Recommandation n° 1.
(ECM) :
Établir un bilan annuel de l’activité contractuelle et de
valorisation permettant de calculer chaque année les revenus consolidés de la recherche.
2.1.5
Le développement des ressources propres
: un objectif en passe d’être atteint
mais grâce au quadruplement des droits universitaires
L’objectif de développer ses ressources propres a été formellement inscrit par l’ECM
dans son volet spécifique du contrat de site d’AMPM pour la
période 2018-2022, dont il fonde
la seconde cible :
«
Le développement des ressources propres de l’école est une condition sine
qua non pour soutenir sa croissance (…)
».
Sur la base d’un montant de ressources propres 2017 estimé par elle à environ 3M€,
l
’ECM
s’assignait alors un objectif de 5 M€ pour 2022.
Le tableau ci-
après retrace le montant 2021 des ressources propres de l’ECM, telles que
recensées dans le périmètre de l’instruction comptable M 9
-3,
c’est
-à-dire toutes les ressources
financières encaissables hors
dotation de l’
État (SCSP) mais comprenant les autres subventions.
Tableau n° 3 :
Ressources propres (€)
2017
2021
Δ en €
Droits d’inscription
350 268
1 616 363
CEVC
0
56 996
Total contribution des élèves (A)
350 268
1 673 359
+ 1 323 091
Formation continue
414 871
86 279
Formation par l’apprentissage (1)
0
470 000
Total prestations de formation (B)
414 268
556 279
+ 142 011
Taxe d’apprentissage (C)
276 929
258 677
(18 252)
Autres prestations de service et
produit des activités annexes
702 331
755 807
Autres produits
92 498
90 952
Total autres ressources propres (D)
794 829
846 759
+ 51 930
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
32
Ressources propres (€)
2017
2021
Δ en €
Subventions hors SCSP (E)
903 199
1 395 545
+ 492 346
TOTAL RESSOURCES
PROPRES : (A) + (B) + (C) + (D) + (E) =
(F)
2 740 096
(2)
4 730 619
+ 1 990 523
∑ produits encaissables (G)
16 765 005
19 787 884
% des produits réels (F) / (G)
16,3 %
23,9 %
(1)
La part de taxe d’apprentissage reçue par l’ECM du CFA
Épure
pour financer les contrats d’apprentissage
et de professionnalisation, comptabilisée jusqu’en 2018 en prestations de service l’est désormais (à
compter du 1
er
janvier 2019) en produits de la fiscalité affectée comme la taxe d’apprentissage
(2)
Contre 2 956
929 € inscrit dans le contrat de site
Source
: Cour des comptes d’après comptes ECM
Ce tableau appelle les commentaires suivants :
1°) Avec 4 730
619 € de ressources propres en 2021, l’ECM peut espérer atteindre
l’objectif cible qu’elle s’était donné, de 5 M€, en 2022
;
2°) Les deux-tiers
de l’accroissement (avoisinant 2 M€) des ressources propres, constaté
entre 2017 et 2021, proviennent de la hausse de la contribution des élèves, laquelle pour
l’essentiel découle du quadruplement
45
des frais de scolarité des élèves ingénieurs des Écoles
Centrales
autorisé par l’
État par arrêté interministériel du 21 août 2018.
3°) S’agissant de l’apprentissage, le tableau ci
-
après retrace l’évolution depuis 2014 des
financements obtenus à ce titre par l’ECM, d’une pa
rt, du CFA Épure en contrepartie de ses
contrats d’apprentissage et de professionnalisation, d’autre part, directement des entreprises via
la taxe d’apprentissage dont la collecte constitue pour l’
École
une ressource libre d’affectation
Tableau n° 4 :
K€
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Versements CFA Épure
101
339
293
387
450
500
790
470
Taxe d’apprentissage
471
278
320
277
260
277
272
286
Ressources tirées de
l’apprentissage
572
607
613
664
710
777
1062
756
Source : ECM
S’agissant, en premier lieu, de la collecte de la taxe d’apprentissage, on relève, d’abord,
la baisse de 41 % intervenue entre 2014 et 2015, qui n’est pas imputable à l’ECM mais qui
découle de la réforme introduite à partir de la LFR 2013, laquelle a structurellement modifié la
donne, en leur défaveur, pour les établissements d’enseignement supérieur. Ensuite le constat
du caractère quasi-étale de la collecte, depuis 2015, relativise la portée de la politique de
renforcement des liens avec les entreprises, volontiers mise en avant, par
l’École
, parfois en
forçant le trait
46
.
45
Ils passent de 610 à 2
500 €, et même à 3
500 € pour la seule CentraleSupélec.
46
«
Le rapprochement avec le monde de l’entreprise constitue un axe majeur de la stratégie de l’École pour le
développement du lien entre les élèves et le monde socio-économique et, ainsi, soutenir leur professionnalisation
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
33
En second lieu, au-
delà du pic observé en 2020 lié à un reliquat 2019 de 390 K€, reporté
sur cet exercice, l’augmentation tendancielle du financement
Épure traduit bien, pour sa part,
une
progression constante des contrats afférents, essentiellement d’apprentissage, fruit d’une
politique volontariste réussie de l’ECM.
Inscrits
(source
ECM)
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Contrats
d’apprentissage
17
34
31
37
41
64
77
96
Contrats
de
professionnalisation
5
5
3
4
10
5
11
8
Nombre total de
contrats
22
39
34
41
51
69
88
104
2.1.6
Un engagement resté lettre morte
: l’absence préjudiciable de suivi analytique
des ressources
L’objectif de
« développement des ressources propres », fréquemment mis en avant
dans l’enseignement supérieur y compris par les administrations de tutelle, souffre de se
focaliser sur une ressource brute et non une ressource nette des charges corollaires.
De ce point de vue, l’absence de comptabilité analytique demeure pour un établissement
d’enseignement supérieur un handicap trop souvent sous
-estimé. L
’objectif ne doit pas être de
développer des ressources propres « à tout prix »
mais d’en rechercher qui
dégagent une
contribution nette positive au résultat global. À défaut, le développement desdites ressources
aboutirait à consommer des subventions voire des réserves. C’est, entre autres, à cet objectif
que répond la mise en place d’une comptabilité analyt
ique.
Dans sa réponse aux observations provisoires de la Cour, le MESRI a indiqué qu’au
cours de l’année 2020
-
2021, l’ECM avait «
bénéficié (…) de l’accompagnement proposé par
la "mission expertise et conseil auprès des établissements" de la DGESIP, pour déployer la
méthode de connaissance des coûts complets des activités (…) méthodologie (qui) relève de la
comptabilité analytique et du contrôle de gestion et (qui) permet aux établissements de
connaitre leurs coûts de formation, de recherche, de soutien et de support
». A l’issue de cette
phase d’accompagnement, l’ECM avait ainsi «
produit les livrables demandés, c’est
-à-dire les
coûts et les revenus par domaine disciplinaire pour la formation et la recherche, et par niveau
de formation.
»
Toutefois, la Cour
relève qu’aujourd’hui, l’ECM n’
était pas encore parvenue à mettre
en place
les éléments d’
une comptabilité analytique
, comme elle s’y était engagée dans
le volet
spécifique du contrat de site 2018-2022
47
.
(…). Les relations nouées avec les entreprises ont permis aussi de développer la collecte de la taxe d’apprentissage
avec plus de 285 K€ contre 272 K€ en 2020.
» (rapport d’activité 2021).
47
« (
L’établissement) s’engage également à mettre en place, pendant la durée du contrat, une comptabilité
analytique conformément aux articles 59 et 209 du décret 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion
budgétaire et comptable publique. »
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
34
Recommandation n° 2.
ECM) :
Mettre
en
place
une
comptabilité
analytique
conformément au code de l’éducation et aux engagements pris par l’
École dans le volet
spécifique du contrat de site 2018-2022.
2.1.7
Une vocation internationale affirmée mais une École qui peine à attirer des
étudiants étrangers
Si, dans le contrat pluriannuel 2012-
2017, la volonté de développer l’attractivité
internationale de l’
École
n’était qu’un des points du volet formation, il avait néanmoins retenu
de façon usuelle pour les établissements d’enseignement supérieur, le double indicateur des
mobilités internationales sortante (nombre de diplômés ayant suivi au moins six mois de stage
ou de formation dans un pays étranger pendant leur cursus / nombre total de diplômés) et
entrante (nombre d’inscrits étrangers non titulaires d’un baccalauréat français / nombre
total
d’inscrits), indicateurs s’appliquant uniquement à la filière
« ingénieurs », et pour lesquels
l’ECM affichait des taux respectifs de 26
% et 17,5 % en année de référence, soit 2011.
S’agissant de la mobilité sortante, l’ECM s’était assigné l’objecti
f de 95 % en 2017,
progression fulgurante mais qui s’appuyait sur la règle de l’internationalisation des cursus
ingénieur avec la mise en place d’une mobilité obligatoire à l’étranger d’au moins un semestre,
à partir de la promotion diplômée en 2014. Pour
ce faire, l’éventail des possibilités offertes aux
élèves fut et demeure large. En conséquence, l’ECM atteignit et même dépassa ses objectifs
avec un taux de 98 % en 2017 ayant toutefois pour limite le fait que si la mobilité internationale
d’au moins un s
emestre est une condition de diplomation des élèves, cette obligation ne
s’applique qu’à ceux sous statut étudiant, la durée minimale étant ramenée à un trimestre pour
ceux sous statut apprenti.
S’agissant de la mobilité entrante, la cible 2017 de l’ECM s’établissait à 25
% dans le
contrat 2012-2017 avec un taux de départ de 17,5 % en 2011, supérieur à la moyenne nationale
de 16
% des écoles sous tutelle MESR. Objectif non atteint puisqu’en 2017, le ministère
n’évaluait l’indicateur qu’à 17,8
%, chiffre co
ntesté par l’ECM
, qui revendiquait 20,5 %.
L’
École
a néanmoins entrepris diverses actions visant à atteindre l’objectif de 25
%, en se
mettant notamment, pour la structure des formations, en conformité avec les préconisations de
l’espace européen d’enseignement supérieur. Pour augmenter la visibilité et l’attractivité de
l’ECM, différentes plaquettes, présentations et brochures ont été conçues et mises en ligne sur
un site dédié en anglais («
English Website for International Students
»). Néanmoins, dans son
rapport d’autoévaluation 2016, l’
École, tout en revendiquant avoir significativement amélioré
le «
dispositif d’accueil physique
» des étudiants étrangers, soulignait le handicap lié à sa
localisation phocéenne :
«
Reste finalement un enjeu de taille :
il est patent qu’une mauvaise
image de la ville nuit actuellement à la montée en puissance de l’accueil d’étudiants
internationaux à l’école. Un travail a été engagé ces dernières années avec les collectivités
publiques. Il doit se poursuivre, en adressant conjointement les problématiques de la sécurité
du site et de la Ville et ceux de l’attractivité de l’école et de son campus, grâce à l’amélioration
de ses équipements et de ses services
. »
En tout état de cause, juger de l’évolution des indicateurs de mo
bilité internationale
s’avère aujourd’hui compliqué par l’impact de la crise sanitaire qui a entrainé son arrêt quasi
-
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
35
total en 2020 et une remise en marche très progressive en 2021, avec des inflexions constatées
par la direction de l’ECM
: «
Les élèves ce
ntraliens ont majoritairement réorienté leurs vœux
de mobilité vers des destinations européennes (90 % au lieu des 70 % habituels).
»
48
Toutefois, s’agissant de la mobilité entrante, le fait que la grande majorité des cours
dispensés à l’ECM le soient en fr
ançais demeure peut-être
pour l’
École
un frein à l’accueil
d’étudiants étrangers. Il serait d’ailleurs loin d’être le seul si on en croit les propos tenus lors
d’un conseil d’administration par le directeur des relations internationales. «
L’accueil des
ét
udiants internationaux s’avère faible à différents niveaux et doit être amélioré notamment
par le biais de la communication. Il est en effet difficile d’obtenir des informations sur la
mobilité et la possibilité d’en faire à Centrale Marseille. De plus, un
minimum de services
doivent être associés (logement, etc.) lorsque des étudiants internationaux intègrent un
établissement, et enfin, le campus est peu international, car il n’y a pas d’installations sportives
à proximité, et la signalétique, par exemple,
n’est pas en anglais
»
49
2.1.8
Une Grande École
qui place au cœur de son projet la responsabilité sociétale
Sur son site internet, l’ECM proclame que
«
Loin d'être un effet de mode, la
responsabilité sociétale est au cœur de la culture historique des Écoles Cent
rales. Former des
ingénieurs de haut niveau pour contribuer au développement des entreprises et répondre aux
besoins de la société : telle est la mission originelle et toujours actuelle de nos Écoles
. »
De fait l’ECM, seule ou avec les autres
Écoles Centrales, a engagé depuis plusieurs
années des actions significatives en la matière, en particulier dans deux domaines.
2.1.8.1
Le Labo Sociétal
Créé en 2011, le Labo Sociétal est une entité de l’ECM dédiée à l’innovation sociale
dans les champs de l’éducation et de la
formation. Ses programmes empruntent une triple
dimension
: la formation, l’engagement étudiant et la responsabilité sociale de l’
École dans son
territoire, celle-ci étant située dans le 13e arrondissement de Marseille, situation géographique
qui la place à proximité de plusieurs quartiers prioritaires de la politique de la ville, et donc
propice à la sensibilisation aux inégalités économiques et sociales.
Pour ce faire, le Labo Sociétal s’appuie sur un partenariat étroit avec l’association
Échanges Phocé
ens qui regroupe chaque année une centaine d’élèves de l’
École et porte des
programmes de tutorat, notamment le tutorat collèges/lycées accompagnant des collégiens (à
partir de la 4
ème
) et lycéens (jusqu’à la terminale), issus de milieux sociaux modestes e
t/ou
scolarisés dans des établissements du Réseau de l’
Éducation Prioritaire REP / REP+.
Initié en 2004, avant même la création du Labo Sociétal, ce programme de tutorat
collège / lycée, est labelisé « Cordées de la réussite » depuis 2008, ce qui lui permet de voir
48
Rapport d’
activités 2021.
49
CA du 9 juillet 2020.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
36
financer ses actions dans ce cadre. En 2020, ce programme affichait : 11 établissements
partenaires ; 93 tuteurs engagés ; 125 collégiens et 122 lycéens, bénéficiaires.
Dans son dossier d’autoévaluation 2016, l’ECM en faisait un élément consubsta
ntiel de
son identité d’école, revendiquant d’avoir été le premier établissement d’enseignement
supérieur à s’impliquer dans le tutorat étudiant en faveur des collégiens.
Toujours en s’appuyant sur le Labo Sociétal,
Échanges Phocéens développe aussi deux
a
utres programmes de tutorat, également labellisés Cordées de la Réussite. D’une part, HTTP
(Handicap TuTorat Phocéen) qui promeut l’accessibilité aux études supérieures pour les jeunes
en situation de handicap. D’autre part, Spé S&T
ou CPES Spé S&T, pour «
Classe Préparatoire
aux Études Supérieures Scientifiques et Techniques
», mis en œuvre en coopération avec le
lycée Thiers dont une
vingtaine d’élèves sont ainsi accueillis à l’ECM
avec pour objectif de les
accompagner dans la réussite de leurs concours et de préparer leur entrée dans les grandes
écoles scientifiques. Plus de 200 jeunes auraient ainsi été accompagnés depuis sa création en
2010.
Indépendamment de l’association
Échanges Phocéens, le Labo Sociétal a développé
d’autres types d’actions, certaines avec succès, d’autres non sans difficultés. Au rang des
premières, on peut citer le programme "Dégun Sans Stage" qui, depuis 2017, a bénéficié, selon
l’ECM, à près de 2
200 jeunes. Parmi les actions plus difficiles, la "Passerelle Numérique"
Formation gratuite de développeur web full-stack d'une durée de 8 mois, ouverte à toutes et
tous (avec ou sans le bac). Apprenez à coder à l'École Centrale de Marseille, grâce à une
formation labellisée Grande École du Numérique !
»), ouverte en 2017 comme formation
diplômante destinée aux jeunes de 18 à 30 ans issus des quartiers prioritaires de la métropole
d’Aix
-
Marseille mais qui a fermé en 2021, faute d’impétrants sur fond de crise sani
taire, et sur
laquelle, l’ECM via son précurseur (SIMPLonMARS
) avait pourtant fondé de grands espoirs.
2.1.8.2
L’engagement en faveur du développement durable
Bien qu’
item
à part entière du rapport d’autoévaluation de 2016, celui
-ci ne cachait pas
que «
(la) prise
en compte du développement durable n’était pas encore systématique, malgré
de nets progrès
». Depuis, souvent en coordination avec les autres Écoles Centrales
, l’ECM
semble avoir nettement accentué son engagement en la matière, considéré, par sa directrice, dès
sa prise de fonction, comme devant se situer au cœur des préoccupations de l’
École : «
Les
enjeux sociétaux liés à la préservation de la planète sont énormes, avec la seule assurance que
l’ensemble du système sera bousculé.
»
50
Dans ce cadre,
l’ECM
a
entrepris d’intégrer le développement durable, tant dans son
organisation que dans sa formation, au travers de dix «
modalités d’intégration
», de portée
variable, mais parmi lesquelles on peut remarquer une sensibilisation aux enjeux et principes
du développement durable dans le tronc commun de l'ingénieur centralien, suivie par une offre
d'enseignements électifs d'approfondi
ssement, l’i
ntégration obligatoire d'une analyse des
questions environnementales, de santé et sécurité au travail, dans le rapport de stage de première
50
Éditorial du rapport d’activité 2019.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
37
année et, enfin, la possibilité de suivre un semestre entièrement dédié au développement
durable.
Ensuite, la dernière révision de la
Charte d’orientation de l’achat public de l’ECM
en
date du 19 mars 2021, y a introduit des dispositions visant à intégrer les enjeux du
développement durable lors de la passation des marchés. Avec toutefois cette restriction finale :
«
Il est important de noter que la prise en compte de ces objectifs dans la définition des besoins
est, pour l’acheteur, une obligation de moyen : l’acheteur peut déroger à cette obligation, s’il
est en mesure de justifier de son impossibilité à prendre en compte de tels objectifs
. »
Enfin, l’ECM a signé, le 22 septembre 2021, l’
Accord de Grenoble, imaginé pour
accélérer la transition socio-
écologique dans l’enseignement supérieur et la recherche, en
France, à l’initiative de la
« Cop2 Étudiante »
des 10 et 11 avril 2021, et de l’association
support, la Convention pour la Transition des Établissements du Supérieur. Dans le même sens,
l’ECM
est partie prenante du collectif GITE
Groupe InterCentrale pour la Transition
Écologique
qui a produit, en septembre 2021, une feuille de route validée par les directions
des cinq écoles centrales de France et Centrale Casablanca.
Toutefois, l’ECM reconnait que, dans deux domaines pourtant essentiels, la
concrétisation de son engagement en faveur du développement durable demeure ardue.
D’une part, en matière de recherche
: «
L'engagement de Centrale Marseille en matière
de recherche est tout aussi conséquent que celui qui prévaut pour la formation. Cependant,
deux facteurs en limitent la visibilité. En premier lieu, la multiplicité des unités de recherche
dont l'école est cotutelle et plus encore, au sein de chacune d'elle, la multiplicité des axes
thématiques et des programmes développés. En second lieu, c'est le problème de la délimitation
du champ du développement durable qui se pose : il n'est guère toujours facile d'en marquer le
territoire théorique. Cela étant dit, l'on peut citer à titre illustratif les travaux menés autour de
la chimie verte, des énergies offshores, de l'efficacité énergétique, de la pollution de l'eau
... »
(Site internet de l’ECM)
.
D’autre part, à propos du patrimoi
ne immobilier : «
Du point de vue du patrimoine, de
nombreux efforts restent à faire pour disposer d'un campus à la hauteur des exigences : il y a
là un chantier important, qui a commencé d'être engagé
. »
51
2.2
Le choix radical d’une croissance
« externe » : de
l’ECM
à Centrale
Méditerranée
2.2.1
La genèse du projet « Centrale Méditerranée »
Dans sa note stratégique 2022-
2027, l’ECM indique que ses «
attentes pour grandir se
sont rencontrées avec celles de l’UCA et de la Métropole de Nice pour y créer un campus à
Nice et y concevoir une offre de formation en ingénierie
». Dans le dossier qu’elle a transmis
51
Publication ECM.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
38
au recteur, le 23 décembre 2021, aux fins de communication au MESRI, l’
École va même
jusqu’à dire que ce projet a répondu à «
(la) sollicitation
» de ces deux e
ntités, qu’elle a
perçue comme «
une opportunité à saisir rapidement
». D’un autre côté, le président du conseil
d’administration semble accréditer que c’est l’ECM qui a pris l’initiative de saisir les acteurs
niçois : «
En mars 2021, nous prenions contact avec la ville et la métropole de Nice dans la
continuité de nos échanges et travaux avec les laboratoires de recherche de l’Université Côte
d’Azur.
»
52
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle donne marque une nette inflexion par rapport à une
stratégie traditionnelle visant à «
(s’) inscrire dans la dynamique du site AMPM pour accélérer
le développement de l’
École Centrale de Marseille.
»
En tout état de cause, selon l’ECM
:
-
d
’une part, la Métropole de Nice a d’ores et déjà mis à sa disposition 800 m² de locaux
avec un loyer réduit de 50% et la possibilité de plateaux supplémentaires en fonction du
déploiement des formations, le tout localisé dans l’
Eco vallée, zone à fort dynamisme,
où sont principalement situés les résidences universitaires et les restaurants du CROUS ;
-
d
’autre
part, son implantation à Nice serait «
plébiscitée par les acteurs de l’ESR niçois
qui peuvent mettre à disposition plateaux techniques et services aux étudiants
», à
l’instar de l’UCA via Polytech’Nice
et SKEMA BS qui envisageraient de développer
dans l’avenir des formations communes avec l’ECM, en particulier l’école de commerce
avec laquelle des travaux seraient déjà engagés aux fins d’élaborer une offre conjointe.
Ce bon accueil des acteurs politiques et universitaires locaux
découlerait, selon l’ECM,
d’une double réalité.
En premier lieu, le fait que, globalement, le sud de la région PACA et plus encore la
côte d’Azur, subissent sur leur territoire un manque en grands établissements de la filière
Ingénieur. Ainsi, en 2019-2020, y avait-il en France 167 547 étudiants en formation
d’ingénieurs mais seulement 1
052 à Nice. Dès lors, avec environ 1 000 étudiants en formation
d’ingénieurs par an, Nice ne rassemblerait que moins de 1 %, d’une part, des étudiants de PACA
toutes filiè
res confondues, et, d’autre part, des élèves ingénieurs au niveau national. En
conséquence, dans les Alpes-Maritimes, «
il n’y a qu’une faible compétition entre les
établissements de la filière Ingénierie tant les besoins (…) sont élevés.
»
53
En second lieu, ce déficit de la filière serait encore plus criant pour les candidats postbac.
Selon l’ECM, Polytech‘Nice, seule école d’ingénieurs
postbac
54
de la zone, ne recruterait,
chaque année, que 120 étudiants sur 5 500 candidats de très bon niveau, par manque de
capacités d’accueil et d’encadrement.
52
Cf
. « Le mot du président »
in
rapport d’activité 2021.
53
Dossier de présentation du projet « Centrale Méditerranée ».
54
Les deux autres écoles d’ingénieurs présentes sur le territoire (Mines Paristech et Eurecom) ne recrutant pas en
effet au niveau du bac.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
39
Or, selon l’ECM, si la mobilité entrante dans l’académie de Nice est faible (12
% contre
18 % en moyenne nationale),
sans doute à raison d’un coût élevé du logement
, les 3/4 des
bacheliers niçois, à l’inverse, resteraient dans l’académie pour suivre des études supérieures.
L’ECM
déduit de ce double constat l’opportunité que représenterait pour elle le
développement d’un
Bachelor
sur le territoire de la côte d’Azur, offre de formation qu’elle
affiche avoir identifiée comme un créneau stratégique pour son développement et sur laquelle
elle entend donc se positionner à l’avenir.
«
De manière générale, les écoles d’ingénieurs ont vu émerger une forte croissance des
programmes Bachelor
sur les 5 dernières années, d’une vingtaine en 2018 à une trentaine en
2019. De plus, les classes préparatoires intégrées gagnent du terrain vis‐à‐vis des CPGE.
Cette
dynamique représente une opportunité que Centrale Marseille souhaite saisir afin d’attir
er des
élèves postbac
(niveau régional/national/international) vers les filières d’ingénierie
. Au sein
du Groupe des Écoles Centrale, diverses initiatives vont dans ce sens, en France et à l’étranger.
L’objectif est de capter un public qui jusque‐là n’étai
t pas accessible à Centrale Marseille,
mais également de le fidéliser sur le territoire.
» (dossier de présentation du projet transmis au
MESRI en décembre 2021)
C’est donc fort de cette approche que l’ECM a entrepris de changer de
dénomination pour désorm
ais s’appeler «
Centrale Méditerranée
». Ce changement de nom fut
entériné par le conseil d’administration du 28 avril 2022, du moins comme nom d’usage, c’est
-
à-
dire entre autres dans ses statuts, l’appellation
« École Centrale de Marseille » lui ayant été
attribuée par décret en 2006 et relevant d’une dénomination juridique ne pouvant être changée
par une simple délibération du conseil.
2.2.2
Une offre de formation inédite pour l’ECM
Le projet de l’ECM sur le site niçois est donc, dans un premier temps, c’est
-à-dire à la
rentrée 2023, d’y proposer un
«
Bachelor of Science
» ainsi décrit à son administration de
tutelle :
«
Ce programme en trois ans, sélectif et pluridisciplinaire, permettra aux étudiants
d’acquérir des connaissances solides non seulement dans les disciplines scientifiques mais
également en langues étrangères ainsi qu’en sciences humaines et sociales. Délivrant le Grade
L, cette formation inscrite sur Parcours Sup sélectionnera les étudiants en fonction de critères
d’excellence,
favorisera les étudiants du département des Alpes Maritimes et sera ouverte à
30% d’élèves boursiers. Elle sera largement ouverte à l’international. Ce parcours original qui
n’est pas développé à l’heure actuelle sur le territoire Côte d’Azur permettra soit une entrée
dans le monde du travail, soit une poursuite en master sur le site d’UCA ou en Master of Science
and Technology (Mention Ingénierie des Systèmes Complexes) avec Centrale et le site, soit de
permettre l’accès au cycle d’ingénieur selon des modalités à préciser
.
» (dossier de présentation
du projet transmis au MESRI en décembre 2021).
Nouvelle, cette formation a fait l’objet d’une demande d’habilitation CTI de façon à être
labellisée "licence" et faciliter ainsi sa reconnaissance au niveau national. L’objectif de l’ECM
est de la proposer dans le cadre de Parcoursup 2023 aux fins de l’ou
vrir à la rentrée 2023.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
40
l’ECM
se donne les objectifs suivants en matière de recrutement pour les trois prochaines
années : 25 en 2023-2024 ; 50 en 2024-2025 et 75 en 2025-2026.
Enfin, si en ce qui concerne le recrutement national, l’
École
a l’intention de
procéder
via Parcoursup, elle affiche aussi, à charge cependant pour elle d’en préciser les voies et
moyens, sa volonté de
« favoriser les étudiants du département des Alpes- Maritimes afin de
fidéliser les professionnels de filières de l’ingénierie sur le
territoire, en réponse aux attentes
des entreprises.
»
55
Bien que l’ECM fasse volontiers le parallèle entre ce futur
Bachelor
à Nice et la licence
MPCI développée à Marseille en cohabitation avec AMU, tous deux diplômes de niveau Bac +
3, cette comparaison trouve ses limites dans le fait que ledit
Bachelor
serait un diplôme
universitaire porté en propre par l’ECM, laquelle, à l’inverse, ne joue qu’un rôle second pour
la licence MPCI, comme l’atteste la répartition des tâches au sein de ce partenariat.
Au titre des débouchés possibles de ce
Bachelo
r, un des éléments d’attractivité évoqué
par l’ECM est par ailleurs qu’il pourrait constituer une voie d’accès au diplôme d’ingénieur de
l’ECM
: «
La formation s'adresse à des élèves bacheliers d'un très bon niveau souhaitant
entamer une formation initiale professionnalisante. Les meilleurs d’entre eux pourront
candidater pour poursuivre dans des études scientifiques de haut niveau en master ou en cursus
ingénieur.
»
56
Or, en l’état, la seule alternative aux CPGE (vo
ie générale ou filières spécialisées)
réservée aux diplômés niveau Licence/
Bachelor
- est le "recrutement sur titre CASTing, lui-
aussi commun aux Écoles Centrales.
Bien que dans leur communication externe, les Écoles Centrales aiment présenter cette
voie d’accès comme un recrutement sur titre, ce dernier (licence ou
Bachelor
) n’est qu’une
condition nécessaire mais non suffisante, puisque les postulants « admissibles » sur dossier
outre un entretien permettant au candidat «
de présenter son parcours et ses objectifs personnels
et professionnels, d’exprimer ses motivations pour le métier d’ingénieur, d’expliciter son choix
d’école
» -
doivent passer à l’écrit (trois épreuves scientifiques) comme à l’oral (une épreuve
dans la dominante choisie), des épreuves théoriques.
Néanmoins, la licence MPCI pourrait en effet fournir un éclairage utile à cette
perspective. Du moins sur le papier si on en croit la présentation qu’en fait AMU dans sa
plaquette de présentation, roborative mais qui
souffre toutefois de l’absence de données
chiffrées récentes, qualifiées de «
non disponibles
» sur le site Internet d’AMU, tandis que le
Volet ECM du contrat de site 2018-
2022 n’étaye pas davantage l’affirmation selon laquelle
«
(cette) licence MPCI est un grand succès et affiche un placement excellent en écoles
d’ingénieurs ou Master.
»
55
Dossier de présentation du
Bachelor
aux instances de l’ECM (avril 2022)
.
56
Dossier de présentation du
Bachelor
aux i
nstances de l’ECM (avril 2022)
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
41
2.2.3
Deux campus et la perspective d’un «
doublement d’échelle à 10 ans
» pour
l’ECM
Au-delà du futur
Bachelor
, l’ECM entend proposer sur le site niçois «
de déployer une
of
fre (…) de diplômes s’échelonnant du post BAC au doctorat
». Ses objectifs affichés sont les
suivants :
-
à
l’instar des partenariats avec AMU, proposer des masters en cohabilitation avec UCA
à l’appui d’une stratégie de double
-diplôme ayant souvent pour objectif la poursuite
d’études en doctorat
;
-
conforter
son offre de doctorats en s’appuyant sur les laboratoires de Nice et les écoles
doctorales d’UCA
;
-
développer
à Nice son diplôme d’établissement (
CentraleDigitalLab@Laplateforme
).
Mais le projet stratégique de Centrale Méditerranée consiste surtout à se déployer sur
deux campus, celui de Marseille et celui de Nice, «
en préservant un seul siège à Marseille, en
recrutant sur un même concours pour la filière ingénieur
» avec comme objectif sur 10 ans,
donc en 2031, de «
doubler le nombre d’ingénieurs centraliens
formés sur les deux sites (…) à
parité
», d’une part, et au global, «
de quasiment tripler les effectifs étudiants
»
57
, d’autre part.
Le fondement de ce projet a été synthétisé dans une nouve
lle "Note d’orientations
stratégiques 2022-
2027", validée par le conseil d‘administration de l’ECM, le 12 mai 2022.
L’ECM
y considère avoir aujourd’hui «
atteint un plateau de croissance dans les divers
classements
» et se donne donc comme objectif de «
reprendre sa progression.
» pour «
accéder
au groupe des quinze meilleures écoles en France
», étant entendu, on l’a vu, qu’en 2014,
l’
École affichait déjà vouloir «
intégrer le Top 14 des écoles d’ingénieurs de France, d’ici 2022.
»
Structurée en trois axes («
Attirer
», «
Innover
» et «
Grandir
»), cette note décrit pour
l’essentiel des objectifs politiques généraux et souffre donc de l’absence
d’objectifs concrets et
chiffrés, à quelques exceptions près, parmi lesquelles
le souhait d’accueillir 30% de publ
ic
étudiant international sur l’ensemble des campus et des formations.
En tout état de cause, dans le dossier transmis au MESRI sur son projet d’implantation
à Nice, l’ECM souligne que
« la conscience de la problématique de la soutenabilité financière
comm
e du développement des ressources propres de l’établissement est partagée à tous les
niveaux de l’établissement.
»
C’est à l’aune de cette affirmation que l’analyse du modèle économique du projet
- la
robustesse des hypothèses qui lui sont sous-jacentes et sa soutenabilité - figure ci-après dans la
partie III consacrée à la situation financière de l’ECM.
57
In
dossier transmis au MESRI en décembre 2021 relatif à «
l’implantation d’un campus de l’ECM à Nice
»
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
42
2.2.4
Un enjeu «
primordial
» pour l’ECM
: la question des classements
Les classements nationaux
Lors de la réunion du conseil d’administration du 9 juillet 2021
, son président souligna
que parmi les priorités de l’ECM, devait figurer le classement de l’
École, «
primordial (…)
pour lequel il faut investir et focaliser sur ce point
». De fait, sur la période sous-revue, cette
question a souvent été abordée par les
instances de l’
École, non seulement compte tenu de la
non-
atteinte de l’objectif réitéré que l’ECM
accède au «
Top 14 des écoles d’ingénieurs
», mais
aussi au regard de l’évolution de l’
École par rapport à ses homologues comparable du GEC, en
l’espèce Cent
rale Lille et Centrale Nantes.
Le tableau ci-après rappelle les places respectives des trois écoles dans les classements
des médias
L’
Étudiant
et
l’Usine Nouvelle
, en 2014 puis de 2019 à 2022.
Tableau n° 5 :
Classement des écoles
2014
2019
2020
2021
2022
ECM (L’
Étudiant)
28
NC
25
29
25
Centrale Lille (L’
Étudiant)
ND
15
14
12
9
Centrale Nantes (L’
Étudiant)
ND
4
5
4
12
ECM (Usine Nouvelle)
28
47
19
34
45
Centrale Lille (Usine Nouvelle)
22
40
39
22
12
Centrale Nantes (Usine Nouvelle)
12
5
14
9
14
Source : Cour des comptes
Il est clair que, sur la période, ces classements, tous deux multicritères, ont évolué, avec
parfois par des modifications sensibles d’une année sur l’autre. Comme le rappelait la directrice
de l’ECM, s’ils «
sont au cœur de l’attention de l’é
quipe de direction, car ils font partie des
éléments qui donnent une vision objective des actions engagées, (…) ils ne vont cependant pas
guider totalement la stratégie, car cela serait trop limité, d'une part, et les critères de
classements peuvent évolue
r puisqu’il s’agit de données de presse, d'autre part.
»
58
Ces réserves mentionnées, force fut à l’ECM de constater lors du conseil
d’administration du 19 mars 2021, dont l’un des points à l’ordre du jour était consacré à
"l’analyse du positionnement de l’
École
dans les classements 2021 des écoles d’ingénieurs",
avec focus sur celui de l
Étudiant
, que «
Centrale Marseille (était) classée en 29
ème
position
dans L'Étudiant et 34
ème
dans L’Usine Nouvelle, ce qui (traduisait) pour la première fois depuis
de nom
breuses années un recul non négligeable de l’école dans ces deux classements.
»
58
CA du 19 mars 2021.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
43
Dès lors, comme l’a souligné alors le président de l’association des anciens élèves de
l’
École :
«
(Il) est nécessaire au-delà des points attribués ou non, de regarder le problème dans
son ensemble, rubrique par rubrique, car il existe beaucoup de champs de progression
pour l’école
» sachant que « toutes les écoles Centrale ont progressé, dont une
particulièrement rapidement, Centrale Nantes, puisque sur la décennie qui vient de
s’écouler, cette école est passée devant Centrale Lille et vient de doubler Centrale Lyon
pour la première fois. Par conséquent, il semble nécessaire d’envisager un benchmark
à Centrale Nantes qui a aussi des promotions de 300 élèves comme à Marseille mais
aussi dans d'autres écoles afin d’examiner les meilleures opportunités et actions pour
progresser et regagner non seulement le rang que Centrale Marseille occupait, mais
aussi pour atteindre le rang retenu par le Comité d’Orientation Stratégique validé d
ans
le CA de l’école, c'est
-à-dire le "Top 14" a minima.
»
En tout état de cause, à cette occasion, l’ECM
a pu recenser ses handicaps ou ses
points faibles pour progresser dans les classements nationaux des écoles d’ingénieurs,
parmi lesquels sa taille (des promotions de 300 élèves contre 500 environ pour les
établissements directement concurrents), sa jeunesse
59
, une ouverture internationale
insuffisante (24 % d
étudiants étrangers en 2021, quand il en faudrait 30 %) et une
concrétisation insuffisante de ses relations avec les entreprises.
2.2.4.1
Les classements internationaux
Aujourd’hui au sein du GEC, seule Centrale
Supélec, directement et au travers de
l’université Paris
-Saclay, ainsi que
Centrale Lyon apparaissent dans au moins l’un des trois
grands classements internationaux (Shanghai, Times Higher Education World University
Rankings et QS World University Rankings). S’agissant de l’ECM, la question a été abordée à
plusieurs reprises au sein du conseil d’administration pour, d’une part, souligner l’importanc
e
de ces classements mais, d’autre part, constater qu’«
à ce jour Centrale Marseille n’a
absolument pas les effectifs et les résultats académiques suffisants pour y prétendre
» même si
«
AMU (étant) classée dans le Time Higher Education (…) les laboratoires de l’
École sont
classés ce qui (lui) permet d’être attractive pour les étudiants visant un doctorat.
»
60
.
Néanmoins, dans la Note d’orientations stratégiques 2022
-
2027 précitée, l’ECM a de nouveau
souligné qu’«
un classement international (étant) un plus
pour gagner en visibilité (…)
» elle
«
posera une stratégie pour accéder à un classement qui lui est adapté
».
59
Ainsi pour le critère «
nombre d’anciens sur LinkedIn
»,
l’ECM
est assez bien placée dans le classement de
« L'Étudiant », mais étant une jeune grande école
, elle compte beaucoup moins d’anciens diplômés que la plupart
des autres écoles.
60
Intervention de la directrice de l’ECM au CA du 4 juillet 2019.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
44
3
DIAGNOSTIC
FINANCIER
DE
L’ECM
ET
POINTS
PARTICULIERS DE GESTION
3.1
Présentation des résultats de l’ECM, de 2016 à 2021, inclus
La période d’analyse ci
-après porte sur 2016-2021 en raison du changement de
présentation comptable intervenu avec l’application du Recueil des Normes
comptables pour
les établissements p
ublics et de l’Instruction
comptable c
ommune qui ont été mis en œuvre
à
partir du 1
er
janvier 2017 avec présentation
pro forma
des comptes 2016. De plus, dans le cas
de l’ECM, la convention avec la CCIMP s’étant terminée mi
-2015, il en est résulté sur 2016,
une contraction des produits et charges du compte de résultat d’environ 1,4 M€ par rapport à
2015.
Tableau n° 6 :
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Produits
16 723 318
17 347 210
17 929 530
18 872 663
20 122 539
20 539 644
Charges
16 607 520
17 131 588
17 854 119
19 088 621
19 131 268
19 584 831
Résultat
115 798
215 622
75 411
(215 958)
991 271
954 813
Source : Comptes certifiés ECM
Ces résultats appellent les remarques suivantes :
1°) Outre la suppression des éléments exceptionnels, il est à noter le caractère marginal
des éléments financiers (l’ECM n’ayant par ailleurs aucun
emprunt). Sur la période 2016
2021, on ne trouve trace que d’«
intérêts sur créances non immobilisées
» de 35
872 €, en 2016,
et de produits et charges calculés à caractère financier, de 60
000 € chacun, donc neutre sur le
résultat, en 2019.
2°) Qu’il s’agisse des provisions ou des engagements hors bilan, les comptes de l’ECM
ne semblent affectés d’aucune moins
-value latente. On signalera à ce titre la dépréciation
intégrale
61
de ses actions
62
dans la SATT Sud-
Est, compte tenu d’un résultat 2018 de celle
-ci,
déficitaire de près de 6 M€, portant son insuffisance de capitaux propres à 9,3 M€.
3°) S’agissant du déficit de 2019, il est in
habituel qu
’il
n’ait fait l’objet d’aucun
commentaire dans le rapport de gestion de l’ordonnateur sur le compte financier
ou dans
l’annexe aux comptes certifiés produite par le comptable. Quant au procès
-verbal du conseil
d’administration, tenu à distance le
19 mars 2020,
qui a approuvé les comptes financiers, s’étant
tenu à distance, il arrête à - 215
957,80 € ce
résultat dit « patrimonial » et
l’affect
er au report à
nouveau. Dernier
sujet d’étonnement, le rapport de gestion de l’ordonnateur sur le compte
financier 2019, se félicite que «
l’année 2019 (soit) le premier exercice budgétaire exécuté sans
61
Compte tenu d’une réévaluation de la provision, en 2019, de 48
000 à 108
000 € soit la totalité des apports de
l’ECM.
62
Participation marginale de 0,6 %.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
45
avoir eu recours à un budget rectificatif (BR) retraçant comptablement une image fidèle et
sincère du budget initial (BI). Cela démontre la très grande qualité des prévisions initiales »
.
Autosatisfecit qui se discute d’ailleurs s’agissant du résultat,
puisque le BI prévoyait un
excédent de 11
265 € et non un déficit de 215
958 €.
Il faut donc se reporter à l’avis favorable émis par le recteur d’académie sur les
conditions de retour à l’équilibre de l’ECM pour en comprendre les raisons.
«
Au compte financier 2019, l’ECM a enregistré
un résultat déficitaire à hauteur de
215
958 € (…). Un diagnostic conjoint a permis de mettre en évidence l’origine somme
toute conjoncturelle du déficit liée à une sous-exécution des produits et à une
augmentation exceptionnelle des charges de personnel.
S’agissant de la sous
-exécution
des recettes, l’ECM avait inscrit au budget initial 2019, un produit de 350 K€ au titre
de la taxe d’apprentissage, mais, par suite d’un décalage d’encaissement, cette somme
n’a pas été recouvrée, ce qui a joué défavorablem
ent sur le résultat. Dans le même
temps, l’application, à compter du compte financier 2018, de l’instruction sur la
méthode de comptabilisation des charges à payer a généré des charges de personnel
supplémentaires, non prévues au budget initial, à hauteur
de 100 K€. Ces deux facteurs
combinés seraient à l’origine du compte de résultat déficitaire constaté au compte
financier 2019
».
Dont acte et, en effet, si le reliquat 2019 de taxe d’apprentissage évalué par l’ECM à
390 K€ avait été enregistré sur cet exe
rcice
63
, le résultat de ce dernier aurait été excédentaire de
174 K€, celui de 2020 étant ramené à 601 K€
: mais, d’une part,
ce déficit est intervenu alors
que deux promotions sur trois du cursus ingénieur avaient déjà dû s’acquitter d’une forte hausse
des
droits d’inscription (cf. supra) lesquels sont ainsi passés de 462
373 € en 2018 à
1 110
931,50 € en 2019 et, d’autre part, comme l’a relevé elle
-
même la directrice de l’
École,
«
en termes de masse salariale, des excès ont eu lieu, un des emplois ne sera donc pas
renouvelé
»
64
.
Néanmoins, la reconnaissance par le recteur du caractère conjoncturel du déficit 2019
était assortie, dans le même avis, du constat de la dégradation tendancielle de la structure
financière de
l’ECM
.
«
Toutefois, si le résultat 2019
peut s’expliquer par des facteurs conjoncturels, on
constate néanmoins une tendance à la baisse des indicateurs patrimoniaux de l’ECM depuis
2014
». Le rectorat alertait notamment le conseil d’administration sur le risque de dégradation
du fonds de roulement : «
(…) le recteur entend attirer l’attention des membres du conseil
d’administration et de l’équipe de gouvernance sur la nécessité absolue de maintenir un fonds
de roulement suffisant pour financer des projets assez ambitieux, d’autant que l’
École souhaite
se développer, notamment à l’international
.
»
4°) La forte augmentation du résultat 2020 (excédent de 991,2 K€) par rapport à
l’exercice précédent (déficit de 216 K€) trouverait une triple explication. D’abord, 2020 est le
premier exercice où
l’augmentation des droits d’inscription, décidée en 2018 par l’
État, joue à
plein, au sens où elle concerne les trois promotions de l’ECM. L’impact est évalué à + 412 K€
par rapport à 2019. Ensuite, «
la pandémie a entrainé une baisse de 323 K€ des dépense
s
courantes de fonctionnement, en particulier des frais de mission, générant un excédent
63
Ce qui comptablement était sans doute impossible car la pièce justificative a, semble-t-il, été émise en janvier
2020.
64
Procès-verbal du CA du 9 juillet 2020.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
46
inhabituel pour l’établissement
»
65
. Enfin, on l’a déjà évoqué, les comptes de l’ECM ont
enregistré une forte hausse des financements en provenance du CFA EPURE (passés de 500 à
790 K€). Outre le reliquat 2019 de 390 K€ précité, sans lequel l’excédent de 2020 n’aurait été
que de 601,2 K€ pour un résultat 2019 devenant alors positif de 174 K€, on ne peut écarter que
cette hausse des financements du CFA soit aussi liée aux modifications réglementaires qui ont
concerné en 2019 le financement de la formation professionnelle,
l’ECM évoquant elle
-même
une «
collecte exceptionnelle, conséquence d’une année charnière de la réforme de la formation
professionnelle et de l’alternanc
e.
»
66
5°) En 2021, l’excédent de 955
K
€ s’expliquerait, entre autres, par le maintien de
«
l’effet 100 %
»
de la hausse des droits d’inscription, une augmentation de la SCSP de 467 K€
par rapport à 2020, et un reliquat de l’effet COVID sur les charges
: «
Il convient de noter que,
sans connaître un impact d’une ampleur identique à celui de l’année 2020, la crise sanitaire
s’est tout de même répercutée sur l’activité 2021 notamment en ce qui concerne les
déplacements et l’organisation des réceptions, avec principalement l’annulation de la
cérémonie de remise des diplômes
»
67
ce, pour trois promotions, la date du 7 janvier 2023 ayant
été fixée pour la remise des diplômes des promotions 2020, 2021 et 2022.
3.2
Structuration des résultats et calcul de la capacité d’
autofinancement
Le tableau ci-
après présente la structuration du résultat de l’ECM sur la période 2016
- 2021.
Tableau n° 7 :
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Droits d’inscription
(1)
377 310
350 268
462 373
1 110 931
1 433
250
1 616 363
CVEC
0
0
0
69 436
56 613
56 996
Formation continue
379 442
414 871
511 685 (1)
0
0
86 279
Autres
prestations
de
service
et
produits
activités
annexes
675 731
702 331
605 278
580 133
603 967
755 807
Subvention
ministère de tutelle
13 313
615
14 024
908
14 318 750
14 487 501
14 563
606
15 030 265
Autres subventions
790 172
903 199
1 109 160
1 121 354
1 661
435
1 395 545
Taxe
d’apprentissage
293 684
276 930
259 561
276 633
272 357
285 677
65
Cf. annexe aux comptes certifiés 2020.
66
Rapport d’activité 2020.
67
Rapport d’activité 2021.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
47
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Formation
par
l’apprentissage
0
0 (1)
0 (1)
500 000
790 000
470 000
Autres produits
289 769
92 498
33 143
48 680
74 251
90 952
Reprise
du
financement
rattachés à un actif
(2)
461 627
412 458
480 130
551 795
526 948
590 620
Reprises
sur
amortissements
et
provisions
106 089
169 747
149 450
126 199
140 112
161 140
Total
produits
de
fonctionnement
16 687
440
17 347
210
17 929 530
18 872 663
20 122
539
20 539 644
Produits financiers
35 878
0
0
60 000
0
0
TOTAL PRODUITS
16 723
318
17 347
210
17 929 530
18 932 663
20 122
539
20 539 644
Achats
608 093
464 977
487 971
565 650
533 311
599 816
Charges externes
1 993 867
2 035 139
2 021 474
2 590 002
2 299
100
2 200 464
Impôts et taxes
184 558
205 909
207 457
178 874
206 094
217 988
Frais de personnel et
charges sociales
12 294
269
12 861
842
13 491 280
13 700 882
13 905
207
14 441 832
DAP
1 152 905
1 154 213
1 232 882
1 328 209
1 342
053
1 482 284
Autres charges
287 361
254 623
475 822
649 733
425 197
Total
charges
de
fonctionnement
16 464
770
17 009
441
17 695 688
18 899 438
18 935
497
19 367 581
Charges
d’intervention (3)
142 750
122 147
158 431
189 183
195 772
217 250
Charges financières
0
0
0
60 000
0
0
TOTAL CHARGES
16 607
520
17 131
588
17 854 119
19 148 621
19 131
269
19 584 832
Résultat
de
l’exercice
115 798
215 622
75 411
(215 958)
991 270
954 813
(1)
S’agissant des droits d’inscription, l’exercice 2019 a connu un changement de méthode comptable en
application de l’instruction n° 2019/05/5733 du ministère des finances du 3 juillet 2019 selon laquelle doivent
être comptabilisés désormais la totalité des
recettes liées aux inscriptions, sur l’exercice au cours duquel le
droit est constaté (i.e. fin du
prorata temporis
et de l’utilisation des produits d’avance). Les comptes 2019
présentent ainsi des comptes
pro forma
sur 2018 pour permettre la comparaison. Retraité à ce titre, le montant
des droits d’inscription 2018 serait de 617
689 € au lieu de 462
373 €
.
(2)
Intègre les QPSI et la reprise du financement des actifs car l4ECM
n’ayant pas la charge de renouvellement
de c
es bâtiments, neutralise par ce mécanisme la charge de l’amortissement
(3)
Les charges d’intervention correspondent notamment aux versements aux étudiants des bourses Erasmus
.
Source ECM
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
48
Ainsi, de 2016 à 2021, la dynamique des produits (+ 22,8 %) a été supérieure à celle des
charges (+ 17,9
%). Pourtant, les subventions n’auront progressé que de 16,4
% et la seule
SCSP de seulement 12,9 %. Toutes catégories confondues hormis la contribution des élèves,
les « autres ressources » ont, elles, stagné entre 2016 et 2021 (+ 0,8 %). Cette dynamique des
produits s’explique donc bien par la hausse de la contribution des élèves (droits d’inscription et
CVEC) dont on a vu qu’elle avait plus que quadruplé sur la même période.
Cette évolution se retrouve dans la structuration des produits encaissables (donc hors
éléments calculés) quand on compare 2016 et 2021 comme ci-après.
Tableau n° 8 :
2016 (€)
2016 (%)
2021 (€)
2021 (%)
Contribution des élèves
377 310
2,3
1 673 359
8,4
Subventions
14 103 787
87,3
16 425 810
83,0
Autres ressources
1 674 505
10,4
1 688 715
8,6
Total produits encaissables
16 155 602
100
19 787 884
100
Source : Cour des comptes
Ainsi, en 2021, contribution des élèves et « autres ressources » de toute nature, sont
désormais de niveau comparable.
À partir des comptes de résultat, on peut enfin calculer comme suit la capacité
d’autofinancement de l’ECM, de 2016 à 2021, qui, dans la nomenclature comptable utilisée
(pas d’éléments exceptionnels), est aussi le solde "produits encaissables –
charges
décaissables".
Tableau n° 9 :
CAF (€)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Résultat
115 798
215 622
75 411
(215 958)
991 270
954 813
+ DAP
1 152 905
1 154 213
1 232 882
1 328 209
1 342 053
1 482 284
(-)
financements
rattachés à un actif
(461 627)
(412 458)
(480 130)
(491 795)
(526 948)
(590 620)
(-) Reprises sur
amortissements et
provisions
(106 089)
(169 747)
(149 450)
(126 199)
(140 112)
(161 140)
= CAF
700 987
787 630
678 713
494 257
1 666 263
1 685 337
Source : Cour des comptes
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
49
3.3
Une structure financière qui se dégrade depuis 2016
Le tableau ci-après retrace les agrégats de structure financière (FRNG, BFR et
trésorerie) de l’ECM, fin 2021.
Tableau n° 10 :
Au 31/12/2021
Fonds de roulement net global (FRNG)
2 979 895
Besoin en fond de roulement (BFR)
(1 841 263)
Trésorerie
4 821 158
Source
: comptes certifiés 2021 de l’ECM
Comme beaucoup d’établissements comparables, l’ECM
bénéficie d’éléments
structurels qui tirent à la hausse le niveau de sa trésorerie (i.e. à la baisse le niveau de son BFR).
Ainsi, depuis le passage aux RCE,
l’
État verse en début de trimestre la part de dotation couvrant
la masse salariale alors que le décaissement mensuel de la paye constitue la plus importante
sortie. Cela étant, fin 2021, le montant des « restes à payer »
s’élevait à 3
026
213 €, soit une
trésorerie disponible de seulement 1 794
945 €.
Mais c’est la situation du FRNG qui doit retenir l’attention lequel, certes, représentait
fin 2021, plus de 59 jours de fonctionnement
68
(pour un seuil de vigilance fixé à 20 jours et un
seuil d’alerte qui est de 15 jours) mais était, à juste titre, qualifié de «
fragile
» dans le rapport
de l’ordonnateur sur le compte financier 2021.
Le tableau ci-après retrace son évolution depuis 2015.
Tableau n° 11 :
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
FRNG (N-1)
4 285 601
(1)
4 124 563
3 524 933
3 367 435
2 372 754
2 373 416
3 016 590
Δ FRNG
(161 038)
(599 630)
(157 498)
(994 681)
+ 662
+ 643 174 (2)
(36 605)
FRNG (N)
4 124 563
3 524 933
3 367 435
2 372 754
2 373 416
3 016 590
2 979 985
FRNG (N) calcul
ECM
4 145 953
3 569 889
3 369 609
2 372 754
2 373 416
3 164 736
2 979 985
(1)
4 313
891 selon l’ECM
(2)
Exercice reconnu atypique par l’ECM pour qui
«
l’explication provient de l’excédent important, en
partie lié aux économies générées par
l’épidémie COVID, mais aussi au retard pris dans le
déroulement de la construction du gymnase, dont les dépenses d’investissement seront décalées sur
l’exercice 2021.
» (Cf. Rapport de gestion de l’ordonnateur sur le compte financier 2020)
Source : Cour de
s comptes d’après comptes financiers de l’ECM
Le FRNG de l’ECM aura donc diminué de 30
% (soit 1,3 M€) sur la période 2015
-2021.
68
Compte tenu d
’un
volume prévisionnel journalier des charges de fonctionnement décaissables, soit 50
285 € /
jour sur une base annuelle de 360 jours.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
50
Comme sur la même période, l’ECM n’aura enregistré de déficit que sur le seul exercice
2019, la cause de cette diminution ne p
eut être qu’une insuffisance de financements disponibles
pour ses investissements.
Ce qu’on peut vérifier à partir des données publiées par l’
École
à l’appui de ses comptes
financiers et pour lesquelles, de 2015 à 2021, l’insuffisance de financements aura été sur la
période, en moyenne de 192
000 € / an, découlant à la fois d’un taux d’autofinancement
médiocre (54,5 % en moyenne annuelle) et de ressources externes insuffisantes à le pallier.
Tableau n° 12 :
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
CAF
924 368
693 794
787 630
678 713
484 257
1 666 263
1 685 337
Autres recettes
d’investissements (1)
125 720
264 906
559 917
138 381
523 003
1 142 419
2 442 302
Total Recettes
d’investissements
1 050 088
958 700
1 347 547
817 094
1 007 260
2 808 682
4 127 639
Total Dépenses
d’investissements
1 087 943
1 508 485
1 547 827
1 811 775
1 373 078
2 017 363
4 116 371
Solde
(37 855)
(549 785)
(200 280)
(994 681)
(365 818)
+ 791 319
+ 11 268
Taux d’autofinancement
(1)
85 %
46 %
50,9 %
37,5 %
35,3 %
82,6 %
40,9 %
(1)
Financement de l’actif par l’
État et par des tiers autres que celui-ci
(2)
CAF / Dépenses d’investissement
Source : ECM et Cour des comptes
La stratégie d’investissement de l’ECM est fondée sur le financement externe quasi
intégral (via les CPER) des grands équipements, essentiellement immobiliers, quitte à en
décaler le calendrier de réalisation (
Cf. supra
chapitres 1 et 2). Dès lors, le déséquilibre constaté
entre recettes et dépenses d’investissement qui dégrade progressivement le
fonds de roulement,
ne peut découler que de l’existence de dépenses connexes, mal ou sous
-estimées, ou du
désengagement
de
collectivités
territoriales
sollicitées
hors
CPER,
toutes
causes
périodiquement évoquées par
l’ECM
, voire du
niveau incompressible d’investissements de
rénovation ou de sécurité, liés à la vétusté du campus, qui ne peuvent être durablement différés,
cause non exclusive des deux premières.
S’agissant de la situation fin 2021, partant d’un
fonds de roulement « comptable » de
2 979
895 €, l’ECM ne détaille pas le calcul de sa partie mobilisable, c’est
-à-dire entièrement
disponible pour des investissements à venir et non encore engagés.
Le rapport 2021 de l’ordonnateur se contente de rapprocher (sans les détailler) le solde
après 2021 des dépenses d’investissements d’ores et déjà programmées (4
589
924 €) et leurs
financements externes (3 430
476 €), sous
-
entendu d’ores et dé
jà garantis, pour en induire un
montant de prélèvement à venir sur fonds de roulement de 1 328
810 €, ce qui fournit alors un
montant théorique de fonds de roulement "mobilisable" inférieur à 950
000 €.
Ainsi, s’agissant des investissements futurs, à fin 2
021,
l’ECM
disposait d’une
« réserve »
de moins d’1 M€ et pouvait escompter dégager chaque année un montant
supplémentaire d’autofinancement compris entre 0,9 M€ et 1,3 M€ d’autofinancement, compte
non tenu d’éventuels frais de fonctionnement additionnels
induits par les futurs
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
51
investissements., étant entendu, de surcroit, qu’en rythme de croisière sur la période 2014
-2022,
ce montant s’avérait déjà insuffisant.
Le budget initial pour 2022, tel qu’adopté par le conseil d’administration du 16
décembre 2021,
confirme d’ailleurs cette tendance avec une prévision
de capacité
d
’autofinancement
à hauteur de 887
877 € et des autres recettes d’investissement pour
1 716
672 €
,
contre un total de dépenses d’investissement fixé à 3
701
438 €, soit un nouveau
prélèvement sur le fonds de roulement annoncé pour 97
890 €, ce qui ramènerait celui
-ci à
seulement 29 jours de dépenses de fonctionnement.
D’où, à cette occasion, cette mise en garde
de
l’agent
-
comptable
de
l’ECM,
par
ailleurs
directeur
des
services
financiers
:
«
L’établissement a besoin de maintenir un fonds de roulement entre 1,4 et 1,5 M€ pour se
situer au-
dessus du seuil de vigilance qui est de 20 jours et du seuil d’alerte fixé à 15 jours
».
C’est à l’aune de cette capacité d’investissement qu’il convient, dès
lors, d’apprécier la
soutenabilité financière de la stratégie de développement de l’ECM, centrée sur le projet
Centrale Méditerranée.
3.4
La question cruciale de la soutenabilité financière du projet Centrale
Méditerranée : le risque de fuite en avant
D’aprè
s les éléments financiers transmis à la tutelle, le projet stratégique Centrale
Méditerranée induirait un «
coût complet annuel supplémentaire prévisionnel à terme en
2031
», de plus de 12 M€
69
, soit une impasse de plus de 5 M€ /an, dont près de 4 M€ pour l
e
seul site niçois.
Tableau n° 13 :
Impasse annuelle à partir de 2031 (k€)
Campus
de Nice
Campus de
Marseille
Total
CA Programme ingénieur
2 160
492
2 652
CA Masters
441
336
CA Bachelor
3 333
0
3 333
CA Digital Lab
150
113
CA formation doctorante
12
12
Écart au total (1)
65
(42)
Total CA supplémentaire annuel
6 161
911
7 072
Coûts pédagogiques Programme ingénieur
4 576
1 346
Coûts pédagogiques Masters
672
269
Coûts pédagogiques Bachelor
922
0
69
12,8 M€ selon la note de synthèse, 12,3 M€ selon les annexes
.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
52
Impasse annuelle à partir de 2031 (k€)
Campus
de Nice
Campus de
Marseille
Total
Coûts pédagogiques Digital Lab
109
136
Coûts pédagogiques formation doctorante
19
19
Coûts pédagogiques (recrutement permanents et vacataires)
6 298
1 770
Coûts de recrutement personnels administratifs
1 254
519
Coûts immobiliers
2 512
0
2 512
Total Coûts supplémentaires annuels
10 064
2 289
12 353
IMPASSE
(3 903)
(1 378)
(5
281)
Source
: Cour des comptes d’après annexes au dossier de présentation du projet
« Centrale Méditerranée »
Du tableau précédent, ressortent les constats suivants :
1°) À supposer fiables et robustes les prévisions de recettes et de dépenses du projet,
son modèle économique prévoit un autofinancement d’au mieux 57
%.
2°) Ce modèle a explicitement pour logique de faire financer le développement de
l’ECM par des formations dont les tarifs pourront être librement fixés par l’
École, à la
différence des droits universitaires fléchés sur le diplôme d’ingénieur centralien
: «
Les
formations postbac
et les formations de master, ainsi que les diplômes d’établissement, sont
ouvertes avec des droits de scolarité libres
70
, qui sont ceux observés proposant ces
formations.
»
71
3°) Si près des trois-
quarts de l’impasse financière proviennent du site de Nice, le projet
« Centrale Méditerranée »
n’est pas neutre financièrement pour l’actuel site de Marseille dont
le déficit induit avoisinerait 1,4 M€.
4°) Bien que globalement déficitaire de 5,3 M€, le projet
« Centrale Méditerranée »
prévoit une forte marge sur coûts directs (donc hors coûts imm
obiliers), de 2,4 M€
72
, du
programme
Bachelo
r (développé sur le seul site niçois) dont le succès attendu conditionne donc
largement la faisabilité du projet global, ce qui n’a pas échappé aux promoteurs de celui
-ci :
«
La principale source de recettes du point de vue des formations est la création du Bachelor.
Une montée en puissance décevante du Bachelor pourrait mettre en péril le modèle
économique.
»
5°) Le projet « Centrale Méditerranée » recouvre deux dimensions stratégiques dont la
première ne doit pas occulter la seconde
: le déploiement de l’ECM à Nice et, on l’a vu, une
forte montée en puissance de ses effectifs d’élèves ingénieurs, développement dont le coût net
70
Prenant en compte toutefois d’après l’E
CM un pourcentage de boursiers de 30 %.
71
Dossier soumis au MESRI.
72
3 333
922 (K€).
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
53
supplémentaire annuel (hors immobilier) est évalué à 3,2 M€ / an dont 2,4 M€ pour le se
ul site
niçois.
Dans ce cadre, comment l’ECM se propose
-t-elle de financer les 43 à 45 % manquant à
l’équilibre financier de son nouveau projet stratégique
?
Des éléments transmis à la tutelle, la réponse semble double :
En premier lieu, l
’ECM vise
«
un développement significatif (de ses) "ressources
propres"
», dans une acception un peu paradoxale puisque lesdites ressources sont envisagées
dans le cadre du plan d’investissements «
France 2030
», présenté en octobre 2021 par le chef
de l’
État, doté de 30
Md€
sur cinq ans, et dont les premiers appels à projet se sont déployés en
2022.
«
À
l’heure où l’
État
envisage un plan d’investissement massif “France 2030” dédié à
l’émergence des technologies au service de la transition écologique mais aussi de
l’indépendance industrielle, technologique, sanitaire et culturelle (dont 2.5 Md€ pour
la formation), un an après la promulgation de la loi de programmation de la recherche
qui prévoit une augmentation de 5 Md€ du budget de la recherche publique en 10 ans,
le
monde de l’enseignement supérieur et de la recherche va bénéficier, dans les
prochaines années, d’un élan majeur impulsé par une forte volonté politique (…)Cet
élan prospectif s’accompagne d’une demande très soutenue de formations en ingénierie
et d’une im
portance croissante du lien entre formation et recherche, dans le but de
former les futurs ingénieurs au plus près des technologies avancées. Le déploiement de
Centrale Marseille à Nice (…) s’inscrit donc en tout point dans la stratégie nationale.
Centrale Marseille jouit de tous les atouts pour jouer un rôle moteur dans ces
transformations et bénéficier des ressources propres correspondantes
. » (dossier de
présentation du projet transmis à la tutelle en décembre 2021
).
Sans mésestimer les espoirs de l’ECM,
on observera que, s’agissant du plan France
Relance, prédécesseur de «
France 2030
», elle a certes bénéficié de deux dotations mais pour
un montant limité à
1,37 M€
73
.
En second lieu,
l’ECM
escompte «
un soutien important du ministère et une
augmentation substantielle de la dotation d'État
».
Toujours
d’après
le dossier de présentation,
« ce p
rojet requiert le recrutement d’une
centaine d’ETP d’ici 2031 (hors vacataires). Il est donc crucial que Centrale Marseille soit
accompagnée dans ce projet par :
-
Une augmentation du plafond d'État (accompagnée de la dotation correspondante)
pour assurer la pérennité des formations et de la structure
-
Un soutien en Fonctionnement et en masse salariale (sans création d'emploi) par le
biais de la dotation non conditionnée
-
Une augmentation du budget sur Fiche de dialogue de gestion et sur la trajectoire
financière de l'établissement
»
73
755
040 € en 2020 au titre de la rénovation thermique des bâtiments de l’État et de ses opérateurs et 613
264
en 2022 pour le financement de projets de réduction de
la consommation d’énergie fossile des bâtiments de l’État
ou de ses établissements publics en prévision de l’hiver 2022/2023.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
54
Sans préjuger de la hauteur à laquelle l’
État
pourrait envisager d’apporter dans la durée
son soutien au projet « Centrale Méditerranée »
74
, il semble que la tutelle lui ait réservé un
accueil plutôt favorable,
selon l’ECM
: «
par courrier en date du 12 avril 2022, la DGESIP a
informé l’établissement de son soutien, par l’octroi d’une dotation de 200
000
€ en masse
salariale au titre de l’année 2022 ; dotation qui apparaitra sur la notification intermédiaire
(juin-juillet 2022) de SCSP (subvention pour charge de service public) et qui sera complétée
d’une allocation de 400 000€ en 2023 portant le montant t
otal du financement à 600 000
€ /an
en 2023
.
Cette dotation est annoncée comme pérenne et entre dans le socle de la SCSP de
l’établissement.
».
Il reste à savoir si
toutes choses égales par ailleurs
l’ECM sera en mesure de mettre
en œuvre au format souhaité, son projet d’implantation à Nice sur la durée du CPER 2021
-2027
puisque, comme on l’a vu, sa politique traditionnelle d’investissement avait, jusqu’ici, consisté
à se reposer quasi-exclusivement sur ce vecteur de financement. Or, comme le reconnait
l’
École, «
(le) CPER 2021-2027 ne prend pas en compte ce nouveau projet, et il faudra donc
attendre le prochain CPER (…). Il reste donc à trouver une solution viable, tant sur le plan
pédagogique que financier entre 2024 et le prochain CPER
Si on reprend
les données établies par l’ECM sur la seule période 2021
-
2027, l’impasse
cette fois-ci cumulée du projet « Centrale Méditerranée », se calcule comme suit :
Tableau n° 14 :
Impasse cumulée (2021-
2027) (k€)
Total
CA Programme ingénieur
5 922
CA Masters
2 474
CA
Bachelor
5 211
CA
Digital Lab
1 278
CA formation doctorante
105
CA supplémentaire annuel
14 990
Dotation SCSP supplémentaire
3 200
TOTAL RECETTES
18 190
CP Programme ingénieur
9 827
CP Masters
3 142
CP Bachelor
1 470
CP Digital Lab
1 546
CP formation doctorante
154
CP supplémentaires
16 139
Recrutement personnels administratifs
5 418
Coûts immobiliers
4 070
74
Durant la phase contradictoire, l’ECM a indiqué que «
l’impasse prévisionnelle pour 2031 (était) en cours de
négociation avec l’
État (DGE
SIP) et (faisait) l’objet de demandes dans le cadre de France 2030
».
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
55
Impasse cumulée (2021-
2027) (k€)
Total
TOTAL CHARGES
25 627
IMPASSE
(7 437)
Source : Cour des comptes
Cette impasse d’environ 7,5 M€
, montant peut-être optimiste, devrait être considérée
comme un minimum compte tenu des incertitudes qui entourent certaines des hypothèses du
plan de financement proposé par l’ECM aux tutelles.
1°) Le coût et la disponibilité de l’immobilier locatif à Nice
Le risque induit a été identifié pa
r l’ECM qui, dans sa note de présentation du projet
à
sa tutelle
, indique, d’une part, que «
la Métropole a mis à disposition de Centrale Marseille
800m2 de locaux avec un loyer réduit de 50% (sachant que) plateaux supplémentaires de
800m2 pouvant chacun a
ccueillir une centaine d’étudiants sont disponibles et à disposition de
Centrale Marseille en fonction du déploiement des formations, à hauteur environ de 2000m2
soit les besoins jusqu’en 2024
» mais, d’autre part, que «
(cette) disposition (…) sera
insuff
isante au‐delà de 2024
», étant entendu que «
le CPER 2021‐2027, ne prend pas en
compte ce nouveau projet, et qu’il « faudra donc attendre le prochain CPER pour prévoir un
éventuel bâti.
»
Ce dernier constat interroge à lui seul la faisabilité du projet tant entre 2024 et 2027
qu’après l’intervention du prochain CPER. Il parait de nature à mettre en cause la prévision de
cette ligne de coût telle que figurant à l’annexe 17
75
du dossier de présentation qui, sur la période
2021-2031, retient un coût unitaire
constant de 250 €/m², alors qu’en bonne logique, entre 2025
et 2027, ce coût est
a minima
appelé à doubler (puisque la Métropole, de 2021 à 2024, consent
à l’ECM une réduction de 50
%). Sous cette hypothèse, il conviendrait de rajouter 3,9
M€ de
charge immobilière sur la période 2021-2027 au plan de financement proposé par
l’ECM
.
Durant la phase de contradiction, l’ECM a indiqué que si la première convention de
mise à disposition (MAD) signée avec la Métropole prévoyait un loyer réduit de 50 %, «
(la)
seconde prévoit une MAD à titre gracieux des espaces actuels et futurs, jusqu’en 2026
». Cette
affirmation mérite cependant
d’être corrigée au regard des justificatifs transmis. En effet, si par
courrier du 20 mai 2022 adressée à la directrice de l’
École, le président de Métropole Nice Côte
d’Azur fait état de son intention de mettre gracieusement à disposition de l’ECM, 1
400 m²
supplémentaires, de janvier 2024 à décembre 2026, l’avenant à la convention d’occupation,
joint à ce courrier, se contente d’éten
dre la gratuité aux seuls 800 m² actuellement occupés par
l’
École
et de prolonger la mise à disposition de ces surfaces jusqu’
en décembre 2023.
2°) La montée en charge du
Bachelor
Ce risque, certes bien
identifié l’ECM
, est pourtant minimisé par elle dans son dossier
de présentation : «
Compte‐tenu des prévisions de démarrage modeste et par paliers (25
étudiants en 2023, 75 en 2024), de la capacité de Centrale Marseille à attirer les étudiants
75
« Campus de Nice : p
révisions du coût de l’immobilier locatif
».
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
56
internationaux ainsi que les meilleurs étudiants français, et e
nfin du vivier d’étudiants locaux
excellents qui excède les capacités d’accueil actuelles, nous sommes convaincus que ce risque
est très limité
».
Reste que la prévision de recrutement projetée par l’ECM dans son plan de financement
est une augmentation d
e 25 élèves/an, soit 125 en 2027 (jusqu’à un plafond de 175 à partir de
2029) ce qui traduirait un rythme soutenu de montée en charge, le nombre d’entrées en 1
ère
année étant multiplié par cinq en cinq ans (de 25 en 2023 à 125 en 2027), avec des droits
d’inscription de 8
900 €/an, à comparer –
ce qui n’est pas rien
-
aux 170 €/an de droits
universitaires en licence, à l’UCA et à AMU, y compris pour la licence MCPI. Or, comme
évoqué
supra
, l’ECM a demandé
l’accréditation à la commission du titre pour ce diplôme.
3°) L’examen du plan de financement du projet
« Centrale Méditerranée » recèle
d’autres zones d’incertitude.
Par exemple sur le chiffre d’affaires attendu de plus de 5,9 M€ sur 2021
-2027 pour le
programme ingénieur, qui retient un pourcentage de 20
% d’apprentis en 3
ème
année, donc une
recette de 9
000 € / apprenti au titre de la taxe d’apprentissage (contre seulement 2
500 € de
droits d’inscription pour les autres élèves) alors que, selon les derni
ères données CTI publiées
(promotion 2019), le pourcentage d’apprentis en 3
ème
année était inférieur à 6,5 %. Dans le
même sens, dans le rapport de gestion 2021 de l’ordonnateur, figurent des données relatives au
nombre d’élèves inscrits en apprentissage,
certes en constante progression de 2016 à 2021,
passant de 31 à 96, voire de 34 à 104, en comptant en sus les contrats de professionnalisation,
mais ce qui, rapporté à l’effectif ingénieurs affiché de 2021, soit 1089, ne permettrait d’obtenir
qu’un pourcen
tage de 9,5 %.
Enfin, s’agissant du programme Masters, le plan de financement prévoit des frais
d’inscription de 7
500 €/étudiant, sur le campus de Nice, et de 8
000 €, sur celui de Marseille.
Or, s’il s’agit de masters au sens universitaire du terme, donc
cohabilités avec l’UCA et AMU,
les droits d’inscription pour ces formations, dans ces deux universités, étaient fixés à la rentrée
2022, à 243 €, pour les étudiants communautaires et 3
770 €, pour les extra
-communautaires.
Dans ce cadre, sur la période 2021-2027, même en tenant compte de la dotation annuelle
supplémentaire accordée par l’
État de 600
000 €
, à la supposer pérenne, une impasse cumulée
d’au moins 10 M€ pour
le seul projet « Centrale Méditerranée » ne peut, en première estimation,
être écartée.
À
cette impasse de 10 M€, d’ici 2027, s’ajoutait, on l’a vu, un niveau incontournable
d’investissements de sécurité de 3 M€ et la restructuration d’espaces pédagogiques et de
recherche, évaluée à 17 M€ dans l’actuel
schéma pluriannuel (SPSI)
de l’ECM, et
pour lesquels
elle n’a obtenu qu’un peu moins de 12 M€ dans le CPER 2020
-2027. Enfin, demeure en suspens
le sort des quatre autres opérations inscrites par
l’ECM
à son SPSI, pour un montant cumulé de
21 M€, mais
qui ne sont pas retenues dans le CPER 2021-2027.
Dans sa réponse aux observations provisoires de la Cour,
l’
École a indiqué avoir revu à
la baisse tant le montant de ses investissements de sécurité (désormais d’environ 2 M€) que
celui du projet de restructuration d’espac
es pédagogiques, ajusté au niveau des enveloppes
obtenues au CPER (11,7 M€ au total).
Le besoin de financement de l’ECM sur la période 2020
-2027 peut donc être évalué à
12 M€
, sans les quatre projets planifiés mais
non retenus par le CPER. S’ils étaient ma
intenus,
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
57
le besoin de financement grimperait à
33 M€. Compte tenu d’un
fonds de roulement disponible
de l’ordre d’un million d’euros
seulement
, l’ECM, ne peut compter, en l’état,
pour financer ses
investissements
que sur un autofinancement annuel de 1,3 M€
au mieux, soit une ressource
théorique disponible de
9 M€ sur la période 2021
-2027, constat qui conduit inévitablement à
poser la question de la soutenabilité financière de sa stratégie de développement, désormais
axée sur le projet « Centrale Méditerranée ».
Recommandation n° 3.
: (ECM) : Élaborer
et soumettre au conseil d’administration un
plan de financement sur la période 2021-2027 qui intègre, après corrections nécessaires,
outre les recettes prévisionnelles, tant les dépenses prévues dans le cadre du projet
« Centrale Méditerranée » que celles (charges de fonctionnement additionnelles
comprises) découlant des investissements du site de Marseille qu’entend mener à bien
l’ECM sur la période du CPER en cours.
Il est par ailleurs de la responsabilité des différents niveaux de tutelles (administrations
déconcentrées et centrales) de s’assurer de la fiabilité et de la robustesse des hypothèses
retenues dans ce plan de financement aux fins d’éviter toute fuite en avant
, le MESR ayant
d’ailleurs indiqué, lors de la phas
e contradictoire, que «
la DGESIP
(n’ayant) pas été saisie du
schéma pluriannuel de stratégie immobilière 2020-
2027 de l’ECM évoqué par la Cour
», celle-
ci souscrivait à sa recommandation et en effet allait se mettre «
en contact avec l’établissement
pour,
dans le cadre de l’exercice de la tutelle du ministère, expertiser la soutenabilité du projet
dont l’ECM lui fera part.
»
Recommandation n° 4.
(
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
-
DGESIP-
), Ministère des comptes publics -
direction du budget
- et ECM) : Expertiser le
plan de financement précité aux fins de s’assurer de la soutenabilité financière pour
l’ECM du projet
« Centrale Méditerranée ».
3.5
Gestion des ressources humaines
3.5.1
Évolution des effectifs
Au 31 décembre 2020, l
’ECM
comprenait un effectif de 184 personnes physiques dont
99 enseignants et chercheurs, et 85 personnels IATS et assimilés.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
58
Le tableau ci-
après retrace l’évolution des effectifs de l’ECM depuis 2014.
Tableau n° 15 :
EFFECTIFS
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Personnels enseignants
titulaires
74
73
73
73
71
68
65
Personnels enseignants
contractuels
15
21
22
31
29
34
34
Total
Personnel
enseignants
89
94
95
104
100
102
99
Personnel
IATS
et
assimilés titulaires
50
49
53
52
54
53
51
Personnels
IATS
et
assimilés-non titulaires
19
25
23
26
30
37
34
Total IATS
69
74
76
78
84
90
85
TOTAL
155
168
171
182
184
192
184
Source ECM (bilan social et éléments complémentaires transmis)
1°) On constate qu’en 2015, les effectifs des non
-titulaires, enseignants comme IATS,
ont fortement crû. Conséquence, le pourcentage de non-titulaires passe de 16,8 % en 2014 à
22,3 %,
l’année
suivante.
L’établissement
finance
traditionnellement
des
suppor
ts
supplémentaires de contractuels sous plafond d’emploi sur ressources propres. Ce plafond a été
particulièrement utilisé en 2015 pour accueillir les agents dont la mise à disposition de l’ECM
par la CCIAMP prenait fin.
2°) A partir de 2017, on observe une forte hausse des contractuels parmi le personnel
enseignant dont le poids relatif passe de 23,1 % en 2016 à 34,3 % en 2020. Cette évolution, qui
n’a fait l’objet que de commentaires succincts lors de la présentation du bilan social 2019 au
conseil d’admi
nistration,
mériterait d’être analysée par l’
École. Le recours aux contractuels,
encadré par la loi LRU, est aussi utilisé afin de faire face à un besoin urgent de compétence,
quitte à organiser ultérieurement le concours qui permettra de stabiliser
le poste sur un support
de titulaire, lorsque cette possibilité est offerte.
3.5.2
Évolution de la masse salariale
Le tableau ci-
après retrace l’évolution des agrégats financiers relatifs aux frais de
personnel depuis 2016.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
59
Tableau n° 16 :
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Masse salariale (1)
12 408 839
13 016 634
13 551 897
13 869 730
14 160 825
14 485 765
Masse salariale (2)
12 408 448
13 016 021
13 531 100
13 834 192
14 130 566
NP
Frais de personnel et
charges sociales (3)
12 294 269
12 861 842
13 491 280
13 700 882
13 905 207
14 441 832
p.m. produits
encaissables (4)
16 155 602
16 765 005
17 299 950
18 194 669
19 455 479
19 787 884
(3) / (4)
76,1 %
76,7 %
78 %
75,3 %
71,5 %
73 %
(1)
Telle que tirée des comptes financiers
(2)
Telle que publiée dans les bilans sociaux
(3)
Tels que publiés dans les comptes certifiés
(4)
Tels que calculables dans les comptes certifiés
Source : ECM : rapports
de gestion de l’ordonnateur sur les comptes financier, comptes certifiés, bilans
sociaux
Il appelle les commentaires suivants :
1°) Les données relatives à la masse salariale émanent désormais de trois sources : les
comptes financiers, les bilans sociaux et les comptes certifiés, lesquels aboutissent à des
montants voisins mais différents.
2°) Fusionné avec le rapport « égalité hommes-femmes » dans un «
rapport social
unique 2021
», le bilan social n’avait pas encore été publié
,
par l’ECM après son examen par le
conseil d’administration du 7 juillet 2022
, à la date des présentes observations.
3°) le ratio des frais de personnels et charges sociales sur les produits encaissables a le
grand mérite d’avoir un numérateur et un dénominateur homogènes car issus tous deux des
comptes certifiés, de 2016 à 2021, eux-mêmes ayant des périmètres comptables stables. Son
évolution est néanmoins difficile à cerner. Une hypothèse est un trend structurel orienté à la
hausse, le ressac intervenu à partir de 2019 résultant de l’effet combiné de la hausse des produits
(augmentation par paliers des droits de scolarité) et de baisses de charges (effet COVID).
4°) L’idée d’un
e tendance à la
hausse d’une masse salariale désormais de 14,4 M€, est
en tout cas l’hypothèse retenue par l’ECM dans son schéma directeur des ressources humaines
2020-2025.
3.5.3
L’absence de suivi des heures complémentaires des personnels enseignants
En app
lication des textes réglementaires, l’ECM a obligation de publier dans son bilan
social annuel, le «
nombre d’agents ayant effectué des heures supplémentaires rémunérées et
nombre d’heures supplémentaires rémunérées
». C’est à ce titre que, par exemple, Ce
ntrale
Lyon publie un tableau récapitulatif des heures complémentaires et des heures de vacation
réalisées par des intervenants externes (nombre et coût).
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
60
La Cour relève que les bilans sociaux publiés par l’ECM de 2014 à 2020 ne
remplissent pas cette obligation.
Le tableau ci-
après retrace l’évolution des heures complémentaires (HC) de 2014 à 2021
Tableau n° 17 :
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Nombre
HC
2418
2818
3349
3664
3835
3300
4194
4628
Coût des
HC (1)
98 932,5
115 311
137 008
151 737
158 846,5
136 691
173 675
191 646
(1)
Sur la base d’un coût horaire de 40,91 € de 2014 à 2016 puis de 41,41 depuis 2017
Source : ECM
Ainsi de 2014 à 2021, le nombre d’heures complémentaires et le coût induit ont
quasiment doublé, avec une croissance respective de 91,4 % et de 93,7 %. De plus, la
comptabilisation des heures complémentaires s’appuie uniquement sur un référentiel et les
déclarations des enseignants, sans contrôle de leur effectivité.
Recommandation n° 5.
(ECM) : Encadrer le suivi des heures complémentaires
d’enseignement par un double
dispositif
: en amont, en faisant en sorte qu’elles soient
renseignées sur la base de fiches de présence des élèves à chaque cours, fiches qui, à cet
effet, devront être systématisées ; en aval, en formalisant un contrôle de cohérence par la
DRH préalable à toute mise en paiement.
3.6
Politique d’achats et marchés publics
3.6.1
Procédure
Depuis le 25 février 2016,
l’ECM
s’est doté
e
d’une
«
Charte d’orientation de l’achat
public »
qui a été modifiée à deux reprises, d’une part, pour tenir compte de
s évolutions
juridiques concernant la commande publique ou l
a gestion des données personnelles, d’autre
part, pour y intégrer les valeurs et engagements de l’
École «
en matière d’achats
responsables
», en particulier concernant le développement durable (
Cf. supra
).
Deux points sont à noter dans le guide des procédures d’achats de l’ECM
.
1°) En matière de seuil de procédure, l’ECM a rajouté au cadre légal plusieurs paliers
tant pour les marchés de fournitures et services que pour ceux de travaux.
2°) En matière de com
putation des seuils, les échanges durant l’instruction ont accrédité
l’existence d’un réel dispositif de veille et de surveillance contre le risque de
fractionnement
qui consiste à passer plusieurs procédures de faible montant les unes après les autres pour
rester en deçà des seuils de procédures formalisées
»)
dont le guide des procédures d’achats
rappelle opportunément que «
la pratique (…
)
est (…) interdite par le code de la commande
publique.
»
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
61
3.6.2
Marchés passés directement par l’ECM sans publicité ni
mise en concurrence
École
d’ingénieur, l’ECM peut être amenée, à mettre en œuvre les articles L. 2122
-1 et
R. 2122-3 du code de la commande publique, qui autorise des achats sans publicité ni mise en
concurrence, en particulier pour ses matériels à caractère scientifique.
Lors du contrôle de la Cour des comptes, l’ECM a transmis les pièces justificatives
relatives au «
marché
public pour l’acquisition de l’extension "tube nano" et mise à niveau du
microtomographe RX1617 du Laboratoire de Mécanique et d’Acou
stique (LMA)- Ecole
Centrale de Marseille
», marché de fournitures courantes et services, passé le 21 janvier 2001
avec la société X pour un montant HT de 151 962 € HT, dont l’acte d’engagement précise qu’il
«
est passé sur la base des dispositions des articles L. 2122-1 et R. 2122-3 du code la commande
publique, sans publicité ni mise en concurrence car il existe sur les prestations ordonnées un
droit d’exclusivité détenu par le prestataire choisi. Un certificat d’exclusivité est joint au
présent document à titre de justificatif.
»
Il ressort des pièces transmises à la Cour :
1°) Que le certificat d’exclusivité joint à l’appui, signé par l’entreprise X le 14 décembre
2020, se contente d’affirmer que la prestation demandée «
ne peut être réalisée par une autre
entreprise (…). L’adaptation tant mécanique que logicielle d’un tel équipement nécessite le
savoir-
faire et les données techniques internes à la société qui a fabriqué l’équipement. Il
n’existe aucune entreprise au niveau mondial qui dispose des connai
ssances et capacités pour
réaliser ces travaux
». Or, de tels documents rédigés
par l’entreprise,
elle-même, ne comportent
pas de précisions suffisantes pour justifier que le marché ne puisse
être confié qu’à
un seul
opérateur économique pour des raisons tenant à la protection de droits d’exclusivité
.
2°) Outre l’existence d’un droit exclusif, les textes exigent que les besoins du pouvoir
adjudicateur ne puissent être satisfaits que par les prestations protégées par ce droit et à
l'exclusion de procédés différents. Le juge administratif veille ainsi à ce qu'un seul fournisseur
soit susceptible d'effectuer les prestations recherchées. En conséquence, pour prévenir des
risques contentieux, le pouvoir adjudicateur do
it disposer d’un rapport précis sur l’exception de
mise en concurrence, car il incombe
à l’acheteur de démontrer que la société retenue est la seule
à pouvoir répondre à ses besoins.
Or, au cas d’espèce concernant l’ECM, au regard des pièces transmises à
la Cour, par
ailleurs recensées dans l’acte d’engagement,
un tel rapport semble avoir fait défaut.
Dès lors, s’agissant du marché précité passé par l’ECM, la Cour constate que le recours
à une procédure d’achat sans mise en concurrence ni publicité n’est
pas suffisamment démontré
au motif de l’existence d’un certificat d’exclusivité ce, d’une part, au regard du contenu de ce
dernier
, et, d’autre part, compte tenu de l’absence d’un rapport du
service demandeur tendant à
prouver que le prestataire retenu était le seul à pouvoir satisfaire au besoin couvert.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
62
Recommandation n° 6.
(ECM) : Formaliser dans la «
Charte d’orientation de l’achat
public de Centrale Marseille » la possibilité de recourir aux articles L. 2122-1 et R. 2122-
3 du code de la commande publique aux fins de préciser la procédure interne à suivre
dans ce cadre et prévoir à ce titre que les rapports justifiant le recours aux dérogations
précitées soient systématiquement signés par les demandeurs ainsi que dûment visés par
les responsables d’unités, copie de ces rapports devant être conservée dans les services
de l’ordonnateur et à l’agence comptable.
3.6.3
Marchés passés par Cinnov’ pour le compte de l’ECM
Aux
termes de l’article 9 («
Acquisition d’immobilisations
») de la convention-cadre entre
l’ECM
et sa filiale
Cinnov’
:
«
(
la) conclusion d’un contrat et de ses avenants éventuels dans
lequel intervient une unité de recherche de l’ECM peut nécessiter l’acquisition d’un
équipement pour leur réalisation. Ces matériels sont acquis par Cinnov et mis, dès leur
acquisition, à disposition de l’unité qui effectue les recherches. Cinnov enregistre dans sa
comptabilité les amortissements correspondants pour la durée légale en vigueur en fonction de
la nature des matériels acquis
, et cèdera ces matériels à l’ECL, pour leur valeur nette
comptable
.
»
Cette disposition est en tous points identique à celle figurant au même article 9 de la
convention régissant les relations en
tre Cinnov’ et une autre école centrale.
La Cour a déjà relevé, dans des circonstances comparables que Cinnov’ ne se considérait
pas comme soumise au code de la commande publique, mais que, si tel était le cas, il revenait
aux établissements, qui sont ses
clients d’organiser une mise en concurrence, appropriée en
fonction des montants d’achats prévus, avant de lui passer commande. Si, en revanche, Cinnov’,
se soumet, pour ses achats, aux règles de la commande publique (en tant que sont concernées,
par de telles dispositions, les entreprises publiques relevant de la catégorie des pouvoirs
adjudicateurs), les établissements d’enseignement supérieur qui ont recours à ses services
pourraient se dispenser d’un tel formalisme.
Cette situation sur laquelle
aux fins de clarification
l’attention de l’
État avait été
appelée par la voie d’une communication du Procureur général près la Cour des comptes,
exposait les établissements actionnaires de Cinnov’ au double risque
de nullité des procédures
concernées en cas de
recours d’un tiers, voire, pour les personnes responsables de tels achats
au risque de devoir répondre de l’infraction prévue par l’article 432
-14 du code pénal, dès lors
qu’il serait avéré que des biens auraient été acquis par un établissement public auprès d’une
société filiale, sans qu’aucune de ces deux personnes morales n’appliquent les règles édictées
pour permettre le libre accès de tous les acteurs économiques à la commande publique et
l’égalité de traitement entre ces
-mêmes candidats.
Au cours de la présente instruction, Cinnov a indiqué que : «
concernant la commande
publique, (elle était) restée sur la même position qu'en 2019, selon les termes explicités dans la
réponse de Centrale Innovation au relevé d'observations provisoires
» de la Cour et
qu’en
conséquence, elle ne se considérait toujours pas comme soumise au code de la commande
publique
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
63
Conformément à la demande de la Cour, à l’occasion de la phase contradictoire, l’ECM
lui a transmis la liste des matériels acquis par Cinnov’ qui ont été e
nsuite cédés par celle-ci à
l’
École sur la période 2014-2021.
Au regard des informations transmises, il apparait que le transfert de propriété ne se fait
pas juste après l’acquisition mais une fois l’équipement entièrement amorti. C’est d’ailleurs ce
qui e
st prévu explicitement à l’article 9 de la convention entre les deux structures
: «
Cinnov’
enregistre dans sa comptabilité les amortissements correspondants pour la durée légale en
vigueur en fonction de la nature des matériels acquis et cèdera ces matériels à l ECM, pour
leur valeur nette comptable
».
Ainsi, le dispositif en vigueur en lieu et place d’une acquisition directe par l’ECM
aurait
selon les parties prenantes une double conséquence :
1°) Permettre à l
’ECM d’acquérir des matériels en méconnaissa
nce des règles de la
commande publique
2°) Permettre à Cinnov’ de déduire de sa base fiscale les amortissements des matériels
acquis pour le compte de l’ECM, au moyen de financements apportés par celle
-ci et
immédiatement mis à sa disposition.
A l’issue du
contrôle de l’
École Centrale de Lyon
et de Cinnov’
, la Cour avait
recommandé au ministère en charge de l’enseignement supérieur de «
rappeler sans ambiguïté
leurs obligations s’agissant du respect du code de la commande publique
» aux ordonnateurs
des établissements et aux
gestionnaires des filiales entrant dans le champ d’application de la
circulaire MENESR-DGRI C2- DGESIP n° 2015-125 du 27 juillet 2015. Cette demande avait
parallèlement fait l’objet d’une communication du Procureur gé
néral en date du 4 février 2020
à laquelle le ministère répondit le 14 avril suivant : «
En réponse à votre communication, le
ministère a rappelé à l'ensemble des opérateurs le contenu de la circulaire 201-125 du 27 juillet
2015 et notamment sur les enjeux liés aux marchés publics. Afin d'accompagner les filiales de
valorisation, le ministère a également reçu l'association des
‘’
structures adossées
’’
, entités de
formes juridiques variées qui opérèrent des activités de gestion administrative et financière de
contrats, de prestations de services ou de transfert de technologies. À cette occasion, les
nouveaux principes de la circulaire précitée ont été exposés et explicités. Enfin, depuis sa
publication, le ministère s'est tenu à la disposition des établissements pour les accompagner
dans l'application de cette circulaire, notamment par un dialogue permanent lors de
l'instruction nécessaire à l'agrément. Compte-tenu des enjeux liés à d'éventuelles violations des
règles de la commande publique par les filiales de valorisation des établissements publics
d'enseignement supérieur et de recherche, le ministère adressera à chaque chef d'établissement
sous sa tutelle et aux dirigeants des structures adossées un courrier de rappel de ses
obligations, qui précisera notamment que peuvent être indifféremment soumises aux règles de
la commande publique les associations ou sociétés de droit privé et que l'analyse de conformité
au droit doit être menée au cas par cas.
».
En conséquence,
en l’absence d’information sur le respec
t des règles de la commande
publique par les filiales de valorisation en matière,
l’ECM
devrait appliquer les règles de la
commande publique à toutes ses acquisitions de matériels que celles-ci soient faites directement
ou par l’entremise de Cinnov’.
ÉCOLE CENTRALE DE MARSEILLE
64
Recommandation n° 7.
(ECM) : Veiller au strict respect des règles de la
commande publique pour tous les achats de matériels de l’
École Centrale
effectués par l’entremise
de la
Cinnov’
.
3.7
Carte affaires
Aux termes de l’instruction n° 04
-019-M9 du 23 février 2004, une carte affaires permet
«
de payer tous types de dépenses, professionnelles ou personnelles
» et «
est destinée non
seulement aux ordonnateurs, mais également à tous les collaborateurs amenés à effectuer des
dépenses pour le compte de leur établissement, en priorité à l’occasion de déplacements
professionnels
», à charge pour l’ordonnateur d’en établir la liste et
de préciser «
le champ des
dépenses admises.
» L
’instruction prévoit que «
lorsque le porteur de la carte affaires cesse ses
fonctions au sein de l’établissement, il restitue la carte à l’établissement émetteur et en avise
l’établissement.
»
Or, selon l’agence comptable de l’établissement, s’adressant à un établissement bancaire
le 14 avril 2021 :«
La réglementation impose que le dispositif de la carte "affaires" doit
garantir une totale absence de solidarité entre le porteur de la carte et l’établissement public.
Or, vous demandez à ce que cela soit l’établissement qui procède aux démarches de
récupération des cartes des intéressés et de vous confirmer la résiliation.
L’ECM a des
difficultés pour joindre ces personnes et accéder à votre demande et, de ce fait, l’existence de
ces cartes et comptes bancaires associés semble demeurer
; l’ECM ayant encor
e payé les
cotisations de ces deux cartes dont les porteurs ne font plus partie de ses personnels ! Cette
situation créée de fait une solidarité entre les porteurs et l’établissement qui est contraire
aux
règles de la comptabilité publique (…). Aussi compt
e tenu de ce qui précède, je vous serai
reconnaissant de bien vouloir contacter les porteurs de ces deux cartes afin qu’ils vous les
restituent
».
En l’absence de restitution des cartes, dont bénéficiaient certains cadres de
l’établissement sortis de fonc
tions, une solidarité subsistait donc
de facto
entre les porteurs et
l’établissement, en méconnaissance des règles les plus élémentaires de la comptabilité publique.
Au-
delà de la restitution des cartes, dont l’usage était lié à la fonction exercée, il importera, s’il
y a lieu, de régulariser la position des comptes respectifs de chacun
, l’ECM n’ayant pas à se
substituer à l’établissement bancaire
dans les relations avec les titulaires desdits comptes,
porteurs de ces cartes.
À la suite des observations formulées par la Cour sur ce point, il a été pris acte
d’une
circulaire interne «
relative à l’utilisation de la carte
"affaires"
», signée par la directrice de
l’ECM et répondant à ces exigences.
Il est recommandé de fixer par écrit la liste des
bénéficiaires de ce type de carte ainsi que le champ des dépenses admises, informations
qui doivent être portées à la connaissance de
l’agent
-comptable.
En outre, il
appartient à l’ensemble des acteurs concernés de mettre en œuvre toutes
les diligences nécessaires aux fins de régularisation et de restitution des cartes lorsque les
conditions de leur attribution ne sont plus remplies, en particulier dans le cas de cessation
de fonction des porteurs.
***